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Guy Môquet

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Guy Môquet, né à Paris le 26 avril 1924 et mort le 22 octobre 1941, est un militant communiste, célèbre pour être le plus jeune des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), fusillés en représailles après la mort de Karl Hotz. Il est passé dans l'histoire comme un des symboles de la Résistance française. Le qualificatif de résistant, souvent utilisé à son propos, notamment par les médias, est cependant l'objet d'un débat récent parmi quelques historiens.

Sommaire

Famille

Guy Môquet était le fils d'un syndicaliste cheminot, député communiste du 17e arrondissement de Paris, Prosper Môquet. Le Parti communiste ayant été dissous par Édouard Daladier en Modèle:Date France en raison de son soutien au Pacte Molotov-Ribbentrop, Prosper Môquet est arrêté le Modèle:Date France, déchu de son mandat de député en Modèle:Date France et plus tard déporté dans l'un des camps de concentration français en Algérie. Le frère de Prosper, Henri, était concierge au siège du parti communiste. À la fin de l'été 1940, il est intégré au dispositif clandestin du parti<ref>Articles « Prosper Môquet », « Henri Môquet », « Charles Michels », « Jean-Pierre Timbaud » du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (le Maitron), Éditions ouvrières.</ref>. Quant à la sœur de Prosper Môquet, Rosalie, elle est également une militante bien insérée au cœur du parti. À partir de 1941, elle est la compagne de Robert Dubois qui succédera à Arthur Dallidet à la tête de la commission des cadres à partir du printemps 1942. Elle assure la liaison de Robert Dubois avec la direction du parti<ref>Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres, la face cachée du PCF, 1941-1943, Robert Laffont, 2007.</ref>.

Biographie

Guy Prosper Eustache Môquet, né le le 26 avril 1924 dans le 18earrondissement de Paris<ref>Note parvenue aux Archives centrales de la Préfecture de Police de Paris, le 16 octobre 1940, publiée par Patrick Thiébaut dans Guy Môquet, un symbole, Centre national de la documentation pédagogique, octobre 2007</ref>, était lycéen au lycée Carnot et fervent militant des jeunesses communistes. Le journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse le présente comme un « titi », volontiers gouailleur tout en ne dédaignant pas écrire des poèmes, plaisant aux filles et doué dans les disciplines sportives. Au sprint, son seul rival au lycée est Charles Éboué, fils de Félix Éboué<ref>Pierre-Louis Basse, Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock, 2000, p. 28.</ref>.

L'URSS ayant signé un pacte de non-agression avec les nazis, les communistes français s'opposent à la guerre (considérée comme une guerre impérialiste contre les intérêts de la classe ouvrière). De nombreux militants communistes, dont le père de Guy Môquet, sont donc arrêtés par le gouvernement français sous l'accusation de sabotage, démoralisation de l'armée, en un mot affaiblissement des arrières. Après la défaite française, l'occupant laisse en détention les communistes incarcérés par la IIIe République. Selon Denis Peschanski, à l'automne 1940, le PCF subit une vague intense de répression menée par la police française et facilitée par la politique de légalisation qui a prévalu pendant l'été 1940. Jusqu'en mars-avril 1941, la revendication nationale, anti-allemande, n'est pas prioritaire pour le PCF par rapport à la revendication sociale<ref> article « Parti communiste français », dans Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 202-203.</ref> (pour plus de détails, voir Histoire du Parti communiste français, Les premiers mois de l'occupation).

En ce qui concerne Guy Môquet, l'arrestation de son père en Modèle:Date France est un événement marquant qui renforce son ardeur militante. Réfugié avec sa mère et son frère dans la Manche, il revient alors seul à Paris, où il milite clandestinement au sein des Jeunesses communistes<ref name="huma">Maurice Ulrich, « Il s’appelait Guy Môquet, il avait 17 ans », L'Humanité, 24 mai 2007.</ref>. Il écrit une lettre au président de l'assemblée Édouard Herriot pour demander la libération de son père <ref name="Basse39-44-45">Basse, p. 39, p. 44-45</ref>,<ref name="Amicale lettre Herriot">Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, Môquet Guy, Témoignage pour les arrestations</ref>. Avec l'occupation de Paris par les Allemands et l'instauration du gouvernement de Vichy, Guy Môquet déploie une grande ardeur militante pour coller des « papillons » et distribue des tracts qui reflètent la ligne politique de son parti en été 1940.

Dans ces tracts, c'est surtout la misère qui est épinglée : « Des magnats d'industrie (Schneider, De Wendel, Michelin, Mercier [...]), tous, qu'ils soient juifs, catholiques, protestants ou francs-maçons, par esprit de lucre, par haine de la classe ouvrière, ont trahi notre pays et l'ont contraint à subir l'occupation étrangère [...] De l'ouvrier de la zone, avenue de Saint-Ouen, à l'employé du quartier de l'Étoile, en passant par le fonctionnaire des Batignolles [...] les jeunes, les vieux, les veuves sont tous d'accord pour lutter contre la misère…<ref>Basse, p. 43</ref> ». Ils réclament également la libération des prisonniers communistes incarcérés depuis l'automne 1939<ref name="huma"/>.

Guy Môquet est arrêté à 16 ans le Modèle:Date France <ref>Basse, p. 91</ref> au métro Gare de l'Est par trois policiers français dans le cadre du décret-loi Daladier du 26 septembre 1939 interdisant la propagande communiste. Il est incarcéré à la prison de Fresnes<ref>Albert Ouzoulias, dans Les Bataillons de la Jeunesse, précise que Guy Môquet aurait été passé à tabac pour lui faire révéler les noms des amis de son père, mais cette assertion manque d'éléments probants </ref>.

Le Tribunal pour enfants et adolescents de la Seine ordonne le Modèle:Date France, qu'il soit « remis à sa mère, en liberté surveillée », mais il fait immédiatement l'objet d'un arrêté préfectoral d'internement administratif <ref name="Marcot">François Marcot, Guy Môquet, consulté le 24 octobre 2007.</ref>. Il est transféré le Modèle:Date France à la prison de la Santé <ref>Gérard Denecker, Guy Môquet et le Devoir d'Histoire, consulté le 24 octobre 2007</ref>, puis à la prison de Clairvaux, puis le Modèle:Date France <ref name="Marcot"/> au camp de Choisel, à Châteaubriant, en Loire-Atlantique, où étaient détenus d'autres militants communistes généralement arrêtés entre Modèle:Date France et Modèle:Date France. Il est à la baraque 10, la baraque des jeunes, où il se lie d'amitié avec Roger Sémat et Rino Scolari. Ce dernier, un peu plus âgé que lui, deviendra un des responsables FFI au moment de la Libération de Paris<ref>Ouzoulias, Les Bataillons de la Jeunesse, Les Éditions sociales, 1971, p. 448.</ref>.

Image:Expometro GM 2485.JPG
Avis paru dans L'Œuvre du 23 Octobre 1941 : liste des 48 fusillés du 22 octobre 1941

Le Modèle:Date France, Karl Hotz, commandant des troupes d'occupation de la Loire-Inférieure, est exécuté à Nantes par un commando formé de trois jeunes communistes des bataillons de la jeunesse Spartaco Guisco, Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias. Les services du ministre de l'Intérieur du gouvernement de collaboration de Pétain, Pierre Pucheu proposent une liste de 61 noms, des otages essentiellement communistes <ref>Berlière et Liaigre, p.83 </ref> « pour éviter de laisser fusiller cinquante bons Français » <ref>La formule prêtée à Pucheu se trouve rapportée dans Henry du Moulin de la Barthète, Le temps des illusions, éditions du cheval aîlé, 1946, p. 354-55 </ref>. Sur les 27 fusillés de Châteaubriant, les listes de Pucheu en contiennent 17. Guy Môquet n'était pas dans les listes de Pucheu, ce sont les Allemands qui l'on rajouté en fonction de leur propre politique des otages <ref>Berlière et Liaigre, p. 86</ref>.

Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière, vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. En trois groupes, les vingt-sept otages s'y appuient, refusent qu'on leur bande les yeux et s'écrient : « Vive la France ! » devant le peloton d'exécution. Guy Môquet est le plus jeune. Selon certains récits, à commencer par celui d'Aragon dans Le Témoin des martyrs (voir le chapitre « élaboration de la mémoire »), il a un évanouissement et il est fusillé dans cet état<ref>D'après le témoignage de l'abbé Moyon, curé de Saint Jean de Beré, appelé par l'autorité civile et militaire pour assister les victimes, « les condamnés ont refusé d'avoir les yeux bandés et de se laisser attacher au poteau. Un seul - le jeune homme de dix-sept ans - a eu un évanouissement. Lui seul a dû être attaché dans cet état, mourant ainsi dans cette triste condition. » (Mgr Jean-Joseph Villepelet, Un évêque dans la guerre, Éditions Opéra, 2006)</ref>, mais cette version est contestée par le sous-préfet d'alors, Bernard Lecornu<ref>« Le lendemain matin, je me rendais chez le « Kreiskommandant » [...] Certains chroniqueurs emportés par leur plume ayant écrit que Guy s'était évanoui à l'appel de son nom, je puis leur affirmer que les récits qui m'avaient été faits quelques instants après la tragédie, démentaient cette version des faits. » extrait de « Un préfet sous l'occupation allemande », France-Empire, 1984, 1997, reproduit page 3 du supplément au n° 58 de 22 Octobre - Bulletin de l'Amicale Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, 2e semestre 2007</ref>. Il est abattu à 16 heures. Avant d'être fusillé, il avait écrit une lettre à ses parents.

Pour les nazis, l'exécution d'otages communistes est préférable pour convaincre les Français que seuls les juifs et les communistes sont leurs ennemis. La sélection d'un otage si jeune est également délibérée, pour montrer qu'ils seront impitoyables avec tous les distributeurs de tracts, quel que soit leur âge. Mais l'exécution d'un otage si jeune a surtout pour effet de choquer la population française.<ref name="L'Histoire">Jean-Pierre Azéma, « Guy Môquet, Sarkozy et le roman national », L'Histoire, n° 323, septembre 2007.</ref>

Selon Pierre-Louis Basse, Serge, le jeune frère de Guy Môquet, meurt quelques jours plus tard, de chagrin et de peur, déguisé en fille par sa mère qui tente d'échapper à la Gestapo<ref name="p45">Basse, p. 45.</ref>. Mais selon la pierre tombale du caveau où il repose au cimetière parisien du Père-Lachaise, aux côtés de son frère et d'autres « héros et martyrs de la Résistance fusillés par les nazis », Serge Môquet est décédé le Modèle:Date France à l'âge de 12 ans et demi, « victime de la Gestapo ». Selon la belle-fille de Prosper Môquet, Anne-Marie Saffray, Serge, traumatisé par l’emprisonnement de son père et par l’exécution de son frère, fragilisé par la disette et les rigueurs de la vie clandestine, mourut d’une méningite. Leur mère, Juliette, fit partie du Comité parisien de Libération et fut de 1945 à 1947 conseillère municipale communiste de Paris. Elle trouva la mort le 10 juin 1956 dans un accident de voiture <ref name="PLB 62-63">Pierre-Louis Basse, Guy Môquet, une enfance fusillée, éd. Stock, 2000, pp. 62-63, et la reproduction de la lettre manuscrite du général de Gaulle datée du 12 juin 1956, figurant à la dernière page du cahier hors-texte du même ouvrage.</ref>, que conduisait son mari, Prosper<ref name="p45" />.

Ses écrits

Lors de l'arrestation de son père, en novembre 1939, il écrit une lettre à Édouard Herriot <ref name="Basse39-44-45"/>,<ref name="Amicale lettre Herriot"/>:

« Monsieur le Président [...]
Je suis l'un des enfants d'un de ces députés
Qui sont tous en prison aujourd'hui enfermés
Je suis jeune Français, et j'aime ma patrie
J'ai un cœur de Français, qui demande et supplie
Qu'on lui rende son père, lui qui a combattu
Pour notre belle France avec tant de vertu
[...]
J'agis avec mon cœur, que j'appelle français
Agissez en bon père, agissez en Français [...] »


Quand Guy Môquet est arrêté, il a sur lui un poème engagé <ref name="contre">contrejournal.blogs.liberation.fr, Karl Laske, « La contre lettre de Guy Môquet », 20 octobre 2007.</ref>, évoquant trois de ses compagnons de lutte incarcérés avant lui :

« [...]
Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme
[...]
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme
[...] »

Le poème est parfois qualifié de « Poème de Guy Moquet ». Ce document, écrit de sa main sur une feuille de cahier d'écolier <ref>Basse, p. 92 : « Il l'a écrit sur ce qui lui reste de ses cahiers de Carnot [...] »</ref> sert de preuve à la police pour son inculpation d'infraction au décret Daladier du 26 septembre 1939 <ref>Basse, p. 111.</ref>.

Tout au long de sa détention, de Fresnes<ref>Carte postale à son père du Modèle:Date France expédiée de la prison de Fresnes, reproduite en page 8 de Eric Brossard, Guy Krivopissko, Marie-Claude Angot Supplément « Résistance - 22 octobre » du Bulletin pédagogique du Centre départemental de documentation pédagogique du Val-de-Marne, octobre 2007</ref> à Châteaubriant, Guy Môquet écrit un certain nombre de courriers à sa famille proche<ref>Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale de Châteaubriant Voves-Rouillé, 1989.</ref>.

Sa lettre la plus célèbre est celle qu’il écrit le jour de sa mort <ref>Texte complet dans « Guy Môquet, un symbole » Patrick Thiébaut, Centre national de la documentation pédagogique, octobre 2007.</ref>, dont on possède deux vestiges : un exemplaire écrit à la plume, retrouvé dans les affaires de son père et un exemplaire écrit au crayon retrouvé en 2002 dans les affaires de sa mère, qui sont entrés respectivement en 1992 et juillet 2007 dans les collections du musée de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne<ref>Libération, Édouard Launet, « Guy Môquet en toutes lettres », 6 juin 2007.</ref>,<ref>Édouard Launet, « Les deux lettres de Guy Môquet », Libération, 1er octobre 2007, consulté le 24 octobre 2007.</ref>,<ref>Don « Môquet-Saffray » effectué en juillet 2007 selon crdp.ac-creteil.fr</ref>. Le conservateur du musée assure que la version au crayon est l'original<ref name="contre"/>:

« Ma petite maman chérie,
Mon tout petit frère adoré,
Mon petit papa aimé,
Je vais mourir ! [...]
Certes j'aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon cœur c'est que ma mort serve à quelque chose.
[...] ma vie à éte courte, je n'ai aucun regret si ce n'est de vous quitter tous.
[...) en vous embrassant de tout mon cœur d'enfant. Courage !
[...]
Guy »
Image:Expometro GM 2482.JPG
Fac-similé de la planche

La phrase : « Les copains / vous qui restez soyez dignes de nous ! Les 27 qui vont mourir »<ref>Les premiers mots de la phrase sont transcrits différemments selon les auteurs. Pierre-Louis Basse transcrit « vous qui restez » dans Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock 2007, p. 185 (extrait diffusé par le Centre régional de la documentation pédagogique de Créteil), tandis que la photographie retouchée, page 2 et 3 du supplément au n° 58 de 22 Octobre - Bulletin de l'Amicale Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé, 2e semestre 2007 indique « les copains qui restez ». Comparer à la photographie, sans trace de retouche apparente, qui figure avec la mention « planche originale » sur la page museehistoirevivante.com, Môquet, Guy du site internet du musée de l'Histoire vivante, qui est le musée qui conserve cette planche.</ref>, généralement indiquée en post-scriptum comme « dernières pensées » dans les retranscriptions, mais qui ne figure pas dans la lettre de Guy Môquet à sa famille, est une inscription figurant sur une planche de la baraque 6 où furent consignés les otages juste avant leur exécution. À propos des premières étapes de la conservation des inscriptions sur les planches de la baraque, voir le chapitre : « élaboration de la mémoire ». Depuis 1948 les planches sont conservées par le musée de l'Histoire vivante à Montreuil<ref>page « les27/montreuil » du site internet du musée, consultée le 2 novembre 2007.</ref>.

Quarante-huit femmes étaient arrivées dans le camp de Châteaubriant dans le courant du mois de septembre 1941. Le camp des femmes est séparé de celui des hommes par une palissade, mais les contacts sont possibles. Le camp P1, celui avec les premiers arrivés, était séparé du camps P2 dans lequel avaient été installées les femmes, par une barrière (haute de 1,50 m) doublée d'un grillage. Les jeunes gens de chaque camp firent connaissance à travers cette « frontière » permettant les échanges et une très grande camaraderie se développa. Guy tombe amoureux de l'une d'entre elles âgée de 17 ans, Odette Lecland, qu’il surnommait « Épinard »<ref>Pierre-Louis Basse, Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock, 2000, p. 157.</ref>. Il lui écrit un billet à la veille de son exécution, qu'un gendarme lui remet par la suite.

Arrêtée le 13 août 1941 avec un groupe de dix-sept jeunes dont elle était la seule fille, elle parvient à s’évader trois ans plus tard. Actuellement, Madame Odette Nilès est présidente de l’Amicale de Châteaubriant <ref>Odette Nilès</ref>. Interviewée par Libe-Labo en octobre 2007 <ref>« Si Guy revenait, il serait fou », interview audiophonique sur le site Libe-Labo, recueilli par Didier Arnaud, 19 octobre 2007.</ref>, elle déclare que la lecture tous azimuts de la lettre de Guy à ses parents, c’est « dévaloriser la valeur de ce qu’était Guy Môquet » et que celui-ci « serait fou de voir tout ce que l’on peut faire en se servant de son nom. »

Histoire et mémoire

« Je laisserai mon souvenir dans l'Histoire, car je suis le plus jeune des condamnés » aurait confié Guy Môquet à l'abbé Moyon qui avait accepté d'assister les otages avant leur exécution<ref>Alfred Gernoux, Châteaubriant et ses martyrs, Nantes, Éditions du Fleuve, 1946.</ref>. On peut rapprocher cette confidence du jeune Guy Môquet de la fin de non-recevoir qu'opposent ses aînés Charles Michels, Jean-Pierre Timbaud et Jean Poulmarc'h à une tentative de révolte à haut risque <ref>Basse, p. 168</ref>. « C'est ainsi et ainsi seulement que notre mort servira à quelque chose<ref>Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éditions sociales, 1971.</ref> ». Ainsi, Guy Môquet et ses camarades auraient, de leur vivant, eu conscience de fabriquer une légende. Dès lors, il deviendra extrêmement difficile de séparer l'une de l'autre.

Octobre 1941 : Châteaubriant et Vichy

Image:Expometro GM 2483.JPG
Message du maréchal Pétain

Des exécutions d'otages avaient déjà eu lieu depuis le début du mois de septembre (voir : Les Allemands et la politique des otages), mais l'annonce, après l'attentat de Nantes, des dix-sept exécutions de Nantes, des vingt-sept de Châteaubriant et des quatre de Paris, et surtout la menace d'une deuxième vague de cinquante nouveaux otages crée un choc dans la France occupée. Le 24 au matin, Pétain confie à son chef de cabinet, Henri du Moulin de Labarthète, qu'il pense à se constituer prisonnier pour devenir le seul otage. Dans la journée, son entourage l'en dissuade. L'historien Robert Aron, pourtant souvent indulgent vis-à-vis du maréchal commente « Il n'accomplit pas ce geste qui, selon certains, aurait fait de lui un personnage de légende [...] ce qui est certain, c'est que le silence officiel du Maréchal, ne protestant pas contre de telles atrocités, a accentué le divorce entre l'opinion et Vichy<ref name="Aron459">Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard, 1954, p. 459.</ref>. »

Le 25 octobre, Churchill et, ce qui est plus important car les États-Unis ne sont pas encore entrés en guerre, Roosevelt, s'élèvent contre ce procédé « qui révolte un monde déjà endurci à la souffrance et à la brutalité ».

Le 25 octobre également, de Gaulle déclare à la radio : « En fusillant nos martyrs, l'ennemi a cru qu'il allait faire peur à la France. La France va lui montrer qu'elle n'a pas peur de lui [...] J'invite tous les Français et toutes les Françaises à cesser toute activité et à demeurer immobiles, chacun où il se trouvera, le vendredi 31 octobre, de 4 heures à 4 heures 5 [...]<ref>Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, l'appel, 1940-42, Plon, 1954, collection Presses Pocket 1993, p. 282-283</ref> ».

Les Français ont été tenus informés de l'événement et, le 29 octobre, les journaux annoncent que le Führer a renoncé à la deuxième vague de cinquante nouvelles exécutions. Selon Robert Aron, ils s'indignent que le Maréchal n'ait pas protesté publiquement<ref name="Aron459"> </ref>.

1941-1945 : élaboration de la mémoire

Quelque temps après le 22 octobre, Esther Gaudin, une jeune militante communiste de 15 ans et future mère de Pierre-Louis Basse<ref>Site de Pierre-Louis Basse</ref>, se voit confier la mission d'aller chercher le paquet de planches sur lesquelles les fusillés avaient écrit, en plus de leurs lettres, leurs dernières volontés. Les messages recopiés sont transmis à Jacques Duclos, responsable du parti clandestin qui expédie un paquet de documents à l'avocat communiste Joe Nordmann avec cette mention « Fais de cela un monument »<ref>Joe Nordman, Aux vents de l'histoire, Actes Sud, 1996 p. 121</ref>.

Muni de tous ces témoignages, Nordmann traverse la France pour aller rejoindre Louis Aragon qui avait perdu le contact avec le parti. Aragon rédige Le Témoin des martyrs, un opuscule de quelques pages publié clandestinement aux Éditions de Minuit en Modèle:Date France et qui fait rapidement le tour du monde. Il est lu à la radio de Londres par Maurice Schumann<ref name="Guyvar">Didier Guyvar'h, article « Châteaubriant », in Dictionnaire historique de la Résistance, dir. François Marcot, Robert Laffont, 2006.</ref>. Il y met en exergue le député Charles Michels, les dirigeants de la CGT Jean-Pierre Timbaud et Jean Poulmarc'h mais plus encore que les autres, le lycéen Guy Môquet : Modèle:Début citation[...] Quand s’ouvre la baraque 10, le sous-lieutenant Touya lance sans hésitation, avec un sourire pincé, un seul nom : Guy Môquet. Le nom est un couperet qui tombe sur chacun de nous, une balle qui perce chacune de nos poitrines. Il répond d’un seul : présent ! Et comme sans réfléchir, droit, plus grand que jamais, notre Guy s’avance d’un pas rapide et assuré, dix-sept ans, plein d’inconscience et de vie ! À peine éveillé aux premiers rêves de l’amour, il est parti, notre Guy, comme serait parti un peu de nous [...]
Guy Môquet, qui avait eu une faiblesse au départ, mais dont le courage avait été égal à celui des autres en chemin, s’est évanoui dans la carrière. Il a été fusillé évanoui. [...]Modèle:Fin de citation

Le récit de l'évanouissement est contesté : voir le chapitre « Biographie ».

Lorsque la presse clandestine du parti évoque les fusillés, les mêmes noms reviennent en exemple, et le benjamin est toujours mentionné<ref>Berlière et Liaigre, p. 260-264</ref>.

En Modèle:Date France, un groupe de résistants de Larnod choisit de s'appeler « Groupe Guy Mocquet ».

En Modèle:Date France, lors de sa publication au sein du recueil La Diane Française, Louis Aragon dédie à Guy Môquet et trois autres résistants : Gabriel Péri, Honoré d'Estienne d'Orves et Gilbert Dru, soit deux chrétiens et deux communistes, le poème La Rose et le Réséda, qui avait été publié isolément et sans la dédicace le Modèle:Date France, dans les pages littéraires du journal marseillais Le Mot d'ordre. Il contient les célèbres vers : « Celui qui croyait au Ciel / Celui qui n'y croyait pas ».

Dès les premiers mois de la Libération, les fusillés de Châteaubriant deviennent un enjeu de mémoire dans la lutte qui oppose de façon latente communistes et gaullistes. Maurice Thorez, avant qu'il ne soit autorisé par de Gaulle à rentrer en France, s'insurge depuis Moscou contre l'interdiction faite aux communistes de célébrer, le 21 octobre, jour d'élections, leurs élus parisiens tombés sous l'Occupation, et il avance une explication à l'interdiction : « Peut-être parce que les martyrs de Châteaubriant n'avaient pas attendu la défaite et l'invasion pour dénoncer et combattre le complot hitlérien contre la France [...] La plupart des héros de Châteaubriant n'avaient-ils pas été frappés par la répression dès septembre 1939 ? [...] D'autres arrêtés en octobre 1940, n'avaient-ils pas été parmi les pionniers de la Résistance nationale contre les occupants et les traitres ? [...] »<ref>L'Humanité, 21 octobre 1945, cité par Berlière, p. 264-65</ref>. Pour Jean-Pierre Azéma<ref name="L'Histoire"/>, les fusillés de Châteaubriant ont été employés par les communistes pour faire oublier que jusqu'à l'invasion de l'Union soviétique en juin 1941, ils ne s'opposaient pas massivement aux Allemands.

1944-1946 : décoré à titre posthume

Le 28 décembre 1944, le Général de Gaulle signe le décret qui lui accorde la Croix de Guerre 1939-1945 et la Médaille de la Résistance. Le 9 février 1946, il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur <ref name="amicale">Amicale de Chateaubriant-Voves-Rouillé, Moquet Guy</ref>,<ref name="chemins">Chemins de mémoire, Guy Môquet (1924-1941)</ref>,<ref name="cndp">Patrick Thiébaut, « Guy Môquet, un symbole », Centre national de la documentation pédagogique, octobre 2007.</ref>,<ref name="Qu">Quid.fr, Guy Môquet.</ref>.

Parmi les otages de Châteaubriant, Guy Môquet est le seul à avoir été cité à l'ordre de la Nation<ref>Basse, p. 142 : « Dès 1944, le général de Gaulle signe le décret [...] »</ref>

Il semble que de Gaulle et Prosper Môquet entretenaient des relations privilégiées. Pierre-Louis Basse rapporte que Prosper se souvenait qu'à la Libération, de Gaulle, chef du gouvernement provisoire aimait à fendre la foule de l'hémicycle, afin de venir saluer en trombe « Môquet<ref>Basse, p. 63</ref> ». Deux jours après la mort de Juliette, c'est à dire le 12 juin 1956, de Gaulle envoie une lettre manuscrite à Prosper : « Mon cher Môquet [...] de tout cœur, je m'associe à votre chagrin [...] je ne vous ai pas oublié depuis Alger, et je n'ai certes pas perdu le souvenir de votre fils Guy, mort si bravement et cruellement pour la France <ref name="mort pour la France">Sur décision du Secrétaire général des Anciens combattants en date du 14 novembre 1946. Source :copie intégrale de l'acte de décès de Guy Prosper Eustache Môquet, Mairie de Chateaubriant.</ref>. Madame Môquet, elle aussi, prit part à notre combat [...] »<ref name="PLB 62-63"/>,<ref>Amicale de Chateaubriant-Voves-Rouillé, Le texte de la lettre de Charles de Gaulle à Prosper Môquet.</ref>.

Depuis 1944 : commémorations et hommages

Depuis la Libération les commémorations célèbrent les fusillés d'octobre 1941, mais en rangs dispersés : la ville de Nantes honore ses otages alors que le parti communiste rend hommage de son côté aux 27 de Châteaubriant avec une ferveur jamais démentie<ref>Jean-Marc Berlière et Franck Liagre, Le sang des communistes, Fayard, 2004, p. 14</ref>. Le 22 octobre 1944, premier anniversaire de la fusillade après la Libération, le PCF organise la première cérémonie de souvenir à laquelle assiste l'ensemble des forces de la Résistance. Dorénavant, c'est chaque année que se tiendra cette sorte de pèlerinage, mais à partir de 1947, avec la guerre froide, l'unité qui avait prévalu est rompue : deux cérémonies ont lieu à Châteaubriant, l'une officielle et l'autre sous l'égide du Comité national du souvenir, mouvement d'obédience communiste. À partir de 1981, la nouvelle donne politique, l'union de la gauche contribue à unifier les deux manifestations, mais, comme le note Didier Guyvar'h, le PCF en est le maître d'œuvre<ref name="Guyvar"/>.

À Paris, au lendemain de la guerre, des commémorations sont également organisées rue Baron devant le domicile de la famille Môquet. On peut y voir les dirigeants les plus emblématiques du parti, comme Marcel Cachin ou Jacques Duclos mais aussi Michel Debré<ref>Le livre de Pierre-Louis Basse présente dans son livret photos une série de photos de commémorations datant des années d'après-guerre.</ref>.

Depuis 1946, le nom « Guy Môquet » a été conféré à de nombreux équipements. En son honneur, une rue du 17e arrondissement et une station du métro parisien portent son nom depuis 1946. De nombreux autres équipements municipaux ou voies à travers la France sont baptisés du nom de Guy Môquet, dont un lycée à Châteaubriant, un stade de Drancy, ville francilienne fortement marquée par son passé de collaboration à la déportation durant la Seconde Guerre mondiale, tandis que la municipalité de Nantes a renommé une artère le Cours des 50-Otages.

Controverse sur le qualificatif « résistant »

En 2000, alors que l'influence du PCF a continuellement baissé depuis la fin des années soixante-dix, un livre vient raviver le souvenir du lycéen de Châteaubriant. Guy Môquet, une enfance fusillée<ref>Ré-édité complété en juin 2007 chez Stock (ISBN 978-2-2340-5271-0)</ref>, ouvrage écrit par Pierre-Louis Basse, le fils d'Esther Garçon, raconte la courte vie du jeune militant communiste.

En 2002, deux historiens, Jean-Marc Berlière, spécialiste de l'histoire de la police, et Franck Liaigre, spécialiste de la lutte armée communiste, établissent un parallèle entre le culte dont bénéficient les fusillés de Châteaubriant en général et Guy Môquet en particulier, et l'ombre dans laquelle sont laissés les auteurs de l'attentat de Nantes et tous les autres jeunes communistes des Bataillons de la Jeunesse qui ont été recrutés lorsque le parti se lance résolument dans la résistance armée après le déclenchement des hostilités entre l'Allemagne nazie et l'URSS, en juin 1941.

« Si les otages de Châteaubriant monopolisent la lumière mémorielle, les auteurs de l'attentat de Nantes sont laissés dans un brouillard épais » écrivent les auteurs du livre Le sang des communistes, les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée qui soulignent que le parti n'a laissé filtrer la vérité sur l'attentat de Nantes qu'en 1950<ref name="Berlière1415">Berlière et Liaigre, p. 14-15</ref>.

La thèse développée est, qu'à l'origine, le culte rendu aux fusillés de Châteaubriant a eu pour but d'occulter le fait que lorsqu'ils ont été internés, le parti des futurs fusillés n'était nullement sur une ligne de résistance à l'occupant :

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Gilbert Brustlein, compagnon de Fabien lors de l'attentat du métro Barbès et membre du commando de Nantes qui avait abattu Hotz et provoqua le massacre des otages, fait scandale devant Modèle:Formatnum:15000 personnes lors de la commémoration de 1991 inaugurée en grande pompe par Georges Marchais. Il brandit un panonceau sur lequel il a écrit : « Je suis le seul survivant du commando de Nantes, j'exige ma place à la tribune ». Et il invective : « Marchais, tu n'as pas ta place ici<ref>Berlière et Liaigre, p. 279</ref>. »

Les auteurs écornent en passant le livre de Pierre-Louis Basse et se justifient des coups de griffes qu'ils sont amenés à donner à la mémoire de Guy Môquet, lequel n'est pas le principal sujet de leur livre : «  Le travail des historiens consiste [...] à remettre en question des actes qui relèvent depuis soixante ans des domaines de la foi et du sacré<ref>Berlière et Liaigre, p. 17</ref>. »

Et pour illustrer le statut quasi sacré de Guy Môquet, ils citent Albert Ouzoulias : Modèle:Début citation[...] La plupart des fusillés sont en prison ou au camp depuis un an, parfois plus. Et certains aujourd'hui ont l'audace de prétendre que les communistes ont commencé la Résistance en juin 1941 ! Ceux que nous pleurons seraient vivants s'il en avait été ainsi. Dire ou écrire ces infamies, c'est cracher sur les tombes des martyrs de Châteaubriant et de beaucoup d'autres lieux de la Résistance. C'est cracher sur la tombe de Charles Michels, 37 ans, député de Paris [...] Colporter ces mensonges, c'est cracher sur les tombes de Guy Môquet, 17 ans, lycéen, héros national, arrêté gare de l'Est [...]<ref>Albert Ouzoulias, Les Fils de la Nuit, Grasset, 1975, p. 188-189</ref> Modèle:Fin de citation

Sous le titre « Non aux hargnes rancies de la guerre froide », l'écrivain Gilles Perrault s'en prend violemment sur ce point à Berlière et Liaigre dans une critique de leur dernier livre, par ailleurs modérée et parue dans l'hebdomadaire Marianne :

Modèle:Début citation[...] Résistant, Guy Môquet ? L'archive, la sacro-sainte archive démontre le contraire : les tracts qu'il distribuait lors de son arrestation n'appelaient nullement à résister. Ils continuaient à dénoncer imperturbablement le caractère impérialiste de la guerre [...] On saura désormais qu'un historien peut être niais et obscène [...] Ce que les auteurs semblent incapables de comprendre, c'est que pour tout communiste d'hier ou de demain, rien ne sépare, sinon le hasard des circonstances, le résistant Pierre Georges de l'otage Guy Môquet. [...]<ref>Marianne, 2 au 8 octobre 2004.</ref> Modèle:Fin de citation

L'écrivain Perrault, fin connaisseur de la période et proche du parti communiste, voulait ainsi signifier, en faisant le parallèle entre Pierre Georges, plus connu sous le nom de Fabien, colonel FFI à 24 ans et Guy Môquet, que les deux jeunes communistes les plus célèbres de leur génération, parce qu'ils partageaient le même idéal, étaient justement célébrés comme résistants par les communistes car toute célébration revêt un caractère subjectif. Selon Perrault, le combat anti-communiste qui consiste à renvoyer éternellement les communistes aux ambiguités de la période du Pacte est dépassé, il a des relents de guerre froide. Cette conception est confirmée par le résistant gaulliste Maurice Druon, qui déclare en octobre 2007 : Modèle:Début citationReportons-nous à l'époque : ce qui était important, c'était de résister. Ce n'était pas de savoir si l'on était communiste ou gaulliste. Il n'est pas inutile de rappeler, de temps en temps, à de très jeunes gens qui l'ont sans doute oublié ou qui ne l'ont jamais su que s'ils vivent aujourd'hui en République, c'est grâce à des garçons comme Guy Môquet.<ref>« Maurice Druon : « Pourquoi je lirai cette lettre » », propos recueillis par Sophie Roquelle, Le Figaro, 22 octobre 2007. [1]</ref>Modèle:Fin citation

2007 : célébrations

Pendant la campagne présidentielle française de 2007 <ref>Le Figaro du 15 octobre 2007, p. 9, rappelle que le futur candidat avait une première fois évoqué Guy Môquet devant les jeunes de l'UMP le 3 septembre 2006 à Marseille. Le même article attribue à Henri Guaino, conseiller du candidat puis du président, l'idée d'utiliser dans la campagne électorale la lettre de Guy Môquet.</ref>, Nicolas Sarkozy évoque la figure de Guy Môquet le 14 janvier 2007, au congrès de l'UMP. Ce faisant, il s'attire la réplique de Marie-George Buffet, candidate soutenue par les communistes : « Il a osé invoquer Jaurès, Blum et Guy Môquet ! J'interdis à ce ministre d'État qui fait la chasse aux enfants dans les écoles, qui veut emprisonner les mineurs, d'utiliser le nom de Guy Môquet [...] »<ref>Marie-George Buffet Discours au Zénith, Paris, 23 janvier 2007, consulté le 30 octobre 2007</ref>. Il l'évoque aussi le 18 mars, au Zénith de Paris : « Il était profond, il était grand Guy Môquet quand il fut fusillé par l’occupant [...] », ainsi que les 20 mars<ref>Discours de Nicolas Sarkozy à Villebon-sur-Yvette, consulté sur le site u-m-p.org le 30 octobre 2007</ref>, 10<ref>Discours de Nicolas Sarkozy à Tours, consulté sur le site u-m-p.org le 30 octobre 2007</ref>, 11<ref>Discours de Nicolas Sarkozy à Toulouse, consulté sur le site u-m-p.org le 30 octobre 2007</ref>, et 24 avril<ref>Discours de Nicolas Sarkozy à Rouen, consulté sur le site u-m-p.org le 30 octobre 2007</ref>. Le jour de son investiture, lors d'une cérémonie au monument de la cascade du Bois de Boulogne, après avoir fait lire la dernière lettre de Guy Môquet par une lycéenne, le nouveau président annonce qu'il la fera lire dans tous les lycées du pays, en début d'année scolaire : « Un jeune homme de dix-sept ans qui donne sa vie à la France, c'est un exemple non pas du passé mais pour l'avenir [...] »<ref>Source : video sur dailymotion. Ces phrases, prononcées immédiatement après la lecture de la lettre, ne figurent pas dans le texte lu ultérieurement et publié sur le site internet de l'Élysée.</ref>. Cette initiative provoque des controverses et des prises de positions marquées. Si d'un côté le PCF<ref>Marie-George Buffet, « Lecture de la lettre de Guy Môquet : Un combat pour l’émancipation humaine pleinement d’actualité », 16 mai 2007.</ref> et Libération<ref>Laurent Joffrin, « Oui, il faut lire la lettre de Guy Môquet », Libération, 24 mai 2007.</ref> saluent le « message fort » et le « devoir de mémoire » que constitue cette initiative, d'un autre côté les critiques ne sont pas absentes, le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire estimant cette commémoration contraire à l'esprit de la pratique historique<ref>Laurence De Cock-Pierrepont, pour le CVUH, « Des usages étatiques de la lettre de Guy Môquet », mai 2007.</ref>.

Fin aôut, la date du 22 octobre, jour anniversaire de l'exécution de Môquet et de ses camarades, choisie pour la commémoration, est communiquée aux enseignants<ref>Xavier Darcos, Note de service n° 2007-138 du 2-8-2007, « 22 octobre : commémoration du souvenir de Guy Môquet et de ses 26 compagnons fusillés », Bulletin officiel de l'Éducation nationale n° 30, 30 août 2007.</ref>.

Dans le numéro de septembre du magazine L'Histoire, Jean-Pierre Azéma revient sur l'affaire<ref name="L'Histoire"/> et critique la « caporalisation mémorielle », d'une part pour son dirigisme envers les enseignants, d'autre part parce qu'Azéma estime que l'hommage occulte le rôle de la collaboration, en particulier de droite. Azéma souligne la rupture avec l'attitude du président Chirac, par exemple dans son discours sur la rafle du Vélodrome d'Hiver.

Le 19 septembre, en compagnie notamment du député socialiste Jean-Marc Ayrault, d'une centaine d'anciens combattants, Nicolas Sarkozy se déplace à Châteaubriant et rend hommage aux fusillés dont Guy Môquet. Les réactions sont alors partagées entre les participants. Si pour un ancien maquisard, il s'agit d'un hommage important, la trésorière du comité des fusillés de Châteaubriant remarque que cela sert de « publicité » au président. Le vice-président de l'amicale nationale Châteaubriant-Voves-Rouillé dénonce, quant à lui, une « manifestation indécente » qui a tourné à la « sarkomania<ref>« Sarkozy rend hommage aux fusillés de Chateaubriant, dont Guy Môquet », AFP, 19 septembre 2007.</ref> ».

Le 3 octobre, le SNES appelle les professeurs à boycotter la lecture en lycée<ref>Alice Cardoso, Valérie Sultan, La lettre de guy môquet : un cas d’école ?, SNES.Actualité, 3 octobre 2007</ref>.

Par ailleurs, un court-métrage de deux minutes trente, réalisé par François Hanss et mettant en scène Jean-Baptiste Maunier dans le rôle de Guy Môquet, est diffusé sur La Chaîne parlementaire dès le 17 octobre<ref name="Debril">Laurence Debril, « Maunier : des Choristes à Guy Môquet », L'Express, 6 septembre 2007.</ref>. France 2, France 3 et TV5 l'ajoutent à leurs programmes<ref>Sophie Bourdais, La lettre sans l'esprit, telerama.fr, 22 octobre 2007</ref>, tandis que Radio France ajoute aux siens une adaptation radiophonique. Il est aussi destiné au Mémorial de Caen<ref name="Debril"/>.

Guy Krivopissko suggère que le poème dit « Poème Guy de Môquet » soit lu au même titre que la lettre, car il permettait de mieux comprendre son engagement <ref name="contre"/>.

La commémoration du 22 octobre 2007 s'accompagne de l'émission d'un timbre-poste dessiné et gravé par Yves Beaujard à partir d'une photographie de Guy Môquet <ref>Le timbre-poste à l'effigie de Guy Môquet</ref>, ainsi que la parution d'un document philatélique <ref>Document philatélique sur Guy Môquet émis par la Poste.</ref>. Cette émission est officialisée seulement un mois avant, dans un arrêté du Ministère de l'économie, des finances et de l'emploi du 21 septembre 2007<ref>L’arrêté du 21 septembre 2007 sur le site admin.net et sur Legifrance.com.</ref>.

Le 26 octobre, face aux polémiques émises par la lecture de la lettre de Guy Môquet dans les lycées, le gouvernement annonce qu'en 2008, la journée sera « consacrée à la jeunesse résistante »<ref>« La journée Guy Môquet deviendra celle de la Résistance », M.-E. P., Le Figaro, 26 octobre 2007. [2]</ref>.

Honneurs

Voir aussi

Bibliographie

Liens internes

Liens externes

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Guy Môquet.

Notes et références

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