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Poésie

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Image:Arthur Rimbaud Les Assis.jpg
Manuscrit d’Arthur Rimbaud.

La poésie (la graphie ancienne était poësie) est un genre littéraire très ancien aux formes variées qui se constitue aussi bien en vers qu’en prose et dans lequel l’importance dominante est accordée à la Modèle:Guil, c’est à dire au signifiant. La poésie est un art du langage qui fait une utilisation maximale des ressources de la langue : le travail sur la forme démultiplie la puissance de la signification.

Sommaire

Généralités

Origines

Le mot poésie vient du grec ποιεῖν (poiein) qui signifie « faire, créer » ; le poète est donc un créateur, un inventeur de formes expressives, ce que révèlent aussi les termes du moyen âge trouvère et troubadour.

Dans l’Antiquité grecque toute expression littéraire est qualifiée de poétique, qu’il s’agisse de l’art oratoire, du chant ou du théâtre : tout « fabricant de texte » est un poète comme l’exprime l’étymologie. Les philosophes grecs cherchent à affiner la définition de la poésie et Aristote dans sa Poétique identifie trois genres poétiques : la poésie épique, la poésie comique et la poésie dramatique. Plus tard les théoriciens de l’esthétique retiendront trois genres : l’épopée, la poésie lyrique et la poésie dramatique (incluant la tragédie comme la comédie), et l’utilisation du vers s’imposera comme la première caractéristique de la poésie, la différenciant ainsi de la prose, chargée de l’expression commune que l’on qualifiera de prosaïque.

Le mot poésie évoluera encore vers un sens plus restrictif en s’appliquant aux textes en vers qui font un emploi privilégié des ressources rhétoriques, sans préjuger des contenus : la poésie sera descriptive, narrative et philosophique avant de faire une place grandissante à l’expression des sentiments.

En effet, première expression littéraire de l’humanité, utilisant le rythme comme aide à la mémorisation et à la transmission orale, la poésie apparaît d’abord dans un cadre religieux et social en instituant les mythes fondateurs dans toutes les cultures que ce soit avec l’épopée de Gilgamesh, (3e millénaire avant JC) en Mésopotamie, les Vedas, le Ramayana ou le Mahabharata indiens, la Bible des Hébreux ou l'Iliade et l'Odyssée des Grecs.

Parallèlement à cette poésie épique des origines constituée de texte longs et narratifs, existe une poésie liturgique qui renvoie à la célébration divine par le poète inspiré dont les sociétés ritualiseront les textes sous forme de psaumes, d’hymnes, de sourates… . Dans un espace plus sécularisé se développeront aussi, en prenant appui sur le chant, l’élégie et la tragédie qui expriment le cœur et le destin des hommes. S’ajoutera sans doute en même temps le jeu sur le mots avec les comptines, les berceuses et autres créations ludiques qui donneront par exemple le nonsense anglosaxon.

Entre Apollon et Dionysos

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Apollon, la Poésie et la Musique ; Opéra Garnier

La poésie est marquée par l’oralité et la musique de ses origines puisque la recherche de rythmes particuliers, comme l’utilisation des vers, et d’effets sonores, comme les rimes, avait une fonction mnémotechnique pour la transmission orale primitive. Cette facture propre au texte poétique fait que celui-ci est d’abord destiné à être entendu plutôt qu’abordé par la lecture silencieuse.

Placées sous l’égide d’Orphée et d’Apollon musagète, dieu de la beauté et des arts, et associées à la muse Erato, musique et poésie sont également étroitement liées par la recherche de l’harmonie et de la beauté, par le Charme, au sens fort de chant magique. La création poétique hésitera cependant constamment entre l’ordre et l’apaisement apolliniens qu’explicite Euripide dans Alceste : {Guil|Ce qui est sauvage, plein de désordre et de querelle, la lyre d’Apollon l’adoucit et l’apaise}} et la Modèle:Guil qui renvoie au dieu des extases, des mystères, des dérèglements et des rythmes des forces naturelles que l’on découvre par exemple dans le Dithyrambe de l’Antiquité grecque.

Fonction poétique

En linguistique, la poésie est décrite comme un énoncé centré sur la forme du message donc où la fonction poétique est prédominante. Dans la prose l’important est le Modèle:Guil, elle a un but Modèle:Guil (la transmission d’informations) et se définit comme une marche en avant que peut symboliser une flèche et que révèle la racine latine du mot qui signifie Modèle:Guil. En revanche, pour la poésie, l’importance est orientée vers la Modèle:Guil, vers le signifiant, dans une démarche Modèle:Guil, symbolisée par le Modèle:Guil qui montre une progression dans la reprise avec le principe du retour en arrière (le vers se Modèle:Guil) que l’on peut représenter par une spirale.

La poésie ne se définit donc pas par des thèmes particuliers mais par le soin majeur apporté au signifiant pour qu’il démultiplie le signifié : l’enrichissement du matériau linguistique prend en effet en compte autant le travail sur les aspects formels que le poids des mots, allant bien au delà du sens courant du terme Modèle:Guil qui renvoie simplement à la beauté harmonieuse associée à une certaine sentimentalité. L’expression poétique offre cependant au cours de l’Histoire des orientations variées selon la dominante retenue par le poète.

Le vers

La mise en page du texte poétique est traditionnellement fondée sur le principe du retour et de la progression dans la reprise que figure l’utilisation du vers (régulier ou non), même s’il existe des formes métissées comme le poème en prose ou la prose poétique qui reprennent les caractéristiques du texte poétique (d’où leur dénominations) comme l’emploi des images et la recherche de sonorités ou de rythmes particuliers. Ces vers sont souvent regroupés en strophes et parfois organisés dans des poèmes à forme fixe comme le sonnet ou la ballade.

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Calligramme ; Apollinaire

La poésie métrée utilise des vers définis par le nombre de leurs syllabes comme l’alexandrin français, alors que la poésie scandée joue sur la longueur des pieds (et sur leur nombre) comme dans l’hexamètre dactylique grec et latin, ou sur la place des accents comme dans le pentamètre iambique anglais. Les poètes modernes se libèrent peu à peu de ces règles : par exemple les poètes français introduisent dans la deuxième moitié du XIXe siècle le vers libre puis le verset, et en remettant aussi en cause les conventions classiques de la rime qui disparaît largement au XXe siècle. Des essais graphiques plus marginaux ont été tentés par exemple par Mallarmé (Un coup de dés jamais n'abolira le hasard), Apollinaire (Calligrammes) ou Pierre Reverdy, en cherchant à parler à l’œil et plus seulement à l’oreille, tirant ainsi le poème du côté du tableau.

La musicalité

L’origine orale et chantée de la poésie qu’évoquent la lyre d’Apollon ou la flûte d’Orphée marque l’expression poétique qui se préoccupe des rythmes avec le compte des syllabes (vers pairs/ vers impairs, Modèle:Guil …) et le jeu des accents et des pauses (césure, enjambement…). La poésie exploite aussi les sonorités particulièrement avec la rime (retour des mêmes sons à la fin d’au moins deux vers avec pour base la dernière voyelle tonique) et ses combinaisons de genre (rimes masculines ou féminines), de disposition (rimes suivies, croisées …) et de richesse. Elle utilise aussi les reprises de sons dans un ou plusieurs vers (allitérations et assonances), le jeu du refrain (comme dans la ballade ou le Pont Mirabeau d’Apollinaire) ou la correspondance entre le son et le sens avec les harmonies imitatives (exemple fameux : Modèle:Guil Racine) ou les rimes sémantiques (automne/monotone).

Le poids des mots

Le poète exploite toutes les ressources de la langue en valorisant aussi les mots par leur rareté et leur nombre limité : on parle parfois de Modèle:Guil où chaque mot Modèle:Guil comme dans le sonnet et ses 14 vers ou dans la brièveté extrême du haïku japonais de trois vers. L’enrichissement passe aussi par la recherche de sens rares et de néologismes (par exemple Modèle:Guil dans les Sapins d’Apollinaire, qui, Modèle:Guil, ou Modèle:Guil associé aux Soleils couchants par Verlaine), par les connotations comme l’Inspiration derrière la figure féminine dans les Pas de Paul Valéry (Modèle:Guil) ou par des réseaux lexicaux tissés dans le poème comme la religiosité dans Harmonie du soir de Baudelaire. Le poète dispose d’autres ressources encore comme la place dans le vers ou dans le poème (Modèle:Guil dans le premier vers du Dormeur du val de Rimbaud auquel répondent les Modèle:Guil du derniers vers) ou les correspondances avec le rythme et les sonorités (Modèle:Guil La Fontaine, Le Coche et la mouche )…

Le poète joue également de la mise en valeur des mots par les figures de style comme les figures d’insistance comme l’accumulation, le parallélisme ou l’anaphore (exemple : Modèle:Guil, Hugo, les Châtiments, II, 5), les figures d’opposition comme le chiasme ou l’oxymore (Modèle:Guil Nerval), les ruptures de construction comme l’ellipse ou l’anacoluthe (Modèle:Guil, Baudelaire l’Albatros) et bien sûr les figures de substitution comme la comparaison et la métaphore, (de Ronsard et Du Bellay à Jacques Prévert ou Eugène Guillevic en passant par Hugo, Apollinaire, les surréalistes et bien d’autres). L’emploi de l’image est d’ailleurs repéré comme une des marques de l’expression poétique ; un seul exemple emblématique de métaphore filée en rendra compte : Modèle:Guil, (Victor Hugo, Booz endormi).

Les grandes orientations de la poésie

La définition de genres poétiques a toujours été discutée en débattant de critères formels et/ou de critères de contenu (d’objet) et, par ailleurs, la poésie moderne en faisant éclater les genres traditionnels (poésie lyrique, épique, engagée, spirituelle, narrative, descriptive…) et en devenant une expression totalisante et libre rend encore plus difficile la catégorisation.

Cependant, sans s’enfermer trop dans la terminologie formaliste, on peut observer des Modèle:Guil clés dans l’expression poétique (Roman Jakobson définissant la dominante comme Modèle:Guil qui gouverne, détermine et transforme les autres éléments (voir Antoine Compagnon<ref>Antoine Compagnon</ref>). L’opposition la plus simple se fait entre une orientation vers la forme (orientation Modèle:Guil) et une orientation vers le contenu (orientation Modèle:Guil), évidemment sans exclusion de l’autre puisque d’une part il y a sens dès qu’il y a mots et que, d’autre part, il y a expressivité formelle sans cela il n’y aurait pas écriture poétique. Cette dernière orientation multiple et complexe est parfois dite aussi Modèle:Guil (comme par Olivier Salzar<ref>par Olivier Salzar</ref>), parce que renvoyant Modèle:Guil (TCF). Son champ très vaste peut à son tour être subdivisé en trois dominantes (définies par le modèle du signe présenté par Karl Bühler : Modèle:Guil<ref> Jakobson</ref>. Ces trois dominantes, là encore non exclusives, sont la dominante Modèle:Guil ou Modèle:Guil ou lyrique, au sens étroit, tournée vers le moi du poète, la dominante Modèle:Guil, orientée vers le destinataire que le poète veut atteindre en touchant sa conscience et sa sensibilité comme dans la poésie morale et engagée, et la fonction Modèle:Guil, tournée vers un Modèle:Guil extérieur, vers le chant du monde dans des perceptions sensibles, affectives ou culturelles comme dans la célébration ou la poésie épique où le poète rend sensible la démesure des mythes.

Mais ce découpage n’est qu’un éclairage : la poésie, plus que tout autre genre littéraire, pâtit de ces approches des Modèle:Guil alors qu’elle est d’abord la rencontre entre celui qui, par ses mots, dit lui-même et son monde, et celui qui reçoit et partage ce dévoilement. En témoigne par exemple une œuvre inclassable comme les Chants de Maldoror de Lautréamont.

Le poète artiste

Le souci de la forme est bien sûr constant chez les poètes et des règles prosodiques s’élaborent peu à peu aux Modèle:S2- (compte du Modèle:Guil, diérèse/synérèse, césure, pureté des rimes…). Cette importance accordée au travail poétique passe par les Grands rhétoriqueurs de la fin du XVe siècle puis la Pléiade et les classiques (« Beauté, mon beau souci » dira François de Malherbe), avant de réapparaître au XIXe siècle en réaction aux effusions et aux facilités de la poésie romantique. Les théoriciens et praticiens de l'art pour l'art, partageant la conviction que Modèle:Guil, comme le dira au siècle suivant Paul Valéry, défendront les règles traditionnelles (vers syllabique, rimes, poèmes à forme fixes comme le sonnet) avec Théophile Gautier ou les Parnassiens comme Théodore de Banville, Leconte de Lisle ou José María de Heredia. Cette conception esthétique ira même avec Mallarmé jusqu’à un certain hermétisme en cherchant à « donner un sens plus pur aux mots de la tribu » et à relever des défis formels (comme le sonnet en -ixe/-yx de Mallarmé, les Calligrammes d’Apollinaire…) que systématiseront au milieu du XXe siècle les jeux de l’Oulipo et de Raymond Queneau (Cent mille milliards de poèmes), Georges Perec ou Jacques Roubaud.

On peut également, au delà du paradoxe apparent, rattacher à ce courant poétique qui met l’accent sur la « forme », les démarches d’Henri Michaux dont Le Grand Combat (Qui je fus ?, 1927) est écrit dans une langue inventée faite de suggestion sonore, ou encore les expérimentations « lettristes » d’Isidore Isou. Les impasses de cette poésie coupée de l’âme et parfois très rhétorique seront régulièrement combattues au nom de la souplesse et de la force de la suggestion, par exemple par Paul Verlaine et les poètes symbolistes ou décadentistes de la fin du XIXe siècle, qui revendiqueront une approche moins corsetée de la poésie. Cette conception d’un art libéré des contraintes l’emportera largement au XXe siècle où la poésie deviendra une expression totalisante, au delà des questions de forme.

Le poète « lyrique »

Si le mot « poétique » a dans son acception quotidienne le sens d’harmonieux et de sentimental, c’est à l’importance de la poésie lyrique qu’il le doit. Celle-ci, orientée vers le « moi » du poète, doit son nom à la lyre qui, dans l’Antiquité, accompagnait les chants qu’on ne distinguait pas alors de la poésie mais ne doit pas à se limiter à la petite musique personnelle du poète chantant un des thèmes traditionnels et a priori poétiques comme l’amour, la mort, la solitude, l’angoisse existentielle, la nature ou la rêverie. En effet la poésie a su faire entrer la modernité dans le champ poétique y compris dans ses aspects les plus surprenants ou les plus prosaïques (« Une charogne » chez Baudelaire, la ville industrielle chez Verhaeren et le quotidien trivial chez Verlaine dans ces vers de Cythère, dans Les fêtes galantes, « l’Amour comblant tout, hormis / La faim, sorbets et confitures / Nous préservent des courbatures »…). En fait la variété des voix est extrême, avec cependant des courants dominants selon les époques, comme le romantisme et le symbolisme au XIXe siècle ou le surréalisme au XXe siècle.

Les formes évoluent elles-aussi passant par exemple du long poème romantique (À Villequier de Victor Hugo ou les Nuits d’Alfred de Musset) au sonnet régulier de Baudelaire puis aux formes libres des symbolistes et à l’expression jaillissante de l’inconscient avec les Surréalistes avant la spontanéité de l’expression orale de Jacques Prévert dans Paroles par exemple.

La poésie lyrique est pour le poète le canal d’expression privilégiée de sa sensibilité et de sa subjectivité que symbolise le Pélican (Nuit de mai) d’Alfred de Musset. Mais cette poésie va au-delà de la confidence pour exprimer l’humaine condition et Hugo proclame dans la Préface des Contemplations : « Quand je parle de moi, je vous parle de vous ! ». Ce « chant de l’âme », domaine privilégié du « je », auquel adhère cependant le destinataire, s’oppose donc à la poésie descriptive et objective voire rhétorique des Parnassiens ou à la poésie narrative des romans du Moyen Âge et au genre épique qui traite de thèmes héroïques et mythiques avec rythme et couleur ou encore à la poésie d’idées (Lucrèce, Ovide, Voltaire) pour laquelle la forme poétique n’est pas le souci premier.

Le poète prophète, découvreur du monde

L’art de la poésie est aussi traditionnellement associé au Modèle:Guil, c’est à dire à une fonction quasi divine du poète inspiré, en relation avec les Muses et le sacré, à qui revient le rôle de décodeur de l’invisible. C’est la conception de l’Antiquité représentée par Platon qui fait dire à Socrate (dans Ion) à propos des poètes : Modèle:Guil. Au XVIe siècle, la Pléiade reprendra cette perspective et Ronsard écrira ces vers dans son Hymne de l'Automne : Modèle:Guil) et c’est dans cette lignée que s’inscriront les poètes romantiques et après eux Baudelaire et les poètes symbolistes. Cette fonction particulière du poète trouvera un partisan exemplaire avec Arthur Rimbaud qui dans sa fameuse lettre à Paul Demeny demande au Poète de se faire Modèle:Guil et d’être Modèle:Guil, et de trouver Modèle:Guil, en évoquant ailleurs Modèle:Guil qui doit être l’instrument du poète-découvreur.

Après la Première guerre mondiale et après Apollinaire, défenseur lui aussi de Modèle:Guil, les surréalistes, héritiers de cet enthousiasme rimbaldien, confieront à l’image poétique le soin de dépasser le réel et d’ouvrir des Modèle:Guil novateurs mettant au jour l’inconscient, ce que formulera Louis Aragon dans Le Paysan de Paris en parlant de Modèle:Guil.

Dans les années 50-70, revenant sur cette systématisation de l’image, les poètes s’orienteront davantage vers une poésie-célébration, un chant du monde orphique ou vers une poésie lyrique, chant de l’âme qui fait entendre la voix personnelle des poètes comme celle de Jules Supervielle, René Char ou Yves Bonnefoy.

On peut rattacher à cette veine ce qui est parfois appelé Modèle:Guil et qui s’associe à une certaine expression musicale dont l’un des exemples emblématiques serait Jim Morrison aux États-Unis.

Le poète engagé

Cependant, certains Romantiques et particulièrement Victor Hugo feront entrer le poète dans la Cité en lui attribuant un rôle de guide pour le peuple. De prophète, il devient Messie comme l’expose le célèbre Modèle:Guil (les Rayons et les Ombres, 1837) où Victor Hugo définit le poète comme Modèle:Guil, élu de Dieu Modèle:Guil, devenu porteur de lumière et visionnaire, Modèle:Guil. La poésie engagée des Châtiments, à la fois épique et satirique, sera l’étape suivante pour Victor Hugo qui se posera comme l’Opposant à Modèle:Guil. Jehan Rictus témoigne avec sa poésie singulière de la vie des pauvres à la fin du XIXe siècle, contrastant avec le naturalisme distancié de Zola.

Les engagements religieux, (de Charles Péguy par exemple), ou idéologiques retrouveront au XXe siècle comme un lointain héritage de Ronsard (Discours) ou d’Agrippa d'Aubigné avec Louis Aragon, chantre du communisme (Hourra l’Oural, 1934), Paul Claudel, pétainiste en 1941 (Paroles au Maréchal) ou Paul Éluard (Ode à Staline, 1950) ou encore Jacques Prévert et ses positions anarchisantes dans Paroles (1946-1949).

Les poètes de la Négritude, Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor notamment, représentent quant à eux une branche particulière de la poésie francophone du XXe siècle, dont l’engagement et les idées véhiculées, très forts, sont encore assez confidentiels en France. Le premier est le chantre des Antilles, ayant la volonté de Modèle:Guil<ref>Modèle:Guil</ref>, hanté par la question du déracinement des descendants d’esclaves (Cahier d'un retour au pays natal). Le second a créé une poésie à vocation universelle ayant l’espérance comme leitmotiv, l’utilisation de la langue française et les références positives à la culture françaises mêlent aux sujets historiques africains qu’il vivifie (Chaka).

Mais c’est aussi Modèle:Guil que d’avoir participé à la Résistance en publiant clandestinement des œuvres importantes. C’est le cas de Louis Aragon (Les Yeux d’Elsa, 1942 ; La Diane Française, 1944), de Paul Éluard (Poésie et vérité, 1942 ; Au rendez-vous allemand, 1944), de René Char (Feuillets d’Hypnos, 1946) ou de René-Guy Cadou (Pleine Poitrine, 1946). Les poètes ne seront d’ailleurs pas épargnés par l’extermination nazie : Robert Desnos mourra dans un camp allemand et Max Jacob dans le camp de Drancy.

Dans la période récente, l’engagement des poètes semble être surtout le fait de chanteurs comme Léo Ferré ou Jean Ferrat.

La poésie d’avant-garde

En parallèle de la poésie institutionnelle, s’est développée du XXe siècle, une poésie contestataire aussi bien au niveau politique, qu’au niveau linguistique. Cet élan, qui est synthétisé sous le nom d’avant-garde est né avec les Futuristes italiens et russes et le mouvement Dada, notamment Raoul Hausmann ou Kurt Schwitters. Les avant-gardes, loin de n’être que des épiphénomènes dans l’histoire de la poésie, ont traversé le siècle pour aboutir aux expériences littéraires développées par des écrivains comme Christian Prigent, Jean-Pierre Verheggen, visant une forme de déconstruction poétique de la modernité.

La dénonciation sur laquelle s’appuie les avant-gardes est celle de la liaison entre le pouvoir politique et le langage, notamment le langage journalistique, tel que l’énonce d’emblée Hugo Ball. C’est pour cela que les avant-gardes visent une modernité négative, un retournement des valeurs, et recherchent une forme de langage non aliéné par la société, proche des intensités du corps. Les premières créations marquantes sont celles de Raoul Hausmann puis de Kurt Schwitters et son poème Ursonate. Il s’agit de créer un poème sonore, qui s’affranchit de l’intelligibilité courante des mots et qui par leur phonétisme, déclenche à une approche sensible. Dans cet horizon Antonin Artaud, se démarquant du surréalisme, tentera une approche poétique liée au souffle, que cela soit par la recherche d’un langage plus corporel (recherche de signes qu’il compare métaphoriquement aux hiéroglyphes).

En liaison avec les recherches d’avant-garde, à partir des années 1950 est apparue une démarche poétique voulant rompre avec le livre. Ces créations, dans la lignée des approches sonores issues aussi bien de la musique bruitiste des futuristes italiens, que des approches phonétiques de Dada, en France, a eu comme représentant majeur Bernard Heidsieck, François Dufrêne et Henri Chopin, tous les trois inventeurs de la poésie sonore.

Face à la radicalisation des avant-gardes, s’est développée à partir des années 1980 une approche plus post-moderne, liée en partie à l’objectivisme américain : effacement de l’auteur au profit de recherches formelles portant sur des langages para-littéraires. Cette approche a été visible avec les premiers textes publiés d’Olivier Cadiot, puis la création en 1989 de la Revue Java notamment animée par Jean-Michel Espitallier.

Conclusion

Le terme Modèle:Guil recouvre des aspects très différents puisque celle-ci s’est dégagée d’une forme versifiée facilement identifiable et même du Modèle:Guil, et il est sans doute plus commode de parler d’Modèle:Guil. Néanmoins la spécificité du texte poétique demeure à travers sa densité qui exploite à la fois le son et le sens ; il est d’ailleurs difficile de traduire un poème dans une autre langue : faut-il se préoccuper d’abord du sens ou faut-il chercher à inventer des équivalences sonores et rythmiques ?

Mais la question est posée de savoir si le rejet des procédés traditionnels du vers et de la rime n’a pas affaibli l’expression poétique : celle-ci est certes largement pratiquée comme en témoignent les blogs d’aujourd’hui, mais sa diffusion en librairie est bien rare pour les nouveaux poètes. Ils s’expriment d’ailleurs peut-être davantage avec le soutien de la musique dans le genre plus incertain de la poésie-chanson avec par exemple le rap ou le slam. Néanmoins chaque année voit refleurir le printemps des Poètes, réveillant malgré tout Modèle:Guil

En effet, à travers la Poésie, l’essentiel demeure la prise de conscience du pouvoir des mots et de la beauté de la langue, à commencer par une langue dite et écoutée. Pour l’amateur de poésie, Modèle:Guil et sa puissance créatrice qui nourrit la mémoire et transforme la nuit en lumière, comme le fait dire Jean-Luc Godard à son héros qui vient lutter contre un monde déshumanisé dirigé par un ordinateur dans Alphaville.

Enfin, la poésie est bien sûr une expression littéraire universelle, mais le souci particulier d’exploiter les ressources complètes de la langue qui définit le genre a déterminé le choix des points d’appui limités à la langue française.

Voir aussi

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Notes et références

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