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Guillaume Apollinaire

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Guillaume Apollinaire, pseudonyme de Wilhelm Albert Vladimir Apollinaris de Wąż-Kostrowitcky (26 août 1880, Rome9 novembre 1918, Paris) est un des principaux poètes d'expression française des premières décennies du XXe siècle, auteur notamment du Pont Mirabeau. Il écrit également des nouvelles et des romans érotiques. Il pratique le calligramme (terme de son invention). Il est le chantre de toutes les avant-gardes artistiques, notamment le cubisme, poète et théoricien de l'Esprit nouveau, et précurseur du surréalisme dont il a forgé le nom.

Sommaire

Biographie

Il naît en 1880 à Rome d'une mère issue de la noblesse polonaise, Angelica Kostrowicka, et de père inconnu, peut-être un officier italien. Il arrive en 1887 à Monaco, puis poursuit des études aux lycées de Cannes et de Nice. En 1899, il passe l'été dans la petite bourgade wallonne de Stavelot, un séjour quitté à « la cloche de bois » : ne pouvant payer la note de l'hôtel où Apollinaire réside avec son frère et sa mère, la famille doit quitter la ville en secret et à l'aube. L'épisode wallon féconde durablement son imagination et sa création. Ainsi de cette époque date le souvenir des danses festives de cette contrée (« C'est la maclotte qui sautille ... »), dans Marie, celui des Hautes Fagnes, ainsi que l'emprunt au dialecte wallon.

En 1901 et 1902, il est précepteur dans une famille allemande. Il tombe amoureux de la gouvernante anglaise Annie Playden, qui ne cessera de l'éconduire. C'est la période « Rhénane » dont ses recueils portent la trace (La Lorelei, Schinderhannes). Lorsque Annie quitte la famille allemande, il la suit en vain jusqu'en Angleterre. Pour le fuir définitivement, elle part pour l'Amérique en 1904. Le poète célébrera sa relation avec Annie et la douleur de la rupture dans de nombreux poèmes dont Annie et La Chanson du mal-aimé.

Entre 1902 et 1907, il travaille pour divers organismes boursiers et commence à publier contes et poèmes dans des revues. En 1907, il rencontre le peintre Marie Laurencin, avec laquelle il entretiendra une relation chaotique et orageuse. Il décide de vivre de sa plume. Il se lie d'amitié avec Picasso (il lui avait d'ailleurs dit : « tu vois, moi aussi je suis peintre » à cause de son travail sur les calligrammes), Derain, Edmond-Marie Poullain , de Vlaminck et le douanier Rousseau, se fait un nom de poète, de journaliste, de conférencier et de critique d'art. En septembre 1911, soupçonné dans le vol de la Joconde au Louvre, il est emprisonné durant une semaine à la prison de la Santé ; cette expérience le marquera. En 1913, il publie Alcools, somme de son travail poétique depuis 1898.

Peu avant de s'engager dans l'armée française en décembre 1914, il tombe amoureux de Louise de Coligny-Châtillon, rencontrée à Nice, qu'il surnomme « Lou ». Mais la jeune femme ne l'aimera jamais, ou du moins, pas comme il le voudrait ; bien qu'elle le rejoigne au régiment pendant une semaine (il connaîtra dans ses bras un érotisme violent qui marquera à jamais sa plume), ils rompent en mars 1915. Il part avec le 38e régiment d'artillerie de campagne pour le front de Champagne en avril 1915. Malgré les vicissitudes du front, il écrit dès qu'il le peut pour tenir et rester poète (Case d'Armons, et une abondante correspondance avec Lou, Madeleine et ses nombreux amis dont André Salmon). La guerre est pour lui l'occasion de se déclarer « vrai Français », de servir sa patrie. En 1915, dans un train, il rencontre Madeleine Pagès avec laquelle il se fiancera. Transféré sur sa demande au 96e régiment d'infanterie avec le grade de sous-lieutenant en novembre 1915, il est blessé à la tête par un éclat d'obus le 17 mars 1916, alors qu'il lit le Mercure de France dans sa tranchée. Évacué sur Paris, il est trépané le 10 mai 1916. Après une longue convalescence, il se remet progressivement au travail, fait jouer sa pièce Les Mamelles de Tirésias (sous-titrée drame surréaliste) en juin 1917 et publie Calligrammes en 1918. Il épouse Jacqueline (la « jolie rousse » éponyme du poème) à qui l'on doit de nombreuses publications posthumes.

Affaibli par sa blessure, Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918 de la grippe espagnole. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris alors que, dans les rues, les Parisiens célèbrent la fin de la guerre.

Son nom est cité sur les murs du Panthéon de Paris dans la liste des écrivains morts sous les drapeaux pendant la guerre 1914-1918.

Regards sur l'Œuvre

Image:La muse inspirant le poète.jpg
Apollinaire peint en La Muse inspirant le poète d'Henri Rousseau, (1909)

Influencé par la poésie symboliste dans sa jeunesse, admiré de son vivant par les jeunes poètes qui formèrent plus tard le noyau du groupe surréaliste (Breton, Aragon, Soupault — il est à noter qu'Apollinaire est l'inventeur du terme « surréalisme »), il révéla très tôt une originalité qui l'affranchit de toute influence d'école et qui fit de lui un des précurseurs de la révolution littéraire de la première moitié du XXe siècle. Son art n’est basé sur aucune théorie mais sur un principe simple : l’acte de créer doit venir de l’imagination, de l’intuition car il doit se rapprocher le plus de la vie, de la nature. Cette dernière est pour lui « une source pure à laquelle on peut boire sans crainte de s’empoisonner » (Oeuvres en prose complètes, Gallimard, 1977, p.49). Mais l’artiste ne doit pas l’imiter, il doit la faire apparaître selon son propre point de vue, de cette façon, Apollinaire parle d’un nouveau lyrisme. L’art doit alors s’affranchir de la réflexion pour pouvoir être poétique. « Je suis partisan acharné d’exclure l’intervention de l’intelligence, c’est-à-dire de la philosophie et de la logique dans les manifestations de l’art. L’art doit avoir pour fondement la sincérité de l’émotion et la spontanéité de l’expression : l’une et l’autre sont en relation directe avec la vie qu’elles s’efforcent de magnifier esthétiquement » dit Apollinaire (entretien avec Péres-Jorta dans La Publizidad). L’œuvre artistique est à la fois une réalité car elle existe et parle du réel, et une fausseté puis qu’elle n’est qu’un reflet, une fiction.

Apollinaire se caractérise par un jeu subtil entre modernité et tradition. Il ne s’agit pas pour lui de se tourner vers le passé ou vers le futur mais de suivre le mouvement du temps. « On ne peut transporter partout avec soi le cadavre de son père, on l’abandonne en compagnie des autres morts. Et l’on se souvient, on le regrette, on en parle avec admiration. Et si on devient père, il ne faut pas s’attendre à ce qu’un de nos enfants veuille se doubler pour la vie de notre cadavre. Mais nos pieds ne se détachent qu’en vain du sol qui contient les morts » (Les Méditations esthétiques, Partie I : Sur la peinture).

C’est ainsi que Calligrammes tente d’instaurer une certaine « simultanéité ». Un calligramme propose l’espace, celui du dessin sur la page, coordonné avec le temps, celui de la lecture et de la compréhension. Apollinaire prône un renouvellement formel constant (vers libre, monostiche, création lexicale, syncrétisme mythologique). De plus, avec l’apparition du phonographe, le texte ne doit pas avoir plus d’importance pour l’œil que pour l’oreille. Enfin, la poésie et l’art en général sont un moyen pour l’artiste de communiquer son expérience aux autres. C’est ainsi qu’en cherchant à exprimer ce qui lui est particulier, il réussit à accéder à l’universel. Enfin, Apollinaire rêve de former un mouvement poétique global, sans écoles, imprégné du début de XXe siècle, période de renouveau pour les arts et l'écriture, avec l'émergence du cubisme dans les années 1910, du futurisme italien en 1909 et du dadaïsme en 1916. Même s’il échoue, Apollinaire entretient des liens d'amitié avec nombre d'artistes et les aide dans leur parcours artistique ("la phalange nouvelle").


Bibliographie

Poésie

  • Le Bestiaire ou cortège d'Orphée, illustré de gravures par Raoul Dufy, 1911.
  • Alcools, recueil de poèmes composés entre 1898 et 1913, Mercure de france, 1913.
  • Vitam impendere amori, illustré par André Rouveyre, 1917.
  • Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916, 1918.
  • Il y a..., 1925.
  • Ombre de mon amour, poèmes adressés à Louise de Coligny-Châtillon, 1947.
  • Poèmes secrets à Madeleine, 1949.
  • Le Guetteur mélancolique, 1952.
  • Poèmes à Lou, 1956.
  • Soldes, poèmes inédits, 1985
  • Et moi aussi je suis peintre, album d'idéogrammes lyriques coloriés, resté à l'état d'épreuve. Les idéogrammes seront insérés dans le recueil Calligrammes.

Romans, contes

  • Mirely ou le Petit Trou pas cher, roman érotique écrit sous pseudonyme pour un libraire de la rue Saint-Roch à Paris, 1900.
  • Les Onze Mille Verges ou les amours d'un hospodar, 1907,<ref>Pour une réédition ultérieure, Louis Aragon a écrit une préface qu'il n'a pas signée. Pierre Daix « La Vie quotidienne des surréalistes »</ref>. roman pornographique publié sous le manteau.
  • L'Enchanteur pourrissant, illustré de gravures d'André Derain, 1909
  • L'Hérésiarque et Cie, contes, 1910.
  • Les Exploits d'un jeune Don Juan, roman érotique, 1911.
  • La Rome des Borgia, 1913.
  • La Fin de Babylone - L'Histoire romanesque 1/3, 1914.
  • Les Trois Don Juan - L'Histoire romanesque 2/3, 1915.
  • Le Poète assassiné, contes, 1916.
  • La Femme assise, Gallimard, 1920.
  • Les Épingles, contes, 1928.
  • Que faire ?, roman-feuilleton, 1950.

Ouvrages critiques et chroniques

  • La Phalange nouvelle, conférence, 1909.
  • L'Œuvre du Marquis de Sade, 1909.
  • Les Poèmes de l'année, conférence, 1909.
  • Les Poètes d'aujourd'hui, conférence, 1909.
  • Le Théâtre italien, encyclopédie littéraire illustrée, 1910
  • Pages d'histoire, chronique des grands siècles de France, chronique historique, 1912
  • La Peinture moderne, 1913.
  • Les Peintres cubistes, Méditations esthétiques, 1913.
  • L'Antitradition futuriste, manifeste synthèse 1913.
  • Le Flâneur des deux rives, chroniques, éditions de la Sirène, 1918.
  • La Poésie symboliste, 1919.
  • Anecdotiques, recueil des chroniques du Mercure de France publiées entre 1911 et 1918.
  • Contemporains pittoresques, recueil d'articles publiés dans le "Mercure de France", 1928.
  • L'Esprit nouveau et les Poètes, article publié dans le Mercure de France, 1946.
  • Textes inédits, 1952.
  • Chroniques d'art 1902-1918, 1960.
  • Petites merveilles du quotidien textes retrouvés, Fata Morgana, 1979.
  • Petites flaneries d'art textes retrouvés, Fata Morgana, 1980.

Théâtre, cinéma

  • Les Mamelles de Tirésias, drame surréaliste en deux actes et un prologue, 1917.
  • La Bréhatine, scénario de cinéma coécrit avec André Billy), 1917.<ref>Publié dans l'« Anthologie du cinéma invisible » de Christian Janicot, éd. Jean-Michel Place/Arte, Paris 1995.</ref>
  • Couleurs du temps, 1918, réédition 1949
  • Casanova, comédie parodique, 1952.

Correspondance

  • Lettres à sa marraine 1915–1918, 1948.
  • Tendre comme le souvenir, lettres à Madeleine Pagès, 1952.
  • Lettres à Lou, édition de Michel Décaudin, Gallimard, 1969.
  • Lettres à Madeleine. Tendre comme le souvenir, édition revue et augmentée par Laurence Campa, Gallimard, 2005.

Journal

  • Journal intime (1898-191Image:Cool.gif, édition de Michel Décaudin, fac-similé d'un cahier inédit d'Apollinaire, 1991.

Liens externes

Modèle:Wikisource

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Citations

« À la fin tu es las de ce monde ancien » (Alcools - Zone, premier vers)
« Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure » (Alcools - Le pont Mirabeau, Leitmotiv)
« Je suis ivre d'avoir bu tout l'univers [...]
Écoutez mes chants d'universelle ivrognerie » (Alcools - Vendémiaire)
« Moi qui sais des lais pour les reines
Les complaintes de mes années
Des hymnes d'esclave aux murènes
La romance du mal aimé
Et des chansons pour les sirènes » (Alcools - La Chanson du Mal-Aimé, dernière strophe)
« Les fleurs qui s'écrient hors de bouches
Et tout ce que je ne sais pas dire
Tout ce que je ne connaîtrai jamais
Tout cela tout cela changé en vin pur
Dont Paris avait soif
Me fut alors présenté » (Alcools - Vendémiaire)
« Ah ! Dieu que la guerre est jolie ! » (Calligrammes - L'Adieu du Cavalier)
« Vous voilà de nouveau près de moi
Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre (…)
Ombre multiple que le soleil vous garde
Vous qui m'aimez assez pour ne jamais me quitter
Et qui dansez au soleil sans faire de poussière
Ombre encre du soleil
Écriture de ma lumière
Caisson de regrets
Un dieu qui s'humilie » (Calligrammes - Ombre)

Notes et références

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