Guerre de Cent Ans - Vev

Guerre de Cent Ans

Un article de Vev.

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Modèle:Infobox conflit militaire La guerre de Cent Ans couvre la période de 116 ans (1337 à 1453) pendant laquelle s’affrontent la France et l’Angleterre lors de nombreux conflits, entrecoupés de trêves plus ou moins longues.
La guerre commence lorsque Édouard III d’Angleterre envoie un défi (déclaration de guerre) au roi de France Philippe VI de Valois. Le traité de paix définitif, signé le 29 août 1475 à Picquigny en Picardie, en marque officiellement la fin. Cependant, on retient plutôt l'année 1453, date à laquelle les Anglais sont totalement chassés de France (sauf Calais).

Le conflit a débouché sur la constitution de deux nations européennes indépendantes : la France et l’Angleterre qui, jusqu’alors, étaient imbriquées juridiquement et culturellement, et étaient en lutte pour le contrôle territorial de l’Ouest de la France. Pour le contrôle de ce territoire, les Plantagenêts (dynastie royale anglaise) et les Capétiens avaient déjà lutté près de 140 ans, entre 1159 et 1299<ref>La guerre de Cent Ans s’intègre dans une période beaucoup plus longue débutant avec le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II d’Angleterre et qui voit une série continue de conflits franco-anglais entrecoupés de trêves. Le conflit opposant la France et l’Angleterre entre 1337 et 1453 est considéré par certains comme étant la seconde guerre de Cent Ans, pour la distinguer de la première guerre de Cent Ans (1159-1299), moins connue. Par ailleurs, on parle parfois de "troisième guerre de Cent Ans" pour désigner la période d’affrontements réguliers entre l’Angleterre et la France allant du début de la guerre de la Ligue d’Augsbourg en 1688 à la fin des guerres napoléoniennes en 1815.</ref>. Cette première période avait vu évoluer les deux royaumes d’une organisation féodale très morcelée à une structure d’État centralisé. Le problème posé par le duché de Guyenne n’ayant pas été résolu, (le roi d’Angleterre étant théoriquement vassal du roi de France en tant que duc d’Aquitaine) à la fin du dernier conflit, mais aussi leurs intrigues pour prendre le contrôle de la Bretagne et des Flandres sont à l’origine du déclenchement des hostilités. Cependant, la cause profonde du conflit est la crise démographique puis économique et sociale que traverse le monde médiéval occidental depuis le début du Modèle:XIVe siècle.

Sommaire

Forces en présence

Modèle:Royaume de France

classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index7.htm Site de la bibliothèque Nationale de France] et Marc Girot. L’affirmation du pouvoir royal (XII°-XV° siècles), site de l’IUFM de Créteil</ref>, la première puissance démographique d’Europe. Sa société agricole est fondée sur un régime féodal et religieux très hiérarchisé. La capacité agricole permet de nourrir la population (il n'y a plus eu de famine depuis le Modèle:XIIe siècle<ref name="Balard223"/>) qui a besoin de la noblesse pour défendre les terres<ref name="kaplan89"/>.//classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index7.htm Site de la bibliothèque Nationale de France] et Marc Girot. L’affirmation du pouvoir royal (XII°-XV° siècles), site de l’IUFM de Créteil</ref>, la première puissance démographique d’Europe. Sa société agricole est fondée sur un régime féodal et religieux très hiérarchisé. La capacité agricole permet de nourrir la population (il n'y a plus eu de famine depuis le Modèle:XIIe siècle<ref name="Balard223"/>) qui a besoin de la noblesse pour défendre les terres<ref name="kaplan89"/>.

www.historia.presse.fr/data/thematique//65/06504801.html Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu] pages 48 à 51</ref> et les écoles<ref>Colette Beaune,Petite école, grand ascenseur social Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu pages 42 à 47</ref> ; par le biais des fêtes religieuses le nombre des jours chômés atteint 140 par an<ref>Jean-Michel Mehl,Près de cent quarante jours chômés par an Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu pages 58 à 64</ref>.//www.historia.presse.fr/data/thematique//65/06504801.html Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu] pages 48 à 51</ref> et les écoles<ref>Colette Beaune,Petite école, grand ascenseur social Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu pages 42 à 47</ref> ; par le biais des fêtes religieuses le nombre des jours chômés atteint 140 par an<ref>Jean-Michel Mehl,Près de cent quarante jours chômés par an Historia Thématique N°65: Un Moyen Age inattendu pages 58 à 64</ref>.

Image:Yvain secourant la damoiselle.JPG
Yvain secourant la damoiselle. Enluminure tiré d'une version de Lancelot du Lac du XVe siècle. Le chevalier doit avoir un comportement loyal, le combat est l'occasion de justifier son statut social.

pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html site de l’IUFM de Créteil]</ref>. Cette volonté de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de faire des prisonniers et de monnayer leur libération contre rançon. La guerre devient donc très lucrative pour les bons combattants et les risques d’être tués sont donc amoindris pour les autres<ref name="Balard231"/>. Depuis Philippe le Bel, le roi peut convoquer « le ban et l'arrière-ban », c'est-à-dire tous les hommes de 15 à 60 ans, de toute condition (chevaliers et paysans, jeunes et vieux, riches et pauvres). Vers 1340, Philippe VI peut compter sur 30 000 hommes d'armes ainsi que 30 000 hommes de pied. Numériquement c'est inégalable, car l'entretien d'un tel nombre de combattants représente un coût extraordinairement élevé, mais c'est une armée hétéroclite et peu disciplinée<ref name="Xavier Hélary">Xavier Hélary, Charles VII remet la France en ordre de bataille ,Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé, page 25</ref>.//pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html site de l’IUFM de Créteil]</ref>. Cette volonté de briller sur les champs de bataille est accrue par l’habitude de l’époque de faire des prisonniers et de monnayer leur libération contre rançon. La guerre devient donc très lucrative pour les bons combattants et les risques d’être tués sont donc amoindris pour les autres<ref name="Balard231"/>. Depuis Philippe le Bel, le roi peut convoquer « le ban et l'arrière-ban », c'est-à-dire tous les hommes de 15 à 60 ans, de toute condition (chevaliers et paysans, jeunes et vieux, riches et pauvres). Vers 1340, Philippe VI peut compter sur 30 000 hommes d'armes ainsi que 30 000 hommes de pied. Numériquement c'est inégalable, car l'entretien d'un tel nombre de combattants représente un coût extraordinairement élevé, mais c'est une armée hétéroclite et peu disciplinée<ref name="Xavier Hélary">Xavier Hélary, Charles VII remet la France en ordre de bataille ,Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé, page 25</ref>.

Pour assoir leur pouvoir face à la grande noblesse et à la papauté, les Capétiens ont donné des gages au peuple : créations de villes franches avec octroi de chartes de franchises, création des états généraux<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, p. 144</ref>... L'équilibre social passe par l'acceptation par le peuple d'un pouvoir royal fort, qui l’émancipe de l’arbitraire féodal, et une administration de plus en plus centralisée qui lui assure un certain confort matériel.

classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index7.htm Site de la bibliothèque Nationale de France] et Le royaume de France politique et institutions (XIIe et XIIIe siècles) cliohist.net</ref>. La taille des parcelles des paysans se réduit et les prix agricoles chutent: les ressources fiscales de la noblesse diminuent et il devient impératif de briller sur le champ de bataille pour renflouer ses finances.//classes.bnf.fr/ema/ville/ville/index7.htm Site de la bibliothèque Nationale de France] et Le royaume de France politique et institutions (XIIe et XIIIe siècles) cliohist.net</ref>. La taille des parcelles des paysans se réduit et les prix agricoles chutent: les ressources fiscales de la noblesse diminuent et il devient impératif de briller sur le champ de bataille pour renflouer ses finances.

En trois siècles, les rois capétiens ont réussi à consolider leur autorité et à agrandir leur territoire, aux dépens des Plantagenêts. Le prestige royal de la France est immense, et, au temps de Philippe IV le Bel, le réseau d’alliances françaises s’étend jusqu’en Russie<ref name="Girot" />.

Toutefois, malgré les confiscations territoriales de Philippe II Auguste, Saint Louis et Philippe IV le Bel, les rois d’Angleterre ont conservé l’étroit duché de Guyenne et le petit comté de Ponthieu : le roi d’Angleterre est ainsi le vassal du roi de France.

Modèle:Royaume d'Angleterre

Image:Magna Carta.jpg
La Magna Carta, ou « Grande Charte »

www2.sunysuffolk.edu/mandias/lia/little_ice_age.html], sont corroborées par des médiévistes ayant analysé les chroniques de l'époque tels Philippe Contamine, La guerre de cent ans,Que Sais-Je n° 1309, PUF 2002; mais pour d'autres auteurs le refroidissement climatique survient plus tard et d'autres modèrent l'impact que les changement climatiques en question ont eu sur l'économie://www2.sunysuffolk.edu/mandias/lia/little_ice_age.html], sont corroborées par des médiévistes ayant analysé les chroniques de l'époque tels Philippe Contamine, La guerre de cent ans,Que Sais-Je n° 1309, PUF 2002; mais pour d'autres auteurs le refroidissement climatique survient plus tard et d'autres modèrent l'impact que les changement climatiques en question ont eu sur l'économie: www.larecherche.fr/data/405/040508901.html La Recherche].</ref>) et à opter pour une économie fondée sur la spécialisation et le commerce<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 9 [1]</ref>. Le climat pluvieux et les pâturages verdoyants favorisent l’élevage (plus particulièrement des ovins) qui permet une production importante de la laine utilisée par les tisserands et les drapiers (les ovins anglais produisent une laine particulièrement fine et d’excellente qualité pour le filage<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 11 [2]</ref>). L’artisanat, le commerce et donc les villes se sont développés<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 6 [3]</ref>. Les habitants des villes ont surtout besoin de liberté d’entreprendre et de limiter la pression fiscale (une grande partie des finances de l'état vient de la taxe sur la laine)<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, pages 164 et Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, pages 14, 37 et 41 [4]</ref>. Ce besoin a abouti à l’octroi de la Grande Charte de 1215 qui garantit la liberté des villes et donne au parlement un pouvoir de contrôle sur la fiscalité<ref>Magna Carta - La Grande Charte Traduction de l’anglais par Claude J. Violette [5]</ref>. Le commerce rend l’Angleterre très dépendante de la Guyenne (car elle produit des vins qui à l’époque sont plus salubres que l’eau), des Flandres (dont les drapiers achètent la laine) et de la Bretagne (qui lui vend du sel indispensable à la conservation des aliments)<ref name="Richardot">Philippe Richardot, Y a-t-il une pensée navale dans l’occident médiéval ?, Stratis.org</ref>.//www.larecherche.fr/data/405/040508901.html La Recherche].</ref>) et à opter pour une économie fondée sur la spécialisation et le commerce<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 9 [6]</ref>. Le climat pluvieux et les pâturages verdoyants favorisent l’élevage (plus particulièrement des ovins) qui permet une production importante de la laine utilisée par les tisserands et les drapiers (les ovins anglais produisent une laine particulièrement fine et d’excellente qualité pour le filage<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 11 [7]</ref>). L’artisanat, le commerce et donc les villes se sont développés<ref>(en) Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, page 6 [8]</ref>. Les habitants des villes ont surtout besoin de liberté d’entreprendre et de limiter la pression fiscale (une grande partie des finances de l'état vient de la taxe sur la laine)<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, pages 164 et Eileen Power, The Wool Trade in English medieval History, pages 14, 37 et 41 [9]</ref>. Ce besoin a abouti à l’octroi de la Grande Charte de 1215 qui garantit la liberté des villes et donne au parlement un pouvoir de contrôle sur la fiscalité<ref>Magna Carta - La Grande Charte Traduction de l’anglais par Claude J. Violette [10]</ref>. Le commerce rend l’Angleterre très dépendante de la Guyenne (car elle produit des vins qui à l’époque sont plus salubres que l’eau), des Flandres (dont les drapiers achètent la laine) et de la Bretagne (qui lui vend du sel indispensable à la conservation des aliments)<ref name="Richardot">Philippe Richardot, Y a-t-il une pensée navale dans l’occident médiéval ?, Stratis.org</ref>.

www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=482&Itemid=58 Historia Nostra]</ref>. Du grand empire Plantagenêt, il ne reste plus qu’une Aquitaine diminuée et réduite à la côte gasconne et à Bordeaux, nommée Guyenne.//www.historia-nostra.com/index.php?option=com_content&task=view&id=482&Itemid=58 Historia Nostra]</ref>. Du grand empire Plantagenêt, il ne reste plus qu’une Aquitaine diminuée et réduite à la côte gasconne et à Bordeaux, nommée Guyenne.

www.bbc.co.uk/history/archaeology/excavations_techniques/soldiers_view_02.shtml site de la BBC]</ref>. Les Anglais adaptent donc leur manière de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes à pied protégés des charges par des pieux plantés dans le sol (ces unités pour accroitre leur mobilité se déplacent à cheval mais combattent à pied)<ref name="Coteret116"/><ref>Emmanuel Constantin Antoche,Quelques aspects concernant l’évolution tactique du chariot sur le champ de bataille dans l’histoire militaire universelle. L’Antiquité et le Moyen Âge jusqu’à l’avènement des Hussites (1420), page 113 [11]</ref>. Édouard III met en œuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant Édouard Balliol contre les partisans de David II, le fils de Robert Bruce. Grâce à cette tactique, les Anglais remportent plusieurs batailles importantes dont la bataille de Dupplin Moor en 1332 et celle de Halidon Hill en 1333<ref>Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 132 et (en) Tim Midgley, The Battle of Halidon Hill[12]</ref>. David II doit s’enfuir et trouve refuge en France où il est accueilli par Philippe VI de Valois.<ref>Comment le roi David d’Escosse avec la roine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 75 page 67 Bibliothèque Nationale de France et Les Valois directs: Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr</ref> Édouard Balliol devient roi d’Écosse, vassal de l’Angleterre et honni par son peuple. Grâce à cette campagne Édouard III peut disposer d’une armée moderne et rodée aux nouvelles tactiques (il y a aussi expérimenté la stratégie des chevauchées qui consiste à piller le pays sur des distances énormes grâce à une armée montée<ref name="Coteret116">Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, Tallandier 2007 page 116</ref>).//www.bbc.co.uk/history/archaeology/excavations_techniques/soldiers_view_02.shtml site de la BBC]</ref>. Les Anglais adaptent donc leur manière de combattre en diminuant la cavalerie mais en utilisant plus d’archers et d’hommes d’armes à pied protégés des charges par des pieux plantés dans le sol (ces unités pour accroitre leur mobilité se déplacent à cheval mais combattent à pied)<ref name="Coteret116"/><ref>Emmanuel Constantin Antoche,Quelques aspects concernant l’évolution tactique du chariot sur le champ de bataille dans l’histoire militaire universelle. L’Antiquité et le Moyen Âge jusqu’à l’avènement des Hussites (1420), page 113 [13]</ref>. Édouard III met en œuvre cette nouvelle façon de combattre en soutenant Édouard Balliol contre les partisans de David II, le fils de Robert Bruce. Grâce à cette tactique, les Anglais remportent plusieurs batailles importantes dont la bataille de Dupplin Moor en 1332 et celle de Halidon Hill en 1333<ref>Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 132 et (en) Tim Midgley, The Battle of Halidon Hill[14]</ref>. David II doit s’enfuir et trouve refuge en France où il est accueilli par Philippe VI de Valois.<ref>Comment le roi David d’Escosse avec la roine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 75 page 67 Bibliothèque Nationale de France et Les Valois directs: Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr</ref> Édouard Balliol devient roi d’Écosse, vassal de l’Angleterre et honni par son peuple. Grâce à cette campagne Édouard III peut disposer d’une armée moderne et rodée aux nouvelles tactiques (il y a aussi expérimenté la stratégie des chevauchées qui consiste à piller le pays sur des distances énormes grâce à une armée montée<ref name="Coteret116">Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, Tallandier 2007 page 116</ref>).

www.unibuc.ro/eBooks/medieval/curs/010.htm unibuc.ro]</ref>, bien que l'anglo-saxon continue d'être employé par le peuple.//www.unibuc.ro/eBooks/medieval/curs/010.htm unibuc.ro]</ref>, bien que l'anglo-saxon continue d'être employé par le peuple. Modèle:Approfondir

Origines du conflit

Si on trouve les raisons profondes du conflit dans la crise démographique, économique et sociale que traverse l’Europe du Modèle:XIVe siècle, le déclenchement de la guerre est motivé par la montée progressive de la tension entre les rois de France et d’Angleterre au sujet de la Guyenne, des Flandres et de l'Écosse. La question dynastique, posée par une interruption de la descendance mâle directe des Capétiens en est le prétexte officiel.

Causes culturelles, démographiques, économiques et sociales du conflit

Alors que, sous l’effet des progrès des techniques agraires et des défrichements, la population s’accroît en Occident depuis le Modèle:Xe siècle, on franchit un seuil qui dépasse les capacités de productions agricoles dans certaines zones d’Europe dès la fin du Modèle:XIIIe siècle. Avec le jeu des partages successoraux les parcelles se réduisent : elles n’ont plus en 1310 que le tiers de leur superficie moyenne de 1240<ref name="Balard223">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, pp. 222-223.</ref>. Certaines régions comme les Flandres sont en surpopulation et essayent de gagner des terres cultivables sur la mer, néanmoins pour couvrir leurs besoins elles optent pour une économie de commerce permettant d’importer les denrées agricoles. En Angleterre, dès 1279, 46% des paysans ne disposent que d’une superficie cultivable inférieure à 5 hectares. Or, pour nourrir une famille de 5 personnes, il faut de 4 à 5 hectares<ref name="Balard223"/>. La population rurale s’appauvrit, le prix des produits agricoles baisse et les revenus fiscaux de la noblesse diminuent alors que la pression fiscale augmente et donc les tensions avec la population rurale. Beaucoup de paysans tentent donc leur chance comme saisonniers dans les villes pour des salaires très faibles engendrant aussi des tensions sociales en milieu urbain. Le refroidissement climatique<ref name="climat"/> provoque de mauvaises récoltes qui se traduisent du fait de la pression démographique en famines (qui avaient disparu depuis le Modèle:XIIe siècle) dans le nord de l’Europe en 1314, 1315 et 1316: Ypres perd 10% de sa population et Bruges 5% en 1316<ref name="Balard223"/>.

La noblesse doit compenser la diminution de ses revenus fonciers et la guerre en est un excellent moyen : par les rançons perçues après capture d’un adversaire, le pillage et l’augmentation des impôts justifiée par la guerre. C’est ainsi que la noblesse pousse à la guerre et particulièrement la noblesse anglaise dont les revenus fonciers sont les plus touchés<ref name = "Balard231">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, pp.231-232</ref>. En France, le roi Philippe VI a besoin de renflouer les caisses de l'état et une guerre permettrait de lever des impôts exceptionnels.

Sphères d'influences économiques et culturelles de la France et de l'Angleterre

Image:France 1328.svg‎
Sphères d'influence et principaux axes commerciaux au Royaume de France en 1330. Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende

Depuis Saint Louis, la modernisation du système juridique attire dans la sphère culturelle française de nombreuse régions limitrophes: en particulier en terres d'Empire, les villes du Dauphiné ou du comté de Bourgogne (future Franche-Comté) recourent depuis Saint Louis à la justice royale pour régler des litiges: le roi envoie par exemple le Bailli de Mâcon qui intervient à Lyon pour régler des différents, comme le sénéchal de Beaucaire intervient à Vivier ou à Valence<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 60</ref>. Les rois de France savent attirer à leur cour la noblesse de ces régions en allouant des rentes et en se livrant à une habile politique matrimoniale. Les comtes de Savoie prêtant hommage au roi de France contre l'octroi de pensions ; Jean de Luxembourg, roi de Bohème et beau père de Jean le Bon mourant héroïquement à Crécy ou le comte Humbert II ruiné du fait de son incapacité à lever l'impôt<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 72</ref> et sans héritier après la mort de son fils unique, vendant le Dauphiné<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 70</ref> à Philippe VI sont de parfaites illustrations de ce phénomène. Inversement, le fait que le roi d'Angleterre soit vassal du roi de France pour la Guyenne lui pose problème car tous les litiges peuvent être réglés à Paris et donc en sa défaveur.

www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Stratis.org]</ref>.//www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Stratis.org]</ref>.

Ainsi les Flamands en voulant échapper à la pression fiscale française, se révoltent de manière récurrente contre le roi de France ; d'où les batailles successives de Courtrai en 1302 (où la chevalerie française est laminée) de Mons-en-Pévèle en 1304 et de Cassel en 1328 (où Philippe VI mate les rebelles flamands). Les Flamands apportent leur soutien au roi d'Angleterre, déclarant même en 1340 qu'Édouard III est le légitime roi de France. Les deux États ont donc intérêt à augmenter leurs possessions territoriales pour accroître leurs rentrées fiscales et renflouer leurs finances. Dès lors, les intrigues des deux rois pour faire passer la Guyenne, la Bretagne et les Flandres sous leur influence conduisent rapidement à la guerre entre les deux États<ref name="Bordonove135">Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 135</ref>: elle durera 116 ans.

La question dynastique

Image:Généalogie2 Guerre de Cent Ans.png
Descendance de Philippe III le Hardi, roi de France (1270-1285)

Pour comprendre la question dynastique de 1328, il faut remonter une dizaine d’années dans le temps :

En 1316, la mort de Louis X le Hutin, deux ans seulement après celle de son père Philippe le Bel, marque la fin du miracle capétien : de 987 à 1316, les rois capétiens ont toujours eu un fils à qui transmettre la couronne à leur mort. De sa première épouse, Marguerite de Bourgogne qui fut condamnée pour infidélité<ref>Marguerite de Bourgogne, a été condamnée après avoir été reconnue coupable d'entretenir depuis 1311, des relations d'adultère avec le chevalier Philippe d’Aunay</ref>, Louis X le Hutin n’a qu’une fille, Jeanne de Navarre. À sa mort, sa seconde femme attend un enfant. Un fils naît : Jean Ier dit le Posthume, mais il ne vit que quelques jours. Cas inédit jusqu’alors, l’héritier direct du royaume de France se trouve donc être Jeanne de Navarre, une femme. La décision qui est prise à ce moment est très importante, car elle est devenue coutume et fut appliquée sur la question dynastique qui se posa en 1328. L’infidélité de la reine Marguerite n'est qu'un prétexte pour l’éviction de sa fille Jeanne, et du choix de Philippe V (frère de Louis X le Hutin) comme roi de France. En fait, il s’agit d’un choix géopolitique, le refus de voir un éventuel étranger épouser la reine et diriger le pays. Le choix du monarque français se fonde sur l'hérédité et le sacre, mais l’élection reprend ses droits en cas de problème. Le principe de la loi salique découle de la volonté des Capétiens de renforcer leur possessions en rattachant à la couronne les fiefs de leurs vassaux sans héritiers mâles: Philippe le Bel avait introduit la « clause de la masculinité », selon l’expression de Jean Favier, en révisant, la veille de sa mort, le statut de l’apanage de Poitou qui, « faute d’héritier mâle, reviendrait à la couronne de France »<ref name="Ducret" />. La loi salique n’est pas invoquée lors du choix du nouveau roi de France. Ce n’est que trente ans plus tard, vers 1350, qu’un bénédictin de l’abbaye de Saint-Denis, qui tient la chronique officielle du royaume, invoque cette loi pour renforcer la position du roi de France dans le duel de propagande qu’il livre à Édouard III d’Angleterre<ref>Jean Favier, La Guerre de Cent Ans, Marabout 1985, page 37</ref>. Cette loi date des Francs et stipule que les femmes doivent être exclues de la « terre salique ». Salique provient de la ville de SalaModèle:Ref nécessaire, aujourd'hui Overijse, en Belgique, terre des Francs saliens. Cette loi est reprise, adaptée à la situation et avancée comme argument de poids dans les disputes sur la légitimité du roi.

Après le court règne de Philippe V, décédé sans héritier mâle, c’est son plus jeune frère, Charles IV, qui, bénéficiant du précédent posé par son aîné, ceint à son tour la couronne. Mais son règne dure également peu de temps.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 Bibliothèque Nationale de France]</ref>.[[Image:France 1330.svg|right|300px|thumb|France en 1330Modèle:LégendeModèle:Légende//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 Bibliothèque Nationale de France]</ref>.[[Image:France 1330.svg|right|300px|thumb|France en 1330Modèle:LégendeModèle:Légende Modèle:Légende gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>

Édouard III, ayant prêté hommage et reconnu pour roi Philippe VI de Valois, et ayant dû accepter des concessions en Guyenne (mais il se réserve le droit de réclamer les territoires arbitrairement confisqués)<ref name="Ducret" />, il s'attend à ce qu'on lui laisse les mains libres en Écosse. Mais Philippe VI confirme son soutien à David Bruce, Édouard III saisit alors le prétexte de sa légitimité royale pour déclencher la guerre<ref name = "Balard234">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident,Hachette 2003, page 234</ref>.

La querelle de Guyenne

Cette querelle est encore plus importante que la question dynastique pour expliquer le déclenchement de la guerre<ref name = "Balard234"/>. La Guyenne pose un problème considérable aux rois de France et d’Angleterre : Édouard III se trouve être le vassal de Philippe VI de France et doit donc reconnaître la souveraineté du roi de France sur la Guyenne. Or, les deux monarchies s’opposent depuis plusieurs générations.

www.bartleby.com/65/hu/HundredY.html The Columbia Encyclopedia, 6th ed]. New York: Columbia University Press, 2001–04. Les lecteurs francophones pourront trouver plus amples informations à l’adresse suivante: Les Valois directs: Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr. Ce site, très clair et en français moderne, ne cite pas ses sources mais suit les chroniques de Jean Froissart :Comment le roi de France envoya en Angleterre de son plus espécial conseil, pour savoir par les registres d’Angleterre comment le dit hommage se devoit faire; et comment le roi d’Angleterre lui envoya unes lettres, contenant le dit hommage.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 53 pages 43-45 Bibliothèque Nationale de France</ref>.//www.bartleby.com/65/hu/HundredY.html The Columbia Encyclopedia, 6th ed]. New York: Columbia University Press, 2001–04. Les lecteurs francophones pourront trouver plus amples informations à l’adresse suivante: Les Valois directs: Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr. Ce site, très clair et en français moderne, ne cite pas ses sources mais suit les chroniques de Jean Froissart :Comment le roi de France envoya en Angleterre de son plus espécial conseil, pour savoir par les registres d’Angleterre comment le dit hommage se devoit faire; et comment le roi d’Angleterre lui envoya unes lettres, contenant le dit hommage.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 53 pages 43-45 Bibliothèque Nationale de France</ref>.

Intrigues et déclaration de guerre

La tension monte entre les deux souverains d'autant que la noblesse pousse au conflit, elle débouche inévitablement sur la déclaration de guerre en 1337.

Le roi de France aide les Écossais dans leur combat contre l’Angleterre. C’est la politique menée depuis plusieurs siècles par les rois capétiens : il s’agit de la Vieille Alliance. Le roi d’Écosse, David Bruce, a été chassé par Édouard III en 1333 et Philippe VI l’héberge à Château-Gaillard et réarme ses partisans en attendant qu’il ait reconstitué des forces suffisantes pour reprendre pied en Écosse.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France].</ref><ref name = "Valois">Les Valois directs : Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr</ref>. En 1335 David Bruce peut attaquer les îles anglo-normandes grâce à une flotte financée par Philippe VI. C'est un échec, mais cela fait craindre à Édouard III une invasion de l'Angleterre<ref>Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 132</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France].</ref><ref name = "Valois">Les Valois directs : Philippe VI. Édouard III roi d’Angleterre prête hommage à Philippe VI (6 juin 1329) chrisagde.free.fr</ref>. En 1335 David Bruce peut attaquer les îles anglo-normandes grâce à une flotte financée par Philippe VI. C'est un échec, mais cela fait craindre à Édouard III une invasion de l'Angleterre<ref>Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971, page 132</ref>.

Édouard III intrigue en Flandres, son mariage avec Philippa de Hainaut lui permet de tisser des liens dans le nord de la France et dans le Saint-Empire : Robert d'Artois est réfugié à Londres depuis 1336<ref>André Castelot et Alain Decaux Histoire de la France et des Français au jour le jour Volume 3 (1270 à 1408), partie 2 - page 34</ref>, il a acheté l'alliance du comte de Hainaut ainsi que celle de l'empereur Louis de Bavière pour 300 000 Florins et le Duc de Brabant ainsi que le comte Gueldre se tournent vers lui<ref name="Theis273">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, page 273</ref>. Les Flamands sont outrés par le ralliement du comte Louis Ier de Flandre au roi de France et de la pression fiscale qui s'ensuit, mais en cas de relance du conflit avec le roi de France, ils devraient verser une lourde amende au pape (qui a le pouvoir de les excommunier ou de jeter l'interdit sur les villes flamandes). Il est prévu avec Jacob Van Artevelde (l'homme fort de l'opposition flamande) que les Flandres reconnaissent Édouard comme roi de France ce qui permet de contourner cet accord<ref name="Bordonove135" />. Louis de Nevers réagit en arrêtant des marchands anglais. Édouard III coupe l’approvisionnement en laine de cette région en août 1336<ref name="Theis273"/>, menaçant son économie<ref name="Bordonove135" />, constituée essentiellement de draperie et de tissage. La Flandre se révolte contre les Français en 1337.

Par mesure de rétorsion, Philippe VI décide donc de confisquer la Guyenne pour félonie. Édouard III d’Angleterre réplique en revendiquant la couronne de France. Le 7 octobre 1337, un archevêque est envoyé à Paris pour jeter le gant à « Philippe, qui se dit roi de France »<ref name="Ducret" />. La guerre commence.

Principales phases du conflit

Modèle:Chronologie de la guerre de cent ans La guerre de Cent Ans comprend deux grands mouvements qui répondent à une même structure : une première période, de 1337 à 1380, qui voit l’effondrement de la puissance de la monarchie française, puis une période de crise suivie d’un rétablissement et d’une seconde période, de 1415 à 1453, reproduisant le même cycle : effondrement, crise, rétablissement. Ces deux périodes sont séparées par une longue trêve provoquée par des conflits de pouvoir dans les deux camps.

On peut subdiviser chacune de ces deux grandes périodes en deux phases :

  • De 1337 à 1364, le génie tactique d’Édouard III d’Angleterre entraîne une succession de victoires anglaises sur la chevalerie française. La noblesse française est complètement discréditée et le pays sombre dans la guerre civile. À la suite du traité de Brétigny, une grande partie de la France est contrôlée par les Anglais.
  • De 1364 à 1380, Charles V entame une patiente reconquête du territoire. Le roi a compris que la victoire finale se jouerait sur le sentiment d’appartenance nationale. Il laisse les Anglais ravager la campagne par des chevauchées alors que lui-même soulage la population en envoyant les Grandes compagnies combattre en Castille. Évitant les batailles rangées qui ont été désastreuses durant la première phase du conflit, il reprend progressivement plusieurs places fortes à l’ennemi. En 1375, Édouard III ne contrôle plus sur le continent que Calais, Cherbourg, Brest, Bordeaux, Bayonne, et quelques forteresses dans le Massif central.
  • De 1429 à 1453, les Anglais sont progressivement chassés de France. Jeanne d’Arc cristallise le sentiment national et assoit Charles VII sur le trône en dépit du traité de Troyes qui l’avait déshérité. Les Anglais privés du soutien de la population sont lentement chassés du continent. En 1435, le traité d’Arras met fin à l’alliance anglo-bourguignonne et déséquilibre définitivement le rapport de force en faveur des Français. En 1453, les Anglais ne contrôlent plus que Calais suite à leur défaite subie à Castillon. Mais la paix n’est finalement signée qu’en 1475, sous les règnes de Louis XI et d’Édouard IV.

Les victoires d’Édouard III : de 1337 à 1364

La guerre par procuration

Si la guerre est déclarée en 1337, le conflit ne débute que plus tard. Les deux rois ne sont pas riches, et doivent négocier les impôts avec leur parlement respectif, voire emprunter l’argent nécessaire à la guerre.
gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France] et Comment les douze pairs et les barons de France jugèrent que messire Charles de Blois devoit être duc de Bretagne; et comment ledit messire Charles les pria qu’ils lui veuillent aider.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 154 page 134 Bibliothèque Nationale de France</ref>. De leur côté, les Français soutiennent les Écossais en guerre contre les Anglais<ref> Comment le roi David d’Escosse avec la reine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 75 page 67 Bibliothèque Nationale de France</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f112.table Bibliothèque Nationale de France] et Comment les douze pairs et les barons de France jugèrent que messire Charles de Blois devoit être duc de Bretagne; et comment ledit messire Charles les pria qu’ils lui veuillent aider.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 154 page 134 Bibliothèque Nationale de France</ref>. De leur côté, les Français soutiennent les Écossais en guerre contre les Anglais<ref> Comment le roi David d’Escosse avec la reine sa femme vinrent à Paris au roi de France; et comment il et tous les barons d’Escosse lui promirent et jurèrent qu’ils ne feroient point paix aux Anglois sans son conseil.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 75 page 67 Bibliothèque Nationale de France</ref>.

Au début du conflit, tandis qu’Édouard III, en tant que petit fils de Philippe le Bel, peut revendiquer la couronne de France, le roi de France, n’ayant pas de revendication sur la couronne d’Angleterre, n’a qu’un but : récupérer la Guyenne. Il lui faut donc contraindre Édouard III d’Angleterre à en accepter la confiscation et à mettre fin à ses prétentions à la couronne de France.

Image:BattleofSluys.jpeg
Bataille de l’Ecluse à Sluys - Miniature tirées des Chroniques de Jean Froissart.

www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Stratis.org]</ref>. Le commerce de la laine vers les Flandres et du vin de Bordeaux est interrompu et les finances anglaises sont au plus mal. Les drapiers Flamands sévèrement touchés par le conflit se soulèvent contre leur comte Louis Ier de Flandre. Ils sont conduits par Jacob Van Artevelde qui a pris le pouvoir en Flandres et s’allient au roi d’Angleterre.<ref>Comment les seigneurs d’Angleterre firent alliance avec les Flamands par donner et par promettre, et espécialement avec Jaquemart d’Artevelle.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 66 page 60 Bibliothèque Nationale de France</ref>.//www.stratisc.org/PN7_Richardot.html Stratis.org]</ref>. Le commerce de la laine vers les Flandres et du vin de Bordeaux est interrompu et les finances anglaises sont au plus mal. Les drapiers Flamands sévèrement touchés par le conflit se soulèvent contre leur comte Louis Ier de Flandre. Ils sont conduits par Jacob Van Artevelde qui a pris le pouvoir en Flandres et s’allient au roi d’Angleterre.<ref>Comment les seigneurs d’Angleterre firent alliance avec les Flamands par donner et par promettre, et espécialement avec Jaquemart d’Artevelle.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie I, chapitre 66 page 60 Bibliothèque Nationale de France</ref>.

links.jstor.org/sici?sici=0038-7134(197301)48%3A1%3C70%3ATEOTBO%3E2.0.CO%3B2-1]</ref>. Au début des années 1340, le retour des laines anglaises ne ramène cependant pas la prospérité en Flandres et l’autorité de Jacob Van Artevelde est de plus en plus contestée. De plus, le pape Clément VI ayant lancé une excommunication aux Flamands parjures<ref name="Bordonove135" />, Louis de Flandre parvient à reprendre pied dans le comté et force Jacob Van Artevelde à répondre par une fuite en avant. Ce dernier désavoue le comte de Flandre et propose le comté à Edouard de Woodstock, fils d’Édouard III d’Angleterre, le futur Prince Noir. Mais il est trop tard pour lui. Contesté dans sa ville même de Gand, Jacob Van Artevelde est assassiné lors d’une émeute le 17 ou le 24 juillet 1345. La Flandre abandonne dès lors Édouard III et se rallie à la France<ref>(en) Jacob van Artevelde (2007). In Encyclopædia Britannica. Retrieved January 10, 2007, Britannica Concise Encyclopedia</ref>.//links.jstor.org/sici?sici=0038-7134(197301)48%3A1%3C70%3ATEOTBO%3E2.0.CO%3B2-1]</ref>. Au début des années 1340, le retour des laines anglaises ne ramène cependant pas la prospérité en Flandres et l’autorité de Jacob Van Artevelde est de plus en plus contestée. De plus, le pape Clément VI ayant lancé une excommunication aux Flamands parjures<ref name="Bordonove135" />, Louis de Flandre parvient à reprendre pied dans le comté et force Jacob Van Artevelde à répondre par une fuite en avant. Ce dernier désavoue le comte de Flandre et propose le comté à Edouard de Woodstock, fils d’Édouard III d’Angleterre, le futur Prince Noir. Mais il est trop tard pour lui. Contesté dans sa ville même de Gand, Jacob Van Artevelde est assassiné lors d’une émeute le 17 ou le 24 juillet 1345. La Flandre abandonne dès lors Édouard III et se rallie à la France<ref>(en) Jacob van Artevelde (2007). In Encyclopædia Britannica. Retrieved January 10, 2007, Britannica Concise Encyclopedia</ref>.

Fort de sa nouvelle maîtrise maritime, une armée d’Édouard III d’Angleterre débarque à Brest en 1343. Toutefois, son allié Jean de Montfort est capturé à Nantes puis meurt en 1345. Charles de Blois reste seul prétendant au duché de Bretagne. Une trêve est signée en Bretagne, les Anglais gardent le contrôle de Brest jusqu’en 1397.

www.mainlesson.com/display.php?author=marshall&book=scotland&story=nevilles The Baldwin Project]</ref> . Le 7 octobre 1346, David II, roi d’Écosse attaque l’Angleterre à la tête de Modèle:Formatnum:12000 hommes. Mais il est défait et capturé à la bataille de Neville’s Cross. Édouard III d’Angleterre a les mains libres pour débarquer en France.//www.mainlesson.com/display.php?author=marshall&book=scotland&story=nevilles The Baldwin Project]</ref> . Le 7 octobre 1346, David II, roi d’Écosse attaque l’Angleterre à la tête de Modèle:Formatnum:12000 hommes. Mais il est défait et capturé à la bataille de Neville’s Cross. Édouard III d’Angleterre a les mains libres pour débarquer en France.

Les chevauchées

À cette époque, la France est, avec 20 millions d’habitants, cinq fois plus peuplée que l’Angleterre. La chevalerie française est la plus nombreuse et la plus aguerrie d’Europe. C’est pourquoi Édouard III n’envisage pas de tenir le terrain. Il prévoit une guerre de pillage qui a le mérite de s’autofinancer. La première des célèbres chevauchées anglaises date de 1346 : une armée réduite, mobile, avançant sur un front réduit et pratiquant une guerre totale dévastant systématiquement les régions traversées. Étrange manière de la part d’Édouard III pour prendre possession du royaume qu’il revendique et dont la population, du point de vue juridique anglais, est perçue comme soutenant un usurpateur, Philippe VI de Valois.

Les deux armées se rencontrent à Crécy le 26 août 1346. Les Français sont plus nombreux, mais l’armée française, comptant sur sa chevalerie puissante, affronte une armée anglaise composée d’archers et de fantassins en cours de professionnalisation. Les tactiques utilisées découlent de l’organisation sociale différente des deux pays. La France est un pays féodal et religieux dont la noblesse doit justifier sur le champ de bataille l’origine divine de son pouvoir : on doit vaincre l’adversaire face à face dans un corps à corps héroïque. La noblesse française applique à la lettre les codes de la chevalerie, et combat courtoisement : c’est-à-dire en évitant de tuer un chevalier ennemi de sang noble, mais plutôt en cherchant à le capturer afin de le rançonner. De son côté, l’Angleterre est un pays tourné vers l’artisanat et le commerce. La tactique guerrière des Anglais, rodée par des années de guerre en Écosse, est basée sur une recherche maximum d’efficacité. Il en résulte une armée très organisée où les chevaliers comptent moins.

www.myarmoury.com/feature_battle_crecy.html myarmoury.com]</ref>.//www.myarmoury.com/feature_battle_crecy.html myarmoury.com]</ref>.

L’armée française anéantie, Édouard III remonte vers le nord et met le siège devant Calais. Avec une armée de secours, le roi de France essaye bien de lever le blocus de la ville, mais n’ose pas affronter Édouard III.
Image:Auguste Rodin-Burghers of Calais London (photo).jpg
Statue des bourgeois de Calais par Rodin

C’est dans de dramatiques circonstances, au cours desquelles les célèbres bourgeois de Calais remettent les clés de leur ville aux assiégeants, que Calais passe sous domination anglaise, laquelle va durer jusqu’au Modèle:XVIe siècle. Philippe VI négocie une trêve avec Édouard III, qui en position de force, obtient la souveraineté pleine et entière sur Calais.

Si la peste noire, ou Grande Peste, de 1349 oblige les belligérants à cesser le combat jusqu’en 1355, elle est aussi vécue comme une punition divine<ref name="Theis269"/>. Philippe VI doit sa couronne à un vote des pairs de France qui ont écarté Édouard III et Philippe d’Evreux. Vaincu par une armée nettement inférieure en nombre à Crécy, le roi de France a dû fuir ce qui met en doute la légitimité divine de son pouvoir<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, pages 278 et 279</ref>. Le prestige et l’autorité royale des Valois sont donc profondément altérés<ref name="Theis269">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 269</ref>. Le désordre s’installe dans le royaume sans que son successeur, Jean II le Bon, parvienne à inverser la tendance. L’économie va mal et, pour éviter de recourir aux impôts de plus en plus impopulaires, l'état recoure à des mutations qui dévaluent brutalement la monnaie<ref name="Franc"/>; le commerce se réduit comme une peau de chagrin<ref name="Balard280"/> ce qui conduit les commerçants et artisans à souhaiter plus d’autonomie pour les villes et une monnaie stable. Les mercenaires démobilisés se regroupent en bandes et forment les Grandes compagnies qui terrorisent et pillent les campagnes. L’insécurité grandit sur les routes et dans les campagnes : la noblesse ne remplit plus le rôle qui lui est imparti dans la société féodale.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 Bibliothèque Nationale de France]</ref> et fait assassiner le favori du roi Charles de la Cerda. Jean le Bon, qui ne souhaite pas rompre la trêve avec les Anglais, est obligé d’accepter le traité de Mantes (le 22 février 1354)<ref>Comment messire Charles d’Espaigne fut occis par le fait du roi Charles de Navarre à Laigle en Normandie, et comment le roi Jean voulut contrevenger sa mort.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 13 page 301 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Par ce dernier, le Navarrais agrandit son domaine normand de plusieurs vicomtés et fiefs : Beaumont-le-Roger, Breteuil, Conches, Pont-Audemer, Orbec, Valognes, Coutances et Carentan. En contrepartie, il abandonne ses prétentions sur la Champagne.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594 Bibliothèque Nationale de France]</ref> et fait assassiner le favori du roi Charles de la Cerda. Jean le Bon, qui ne souhaite pas rompre la trêve avec les Anglais, est obligé d’accepter le traité de Mantes (le 22 février 1354)<ref>Comment messire Charles d’Espaigne fut occis par le fait du roi Charles de Navarre à Laigle en Normandie, et comment le roi Jean voulut contrevenger sa mort.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 13 page 301 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Par ce dernier, le Navarrais agrandit son domaine normand de plusieurs vicomtés et fiefs : Beaumont-le-Roger, Breteuil, Conches, Pont-Audemer, Orbec, Valognes, Coutances et Carentan. En contrepartie, il abandonne ses prétentions sur la Champagne.

Assuré du bien-fondé de cette stratégie, et obsédé par le titre de roi de France, il n’hésite pas à conclure un pacte avec Jean de Gand, le troisième fils d'Édouard III<ref>André Castelot et Alain Decaux, Histoire de la France et des Français au jour le jour vol. 3, partie 2 de 1316 à 1358, p. 92 : « novembre 1354, Charles le Mauvais conclut avec le duc de Lancastre un pacte qui prévoit le démembrement de la France : Édouard recevra la couronne de France mais laissera à son cousin Charles de Navarre la Normandie, la Champagne, la Brie, le Languedoc et quelques autres fiefs. Malheureusement, ces négociations échouent ».</ref> au terme duquel la France (dont il obtiendrait la couronne) serait tout simplement partagée<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 121</ref>. Mais c’est en vain qu’il attend le débarquement promis par Édouard III.

classes.bnf.fr/franc/reperes/mecanism.htm Bibliothèque Nationale de France] et Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, p. 273</ref>) et n’acceptent la levée d’une taxe sur le sel (la gabelle) que si les états généraux peuvent en contrôler l’application et l’utilisation des fonds prélevés. Les officiers qui prélèveraient la taxe doivent être désignés par les états généraux et 10 députés doivent entrer au conseil du roi afin de contrôler les finances<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, pages 738-745 Bibliothèque Nationale de France</ref>.//classes.bnf.fr/franc/reperes/mecanism.htm Bibliothèque Nationale de France] et Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, p. 273</ref>) et n’acceptent la levée d’une taxe sur le sel (la gabelle) que si les états généraux peuvent en contrôler l’application et l’utilisation des fonds prélevés. Les officiers qui prélèveraient la taxe doivent être désignés par les états généraux et 10 députés doivent entrer au conseil du roi afin de contrôler les finances<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, pages 738-745 Bibliothèque Nationale de France</ref>. gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f392.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f392.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.

medieval.mrugala.net/Jean%20II/Jean%20II.htm]</ref>//medieval.mrugala.net/Jean%20II/Jean%20II.htm]</ref>

Image:Battle-poitiers(1356).jpg
Bataille de Poitiers

www.myarmoury.com/feature_battle_poitiers.html myarmoury.com]</ref>. Édouard III a toutes les cartes en main pour négocier d’importantes concessions territoriales et financières. En janvier 1358, Charles de Navarre libéré est en mesure de prendre le pouvoir (il est considéré par beaucoup comme plus apte à combattre l'ennemi anglais et plus légitime que le chétif dauphin<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 230</ref>). Jean le Bon doit reprendre les choses en main et négocie sa libération: il accepte le premier traité de Londres qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine et une rançon de 4 millions d’écus sans renonciation à la couronne de France<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 240</ref>. À cette occasion, est frappée la première monnaie appelée « franc », ce mot prenant ici le sens de « libre ». Le butin et les rançons acquises à la suite de cette bataille furent tellement importants que de nombreux châteaux anglais furent rénovés ou reconstruits avec ces fonds. <ref>Natalie Fryde, l'Histoire, H.S. n°16, juillet 2002 pp 28-33</ref>//www.myarmoury.com/feature_battle_poitiers.html myarmoury.com]</ref>. Édouard III a toutes les cartes en main pour négocier d’importantes concessions territoriales et financières. En janvier 1358, Charles de Navarre libéré est en mesure de prendre le pouvoir (il est considéré par beaucoup comme plus apte à combattre l'ennemi anglais et plus légitime que le chétif dauphin<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 230</ref>). Jean le Bon doit reprendre les choses en main et négocie sa libération: il accepte le premier traité de Londres qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine et une rançon de 4 millions d’écus sans renonciation à la couronne de France<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 240</ref>. À cette occasion, est frappée la première monnaie appelée « franc », ce mot prenant ici le sens de « libre ». Le butin et les rançons acquises à la suite de cette bataille furent tellement importants que de nombreux châteaux anglais furent rénovés ou reconstruits avec ces fonds. <ref>Natalie Fryde, l'Histoire, H.S. n°16, juillet 2002 pp 28-33</ref>

Les Valois contestés

Image:Robert le Coq.jpg
Robert Le Coq, dans une diatribe contre les officiers du roi. Grandes Chroniques de France.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271 Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Le roi étant prisonnier, son fils aîné , le Dauphin Charles, réunit les états généraux à partir du 15 octobre 1356. Étienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris, y voit la possibilité de mettre en place un régime parlementaire. Allié au parti Navarrais regroupé autour de l’évêque de Laon Robert Le Coq, il impose le 7 novembre la création d’un comité de 80 membres au sein des états généraux<ref name="Cazelles 151">Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 151</ref> (pour faciliter les discussions) qui appuie leurs revendications. Les états généraux, déclarent le dauphin lieutenant du roi et défenseur du royaume en l’absence de son père et lui adjoignent un conseil de douze représentants de chaque ordre<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, pages 769-794 Bibliothèque Nationale de France. D’autres sources font état de douze représentants de la noblesse, douze représentants du tiers état et six du clergé : Georges Duby, le Moyen Âge, Seuil 1995, p. 489</ref>. Le Dauphin est proche du courant réformateur est n'est pas contre les réformes proposées. mais, bien vite de profonds désaccords surviennent entre le conseil et le dauphin qui refuse de faire juger les anciens conseillers de son père honnis pour avoir brutalement dévalué la monnaie à plusieurs reprises pour renflouer les caisses de l’État<ref name="Franc">Le Franc histoire d’une monnaie. La création du Franc Bibliothèque Nationale de France</ref> ainsi que de faire libérer Charles le Mauvais qui est fortement soutenu (il pourrait y avoir un changement dynastique). Voyant qu’il ne peut contenir les revendications d’Étienne Marcel et de Robert le Coq qui veulent faire libérer Charles de Navarre, le dauphin essaye de gagner du temps et réserve sa réponse (prétextant l'arrivée de messagers de son père<ref name="Cazelles 151"/>), puis congédie les états généraux et quitte Paris, son frère le duc d’Anjou réglant les affaires courantes. Le 10 décembre, le dauphin publie une ordonnance donnant cours à une nouvelle monnaie. Cela provoque une levée de boucliers dans la population qui y voit le risque d’une nouvelle dévaluation et donc d’une forte inflation. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel fait pression sur le duc d’Anjou puis sur le dauphin qui doit révoquer l’ordonnance et rappeler les états généraux<ref>H. Gourdon de Genouillac, Paris à travers les âges : histoire nationale de Paris et des parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours. Tome premier ; ouvr. réd. sur un plan nouveau et approuvé par Henri Martin p. 179-183 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Ceux-ci sont rappelés pour février 1357 et le dauphin accepte une grande ordonnance, qui est promulguée le 3 mars suivant et prévoie le contrôle des finances par les états généraux, l’épuration de l’administration (et particulièrement des collecteurs d’impôts), et enfin le remplacement du conseil du roi par un conseil de tutelle au dauphin, où seraient présents douze députés de chaque ordre des états généraux, mais où il n'est plus question de la libération de Charles de Navarre qui ferait peser un danger réel pour la couronne des Valois.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271 Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Le roi étant prisonnier, son fils aîné , le Dauphin Charles, réunit les états généraux à partir du 15 octobre 1356. Étienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris, y voit la possibilité de mettre en place un régime parlementaire. Allié au parti Navarrais regroupé autour de l’évêque de Laon Robert Le Coq, il impose le 7 novembre la création d’un comité de 80 membres au sein des états généraux<ref name="Cazelles 151">Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 151</ref> (pour faciliter les discussions) qui appuie leurs revendications. Les états généraux, déclarent le dauphin lieutenant du roi et défenseur du royaume en l’absence de son père et lui adjoignent un conseil de douze représentants de chaque ordre<ref>Jourdan, Decrusy et Isambert, Recueil général des anciennes lois françaises, depuis l’an 420 jusqu’à la Révolution de 1789, Paris : Belin-Leprieur : Plon, 1821-1833, pages 769-794 Bibliothèque Nationale de France. D’autres sources font état de douze représentants de la noblesse, douze représentants du tiers état et six du clergé : Georges Duby, le Moyen Âge, Seuil 1995, p. 489</ref>. Le Dauphin est proche du courant réformateur est n'est pas contre les réformes proposées. mais, bien vite de profonds désaccords surviennent entre le conseil et le dauphin qui refuse de faire juger les anciens conseillers de son père honnis pour avoir brutalement dévalué la monnaie à plusieurs reprises pour renflouer les caisses de l’État<ref name="Franc">Le Franc histoire d’une monnaie. La création du Franc Bibliothèque Nationale de France</ref> ainsi que de faire libérer Charles le Mauvais qui est fortement soutenu (il pourrait y avoir un changement dynastique). Voyant qu’il ne peut contenir les revendications d’Étienne Marcel et de Robert le Coq qui veulent faire libérer Charles de Navarre, le dauphin essaye de gagner du temps et réserve sa réponse (prétextant l'arrivée de messagers de son père<ref name="Cazelles 151"/>), puis congédie les états généraux et quitte Paris, son frère le duc d’Anjou réglant les affaires courantes. Le 10 décembre, le dauphin publie une ordonnance donnant cours à une nouvelle monnaie. Cela provoque une levée de boucliers dans la population qui y voit le risque d’une nouvelle dévaluation et donc d’une forte inflation. Des échauffourées éclatent et Étienne Marcel fait pression sur le duc d’Anjou puis sur le dauphin qui doit révoquer l’ordonnance et rappeler les états généraux<ref>H. Gourdon de Genouillac, Paris à travers les âges : histoire nationale de Paris et des parisiens depuis la fondation de Lutèce jusqu’à nos jours. Tome premier ; ouvr. réd. sur un plan nouveau et approuvé par Henri Martin p. 179-183 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Ceux-ci sont rappelés pour février 1357 et le dauphin accepte une grande ordonnance, qui est promulguée le 3 mars suivant et prévoie le contrôle des finances par les états généraux, l’épuration de l’administration (et particulièrement des collecteurs d’impôts), et enfin le remplacement du conseil du roi par un conseil de tutelle au dauphin, où seraient présents douze députés de chaque ordre des états généraux, mais où il n'est plus question de la libération de Charles de Navarre qui ferait peser un danger réel pour la couronne des Valois.

Image:Paix entre Charles de Navarre et Charles V.jpg
Charles V ne peut qu'accepter la réconciliation avec Charles de Navarre libéré.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f432.table Bibliothèque Nationale de France]et Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p.278-279</ref>.Le retours de Charles de Navarre est méticuleusement organisé : il est libéré le 9 Novembre, il est reçu avec le protocole du au roi dans les villes qu’il traverse, accueilli par les notables et la foule réunie par les états. Le même cérémonial se reproduit à chaque ville depuis Amiens jusqu’à Paris : Il entre avec une magnifique escorte, est reçu par le clergé et les bourgeois en procession, puis il harangue la foule toute acquise, expliquant qu’il a été injustement spolié et incarcéré par Jean le bon alors qu’il est de droite lignée royale. Mis devant le fait accompli le dauphin ne peut refuser la demande d’Étienne Marcel et de Robert le Coq et signe des lettres de rémissions pour le Navarrais qui effectue tranquillement son triomphal retour. Il rentre à Paris le 29 novembre et harangue Modèle:Formatnum:10000 personnes rassemblées par Étienne Marcel (ce qui est considérable pour l’époque)<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p.280-281</ref>. Le 30 Novembre il harangue Modèle:Formatnum:10000 parisiens réunis par Étienne Marcel au pré aux clercs. Le 3 décembre Étienne Marcel s’invite avec un fort parti bourgeois au conseil qui doit décider de la réhabilitation de Charles de Navarre, sous prétexte d’annoncer que les états réunis aux cordeliers ont consenti à lever l’impôt demandé par le dauphin et qu’il ne reste que l’accord de la noblesse à obtenir (qui se réunie séparément des autres états). Au vu de cette démonstration de force, le dauphin ne peut faire autrement que de se réconcilier avec Charles de Navarre et lui restituer ses possessions normandes<ref>Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 258</ref>. Ce dernier élève des prétentions sur plusieurs provinces (dont la Champagne dont il a été dépossédé par Jean le Bon). Le dauphin ne peut encore faire que d’acquiescer et de réhabiliter Charles le Mauvais<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p.282</ref>, mais pis encore les états doivent trancher la question dynastique le 14 Janvier 1358. La couronne des Valois est menacée. Charles Mauvais exploite le mois d’attente pour faire campagne.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f432.table Bibliothèque Nationale de France]et Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p.278-279</ref>.Le retours de Charles de Navarre est méticuleusement organisé : il est libéré le 9 Novembre, il est reçu avec le protocole du au roi dans les villes qu’il traverse, accueilli par les notables et la foule réunie par les états. Le même cérémonial se reproduit à chaque ville depuis Amiens jusqu’à Paris : Il entre avec une magnifique escorte, est reçu par le clergé et les bourgeois en procession, puis il harangue la foule toute acquise, expliquant qu’il a été injustement spolié et incarcéré par Jean le bon alors qu’il est de droite lignée royale. Mis devant le fait accompli le dauphin ne peut refuser la demande d’Étienne Marcel et de Robert le Coq et signe des lettres de rémissions pour le Navarrais qui effectue tranquillement son triomphal retour. Il rentre à Paris le 29 novembre et harangue Modèle:Formatnum:10000 personnes rassemblées par Étienne Marcel (ce qui est considérable pour l’époque)<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p.280-281</ref>. Le 30 Novembre il harangue Modèle:Formatnum:10000 parisiens réunis par Étienne Marcel au pré aux clercs. Le 3 décembre Étienne Marcel s’invite avec un fort parti bourgeois au conseil qui doit décider de la réhabilitation de Charles de Navarre, sous prétexte d’annoncer que les états réunis aux cordeliers ont consenti à lever l’impôt demandé par le dauphin et qu’il ne reste que l’accord de la noblesse à obtenir (qui se réunie séparément des autres états). Au vu de cette démonstration de force, le dauphin ne peut faire autrement que de se réconcilier avec Charles de Navarre et lui restituer ses possessions normandes<ref>Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 258</ref>. Ce dernier élève des prétentions sur plusieurs provinces (dont la Champagne dont il a été dépossédé par Jean le Bon). Le dauphin ne peut encore faire que d’acquiescer et de réhabiliter Charles le Mauvais<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p.282</ref>, mais pis encore les états doivent trancher la question dynastique le 14 Janvier 1358. La couronne des Valois est menacée. Charles Mauvais exploite le mois d’attente pour faire campagne.

Craignant que le Navarrais puisse s'emparer du pouvoir, Jean le Bon doit reprendre les choses en main et négocie sa libération: il accepte le premier traité de Londres qui prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine et une rançon de 4 millions d’écus sans renonciation à la couronne de France<ref>Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 240</ref>. De même Jean II, depuis sa prison de Londres, interdit l'application de la grande ordonnance, ce qui provoque un conflit ouvert entre Étienne Marcel et le dauphin.

Image:Assassinat marechaux.jpg
Meurtre des maréchaux. En arrière plan, Étienne Marcel tend un chaperon rouge et bleu au dauphin.

Le 13 janvier 1358, les états généraux sont de nouveau convoqués par le conseil de tutelle (qui est après épuration est contrôlé par des proches d'Étienne Marcel)<ref>Raymond Cazelles,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 185</ref>. Devant l’opposition du dauphin, Étienne Marcel décide d’imposer sa réforme par la force et rallie les commerçants parisiens à sa cause. Il crée une milice sous prétexte de défense contre les éventuelles attaques des Anglais, alors repliés à Bordeaux et renforce les fortifications de Paris.
www.paris-pittoresque.com/histoire/14-2b.htm Le Paris pittoresque].</ref>. Puis c’est la chasse à l’homme au cours de laquelle l’avocat général, Renaud d’Acy, qui s’était réfugié dans une pâtisserie, est égorgé férocement.
//www.paris-pittoresque.com/histoire/14-2b.htm Le Paris pittoresque].</ref>. Puis c’est la chasse à l’homme au cours de laquelle l’avocat général, Renaud d’Acy, qui s’était réfugié dans une pâtisserie, est égorgé férocement.
Il force ensuite le dauphin à ratifier le meurtre de ses conseillers. Le dauphin ne peut qu’accepter un nouveau changement institutionnel : son conseil est épuré : 4 Bourgeois y rentrent, le gouvernement et les finances sont aux mains des états<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p. 302</ref>, Charles le Mauvais reçoit un commandement militaire et de quoi financer une armée de Modèle:Formatnum:1000 hommes, le dauphin lui obtient de devenir régent du royaume ce qui permet de ne plus tenir compte des décisions du roi tant qu’il est en captivité (et en particulier des traités de paix inacceptables) <ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p. 304</ref>.

Préférant s’éloigner de la fureur parisienne, le Dauphin Charles quitte la capitale pour Compiègne: La noblesse qui s'y réuni séparément des deux autres états, pour ratifier la nouvelle ordonnance, à l’abri de toute agitation. Champenois et Bourguignons sont choqués par l'assassinat des maréchaux et rallient le camp du Dauphin. Ce dernier fait solennellement condamner Étienne Marcel par les députés. Fort de ce soutien il s’empare des forteresses de Montereau et de Meaux. L’accès est de Paris est bloqué<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994,p. 310</ref>. Au sud et à l’ouest les compagnies écument le pays et il est crucial pour Étienne Marcel de préserver les communications avec les villes des Flandres: il faut dégager la route du Nord.

À la fin du mois de mai 1358 se déclenche la Grande Jacquerie : des paysans (principalement de petits propriétaires fonciers), excédés par le renforcement de la rente seigneuriale alors que le prix du blé baisse, se révoltent contre la noblesse. Cette dernière, déjà discréditée par les défaites de Crécy et de Poitiers, n’est plus en mesure de protéger les petites gens. Ce mouvement décrit par les chroniqueurs de l'époque comme extrêmement violent (cette violence a probablement été exagérée) est principalement dirigé contre les nobles qui, s’ils ne sont pas massacrés, voient leurs châteaux pillés et brûlés. Modèle:Formatnum:5000 hommes se regroupent rapidement autour d’un chef charismatique : Guillaume Carl, il reçoit très rapidement des renforts de la part d’Étienne Marcel, dont l’objectif est de libérer Paris de l’encerclement que le dauphin est en train de réaliser en privilégiant l’accès nord qui permet de communiquer avec les puissantes villes des Flandres <ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 320-323</ref>. Le 9 Juin Les hommes du Prévost de Paris et une partie des jacques conduisent un assaut sur le marché de Meaux où est le régent et sa famille pour s’assurer de sa personne<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 324</ref>. C’est un échec : alors que les jacques se ruent à l’assaut de la forteresse sur le pont qui permet d’y accéder les portes s’ouvrent et ils sont balayés par une charge de cavalerie<ref>Françoise Autrand, Charles V, Fayard 1994, p. 325</ref>. Mais le gros des forces de Guillaume Carl vont en découdre à Mello le 10 Juin. Pressé par la noblesse, dont il est le leader et particulièrement par les Picquigny auxquels il doit la liberté et dont le frère vient d’être massacré par les jacques, Charles le Mauvais prend la tête de la répression. Il engage des mercenaires anglais, rallie la noblesse, s’empare de Guillaume Carl venu négocier et charge les jacques décapités<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 291</ref>. C’est un massacre : la jacquerie se termine dans un bain de sang dont Charles le Mauvais porte la responsabilité et ou le dauphin a su garder les mains propres. Le Navarrais fort de son succès contre les Jacques rallie Étienne Marcel espèrant que la noblesse qu'il vient de mener à la victoire contre les jacques le suive, mais on l'a vu à Compiègne, la noblesse n'a pas pardonné l'assassinat des maréchaux et se place sous la bannière du dauphin. Les troupes du Dauphin sont rejointes par les compagnies qui rêvent de participer au pillage de Paris. Charles de Navarre attend des renforts Anglais pour compenser ses pertes, les Parisiens loyalistes y voient une trahison et se rebellent à leur tour. Le 31 juillet 1358, Étienne Marcel est exécuté alors qu'il cherchait à faire rentrer des mercenaires anglais dans Paris et le dauphin reprend les rênes du pouvoir.

Cependant, le roi Jean II qui cherche à présent à revenir au plus vite pour reprendre le contrôle de la situation, les Anglais peuvent négocier au plus cher sa libération (l’endenture) : ils exigent toutes les terres leur ayant appartenu, soit plus de la moitié du royaume. Accéder à ces revendications affaiblirait encore le pouvoir royal et pourrait relancer la guerre civile, offrant à Édouard III la France (il revendique la couronne étant petit fils de Philippe le Bel).

Le traité de Brétigny

Le dauphin Charles fait appel aux États Généraux qui refusent de signer ce traité humiliant et catastrophique<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, page 293</ref>. Ce faisant, il se dédouane ainsi que son père et ressoude le pays contre les Anglais. Édouard III décide alors de passer à nouveau à l’action.

Débarquant à Calais le 28 octobre 1359, il chevauche en direction de Reims, la ville du sacre (un sacre y aurait des conséquences catastrophiques pour les Valois puisqu’il tient la vie de Jean le Bon entre ses mains).‎ gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271/f239.table Bibliothèque Nationale de france]</ref><ref name="brte coulet">Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 405</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k389271/f239.table Bibliothèque Nationale de france]</ref><ref name="brte coulet">Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 405</ref>.

Édouard est furieux, il cherche à provoquer une grande bataille avec les Français. Ceux-ci sont invisibles, mais les retardataires et les éclaireurs anglais tombent fréquemment dans des embuscades où ils sont massacrés. Finalement, Édouard arrive devant Paris, où le dauphin s’est enfermé avec la population d’Île-de-France. Malgré les provocations, le dauphin interdit à ses chevaliers de livrer bataille. Il ne veut pas renouveler la défaite de Poitiers.

www.maisonstclaire.org/resources/chronicles/london/rex_edwardius_tertius/cl_1360.html British Museum]</ref>. Dans la Beauce, le reste de son armée est pris dans un violent orage qui la disloque. Cet évènement est perçu comme miraculeux<ref name="brte coulet"/> et l’expression d’une volonté divine et renforce la légitimité des Valois très affaiblie par leurs échecs militaires de Crécy et Poitiers. La chevauchée de 1359 se solde par un échec retentissant et ses conséquences psychologiques sur Édouard III sont cruciales : il prend conscience que la différence démographique et les aspirations nationales naissantes ne lui permettent pas de contrôler un territoire aussi vaste : il ne pourra jamais être roi de France<ref>Comment le duc de Normandie et son conseil envoyèrent légats pour traiter de la paix entre le roi de France et le roi d’Angleterre; et comment la paix fut faite.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 131 pages 429-433 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Cependant la capture de Jean le Bon lui donne du pouvoir de négociation.//www.maisonstclaire.org/resources/chronicles/london/rex_edwardius_tertius/cl_1360.html British Museum]</ref>. Dans la Beauce, le reste de son armée est pris dans un violent orage qui la disloque. Cet évènement est perçu comme miraculeux<ref name="brte coulet"/> et l’expression d’une volonté divine et renforce la légitimité des Valois très affaiblie par leurs échecs militaires de Crécy et Poitiers. La chevauchée de 1359 se solde par un échec retentissant et ses conséquences psychologiques sur Édouard III sont cruciales : il prend conscience que la différence démographique et les aspirations nationales naissantes ne lui permettent pas de contrôler un territoire aussi vaste : il ne pourra jamais être roi de France<ref>Comment le duc de Normandie et son conseil envoyèrent légats pour traiter de la paix entre le roi de France et le roi d’Angleterre; et comment la paix fut faite.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 131 pages 429-433 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Cependant la capture de Jean le Bon lui donne du pouvoir de négociation.

Image:Traité de Bretigny.svg
1365: La France après les traités de Brétigny et de Guérande. Modèle:Légende Modèle:Légende Modèle:Légende

Le traité de Brétigny-Calais conclut finalement le conflit :

  • Rançon de trois millions de livres pour la libération de Jean II le Bon (équivalent à la totalité des recettes du roi pendant deux ans)

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f514.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f514.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f564.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Cette bataille débouche sur le traité de Guérande qui reconnaît Jean IV comme duc de Bretagne, les Anglais gardent le contrôle de Brest et de sa région<ref>Comment le roi de France envoya messages pour traiter de la paix entre le comte de Montfort et le pays de Bretagne; et comment il en demeura duc.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 200 pages 500-501 Bibliothèque Nationale de France</ref>.//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f564.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Cette bataille débouche sur le traité de Guérande qui reconnaît Jean IV comme duc de Bretagne, les Anglais gardent le contrôle de Brest et de sa région<ref>Comment le roi de France envoya messages pour traiter de la paix entre le comte de Montfort et le pays de Bretagne; et comment il en demeura duc.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 200 pages 500-501 Bibliothèque Nationale de France</ref>.

Au total, les Anglais sont maîtres d’un bon tiers du royaume de France, et le duché de Bretagne est contrôlé par un de leurs alliés (Jean IV épouse une sœur puis une belle-fille du Prince Noir). Mais Charles V est un bon tacticien : la paix obtenue permet de redonner au futur roi (son père Jean le Bon meurt le 8 avril 1364) les capacités de reconquérir les territoires cédés.


La reconquête de Charles V le Sage : de 1364 à 1380

Image:Franc à cheval.jpg
le Franc à cheval représente le roi Jean le Bon qui a gardé une image de roi à l'esprit chevaleresque dans la population. Le franc vaut une livre tournois, sa création restaure l'autorité royale en mettant fin aux mutations monétaires.
Image:Duguesclin Cocherel.jpg
Bertrand du Guesclin à la Bataille de Cocherel

www.herodote.net/histoire05084.htm herodote.net]</ref>. Charles V fait donc traîner en longueur le versement de la rançon (dont moins du tiers est effectivement payé) et le transfert des territoires cédés<ref>Comment le roi de France fit lire et examiner les chartes des traités faits entre lui et le roi d’Angleterre.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 256 pages 555-556 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Pour restaurer l'autorité royale, lui et son père se portent garants de la stabilité monétaire en créant le franc et met ainsi fin aux mutations monétaires tant décriées<ref name="Pécout"/>. En contrepartie, il fait accepter la création d'une fiscalité contrôlée par des officiers royaux pour financer l'effort de guerre et le paiement de la rançon de Jean le Bon<ref name="Pécout"/>. En 1364, ce dernier décède en captivité à Londres (il y est retourné volontairement pour répondre de l'évasion de son fils Louis d'Anjou qui était garant des accords de Brétigny). Charles le Mauvais, évincé en 1363 de la succession du Duché de Bourgogne en faveur de Philippe le Hardi, veut empêcher le sacre de Charles V à Reims<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, page 296</ref>. Bertrand du Guesclin, à la tête de l'armée levée grâce aux impôts votés par les états généraux de 1363, le bat à la bataille de Cocherel, ce qui met fin à la guerre civile, rétablit l'autorité royale au yeux de la population (il montre que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre sont suivis d'effets sur le terrain)<ref name="Pécout">Thierry Pécout, Charles V donne naissance au franc,Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé, page 35</ref> et permet le sacre de Charles V. Ce dernier lui donne ensuite pour mission, d’entraîner les Grandes compagnies (regroupement de mercenaires démobilisés qui ravagent les provinces françaises) défendre en Espagne les droits de Henri de Trastamare qui dispute à Pierre le Cruel le trône de Castille. En pacifiant le royaume et en diminuant les impôts les plus lourds, il redonne de la popularité à la couronne, restaure le pouvoir royal et récupère à son profit le sentiment national naissant<ref>Comment la guerre commença entre le roi Dam Piètre et son frère Henry le Bastard; et comment le roi de France envoya messire Bertran du Guesclin atout les Compagnies avec le dit Henry contre Dam Piètre. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 203 pages 503-505 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Édouard III, lui, impose en 1361 l’anglais comme langue nationale (jusqu’à cette date la langue officielle à la cour anglaise était le français) ; cette mesure renforce en retour l’anglophobie dans les territoires conquis<ref>Plus exactement il s’agit de saxon imprégné de mots normands : Cristian-Ioan Panzaru,Le crépuscule du Moyen Âge, unibuc.ro</ref>.//www.herodote.net/histoire05084.htm herodote.net]</ref>. Charles V fait donc traîner en longueur le versement de la rançon (dont moins du tiers est effectivement payé) et le transfert des territoires cédés<ref>Comment le roi de France fit lire et examiner les chartes des traités faits entre lui et le roi d’Angleterre.Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 256 pages 555-556 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Pour restaurer l'autorité royale, lui et son père se portent garants de la stabilité monétaire en créant le franc et met ainsi fin aux mutations monétaires tant décriées<ref name="Pécout"/>. En contrepartie, il fait accepter la création d'une fiscalité contrôlée par des officiers royaux pour financer l'effort de guerre et le paiement de la rançon de Jean le Bon<ref name="Pécout"/>. En 1364, ce dernier décède en captivité à Londres (il y est retourné volontairement pour répondre de l'évasion de son fils Louis d'Anjou qui était garant des accords de Brétigny). Charles le Mauvais, évincé en 1363 de la succession du Duché de Bourgogne en faveur de Philippe le Hardi, veut empêcher le sacre de Charles V à Reims<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, page 296</ref>. Bertrand du Guesclin, à la tête de l'armée levée grâce aux impôts votés par les états généraux de 1363, le bat à la bataille de Cocherel, ce qui met fin à la guerre civile, rétablit l'autorité royale au yeux de la population (il montre que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre sont suivis d'effets sur le terrain)<ref name="Pécout">Thierry Pécout, Charles V donne naissance au franc,Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé, page 35</ref> et permet le sacre de Charles V. Ce dernier lui donne ensuite pour mission, d’entraîner les Grandes compagnies (regroupement de mercenaires démobilisés qui ravagent les provinces françaises) défendre en Espagne les droits de Henri de Trastamare qui dispute à Pierre le Cruel le trône de Castille. En pacifiant le royaume et en diminuant les impôts les plus lourds, il redonne de la popularité à la couronne, restaure le pouvoir royal et récupère à son profit le sentiment national naissant<ref>Comment la guerre commença entre le roi Dam Piètre et son frère Henry le Bastard; et comment le roi de France envoya messire Bertran du Guesclin atout les Compagnies avec le dit Henry contre Dam Piètre. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 203 pages 503-505 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Édouard III, lui, impose en 1361 l’anglais comme langue nationale (jusqu’à cette date la langue officielle à la cour anglaise était le français) ; cette mesure renforce en retour l’anglophobie dans les territoires conquis<ref>Plus exactement il s’agit de saxon imprégné de mots normands : Cristian-Ioan Panzaru,Le crépuscule du Moyen Âge, unibuc.ro</ref>.

Charles V, brillant stratège et diplomate de haut niveau, étend le conflit aux pays avoisinants. Une grande partie de l’Europe s’engage directement dans le conflit : Pierre le Cruel, en grande difficulté, doit appeler à son secours deux vaillants capitaines anglais, John Chandos et le prince Noir (son beau frère). Les troupes anglaises sont alors occupées en Castille jusqu’en 1369. Quant au Saint-Empire, à l’Est, Charles V a réussi à transformer une hostilité larvée en neutralité plus que bienveillante<ref>Charles V, 1338-1380 : classes.bnf.fr/dossitsm/b-charlv.htm Bibliothèque nationale de France]</ref> : il est très proche de son oncle maternel l’empereur germanique Charles IV<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 146</ref> auquel il rend hommage pour le Dauphiné en 1357<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 158</ref>. Cette amitié permet en 1363, à Jean le Bon revenu de captivité de confier en apanage à Philippe le Hardi (qui est lui aussi neveu de l'empereur) le duché de Bourgogne, vacant depuis la mort de Philippe de Rouvre en 1361, et d'évincer Charles le Mauvais<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, pages 295-296</ref>. Pour s'assurer du soutien des Flandres, Charles V parvient à empêcher le mariage de Marguerite de Flandre avec Aymon de Cambridge, le fils d'Édouard III, grâce au soutien du pape Urbain V. Il réussi à marier l'héritière des comtés de Flandre, Rethel et Nevers à son frère Philippe le Hardi<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, pages 299</ref>. Charles V entre également en pourparlers avec le roi d’Écosse David Bruce et le roi du Danemark, qui ont tous deux de bonnes raisons d’en découdre avec l’Angleterre. Le roi sage s’assure également de l’amitié de Owen de Galles, prétendant au trône du Pays de Galles.//classes.bnf.fr/dossitsm/b-charlv.htm Bibliothèque nationale de France]</ref> : il est très proche de son oncle maternel l’empereur germanique Charles IV<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 146</ref> auquel il rend hommage pour le Dauphiné en 1357<ref>Raymond Cazette,Étienne Marcel, Taillandier 2006, p. 158</ref>. Cette amitié permet en 1363, à Jean le Bon revenu de captivité de confier en apanage à Philippe le Hardi (qui est lui aussi neveu de l'empereur) le duché de Bourgogne, vacant depuis la mort de Philippe de Rouvre en 1361, et d'évincer Charles le Mauvais<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, pages 295-296</ref>. Pour s'assurer du soutien des Flandres, Charles V parvient à empêcher le mariage de Marguerite de Flandre avec Aymon de Cambridge, le fils d'Édouard III, grâce au soutien du pape Urbain V. Il réussi à marier l'héritière des comtés de Flandre, Rethel et Nevers à son frère Philippe le Hardi<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, pages 299</ref>. Charles V entre également en pourparlers avec le roi d’Écosse David Bruce et le roi du Danemark, qui ont tous deux de bonnes raisons d’en découdre avec l’Angleterre. Le roi sage s’assure également de l’amitié de Owen de Galles, prétendant au trône du Pays de Galles.

Image:Roy Charles V.jpg
Charles V le Sage

En 1368, le roi de France se sent assez fort pour défier Édouard III. Il accepte de recevoir l’appel du comte d’Armagnac, en conflit financier avec le Prince Noir (sa plainte ayant été d'abord été déboutée par Édouard III<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 412</ref>) qui accable d’impôts ses sujets d’Aquitaine afin de financer ses campagnes espagnoles <ref>Natalie Fryde, l'Histoire HS n°16 juillet 2002 pp28-33</ref>; la Guyenne sert encore une fois de prétexte au conflit. Le traité de Brétigny donne la pleine souveraineté de la Guyenne aux Anglais. Mais la double renonciation prévue — Édouard renonçant à la couronne de France, Jean le Bon à la Guyenne — n’a pas eu lieu, et le transfert des terres traîne en longueur. Donc légalement, Edouard III n'était pas fondé à juger un différent fiscal sur des terres qui ne lui avaient pas encore été cédées et Charles V peut procéder à la confiscation de celles-ci. Le roi d’Angleterre se proclame de nouveau roi de France le 3 juin 1368, Charles V prononce la confiscation de l’Aquitaine le 30 novembre 1368<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 413</ref>. La guerre reprend, mais Charles V, en excellent juriste, a su mettre le droit de son côté.

Froissart, dans ses chroniques, rapporte ces mots révélateurs :

« Lors les barons anglais dirent à Édouard que le roi de France était un sage et excellent prince, et de bon conseil. Le duc de Lancastre, fils du roi Édouard, s'empourpra et lança avec mépris :
— Comment ? Ce n'est qu'un avocat !
Lorsque le roi Charles le Cinquième apprit ces paroles, il rit, et déclara d'une voix joyeuse :
— Soit ! Si je suis un avocat, je leur bâtirai un procès dont ils regretteront la sentence ! »

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Privées de soutien logistique, les places fortes cédées par le traité de Brétigny tombent les unes après les autres : Poitiers en 1372 et Bergerac en 1377. les Anglais s’en tiennent aux chevauchées, très populaires auprès de leur Parlement parce qu’elles ne coûtent rien, mais désastreuses pour l’image de l’Angleterre dans les territoires pillés : elles ne font qu’attiser la haine des Anglais et renforcent chaque jour la fidélité envers le roi Charles V. Le clivage des deux nations naissantes se creuse toujours plus<ref>Comment les Compagnies gâtoient et exiloient le royaume de France, et comment moult de gens en murmuroient contre le roi d’Angleterre et le prince de Galles son fils. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 202 pages 502-503 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Le roi de France prend soin d'entretenir le patriotisme des régions libérées par l'octroi de nombreux privilèges. Il use en particulier de l'anoblissement<ref>Jacques Bainville, Histoire de France, Paris : Arthème Fayard, Éditeur, 1924, Collection : le livre de poche, p.57</ref>//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Privées de soutien logistique, les places fortes cédées par le traité de Brétigny tombent les unes après les autres : Poitiers en 1372 et Bergerac en 1377. les Anglais s’en tiennent aux chevauchées, très populaires auprès de leur Parlement parce qu’elles ne coûtent rien, mais désastreuses pour l’image de l’Angleterre dans les territoires pillés : elles ne font qu’attiser la haine des Anglais et renforcent chaque jour la fidélité envers le roi Charles V. Le clivage des deux nations naissantes se creuse toujours plus<ref>Comment les Compagnies gâtoient et exiloient le royaume de France, et comment moult de gens en murmuroient contre le roi d’Angleterre et le prince de Galles son fils. Chroniques de Jean Froissart, Livre I, partie II, chapitre 202 pages 502-503 Bibliothèque Nationale de France</ref>. Le roi de France prend soin d'entretenir le patriotisme des régions libérées par l'octroi de nombreux privilèges. Il use en particulier de l'anoblissement<ref>Jacques Bainville, Histoire de France, Paris : Arthème Fayard, Éditeur, 1924, Collection : le livre de poche, p.57</ref> , la noblesse française ayant été décimée par la peste, Crécy et Poitiers<ref name="Jacques Dupaquier367"/>. De même la reconquète se fait grandement par le retournement des villes d'Aquitaine souvent monnayé contre des promesses de fiscalité plus légère<ref>Jean Favier, La guerre de cent ans, Fayard 1980, p. 327-328</ref>.

Mot d’ordre des opérations pour le roi de France : « Mieux vaut pays pillé que terre perdue ». Charles laisse donc le royaume à la merci des pillages anglais, qui provoquent dans la population d’immenses souffrances. À chaque chevauchée, le roi ordonne aux campagnards de se réfugier dans les villes avec toutes leurs réserves, pratiquant la tactique de la terre déserte. Plus les Anglais avancent dans les terres, plus leur ravitaillement est difficile ; harcelés par des Français qui leur tendent de nombreuses embuscades, leurs effectifs sont vite réduits à néant et de nombreux chefs britanniques glorieux sont obligés de se replier afin d’éviter le désastre (Jean de Lancastre, le Prince Noir, Robert Knolles et Édouard III lui-même sont victimes de cette stratégie de Charles V)<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 413</ref>.

gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Les négociations menées après la signature de la trêve de Bruges, entre 1375 et 1377, n’aboutissent à rien. Les Anglais continuent à lancer des chevauchées épisodiques, auxquelles répondent des raids sur les côtes britanniques qui font craindre une invasion française (Charles V demande à Jean de Vienne de la préparer)<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 415</ref>. Les Anglais ne pouvant plus soutenir Jean IV de Bretagne, Charles V confisque le duché en 1378. Bien que fortement soutenu par ses barons et le nationalisme breton, qui lui permettent de se maintenir, Jean IV doit se rapprocher progressivement des Français (il rachète Brest aux Anglais en 1397 et devient vassal du roi de France en 1391 en vertu du deuxième traité de Guérande).//gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k297594/f505.table Bibliothèque Nationale de France]</ref>. Les négociations menées après la signature de la trêve de Bruges, entre 1375 et 1377, n’aboutissent à rien. Les Anglais continuent à lancer des chevauchées épisodiques, auxquelles répondent des raids sur les côtes britanniques qui font craindre une invasion française (Charles V demande à Jean de Vienne de la préparer)<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 415</ref>. Les Anglais ne pouvant plus soutenir Jean IV de Bretagne, Charles V confisque le duché en 1378. Bien que fortement soutenu par ses barons et le nationalisme breton, qui lui permettent de se maintenir, Jean IV doit se rapprocher progressivement des Français (il rachète Brest aux Anglais en 1397 et devient vassal du roi de France en 1391 en vertu du deuxième traité de Guérande).

En 1378, la visite de courtoisie de l’empereur germanique Charles IV à Paris consacre la victoire de Charles le Sage.

La première phase de la Guerre de Cent Ans se termine par la victoire de l’habile Charles V de France, aidé par des militaires expérimentés comme Bertrand du Guesclin, sur un Édouard III vieillissant et trop sûr de lui.

Régents et guerre civile : 1380-1429

Mort de Charles V le Sage et débuts de Charles VI : 1380-1392

Charles le Sage, qui a toujours eu une mauvaise santé, veut préparer sa fin. Aussi, en 1374 il fixe la majorité des rois de France à 14 ans, et ordonne l’amélioration de tous les châteaux et forteresses de France, rendus vulnérables par l’apparition de l’artillerie<ref> Il fait, par exemple, ceinturer Paris par un fossé et un talus en remblais surmonté d’une palissade. Le talus permet éd les boulets et la palissade sert à empêcher l’ennemis d’utiliser le talus comme abris</ref> aussi bien aux frontières que dans les régions exposées aux débarquements anglais (Normandie, notamment), ce qui matérialise un peu plus le territoire national. À la fin de son règne la paix est revenue, mais la pression fiscale au départ provisoire et justifié par l'état de guerre est restée lourde et villes et campagnes recommencent à gronder.

Image:FilipsDestoute.jpg
Philippe II de Bourgogne dit le Hardi

www.gutenberg.org/files/11953/11953-h/11953-h.htm#2HCH2 The Project Gutenberg EBook]</ref> . Cette période est calme d’un point de vue militaire car le royaume d’Angleterre est en proie à une guerre civile. Une révolte des paysans est déclenchée par la crise économique qui sévit alors en Angleterre suite à l’interruption des commerces du sel, des vins et de la laine, les hausses d’impôts nécessaire à l’entretien de l’armée et le discrédit qui frappe la noblesse du fait de ses défaites à répétition en France. L’insurrection est coordonnée par des prédicateurs lollards dont les idées égalitaires séduisent. Elle prend le contrôle de Londres avant d’être matée par Richard II<ref>(en) Conflagration: The Peasants’ Revolt, Melissa Snell historymedren.about.com</ref>.
//www.gutenberg.org/files/11953/11953-h/11953-h.htm#2HCH2 The Project Gutenberg EBook]</ref> . Cette période est calme d’un point de vue militaire car le royaume d’Angleterre est en proie à une guerre civile. Une révolte des paysans est déclenchée par la crise économique qui sévit alors en Angleterre suite à l’interruption des commerces du sel, des vins et de la laine, les hausses d’impôts nécessaire à l’entretien de l’armée et le discrédit qui frappe la noblesse du fait de ses défaites à répétition en France. L’insurrection est coordonnée par des prédicateurs lollards dont les idées égalitaires séduisent. Elle prend le contrôle de Londres avant d’être matée par Richard II<ref>(en) Conflagration: The Peasants’ Revolt, Melissa Snell historymedren.about.com</ref>.

users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_029.htm]</ref>. Le sombre épisode du bal des ardents, quelques mois plus tard, achève de le déstabiliser psychologiquement<ref>Chroniques de Jean Froissart, L'aventure d'une danse faite en semblance de hommes sauvages, là où le roi fut en péril, livre 4, chapitre 32 [15]</ref>.//users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_029.htm]</ref>. Le sombre épisode du bal des ardents, quelques mois plus tard, achève de le déstabiliser psychologiquement<ref>Chroniques de Jean Froissart, L'aventure d'une danse faite en semblance de hommes sauvages, là où le roi fut en péril, livre 4, chapitre 32 [16]</ref>.

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Bal des ardents.

www.herodote.net/histoire08050.htm herodote.net]</ref>.//www.herodote.net/histoire08050.htm herodote.net]</ref>.

users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_030.htm]</ref>. La reine étant piètre politique[réf. nécessaire], le Duc de Bourgogne Philippe le Hardi exerce le pouvoir de fait. Mais, il lui faut de plus en plus compter avec Louis d’Orléans, le frère cadet du roi, qui s’emploie à contrer l’influence du Duché de Bourgogne à la Cour de France[réf. nécessaire].//users.skynet.be/antoine.mechelynck/chroniq/froiss/F4_030.htm]</ref>. La reine étant piètre politique[réf. nécessaire], le Duc de Bourgogne Philippe le Hardi exerce le pouvoir de fait. Mais, il lui faut de plus en plus compter avec Louis d’Orléans, le frère cadet du roi, qui s’emploie à contrer l’influence du Duché de Bourgogne à la Cour de France[réf. nécessaire].

Armagnacs et Bourguignons : de 1392 à 1429

La reprise du conflit trouve ses origines dans différents facteurs. En premier lieu, France comme Angleterre connaissent des luttes pour le pouvoir. En Angleterre, c’est avant tout les revers contre la France qui entraînent un changement dynastique[réf. nécessaire] : après un long conflit, Henri IV de Lancastre s’impose comme roi. En France, la folie de Charles VI entraîne la mise en place d’un conseil de régence présidé par la reine. Le pouvoir réel est partagé par les grands du royaume (Louis d’Orléans, chef de file des Armagnacs<ref>Avant l’assassinat de Louis d’Orléans en 1405 le parti d’Armagnac se nomme le parti d’Orléans, mais pour faciliter la lecture nous avons volontairement ignoré cette nuance</ref> et Jean sans Peur duc de Bourgogne, le duc de Berry étant plutôt un médiateur entre les deux premiers).

www.herodote.net/histoire11230.htm herodote.net]</ref> (et le père réel du Dauphin). Cette lutte de pouvoir entre Armagnacs et Bourguignons rapproche progressivement ces derniers des Anglais, d’autant qu’en 1407 Jean sans Peur fait assassiner le Duc d’Orléans (voir Assassinat de Louis d’Orléans). Le pays sombre dans la guerre civile<ref name="Dignat"/>. D’un point de vue religieux le grand schisme oppose le pape de Rome (soutenu par les Anglais et les Bourguignons) à celui d’Avignon (soutenu par les Armagnacs)<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 327</ref>.//www.herodote.net/histoire11230.htm herodote.net]</ref> (et le père réel du Dauphin). Cette lutte de pouvoir entre Armagnacs et Bourguignons rapproche progressivement ces derniers des Anglais, d’autant qu’en 1407 Jean sans Peur fait assassiner le Duc d’Orléans (voir Assassinat de Louis d’Orléans). Le pays sombre dans la guerre civile<ref name="Dignat"/>. D’un point de vue religieux le grand schisme oppose le pape de Rome (soutenu par les Anglais et les Bourguignons) à celui d’Avignon (soutenu par les Armagnacs)<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 327</ref>.

Image:Cabochiens.jpg
Révolte des cabochiens

En fait ce sont deux systèmes économiques, sociaux et religieux qui se font face. La France, pays avec une agriculture florissante et un système féodal et religieux puissant d’une part ; l’Angleterre d’autre part, pays d’élevage qui vend sa laine aux drapiers des Flandres. C’est un pays où l’artisanat et la bourgeoisie des villes prennent de l’importance. Les Armagnacs défendent le modèle français, Jean sans Peur pour prendre le contrôle de Paris, milite pour modèle anglais (d’autant que les Flandres appartiennent au duché de Bourgogne) promettant baisses d'impôts et contrôle de la monarchie par les états généraux et est soutenu par les artisans et les universitaires parisiens<ref name="Coulet419">Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 418-419</ref>. Il se rends ainsi maitre de Paris et donc du roi en 1413<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 329</ref>. Ses alliés les cabochiens (du nom de leur leader le boucher Simon Caboche) font régner la terreur. Le 27 Mai 1418, l' ordonnance Cabochienne est rédigée et promulguée dans l'esprit de la grande ordonnance de 1357. Mais leurs exactions ont fini par lasser les Parisiens qui appellent les Armagnacs à la rescousse<ref name="Coulet419"/>. Jean sans Peur doit fuir et se rapproche des Anglais<ref name="Coulet419"/>.

Henri V, fils d’Henri IV, comprend la nécessité d’unir sa noblesse contre un ennemi commun et d’attaquer la France. Il revendique l'héritage de Guillaume le Conquérant et des Plantagenêts: la Normandie et l'Aquitaine, soit la moitié de la France<ref name="Coulet419"/>. On lui propose l'Aquitaine et la main de Catherine, fille du roi richement dotée, mais on lui refuse la Normandie<ref name="Coulet419"/>. En 1415, il se proclame roi de France (malgré ses droits plus que contestables car c’est un Lancastre) et débarque à Chef de Caux, près de la future ville du Havre avec Modèle:Formatnum:13000 hommes<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 330</ref>. Il ne vient pas mener une énième chevauchée en Normandie mais compte s’emparer de la région. Il commence par prendre la ville d’Harfleur puis en expulse les habitants et les remplace par des colons anglais[réf. nécessaire]. La dysenterie qui frappe son armée oblige le roi d’Angleterre à reporter ses rêves de conquête. Il décide de regagner l’Angleterre via Calais.
Image:Agincour.JPG
Bataille d’Azincourt

Face à ce danger, Armagnacs et Bourguignons, les deux partis qui se disputent le pouvoir en France, font une trêve pour faire face. L’armée française rattrape Henri V en Picardie. Au moment crucial les Armagnacs rechignent à laisser le commandement au Duc de Bourgogne qui retire ses troupes: les Français ne sont que Modèle:Formatnum:20000<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 331</ref>. La chevalerie française paie une nouvelle fois ses insuffisances tactiques et la faiblesse de son commandement : les Anglais taillent en pièce la fleur de la noblesse de France à Azincourt, le 25 octobre 1415<ref>Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, Tallandier 2007 page 136</ref>. Ils peuvent réembarquer sans inquiétude. Cette humiliation des Français aggrave les dissensions au sein du royaume et révèle à Henri V d’Angleterre qu’il peut revenir.

Celui-ci lève des fonds pour conduire une guerre de sièges face aux châteaux fortifiés sous Charles V le Sage. Deux ans après sa victoire à la bataille d’Azincourt, le roi d’Angleterre revient en Normandie avec une armée de Modèle:Formatnum:10000 à Modèle:Formatnum:12000 hommes et une artillerie à feu considérable pour l’époque<ref>Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, p. 137</ref> : il compte bien entreprendre la conquête du duché de Normandie.

Armagnacs et Bourguignons s’opposent alors dans une véritable guerre civile et ne luttent guère contre les Anglais : Paris, et donc le roi, sont contrôlés par le comte d'Armagnac entre 1413 et 1418, Isabeau de Bavière doit fuir et est recueillie par Jean sans Peur. Les Armagnacs multipliant les exactions dans la capitale , les Parisiens ouvrent les portes aux Bourguignons qui ont su mener une politique accommodante de baisse des taxes dans les villes qu'ils contrôlent<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 420-421 et Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 332</ref> fin mai 1418. C'est un nouveau bain de sang: en juin 1418, les Armagnacs sont massacrés et le futur Charles VII que son père a nommé lieutenant du royaume se proclame régent en décembre 1418<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 420-421</ref>, et, prenant la tête du parti Armagnac, établit son gouvernement à Bourges. Henri V a les mains libres : en moins de deux ans, toutes les forteresses normandes, villes ou châteaux, tombent. Rouen, assiégée, est réduite à la famine. La ville accepte finalement d’ouvrir ses portes au roi d’Angleterre le 19 janvier 1419<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p 333</ref>. À cette date, seul le Mont-Saint-Michel tient bon.

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Jean sans Peur, duc de Bourgogne

www.herodote.net/evenements/evenement.php?jour=14190910 herodote.net]</ref>. Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur, s’allie alors ouvertement aux Anglais, et fait signer le traité de Troyes de 1420 à Charles VI, définitivement fou. Le Dauphin est déshérité, Henri V épouse la fille de Charles VI et devient l’héritier du royaume de France. Henri V est régent de France en 1421<ref>(en) F. A. Ogg, A Source Book of Medieval History (New York, 1907), p. 443 Medieval Sourcebook</ref>. Les Armagnacs dénoncent ce traité, arguant du fait que la couronne possède le roi, et non le contraire. La France est partagée en trois influences : le sud (régions au sud de la Loire, moins la Guyenne) fidèle au Dauphin, le nord-ouest tenu par les Anglais, le reste aux Bourguignons.//www.herodote.net/evenements/evenement.php?jour=14190910 herodote.net]</ref>. Philippe le Bon, fils de Jean sans Peur, s’allie alors ouvertement aux Anglais, et fait signer le traité de Troyes de 1420 à Charles VI, définitivement fou. Le Dauphin est déshérité, Henri V épouse la fille de Charles VI et devient l’héritier du royaume de France. Henri V est régent de France en 1421<ref>(en) F. A. Ogg, A Source Book of Medieval History (New York, 1907), p. 443 Medieval Sourcebook</ref>. Les Armagnacs dénoncent ce traité, arguant du fait que la couronne possède le roi, et non le contraire. La France est partagée en trois influences : le sud (régions au sud de la Loire, moins la Guyenne) fidèle au Dauphin, le nord-ouest tenu par les Anglais, le reste aux Bourguignons.

En 1422, Henri V et Charles VI meurent. Charles VI reste alors très populaire<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 335</ref>. Henri VI, fils d’Henri V, se retrouve roi de France et d’Angleterre, mais mineur, d’où une interruption momentanée du conflit. Le Dauphin s’allie avec les Écossais qui lui fournissent des archers ce qui permet un rééquilibrage tactique, d'autant que le Duc de Bourgogne, occupé à accroitre ses possessions vers le Hainaut et la Hollande, s'abstient d'intervenir<ref>Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 336</ref>. Les chevauchées et batailles aux fortunes diverses marquent cette période (Bataille de Bauge, Bataille de Cravant, Bataille de la Brossinière et Bataille de Verneuil), mais elles ne font pas évoluer la situation générale. En 1429, les Anglais reprennent les armes, et mettent le siège devant Orléans. C’est dans ces circonstances qu’intervient Jeanne d’Arc. Le Dauphin Charles est extrêmement affaibli, seul un signe divin pourrait effacer les rumeurs de bâtardise et le légitimer.

Les Anglais boutés hors de France : de 1429 à 1475

Jeanne d’Arc

Il se dit dans le Royaume qu’une pucelle envoyée par Dieu a reconnu miraculeusement le vrai roi à Chinon. Calculateur, le dauphin (futur Charles VII) accepte d’envoyer Jeanne d’Arc à Orléans, qu’elle propose de délivrer comme preuve de sa bonne foi, avec un convoi de ravitaillement. En cas de victoire, il verrait légitimée sa revendication au trône de France (qui peut tout aussi bien être revendiqué par Henri VI en vertu du traité de Troyes), en cas de défaite, personne ne se souviendrait de cette paysanne et sa cause serait de toute manière perdue.

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Jeanne d'Arc.

www.stejeannedarc.net/chroniques/chroniques_index.php stejeannedarc.net]</ref>. Le 19 avril, Jeanne entre dans la ville. Le 4 mai, une des bastilles anglaises (construites pour le siège) est prise. Les jours suivants, une seconde, puis une troisième. Le 8 mai, les Anglais se rangent en ordre de bataille. Jeanne refuse le combat, car il est interdit de se battre un dimanche. Les Anglais lèvent alors le siège <ref>Jeanne d’Arc, Henri Wallon, 5e édition 1876, Livre II Orléans, 3e partie: la délivrance d’Orléans stejeannedarc.net</ref>. Cet évènement fait l’effet d’une véritable bombe en Europe : le contraste est saisissant entre la lenteur du siège et la vitesse à laquelle il est levé dès l’intervention de Jeanne. Les contemporains croient y voir un miracle. Bonne de Visconti, duchesse de Milan, lui écrit pour lui demander de l’aide. La ville de Toulouse fait de même. Du côté français comme du côté anglais, la propagande fait rage, invoquant dans les deux cas le surnaturel, bon ou mauvais.//www.stejeannedarc.net/chroniques/chroniques_index.php stejeannedarc.net]</ref>. Le 19 avril, Jeanne entre dans la ville. Le 4 mai, une des bastilles anglaises (construites pour le siège) est prise. Les jours suivants, une seconde, puis une troisième. Le 8 mai, les Anglais se rangent en ordre de bataille. Jeanne refuse le combat, car il est interdit de se battre un dimanche. Les Anglais lèvent alors le siège <ref>Jeanne d’Arc, Henri Wallon, 5e édition 1876, Livre II Orléans, 3e partie: la délivrance d’Orléans stejeannedarc.net</ref>. Cet évènement fait l’effet d’une véritable bombe en Europe : le contraste est saisissant entre la lenteur du siège et la vitesse à laquelle il est levé dès l’intervention de Jeanne. Les contemporains croient y voir un miracle. Bonne de Visconti, duchesse de Milan, lui écrit pour lui demander de l’aide. La ville de Toulouse fait de même. Du côté français comme du côté anglais, la propagande fait rage, invoquant dans les deux cas le surnaturel, bon ou mauvais.

www.stejeannedarc.net/histoire_wallon/wallon_III-2.php stejeannedarc.net]</ref>. Cela coupe l’herbe sous les pieds à Henri VI qui ne put être sacré qu’à Notre-Dame de Paris en 1431. À partir de ce moment, l’influence de Jeanne dans le conflit est faible : elle n’est plus soutenue par Charles VII<ref name="Girot"/> qui, une fois sacré, souhaite ménager les ecclésiastiques (qui ont été profondément divisés par le grand schisme d’Occident) pour assoir sa couronne. Elle échoue devant Paris en 1429. Elle est envoyée dans le Berry pour neutraliser les Grandes compagnies qui écument le pays durant les trêves. Elle est alors capturée en 1430, à Compiègne, par Jean de Luxembourg. Charles VII l’abandonne<ref name="Girot"/>. Son procès est confié à l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, proche des Bourguignons, mais elle est brûlée par les Anglais à Rouen le 30 Mai 1431. Cette manœuvre permet de ne mettre en cause directement ni les Bourguignons, ni le Pape (l’Inquisition l’avait un temps réclamée), dans ce qui est perçu à l’époque par beaucoup comme le martyre d’une sainte (Jeanne d’Arc ne fut cependant canonisée qu’en 1922 dans un tout autre contexte politique). Le régent Anglais fait couronner en hâte Henri VI à Paris le 16 décembre 1431, mais c'est trop tard: les Anglais sont perçus comme des occupants et les soulèvements se multiplient<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 427</ref>.//www.stejeannedarc.net/histoire_wallon/wallon_III-2.php stejeannedarc.net]</ref>. Cela coupe l’herbe sous les pieds à Henri VI qui ne put être sacré qu’à Notre-Dame de Paris en 1431. À partir de ce moment, l’influence de Jeanne dans le conflit est faible : elle n’est plus soutenue par Charles VII<ref name="Girot"/> qui, une fois sacré, souhaite ménager les ecclésiastiques (qui ont été profondément divisés par le grand schisme d’Occident) pour assoir sa couronne. Elle échoue devant Paris en 1429. Elle est envoyée dans le Berry pour neutraliser les Grandes compagnies qui écument le pays durant les trêves. Elle est alors capturée en 1430, à Compiègne, par Jean de Luxembourg. Charles VII l’abandonne<ref name="Girot"/>. Son procès est confié à l’évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, proche des Bourguignons, mais elle est brûlée par les Anglais à Rouen le 30 Mai 1431. Cette manœuvre permet de ne mettre en cause directement ni les Bourguignons, ni le Pape (l’Inquisition l’avait un temps réclamée), dans ce qui est perçu à l’époque par beaucoup comme le martyre d’une sainte (Jeanne d’Arc ne fut cependant canonisée qu’en 1922 dans un tout autre contexte politique). Le régent Anglais fait couronner en hâte Henri VI à Paris le 16 décembre 1431, mais c'est trop tard: les Anglais sont perçus comme des occupants et les soulèvements se multiplient<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 427</ref>.

La fin du conflit

www.clionautes.org/spip.php?article786 Clionautes]</ref>. Immédiatement des soulèvements anti-anglais se déclenchent en particulier en pays de Caux et dans le val de Vire<ref name="Theisparis">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, p 344-345</ref>. Dans la foulée Dieppe, Montivilliers et Harfleur sont reprises<ref name="Theisparis"/>. En 1436, Paris ouvre ses portes aux Français<ref name="Insurrection"/> qui proclament le pardon général<ref name="Theisparis"/>. Charles VII ne se presse pas: il réorganise le royaume et prépare la reconquête.//www.clionautes.org/spip.php?article786 Clionautes]</ref>. Immédiatement des soulèvements anti-anglais se déclenchent en particulier en pays de Caux et dans le val de Vire<ref name="Theisparis">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992, p 344-345</ref>. Dans la foulée Dieppe, Montivilliers et Harfleur sont reprises<ref name="Theisparis"/>. En 1436, Paris ouvre ses portes aux Français<ref name="Insurrection"/> qui proclament le pardon général<ref name="Theisparis"/>. Charles VII ne se presse pas: il réorganise le royaume et prépare la reconquête.

www.historia.presse.fr/data/thematique/107/10702201.html Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé], page 26-27</ref>. Par l'ordonnance de Louppy-le-Châtel de 1445, il les organise en lances: unité de base où les compétences de chacun se complètent. Chacune est constituée d'un homme d'arme accompagné de deux archers à cheval, d'un coutilier (armé d'une épée et d'une longue dague) , d'un page et d'un valet (ces derniers ne combattant pas en règle générale). 100 lances forment une compagnie. Les 15 compagnies totalisent 9 000 hommes, dont 6 000 combattants qui forment la grande ordonnance<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Bientôt trois nouvelles compagnies sont créées. Cette armée est entretenue de façon permanente: elle est mise en garnison dans des villes du royaume<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Celles-ci ont la charge de l'entretenir : le coût ne repose pas sur les finances royales. En 1448, il crée la petite ordonnance : en cas de mobilisation, chaque paroisse (cinquante feux<ref name="mollat normandie" />)est tenue de mettre à la disposition du roi un archer bien équipé et bien exercé. Pour compenser les charges qui pèsent sur lui, il est dispensé d'impôt (la taille<ref name="mollat normandie" />): on l'appelle franc-archer. Choisi par les agents du roi, il est tenu au service de ce dernier. Le royaume en compte environ 8 000 et possède enfin une archerie comparable à l'armée anglaise<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Ceci n'empêche pas le roi de recruter le cas échéant des mercenaires<ref name="mollat lance"/> (une garde écossaise permanente est d'ailleurs constituée<ref name="Theisrout"/>). Enfin, l'artillerie est organisée en parcs de 24 pièces. Cette artillerie fut utilisée dans un premier temps lors des sièges puis sur les champs de bataille. Au total, le roi peut tabler sur une armée de 15000 hommes à cheval, mobiles et entrainés<ref name="mollat lance"/>.//www.historia.presse.fr/data/thematique/107/10702201.html Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé], page 26-27</ref>. Par l'ordonnance de Louppy-le-Châtel de 1445, il les organise en lances: unité de base où les compétences de chacun se complètent. Chacune est constituée d'un homme d'arme accompagné de deux archers à cheval, d'un coutilier (armé d'une épée et d'une longue dague) , d'un page et d'un valet (ces derniers ne combattant pas en règle générale). 100 lances forment une compagnie. Les 15 compagnies totalisent 9 000 hommes, dont 6 000 combattants qui forment la grande ordonnance<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Bientôt trois nouvelles compagnies sont créées. Cette armée est entretenue de façon permanente: elle est mise en garnison dans des villes du royaume<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Celles-ci ont la charge de l'entretenir : le coût ne repose pas sur les finances royales. En 1448, il crée la petite ordonnance : en cas de mobilisation, chaque paroisse (cinquante feux<ref name="mollat normandie" />)est tenue de mettre à la disposition du roi un archer bien équipé et bien exercé. Pour compenser les charges qui pèsent sur lui, il est dispensé d'impôt (la taille<ref name="mollat normandie" />): on l'appelle franc-archer. Choisi par les agents du roi, il est tenu au service de ce dernier. Le royaume en compte environ 8 000 et possède enfin une archerie comparable à l'armée anglaise<ref name="Xavier Hélary lance"/>. Ceci n'empêche pas le roi de recruter le cas échéant des mercenaires<ref name="mollat lance"/> (une garde écossaise permanente est d'ailleurs constituée<ref name="Theisrout"/>). Enfin, l'artillerie est organisée en parcs de 24 pièces. Cette artillerie fut utilisée dans un premier temps lors des sièges puis sur les champs de bataille. Au total, le roi peut tabler sur une armée de 15000 hommes à cheval, mobiles et entrainés<ref name="mollat lance"/>.

www.seed.slb.com/fr/scictr/watch/archery/ SEED][17] cette hypothèse est cependant contestée [18]</ref>). Moins nombreux, les archers sont aussi moins efficaces : les chevaux de la cavalerie française sont maintenant protégés<ref>Les bardes, qui sont relativement coûteuses, ne se généralisent qu'au cours du XVe siècle: Fabrice Murgala, Histoire de l'armure medieval.mrugala.net.</ref> afin d’être moins vulnérables aux tirs paraboliques des archers et d’autre part la cavalerie essaye de déborder l’adversaire plutôt que de le charger frontalement comme à Patay où les archers anglais sont massacrés.//www.seed.slb.com/fr/scictr/watch/archery/ SEED][19] cette hypothèse est cependant contestée [20]</ref>). Moins nombreux, les archers sont aussi moins efficaces : les chevaux de la cavalerie française sont maintenant protégés<ref>Les bardes, qui sont relativement coûteuses, ne se généralisent qu'au cours du XVe siècle: Fabrice Murgala, Histoire de l'armure medieval.mrugala.net.</ref> afin d’être moins vulnérables aux tirs paraboliques des archers et d’autre part la cavalerie essaye de déborder l’adversaire plutôt que de le charger frontalement comme à Patay où les archers anglais sont massacrés.

L'occasion de rompre la trêve survient le 24 mars 1449: François de Surienne prends Fougère au duc de Bretagne rallié à Charles VII pour le compte du Duc de Somerset, le lieutenant d'Henri VI pour la Normandie<ref name="mollat normandie">Michel Mollat, La reconstruction (1440-1515) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 435</ref>. Charles VII attaque aussitôt la Normandie sur trois fronts. les Anglais y sont considérés comme des occupants<ref name="Xavier Hélary lance"/> et une année, de 1449 à 1450, suffit pour reprendre le duché. La campagne commence par une guerre de siège qui tourne à l'avantage des Français grâce à l'artillerie: en quelques semaines Lisieux, Argentan, Saint-Lô et Coutance sont reprises<ref name="mollat normandie"/>. Les habitants de Rouen ouvrent les portes de la ville et Charles VII y entre le 10 novembre<ref name="mollat normandie"/>. Somerset débordé, n'y même pas pu tenir le château<ref name="mollat normandie"/>. La prise de Honfleur libère l'Estuaire de la Seine. Une armée de secours débarque en Normandie mais elle est écrasée le 15 avril 1450 à Formigny où l'artillerie française désorganise les rangs anglais: les archers doivent charger pour neutraliser deux couleuvrines et sont alors balayés par la cavalerie<ref name="Formigny">(en) Battle of Formigny xenophongroup.com/montjoie/formigny.htm Xénophon group]</ref>. Cherbourg tombe 4 mois plus tard: il n'y a plus d'Anglais en Normandie.//xenophongroup.com/montjoie/formigny.htm Xénophon group]</ref>. Cherbourg tombe 4 mois plus tard: il n'y a plus d'Anglais en Normandie.

En Guyenne, les populations sont moins profrançaises<ref name="mollat guyenne">Michel Mollat, La reconstruction (1440-1515) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 435-436</ref> (cette région exporte massivement du vin vers l'Angleterre), et malgré une campagne victorieuse en 1451 ou Bordeaux et Bayonne sont prises, les français en reperdent le contrôle car les habitants ont du mal a accepter la lourde fiscalité Française. L'objectif n'est alors plus de prendre les villes mais bien de battre les Anglais en bataille rangée. Elle est livrée le 17 juillet 1453 à Castillon. Les Anglais qui chargent les Français retranchés sont taillés en pièces par 300 pièces d'artillerie tirant à la fois (il s'agit pour la plupart de canons à main), chargées à mitraille et disposées de manière à prendre les assaillant en enfilade<ref name="Castillon">La Bataille de Castillon xenophongroup.com/montjoie/fcastilo.htm Xénophon group]</ref>. Le carnage est effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres ne pouvant ni s'échapper ni se dissimuler. La cavalerie bretonne charge les survivants et c'est le massacre: 4000 Anglais perdent la vie<ref name="Castillon"/>. Cette écrasante victoire remportée par Jean Bureau sur John Talbot est décisive: les Anglais ne gardent que Calais sur le continent (Philippe le Bon ayant souhaité que les importations de laine anglaise indispensables à l'économie des Flandres ne soient pas pertubées<ref name="mollat guyenne"/>), aucune paix n’est conclue, mais ils subissent une difficile guerre civile et il n'y a plus de combats sur le continent entre les deux pays après cette date, qui marque pour beaucoup d'historiens la fin du conflit.//xenophongroup.com/montjoie/fcastilo.htm Xénophon group]</ref>. Le carnage est effrayant. Les assaillants sont pressés les uns contre les autres ne pouvant ni s'échapper ni se dissimuler. La cavalerie bretonne charge les survivants et c'est le massacre: 4000 Anglais perdent la vie<ref name="Castillon"/>. Cette écrasante victoire remportée par Jean Bureau sur John Talbot est décisive: les Anglais ne gardent que Calais sur le continent (Philippe le Bon ayant souhaité que les importations de laine anglaise indispensables à l'économie des Flandres ne soient pas pertubées<ref name="mollat guyenne"/>), aucune paix n’est conclue, mais ils subissent une difficile guerre civile et il n'y a plus de combats sur le continent entre les deux pays après cette date, qui marque pour beaucoup d'historiens la fin du conflit.


Le traité de Picquigny

Après la bataille de Castillon, aucune trêve n'a été signée. S'il n'y a plus de bataille rangée entre les deux royaumes, la menace d'une reprise du conflit persiste. Les deux pays se livrent une guerre de course et plusieurs coups de mains ont lieu: les Français attaquent Sandwich et l'île de Wight et les Anglais l'île de Ré. Cependant à partir de 1453 Henri VI sombre dans la folie comme l'avait fait son grand-père Charles VI. Ceci réactive la question du pouvoir en Angleterre (Henri VI fait partie de la maison de Lancastre qui a pris le pouvoir à la maison d'York en 1399). Le conseil royal est dominé par la reine Marguerite d'Anjou qui défend une politique de conciliation avec la monarchie française. Cela va à l'encontre de la volonté de la plus grande partie de la noblesse anglaise et le duc Richard d'York, très populaire dans la bourgeoisie et le peuple de Londres, lui fait porter la responsabilité de la défaite face aux Français et revendique la régence. À partir de 1455 les deux factions sont en conflit pour la couronne d'Angleterre: c'est la guerre des deux roses. Après une victoire à la première bataille de Saint-Albans, Richard d'York dirige l'Angleterre pendant quatre ans, et maintient Henri VI en semi-captivité. Affaiblis, les Lancastre n'en préparent pas moins leur revanche sous la férule de Marguerite d'Anjou, toujours reine en titre. Ils trouvent une occasion d'agir lorsque, contre toute attente, le roi Henry VI recouvre la raison. Mis bientôt au courant des agissements de Richard, il le chasse de la Cour en 1459. Les Yorkistes subissent plusieurs défaites et le roi Henri VI est libéré par les Lancastriens en 1461. Alors Warwick décide de franchir le pas : après la victoire de Towton en mars 1461, il emmène Édouard d'York, à Londres pour le faire proclamer roi le 28 juin 1461, sous le nom d'Édouard IV. L'Angleterre a alors deux rois : Henry VI, soutenu par les Lancastre, et Édouard IV, soutenu par Warwick et les York.

www.historia.presse.fr/data/thematique/107/10702801.html Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé], page 29-30</ref>.//www.historia.presse.fr/data/thematique/107/10702801.html Historia thématique n°107: Mai-Juin 2007: Ces rois qui ont tout changé], page 29-30</ref>.

Cependant, alors que Henry VI et Marguerite s'enfuient en Écosse, Édouard IV s'aliène Warwick, grand ami du roi de France Louis XI, par une politique par trop favorable aux Bourguignons du duc Charles le Téméraire. Or Warwick, surnommé "le faiseur de rois", est le principal artisan de l'accession d'Édouard au trône. Ce dernier résout la situation en bannissant l'influent Warwick (1464), puis en écartant du pouvoir l'ensemble du clan Neville. Contraint de se réfugier en France, Warwick se réconcilie avec les Lancastre. Louis XI tient en respect les Yorkistes par le bluff : en 1468, il mobilise une flotte en Normandie, laissant supposer qu'il prépare un débarquement en Angleterre, alors qu'il n'a pas recruté d'armée<ref name="Laurent Vissière"/> ! Les Lancastre rassemblent alors des troupes, et, aidés financièrement par Louis XI, qui négocie en parallèle la fin de la guerre de Cent Ans avec Édouard IV, débarquent en Angleterre en septembre 1470. Ils parviennent à réinstaller Henry VI sur le trône d'Angleterre, mais la réaction d'Édouard IV est vive : aidé par Charles le Téméraire, il bat en 1471 les Lancastre à la bataille de Tewkesbury (3 mai) où le fils de Henry VI est tué, reprend le pouvoir et fait assassiner Henry VI.

Sur le continent, Louis XI mène contre le menaçant Charles le Téméraire une guerre feutrée: il évite autant que possible l'affrontement direct, préférant monter les Cantons Suisses et le Saint Empire contre les Bourguignons. En effet, pour réaliser une continuité territoriale il doit s'assurer le contrôle de terres dépendantes du Saint Empire ; sa puissance et sa politique expansionniste inquiètent les Helvètes. Il fomente avec les Suisses une violente opposition à l'élection du candidat bourguignon au siège archiépiscopal de Cologne. Il finance en 1474, une révolte des cités alsaciennes appuyées par les cantons suisses dotés d'une armée redoutable dont il assume une partie du financement<ref>Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Hachette 2003, page 238</ref>. En juillet 1475, Édouard IV d'Angleterre, débarque à Calais, à la demande de Charles le Téméraire, et marche sur Reims à la tête de 20 000 à 30 000 hommes pour se faire couronner roi de France. Fin août, les deux rois se rencontrent à Picquigny. Louis XI offre 300 charriots de vin. Édouard IV, qui se retrouve à la tête d'une armée avinée, négocie son départ contre 75 000 écus payables immédiatement, et une pension de 50 000 écus pour les neuf années à venir. Il est possible que Louis XI ai promis de ne plus interférer dans les affaires anglaises et qu'Édouard IV n'ait pas voulu risquer une défaite qui aurait fragilisé sa couronne alors que Charles le Téméraire était en difficulté contre les Suisses (il doit lever le siège de Neuss devant l'arrivée de l'armée impériale) et n'était pas en mesure de le soutenir au besoin. Le traité de Picquigny marque la fin de la guerre de Cent Ans. En outre, la manœuvre de Louis XI a discrédité les Anglais, qui ont préféré le vin au combat, et a brisé leur alliance avec la Bourgogne<ref name="Laurent Vissière"/>. Charles le Téméraire, vaincu par les Suisses, trouve la mort à Nancy en 1477. Calais reste anglaise jusqu'en 1558.

Conséquences

Conséquences démographiques

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les combats pendant la guerre de Cent Ans font peu de morts directs. À la vue de la longueur de la période étudiée, il y a peu de batailles et celles-ci engagent rarement plus de Modèle:Formatnum:10000 hommes ; elles font souvent peu de victimes du fait de l'habitude de l'époque d'épargner les prisonniers pour en tirer une rançon. Mais à Poitiers ou à Azincourt les Anglais, voulant affaiblir durablement la chevalerie française, ne font pas de quartier ce qui a pour conséquence de saigner fortement la noblesse française. Certains auteurs ont estimé que 40% de la chevalerie française disparaît lors de la bataille de Poitiers (1356), et au moins 70% à Azincourt<ref name="Jacques Dupaquier367">Jacques Dupaquier, Histoire de la population française, Paris, PUF, 1988, éd. quadrige 1995, tome 1, p.367</ref>. Cela entraine un renouvèlement important de la petite noblesse qui contribuera à sa perte de pouvoir : en Beauce par exemple, vers 1500, seuls 19% des nobles peuvent se prévaloir d'un titre antérieur au Modèle:XIVe siècle<ref>Laurent Bourquin, Qu'est-ce que la noblesse ?, L'Histoire N°195 décembre 1995, page 26</ref>! Comparativement la grande Peste de 1349 a été un fléau largement plus dévastateur : entre le début du Modèle:XIVe siècle et le milieu du XVe siècle, l’Occident a perdu 30% de sa population. Elle n'a pas seulement été dévastatrice en 1349 mais à eu des récurrences pendant de longues années. Ces récurrences sont d'autant plus dévastatrices que les chevauchées (et la tactique de la terre déserte) et les pillages des compagnies ont durablement touché les campagnes: Des terres sont retournées en friches, des périodes de disettes ont été notées en 1345-58, 1351, 1361, 1368,1373-75 avec à chaque fois une augmentation de la mortalité<ref>Noël Coulet, Le temps des malheurs (1348-1440) tiré de Histoire de la France des origines à nos jours sous la direction de Georges Duby, Larousse, 2007, p 407-410</ref>. En France, vers 1310-1320 on compte peut-être 21 millions d’habitants dans les frontières actuelles ; un siècle plus tard, en 1430, elle ne compte plus que 8 à 10 millions environ d’habitants ; avec une perte de 60% de sa population, elle est revenue au niveau de l’an Mil. Puis la croissance démographique reprend et vers 1450 la population compte entre 10 et 15 millions d’habitants<ref name="Girot" />. En Angleterre, vers 1400 il ne reste que 2,1 millions sur 4 millions d’habitants en début du conflit<ref>Catherine Vincent, Introduction à l’histoire de l’Occident médiéval, Paris, 1995 : Chapitre XI.</ref>. On observe en Angleterre une désertification des campagnes qui accentue la transition vers une société commerçante avec un fort pouvoir des villes alors que la France garde une population à 90% agricole<ref name="Girot" />.


Évolutions tactiques

Image:Patay.JPG
Bataille de Patay 1429: La chevalerie charge avant que les archers anglais aient pu se retrancher, Jeanne d'Arc y remporte une victoire décisive.

www.historia.presse.fr/data/thematique/90/09003001.html Historia thématique n°90 juillet 2004: La France féodale]</ref>. Depuis le mouvement de la paix de Dieu au Modèle:Xe siècle, L'Église a imposé à l'élite guerrière des règles de conduite<ref>Laurent Bourquin, Qu'est-ce que la noblesse ?, L'Histoire, N°195, décembre 1995, page 24.</ref>. Ainsi pour faire partie de la noblesse il faut justifier d'une conduite honorable. La guerre est l'occasion pour chaque chevalier français de justifier son statut social: Il doit faire montre de bravoure mais aussi de loyauté sur le champs de bataille. La capture de chevaliers adverses est une bonne source de revenu via la rançon, ce qui fait que les risque d'être tué sont faibles et que l'appât du gain pousse à charger en première ligne au combat<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette, 2003, p.231-232</ref>.//www.historia.presse.fr/data/thematique/90/09003001.html Historia thématique n°90 juillet 2004: La France féodale]</ref>. Depuis le mouvement de la paix de Dieu au Modèle:Xe siècle, L'Église a imposé à l'élite guerrière des règles de conduite<ref>Laurent Bourquin, Qu'est-ce que la noblesse ?, L'Histoire, N°195, décembre 1995, page 24.</ref>. Ainsi pour faire partie de la noblesse il faut justifier d'une conduite honorable. La guerre est l'occasion pour chaque chevalier français de justifier son statut social: Il doit faire montre de bravoure mais aussi de loyauté sur le champs de bataille. La capture de chevaliers adverses est une bonne source de revenu via la rançon, ce qui fait que les risque d'être tué sont faibles et que l'appât du gain pousse à charger en première ligne au combat<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette, 2003, p.231-232</ref>.

www.bbc.co.uk/history/archaeology/excavations_techniques/soldiers_view_02.shtml site de la BBC]</ref>: les chevaliers désarçonnés et engoncés dans leurs lourdes armures sont des proies faciles pour les fantassins. Les guerres écossaises ont permis aux anglais d'améliorer le principe en organisant leur armée autour de nombreux archers et hommes d’armes à pied (au fur et à mesure les archers armés d'une épée jouent les 2 fonctions) protégés des charges par une haie de pieux. Ce système tactique va permettre aux anglais d'enchainer les victoires écrasantes malgré une grande infériorité numérique à Crécy, Poitiers ou Azincourt. D'autre part, ces armées de piétons n'ont que faire du code de l'honneur chevaleresque: en infériorité numérique il est préférable de neutraliser définitivement un maximum d'adversaires : ainsi à Courtrai, Crécy, ou Azincourt les chevaliers français sont massacrés plutôt que faits prisonniers pour en tirer rançon. De la même manière, les archers anglais très longs à entrainer sont mutilés de manière à ne plus pouvoir tirer<ref name="doigt d'honneur"/>.//www.bbc.co.uk/history/archaeology/excavations_techniques/soldiers_view_02.shtml site de la BBC]</ref>: les chevaliers désarçonnés et engoncés dans leurs lourdes armures sont des proies faciles pour les fantassins. Les guerres écossaises ont permis aux anglais d'améliorer le principe en organisant leur armée autour de nombreux archers et hommes d’armes à pied (au fur et à mesure les archers armés d'une épée jouent les 2 fonctions) protégés des charges par une haie de pieux. Ce système tactique va permettre aux anglais d'enchainer les victoires écrasantes malgré une grande infériorité numérique à Crécy, Poitiers ou Azincourt. D'autre part, ces armées de piétons n'ont que faire du code de l'honneur chevaleresque: en infériorité numérique il est préférable de neutraliser définitivement un maximum d'adversaires : ainsi à Courtrai, Crécy, ou Azincourt les chevaliers français sont massacrés plutôt que faits prisonniers pour en tirer rançon. De la même manière, les archers anglais très longs à entrainer sont mutilés de manière à ne plus pouvoir tirer<ref name="doigt d'honneur"/>.

Image:Tercio piquiers.jpg
piquiers en formation 1650

La démobilisation des armées de mercenaires parfois étrangers (Nord-Italiens, Allemands, Suisses, Flamands, Brabançons...) posant le problème des compagnies pillant le pays durant les trêves, les armées se professionnalisent et deviennent permanentes, constituées de combattants soldés financés par des levées d’impôts. Ces levées sont devenues possibles suite à l'enrichissement de la population avec le développement du commerce et des villes (qui peuvent d’ailleurs lever leurs propres armées)<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, p. 233</ref>.

Image:Kwidzyn bombarda.jpg
Bombarde du XVe siècle

www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2003/centans.htm Site du ministère de la culture]</ref>. Cette stratégie reste payante jusqu'aux guerres d'ItalieMarignan reste la meilleure illustration de cette combinaison cavalerie/artillerie, mais progressivement grâce à l'apparition de l'arquebuse, les fantassins suisses puis espagnols<ref name="Pernot">François Pernot,Janvier 1595 : Henri IV veut couper le Camino Español en Franche-Comté, Revue historique des armées, n°222, année 2001, Service historique de la Défence</ref>, vont s'imposer sur les champs de batailles de la renaissance<ref>René Quatrefages, L’organisation militaire de l’Espagne, 1492-1592, thèse d’État soutenue à l’Université de Paris- Sorbonne, 1989</ref>.//www.culture.gouv.fr/culture/actualites/celebrations2003/centans.htm Site du ministère de la culture]</ref>. Cette stratégie reste payante jusqu'aux guerres d'ItalieMarignan reste la meilleure illustration de cette combinaison cavalerie/artillerie, mais progressivement grâce à l'apparition de l'arquebuse, les fantassins suisses puis espagnols<ref name="Pernot">François Pernot,Janvier 1595 : Henri IV veut couper le Camino Español en Franche-Comté, Revue historique des armées, n°222, année 2001, Service historique de la Défence</ref>, vont s'imposer sur les champs de batailles de la renaissance<ref>René Quatrefages, L’organisation militaire de l’Espagne, 1492-1592, thèse d’État soutenue à l’Université de Paris- Sorbonne, 1989</ref>.

www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>.//www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>.

Dans tous les domaines, cette longue guerre marque la fin de l'âge féodal et le déclin de la civilisation médiévale.

Conséquences économiques

Les conséquences démographiques de la guerre et de la grande peste entrainent à masse monétaire constante une hausse importante des prix. Les produits orientaux deviennent alors plus compétitifs et il s'instaure un déficit commercial au profit de l'orient<ref name="Noirel205">Philippe Noirel, L'invention du marché, seuil 2004, p.205-206</ref>. Cela encourage le commerce sur longue distance et les progrès techniques dans le domaine de la navigation, mais aussi rend rares les métaux précieux dans un deuxième temps, ce qui rend nécessaire des mutations monétaires(qui raréfient le taux de métal noble dans le numéraire)<ref name="Noirel205"/>. Donc, la guerre entraîne une insécurité des voies commerciales, mais aussi monétaire (les mutations monétaires effectuées à maintes reprises par les belligérants ont entraîné des dévaluations)<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, page 273</ref>. L'économie réussit à s'adapter :

  • Des progrès techniques ont été réalisés dès le Modèle:XIIIe siècle se généralisent et favorisent le transport maritime: les navires gagnent en maniabilité (gouvernail d'étambot), en taille, et les techniques nouvelles de navigation (la boussole est améliorée grâce aux travaux de Pierre de Maricourt sur le magnétisme en 1269<ref name="maricourt">Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Age, Editions seuil 1975 p 184-185</ref>), correction mathématique de la déclinaison magnétique et l'arbalète qui permet de mesurer la latitude) apparaissent<ref name="Noirel205"/>. Ces progrès vont rendre possible la navigation transocéanique (et les grandes découvertes).
  • L'insécurité des routes est néfaste pour l'économie des Flandres et la France: les Flamands désertent les foires de Champagne qui périclitent au profit de Paris. Le commerce du textile se fait par voie maritime en contournant l'Espagne et au bénéfice des marchands Italiens. Le rôle commercial de la France, puissance continentale, diminue<ref name="Balard280">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, page 280</ref>.
    Image:Quentin Massys 001.jpg
    Le Changeur et sa Femme Quentin Massys 1514

socserv.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/power/WoolTrade.pdf]</ref>. Les drapiers flamands importent alors leur laine d'Espagne(ce qui rendra économiquement logique l'intégration à l'empire des Halsbourgs, alors que les liens avec la France ont diminué avec la perte d'influence des foires de Champagne) et développent des matières premières de substitution comme le lin<ref>Le commerce Histoire de la principauté de Liège</ref>.//socserv.mcmaster.ca/econ/ugcm/3ll3/power/WoolTrade.pdf]</ref>. Les drapiers flamands importent alors leur laine d'Espagne(ce qui rendra économiquement logique l'intégration à l'empire des Halsbourgs, alors que les liens avec la France ont diminué avec la perte d'influence des foires de Champagne) et développent des matières premières de substitution comme le lin<ref>Le commerce Histoire de la principauté de Liège</ref>.

  • La concurrence Anglaise diminuant les profits des tisserands, l'économie Flamande développe d'autres activités comme le secteur bancaire<ref name="Balard280">.
  • Le secteur financier progresse. Afin de sécuriser les fonds, l'usage les lettres de change se développe ; il permet d'éviter les transports de fonds avec beaucoup moins de risque, et l'impact des changements de cours incessant de la monnaie. Ceci se fait par le développement du réseau postal <ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, pages 277</ref>.
  • Pour mutualiser les risques, les commerçants s'associent en sociétés et compagnies et créent des filiales indépendantes : en cas de faillite, la filiale n'entraîne pas l'effondrement de l'ensemble de la compagnie<ref>Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident, Hachette 2003, pages 275-276</ref>.

Enfin, l'évolution progressive vers la pénurie de métaux précieux et l'accroissement du commerce avec l'orient poussent à l'établissement de voies commerciales vers l'Asie et à trouver de nouvelles sources de métaux précieux<ref name="Noirel205"/>. Avec l'amélioration des techniques de navigation, les voyages transocéaniques deviennent envisageables<ref>Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Age, Editions seuil 1975 p 186-187</ref>. À partir du milieu du Modèle:XVe siècle tout pousse aux grandes découvertes.

Grand schisme d’Occident

www.regard.eu.org/Livres.6/Histoire.du.christianisme/Tome.3/19.html ]</ref> , ceux ci l’accusent donc d’avoir été élu sous la pression de la rue romaine et élisent l’antipape Clément VII à Avignon <ref>Laurent Albaret,XIVe siècle. Froissart et le grand Schisme, Clionautes</ref><ref name="Theis307">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 307</ref>.//www.regard.eu.org/Livres.6/Histoire.du.christianisme/Tome.3/19.html ]</ref> , ceux ci l’accusent donc d’avoir été élu sous la pression de la rue romaine et élisent l’antipape Clément VII à Avignon <ref>Laurent Albaret,XIVe siècle. Froissart et le grand Schisme, Clionautes</ref><ref name="Theis307">Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, p. 307</ref>.

Les belligérants ont tout intérêt à avoir le soutien d’un pape : l’Angleterre et le Saint Empire reconnaissent donc Urbain VI alors que la France et ses alliés castillans et écossais soutiennent Clément VII<ref name="Theis307"/>.

Au cours de ces deux siècles de guerre, de famine et de peste, les croyants découvrent une Église parfois incapable de répondre à leurs angoisses. C'est l'époque où "la comptabilité de la mort" prend des proportions incompréhensibles pour qui ignore la terreur des hommes de cette époque pour l'enfer: les plus riches achètent des centaines de messes pour le salut de leur âme. Riches et pauvres participent en foule à des processions pénitentielles, aux "passions" théâtrales sur le parvis des églises, tandis que le "couronnement de la Vierge", la figure protectrice de la mère de Jésus, devient un thème majeur de l'art. De plus en plus de fidèles, de réformateurs chrétiens exigent aussi un accès direct à la source du Salut, à la lecture de la Bible en langue vernaculaire, en un temps où seuls les clercs ont le droit de lire et de commenter l’Écriture. Là se trouve une origine de la Réforme protestante, un autre élément de modernité de la fin du Moyen Âge, avec l'ascension des classes bourgeoises<ref name="Girot"/>.

La division de l’Église suite au grand schisme ouvre un espace à la critique. Des théories nouvelles telles que celles de John Wyclif peuvent se divulguer, alors que les ecclésiastiques se déchirent entres partisans du pape ou de l’antipape se discréditant mutuellement. Le terrain est préparé pour la Réforme dont Wycliff est l’un des précurseurs <ref>Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, p. 294</ref>.

pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html site de l’IUFM de Créteil]</ref>.//pedagene.creteil.iufm.fr/ressources/histoire/p_royal.html site de l’IUFM de Créteil]</ref>. Modèle:Grand Schisme d'Occident

Le clivage franco-anglais

L’intervention de Jeanne d’Arc scelle l’émergence de deux nations différentes avec un fonctionnement différent.

www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>, prennent de plus en plus de puissance d’autant qu’avec la grande Peste de nombreux villages anglais ont été désertés. Le pays est de moins en moins agricole et de plus en plus artisanal et commerçant. Du fait des difficultés récurrentes à exporter la laine vers les Flandres, la lourdeur des taxes sur la laine et l'apparition de matières premières concurrentes (lin, soie et laine espagnole entre autres), l'Angleterre est devenue directement productrice de vêtements et de draps<ref name="laine vetements">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident,Hachette 2003, page 281 et (en) Eileen Power, The Wool Trade in English Medieval History, p. 56-57 [21]</ref>: son économie devient de plus en plus industrielle. La noblesse qui ne remplit plus son rôle de sécurisation des campagnes se discrédite en extorquant au paysans des impôts lourds pour financer l’effort de guerre. Or les paysans de moins en moins nombreux estiment que leur rôle social devrait être mieux reconnu (d'autant plus que de nombreuses batailles de la guerre de Cent Ans ont été gagnées grâce à leurs talents d'archers) et répondent favorablement aux prêches des lollards qui répandent les idées de John Wyclif. Leur révolte contre Richard II est matée mais ce dernier finit par être renversé : la Monarchie anglaise a perdu de la crédibilité et du pouvoir<ref>(en) Conflagration: The Peasants’ Revolt, Melissa Snell historymedren.about.com</ref>. John Wyclif est un précurseur de la Réforme et le pays accueille favorablement le protestantisme à la Renaissance <ref>(en) John Wyclif,F.F. Urquhart. The Catholic Encyclopedia, Volume XV. New York 1912: Robert Appleton Company,Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Hachette 2003, page 294 et (en) The Effects of the Hundred Years War www.hyperhistory.net</ref>. D’autre part les voies commerciales sont plus maritimes qu’en France, donc la nécessité d’un pouvoir centralisé fort sécurisant les routes est moins évidente : la noblesse est de moins en moins indispensable. On se dirige vers un pouvoir de moins en moins absolu et les libertés individuelles peuvent être progressivement revendiquées. La Renaissance amène la prise d’autonomie religieuse de l’Angleterre, puis l’avènement progressif d’une monarchie constitutionnelle.//www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>, prennent de plus en plus de puissance d’autant qu’avec la grande Peste de nombreux villages anglais ont été désertés. Le pays est de moins en moins agricole et de plus en plus artisanal et commerçant. Du fait des difficultés récurrentes à exporter la laine vers les Flandres, la lourdeur des taxes sur la laine et l'apparition de matières premières concurrentes (lin, soie et laine espagnole entre autres), l'Angleterre est devenue directement productrice de vêtements et de draps<ref name="laine vetements">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Le Moyen Âge en Occident,Hachette 2003, page 281 et (en) Eileen Power, The Wool Trade in English Medieval History, p. 56-57 [22]</ref>: son économie devient de plus en plus industrielle. La noblesse qui ne remplit plus son rôle de sécurisation des campagnes se discrédite en extorquant au paysans des impôts lourds pour financer l’effort de guerre. Or les paysans de moins en moins nombreux estiment que leur rôle social devrait être mieux reconnu (d'autant plus que de nombreuses batailles de la guerre de Cent Ans ont été gagnées grâce à leurs talents d'archers) et répondent favorablement aux prêches des lollards qui répandent les idées de John Wyclif. Leur révolte contre Richard II est matée mais ce dernier finit par être renversé : la Monarchie anglaise a perdu de la crédibilité et du pouvoir<ref>(en) Conflagration: The Peasants’ Revolt, Melissa Snell historymedren.about.com</ref>. John Wyclif est un précurseur de la Réforme et le pays accueille favorablement le protestantisme à la Renaissance <ref>(en) John Wyclif,F.F. Urquhart. The Catholic Encyclopedia, Volume XV. New York 1912: Robert Appleton Company,Le Moyen Âge en Occident, Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, Hachette 2003, page 294 et (en) The Effects of the Hundred Years War www.hyperhistory.net</ref>. D’autre part les voies commerciales sont plus maritimes qu’en France, donc la nécessité d’un pouvoir centralisé fort sécurisant les routes est moins évidente : la noblesse est de moins en moins indispensable. On se dirige vers un pouvoir de moins en moins absolu et les libertés individuelles peuvent être progressivement revendiquées. La Renaissance amène la prise d’autonomie religieuse de l’Angleterre, puis l’avènement progressif d’une monarchie constitutionnelle.

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Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII, dans la cathédrale de Reims Dominique Ingres (1854)
Image:Christus saint eloi orfèvre.jpg
Saint Eloi orfèvre Petrus Christus (1449) Représente un couple de Bourgeois chez un orfèvre : la guerre de cent ans a vu la bourgeoisie augmenter ses revendications politiques

www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>. D’autre part, comparativement au reste de l’Europe, la guerre a ralenti l’avancée vers une civilisation plus urbaine en France. On constate dans le reste de l’Europe une pré-renaissance et l’évolution vers un pouvoir accru pour les villes. Mais la France échappe à cette évolution et développe une monarchie absolue de droit divin extrêmement centralisée<ref name="Girot" />.//www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm www.hyperhistory.net]</ref>. D’autre part, comparativement au reste de l’Europe, la guerre a ralenti l’avancée vers une civilisation plus urbaine en France. On constate dans le reste de l’Europe une pré-renaissance et l’évolution vers un pouvoir accru pour les villes. Mais la France échappe à cette évolution et développe une monarchie absolue de droit divin extrêmement centralisée<ref name="Girot" />.

Enfin, en Angleterre, la langue officielle devient l’anglais en 1361, alors que le français était la langue usitée par l’aristocratie depuis la conquête normande. C’est la guerre de Cent Ans qui entérine le clivage culturel franco-anglais.

Le contentieux Bourguignon

La guerre de Cent ans a aussi entraîné l’indépendance de fait du Duché de Bourgogne, qui devient une véritable principauté composée de territoires issus de la France et du Saint Empire. Les Habsbourgs et les Valois se disputent le contrôle de ces terres ce qui entraine deux siècles de conflits entre la France d’une part et l’Autriche et l’Espagne d’autre part.

La carte de l’Europe de la Renaissance est dessinée a la fin de la guerre de Cent ans <ref>d’autant que Constantinople a été prise en 1453</ref>. Cette guerre a contribué, entre autres, à la création des deux États-Nations dont les affrontements récurrents marquent le continent pendant bien des siècles, la France et l’Angleterre.


Principaux événements de la guerre de Cent Ans

Modèle:Chronologie de la guerre de cent ans

(*) : bataille faisant partie de la guerre de Succession de Bretagne, conflit secondaire de la guerre de Cent Ans

La guerre de Cent Ans dans les arts

Romans

Films et séries télévisées

Bibliographie

Chroniques de l’époque

Essais contemporains en français

  • Michel Mollat du Jourdin, Genèse médiévale de la France moderne, « Points », Seuil, 1977.
  • Jean Favier, La Guerre de Cent Ans, Fayard, 1980. (ISBN 2213008981)
  • Philippe Contamine, La Guerre de Cent Ans, « Que sais-je ? », PUF, 2002.
  • Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France: Jean le Bon , éditions Pygmalion 2000. (ISBN 2857042647)
  • Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France: Charles V le Sage , éditions Pygmalion 1985. (ISBN 2857042647)
  • Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France: Charles VI le Bien-Aîmé, Pygmalion 1985.
  • Georges Bordonove, Les Rois qui ont fait la France: Charles VII le Victorieux , éditions Pygmalion 1985. (ISBN 2857042647)
  • Georges Bordonove, La guerre de 600 ans, Laffont 1971.
  • Arthur Conte, Bâtisseurs de la France de l’an 1000 à 2000, Plon, 2004.
  • Jean Verdon, Isabeau de Bavière; La mal aimée, Tallandier 2001.
  • Bertrand Schnerb, L’État Bourguignon: 1363-1477, Perrin, 1999.
  • Georges Minois, Charles VII, un roi shakespearien, Perrin 2005. (ISBN 2262021279)
  • « 1429, Jeanne d’Arc libère Orléans », Moyen-Âge n°41, juillet/août 2004.
  • Paul Murray Kendall, Eric Diacon, Richard Warwick, le faiseur de rois, Fayard 1997.
  • Paul Murray Kendall, Eric Diacon, Louis XI, Fayard 1996.
  • Jacques Heers, Louis XI, Tempus, 2003.
  • Catherine Vincent, Introduction à l’histoire de l’Occident médiéval, Paris,Librairie générale française 1995.
  • Laurent Theis, Histoire du Moyen Âge Français, Perrin 1992.
  • Bernard Coteret, Histoire de l'Angleterre, Tallandier 2007.

Essais contemporains en anglais

  • (en)Allmand, Christopher, The Hundred Years War: England and France at War, c.1300-c.1450, Cambridge University Press 1988. (ISBN 0-521-31923-4)
  • (en) Alfred Burne, The Agincourt War., Wordsworth Military Library. (ISBN 1-84022-211-5)
  • (en) Seward, Desmond, The Hundred Years War. The English in France 1337-1453, Penguin 1999. (ISBN 0-14-028361-7)
  • (en) Sumption, Jonathan, The Hundred Years War I: Trial by Battle, University of Pennsylvania Press 1999. (ISBN 0-8122-1655-5)
  • (en) Sumption, Jonathan, The Hundred Years War II: Trial by Fire, University of Pennsylvania Press 2001. (ISBN 0-8122-1801-9)
  • (en) Wagner, John A. Encyclopedia of the Hundred Years War. Westport, CT: Greenwood Publishing Group 2006. (ISBN 0-313-32736-X)

Liens

Articles connexes

Liens externes

www.stejeannedarc.net stejeannedarc.net]: toutes les sources concernant Jeanne d'Arc.//www.stejeannedarc.net stejeannedarc.net]: toutes les sources concernant Jeanne d'Arc. www.stejeannedarc.net stejeannedarc.net]: toutes les sources concernant Jeanne d'Arc.//chrisagde.free.fr/valdirects/valdirects.htm chrisagde.free.fr]: des bibliographies très complètes, malheureusement ne cite pas ses sources. www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm The Effects of the Hundred Years War]//www.hyperhistory.net/apwh/essays/comp/cw07war100kings.htm The Effects of the Hundred Years War] www.stejeannedarc.net stejeannedarc.net]: toutes les sources concernant Jeanne d'Arc.//www.histoire-fr.com/valois.htm Histoire-fr.com]: pour en savoir plus sur la guerre de Cent Ans et la dynastie des Valois.

Notes et références

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