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Franc-maçonnerie

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Symboles maçonniques
(épée de Lafayette).

La franc-maçonnerie est une forme d'organisation associative, qui recrute ses membres par cooptation<ref>C'est-à-dire que les membres décident de l'admission d'un nouveau membre. A ne pas confondre avec la candidature qui peut-être spontanée. Voir franc-maçonnerie#Recrutement</ref> et pratique des rituels initiatiques faisant référence à un secret maçonnique et à l'art de bâtir.

Apparue en Écosse<ref name="Stevenson">Modèle:Harv</ref> puis en Angleterre au Modèle:XVIIe siècle, elle se décrit, suivant les époques, les pays et les formes, comme une « association essentiellement philosophique et philanthropique », comme un « système de morale illustré par des symboles » ou comme un « ordre initiatique ». Organisée en obédiences depuis 1717 à Londres, la franc-maçonnerie dite spéculative - c'est-à-dire philosophique - fait référence aux Anciens Devoirs de la maçonnerie dite opérative formée par les corporations de bâtisseurs qui édifièrent, entre autres, les cathédrales.<ref>Bref historique de la franc-maçonnerie</ref>

Elle prodigue un enseignement ésotérique, adogmatique et progressif à l'aide de symboles et de rituels. Elle encourage ses membres à œuvrer pour le progrès de l'humanité, tout en laissant à chacun de ses membres le soin de préciser à sa convenance le sens de ces mots<ref>Voir par exemple le site de la Grande Loge de Belgique (consulté le 29/12/2007).</ref>. La bienfaisance est l'un de ses moyens d'action<ref>En particulier dans la franc-maçonnerie de langue anglaise : voir par exemple :(en)Masonic Medical Centre for Children (consulté le 29/01/2007), mais aussi en français la Charte de la Loge Nationale française(consulté le 10/10/2007)</ref>. Sa vocation se veut universelle<ref> sans pour autant qu'il soit possible de déduire de l'étude des textes de sa tradition une définition univoque de ce mot. cf par ex.(en)Universal freemasonry Michaël Segall (consulté le 29/01/2007)</ref> bien que ses pratiques et ses modes d'organisation soient extrêmement variables selon les pays et les époques<ref>Voir l'article Franc-maçonnerie par pays</ref>. Elle réunit, dans de nombreux pays répartis sur toute la surface du globe, des personnes qui se sont donné pour but de travailler à leur amélioration spirituelle et morale.

Elle s'est structurée au fil des siècles autour d'un grand nombre de rites et de traditions, ce qui a entraîné la création d'une multitude d'obédiences qui ne se reconnaissent pas toutes entre elles. Elle a toujours fait l'objet de nombreuses critiques et oppositions, aux motifs très variables selon les époques et les pays.

Une discipline de réflexion porte sur elle : la maçonnologie.

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Jardins du George Washington Masonic National Memorial

Sommaire

Histoire

L'historiographie maçonnique

Jusqu'au milieu du XXe siècle, l'histoire de la franc-maçonnerie fut exclue du champ de l'histoire universitaire classique<ref name="Dachez2003_3_11">Modèle:Harv</ref>.

Depuis, l'historiographie maçonnique a pu se développer et se constituer en une discipline autonome, la maçonnologie<ref name="Dachez2003_3_11"/>, consacrée à une étude élargie de l'univers culturel et intellectuel très varié que constitue la franc-maçonnerie.

La franc-maçonnerie offre à l'historien de nombreux documents (manuscrits, diplômes, gravures, caricatures, articles de journaux, imprimés). Elle a produit également un grand nombre d'objets rituels (tabliers maçonniques, tableaux de loge, vaisselle, médailles commémoratives, etc.), mais également de la vie courante (montres, pipes, tabatières, sujets en faïence) exposés au public dans plusieurs musées ou expositions permanentes<ref name="Dachez2003_3_11"/>.

Origines légendaires

Bien que les premières véritables loges de francs-maçons, distinctes des corporations, soient apparues au Modèle:XVIIe siècle, en Écosse<ref name="Stevenson"/>, la franc-maçonnerie a toujours ajouté à cette origine historique une origine légendaire et symbolique plus ancienne, support du travail initiatique de ses membres.

Les premiers francs-maçons positionnaient symboliquement cette origine mythique aux origines de la maçonnerie elle-même (comprendre aux origines de l'art de bâtir). Dans un siècle où les travaux de la paléontologie n'existaient pas encore, il fut tout naturel pour eux de placer cette origine à l'époque d'Adam (le premier homme, selon la conception de l'époque), à celle de Noé (construction de l'arche et religion première) ou, beaucoup plus fréquemment, à celle de la construction du temple de Salomon par l'architecte Hiram Abi.

Vers 1390 déjà, le « Manuscrit Régius », qui décrivait les usages des maçons anglais, plaçait emblématiquement leur corporation sous l'égide d'Euclide et de Pythagore, pères de la géométrie, et sous la protection du roi Athelstan d'Angleterre<ref>Manuscrit régius (consulté le 10/10/2007)</ref>.

En 1736, en France, le chevalier de Ramsay rattache la franc-maçonnerie aux Croisés<ref>Le discours de Ramsay fut prononcé en 1736, imprimé en 1737 et remanié en 1738.</ref>. D'autres, un peu plus tard, transformeront cette référence en une référence symbolique au Saint Empire romain germanique, ou à l'Ordre du Temple (en Allemagne, en Angleterre et en France).

Suite à la parution en France du Séthos de l'abbé Jean Terrasson en 1731 puis à la redécouverte de l'Égypte antique par les occidentaux, c'est tout naturellement que certains rituels maçonniques déplacèrent l'origine symbolique à l'époque de la construction des pyramides<ref>"Ce 'Séthos' était avant tout une oeuvre de fiction, malgré des emprunts à Diodore de Sicile et aux écrits hermétiques, et les descriptions des diverses épreuves en rapport avec les mystère d'Isis que devait surmonter le héros ont séduit l'imagination de bien des lecteurs du XVIII° siècle", James Stevens Curl, prof. à l'université de Montfort, Leicester, 'les thèmes décoratifs égyptisants et la franc-maçonnerie, in 'L'égyptomanie à l'épreuve de l'archéologie', Louvre, actes du colloque de 1994, éd. du Gram, 1996, p349</ref>.

Au milieu du XIXe siècle romantique enfin, à l'occasion de la redécouverte de l'héritage du Moyen Âge, le mythe maçonnique renforça tout aussi naturellement ses références à la construction des cathédrales.

Derrière toutes ces apparentes modifications symboliques se détache clairement une constante : la franc-maçonnerie s'est toujours placée sous le patronage symbolique de tous ceux qui firent progresser, tout au long de l'histoire, l'art de bâtir et les valeurs dont elle se réclame.

Fondation des premières loges

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Loge maçonnique.

Une loge maçonnique est une structure locale regroupant typiquement quelques dizaines de francs-maçons.

La plus ancienne loge maçonnique connue dont on puisse clairement établir qu'elle était structurellement distincte de la corporation locale de maçons opératifs (à laquelle elle restait cependant adossée) fut celle de Mary's Chapel, fondée en 1599 sous l'autorité de William de Saint Clair, à Édimbourg en Écosse<ref name="Stevenson"/>. Comme elle, la plupart des toutes premières loges maçonniques distinctes des corporations sont écossaises et créées sous le régime des statuts dits Statuts Shaw. Elles sont jalouses de leur indépendance et pratiquent :

Ces deux rites sont comparables à ceux qu'on peut trouver dans d'autres corporations ou confréries de métiers de l'époque, telle que, par exemple, celle des francs-jardiniers<ref>Modèle:Harv</ref>. Toutefois, la prééminence donnée dans la société de l'époque au métier de maçon, leur réputation et celle de leur rituel attirèrent dans leurs rangs, surtout à partir de 1670, d'assez nombreux gentilshommes et bourgeois. Assez souvent ceux-ci, après avoir reçu l'initiation maçonnique, continuaient à se passionner pour le sujet mais fréquentaient assez peu les réunions ordinaires de leurs loges<ref name="Stevenson"/>.

Avant la fin du Modèle:XVIIe siècle, il y eut également une trentaine de loges en Angleterre. Sir Robert Moray fut initié à Newcastle le 20 mai 1641 et le célèbre savant Elias Ashmole dans la loge de Warrington, Lancashire, le 16 octobre 1646. D'après son journal, ce dernier continua à s'intéresser à la franc-maçonnerie mais ne retourna en loge que quelques vingt ans plus tard.

Les loges maçonniques britanniques de cette époque rassemblent essentiellement des citadins de condition modeste, des artisans et des petits commerçants. Elles n'ont presque plus de liens avec le métier de maçon et ressemblent beaucoup aux sociétés amicales comme celles des francs-jardiniers ou des Odd Fellows. Leur objet principal est la bienfaisance et l'entraide mutuelle, à une époque où il n'existe pas de protection sociale publique. Elles aident leurs membres malades ou privés d'emploi, participent aux frais de leurs obsèques et assistent si besoin leurs veuves ou leurs orphelins<ref>Modèle:Harv</ref>. Les cérémonies et rituels de l'époque sont fort simples.

Il semblerait que cette séparation d'avec le métier se soit réalisée de deux manières différentes, selon les lieux : dans certaines villes, elle se serait produite au sein même des anciennes loges de métier, alors que dans d'autres, elle aurait eu lieu par extinction progressive des loges « opératives » (de métier) au profit des loges du nouveau type, « spéculatives » (c’est-à-dire philosophiques).

La Loge d'Alnwich fut fondée en 1701 et celle de York en 1705.

Fondation des premières Grandes Loges

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La taverne « Goose and Gridiron », à Londres.

Une Grande Loge est un regroupement de plusieurs loges.

Le 24 juin 1717, jour de la fête de la Saint Jean, quatre loges londoniennes (« L’Oie et le Grill », « Le Gobelet et les Raisins », « Le Pommier » et « La Couronne ») se réunirent dans la taverne à l'enseigne « The Goose and Gridiron » et formèrent la première Grande Loge, la Grande Loge de Londres et de Westminster<ref>Modèle:Harv</ref>.

Ce groupe sera plus tard appelé, informellement, les Modèle:Guil. Il s'appuiera sur les constitutions publiées en janvier 1723 par le pasteur écossais presbytérien James Anderson avec l'appui du pasteur et scientifique anglican Désaguliers et opèrera une synthèse entre la maçonnerie anglicane du Modèle:Guil et la maçonnerie d'origine calviniste du Modèle:Guil, substituant à ces deux rattachements confessionnels un rattachement plus vaste au concept de Modèle:Guil<ref>Modèle:Harv</ref> qu'il encadre toutefois par ses références à la Modèle:Guil.

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Tableau des loges de la Grande Loge de Londres vers 1735.

C'est à partir de cette Grande Loge que la franc-maçonnerie se répandit en une vingtaine d'années dans toute l'Europe puis progressivement dans l'ensemble des colonies européennes, ce qui incluait à l'époque l'Amérique, l'Australie et une bonne partie de l'Afrique et de l'Asie. C'est ainsi qu'apparurent, par exemple, la Grande Loge d'Irlande (1725), la Grande Loge d'Écosse (1736) ou la Grande Loge de France de 1738.

Quelques années plus tard autour de la Loge d'York puis surtout autour d'autres loges londoniennes, une autre Grande Loge anglaise, sous le nom de Grand Lodge of Ancient Masons, se forma et s'opposa à la première, à laquelle elle reprochait d'avoir déchristianisé le rituel. Elle s'appuiera sur les constitutions de Laurence Dermott (Ahiman Rezon - 1751) et inspirera à son tour un certain nombre de loges en-dehors du Royaume-Uni<ref>Modèle:Harv</ref>, ainsi que dans les colonies d'Amérique du Nord.

À l'époque des guerres napoléoniennes et du premier affrontement des empires européens, les deux Grandes Loges britanniques se rassemblèrent en 1813 autour d'une nouvelle obédience, nommée Grande Loge unie d'Angleterre (United Grand Lodge of England) dans un « Traité d'Union » d'inspiration plus « ancienne » que « moderne ». Dans le même temps, l'empereur Napoléon Ier imposait en France la réorganisation de la franc-maçonnerie autour du Grand Orient de France et d'une orientation plus proche de celle des « modernes ».

Développement des différents rites maçonniques

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Rite maçonnique.

Un rite maçonnique est un ensemble cohérent de rituels et de pratiques maçonniques.

Au Modèle:XVIIe siècle, les rituels maçonniques, beaucoup plus simples que ceux du siècle suivant, n'étaient pas censés être écrits et n'étaient jamais imprimés. Ils ne sont plus connus de nos jours que grâce à un très petit nombre de notes manuscrites ayant échappé à la règle et au temps, ainsi que par quelques anciennes divulgations. L'étude de ces documents montre qu'ils évoluèrent assez considérablement au fil du temps<ref>Voir par exemple celles publiées sur ce site (consulté le 17/07/2007)</ref>.

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Plat maçonnique en Faïence
France, XVIIIe siècle

Au Modèle:XVIIIe siècle, après la réorganisation des pratiques consécutive à la fondation des premières Grandes Loges, les Ancients et les Moderns pratiquent de nouveau des rituels assez similaires, qui ne se distinguent que par un assez petit nombre de points remarquables, tels que la place de certains éléments symboliques, la manière de transmettre les mots de passe, ou une référence plus ou moins importante à la religion chrétienne.

Cependant, dès les années 1740, on voit apparaître de nouvelles divergences, à côté des rituels traditionnels des trois premiers degrés, sous la forme de plusieurs centaines de rituels de degrés additionnels dits de Modèle:Guil dont beaucoup n'étaient que des variantes les uns des autres, ou restèrent à l'état de projets, ou ne furent en réalité jamais vraiment pratiqués. Cette multiplication des rituels maçonniques aboutit à diverses initiatives visant à normaliser les pratiques et à les rassembler en ensembles cohérents et stables : les rites maçonniques. Les plus connus à travers le monde sont, outre le Rite des Anciens Devoirs et le Rite du Mot de maçon déjà mentionnés mais aujourd'hui disparus, le Rite émulation, le Rite écossais ancien et accepté, le Rite d'York et le Rite Français. Un peu plus d'une dizaine d'autres, d'ancienneté et de notoriété extrêmement diverses, sont pratiqués à travers le monde. En 1830, le livre intitulé « le tuileur de Vuillaume » en recensait pas moins de 52 en tout, dont beaucoup ne sont plus usités de nos jours.

Les différences entre tous ces rites sont généralement minimes en ce qui concerne les trois degrés fondamentaux de la franc-maçonnerie, et ne deviennent substantielles qu'au niveau des degrés additionnels et facultatifs parfois nommés Modèle:Guil.

Organisation

La franc-maçonnerie est organisée en loges, qui sont les groupes fondamentaux, les seuls qui disposent du pouvoir essentiel en franc-maçonnerie : celui d'initier de nouveaux membres. Ces loges sont elles-même regroupées en obédiences qui sont des fédérations de loges (ou ateliers) ou de rites. Enfin, l'expression « Ordre maçonnique » désigne l'idéal d'une franc-maçonnerie universelle. Cette organisation en loges et ordres fut largement copiée par la suite par de nombreuses sociétés amicales non-maçonniques, principalement au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Les deux branches principales

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Franc-maçon anglais au XIXe siècle

Bien qu'il existe un nombre important d'obédiences maçonniques, toutes très différentes dans leurs pratiques et leurs conceptions, on peut néanmoins tenter de les répartir en deux branches principales. Si on devait nommer ces deux branches de la franc-maçonnerie, on pourrait leur donner le surnom approximatif, et quelque peu réducteur, de branches libérale et traditionnelle.

  • La branche traditionnelle est la branche la plus répandue dans le monde. Elle regroupe surtout les obédiences qui s'intitulent « régulières », c'est-à-dire qui se réfèrent aux usages anciens (« Anciens Devoirs »), codifiés au cours du temps dans différentes listes de « règles » ou de « landmarks ». Elle a comme caractéristique principale de ne pas traiter de sujet politique ou religieux, et donc de question se rapportant à la construction de la société. Cette branche « traditionnelle » peut à son tour être séparée en deux groupes :
    • Le groupe « principal » (mainstream) est numériquement de loin le groupe le plus important dans le monde. Il est composé par l'ensemble des Grandes Loges qui sont reconnues comme « régulières » entre elles et par la Grande Loge Unie d'Angleterre (United Grand Lodge of England) et qui la considèrent en retour comme la Grande Loge mère de toutes les obédiences régulières. La Grande Loge Unie d’Angleterre n’a pas d’autre action directe sur le plan international que celle d’accorder, refuser ou retirer sa "reconnaissance" mais le soin scrupuleux que met cette obédience à respecter et à faire respecter les principes qu'elle a été la première à codifier en 1929 dans les 8 « principes de base pour la reconnaissance par elle des autres grandes loges »<ref>Voir le texte dans l'article : Grande Loge Unie d'Angleterre.</ref>, parfois aussi appelés « règle en 8 points », donne à ses « reconnaissances » en ce domaine un poids et un prestige particuliers.
    • L'ensemble des autres obédiences traditionnelles qui, tout en respectant les Anciens Devoirs, ne sont pas reconnues par le groupe principal pour diverses autres raisons, telles que la préférence accordée à une autre obédience régulière dans le même pays.
  • La branche libérale qui s'intitule parfois « adogmatique » (parce qu'elle n'impose aucune croyance particulière et accepte les athées) poursuit la tradition d'ouverture et de tolérance de la Grande Loge d'Angleterre dite des Moderns d'avant 1813. Elle refuse de reconnaître celles des grandes loges traditionnelles qui pratiquent la ségrégation raciale (grandes loges « caucasiennes » des USA) ou religieuse (grandes loges exclusivement chrétiennes de Scandinavie). Les travaux de ses loges sont spirituels, sociaux voire politiques pour les obédiences les plus libérales. Le Grand Orient de France, né en 1773 et descendant des premières loges françaises de 1728 est aujourd'hui l'obédience la plus ancienne de cette branche. La Maçonnerie Libérale est composée d'obédiences masculines, mixtes et féminines. Des accords les lient souvent entre elles, mais pas toujours.

Le schisme de 1877

Il fut une époque où le Grand Orient de France (G.O.D.F.) et la Maçonnerie anglo-américaine se reconnaissaient mutuellement, mais la plupart des obédiences régulières cessèrent leurs relations avec le G.O.D.F. après que celui-ci modifia sa constitution en 1877, à une époque où l'Église catholique romaine, alors très majoritaire en France, condamnait avec vigueur à la fois la franc-maçonnerie et les institutions républicaines de la France. Il rendit en premier lieu facultative la référence au Grand Architecte de l'Univers (G.A.D.L.U.) dans ses rituels. Il les expurgea aussi en très grande partie des symboles et enseignements relevant d'une transcendance judéo-chrétienne<ref>Roger Dachez, op. cit., p. 102</ref>.

Le G.O.D.F. n'imposant ainsi plus à ses membres la croyance en l'immortalité de l'âme, ni la référence à Dieu sous le nom de Grand Architecte de l'Univers, la Grande Loge unie d'Angleterre, après plusieurs requêtes et démarches, le déclara irrégulier de par le monde<ref>Modèle:Harv</ref>. Elle fut au fil du temps suivie dans cette démarche par toutes les autres obédiences de son groupe et cette situation est toujours d'actualité aujourd'hui.

Toutefois, une étude américaine récente a démontré que le Grand Orient de France avait déjà commencé à perdre la reconnaissance de certaines Grandes Loges des USA dès 1869 pour d'autres raisons, liées à la politique raciale de ces grandes loges, et qu'inversement, il conserva des relations de reconnaissance avec 12 autres Grandes Loges américaines après 1918 <ref> Paul Bessel, U.S. Recognition of French Grand Lodges in the 1900s, publiée dans Heredom: The Transactions of the Scottish Rite Research Society -- volume 5, 1996, pages 221-244, consultable sur le site web de l'auteur lien vérifié le 12/11/2007 (en)</ref>.

Par pays

Image:Searchtool.svg Pour les précisions relatives à un pays donné, voir les : articles détaillés dédiés à chaque pays.
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Implantation de la franc-maçonnerie dans le monde<ref>D'après Modèle:Périodique</ref>.

Dès son origine, la franc-maçonnerie vit le paradoxe de proclamer une recherche d'universalisme, tout en existant sous des modes extrêmement différents selon les époques et les pays.

En 2005, elle comptait entre 2 et 4 millions d'adhérents dans le monde<ref>4 millions en 2007, selon le journaliste et philosophe François De Smet dans le DVD "La Clef Ecossaise"</ref>, contre 7 millions dans les années 1950. Cette baisse d'effectifs a touché principalement la maçonnerie anglo-américaine dont les effectifs avaient presque doublé dans les dix années qui suivirent la Seconde guerre mondiale avant de diminuer progressivement de plus de 60% au cours des cinquante années suivantes<ref>Source Masonic Service Association of North America (en)</ref>. En Europe continentale, les effectifs avaient considérablement diminué après l'Occupation et n'avaient pas connu une augmentation comparable dans les années 1950. Ils sont actuellement plutôt en hausse.

Dans la plupart des pays latins, c'est la franc-maçonnerie adogmatique, dite libérale qui prédomine. Elle est ainsi très présente en Europe (elle constitue l'essentiel de la maçonnerie européenne) et en Amérique latine. Au Canada, elle est assez marginale et elle est quasi-inexistante aux États-Unis, où les rares loges libérales sont principalement fréquentées par des européens résidents ou de passage.

Tout le reste du monde tend plutôt à suivre la branche anglo-américaine « mainstream ».

Dans certains pays, toutefois, les deux mouvements coexistent, soit dans une relation amicale de compréhension mutuelle (en particulier dans certaines régions où la franc-maçonnerie, toutes tendances confondues, a été particulièrement persécutée), soit avec des rapports plus tendus.

Pratiques

Les pratiques varient dans leurs détails suivant le rite suivi par la loge. Toutefois, il existe d'assez nombreuses constantes:

Recrutement

Si la cooptation est la règle en franc-maçonnerie, chacun est cependant libre de déposer sa candidature. Les sites web de certaines obédiences fournissent même un formulaire qu'il suffit d'utiliser. Si on connaît l'adresse d'une loge particulière, il est également possible de lui écrire. En pratique, il y a peu de candidatures spontanées : la plupart des postulants connaissent un membre de la loge qui leur a proposé de les instruire sur la démarche maçonnique et de parrainer leur candidature. Cependant le processus d'admission est le même pour tous et prend du temps.

Il faut être majeur ainsi que libre et de bonnes mœurs pour devenir franc-maçon. Si cette Liberté visait autrefois à exclure l'esclave, son interprétation évolua rapidement au sens de libre de tout préjugé, ouvert à une remise en question de soi. Être « de bonnes mœurs » se traduit aujourd'hui, entre autres, par un casier judiciaire vierge. Une fois la candidature introduite, le postulant pourra être interviewé à différentes reprises pour évaluer si sa démarche est honnête, sincère, murie et motivée, et si elle s'adresse à la loge la plus susceptible de correspondre au sens de sa quête spirituelle. En fonction de leurs landmarks, certaines obédiences de la branche traditionnelle exigent que le candidat soit chrétien (Grande Loges scandinaves), d'autres ne lui demandent que d'affirmer sa foi en Dieu, d'autres enfin se bornent à exiger de lui qu'il accepte l'existence d'un Être suprême. Dans les obédiences libérales, aucune croyance particulière n'est exigée.

Au terme de la procédure, à l'issue d'une audition sous le bandeau devant la loge réunie, celle-ci décide en toute souveraineté d'initier — ou non — un nouveau membre. En cas de refus, le ou les parrains aident le candidat malheureux à analyser son échec et, à moins d'un motif grave, une nouvelle demande peut être introduite au bout d'une période de maturation. On dira de ce candidat qu'il s'est fait blackbouler, le vote des membres de la loge se faisant traditionnellement à l'aide de boules blanches et noires.

Un franc-maçon peut à tout moment se mettre « en sommeil » - c'est-à-dire cesser de participer aux activités tout en continuant de payer sa cotisation - ou présenter sa démission. Les maçons aiment dire que la difficulté d'y entrer et la facilité d'en sortir font de la franc-maçonnerie tout le contraire d'une secte.

Initiation

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Rituel d'initiation. Gravure anglaise, 1809

Une fois le candidat accepté par la loge, il est initié au cours d'une cérémonie particulière. Celle-ci peut être légèrement différente selon les rites, mais son déroulement consiste toujours en une série d'épreuves qui mènent symboliquement l'impétrant d'un état d'obscurité, d'aliénation et d'enfermement à un état d'illumination, d'ouverture et de liberté. Les premiers signes de reconnaissance lui sont alors enseignés et l'initié devient apprenti.

Statut des membres

Dans cette société initiatique, les frères et sœurs sont d'abord « apprentis » avant de passer « compagnons » puis d'être élevés à la « maîtrise ». Durant tout le temps où le nouveau membre sera apprenti, il ne lui sera pas permis de prendre la parole au sein de la loge : il devra seulement écouter, afin de s'imprégner de l'esprit des tenues.

À ces trois degrés fondamentaux s'ajoutent différents systèmes facultatifs de Modèle:Guil échelonnés sur un nombre variable de degrés additionnels (trente degrés supplémentaires au Rite Écossais Ancien et Accepté, quatre au Rite Écossais Rectifié, six au Rite Opératif de Salomon et jusqu'à 90 et 96 dans certains rites égyptiens. Dans les systèmes où ils sont nombreux, seuls quelques-uns de ces grades sont réellement pratiqués lors des "tenues".

Une loge est encadrée par les « cinq lumières » : le vénérable maître-en-chaire (ou président), le premier surveillant, le second surveillant, l'orateur (dans les rites d'origine française) et le secrétaire. Il existe aussi d'autres « officiers » occupant des fonctions (offices) spécifiques. Celles-ci n'ont aucun rapport avec le grade ou degré (hormis qu'il faille être maître depuis deux ou trois ans). Les officiers sont généralement élus chaque année par la loge. Suivant les loges, les fonctions sont reconductibles deux ou trois ans.

Les tenues

Les francs-maçons se réunissent dans des temples où les réunions, appelées tenues, se déroulent selon le rituel adopté par l'atelier, le rite ou l'obédience. Les maçons portent un tablier et des gants blancs, les officiers sont en outre munis d'objets symboliques (maillet, glaive, …). Les tenues sont présidées par le Vénérable Maître-en-chaire. Certaines tenues sont dites « blanches ouvertes » parce qu'elles sont ouvertes à des profanes, d'autres « blanches fermées » car l'orateur est profane et l'assemblée composée de maçons.

Dans la tradition d'origine française, les membres de la loge présentent à tour de rôle, pendant la "tenue", des travaux de réflexion symboliques, philosophiques, sociaux ou d'actualité nommés morceaux d'architecture ou plus communément « planches » qui sont ensuite discutés au sein de la loge. Dans la tradition d'origine britannique, ces exposés sont le plus souvent présentés en dehors des tenues symboliques.

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Banquet maçonnique, France, vers 1840.

Une des particularités de la discussion en loge repose sur des principes dont l'efficacité est avérée :

  • on demande au vénérable la prise de parole ;
  • on s'adresse à lui ;
  • c'est le vénérable qui dirige les débats et passe la parole à ceux qui l'ont demandée ou qui peuvent être utiles à la progression du sujet traité ;
  • on s'exprime avec courtoisie en respectant le point de vue des autres;
  • on n'interrompt en aucun cas celui qui a la parole et on ne manifeste en aucune manière son approbation ou sa désapprobation tant qu'on n'a pas obtenu la parole pour ce faire.

Enfin, certaines tenues sont consacrées à des événements particuliers : ouverture de la loge en début d'année, initiations de profanes, banquet rituel aux solstices d'hivers et d'été, élections de fin d'année, etc.

Il est intéressant de noter qu'au rite émulation, les agapes, toujours rituelles, sont censées être le prolongement naturel et obligatoire de la tenue.

Valeurs et objectifs affichés

La maçonnerie revendique un certain nombre de valeurs. Ses membres s'estiment ainsi liés par des idéaux, tant éthiques que métaphysiques.

Croyances religieuses

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Le Grand Architecte de l'Univers. Par William Blake, 1794 ; conservé au British Museum.

L' esprit de tolérance fait partie des valeurs affichées par la franc-maçonnerie.

La spiritualité étant omniprésente autant dans le symbolisme que dans la démarche philosophique sur laquelle repose l'ensemble de la franc-maçonnerie, la très grande majorité des loges requiert la croyance en un « Être Suprême » ou « Grand Architecte de l'Univers ». Mais le terme de « Grand Architecte » peut être interprété de façon très diverse d'une loge à l'autre. Il est parfois entendu de manière symbolique, en incluant des visions traditionnelles de « Dieu » ou de la Nature, dans le sens de Baruch Spinoza et Goethe, ou des visions athées de « réalité ultime », ou d'unité cosmique comme on peut en trouver dans certaines religions orientales et dans l'idéalisme occidental. D'autres loges, principalement nord-américaines, récusent les acceptations dérivées des religions naturalistes et humanistes. Depuis le début du XIXe siècle, certaines obédiences ont des exigences religieuses supplémentaires, comme le théisme ou la croyance en l'immortalité de l'âme. La franc-maçonnerie qui prédomine en Scandinavie accepte uniquement les chrétiens.

Dans les branches dérivées de la franc-maçonnerie dite "libérale", cette croyance en un « Être Suprême » est facultative et les agnostiques ou les athées sont acceptés sans problème, ce qui est devenu la principale cause des mésententes entre les obédiences traditionnelles et libérales.

Place de la femme

La position de la femme dans la franc-maçonnerie est complexe. Ainsi selon le dictionnaire des symboles : Modèle:Début citationLa Franc-maçonnerie serait à ranger parmi les initiations polaires masculines ; d'où les difficultés rencontrées pour résoudre le problème, diversement tranché selon les obédiences, de l'admission des femmes aux mystères maçonniques<ref>Voir Dictionnaires des symboles, sous « Franc-maçonnerie », Robert Laffont, 1982, p. 465 (ISBN 2.221.50319.8).</ref>Modèle:Fin citation

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Réception d'une jeune femme dans une loge d'adoption du Premier Empire.

De nombreuses initiations de femmes eurent lieu en France au Modèle:XVIIIe siècle où des loges dites d'adoption furent créées dès 1740<ref>Voir l'article détaillé Femmes en franc-maçonnerie</ref>, puis rassemblées sous l'égide du Grand Orient de France. Frères et Sœurs procédaient parfois à des tenues communes. Après la Révolution, ces loges d'adoption se recréèrent sous l'Empire en perdant toutefois le caractère indépendant voire frondeur qu'elles avaient eu au Modèle:XVIIIe siècle. Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour voir en 1882 une loge de la Grande Loge symbolique écossaise initier Maria Deraismes, journaliste et militante féministe. Celle-ci fondera par la suite l'obédience mixte internationale du Droit humain.

De nos jours, dans la plupart des pays européens, les femmes peuvent rejoindre des obédiences mixtes ou exclusivement féminines, les plus anciennes étant l'Ordre maçonnique mixte international Le Droit humain, fondé en 1901 et l' Order of Women Freemasons, fondé en 1908.

Les obédiences libérales reconnaissent généralement les loges mixtes et féminines. Certaines, comme le Grand Orient de France, reconnaissent les loges féminines et acceptent la présence de femmes dans leurs loges, mais ne les initient pas.

La franc-maçonnerie de la branche traditionnelle, en revanche, ne reconnaît formellement aucun groupe acceptant les femmes, bien que dans de nombreux pays des relations informelles ou des coopérations ponctuelles puissent exister. C'est ainsi par exemple que la Grande Loge unie d'Angleterre considère depuis 1998 que certaines loges mixtes doivent être vues comme faisant partie de la Franc-Maçonnerie, sans pouvoir être reconnues officiellement dans un traité autorisant des visites mutuelles.

En Amérique du Nord (États-Unis et Canada), il est plus commun que les femmes ne rejoignent pas la franc-maçonnerie directement mais via des associations distinctes, comportant leurs propres traditions et leurs propres rituels, comme the Order of the Eastern Star ou Daughters of the Nile qui fonctionnent de concert avec les loges maçonniques traditionnelles. Bien que l'Amérique du Nord suive généralement l'Angleterre sur de nombreux points, c'est sur ce continent que se concentre aujourd'hui principalement la résistance à la reconnaissance des femmes francs-maçonnes.

Symbolique

La franc-maçonnerie « symbolique » ou « bleue », celle des trois premiers degrés de l'initiation, emprunte beaucoup de ses symboles à l'art de bâtir pratiqué par les constructeurs des cathédrales au Moyen Âge qu'elle considère comme ses prédécesseurs et dont elle a hérité la notion même de loge, l'endroit où se réunissent les ouvriers. À ce titre, la franc-maçonnerie ou Art royal a des points communs avec le compagnonnage et partage avec lui des symboles et valeurs. Les francs-maçons se disent spéculatifs (du latin speculare, réfléchir) par rapport aux compagnons-maçons qu'ils qualifient d'opératifs.

L'équerre et le compas, le maillet et le ciseau, le niveau et le fil à plomb, la règle et le levier, la truelle et bien d'autres symboles appartiennent à cette tradition. Quant au personnage d'Hiram et au mythodrame qui le présente comme l' architecte du temple de Salomon, il opère une rupture avec la tradition opérative et amorce une transition avec des thèmes symboliques explorés aux degrés suivants comme l'alchimie, la kabbale et la tradition chevaleresque.

Mozart, lui-même franc-maçon, dans son opéra : La Flûte enchantée, fait usage du symbolisme de la franc-maçonnerie<ref>Modèle:Harv</ref>.

Ésotérisme

Bien qu'elle ne propose pas à proprement parler une doctrine qui serait cachée aux non-initiés, la franc-maçonnerie est parfois considérée comme ésotérique dans sa pratique, dont certains aspects ne sont généralement pas révélés au public.

Plusieurs raisons ont été invoquées pour expliquer ces « secrets » :

  • La maîtrise des pratiques tenues secrètes (par exemple la maîtrise de certaines gestuelles) sert de moyen de reconnaissance entre les francs-maçons.
  • La franc-maçonnerie utilise, pour explorer les problèmes éthiques, un système d'initiation par degrés qui ne peut se concevoir qu'au moyen d'un enseignement et d'une révélation progressive.
  • Elle s'est développée à un moment où le souvenir des guerres de religion et des persécutions religieuses était encore très présent dans les mémoires, et où il valait mieux se cacher pour parler librement de sujets sensibles.

Toutefois, tous les rituels appartenant au processus d'initiation ayant tous été publiés depuis longtemps, certains considèrent qu'il n'y aurait plus aucun secret à découvrir en franc-maçonnerie en dehors de ceux que constituent, selon les adeptes, la « magie du vécu » et l'élaboration lente d'une compréhension intime du processus initiatique maçonnique, incommunicables par nature à qui ne les a jamais expérimentées.

La franc-maçonnerie se présente donc aujourd'hui plus souvent comme une société « discrète » que comme une société « secrète ». Chaque maçon est libre de se dévoiler mais ne peut dévoiler un autre maçon vivant.

Critiques et oppositions

La franc-maçonnerie a fait l'objet de nombreuses critiques et oppositions, aux motifs très variables selon les époques et les pays, qui peuvent se regrouper en trois grands thèmes, par ordre d'apparition historique:

  • Les critiques religieuses
  • Les critiques politiques
  • Les scandales liés au monde des affaires


Notons que selon le conservateur du musée de la Grande Loge d'Écosse et de la bibliothèque maçonnique d'Edimbourg, Robert L. D. Cooper, l'emploi du mot maçonnophobie au lieu d'antimaçonnisme serait plus approprié au point de vue sémantique. <ref>http://www.freemasons-freemasonry.com/freemasons_code.html#interview</ref>

Critiques religieuses

Les critiques d'origine religieuse sont très diverses selon les pays puisqu'elles dépendent des pratiques religieuses et maçonniques spécifiques à chacun d'entre eux. Il est cependant possible d'identifier quelques grandes lignes communes.

Critiques catholiques

La principale opposition religieuse date des origines de la franc-maçonnerie et provient de l'Église catholique qui considère qu'elle propage le relativisme en matière religieuse, c'est-à-dire l'idée selon laquelle aucune religion ne serait supérieure à toutes les autres. Modèle:Début citation (Pour le franc-maçon), la ferme adhésion à la vérité de Dieu révélée dans l'Église devient une simple appartenance à une institution considérée comme une forme particulière d'expression, à côté d'autres formes d'expression, plus ou moins également possibles et valables par ailleurs, de l'orientation de l'homme vers ce qui est éternel. <ref>Osservatore Romano, Traduction : La documentation catholique, 5 mai 1985</ref> Modèle:Fin citation

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Couverture d'un des fascicules du Canular de Taxil.

Par ailleurs, quelques auteurs catholiques du XIXe siècle, se fondant sur l'existence de pratiques théurgiques dans quelques rites rares de la franc-maçonnerie et imaginant peut-être que ces pratiques étaient représentatives, ont également condamné l'ensemble de la franc-maçonnerie à ce motif. C'est dans le même contexte qu'est apparu le célèbre Canular de Taxil, dont certains continuent aujourd'hui à penser qu'il disait, en fait, la vérité.

La première condamnation de la franc-maçonnerie par l'Église catholique tombe en 1738 avec la bulle du pape Clément XII Eminenti Apostolatus Specula . Elle est reprise par plusieurs de ses successeurs, dont le pape Benoît XIV dans l'encyclique Providas et Léon XIII dans l'encyclique Humanum Genus. En 1917, le code de droit canonique déclare explicitement que l'appartenance à une loge maçonnique entraîne l'excommunication automatique. Et si, sous le pape Jean XXIII une tentative de compréhension du phénomène maçonnique est entreprise, elle ne lui survit pas<ref>Pier Carpi "les prophéties du pape Jean XXIII" Ed. Jean-Claude Lattès/Williams-Alto 1976, repris par les Editions j'ai lu, 1976 </ref>. Le code révisé de 1983 ne cite plus explicitement la franc-maçonnerie parmi les sociétés secrètes condamnées par la loi canonique. Toutefois, le 26 novembre 1983, une déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi alors dirigée par Joseph Ratzinger (devenu depuis le pape Benoît XVI) a réaffirmé l'interdiction faite aux catholiques de rejoindre la maçonnerie sous toutes ses formes ou tendances. Le 2 mars 2007 le Vatican a redit son opposition aux francs-maçons. « L'appartenance à la Franc-maçonnerie et à l'Eglise catholique sont incompatibles » aux yeux de l'Église, a rappelé un responsable du Vatican, Mgr Gianfranco Girotti, régent du tribunal de la pénitencerie apostolique. Ce prélat a souligné que "l'Église catholique a toujours critiqué la conception mystique propre à la Franc-maçonnerie, la déclarant incompatible avec sa propre doctrine". Mgr Girotti a rappelé, avec la Congrégation pour la doctrine de la foi, que l'adhésion à une loge maçonnique demeure interdite par l'Église. Ceux qui y contreviennent sont en état de "péché grave" et ne peuvent pas avoir accès à l'eucharistie.<ref>Source: Le Figaro du 5 mars 2007</ref>

Critiques protestantes

Certaines Églises protestantes s'opposent également à la franc-maçonnerie. L'une des raisons avancées par les fondateurs d'une nouvelle Église, l'« Église méthodiste libre » en 1860, était qu'ils soupçonnaient l'Église méthodiste d'être influencée par les francs-maçons et les membres d'autres sociétés secrètes. L'Église méthodiste libre continue d'ailleurs à interdire à ses membres d'en faire partie. Récemment encore, la Southern Baptist Convention, la plus importante association baptiste des États-Unis, a déclaré elle aussi que l'appartenance à la franc-maçonnerie était incompatible avec ses croyances.

Critiques musulmanes

Les critiques musulmanes à l'encontre de la franc-maçonnerie sont rares et historiquement récentes. Mais elles n'en demeurent pas moins épisodiquement virulentes. À ce titre, le 15 juillet 1978, une fatwa<ref>selon l'article de C.LAYIKTEZ Freemasonry in islamic world</ref> est prononcée en Égypte par le Collège islamique de l'Université El-Azahar du Caire. Celle-ci prohibe formellement l'initiation maçonnique aux musulmans.

Notons par ailleurs que de nombreux pays de traditions musulmanes comme le Maroc, le Liban ou la Turquie n'ont pas intégré cette fatwa dans le cadre de leurs législations respectives.

Oppositions politiques

La franc-maçonnerie a été l'objet de nombreuses attaques de partis politiques catholiques, d'extrême droite, anti-parlementaires, antisémites ou simplement anti-maçonniques. La plupart des pouvoirs totalitaires l'ont combattue.

Aujourd'hui encore, elle est généralement très mal vue par les extrêmes de droite ou de gauche<ref>cf par ex. Modèle:Harv</ref>. Réciproquement, le fait d'avoir tenu des propos extrémistes est incompatible avec l'entrée dans de nombreuses obédiences maçonniques de plusieurs pays.

Oppositions monarchiques

Dans certaines monarchies, la franc-maçonnerie fut interdite pour des motifs politiques. À titre d'exemple, si les persécutions antimaçonniques d'Espagne, en 1740, puis du Portugal, en 1744, ont une origine plus probablement religieuse que véritablement politique, celles du Modèle:XVIIIe siècle en Espagne sont liées à des problématiques politiques, notamment à l'engagement de nombreux francs-maçons en faveur de l'indépendance des colonies espagnoles d'Amérique du Sud.<ref>Modèle:Harv</ref>.

Oppositions communistes

D'un point de vue purement théorique, il y a incompatibilité totale entre l'appartenance au parti communiste et la qualité de maçon car ce dernier ne doit rien révéler de ses travaux en loge.
Côté politique, les maçons ont eu maille à partir avec les communistes. En 1922, les bolcheviks préparent une révolution mondiale. Pour Léon Trotski, les temples maçonniques favorisent la collaboration de classe, nécessairement contre-révolutionnaire : « La franc-maçonnerie est une plaie sur le corps du communisme français, qu'il faut brûler au fer rouge »<ref>Texte «les Cahiers Communistes» du 25 nov. 1922.</ref>. La direction du Parti communiste français donne donc l'ordre à ses adhérents maçons de quitter leurs loges : « La dissimulation par quiconque de son appartenance à la franc-maçonnerie sera considérée comme une pénétration dans le parti d'un agent de l'ennemi et flétrira l'individu en cause d'une tache d'ignominie devant le prolétariat »<ref>texte extraite des «Quatre Premiers congrès de l'I.C.» [pp195-198, republié en russe et en anglais dans «Les Cinq premières années de l'I.C.»., 2 déc. 1922</ref>.

Persécutions nazies

Si les principales victimes des exterminations nazies furent évidemment les juifs, les homosexuels et les tziganes, les archives actuelles du Reichssicherheitshauptamt (RSHA, bureau du haut commandement des services de sécurité), démontrent que des persécutions de francs-maçons furent également organisées.

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Monument à la mémoire de la loge clandestine « Liberté chérie » dans le camp de concentration d'Esterwegen
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Le Myosotis, parfois utilisé comme emblème maçonnique

Le nombre de franc-maçons tués à l'époque nazie n'est pas connu actuellement, mais il est estimé entre 80 000 et 200 000<ref>Christopher Hodapp, Freemasons for Dummies, Wiley Publishing Inc., Indianapolis, 2005, p. 85, sec. « Hitler and the Nazi ».</ref>.

Toutefois, les historiens estiment que la plupart de ceux pour lesquels les persécutions allèrent jusqu'à la déportation furent envoyés à la mort pour un ensemble de motifs (dont le plus souvent leur engagement dans les mouvements de résistance ou leur appartenance aux peuples exterminés par les nazis), et très rarement seulement au motif exclusif de leur appartenance maçonnique<ref>Modèle:Harv</ref>.

En France, Bernard Faÿ, administrateur de la Bibliothèque Nationale, fut nommé chef du Service des sociétés secrètes, chargé de classer les archives saisies dans les loges, d'orchestrer la propagande anti-maçonnique et surtout de dresser des fiches afin de répertorier tous les anciens francs-maçons, de les surveiller et de les radier des professions libérales comme de la fonction publique.

La loge belge « Liberté chérie » est connue pour avoir été fondée à l'intérieur du camp de concentration d'Esterwegen et y avoir fonctionné pendant environ un an.

En 1948, le myosotis, cette petite fleur bleue appelée en anglais « forget-me-not » (« ne m'oubliez pas ») fut adoptée comme emblème par la Grande Loge Unie d'Allemagne à l'occasion de sa première conférence annuelle. Souvent représentée sous la forme d'un pictogramme, elle rappelle dans ce contexte particulier le souvenir de tous ceux qui ont souffert au nom de la franc-maçonnerie, spécialement durant la période nazie <ref>The True Story Behind This Beloved Emblem of the Craft in Germany (en), consulté 28/08/2007</ref>.

Autres oppositions politiques

Dans certains pays où sont présentes des obédiences maçonniques qui s'engagent dans la réflexion politique, cet engagement a fait l'objet d'oppositions elles aussi politiques. C'est par exemple le cas en Belgique et en France au sujet des lois relatives à la laïcité ou à la contraception<ref>Voir par exemple (Historia, 1997, p.91)</ref>.

Critiques et scandales liés au monde professionnel

Image:Searchtool.svg Pour les précisions relatives à un pays donné, voir les : articles détaillés dédiés à chaque pays.

Certains considèrent que la franc-maçonnerie n'est en fait qu'un vaste réseau social construit dans l'intérêt de ses membres.

Des pratiques douteuses ont parfois impliqué des francs-maçons voire des loges entières, telle l'affaire des casseroles en France au début du XXe siècle, l'affaire Roberto Calvi ou celle de la Loge P2 dans l'Italie des années 1980.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Annuaires de sites maçonniques :

Sociétés et revues de recherches maçonnologiques les plus souvent citées dans les ouvrages de référence :

Ressources documentaires

Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article

Alain Bauer, Le Grand-Orient de France, PUF, coll. « Que sais-je? », 2002 (ISBN 2130527434) .

Jacques Chailley, La Flûte enchantée: Opéra maçonnique, Robert Laffont, 1983 (ISBN 2221096126) .

Robert L.D. Cooper, Les francs-jardiniers, Ivoire Clair, 2000 (ISBN 2913882056) .

Roger Dachez, Histoire de la Franc-maçonnerie Française, PUF, coll. « Que sais-je? », 2003 (ISBN 2130558070) .

Jean-Louis de Biasi, Les rites maçonniques égyptiens, philosophie et morale, Editions maçonniques de France, 2001 (ISBN 2-903846-86-3) .

  • D. Ligou et al.,
                           Histoire des Francs-Maçons en France, vol. 2, Privat, 2000 (ISBN 2-7089-6839-4) .

Paul Naudon, Histoire générale de la Franc-Maçonnerie, éd. Office du Livre, 1987 (ISBN 2-8264-0107-6) .

Patrick Négrier, La Tulip, Histoire du rite du Mot de maçon, Ivoire-Clair, 2005 (ISBN 2-913882-30-7) .

Andrée Prat, L'ordre maçonnique, le droit humain, PUF, coll. « Que sais-je? », 2003 (ISBN 2130532411) .

Dominique Rossignol, Vichy et les Francs-Maçons, J.C. Lattès, 1981 (ISBN ?) .

David Stevenson, Les premiers Francs-maçons, Ivoire-Clair, 1999 (ISBN 2-913882-02-1) .

Autres ouvrages faisant autorité dans ce domaine

Jules Boucher, La Symbolique maçonnique, Dervy, Bibliothèque de la Franc-Maçonnerie, 1998, 380 p. (ISBN 2850765104) .

Pierre Chevallier, Histoire de la franc-maçonnerie française, Fayard, 1974 (ISBN 2213000298, ISBN 2213000824 et ISBN 2213001626) .

Autres ressources bibliographiques

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  • Don Amirah, Comment entrer en Franc-Maçonnerie, Ed. Exclusif 2004, ISBN 2848910283
  • Alain Bauer, Le Crépuscule des frères. La fin de la Franc-maçonnerie ?, La Table Ronde, 2005
  • Philippe Benhamou, "Les Grandes Enigmes de la Franc-maçonnerie", Éditions First, 2007 ISBN 2754005234
  • Philippe Benhamou et Christopher Hodapp, "La Franc-maçonnerie pour les Nuls", Editions Générales First, février 2006
  • Edouard Boeglin, Anarchistes Francs-maçons et autres combattants de la Liberté, Bruno Leprince, 2001
  • Léo Campion, Le drapeau noir l'équerre et le compas, les maillons libertaires de la Chaîne d'Union, Éditions Alternative Libertaire
  • André Combes, le grand-Orient de France 1865-1914, Edimaf encyclopédie maçonnique
  • André Combes, Les trois siècles de la Franc-maçonnerie française, Edimaf,1989
  • Roger Cotte, la musique maçonnique et ses musiciens, éditions du Baucens, Braine-le-Comte, 1975
  • Sébastien Galceran, Les franc-maçonneries, Repères, La Découverte, 2004.
  • Gilbert Garibal, Être franc-maçon aujourd'hui – Pourquoi et comment devient-on franc-maçon, Marabout, Savoir pratique, Esotérisme, 2311, Alleur, Belgique, 2994
  • Robert Freke Gould, Histoire Abrégée de la Franc-Maçonnerie, Ed. Jean de Bonnot 1996
  • Max Heindel, Franc-Maçonnerie et Catholicisme, ISBN 2-902450-17-6
  • Renaud Lecadre et Ghislaine Ottenheimer, Les frères invisibles, Albin Michel 2001, ISBN 2226125795
  • Daniel Ligou et al., Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Presses Universitaires de France, Paris, 1e édition 1987, plusieurs rééditions actualisées
  • Irène Mainguy, La symbolique maçonnique du troisième millénaire, Dervy 2001
  • Théo Marti, Des hérésies maçoniques à l'histoire de la Ligue Universelle des francs-Maçons, Bruxelles, Lielens, 1978, 429p.
  • Luc Naudon, La franc-maçonnerie, Que-sais-je ?, Presses Universitaires de France, Paris, France, 1995
  • Luc Nefontaine, La Franc-Maçonnerie – Une fraternité révéle, Découvertes Gallimard, Traditions, s.l., 2000
  • Patrick Negrier, Temple de Salomon et diagrammes symboliques - Iconologie des tableaux de loge et du cabinet de reflexion, Éditions Ivoire-Clair, Groslay, France, 2004
  • Jean-Charles Nehr, Symbolisme et Franc-Maçonnerie, Edimaf 1997
  • Georges Odo, La Franc-Maçonnerie en Afrique, Edimaf encyclopédie maçonnique
  • Georges Odo, La Franc-Maçonnerie au Maroc sous la III° République, Edimaf 1999
  • Nathalie Pacout, La franc-maçonnerie : initiation, Marabout, Alleur, Belgique, 1991
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  • Charles Porset, Voltaire Humaniste, Éd. Maçonniques de France, 2002
  • Alain Pozarnik, Mystères et actions du rituel d'ouverture en loge maçonnique, Dervy, 1991 .
  • Jiri Pragman, L'Internet est-il maçonnique ?, Ivoire-Clair, 2005 (ISBN 9782913882362) .
  • Henri Prouteau, Littérature et Franc-Maçonnerie, Paris Henri Veyrier, 1991, 530p.
  • Jacques G. Ruelland, La pierre angulaire, Histoire de la franc-maçonnerie régulière au Québec, Point de Fuite, Canada, 2002, ISBN 289553022
  • Xavier Tacchella, Comment être chrétien et franc-maçon, Éd° de Vecchi, France, 1996
  • Collectif, Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le Livre de Poche, Encyclopédies d'Aujourd'hui, La Pochothèque, s.l., 2002
  • Collectif, Les Francs-Maçons, Editions Tallandier, Les Dossiers Historia, s.l., 1998
  • Jacques Ploncard d'Assac, Le secret des Francs-Maçons aux Editions de Chiré septembre 1992
  • Henry Coston, La République du Grand Orient Publications Henry Coston novembre 1995
  • Georges Virebeau, Les Mystères des Francs-Maçons Publications Henry Coston novembre 1994
  • Daniel Hourès, "Les Sociétés Secrètes" Editions Service International de Presse 2002
  • Jean Saunier, "Les Francs-Maçons", Editions CULTURE, ART 1972

Autres ressources

  • Tristan Bourlard et François De Smet, "La Clef Ecossaise. Une enquête sur les origines de la Franc-maçonnerie", Film (DVD), 2007, Belgique.

Références et notes

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