Pyramide de Khéops
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La grande pyramide de Khéops est un monument construit par les égyptiens de l'antiquité, formant une pyramide carrée de 137m de hauteur. Tombeau du pharaon Khéops, elle fut édifiée il y a plus de 4500 ans, sous la Modèle:IVe dynastie égyptienne, au centre d'un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh en Égypte.
Elle est la seule des sept merveilles du monde de l'antiquité à avoir survécu jusqu'à nos jours. Durant des millénaires, elle fut la construction humaine de tous les records, la plus haute, la plus volumineuse et la plus massive. Véritable symbole de tout un pays, elle est depuis plus de 4500 ans le monument le plus scruté et le plus étudié au monde. Le tombeau, véritable chef-d'œuvre de l'Ancien Empire égyptien, représente la concentration et l'aboutissement de toutes les techniques architecturales mises au point depuis la création de l'architecture de pierre par Imhotep pour la pyramide de son souverain Djéser. Toutefois, les nombreuses particularités architectoniques et les exploits atteints en font une pyramide à part qui ne cesse d'entretenir l'imagination des hommes.
Le rôle de la pyramide au sein du complexe funéraire
La pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
- d'un temple funéraire en deux parties, une basse appelée « temple de la vallée » et une partie haute située à proximité de la pyramide, ces deux parties étant reliées par une chaussée servant de galerie de communication<ref>Des vestiges du temple bas ont été mis au jour lors de l'aménagement d'une autoroute qui traverse la ville de Gizeh en direction du Caire. Ils ont été laissés sur place et sont visibles sur le terre-plein séparant les deux voies express qui a été transformé pour l'occasion en petit parc.</ref> ;
- d'un ensemble composé de la pyramide de Khéops, de trois pyramides de reines, d'une pyramide satellite, ceint d'une muraille, relié à la galerie de communication par l'intermédiaire de la partie haute du temple ;
- de multiples mastabas regroupés en trois cimetières ou villes de mastaba situées à l'orient derrière les pyramides des reines, au sud de la grande pyramide et à l'occident de la pyramide du roi, dans le désert.
Architecture de la pyramide
La pyramide de Khéops a bénéficié, pour son érection, des développements et des innovations techniques des pyramides de son père Snéfrou à Dahchour. Elle ne semble avoir subi aucun changement de plans à l'extérieur. Ce point est par contre sujet à discussions en ce qui concerne l'intérieur du monument. Deux écoles s'affrontent ; il y a les partisans d'un projet unique et les partisans de trois projets successifs<ref>Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.68-72</ref>. Il semble que l'architecte en fut le vizir Hémiounou.
La pyramide de Khéops en quelques chiffres clefs :
- Base de la pyramide sud : 230,454 m ; nord : 230,253 m ; ouest : 230,357 m ; est : 230,394 m ;
- Hauteur initiale 146,58 m, aujourd'hui 137 m<ref name="Dormion276">Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.276-277</ref> ;
- Périmètre 922 m ;
- Surface 53 056 m² ;
- Volume 2 592 341 m³ ;
- Masse 5 000 000 t<ref name="Dormion276"/> ;
- Orientation faces orientées sur les quatre points cardinaux (erreur: ~ 3') ;
- Masse par bloc chaque bloc de pierre calcaire polie pèse en moyenne 2,5 t ;
La distribution interne
L'entrée de la pyramide (1), située sur la face nord de la pyramide à une hauteur de 15,63 mètres<ref name="Dormion278">. Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.278-279</ref>, est surplombée par un système de décharge avec voûtes et linteaux monolithiques. Sa fonction est de protéger le couloir descendant de la masse située au dessus. Cependant les dimensions de cette voûte semblent disproportionnées quand on considère les charges relativement faibles en cet endroit. Avait-elle une fonction plus symbolique<ref>La voûte de monolithes disposés en chevrons semble avoir un rôle supplémentaire à celui de répartir les charges. En effet, la chambre souterraine de la pyramide de Khéphren, n'ayant que très peu de charges à supporter de par sa position, est dotée d'un plafond taillé de manière à imiter ce type de voûte. Nous remarquons une autre voûte de ce type, inutile d'un point de vue technique, dans la chambre funéraire de la pyramide de Mykérinos, également souterraine.</ref> ? Cette entrée aurait été fermée au moyen d'une pierre mobile ce qui confirmerait les indications de l'auteur antique Strabon. Ce type de dispositif de fermeture était déjà connu à Dahchour<ref>Sir William Matthew Flinders Petrie, Ten year digging in Egypt - 1881 1891 - Ch. 1 : The Pyramids of Gizeh - pp. 24 & 25 - Whitefriars Press, Ltd.</ref>.
On accède aujourd'hui aux infrastructures par la percée qu'effectua le calife Al-Mamoun en 820. Le revêtement lisse de la pyramide était encore en place à cette époque et masquait le dispositif de fermeture antique<ref>Le revêtement de la pyramide en calcaire fin de Tourah a commencé à être prélevé au Modèle:XIIIe siècle suite au séisme qui détruisit une partie de la ville du Caire. Il permit notamment de construire de nouvelles mosquées tandis que les premières couches de bloc de la pyramide ont été prélevées pour les constructions ordinaires. Ce faisant les carriers mirent à jour la véritable entrée de la pyramide de Khéops. Au final, l'ensemble des pyramides fut mis à contribution devenant une carrière pratique pour les besoins croissants de la nouvelle capitale de l'Égypte. Les murailles de la Citadelle du Caire notamment sont en partie bâties avec les matériaux des monuments pharaoniques.</ref>. Elle fut creusée quelques mètres sous la véritable entrée et débouche sur le couloir ascendant, juste derrière les blocs bouchons (3).
Le plan de la grande pyramide de Khéops est composé de trois niveaux principaux.
La descenderie et la chambre souterraine
Le couloir descendant, incliné de 26°26'46" et long de 105 mètres<ref name="Dormion278"/>, aboutit à un couloir horizontal long de 8,90 mètres<ref name="Dormion278"/> menant à la chambre souterraine (4). Cette dernière, ainsi qu'une grande partie de la descenderie, a été creusée dans la roche naturelle et demeure inachevée. Dans le mur sud fut ébauché un corridor de seize mètres<ref name="Dormion278"/> de long ne débouchant sur rien. Un décaissement fut pratiqué dans le sol de la chambre. Les ingénieurs John Shae Perring et Howard Vyse y pratiquèrent, au début du XIXe siècle, un puits profond de 11,60 mètres ; lequel, espérèrent-ils, les conduirait jusqu'à la chambre sépulcrale. Leurs pensées étaient alors inspirées par le voyageur grec Hérodote selon qui le corps de Khéops reposait sur une île, entourée d'un canal et située en dessous de l'actuelle chambre souterraine. Leurs recherches ne menèrent à rien. L'aspect inachevé de la chambre souterraine semble prouver qu'elle constitue un premier projet abandonné, l'architecte ayant opté ensuite pour un aménagement dans la maçonnerie de la pyramide<ref>Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les pyramides d'Égypte, 1992, (ISBN 9782253058632), p129</ref>.
Le couloir ascendant, le boyau et la chambre de la reine
La percée d'Al-Mamoun mène le visiteur directement dans le couloir ascendant. Ce dernier fut aménagé par l'architecte de la grande pyramide dans l'appareillage de pierre existant, en perçant le plafond de la descenderie à 25 mètres de l'entrée<ref> On doit cette analyse à l'égyptologue allemand Ludwig Borchardt. Elle est confirmée actuellement par l'architecte Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.91</ref>. Ce couloir est constitué de pierres placées en lits horizontaux sur plusieurs mètres. Il se prolonge ensuite avec une maçonnerie appareillée jusqu'à son extrémité. Trois blocs ceintures sont placés à intervalles réguliers dont leur destination était très probablement d'accueillir des herses de fermeture<ref>Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.99</ref>. Or, cette option a dû être rejetée pendant la construction, l'architecte ayant opté pour la mise en place de trois blocs bouchons de granite (3), blocs demeurant toujours aujourd'hui en bas du couloir ascendant.
L'embranchement (6) a la particularité d'offrir un accès à chaque niveau de la pyramide : tout d'abord à la descenderie, par un boyau reliant le bas de la grande galerie (8) à la grotte (5) et creusé à même la maçonnerie par les constructeurs, ensuite à la chambre de la reine (7), par un couloir horizontal, et enfin à la chambre du roi (10), en empruntant la grande galerie.
Un boyau, reliant le bas de la descenderie au niveau du rocher naturel à un endroit appelé la « grotte » (5), fut creusé par les constructeurs. Il permettait l'évacuation des débris produits par les travaux dans la chambre souterraine. Ce puits fut rendu inopérant dès la pose des premières assises de pierres mais remis en fonction et accessible depuis l'embranchement (6) lorsque la construction était presque terminée<ref>Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.81</ref>.
Le couloir menant à la chambre de la reine (7) est appareillé dans une maçonnerie de belles pierres calcaires. Des particularités figurent sur ses murs tels que des faux joints et des joints anormalement croisés. Il y eut de nombreuses tentatives d'investigation (forages, mesures microgravimétriques) afin de déceler des couloirs secrets mais celles-ci furent sans succès<ref>En 1986, l'architecte Gilles Dormion fora le mur ouest du corridor en trois endroits. Ces forages donnèrent sur des cavités remplies de sable sans qu'il soit possible de pousser plus avant les investigations, cet indice n'apparaissant aux autorités pas comme convainquant, Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.119</ref>.
On accède à la chambre de la reine (7) (qui, en fait, n'appartient pas à la reine mais fut nommée ainsi par les explorateurs arabes). Cette chambre de base carrée<ref>Le carré n'est pas parfait, ses dimensions sont de 5,235 mètres sur 5,77 mètres, Gilles Dormion, La chambre de Chéops, p.233</ref>, placée dans l'axe est-ouest de la pyramide, possède une couverture en voûte avec pierre disposées en chevrons. Une niche, protégée par une voûte en encorbellement, fut aménagée dans le mur est de la chambre. Une percée dans cette niche soulève aujourd'hui de nombreux débats. L'égyptologue Gilles Dormion a remarqué que cette sape s'avère être un boyau maçonné de cinq mètres (donc prévu par les constructeurs) prolongé par une sape de voleur de dix mètres<ref>Mesures prises par les architectes Vito Maragioglio et Celeste Rinaldi dans les années soixante, Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.237</ref>. La fonction de cette niche est toujours inconnue.
Comme la chambre du roi cette pièce était munie de deux conduits dits de "ventilation" aménagés dans ses murs nord et sud. Ils étaient masqués par des dalles de fermeture qui ont été découvertes au XIXe siècle lors des explorations approfondies du monument<ref>C'est l'ingénieur britannique Waynman Dixon qui découvrit accidentellement ces conduits après avoir remarqué une fissure dans le mur sud de la chambre de la reine, Iorwerth Eiddon Stephen Edwards, Les pyramides d'Égypte, 1992, (ISBN 9782253058632), p.132</ref>. Ces conduits ont fait l'objet de plusieurs campagnes d'exploration dont la première en 1993 a été baptisée le Projet Oupouaout<ref>Le Projet Oupouaout a révélé l'existence d'une dalle obstruant le conduit sud. Les dernières campagnes d'exploration assurées par le Conseil suprême des Antiquités égyptiennes ont révélé une dalle analogue obstruant le conduit nord et suite au forage de la dalle sud une nouvelle cavité à nouveau obstruée.</ref>.
La grande galerie, l'antichambre et la chambre du roi
La grande galerie (8) est l'élément architectural le plus impressionnant et le plus élaboré de l'Ancien Empire. D'une longueur de 47,80 mètres et d'une hauteur de 8,60 mètres par rapport à la verticale, la galerie est inclinée de 26°10'16"<ref>Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.292-293</ref>. Elle est surmontée d'une magnifique voûte en encorbellement sur quatre faces (technique héritée de la pyramide rouge et de la pyramide rhomboïdale à Dahchour) la protégeant des charges. Une marche à l'extrémité supérieure de cette galerie donne sur une antichambre (9) menant à la chambre du roi (10). Cette antichambre comportait un système de fermeture avec herses obstruant le passage mais aujourd'hui disparues<ref>Il semble qu'un bloc de granite, déposé aujourd'hui près de l'entrée de la pyramide, soit un fragment d'une herse de cette antichambre.</ref>.
La chambre du roi est un magnifique ouvrage de granite<ref>C'est inhabituel car, jusqu'alors, les appartements funéraires étaient maçonnés en pierres calcaires.</ref> de 10,47 mètres sur 5,23 mètres (soit vingt coudées sur dix coudées) et d'une hauteur de 5,84 mètres<ref name="Dormion298">. Gilles Dormion, La chambre de Chéops, 2004, (ISBN 9782213622293), p.298-299</ref>. La chambre est surmontée par une imposante couverture de blocs de granite répartis sur cinq niveaux<ref name="Dormion298"/>, le dernier niveau étant surmonté d'une voûte de décharge avec pierres disposées en chevrons<ref name="Dormion298"/>. c'est dans cet espace que fut trouvée la seule inscription permettant d'attribuer, avec certitude, cette pyramide à Khéops. Le toit de cette couverture s'élève à plus de vingt mètres du sol de la chambre. Un sarcophage en granite, vide et sans couvercle, est disposé à l'ouest de la chambre<ref name="Dormion298"/>. Comme dans la chambre de la reine, deux conduits de ventilation (12) s'élèvent depuis la chambre du roi vers les faces de la pyramide<ref name="Dormion298"/> ; <ref>Le parement de la pyramide ayant disparu, il est possible que ces conduits étaient obstrués en cette extrémité.</ref>.