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Marie-Antoinette d'Autriche

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Marie-Antoinette, par MModèle:Me Vigée-Lebrun en 1783.

Maria Antonia Josepha Johanna von Habsburg-Lothringen, plus connue sous le nom de Marie-Antoinette (Vienne, 2 novembre 1755 – morte guillotinée à Paris, le 16 octobre 1793). Archiduchesse d'Autriche, princesse impériale, princesse royale de Hongrie et de Bohême, dauphine de France, reine de France et de Navarre (17741793), épouse de Louis XVI de Bourbon, roi de France. Elle est la sœur de Joseph II d'Autriche et de Léopold II d'Autriche.


Sommaire

Biographie

La jeunesse

À Vienne

Marie-Antoinette est l'avant-dernier enfant de l'empereur François Ier de Lorraine et de l'impératrice d'Autriche Marie-Thérèse, au milieu de leurs cinq fils (Joseph, l'héritier du trône, Léopold, Charles, Ferdinand et Maximilien) et de leur huit filles (Marie-Anne, Marie-Christine, Marie-Elisabeth, Marie-Amélie, Marie-Jeanne,Jeanne-Gabrielle, Marie-Josèphe, Marie-Caroline). Elle naît le 2 novembre 1755, au château de Schönbrunn, à Vienne, au lendemain du tremblement de terre de Lisbonne dont le pays est gouverné par son parrain et sa marraine. Elle est baptisée sous les prénoms de Maria Antonia Josepha Johanna. Elle est aussitôt confiée aux « ayas », les gouvernantes de la famille royale (Mme de Brandeiss, puis la sévère Mme de Lerchenfeld) et partage son enfance entre le palais de la Hofburg à Vienne et le château de Schönbrunn. Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l'essentiel de son temps et ne bénéficie d'aucune instruction politique. À 10 ans, elle a du mal à lire ainsi qu'à écrire en allemand, parle peu et difficilement le français auquel elle préfère l'allemand, et très peu l'italien – trois langues qui étaient alors parlées couramment dans la famille impériale. Elle apprend aussi quelques rudiments de latin. À cette époque, la cour d'Autriche possède une étiquette beaucoup moins stricte que celle de Versailles, les danses y sont moins complexes, le luxe y est moindre et la foule moins nombreuse. La jeune Maria Antonia Josepha est très proche de sa plus jeune sœur aînée, Marie-Caroline, qui deviendra reine de Naples en épousant Ferdinand Ier des Deux-Siciles. La légende veut aussi que la jeune Marie-Antoinette ait rencontré l'enfant prodige Mozart à cette cour, et qu'il l'aurait demandée en mariage.

Sa mère Marie-Thérèse, comme tous les souverains de l'époque, met le mariage de ses enfants au service de sa politique qui est de réconcilier les Habsbourg et les Bourbons pour faire face aux ambitions de la Prusse et de l' Angleterre. Ainsi, parmi les sœurs aînées de Marie-Antoinette, si Marie-Christine, l'enfant préférée de l'impératrice (1742-1798), épouse par amour en 1766 Albert de Saxe, créé duc de Teschen (1738-1822), et sera nommée avec lui régente des Pays Bas, Marie-Amélie (1746-1804) épouse Ferdinand Ier, duc de Parme (1751-1802) et Marie-Caroline (1752-1814) épouse en 1768 Ferdinand Ier, le roi de Naples et des Deux-Siciles (1751-1825).

Le mariage entre le dauphin, le futur Louis XVI, et Marie-Antoinette doit être l'apothéose de cette politique.

Marie-Antoinette quitte Vienne en avril 1770, à l'âge de quatorze ans. Selon l'usage, au moment de quitter le Saint Empire tous ses biens venant de son pays d'origine, même ses vêtements, lui seront retirés dans un bâtiment construit tout exprès sur une île au milieu du Rhin. Les deux entrées de ce bâtiment étaient disposées de telle manière qu'elle y entre du côté autrichien et en ressorte en France.

Dauphine

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Marie Antoinette en 1769-70

Le 17 avril 1770, Marie-Antoinette renonce officiellement à ses droits sur les couronnes dépendant de la maison d'Autriche et, le 16 mai 1770, épouse le dauphin à Versailles. Le jour même des noces, un scandale d'étiquette a lieu : les princesses de Lorraine, arguant de leur parenté avec la nouvelle dauphine, ont obtenu de danser avant les duchesses, au grand dam du reste de la noblesse, qui murmure déjà contre « l'Autrichienne ».

La jeune fille, au physique agréable quoique pas complètement développé, est assez petite et ne possède pas encore la « gorge » si appréciée en France. La jeune dauphine a néanmois beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir. Archiduchesse d'Autriche, arrière-petite nièce de Louis XIV , par sa grand-mère maternelle Elisabeth Charlotte d'Orléans duchesse de Lorraine et de Bar, objet vivant du "renversement des alliances" du roi Louis XV, elle attire dès son arrivée l'inimitié d'une partie de la cour. De plus, la jeune dauphine a du mal à s'habituer à sa nouvelle vie, son esprit se plie mal à la complexité et à la rouerie de la « vieille cour », au libertinage du roi Louis XV et de sa maîtresse la comtesse du Barry. Son mari l'aime mais l'évite, partant très tôt chasser (le mariage n'est consommé qu'en août 1777), elle peine à s'habituer au cérémonial français, au manque d'intimité et subit péniblement « l'étiquette », rigide mode d'emploi de la cour.

Elle est manipulée par les filles du roi Louis XV qui lui enseignent l'aversion pour la comtesse du Barry, ce qui agace Louis XV. Par ailleurs, Marie-Antoinette s'en fera bientôt une ennemie : pendant les premiers temps, elle refuse de lui parler mais, forcée par Louis XV, finit par adresser la parole à la comtesse. Marie-Antoinette ressortira humiliée de cet incident. En outre, Vienne tente de la manipuler par le biais de la volumineuse correspondance qu'entretient sa mère avec le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d'Autriche à Paris. Ce dernier est le seul sur lequel elle peut compter, car le duc de Choiseul, celui qui avait permis le rapprochement de la France avec l'Autriche, est tombé en disgrâce moins d'un an après le mariage, victime d'une cabale montée par MModèle:Me du Barry. Cette fameuse correspondance secrète de Mercy-Argenteau est une source d'information formidable sur tous les détails de la vie de Marie-Antoinette depuis son mariage en 1770 jusqu'au décès de Marie Thérèse IModèle:Ère en 1780. Selon l'auteur du livre regroupant cette correspondance : « Ces documents originaux ne se contentent pas de nous introduire dans son intimité, ils nous révèlent aussi comment Marie-Antoinette, dépourvue d'expérience et dénuée de culture politique, fut manipulée par sa famille autrichienne à laquelle elle demeura toujours attachée ».

Reine de France

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Marie-Antoinette dans la gazette Galerie des Modes

Louis XV meurt le 10 mai 1774 et Marie-Antoinette devient reine de France et de Navarre à 18 ans. Toujours sans héritier à offrir à la France et toujours considérée comme une étrangère, la reine devient, dès l'été 1777, la cible de premières chansons hostiles qui circulent de Paris jusqu'à Versailles. S'entourant d'une petite cour d'amis vite qualifiés de favoris (la princesse de Lamballe, la princesse de Guéménée, le duc de Lauzun, le baron de Besenval, le duc de Coigny puis la comtesse de Polignac), elle suscite les jalousies des autres courtisans. Ses toilettes et les fêtes coûteuses qu'elle organise profitent au rayonnement de la France, notamment en matière de mode et du commerce du textile, mais sont, malgré tout, critiquées, bien qu'elles soient une « goutte d'eau » dans les dépenses générales du fonctionnement de la cour, des administrations, ou comparées au niveau de vie de certains princes de sang ou seigneurs menant grand train.

Pour retrouver à Versailles ce qu'elle a connu à Vienne — une vie plus détendue en famille avec ses amis — Marie-Antoinette oublie qu'elle est reine de France. Elle part souvent pour le petit Trianon (offert par son mari), avec quelques privilégiés et ses enfants. Elle fait construire un village modèle et y installe des fermiers, le Hameau. Dans son petit théâtre, elle joue notamment Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, pièce tellement critique de la société de l'Ancien Régime que le roi l'avait interdite, et tient souvent des rôles de servante devant un Louis XVI amusé. Par son désir de plaisirs simples et d'amitiés exclusives, Marie-Antoinette va vite se faire de plus en plus d'ennemis, même à la cour de Versailles.

Vie à la cour

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Marie-Antoinette en 1787

Elle tente d'influencer la politique du roi, de faire et défaire les ministres, toujours sur les conseils intéressés de ses amis. Mais, contrairement à la rumeur, son rôle politique s'avérera extrêmement limité. Le baron Pichler, secrétaire de Marie-Thérèse Ire, résume poliment l'opinion générale en écrivant : « Elle ne veut être ni gouvernée ni dirigée, ni même guidée par qui que ce soit. C'est le point sur lequel toutes ses réflexions paraissent jusqu'à présent s'être concentrées. Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l'usage qu'elle a fait jusqu'ici de son indépendance le prouve assez, puisqu'il n'a porté que sur des objets d'amusement et de frivolité. » Une véritable coterie se monte contre elle dès son accession au trône, des pamphlets circulent, on l'accuse d'avoir des amants (le comte d'Artois son beau-frère, le comte suédois Hans Axel de Fersen) ou même des maîtresses (la comtesse de Polignac), de dilapider l'argent public en frivolités ou pour ses favoris, de faire le jeu de l'Autriche, désormais dirigée par son frère Joseph II. Le château de Versailles se dépeuple, fui par des courtisans aigris ou préférant les plaisirs de Paris.

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Les enfants de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale et Louis Joseph Xavier François, dauphin de France.

Le 19 décembre 1778, Marie-Antoinette accouche de son premier enfant, Marie-Thérèse, dite « Madame Royale ». Le 22 octobre 1781, c'est le tour d'un dauphin, Louis Joseph Xavier François. Mais cela ne sert pas forcément Marie-Antoinette, car les libelles ont vite fait d'accuser l'enfant de n'être pas de Louis XVI. Le 27 mars 1785, elle accouche d'un second garçon, Louis-Charles, titré duc de Normandie. En 1786 naîtra la petite Sophie-Béatrice, qui mourra en 1787 à 11 mois.

L'affaire du Collier

En juillet 1785, éclate l'affaire du Collier : le joaillier Bohmer réclame à la reine 1,5 million de livres pour l'achat d'un collier de diamants dont le cardinal de Rohan a mené les tractations, au nom de la reine. La reine ignore tout de cette histoire et, quand le scandale éclate, le roi exige que le nom de sa femme soit lavé de l'affront. Le cardinal est arrêté. Le roi confie l'affaire au Parlement, l'affaire est jugée par Étienne François d'Aligre, qui conclut à la culpabilité du couple d'aventuriers à l'origine de l'affaire, les prétendus « comte et comtesse de la Motte » et disculpe le cardinal de Rohan, abusé mais innocent.

Le cardinal de Rohan, aussi innocent que la Reine dans cette affaire, s'est laissé manipuler par « Madame de La Motte », mais ceci ne serait pas arrivé si Marie-Antoinette avait accordé au Cardinal la considération qu'il réclamait depuis le début. En effet, le Cardinal, extrêmement frivole et mauvaise langue, est ignoré par la Reine depuis toujours, à son grand désarroi. Lorsque « Madame de la Motte », qui se dit amie et cousine de Marie-Antoinette, lui confie les tractations avec le bijoutier, le Cardinal demande des preuves et on va jusqu'à lui présenter une fausse Marie-Antoinette (en réalité une prostituée déguisée) un soir dans le parc de Versailles et inventer une fausse correspondance ; le naïf mais néanmoins ambitieux Cardinal accepte donc sa mission avec grand plaisir puisqu'il a la soi-disant confiance de la reine.

La reine, bien que totalement innocente, sort de l'affaire du collier grandement déconsidérée par le peuple. Toute une littérature s'empare des aventures de la reine et du roi : Les Amours de Charlot et Toinette, caricatures du couple royal, sont, avant 1789, un succès de librairie.

Marie-Antoinette se rend enfin compte de son impopularité et tente de réduire ses dépenses, notamment en réformant sa maison, ce qui déclenche plutôt de nouveaux éclats quand ses favoris se voient privés de leurs charges. Rien n'y fait, les critiques continuent, la reine gagne le surnom de « Madame Déficit » et on l'accuse de tous les maux, notamment d'être à l'origine de la politique anti-parlementaire de Louis XVI.

La Révolution

1789

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Marie-Antoinette, en 1788

Le 4 mai 1789 s'ouvrent les États généraux. Lors de la messe d'ouverture, MModèle:Gr de La Fare, qui est à la chaire, attaque Marie-Antoinette à mots à peine couverts, dénonçant le luxe effréné de la cour et ceux qui, blasés par ce luxe, cherchent le plaisir dans « une imitation puérile de la nature » (rapporté par Adrien Duquesnoy, Journal sur l'Assemblée constituante), allusion évidente au Petit Trianon.

Le 4 juin, le petit dauphin meurt. Pour éviter la dépense, on sacrifie le cérémonial de Saint-Denis. L'actualité politique ne permet pas à la famille royale de faire son deuil convenablement. Bouleversée par cet événement, et désorientée par le tour que prennent les États généraux, Marie-Antoinette se laisse convaincre par l'idée d'une contre-révolution. En juillet, Necker démissionne. Le peuple interprète cette démission comme un renvoi de la part du roi. La reine brûle ses papiers et rassemble ses diamants, elle veut convaincre le roi de quitter Versailles pour une place-forte sûre, loin de Paris. Il faut dire que, depuis le 14 juillet, un livre de proscription circule dans Paris. Les favoris de la reine y sont en bonne place, et la tête de la reine elle-même est mise à prix. On l'accuse de vouloir faire sauter l'Assemblée avec une mine, et de vouloir faire donner la troupe sur Paris, ce qui est évidemment faux. Il est néanmoins vrai que la Reine prônera l'autorité et restera toujours ancrée dans la conviction de la légitimité du pouvoir royal, dont la diminution la révolte.

Le Modèle:1er octobre, un nouveau scandale éclate : lors d'un banquet donné par les gardes du corps de la Maison militaire, au régiment de Flandre qui vient d'arriver à Paris, la reine est acclamée, des cocardes blanches sont arborées, et selon la presse révolutionnaire des cocardes tricolores auraient été foulées. Paris est outré par ces manifestations contre-révolutionnaires, et par la tenue d'un banquet alors que le pain manque. Le 5 octobre, une manifestation de femmes marche sur Versailles, réclamant du pain, disant aller chercher « le boulanger » (le roi), « la boulangère » (la reine) et le « petit mitron » (le dauphin). De nombreux hommes armés se sont glissés dans le cortège. C'est alors qu'on attribue à Marie-Antoinette cette citation — totalement erronée : « S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! ». On lui a attribué une phrase<ref>"Malheureusement je n'ai jamais pu boire sans manger. Comment faire pour avoir du pain ? Il m'était impossible d'en mettre en réserve. En faire acheter par les laquais, c'était me déceler, et presque insulter le maître de la maison. En acheter moi-même, je n'osai jamais. Un beau monsieur l'épée au côté aller chez un boulanger acheter un morceau de pain, cela se pouvait-il ? Enfin je me rappelai le pis-aller d'une grande princesse à qui l'on disait que les paysans n'avaient pas de pain, et qui répondit : Qu'ils mangent de la brioche. J'achetai de la brioche. Encore que de façons pour en venir là ! Sorti seul à ce dessein, je parcourais quelquefois toute la ville, et passais devant trente pâtissiers avant d'entrer chez aucun." Jean-Jacques Rousseau, Confessions, livre VI</ref> que Jean-Jacques Rousseau a écrite dans le livre VI de ses Confessions, paru en 1782.

Le roi, revenu de la chasse, oscille entre plusieurs options, notamment le départ de Versailles vers un autre château sécurisé, le blocage des insurgés avant leur arrivée à Versailles qu'il refuse pour ne pas risquer de faire couler du sang ou encore la simple attente. Après une certaine confusion, la famille royale reste à Versailles et le roi reçoit une délégation de femmes. En soirée La Fayette arrive avec la garde nationale et répond de la sécurité du roi. La famille royale part se coucher. Au petit matin, des émeutiers armés de piques et de couteaux pénètrent dans le château, tuent deux gardes du corps et menacent la famille royale. La reine notamment échappe de peu aux assaillants qui envahissent sa chambre et doit plus tard se montrer seule au balcon de la cour de marbre devant une foule armée. Personne finalement ne lui tire dessus mais la famille royale est alors contrainte de se rendre à Paris, escortée par les troupes du marquis de La Fayette et les émeutiers. Sur le trajet, on menace la reine, lui montrant une corde et lui promettant un réverbère de la capitale pour la pendre.

La monarchie constitutionnelle

Le 10 octobre, Louis XVI prend le titre de « Roi des Français ». Avec Marie-Antoinette, ils se seraient résolus à demander de l'aide aux souverains étrangers, le roi d'Espagne Charles IV et Joseph II, frère de la reine. Mais le roi d'Espagne répond évasivement et le 20 février 1790, Joseph II meurt. Des doutes et des controverses entre historiens subsistent sur ce possible appel à l'étranger. La Fayette suggère froidement à la reine le divorce. D'autres parlent à mots à peine couverts d'un procès en adultère, et de prendre la reine en flagrant délit avec le comte de Fersen.

Breteuil propose alors, fin 1790, un plan d'évasion. L'idée est de quitter les Tuileries et de gagner la place-forte de Montmédy, proche de la frontière. La reine est de plus en plus seule, surtout depuis qu'en octobre 1790, Mercy-Argenteau a quitté la France pour sa nouvelle ambassade aux Pays-Bas et que Léopold II, le nouvel empereur, un autre de ses frères, élude ses demandes d'aide, car, monarque philosophe, il pousse au contraire sa sœur à jouer le jeu de la nouvelle Constitution. Le 7 mars, une lettre de Mercy-Argenteau à la reine est interceptée et portée devant la Commune. C'est le scandale, une preuve, pense-t-on, du « comité autrichien », des tractations de la reine pour vendre la patrie à l'Autriche.

Le 20 juin débute la maladroite tentative d'évasion, stoppée le lendemain par l'arrestation à Varennes-en-Argonne. Très vite, Paris s'aperçoit de la fuite. Toutefois, La Fayette réussit à faire croire que le roi a été enlevé par des contre-révolutionnaires. L'explication varie selon les historiens : pour certains il cherchait à protéger les fugitifs, pour d'autres il cherchait simplement un motif juridique valable pour les arrêter. La famille royale, hors de Paris, ne se cache plus guère. Malheureusement, leur berline est en retard de plus de trois heures, et quand elle arrive au premier rendez-vous, au relais de Pont-de-Somme-Vesle, les troupes promises sont reparties, pensant que le roi a changé d'avis. Peu avant midi, la berline est arrêtée à Varennes-en-Argonne. Le maître de poste du relais précédent, à Sainte-Menehould, a reconnu le roi. Il y a un moment d'hésitation, personne ne sachant que faire et, pendant ce temps, la foule accourt à Varennes. Finalement, la famille royale, sous les menaces et dans un climat de violence sourde, est ramenée à Paris.

Après Varennes

Interrogé à Paris par une délégation de l'Assemblée constituante, Louis XVI répond évasivement. Ces réponses, rendues publiques, suscitent le scandale, et certains révolutionnaires réclament la déchéance du roi. Marie-Antoinette, elle, correspond secrètement avec Barnave, Duport et Lameth qui veulent convaincre le roi d'accepter son rôle de monarque constitutionnel. Mais elle joue là un double jeu car elle espère seulement "les endormir et [...]leur donner confiance [...]pour les mieux déjouer après" (lettre de la Reine à Mercy).Elle écrit même à Fersen ces mots "quel bonheur si je puis un jour redevenir assez puissante pour prouver à tous ces gueux que je n'étais pas leur dupe". Le 13 septembre, Louis XVI accepte la Constitution. Le 30, l'Assemblée constituante se dissout et est remplacée par l'Assemblée législative, cependant que des bruits de guerre avec les monarchies alentour, au premier rang desquelles l'Autriche, se font plus pressants. Le peuple est alors monté contre Marie-Antoinette, toujours appelée « l'Autrichienne ». Les pamphlets et journaux révolutionnaires la traitent de « monstre femelle » ou encore de « Madame Véto », et on l'accuse de vouloir faire baigner la capitale dans le sang. En avril 1792, la France déclare la guerre à la Prusse et elle subit dans un premier temps de sérieux revers. Le 3 août 1792, le manifeste de Brunswick, largement inspiré par de Fersen, achève d'enflammer une partie de la population.

Le 10 août, c'est l'insurrection. Les Tuileries sont prises d'assaut, les gardes massacrés, le roi et sa famille doivent se réfugier à l'Assemblée, qui vote sa suspension provisoire et leur internement au couvent des Feuillants. Le lendemain, la famille royale est finalement transférée à la prison du Temple. Pendant les massacres de septembre, la princesse de Lamballe, proche amie de la reine et victime symbolique, est sauvagement assassinée, démembrée, et sa tête est brandie au bout d'une pique devant les fenêtres de Marie-Antoinette pendant que divers morceaux de son corps sont brandis en trophée dans Paris. Peu après, la Convention déclare la famille royale otage. Début décembre, a lieu la découverte officielle de l'« armoire de fer » dans laquelle Louis XVI cachait ses papiers secrets et dont l'existence est aujourd'hui sujette à débats. Le procès est désormais inévitable.

Le 26 décembre, la Convention vote la mort avec une majorité étroite. Louis XVI est exécuté le 21 janvier 1793. Le 27 mars, Robespierre évoque le sort de la reine pour la première fois devant la Convention. Le 13 juillet, le dauphin est enlevé à sa mère et confié au savetier Simon. Le 2 août, c'est Marie-Antoinette qui est séparée des princesses (sa fille Madame Royale et sa belle-sœur madame Elisabeth) et est conduite à la Conciergerie. Lors du transfert, alors qu'elle s'est violemment cognée la tête, elle répond à ses geôliers qui s'en inquiètent son fameux « Rien à présent ne peut plus me faire de mal ». Son interrogatoire commence le lendemain.

Le procès

Le 3 octobre 1793, Marie-Antoinette comparaît devant le Tribunal révolutionnaire, mené par l’accusateur public Fouquier-Tinville. Si le procès de Louis XVI avait conservé quelques formes de procès équitable, ce n'est pas le cas de celui de la reine. Le dossier est monté très rapidement, il est incomplet, Fouquier-Tinville n'ayant pas réussi à retrouver toutes les pièces de celui de Louis XVI. Pour charger l'accusation, il parle de faire témoigner le dauphin contre sa mère qui est alors accusée d'inceste par Jacques-René Hébert. Il déclare que la reine et Mme Elisabeth ont eu des attouchements sur le jeune Louis XVII. Marie-Antoinette ne répond rien et un juré en fait la remarque. Marie-Antoinette se lève et répond « Si je n'ai pas répondu c'est que la nature elle-même refuse de répondre à une telle accusation faite à une mère. J'en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici ! ». Pour la dernière fois, la foule (et surtout les femmes) applaudit la reine. Une fois la séance terminée, celle-ci demande à son avocat « N'ai je pas mis trop de dignité dans ma réponse ? », une personne dans la foule dit « elle a répondu comme un ange, on ne fera que la déporter ».

On l’accuse également d’entente avec les puissances étrangères. Comme la reine nie, Herman, président du Tribunal, l’accuse d’être « l’instigatrice principale de la trahison de Louis Capet » : c’est donc bien un procès pour haute trahison. Le préambule de l’acte d'accusation déclare également : « Examen fait de toutes les pièces transmises par l'accusateur public, il en résulte qu’à l'instar des Messalines Frédégonde et Médicis, que l’on qualifiait autrefois de reines de France et dont les noms à jamais odieux ne s’effaceront pas des fastes de l’histoire, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, depuis son séjour en France, le fléau et la sangsue des Français. » Il ajoute "la cause des troubles qui agite depuis quatre ans la nation et ont fait tant de malheureuses victimes."

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Marie-Antoinette devant la guillotine.

Les dépositions des témoins à charge s’avèrent bien peu convaincantes. Marie-Antoinette répond qu'elle n'était « que la femme de Louis XVI, et qu’il fallait bien qu’elle se conform[ât] à ses volontés ». Fouquier-Tinville réclame la mort et fait de l’accusée « l’ennemie déclarée de la nation française ». Les deux avocats de Marie-Antoinette, Tronçon-Ducoudray et Chauveau-Lagarde, jeunes, inexpérimentés et n’ayant pas eu connaissance du dossier, ne peuvent que lire à haute voix les quelques notes qu'ils ont eu le temps de prendre.

Quatre questions sont posées au jury :

« 1. Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et des intelligences avec les puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République, lesdites manœuvres et des intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à leur faciliter le progrès de leurs armes ?
2. Marie-Antoinette d’Autriche (…) est-elle convaincue d'avoir coopéré à ces manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ?
3. Est-il constant qu’il ait existé un complot et une conspiration tendant à allumer la guerre civile à l’intérieur de la République ?
4. Marie-Antoinette est-elle convaincue d’avoir participé à ce complot et à cette conspiration ? »

Aux quatre questions, le jury répond « oui ».

Lorsque le jury rend son verdict, il n'existe aucune preuve de l'accusation de haute trahison que l'on impute à la reine. Le dossier est vide de toute pièce.

Techniquement, au vu des pièces du procès, il est vrai que la condamnation n'est pas basée sur des faits avérés. On l'apprit plus tard, Marie-Antoinette communiqua des directives militaires confidentielles à l'Autriche dans le but de sauver sa famille mais aussi "pour qu'enfin on se venge de tous les outrages qu'on reçoit dans ce pays-ci" (lettre de la Reine à Mercy). Mais la preuve de ceci ne sera découverte que bien plus tard.

En réalité, il fallait condamner la « veuve Capet ». Robespierre n'a pas hésité à intégrer au jury le médecin qui soignait la reine à la conciergerie, lequel a indiqué aux autres jurés que de toutes façons Marie-Antoinette était condamnée médicalement à brève échéance.

Marie-Antoinette est condamnée à mort pour haute trahison le 16 octobre, vers quatre heures du matin par crainte d'une émeute populaire. Elle écrivit alors à Madame Élisabeth, la sœur de Louis XVI : « Je viens d'être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l'est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère ». Le jour même, elle est emmenée mains liées sur une charrette — Louis XVI avait eu droit à un carrosse. À midi un quart, elle est guillotinée, après avoir refusé de se confesser au prêtre constitutionnel qu’on lui a présenté. Elle est enterrée avec la tête entre les jambes au cimetière de la Madeleine, rue d’Anjou-Saint-Honoré (Louis XVIII fera élever à cet endroit la chapelle expiatoire située de nos jours Square Louis XVI, seul endroit de Paris portant le nom du roi). Son corps fut exhumé le 18 janvier 1815 et transporté le 21 à Saint-Denis.

« Le premier crime de la Révolution, » dit Chateaubriand, « fut la mort du Roi, mais le plus affreux fut la mort de la Reine ».

Et Napoléon a dit de son côté : «  La mort de la Reine fut un crime pire que le régicide  »

Notes

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Voir aussi

Iconographie

De 1779 à 1800, l'artiste française Élisabeth Vigée Le Brun a fait une trentaine de portraits de Marie-Antoinette.

  • Olivier Blanc, Portraits de femmes, artistes et modèles à l'époque de Marie-Antoinette, Didier Carpentier éditions, Paris, 2006, 356 pages in 4°, couverture cartonnée (liste de tous les portraits de Marie-Antoinette dont 70 reproduits en noir ou en couleur).

Articles connexes

Sources

  • En 1874, Auguste Geffroy et Alfred von Arneth publièrent pour la première fois la correspondance secrète entre l'impératrice Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau.
  • En 1877, furent publiés pour la première fois, les papiers du comte de Fersen. Ils furent redécouverts en 1982 lorsque ses lointains héritiers les mirent en vente à Londres.
  • Correspondance de Marie-Antoinette, 1770-1793, éditée par Évelyne Lever, Tallandier, Paris, 2005 (ISBN 284734197Image:Cool.gif. L'éditrice a établi les textes à partir d'originaux conservés aux Archives d'État de Vienne ;
  • Marie-Antoinette : Correspondance. Clermont-Ferrand : Paléo, coll. « Sources de l'histoire de France : la Révolution française », 2004. [Pas d'information sur la maîtrise d'ouvrage]. 2 volumes :
  • Mémoires du baron de Besenval, édités par Ghislain de Diesbach, Mercure de France, coll. « Le temps retrouvé », 1987 (ISBN 2715214596).

Bibliographie

  • Marie-Antoinette, Antonia Fraser (trad. Anne-Marie Hussein), Flammarion, Paris, 2006 (ISBN 2-08-068915-0)
  • Marie-Antoinette, Le scandale du plaisir, Claude Dufresne, Bartillat, Paris, 2006 (ISBN 2841003817)
  • Marie-Antoinette l'insoumise, Simone Bertière, Les reines de France au temps des Bourbons, Editions de Fallois, 2002
  • Marie-Antoinette. Une reine brisée, Annie Duprat, Perrin, Paris, 2006 (ISBN 2-262-02409-X)
  • Marie-Antoinette à Versailles : Le goût d'une reine, Bernadette de Boysson et Xavier Salmon, catalogue de l'exposition au Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, éd. Somogy, 2005 (ISBN 2850569097)
  • Marie-Antoinette : les dangereuses liaisons de la reine, Michel de Decker et Michel Lafon, Belfond, coll. « La vie amoureuse », 2005 (ISBN 2714441416)
  • Marie-Antoinette, Philippe Delorme, Pygmalion, coll. « Histoire des reines de France », 2001 (ISBN 285704609X)
  • Marie-Antoinette, Évelyne Lever, Fayard, Paris, 1991 (ISBN 2213026599)
  • Marie-Antoinette : la dernière reine, Évelyne Lever, Gallimard, coll. « Découvertes », 2000 (ISBN 2070535223)
  • Marie-Antoinette, Stefan Zweig, Livre de Poche, 1999 (1re édition 1937).
  • « Marie-Antoinette : le remords français », dossier du Point n°1757, 18/05/06.
  • Chère Marie Antoinette, Jean Chalon, 1988
  • La désinformation autour de Marie-Antoinette, Alain Sanders, Atelier Fol'fer, 2006 (ISBN 2952421463)
  • Le prince Louis cardinal de Rohan-Guéméné ou les diamants du roi Jean-Claude Fauveau. L'Harmattan. 2007.
  • Marie-Antoinette et le scandale de Guines, Paul et Pierrette Girault de Coursac, Gallimard, 1962.
  • Louis XVI et Marie-Antoinette : vie conjugale - vie politique, Paul et Pierrette Girault de Coursac, O.E.I.L.,1990.
  • La dernière année de Marie-Antoinette, Paul et Pierrette Girault de Coursac, F.X. de Guibert, 1993.
  • Le secret de la Reine : la politique personnelle de Marie-Antoinette pendant la Révolution, Paul et Pierrette Girault de Coursac, F.X. de Guibert, 1996.
  • Marie-Antoinette - Correspondance (1770-1793), établie et présentée par Evelyne Lever, Tallandier, 2005. (ISBN 2-84734-197-8)
  • L'abbé de Vermond (1735-1806), Lecteur de Marie-Antoinette (1770-1789), Mgr F. Genet, Niort, 1940.

Filmographie

Liens externes

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Homonymies

Marie-Antoinette a laissé son nom :

  • à une pièce montée de trois étages, blanche, poudrée, légère et sucrée ;
  • à une confiserie « Délices de Marie-Antoinette » ;
  • à une perruque synthétique de couleur blanche ;
  • à une suite de l'hôtel Ritz de Londres ;
  • à une huile de massage aromatique ;
  • à un caveau d'une maison de champagne ;
  • à un syndrôme.


Modèle:Dynastie

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