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Léonard de Vinci

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Modèle:Infobox Artiste Léonard de Vinci (Leonardo di ser Piero da VinciModèle:Audio, dit Leonardo da Vinci<ref>Il faut préciser que si son nom de baptême est son nom italien de Leonardo da Vinci, l’usage français impose son nom francisé en Léonard de Vinci qui est utilisé dès le XVIe siècle, de son vivant, alors qu’il était le protégé du roi François Ier.</ref>), né à Vinci le 15 avril 1452 et mort à Amboise le 2 mai 1519, est un polymathe toscan, homme d'esprit universel, à la fois artiste, scientifique, mathématicien, ingénieur, inventeur, anatomiste, peintre, sculpteur, architecte, urbaniste, botaniste, musicien, poète, philosophe et écrivain.

Après son enfance à Vinci, Léonard est élève auprès du célèbre peintre florentin Andrea del Verrocchio. Ses premiers travaux importants sont réalisés au service du duc Ludovic Sforza à Milan. Il œuvre ensuite à Rome, Bologne et Venise et passe les dernières années de sa vie en France, à l'invitation du roi François Ier.

Léonard de Vinci est souvent décrit comme l'archétype et le symbole de l'homme de la Renaissance, un génie universel et un philosophe humaniste dont la curiosité infinie est seulement égalée par la force d'invention<ref name=HG>Helen Gardner, Art through the Ages, Harcourt, Brace and World, 1970.</ref>. Il est considéré comme un des plus grands peintres de tous les temps et peut-être la personne la plus talentueuse dans le plus grand nombre de domaines différents ayant jamais vécue<ref>D'après Vasari, Boltraffio, Castiglione, Gaddiano, Berensen, Taine, Fuseli, Rio, Bortolon, etc. Voir les citations spécifiques dans la partie sur « La légende de Léonard ».</ref>.

C'est d'abord comme peintre que Léonard de Vinci a été reconnu. Deux de ses œuvres, La Joconde et La Cène sont des peintures très célèbres, souvent copiées et parodiées<ref name=HG/> et son dessin de l’Homme de Vitruve est également repris dans de nombreux travaux dérivés. Seules une quinzaine d'œuvres sont parvenues jusqu'à nous, ce petit nombre étant dû à ses expérimentations constantes et parfois désastreuses de nouvelles techniques et sa procrastination chronique<ref>Le chiffre de quinze est celui accepté par la plupart des historiens de l'art. D'autres œuvres ont été attribuées à Léonard de Vinci mais sont encore débattues.</ref>. Néanmoins, ces quelques œuvres, jointes à ses carnets qui contiennent des dessins, des diagrammes scientifiques et des réflexions sur la nature de la peinture, sont une contribution aux générations suivantes d'artistes seulement égalée par Michel-Ange.

Comme ingénieur et inventeur, Léonard développe des idées très en avance sur son temps, depuis l'hélicoptère, le char de combat, le sous-marin jusqu'à la bicyclette et l'automobile. Très peu de ses projets ont été construits ou étaient même seulement réalisables de son vivant<ref>L'approche moderne scientifique de la métallurgie et de l'ingénierie était embryonnaire à l'époque de la Renaissance.</ref>, mais certaines de ses plus petites inventions comme une machine pour mesurer la limite élastique d'un câble sont entrées dans le monde de la manufacture<ref>Certaines inventions parmi les plus pratiques de Léonard de Vinci sont exposées en état de fonctionnement dans les musées dédiés à Vinci.</ref>. En tant que scientifique, Léonard de Vinci a beaucoup fait progresser la connaissance dans les domaines de l'anatomie, le génie civil, l'optique et l'hydrodynamique.

Sommaire

Biographie

Enfance

Léonard de Vinci est né le samedi 15 avril 1452 « à la troisième heure de la nuit », c'est-à-dire trois heures après l'Ave Maria, soit 22 h 30<ref name="Vezzosi1">Chapitre 1 : « Il était une fois à Vinci » de Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l'univers, Gallimard, 1996.</ref>, d’une relation amoureuse illégitime entre son père, Messer Piero Fruosino di Antonio da Vinci, notaire, chancelier et ambassadeur de la République florentine et descendant d’une riche famille de notables italiens, et sa mère, Caterina, une humble fille de paysans, dans le petit village toscan d’Anchiano, un village situé à deux kilomètres de Vinci<ref>Vinci est à quate-vingts kilomètres de Florence et à cinquante kilomètres de Pise.</ref>, sur le territoire de Florence en Italie<ref name="Chiesa">(en) Angela Ottino della Chiesa, The Complete Paintings of Leonardo da Vinci, Penguin, 1967.</ref>,<ref name="AV">(en) Alessandro Vezzosi, Leonardo da Vinci : Renaissance Man.</ref>. Léonard, ou plutôt Lionardo selon son nom de baptême<ref name="Vezzosi1" />, est baptisé puis passe ses cinq premières années chez son père à Vinci<ref name="Vezzosi1" />, où il est traité comme un enfant légitime<ref name="grandesdecouvertes">Les grandes découvertes, série connaissances et vie, éditions Christophe Colomb, 1984.</ref>. Il a cinq marraines et cinq parrains, tous habitant le village<ref name="Vezzosi1" />. Il reçoit une instruction et acquiert ainsi la lecture, l'écriture et l'arithmétique. Néanmoins, il n'étudie pas sérieusement le latin, base de l'enseignement traditionnel. Une étude en 2006 note qu'il semble probable que Caterina soit une esclave venue du Moyen-Orient<ref>Selon Alessandro Vezzosi, directeur du musée Leonardo da Vinci, il est établi que Piero était le propriétaire d'une esclave du Moyen-Orient appelée Caterina, qui a donné naissance à un garçon appelé Leonardo. Cette thèse que Léonard avait du sang arabe est soutenue par la reconstruction d'une empreinte dans (en) Marta Falconi, Experts Reconstruct Leonardo Fingerprint, Associated Press Writer, 1er décembre 2006.</ref>.

À cette époque, les conventions d’appellation modernes ne se sont pas encore développées en Europe. Seules les grandes familles font usage du nom de leur appartenance patronymique. L’homme du peuple est désigné par son prénom auquel on adjoint toute précision utile : le nom du père, le lieu d’origine, un surnom, le nom du maître pour un artisan, etc. Par conséquent, le nom de l’artiste est Leonardo di ser Piero Da Vinci, ce qui signifie Leonardo, fils de maître Piero De Vinci ; néanmoins le « Da » porte une majuscule afin de distinguer qu'il s'agit d'un patronyme<ref name="Vezzosi1" />. Léonard lui-même signe simplement ses travaux Leonardo ou Io, Leonardo (« Moi, Léonard »). La plupart des autorités rapportent donc ses travaux en tant que Leonardo sans le da Vinci. Vraisemblablement, il n’emploie pas le nom de son père parce qu’il est un enfant illégitime. « Vinci » provient des « vinchi », une plante assimilable à des joncs, utilisée dans l'artisanat toscan et qui poussent près du ruisseau Vincio<ref name="Vezzosi1" />.

En 1457, il a 5 ans quand sa mère se marie avec Antonio di Piero Buti del Vacca da Vinci, un paysan de la ville, avec lequel elle aura cinq enfants<ref name="Vezzosi1" />. Il est alors admis dans la maison de la famille de son père, du village de Vinci, qui, entre-temps, a épousé une jeune fille d'une riche famille de Florence, âgée de 16 ans, Albiera degli Amadori<ref name="Vezzosi1" />. Celle-ci, sans enfants, reporte toute son affection sur Léonard, mais elle meurt très jeune en couches en 1464<ref name="Vezzosi1" />. Considéré comme faisant partie de la famille de riche notable de son père, il ne fut jamais légitimé par ce père qui se maria quatre fois et lui donna dix frères et deux sœurs légitimes venus après lui. Léonard aura de bon rapports avec la dernière femme de son père, Lucrezia Guglielmo Cortigiani, et laissera une note l'appelant « chère et douce mère »<ref name="Vezzosi1" />.

Sa grand-mère paternelle, Lucia di ser Piero di Zoso, céramiste et proche de Léonard est peut-être la personne qui l'initia aux arts<ref name="Vezzosi1" />. Un moment de son enfance est particulièrement connu car il est souvent considéré comme un présage, lorsque un milan venu du ciel fit un vol stationnaire au-dessus de son berceau, la queue de l'oiseau touchant le visage de l'enfant<ref name="LB" />,<ref>Sigmund Freud, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci.</ref>.

Giorgio Vasari, le biographe du XVIe siècle des peintres de la Renaissance, raconte, dans Le Vite (156Image:Cool.gif, l'histoire d'un paysan local qui demanda à ser Piero que son talentueux fils peigne une image sur une plaque. Léonard peignit une image représentant un dragon crachant du feu qui a été si réussie que ser Piero la vendit à un marchand d'art florentin, qui lui-même la revendit au duc de Milan. Entre-temps, après avoir réalisé un bénéfice, ser Piero acheta une plaque décorée d'un cœur transpercé d'une flèche, qu'il donna au paysan<ref name="Vasari">Giorgio Vasari, Le Vite, 1568 ; réédité par Penguin Classics avec une traduction de George Bull en 1965.</ref>.

Formation à l’atelier de Verrochio

Image:Andrea del Verrocchio 002.jpg
Le Baptême du Christ par Verrocchio, 1472–1475. Vinci travailla notamment l’ange de gauche.

En 1466, Léonard a 14 ans et sa famille s’installe à Florence. Le jeune Léonard est proche de la nature, qu’il observe avec une vive curiosité et s’intéresse à tout. Il dessine déjà des caricatures et écrit à l’envers (écriture en miroir) en dialecte toscan. Giorgio Vasari, dans sa biographie de Léonard, raconte une anecdote sur les premiers pas dans la carrière artistique de celui qui allait devenir un des plus grands peintres de la Renaissance. Un jour, le père de Léonard, ser Piero, « prit plusieurs de ses dessins et les soumit à son ami Andrea del Verrocchio qu’il pria instamment de lui dire si Léonard devait se consacrer à l’art du dessin et s’il pourrait parvenir à quelque chose en cette matière. Andrea s’étonna fort des débuts extraordinaires de Léonard et exhorta ser Piero à lui permettre de choisir ce métier, sur quoi, ser Piero résolut que Léonard entrerait à l’atelier d’Andrea. Léonard ne se fit pas prier ; non content d’exercer ce métier, il exerça ensuite tous ceux qui se rattachent à l’art du dessin. » C’est ainsi que Léonard fut placé comme élève apprenti dans un des plus prestigieux ateliers d’art de la Renaissance de Florence sous le patronage d’Andrea del Verrocchio à qui il doit sa formation multidisciplinaire d’excellence, où il côtoya d’autres artistes comme Sandro Botticelli, Le Pérugin et Domenico Ghirlandaio<ref name="LB" />,<ref name="DA">(en) Daniel Arasse, Leonardo da Vinci, Konecky & Konecky, 1997.</ref>.

Verrocchio était un artiste renommé très éclectique : orfèvre et forgeron de formation<ref name=DA/>, peintre et sculpteur qui travaillait notamment pour le riche mécène Laurent de Médicis. Les commandes principales étaient des retables et des statues commémoratives pour les églises. Cependant, les plus grandes commandes furent des fresques pour les chapelles, comme celles créées par Domenico Ghirlandaio et son atelier pour la Chapelle Tornabuoni et de grandes statues telles que les statues équestres de Gattamelata par Donatello et Bartolomeo Colleoni de Verrocchio<ref>(en) J.R.Hale, Renaissance Europe, 1480-1520, Fontana, 1971.</ref>. Léonard travaille également avec Antonio Pollaiuolo dont l’atelier est proche de celui de Verrocchio.

Après un an passé au nettoyage des pinceaux et autres petits travaux d’apprenti, Léonard est initié par Verrocchio aux nombreuses techniques qui étaient pratiquées dans un atelier traditionnel, malgré le fait que certains artisans étaient spécialisés dans certaines tâches telles que l’encadrement, les dorures et le travail du bronze. Il a donc eu l’occasion d’apprendre notamment des bases de la chimie, de la métallurgie, du travail du cuir et du plâtre, de la mécanique et de la menuiserie, ainsi que des techniques artistiques de dessin, de peinture et de sculpture sur marbre et sur bronze<ref name=AM>(en) Andrew Martindale, The Rise of the Artist, Thames and Hudson.</ref>,<ref>Modèle:It Cennino d’A. Cennini, Il Libro dell’ Arte, dans une édition de D. V. Thompson Jr., New Haven: Yale University Press, 1933.</ref>. Il est également initié à la préparation des couleurs, la gravure, la peinture des fresques. Par la suite, Verrocchio confie à son élève, qu’il trouve exceptionnel, le soin privilégié de terminer ses tableaux.

Image:Verrocchio David.jpg
Léonard a peut-être servi de modèle pour David de Verrocchio, 1473-1475.

Il n’y a pas d’œuvre de Léonard connue pendant cette période mais, selon Vasari, il aurait collaboré à une peinture nommée Le Baptême du Christ (1472–1475)<ref name="Vasari" />. C’est d’ailleurs, selon la légende, à cause de la qualité du petit ange peint par Vinci pour ce tableau que Verrocchio, se sentant surpassé par son jeune assistant, décida de ne plus peindre<ref name="grandesdecouvertes" />. Selon la tradition qui veut que ce soit l’apprenti qui prenne la pose<ref name=Chiesa/>, Léonard aurait servi de modèle à la statue en bronze de David de Verrocchio. Il est également supposé que l’Archange Michel dans l’œuvre Tobias et l’Ange de Verrocchio est le portrait de Léonard<ref name=Chiesa/>.

En 1472, à l’âge de 20 ans, il est enregistré dans le « Livre rouge » de la guilde de saint Luc, célèbre guilde des artistes peintres et des docteurs en médecine de Florence, le Campagnia de Pittori. Il y a quelques traces sur cette période de la vie de Léonard dont la date d’un de ses premiers travaux, un dessin fait à la plume et à l’encre, Paysage de Santa Maria della neve (1473). Par la suite, sa carrière de peintre débute par des œuvres immédiatement remarquables telles que L’Annonciation (1472–1475). Il améliore la technique du sfumato (impression de brume) à un point de raffinement jamais atteint avant lui.

Il est toujours mentionné en 1476 comme assistant de Verrocchio, car, même après que son père lui ait mis en place son propre atelier, son attachement à Verrocchio était tel qu’il a continué à collaborer avec lui<ref name="LB" />. Pendant cette période, il reçoit des commandes personnelles. Il peint son premier tableau, La Madone à l’œillet (1476), et entre, la même année, dans l’atelier de Paolo Ucello, où il étudie la perspective.

Les archives judiciaires de 1476 montrent que, avec trois autres hommes, il a été accusé de sodomie, pratique à l’époque illégale à Florence, mais tous ont été acquittés des charges retenues<ref name="Vezzosi2" />. Ce document partant d’une accusation anonyme ne permet cependant pas d'affirmer si Léonard était homosexuel<ref name="Vezzosi2" />.

Deux années plus tard, à 26 ans, il quitte son maître après l'avoir brillamment dépassé dans toutes les disciplines. Léonard de Vinci devient alors maître peintre indépendant.

Au service de Ludovic Sforza

Image:Leonardo da Vinci Adoration of the Magi.jpg
L’Adoration des mages, vers 1481-1482, a été interrompue par le départ de Léonard pour Milan.

En 1481, le monastère de San Donato lui commande L’Adoration des mages (1481), mais Léonard ne terminera jamais ce tableau, probablement déçu ou vexé de ne pas être choisi par le pape Sixte IV pour la décoration de la chapelle Sixtine du Vatican à Rome où il est en concurrence avec plusieurs peintres<ref name="Vezzosi3">Chapitre 3 : « À Milan au temps des Sforza » de Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l’univers, Gallimard, 1996.</ref>. Le néoplatonisme en vogue à l’époque à Florence joue peut-être également un rôle dans son départ vers une ville plus académique et pragmatique comme Milan<ref name="Vezzosi3" />. Cela était probablement plus en phase avec son esprit, basé sur un développement empirique grâce à ses multiples expériences.

Vinci peint La Vierge aux rochers (1483-1486) pour la confraternité de l’Immaculée Conception à la chapelle San Francesco Grande de Milan, mais ce tableau sera au centre d’un conflit entre l’auteur et ses commanditaires pendant plusieurs années<ref name="Vezzosi3" />. En effet, Léonard s'engage avec le droit de pouvoir copier l'œuvre mais cela lui est refusé par la suite, il est donc contraint de stopper son travail, provoquant du retard. Ce n'est que des décisions de justice et ses amitiés qui résoudront le problème.

À Florence, le travail de Léonard ne passe pas inaperçu. Laurent de Médicis apprend que Léonard a créé une lyre argentée en forme de tête de cheval. Impressionné par son travail, il envoie Léonard à Milan comme émissaire et pour qu'il travaille pour le mécène et duc de Milan, Ludovic Sforza. Le but de cette manœuvre était de rester en bonne relation avec ce rival important<ref>(en) Paolo Rossi, The Birth of Modern Science, Blackwell Publishing, 2001, p. 33.</ref>. Il sera très probablement accompagné par le musicien Atalante Migliorotti<ref name="Vezzosi3" />. Il écrit également une lettre à Ludovic, qui décrit les nombreuses et diverses choses merveilleuses qu’il pourrait faire dans le domaine de l’ingénierie et informe le seigneur qu’il pouvait aussi peindre<ref>Leonardo’s Letter to Ludovico Sforza

  , Leonardo-history . Consulté le 9 septembre 2007</ref>,<ref name=DA/>. Sforza l’emploie à des tâches diverses sous le titre d’« Apelle florentin »<ref name="Vezzosi3" />. L’artiste est ainsi « ordonnateur de fêtes et spectacles aux décors somptueux » du palais et invente des machines de théâtre qui émerveillent le public, il peint plusieurs portraits de la cour milanaise.

Il s’occupe également de l’étude pour le dôme de la cathédrale de Milan et d’une version en argile pour faire un moule pour le « Gran Cavallo » (« Il Cavallo », le cheval de Léonard), une imposante statue équestre en l’honneur de François Sforza, le père et prédécesseur de Ludovic, faite de soixante-dix tonnes de bronze, ce qui constitue une véritable prouesse technique pour l’époque. Cette statue reste inachevée plusieurs années, Michel-Ange reconnaissant lui-même qu’il était incapable de la fondre<ref name=LB/>. Lorsque Léonard finit la version en argile pour le moule et ses plans pour le processus de fonte, le bronze prévu pour la statue est utilisé pour la création de canons pour défendre la ville de l’invasion de Charles VIII de France<ref name=DA/>.

Image:Study of horse.jpg
Étude d’un cheval par Léonard, probablement dans le cadre du développement du Cheval de Léonard.

C’est à cette époque qu’il réfléchit à des projets techniques et militaires. Il améliore les horloges, le métier à tisser, les grues et de nombreux autres outils. Il étudie aussi l’urbanisme et propose des plans de cités idéales. Bien que vivant à Milan entre 1493 et 1495, Léonard a noté dans ses documents d’imposition qu’il a, à sa charge, une femme appelée Caterina. À la mort de celle-ci, en 1495, la liste détaillée des dépenses relatives à ses funérailles laisse à penser que c’était sa mère plutôt qu’une servante<ref>Codex II, 95 r, Victoria and Albert Museum, cité par Angela Ottino della Chiesa</ref>,<ref name=LB/>.

Vers 1490, il crée une académie portant son nom où il enseigne pendant quelques années son savoir tout en notant ses recherches dans de petits traités. La fresque La Cène (1494-149Image:Cool.gif est peinte pour le couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie<ref name=LB/>. Quelques années plus tard, en 1498, il réalise le plafond du château des Sforza<ref name="Vezzosi3" />.

En 1499, lorsque les troupes de Louis XII de France prennent le Duché de Milan et destituent Ludovic Sforza qui s’enfuit en Allemagne chez son neveu [[Maximilien Ier du Saint Empire|Maximilien Modèle:Ier du Saint Empire]]<ref name="Vezzosi4" />, sa statue équestre en argile est détruite par les Français qui l’utilisent comme cible d’entraînement<ref>À New York, en 1999, une copie de statue sera créée selon les études de Léonard puis donnée à la ville de Milan. Voir l’article détaillé : Cheval de Léonard.</ref>. Louis XII revendique ses droits à la succession des Viscontis<ref name="Vezzosi4" />. Louis XII envisage de découper le mur représentant la Cène pour l’emporter en France, comme l’imaginera également Napoléon Ier quelques siècles plus tard<ref name="Vezzosi3" />. Avec la chute de Sforza, Léonard et son assistant Salai fuient Milan pour Mantoue puis Venise.

Artiste et ingénieur

En mars 1500, il est à Venise pour deux mois après avoir séjourné à Mantoue en compagnie du moine scientifique Luca Pacioli où il fut fortement remarqué pour un portrait d’Isabelle d'Este. Léonard est alors employé comme architecte et ingénieur militaire<ref name=LB/>,<ref name=Chiesa/>. Il élabore des méthodes pour défendre la ville d'une attaque navale des Turcs avec, notamment, l'invention d'un scaphandre autonome rudimentaire. Les Turcs n'attaquant pas, l'invention ne sera jamais utilisée et, fin avril, il est de retour à Florence.

Il séjourne dans le couvent de la Santissima Annunziata en 1501 et reçoit la consécration pour l’esquisse préparatoire La Vierge, l'Enfant Jésus avec sainte Anne et saint Jean Baptiste, une œuvre qui provoque une telle admiration que « hommes et femmes, jeunes et vieux » viennent la voir « comme s’ils participaient à un grand festival »<ref name=Vasari/>,<ref>En 2005, le studio a été redécouvert lors de la restauration d'un bâtiment occupé pendant cent ans par la section géographique de l'armée. Richard Owen, Found: the studio where Leonardo met Mona Lisa, TimesOnline, 12/1/2005</ref>. Il fait un bref séjour à Rome à la villa d'Hadrien à Tivoli<ref name="Vezzosi4" />. Il travaille La Madone aux fuseaux pour Florimond Robertet, le secrétaire d’État de Louis XII de France<ref name="Vezzosi4" />.

Image:Peter Paul Ruben's copy of the lost Battle of Anghiari.jpg
La bataille d'Anghiari par Pierre Paul Rubens est l'une des seules traces de l'œuvre originale de Vinci. Elle reprend « La lutte pour l'étendard », la partie centrale de la fresque de Vinci.

En 1502, il est appelé par le prince César Borgia, duc de Valentinois et fils du pape Alexandre VI, avec le titre de « capitaine et ingénieur général »<ref name=Chiesa/>. Il séjourne dans les Marches et la Romagne pour inspecter les forteresses et les territoires nouvellement conquis. Il rencontre Nicolas Machiavel « espion » de Florence au service de Borgia.

Le 18 octobre 1503, il retourne à Florence et la guilde de saint Luc et passe deux années à préparer et faire La bataille d'Anghiari (1503-1505), une fresque murale imposante<ref name=Chiesa/> de sept mètres sur dix-sept<ref name="Vezzosi4" />, avec Michel-Ange faisant La bataille de Cascina sur la paroi opposée<ref name="Vezzosi4" />. Les deux œuvres seront perdues, la peinture de Michel-Ange est connue à partir d'une copie d'Aristotole da Sangallo en 1542<ref>(en) Ludwig Goldscheider, Michelangelo, Phaidon, 1953.</ref> et la peinture de Léonard est connue uniquement à partir de croquis préparatoires et plusieurs copies de la section centrale, dont la plus connue est probablement celle de Pierre Paul Rubens<ref name=Chiesa/>. Un feu utilisé pour sécher plus rapidement la peinture ou la qualité du matériel semblent être à l'origine de l’altération de l'œuvre, laquelle a par la suite probablement été recouverte par une fresque de Giorgio Vasari<ref name="Vezzosi4"/>.

Léonard est consulté à plusieurs reprises comme expert, notamment pour étudier la stabilité du campanile de San Miniato al Monte et lors du choix de l’emplacement du David de Michel-Ange<ref name="Vezzosi4"/> où son avis s’oppose à celui de Michel-Ange. En 1504, il revient travailler à Milan qui est désormais sous le contrôle de Maximilien Sforza grâce au soutien des mercenaires suisses. Beaucoup des élèves et des adeptes les plus en vue dans la peinture connaissent ou travaillent avec Léonard à Milan<ref name=LB/>, y compris Bernardino Luini, Giovanni Antonio Boltraffio et Marco d'Oggiono<ref>Marco d'Oggiono est notamment connu pour ses copies de La Cène de Léonard de Vinci.</ref>. Son père meurt le 9 juillet et Léonard est écarté de l’héritage en raison de son illégitimité, mais son oncle fera plus tard de lui sont légataire universel<ref name="Vezzosi4" />. La même année, Louis XII de France sollicite Florence, où de Vinci réalise des études anatomiques. Léonard tente de classer ses innombrables notes. Léonard commence à travailler La Joconde (1503-1506 puis 1510-1515) qui est habituellement considéré comme un portrait de Mona Lisa del Giocondo née Lisa Maria Gherardini. Cependant, de nombreuses interprétations au sujet de ce tableau sont encore discutées.

Image:Leonardo polyhedra.png
Dessin d'un petit rhombicuboctaèdre par Léonard dans la Divine Proportion de Luca Pacioli, 1509.

En 1505, il étudie le vol des oiseaux et rédige le codex de Turin. Une année plus tard, le gouvernement de Florence lui permet de rejoindre le gouverneur français de Milan Charles d’Amboise, qui le retient auprès de lui malgré les protestations de la seigneurie. Léonard est tiraillé entre Français et Toscans, il est pressé par le tribunal de finir La Vierge aux rochers avec son élève Ambrogio de Predis alors qu'il travaille sur La bataille d'Anghiari<ref name="Vezzosi4" />.

Le peintre devient l’unique héritier de son oncle Francesco en 1507, mais ses frères entament une procédure pour casser le testament<ref name="Vezzosi4" />. Léonard fait appel à Charles d’Amboise et Florimond Robertet pour qu'ils interviennent en sa faveur<ref name="Vezzosi4" />. Louis XII de France est à Milan et Léonard est de nouveau l’ordonnateur des fêtes données dans la capitale lombarde.

En 1508, il vit dans la maison de Piero di Braccio Martelli avec le sculpteur Giovanni Francesco Rustici à Florence<ref name="Vezzosi5" /> mais part habiter à Milan, à la Porta Orientale dans la paroisse de Santa Babila<ref name=Chiesa/>. À la mort du gouverneur Charles d’Amboise en 1511, la France perd et quitte le Milanais après la bataille de Ravenne.

En septembre 1513, Léonard de Vinci part pour Rome travailler pour le pape Léon X, de la riche et puissante famille des Médicis. Au Vatican, Raphaël et Michel-Ange sont tous deux très actifs à ce moment<ref name=Chiesa/>. Léonard fait, en 1514, la série des « Déluges » qui est une réponse partielle à la version offerte par Michel-Ange, dans la chapelle Sixtine. Il mène également le projet d’assèchement des marais pontins, appartenant au duc Julien de Médicis.

Dernières années en France

Image:Searchtool.svg Article connexe : Clos Lucé.
Image:Manoir clos luce.jpg
Le Clos Lucé près d'Amboise, est la dernière demeure de Léonard de Vinci. C'est désormais un musée consacré à son prestigieux occupant.

En septembre 1515, le nouveau roi de France [[François Ier de France|François Modèle:Ier]] reconquiert le Milanais par la bataille de Marignan<ref name=Wasser>(en) Jack Wasserman, Leonardo da Vinci, Abrams, 1975.</ref>. En novembre 1515, il se penche sur un nouveau projet d’aménagement du quartier Médicis à Florence. Le 19 décembre, Léonard est présent à Bologne pour la réunion entre François Modèle:Ier et le pape Léon X<ref name=LB/>,<ref>Georges Goyau, Francois I, Traduit par Gerald Rossi, The Catholic Encyclopedia, Volume VI, publié en 1909, New York : Robert Appleton Company.</ref>,<ref>(en) Salvador Miranda, The Cardinals of the Holy Roman Church : Antoine du Prat, 1998-2007.</ref>. Francois Modèle:Ier charge Léonard de concevoir un lion mécanique pouvant marcher et dont la poitrine s'ouvre pour révéler des lys<ref name=Vasari/>. On ne sait pas pour quelle occasion ce lion a été conçu, mais il peut avoir été lié à l'arrivée du roi à Lyon ou dans les pourparlers de paix entre le roi et le pape<ref>Une copie librement retravaillée de ce lion est exposée au musée de Bologne.</ref>.

Il part travailler en France en 1516 avec son assistant artiste peintre Francesco Melzi et peut-être même Salai<ref name="Vezzosi5" /> où son nouveau mécène et protecteur, le roi de France François Ier l’installe au manoir de son enfance, le clos Lucé, à proximité du château d'Amboise, la demeure de l'époque du roi, en tant que « premier peintre, premier ingénieur et premier architecte du roi »<ref name="grandesdecouvertes" /> avec une pension totalisant Modèle:Formatnum:10000 scudi<ref name=Chiesa/>. Il n'est pas le premier artiste à recevoir cet honneur, Andrea Solario et Fra Giovanni Giocondo l'avaient précédé quelques années avant lui<ref name="Vezzosi5" />. François Modèle:Ier est fasciné par Léonard de Vinci et le considère comme un père. Le manoir et le château d'Amboise étaient d'ailleurs reliés par un souterrain permettant au souverain de rendre visite à l’homme de science en toute discrétion. Léonard projette la construction d’un nouveau palais à Romorantin avec le détournement d’un fleuve dans la Sauldre.

En 1519, malade depuis de longs mois, le 23 avril Léonard de Vinci rédige son testament devant le notaire d’Amboise. Il demande un prêtre pour recevoir sa confession et lui donner l'extrême onction<ref name=Vasari/>. Léonard de Vinci est emporté par la maladie le 2 mai 1519<ref name="Vezzosi5" />, au Clos Lucé, à l’âge de 67 ans. Giorgio Vasari rapporte une épitaphe qui semblerait expliquer qu’il est mort dans les bras de François Modèle:Ier<ref>Giorgio Vasari rapporte cette épitaphe :

LEONARDUS VINCIUS : QUID PLURA ? DIVINUM INGENIUM,
DIVINA MANUS.
EMORI IN SINU REGIO, MERUERE.
VIRTUS ET FORTUNA HOC MONUMENTUM CONTIGERE
GRAVISSIMUS IMPENSIS CUAVRERUNT.</ref> mais cela est contesté car l'épitaphe rapportée par Giorgio Vasari, et qui n'a jamais été vue sur aucun monument, contient « Sinu Regio », une expression fort vague et probablement métaphorique, qui peut être traduite par chez le roi ou comme une allusion à la mort de Léonard dans un château royal. De même, à cette époque, la cour est au château de Saint-Germain-en-Laye, où la reine accouche du roi Henri II de France, le 31 mars, et les ordonnances royales données le Modèle:1er mai sont datées de cet endroit. Le journal de François Modèle:Ier ne signale d'ailleurs aucun voyage du roi jusqu’au mois de juillet. Pour finir, l’élève de Léonard de Vinci, Francesco Melzi, auquel il lègue ses livres et ses pinceaux et qui est dépositaire de son testament, écrit au frère du grand peintre une lettre où il raconte la mort de son maître. Pas un mot n’y fait allusion à la circonstance mentionnée plus haut et qui, si elle avait été avérée, n’aurait certainement pas été oubliée<ref>John Grand-Carteret, L'Histoire, la vie, les mœurs et la curiosité par l'Image, le Pamphlet et le document (1450-1900), Librairie de la curiosité et des Beaux-Arts, 1927.</ref>.
Image:Tombe de Léonard de Vinci.JPG
La tombe de Léonard au château d'Amboise.

Selon ses dernières volontés, soixante mendiants suivent son cortège et il est enterré à la chapelle Saint-Hubert, dans l’enceinte du château d'Amboise.

Léonard de Vinci, toute sa vie célibataire et n’ayant jamais eu ni femme ni enfants, légua l’ensemble de son œuvre considérable pour les faire publier. Ses manuscrits, carnets, documents et instruments furent offerts à son disciple préféré, Francesco Melzi, élève depuis ses 10 ans. Après l’avoir accompagné en France, il resta près de Léonard de Vinci jusqu’à sa mort et géra son héritage pendant les cinquante années suivant la mort de son maître. Cependant, il ne publiera rien de l'œuvre de Léonard et de nombreuses peintures, dont la Joconde, se trouvaient encore en sa possession dans son atelier. Les vignes de Léonard seront divisées entre Salai, un autre élève et disciple très apprécié par de Vinci et entré à son service à l’âge de 15 ans, et son servant Battista di Vilussis. Le terrain sera légué aux frères de Léonard et sa servante reçut un manteau noir avec les bords en fourrure<ref>Leonardo's will

  , Leonardo-history . Consulté le 28 septembre 2007</ref>.

C'est le début de la dispersion et la perte des deux tiers des cinquante mille documents originaux multidisciplinaires rédigés en vieux toscan et cryptés par Léonard de Vinci. Chaque carnet, manuscrit, page, croquis, dessin, texte et note est considéré comme une œuvre d’art à part entière. Il ne resterait que treize mille documents environ, dont une majeure partie est archivée au Vatican.

Vingt ans après la mort de Léonard, François Ier dira au sculpteur Benvenuto Cellini : Modèle:Citation bloc

Relations et influences

Florence : contextes artistique et social de Léonard

Modèle:Article général

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Les Portes du Paradis de Lorenzo Ghiberti, 1425-1452, ont été une des fiertés communes pour les artistes florentins dont beaucoup participèrent à la création.

Léonard commença son apprentissage avec Andrea del Verrocchio en 1466, année où le maître de Verrocchio, le grand sculpteur Donatello, mourut. Le peintre Paolo Uccello, dont les premières expériences avec la perspective influencèrent le développement de la peinture des paysages, était très âgé. Les peintres Piero della Francesca et Fra Filippo Lippi, le sculpteur Luca della Robbia et de l'architecte et écrivain Leon Battista Alberti avaient environ 60 ans. Les artistes les plus renommés de la génération suivante étaient le maître de Léonard Andrea del Verrocchio, Antonio Pollaiuolo et le sculpteur Mino da Fiesole.

La jeunesse de Léonard se passa dans une maison de Florence ornée par les œuvres de ces artistes et par les contemporains de Donatello, Masaccio dont les fresques figuratives et réalistes étaient imprégnées d'émotion, et Lorenzo Ghiberti, dont les Portes du Paradis montraient la complexité des compositions alliant travaux architecturaux et soin des détails. Piero della Francesca avait fait une étude détaillée de la perspective et fut le premier peintre à faire une étude scientifique de la lumière. Ces études et les traités de Leone Battista Alberti devaient avoir un profond effet sur les jeunes artistes, et en particulier sur les propres observations de Léonard et ses œuvres d'art<ref name=Hartt>(en) Frederich Hartt, A History of Italian Renaissance Art, Thames and Hudson, 1970.</ref>,<ref name=Bruck>(en) Gene A. Brucker, Renaissance Florence, Wiley and Sons, 1969.</ref>,<ref name=Rach>(en) Ilan Rachum, The Renaissance, an Illustrated Encyclopedia, Octopus.</ref>.

La représentation du nu de Massaccio montrant Adam et Ève quittant le paradis sans avoir leurs organes génitaux masqués par une feuille de vigne créa une image très expressive des formes humaines qui influencera beaucoup la peinture, notamment parce qu'elles étaient exprimées en trois dimensions par une utilisation novatrice de la lumière et de l'ombre, que Léonard développera dans ses propres œuvres. L'humanisme de la Renaissance influençant le David de Donatello peut être vu dans les peintures les plus tardives de Léonard, en particulier Saint Jean Baptiste<ref name=Hartt/>.

Les hommes politiques contemporains de Léonard de Vinci était Laurent de Médicis et son jeune frère [[Julien de Médicis (1453-147Image:Cool.gif|Julien]] qui a été tué lors de la conjuration des Pazzi en 1478. Ludovic Sforza, qui gouvernait Milan entre 1479 et 1499 et à qui Léonard a été envoyé comme ambassadeur de la cour des Médicis, avait aussi son âge<ref name=Hartt/>,<ref name=Bruck/>.

Par les Médicis, Léonard connut d'anciens philosophes humanistes dont Marsile Ficin, partisan du néoplatonisme, et Cristoforo Landino, auteur de commentaires sur les écrits classiques. Jean Pic de la Mirandole était également associé à l'académie des Médicis<ref name=Rach/>,<ref>(en) Hugh Ross Williamson, Lorenzo the Magnificent, Michael Joseph, 1974.</ref>. Léonard écrivit plus tard dans la marge d'un journal « Les Médicis m’ont fait et les Médicis m’ont détruit » ; mais le sens de ce commentaire reste discuté<ref name=LB/>.

Bien que l'on cite ensemble les trois « géants » de la haute Renaissance, Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël ne sont pas de la même génération. Léonard avait 23 ans quand Michel-Ange est né et 31 ans à la naissance de Raphaël. Raphaël mourra en 1520, une année après de Vinci et Michel-Ange vécut encore quarante-cinq ans<ref name=Bruck/>,<ref name=Rach/>.

Assistants et élèves

Image:Searchtool.svg Articles connexes : Salai et Francesco Melzi.
Image:Leonardo da Vinci 025.jpg
Salai servit de modèle pour Saint Jean Baptiste, 1513-1516.

Gian Giacomo Caprotti da Oreno<ref>Site internet de Oreno

  , Oreno . Consulté le 28 septembre 2007</ref>, dit « il Salaino » (« le petit diable ») ou Salai, a été décrit par Giorgio Vasari comme « un gracieux et beau jeune homme avec des cheveux fins et bouclés, en lequel Léonard était grandement ravi »<ref name=Vasari/>. Salai entra au service de Léonard en 1490 à l'âge de 10 ans. Leur relation ne fut pas facile. Un an plus tard, Léonard fit une liste des délits du garçon, le qualifiant de « voleur », « menteur », « têtu » et de « glouton ». Le « petit diable » avait volé de l'argent et des objets de valeur à au moins cinq reprises, et avait dépensé une fortune en vêtements, dont vingt-quatre paires de chaussures<ref>Léonard, Codex C. 15v, Institut de France. Traduction Richter.</ref>. Néanmoins, les carnets de Léonard des premières années de leur relation contiennent beaucoup d'images de l'adolescent. Salai est resté son compagnon, son serviteur et son assistant durant les trente années suivantes<ref name=Chiesa/>.

En 1506, Léonard prit comme élève, âgé de 15 ans, Francesco Melzi, fils d'un aristocrate Lombard. Melzi devint le compagnon de vie de Léonard et il est considéré comme son élève favori. Il se rendit en France, avec Léonard et Salai, et resta avec lui jusqu'à sa mort<ref name=LB/>. Salai quitta cependant la France en 1518 pour retourner à Milan. Il y construisit une maison dans le vignoble de la propriété de Léonard qu'il s'est finalement vu léguer. En 1525, Salai meurt d'une mort violente, soit assassiné, soit à la suite d'un duel<ref name=NR> Nick Rossiter , « Could this be the secret of her smile? » , avril 2003

    , Telegraph.co.UK . Consulté le septembre 2007</ref>.

Salai exécuta un certain nombre de tableaux sous le nom d'« Andrea Salai », mais, bien que Giorgio Vasari prétend que Léonard « lui a appris beaucoup de choses sur la peinture »<ref name=Vasari/>, son travail est généralement considéré comme étant de moindre valeur artistique que les autres élèves de Léonard comme Marco d'Oggiono ou Giovanni Antonio Boltraffio. En 1515, il peint une version nue de La Joconde, dite « Monna Vanna »<ref> Tom Gross , « Mona Lisa Goes Topless »

  , Paintingsdirect.com . Consulté le septembre 2007</ref>. La Joconde, appartenant à Salai, à sa mort en 1525, a été évaluée à cinq cent cinq lires, ce qui est une valeur exceptionnellement élevée pour un portrait de petite taille<ref name=NR />.

Giovanni Antonio Boltraffio et Marco d'Oggiono rejoignent l'atelier de Léonard lorsqu'il est de retour à Milan, mais de nombreux autres élèves moins connus tels que Ambrogio de Predis, Bernardino dei Conti, Francesco Napoletano, Giovanni Antonio Boltraffio ou encore Andrea Solario sont aussi présents.

Vie personnelle

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Étude pour un portrait d'Isabelle d'Este, vers 1500. Isabelle semble avoir été la seule amie de sexe féminin de Léonard.

Vinci a eu beaucoup d'amis qui sont reconnus dans leurs domaines respectifs ou ont eu une influence importante sur l'Histoire. Il s'agit notamment du mathématicien Luca Pacioli avec qui il a collaboré pour un livre, César Borgia au service duquel il a passé deux années, Laurent de Médicis et le médecin Marcantonio della Torre. Il a rencontré Nicolas Machiavel, avec qui il développera plus tard une étroite amitié, et Michel-Ange avec qui il a été rival. Parmi ses amis, se trouvent également Franchini Gaffurio et Isabelle d'Este. Vinci semble ne pas avoir eu d'étroites relations avec les femmes, sauf avec Isabelle. Il a fait un portrait d'elle, au cours d'un voyage qui le mena à Mantoue, qui semble avoir été utilisé pour créer une peinture, aujourd'hui perdue<ref name=LB/>. Il était également ami à l'architecte Jacopo Andrea da Ferrara jusqu'à son assassinat<ref name="Vezzosi4" />.

Au-delà de l'amitié, Léonard gardait sa vie privée secrète. De son vivant, ses capacités extraordinaires d'invention, son « exceptionnelle beauté physique », sa « grâce infinie », sa « grande force et générosité », la « formidable ampleur de son esprit » telles que décrite par Vasari<ref name=Vasari /> ont attisé la curiosité. De nombreux auteurs ont spéculé sur les différents aspects de la personnalité de Léonard. Sa sexualité a souvent été l'objet d'études, d'analyses et de spéculations. Cette tendance a commencé au milieu du XVIe siècle et a été relancée au cours des Modèle:Sps, notamment par Sigmund Freud<ref>Sigmund Freud, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, publié en 1910. Ce livre est inspiré de Le roman de Léonard de Vinci par Dimitri Merejkovski, Paris, 1930.</ref>.

Les relations les plus intimes de Léonard étaient avec ses élèves : Salai et Francesco Melzi. Melzi écrivit que les sentiments de Léonard étaient un mélange d'amour et de passion. Il a été décrit depuis le XVIe siècle que ces relations étaient d'un caractère érotique. Depuis cette date, il a été beaucoup écrit au sujet de son homosexualité présumée et du rôle de cette sexualité dans son art, en particulier dans l'impression androgyne et l'érotique qui se manifeste dans Bacchus et plus explicitement dans un certain nombre de ses dessins<ref>Michael Rocke, Forbidden Friendships épigraphe, p. 148 & N120 p.298.</ref>.

Vinci était passionné par la nature et les animaux au point d’en devenir végétarien<ref>(en) Jean Paul Richter, The Literary Works of Leonardo da Vinci, 1883.</ref> et d’acheter des oiseaux en cage pour leur rendre leur liberté<ref>(en) Edward MacCurdy, The Mind of Leonardo da Vinci, 1928.</ref>. Il était également très bon musicien. Il est admis que Léonard était gaucher et ambidextre, ce qui expliquerait son utilisation de l'écriture spéculaire<ref name="Vezzosi1" />.

Peintures

Image:Leonardo da Vinci 027.jpg
La Vierge aux rochers, 1483-1486 et 1495–1508 (deux versions), marque une iconographie nouvelle qui sera largement reprise.

Malgré la relative récente prise de conscience et l'admiration vouée à Léonard comme scientifique et inventeur, son immense renommée de la plus grande partie de ces quatre cents dernières années a reposé sur ses réalisations en tant que peintre et sur une poignée d'œuvres, authentifiées ou lui étant attribuées qui ont été considérées comme faisant partie des plus beaux chefs-d'œuvre jamais créés<ref>Dès les années 1490, Vinci été déjà décrit comme un peintre « divin ». Sa célébrité est commentée dans le livre Leonardo da Vinci de Daniel Arasse, entre les pages 11 et 15.</ref>.

Ces peintures sont célèbres pour de nombreuses raisons et qualités qui ont été beaucoup imitées par les étudiants et discutées très longuement par les connaisseurs et les critiques. Parmi les qualités qui font des travaux de Léonard des pièces uniques sont souvent citées les techniques novatrices qu'il a utilisées dans l'application de la peinture, sa connaissance approfondie de l'anatomie humaine et animale, de la botanique et la géologie mais aussi son utilisation de la lumière, son intérêt pour la physiognomonie et la façon dont les humains utilisent le registre des émotions et les expressions gestuelles, son sens de la composition et son sens subtil des dégradés de couleurs. Il maîtrisait notamment les techniques de « sfumato » et de « clair-obscur ». Toutes ces qualités sont réunies dans ses tableaux les plus connus, La Joconde, La Cène et La Vierge aux rochers<ref>(en) Frederick Hartt, A History of Italian Renaissance Art, pages 387 à 411.</ref>.

Léonard a réalisé de très nombreux portraits de femmes, mais un seul portrait d’homme, celui d’un musicien, a été retrouvé à ce jour. On lui prête souvent la phrase suivante : « Le personnage le plus digne d’éloges est celui qui, par son mouvement, traduit le mieux les passions de l’âme », qui explique bien sa pensée de peintre. Cependant, il a aussi dessiné des croquis caricaturaux de ses contemporains dans la mode du grotesque.

Léonard est surtout célèbre pour ses dessins et ses peintures dans lesquels il introduit ses notions de mathématiques, notamment le nombre d’or, et utilise la perspective. Vinci estimait que la peinture était une science<ref name="Vezzosi3" />.

Premiers travaux

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L'Annonciation, 1475–1480, contient certaines discontinuités de style.

Les premiers travaux de Léonard de Vinci commenceront avec Le Baptême du Christ peint avec Andrea del Verrocchio, à qui il est attribué, et ses autres élèves. Deux autres peintures semblent dater de cette période à l'atelier, qui sont tous les deux des « Annonciations ». L'un est petit, large de cinquante-neuf centimètres pour seulement quatorze de haut. Il s'agit d'un prédelle se plaçant à la base d'une composition plus large, et, dans ce cas, pour un tableau de Lorenzo di Credi duquel il fut séparé. L'autre est un travail beaucoup plus important, de deux cent dix-sept centimètres de large<ref name="Chiesa"/>.

Dans ces deux annonciations, Léonard a dépeint la Vierge Marie assise ou agenouillée à la droite de l'image, et un ange de profil s'approchant d'elle par la gauche. Un gros travail est fait sur les mouvements des vêtements et les ailes de l'ange. Bien que précédemment attribuée à Domenico Ghirlandaio, l'œuvre est désormais presque universellement attribuée à de Vinci<ref name=Berti>(en) Luciano Berti, The Uffzi, Scala, 1971.</ref>.

Dans le tableau le plus petit, Marie détourne ses yeux et plie ses mains dans un geste qui symbolise la soumission à la volonté de Dieu. Dans le tableau le plus grand cependant, Marie ne semble pas aussi docile. La jeune femme, interrompue dans sa lecture par ce messager inattendu qu'est l'ange, place son doigt dans sa Bible pour repérer là où elle en est et lève la main dans un geste de salutation ou de surprise<ref name="Hartt" />. Son calme semble montrer qu'elle accepte son rôle de mère de Dieu, non pas avec résignation mais avec confiance. Dans ce tableau, le jeune Léonard présente le visage humaniste de la Vierge Marie, reconnaissant le rôle de l'humanité dans l'incarnation de Dieu<ref>Michael Baxandall liste cinq réactions probables de Marie à la présence et à l'annonce de l'ange. Il s'agit de l'inquiétude, du « rafraîchissement » spirituel, de la recherche de réponses, de la soumission et du mérite. Dans ce tableau, l'attitude de Marie n'est pas conforme aux versions acceptées traditionnellement. (en) Michael Baxandall, Painting and Experience in Fifteenth Century Italy, Oxford University Press, 1974.</ref>. Ce dernier tableau a visiblement été travaillé par plusieurs personnes, puisque certaines discontinuités de style sont perceptibles, comme une « erreur » de perspective sur le bras droit de Marie, le pré fleuri comme une broderie ou bien les ailes de rapace de l'ange<ref name="Vezzosi2" />. Le style du lutrin du tableau pourrait être un clin d'œil au style du tombeau de Pierre de Médicis réalisé par Verrochio en 1472<ref name="Vezzosi2" />.

Peintures des années 1480

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La composition de la peinture inachevée de Saint Jérome, vers 1482, est probablement due à un découpage de certaines parties.

Dans les années 1480, Vinci reçut deux très importantes commandes et commença à travailler à une autre œuvre qui fut également d'une grande importance en terme de composition. Malheureusement, deux des trois œuvres n'ont jamais été terminées et la troisième a été si longue à créer qu'elle fut soumise à de longues négociations sur son achèvement et son paiement. L'un de ces tableaux est saint Jérome. Liana Bortolon, dans son livre The Life and Times of Leonardo (1967), associe ce tableau à une période difficile de la vie de Léonard. Les signes de la mélancolie peuvent se lire dans son journal : « Je pensais que j'apprenais à vivre ; j'apprenais seulement à mourir. »<ref name="LB" />.

La composition du tableau est très inhabituelle, même s'il est vrai que certaines parties de celui-ci furent découpées<ref>Selon Jack Wasserman dans Leonardo da Vinci, la peinture qui, au Modèle:XVIIIe siècle appartenait à Angelica Kauffmann, a été découpée après cette période. Les deux principales sections ont été trouvées quasi abandonnées et ont été réunifiées. Il est d'ailleurs toujours probable que des parties extérieures de la peinture soient encore manquantes.</ref>. Le tableau dépeint la pénitence de Jérôme de Stridon dans le désert. Pénitent, Jérôme occupe le milieu de l'image, le corps légèrement en diagonale. Sa posture agenouillée prend une forme trapézoïdale, avec un bras tendu vers le bord extérieur de la peinture et son regard allant dans la direction opposée. Jack Wasserman souligne le lien entre cette peinture et les études anatomiques de Léonard<ref name=Wasser/>. Au premier plan de l'ensemble s'étend son symbole, un grand lion, dont le corps et la queue effectuent une double courbe à travers la base de l'image. L'autre caractéristique intéressante est l'aspect superficiel du paysage de pierres rocailleuses où se trouve le personnage.

L'affichage audacieux et novateur de la composition, avec les éléments du paysage et le drame personnel, apparaît également dans le grand chef-d'œuvre inachevé qu'est L'Adoration des mages, une commande des moines de San Donato a Scopeto. C'est un tableau à la composition très complexe, et Léonard a fait de nombreux dessins et études préparatoires, y compris une très détaillée pour la perspective linéaire d'une ruine d'architecture classique qui sert de toile de fond à la scène. Mais, en 1482, Léonard part à Milan, à la demande de Laurent de Médicis, afin de gagner les bonnes grâces de Ludovic Sforza. Il abandonne donc son tableau<ref name=Berti/>,<ref name=Chiesa/>.

Le troisième travail important de cette période est La Vierge aux rochers qui a été commandée à Milan pour la confrérie de l'Immaculée Conception. La peinture, faite avec l'assistance des frères, devait combler un grand retable, déjà construit<ref name=Wasser/>. Léonard a choisi de peindre un passage de l'enfance du Christ tiré des apocryphes, lorsque le petit Jean le Baptiste, sous la protection d'un ange, a rencontré la sainte Famille sur la route de l'Égypte. Dans cette scène, telle qu'elle a été peinte par Léonard de Vinci, Jean reconnaît et vénère Jésus comme le Christ. Le tableau montre des personnages gracieux s'agenouillant en adoration devant le Christ dans un environnement sauvage et un paysage rocheux<ref>The Mysterious Virgin

  , National Gallery de Londres . Consulté le septembre 2007</ref>. Le tableau est quasiment aussi complexe que la peinture commandée par les moines de San Donato, même s'il a seulement quatre personnages et non cinquante et s'il dépeint un paysage plutôt qu'un fond architectural. Le tableau a été achevé mais, en fait, deux versions de la peinture ont été faites, celle qui est restée à la chapelle de la confrérie, et l'autre qu'a emportée Léonard en France. Mais les frères n'ont pas eu leur peinture avant le siècle suivant<ref name=Chiesa/>,<ref name=DA/>. Une seconde version de ce tableau, avec l'ajout des auréoles et du bâton de Jean Baptiste sera faite quelques années plus tard.

Peintures des années 1490

Image:Searchtool.svg Article connexe : La Cène.

[[Image:Leonardo da Vinci (1452-1519) - The Last Supper (1495-149Image:Cool.gif.jpg|400px|thumb|left|La Cène, 1495-1498, une peinture qui a nécessé d'importants efforts de restauration.]]

La plus célèbre peinture de Léonard pour la période des années 1490 est La Cène. Elle est peinte directement sur un mur du couvent Santa Maria delle Grazie à Milan. La peinture représente le dernier repas partagé par Jésus et ses disciples avant sa capture et sa mort. Il montre précisément le moment où Jésus a dit « l'un de vous va me trahir ». Léonard dépeint la consternation que cette déclaration a causé à l'ensemble des douze disciples de Jésus<ref name=DA />.

Le romancier Mathieu Bandello observa Léonard au travail et écrivit que, certains jours, il peignait de l'aube au crépuscule sans même s'arrêter pour manger, et puis ne peignait pas les trois ou quatre jours suivants<ref name=Wasser/>. Selon Vasari, cela provoquait l'incompréhension du moine en chef, le prieur, qui chassa le peintre, jusqu'à ce que Léonard demande au duc de Milan Ludovic Sforza d'intervenir. Vasari décrivit également comment Vinci douta de sa capacité à peindre proprement les visages de Jésus et de Judas, disant au duc qu'il avait peut-être utilisé le moine pour modèle<ref name=Vasari />.

Lorsque le tableau fut terminé, il fut salué comme un chef-d'œuvre de conception et de caractérisation<ref name="Vasari" />, obtenant même plus tard l'admiration de Pierre Paul Rubens et de Rembrandt<ref name="Vezzosi3" />. L'œuvre devait être restaurée sans cesse, la peinture se détachant du support en plâtre<ref name="grandesdecouvertes" />. La peinture s'est détériorée rapidement de telle sorte qu'avant même le centième anniversaire de sa création, elle a été décrite par un témoin comme « totalement dévastée »<ref name=Chiesa />. Léonard, au lieu d'utiliser la technique éprouvée de la fresque, avait utilisé la « technique de la tempera », un procédé de peinture utilisant le jaune d'œuf comme médium pour lier les pigments, alors que le support était principalement « gesso », un type de craie fait de carbonate de calcium minéral, ce qui a produit une surface sujette à la moisissure et à l'écaillage<ref name=Chiesa />. Malgré ces déboires, le tableau est resté l'une des œuvres d'art les plus reproduites.

Peintures des années 1500

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La Joconde, 1503-1506, est l'un des tableaux les plus célèbres au monde.

Parmi les œuvres créées par Léonard dans les années 1500 se trouve un petit portrait connu sous le nom de La Joconde (1503-1506) ou de, notamment pour les anglophones, « Mona Lisa ». Le tableau est connu, en particulier, pour l'insaisissable sourire sur le visage de la femme. La qualité de la peinture est peut-être liée au fait que l'artiste a subtilement ombré les coins de la bouche et les yeux, afin que la nature exacte du sourire ne puisse être déterminée. La qualité des ombres pour lesquelles le travail est réputé a été appelé « sfumato » ou « la fumée de Léonard ». Giorgio Vasari a écrit que « le sourire est si agréable qu'il semble divin plutôt qu'humain ; ceux qui l'ont vu ont été très surpris de constater qu'il semble aussi vivant que l'original »<ref name="Vasari" />. Néanmoins, pendant longtemps, les experts admettaient généralement que Vasari a pu n'avoir jamais connu la peinture autrement que par sa renommée car il l'a décrite comme ayant des sourcils. Une analyse spectroscopique à haute résolution permit de confirmer l'hypothèse de Daniel Arasse qui, dans son livre Leonardo da Vinci (1997), discutait de la possibilité que Léonard ait pu avoir peint le visage avec des sourcils, mais qu'ils ont ensuite été enlevés, notamment parce qu'ils n'étaient pas en vogue dans le milieu du Modèle:XVIe siècle. Effectivement, La Joconde aurait eu des sourcils et des cils qui ont par la suite été enlevés<ref>(en) Mona Lisa 'had brows and lashes', BBC News.</ref>.

Les autres caractéristiques trouvées dans ce travail sont la sévérité vestimentaire, laissant les yeux et les mains non concurrencés par d'autres détails, le paysage de fond spectaculaire, le travail des couleurs et la nature de la technique de peinture très douce employant des huiles, mais posées un peu comme la tempera et mélangées à la surface de sorte que les coups de pinceaux semblent indissociables. Vasari a exprimé l'avis que la façon de peindre ferait même « le plus confiant des maîtres [de la peinture]... désespérer et perdre courage »<ref name="Vasari"/>. L'état de conservation remarquable et le fait qu'il n'y ait aucun signe visible de réparations ou de surcouches repeintes sont extrêmement rares pour une peinture de cette période<ref name="Chiesa"/>.

Dans La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, la composition reprend de nouveau le thème de personnages dans un paysage que Jack Wasserman, dans son livre Leonardo da Vinci (1975), qualifie de « saisissante par sa beauté »<ref name=Wasser/> et renvoie à la peinture inachevée de saint Jérome avec le personnage faisant un angle oblique avec l'un de ses bras. Ce qui rend La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne si rare est la présence de deux ensembles dans une perspective différente mais se superposant. Marie est assise sur les genoux de sa mère, sainte Anne. Elle se penche en avant pour prendre dans ses bras l'enfant Jésus qui joue avec un agneau, signe de l'imminence de son propre sacrifice<ref name=DA/>. Ce tableau, qui a été copié à plusieurs reprises, influença Michel-Ange, Raphaël et Andrea del Sarto<ref name=Chiesa/> et, à travers eux, Pontormo et Le Corrège. Le style de la composition a été adopté en particulier par les peintres vénitiens Le Tintoret et Paul Véronèse.

Dessins et croquis

Image:Leonardo - St. Anne cartoon.jpg
Le carton La Vierge, l'Enfant Jésus avec sainte Anne et saint Jean Baptiste a été fait pour un tableau sur le thème de Sainte Anne, mais ce tableau a très probablement disparu.

Vinci n'a pas été un peintre prolifique, mais il l'a été comme dessinateur. Il remplissait ses journaux de petits croquis et de dessins détaillés afin de garder une trace de tout ce qui avait attiré son attention. En plus de ses notes, il existe de nombreuses études pour ses peintures, dont certaines peuvent être considérées comme préparatoires à des travaux tels que L'Adoration des mages, La Vierge aux rochers et La Cène<ref name=Popham />. Son premier dessin daté est un paysage, Paysage de Santa Maria della neve (1473), qui montre la rivière, les montagnes, le château Montelupo et les exploitations agricoles au-delà de celui-ci dans le plus grand détail<ref name=LB/>,<ref name=Popham />.

Parmi ses célèbres dessins, il y a l’homme de Vitruve, une étude des proportions du corps humain, la Tête de l'ange, La Vierge aux Rochers et La Vierge, l'Enfant Jésus avec sainte Anne et saint Jean Baptiste, qui est un grand carton (160 × 100 cm) en craie blanche et noire sur un papier de couleur de sainte Anne<ref name=Popham />. Ce thème de sainte Anne sera, avec la sainte Famille, la dominance de l'œuvre de le Léonard de 1500 à 1517<ref name="Vezzosi4" />. Ce dessin emploie la technique subtile du sfumato, à la manière de La Joconde. Léonard ne semble jamais avoir fait une peinture à partir de ce dessin, mais un tableau assez proche en est La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne<ref name=Chiesa/>.

Les autres dessins d'intérêt comprennent de nombreuses études généralement dénommées « caricatures » parce que, bien qu'exagérées, elles semblent être basées sur l'observation de modèles vivants. Giorgio Vasari rapporte que, si Léonard voyait une personne qui avait un visage intéressant, il la suivait toute la journée pour l'observer<ref name="Vasari" />. Il existe de nombreuses études de beaux jeunes hommes, souvent associées à Salai, avec le rare et très admiré et caractéristique visage que l'on appelle le « profil grec »<ref>Le « profil grec » a une ligne droite partant du front à l'extrémité du nez. C'est une caractéristique de beaucoup de statues grecques classiques.</ref>. Ces visages sont souvent en contraste avec ceux d'un guerrier<ref name="Popham" />. Salai est souvent dépeint dans des costumes et des déguisements. Léonard est connu pour avoir conçu des décors pour des processions traditionnelles. D'autres dessins, souvent minutieux, montrent des études de draperie. Enfin, un autre dessin souvent reproduit est un croquis macabre qui a été fait par Léonard à Florence en 1479 et qui montre le corps de Bernado Baroncelli, pendu dans le cadre de l'assassinat de [[Julien de Médicis (1453-147Image:Cool.gif|Julien]], frère de Laurent de Médicis, dans la « conjuration des Pazzi »<ref name="Popham" />.


Léonard comme observateur, scientifique et inventeur

Journaux et notes

Image:Da Vinci codex du vol des oiseaux Luc Viatour.jpg
Codex du vol des oiseaux, rédigé en écriture spéculaire, 1485-1490.

L'humanisme de la Renaissance ne lie pas les sciences et les arts. Cependant, les études de de Vinci en sciences et en ingénierie sont aussi impressionnantes et novatrices que son travail artistique, enregistrées dans des carnets de notes comprenant quelque treize mille pages d'écriture et de dessins, qui associent art et philosophie naturelle (le base de la science moderne). Ces notes ont été réalisés et mises à jour quotidiennement pendant toute la vie et les voyages de Léonard. Continuellement, il s'efforçait de faire des observations du monde qui l'entourait<ref name=DA/>, conscient et fier d'être, comme il se définissait, un « homme sans lettres », autodidacte et lucide sur les phénomènes naturels souvent bien éloignés de ce qui était appris à l'école<ref name="Vezzosi3" />.

Ces journaux sont pour la plupart rédigés dans une écriture spéculaire, plus communément appelée « écriture en miroir ». La raison peut avoir été davantage un besoin pratique, pour être plus rapide, que pour des raisons de chiffrement comme cela est souvent suggéré. Comme Léonard écrivait avec sa main gauche, il devait être plus facile pour lui d'écrire de droite à gauche.

Ses notes et dessins, dont les plus anciens sont datés de 1475<ref name="Vezzosi2" />, montrent une grande variété d'intérêts et de préoccupations, mais aussi certaines listes quelconques d'épicerie ou de ses débiteurs. Il y a des compositions pour des peintures, des études de détails et de tapisseries, des études de visages et d'émotions, des animaux, des bébés, des dissections, des études botaniques et géologiques, des machines de guerre, des machines volantes et des travaux architecturaux<ref name="DA" />.

Ces carnets de notes - initialement des feuilles volantes de différentes tailles et de différents types, données par ses amis après sa mort - ont trouvé leur place dans les collections importantes comme celles exposées au château de Windsor, au musée du Louvre, à la Bibliothèque nationale d'Espagne, à la Bibliothèque ambrosienne de Milan, au Victoria and Albert Museum et à la British Library de Londres. La British Library a mis une sélection à partir de ses notes (BL Arundel MS 263) sur l'Internet dans les pages de son site abordant ce chapitre<ref>Sketches by Leonardo

  , Turning the Pages, British Library . Consulté le septembre 2007</ref>. Le Codex Leicester est le seul grand travail scientifique de Vinci qui soit entre les mains d'un propriétaire privé (Bill Gates).

Les journaux de Léonard semblent avoir été destinés à la publication, car beaucoup de feuilles ont une forme et un ordre qui en faciliteraient l'édition. Dans de nombreux cas, un seul thème, par exemple, le cœur ou le fœtus humain, est traité en détail à la fois dans les mots et les images, sur une seule feuille<ref>Royal Library, château de Windsor, feuilles RL 19073v-19074v et RL 19102 respectivement.</ref>. Ce mode d'organisation minimise également la perte de données dans le cas où les pages seraient mélangées ou détruites. La raison pour laquelle ces journaux n'ont pas été publiés alors que Léonard était encore vie est inconnue<ref name=DA/>, mais certains estiment que la société n'était pas prête pour cela, notamment l'Église vis-à-vis de ses travaux anatomiques.

Études scientifiques

L'approche de la science par Léonard est très liée à l'observation : si « la Science est le capitaine, la pratique est le soldat »<ref name="Vezzosi3" />. Il a essayé de comprendre un phénomène en le décrivant et en l'illustrant dans les plus grands détails, en n'insistant pas trop sur les expériences ou les explications théoriques. Comme il manquait d'instruction initiale en latin et en mathématiques, les chercheurs contemporains ont largement ignoré le savant Léonard, bien qu'il ait appris par lui-même le latin.

Dans les années 1490, il a étudié les mathématiques grâce à Luca Pacioli et a fait une série de dessins de solides réguliers dans une forme squelettique afin de les faire graver pour le livre de Pacioli Divina Proportione (1509)<ref name=DA/>. Il est alors particulièrement fasciné par l'idée de l'absolu et de l'universel<ref name="Vezzosi3" />.

Il semble que, à partir du contenu de ses revues, il ait envisagé de publier une série de traités sur une grande variété de sujets. Un traité d'anatomie aurait été observé au cours d'une visite par le secrétaire du cardinal Louis d'Aragon en 1517<ref>(en) O'Malley & Saunders, Leonardo on the Human Body, Dover Publications New York, 1982.</ref>. Les aspects de son travail sur les études de l'anatomie, de la lumière et des paysages ont été rassemblés pour la publication par son élève Francesco Melzi et finalement publiés en 1651 en Italie, longtemps après sa mort, sous le nom de Traité de la peinture par Léonard de Vinci<ref name="DA" />,<ref name=Popham>(en) A.E. Popham, The Drawings of Leonardo da Vinci, Jonathan Cape, 1946.</ref>.

Selon Daniel Arasse, le traité a été publié en France bien plus tard mais eut soixante-deux éditions en cinquante ans, ce qui fait que Léonard est souvent considéré comme « le précurseur de la pensée universitaire française sur l'art »<ref name="DA" />.

Paul Valéry met en avant la manière dont Léonard de Vinci a découvert intuitivement par l'observation « le premier germe de la théorie des ondulations lumineuses », sans cependant pouvoir la valider de manière expérimentale :

« L'air est rempli d'infinies lignes droites et rayonnantes, entre-croisées et tissées sans que l'une n'emprunte jamais le parcours d'une autre, et elles représentent pour chaque objet la vraie forme de leur raison (de leur explication). » <ref>Cité dans Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1895.</ref>

Léonard de Vinci étudiera aussi beaucoup la lumière et l'optique<ref name="Vezzosi5" />.

Médecine et anatomie

Image:Da Vinci Studies of Embryos Luc Viatour.jpg
Étude de Léonard de Vinci sur l'embryon humain, 1510-1513.

La formation initiale de Léonard à l'anatomie du corps humain a commencé lors de son apprentissage avec Andrea del Verrocchio, son maître insistant sur le fait que tous ses élèves apprennent l'anatomie. Comme artiste, il est rapidement devenu maître de l'anatomie topographique, en s'inspirant de nombreuses études des muscles, des tendons et d'autres caractéristiques anatomiques visibles. Il pose les bases de l'anatomie scientifique, disséquant notamment des cadavres de criminels dans la plus stricte discrétion, pour éviter l’Inquisition. Les conditions de travail sont particulièrement pénibles à cause des problèmes d'hygiène et de conservation des corps.

Comme artiste connu, il a reçu l'autorisation de disséquer des cadavres humains à l'hôpital de Santa Maria Nuova à Florence et, plus tard, dans les hôpitaux de Milan et de Rome. De 1510 à 1511, il a collaboré dans ses recherches avec le médecin Marcantonio della Torre et, ensemble, ils ont compilé un ensemble de travaux théoriques sur l'anatomie avec plus de deux cents dessins de Léonard. Il a été publié sous le nom peu évident de Traité de la peinture en 1680.

Léonard a dessiné de nombreux squelettes humains, des os, ainsi que les muscles et les tendons, le cœur et le système vasculaire, l’action de l’œil, les organes sexuels et d'autres organes internes. Ces observations contiennent parfois des inexactitudes dues aux connaissances de l'époque<ref name="grandesdecouvertes" />. Il a fait l'un des premiers dessins scientifiques d'un fœtus dans l'utérus<ref name=Popham /> et la première constatation scientifique de la rigidité des artères suite à une crise cardiaque. Comme artiste, Léonard observa de près les effets de l'âge et de l'émotion humaine sur la physiologie, en étudiant en particulier les effets de la rage. Il a également dessiné de nombreux modèles dont certains avec d'importantes déformations faciales ou des signes visibles de maladie<ref name=DA/>,<ref name=Popham/>.

Il a aussi étudié et dessiné l'anatomie de nombreux animaux. Il a disséqué des vaches, des oiseaux, des singes, des ours et des grenouilles, comparant la structure anatomique de ces animaux avec celle de l'homme. Il étudia également les chevaux.

Ingénierie et invention

Image:Leonardo da Vinci helicopter and lifting wing.jpg
La vis aérienne (en haut), 1486, considérée comme la base de l'hélicoptère, et expérience sur la force de levage d'une aile (en bas).

Léonard de Vinci s’inscrit dans un courant technicien et, comme tel, aura des précurseurs parmi lesquels on pourra citer Taccola ou encore Francesco di Giorgio Martini qu’il aura comme supérieur lors de la construction du dôme de Milan et à qui il emprunta certainement beaucoup. Étant sans doute moins occupé par ses réalisations que ce dernier du fait d’un carnet de commandes moins rempli, Léonard de Vinci sera à la fois plus prolixe mais aussi capable d’un changement de méthode. Au cours de sa vie, il fut même considéré comme ingénieur même s'il a été plus un « artisan talentueux ». Il est également considéré comme le précurseur d’un grand nombre de machines modernes mais, pourtant, il faut être prudent avant de faire de Léonard de Vinci l’inventeur de ces machines modernes.

Dans une lettre adressée à Ludovic Sforza, il prétend être capable de créer toutes sortes de machines à la fois pour la protection de la ville que pour le siège. Quand il a fui à Venise en 1499, il a trouvé un emploi d'ingénieur et a développé un système de barrières mobiles pour protéger la ville contre les attaques. Il développa également le premier scaphandre autonome à Venise, mais son invention ne sera jamais mise en application. Il a également eu pour projet de détourner la circulation de l'Arno afin d'irriguer les champs toscans, de faciliter le transport et même de gêner l'approvisionnement maritime de Pise, la rivale de Florence<ref name="Vezzosi4">Chapitre 4 : « L'art et la guerre » de Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l'univers, Gallimard, 1996.</ref>. Ses revues comprennent un grand nombre d'inventions, à la fois pratiques et réalistes, notamment des pompes hydrauliques, des mécanisme à manivelle, des ailettes pour les obus de mortier, un canon à vapeur<ref name=LB/>,<ref name=DA/>, le sous-marin, la bicyclette, plusieurs automates, le char de combat, l'automobile, des flotteurs pour « marcher sur l'eau », la concentration d'énergie solaire, la calculatrice, la double coque ou encore le roulement à billes. Néanmoins, certaines de ses inventions ne fonctionnaient pas en pratique et d'autres nécessitaient une force motrice telle que la machine à vapeur<ref name="grandesdecouvertes" />, malheureusement encore peu développée avant le XVIIIe siècle.

Si la guerre peut répondre à une nécessité, elle est « pazzia bestialissima »<ref name="Vezzosi3" /> (une « folie sauvage »). Il étudie donc les armes tout en gardant du recul quant à leur utilisation.

Image:Design for a Flying Machine.jpg
Plans pour une machine volante, 1488, Institut de France, Paris.

En 1502, Léonard a dessiné un pont de deux cent quarante mètres dans le cadre d'un projet de génie civil pour le sultan ottoman Bayezid II d'Istanbul. Le pont était destiné à franchir l'embouchure du Bosphore connue sous le nom de la « Corne d'Or ». Beyazid ne poursuivit pas le projet, car il estima que cette construction était impossible. La vision de Léonard a été ressuscitée en 2001 quand un petit pont basé sur sa conception a été construit en Norvège. Le 17 mai 2006, le gouvernement turc a décidé de construire le pont de Léonard pour la Corne d'Or<ref> Levy , Daniel S.


  . 
 "
   Dream of the Master 
     
 " , Time Magazine
  , 4 octobre 1999
 
  . Retrieved on septembre 2007
 . </ref>.

Pendant la majeure partie de sa vie, Léonard été, comme Icare, fasciné par le vol. Il produisit de nombreuses études sur ce phénomène en s'inspirant des oiseaux et des plans de vol de plusieurs appareils, dont les prémisses d'hélicoptère nommées la « vis aérienne », le parachute et un deltaplane<ref name=DA/> en bambou. Sur ce nombre, la plupart était irréalisable, mais le deltaplane a été construit, et, avec l'ajout un empennage pour la stabilité, vola avec succès. Néanmoins, il semble probable qu'il estimait que les systèmes proches des chauve-souris avaient le plus gros potentiel<ref name="Vezzosi3" />. Il inventa également la soufflerie aérodynamique pour ses travaux.

Le musée du clos Lucé à Amboise, le musée Il Castello situé au château de comtes Guidi de Vinci et le Museo Nazionale della Scienza e della Tecnologia « Leonardo da Vinci » contiennent de nombreuses maquettes, des objets grandeur nature basés sur l’étude de ses carnets et des explications sur son travail.

De Vinci étudia également l'architecture. Il sera influencé par les travaux de Filippo Brunelleschi et projeta de surélever le baptistère Saint-Jean de Florence<ref name="Vezzosi2">Chapitre 2 : « Dans la Florence des Médicis » de Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l'univers, Gallimard, 1996.</ref> ou de créer une tour-lanterne pour la cathédrale de Milan<ref name="Vezzosi3" />. Il utilisera souvent la forme octogonale pour les bâtiments religieux et le cercle pour ceux militaires<ref name="Vezzosi4" />. Suite à la peste qui frappe Milan vers 1484 et 1485, il conçoit une ville parfaite théorique avec des axes de circulation optimaux et des conditions de vie de qualité, sa vision n'est pas marquée par des distinctions sociales mais fonctionnelles, tels des organes dans un corps humains<ref name="Vezzosi3" />. Il travaille également sur les jardins<ref name="Vezzosi5" />. Néanmoins, beaucoup de ses travaux sur l'architecture seront perdus.

La pensée de Léonard de Vinci

Empirisme et naturalisme

Harald Höffding présente la pensée de Léonard de Vinci comme un mélange d'empirisme et de naturalisme<ref> Harald Höffding, Histoire de la philosophie moderne, 1906 Sur Wikisource</ref>. En effet si pour Léonard de Vinci « La sagesse est la fille de l'expérience »<ref name="carnets gut">(en) Léonard de Vinci, Carnets Traduit par Jean Paul Richter, 1888 Sur Gutenberg</ref>, elle permet de vérifier constamment ses intuitions et théories :

« L'expérience ne se trompe jamais; c'est vos jugements qui se trompent en se promettant des effets qui ne sont pas causés par vos expérimentations<ref name="carnets gut" />.»

Cette recherche effrénée de l'exactitude est devenue la devise de Léonard de Vinci, « Hostinato rigore - obstinée rigueur »<ref>Cité dans Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, 1895 Wikilivres</ref>. Sa curiosité et son activité perpétuelle sont même selon de Vinci un moyen de garder un esprit vivace :

« Le fer se rouille, faute de s'en servir, l'eau stagnante perd de sa pureté et se glace par le froid. De même, l'inaction sape la vigueur de l'esprit<ref name="carnets gut" />. »

Pour lui, cette recherche dans tous les domaines de la science et de l'art est normale car tout est lié. Léonard de Vinci considère la peinture par exemple comme l'expression visuelle d'un tout, l'art, la philosophie et la science sont selon lui indissociables, pouvant expliquer en partie son approche de polymathe :

« Qui blâme la peinture n'aime ni la philosophie ni la nature<ref name="carnets gut" />. »

Morale et éthique

Léonard de Vinci pense que l'homme doit s'engager activement à combattre le mal et faire le bien car « Celui qui néglige de punir le mal aide à sa réalisation »<ref name="carnets gut" />. Il indique également qu'il ne se fait aucune illusion sur la nature de l'homme, et de la façon dont il pourrait utiliser ses inventions, comme il le fait en préambule à une présentation du sous-marin :

« Je ne décris pas ma méthode pour rester sous l'eau ni combien de temps je peux y rester sans manger. Et je ne les publie et ne les divulgue pas, en raison de la nature maléfique des hommes, qui les utiliseraient pour l'assassinat au fond de la mer en détruisant les navires en les coulant, eux et les hommes qu'ils transportent<ref>Carnets, VOLUME I. PROLEGOMENA AND GENERAL INTRODUCTION TO THE BOOK ON PAINTING, (1) Sur Gutenberg.org</ref>. »

Léonard de Vinci place également la récompense morale bien au-dessus des récompenses matérielles :

« Ce ne sont pas les richesses, qui peuvent être perdues; La vertu est notre vrai bien et la vrai récompense de son possesseur. Elle ne peut être perdue, elle ne nous abandonner, sauf quand la vie s'enfuit<ref name="carnets gut" />. »

La légende Léonard

Image:Da Vinci Vitruve Luc Viatour.jpg
Étude de Léonard de Vinci sur le corps humain. Ce dessin est connu sous le nom de l’homme de Vitruve, 1485-1490.

Léonard de Vinci incarne parfaitement l’esprit de la Renaissance, époque des « Grandes Découvertes ». Génie universel, curieux de tout, parfois vu comme un personnage entre Faust et Platon<ref name="Vezzosi5">Chapitre 5 : « Milan, Rome, Amboise » de Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l'univers, Gallimard, 1996.</ref>, il a consacré sa vie à la recherche de la connaissance. Il imagine de multiples appareils et machines, dont la première « machine volante », qui resteront au stade de dessins. Plus qu’en tant que scientifique proprement dit, Léonard de Vinci a impressionné ses contemporains et les générations suivantes par son approche méthodique du savoir, du savoir apprendre, du savoir observer, du savoir analyser. La démarche qu’il déploya dans l’ensemble des activités qu’il abordait, aussi bien en art qu’en technique — les deux ne se distinguant d’ailleurs pas dans son esprit — notamment en horlogerie, procédait d’une accumulation préalable d’observations détaillées, de savoirs disséminés çà et là, qui tendait vers un surpassement de ce qui existait déjà, avec la perfection pour objectif. Bon nombre des croquis, notes et traités de Léonard de Vinci ne sont pas à proprement parler des trouvailles originales, mais sont le résultat de recherches effectuées dans un souci encyclopédique, avant l’heure.

Durant sa vie, Léonard avait déjà une renommée telle que le roi de France l'a ramené dans son pays comme un trophée, et a affirmé l'avoir accompagné dans sa vieillesse et l'avoir tenu dans ses bras quand il est mort. Affirmation qui semble néanmoins fausse quant à sa mort, malgré le tableau de Dominique Ingres sur ce thème.

L'intérêt pour de Vinci n'a jamais ralenti depuis cette période. Giorgio Vasari, dans Le Vite, dans son édition de 1568<ref name=Vasari/> introduit son chapitre sur Léonard de Vinci, avec les mots suivants : Modèle:Citation bloc

Image:IngresDeathOfDaVinci.jpg
La mort de Léonard de Vinci par Dominique Ingres, montrant Vinci mourant dans les bras de François Modèle:Ier, événement contesté par les historiens.

L'admiration continue que Léonard eut sur les peintres, les critiques et les historiens se reflète dans de nombreux autres hommages écrits. Baldassare Castiglione, auteur du Livre du courtisan, écrivait, en 1528 : « […] Un autre des plus grands peintres de ce monde, qui regarde d'en haut son art dans lequel il est sans égal […] »<ref>Baldassare Castiglione, Le Livre du courtisan, 1528.</ref> tandis que le biographe connu sous le nom de Anonimo Gaddiano a écrit, vers 1540 : « Son génie est si rare et universel que l'on peut dire que la nature a fait un miracle en son nom […] »<ref>Anonimo Gaddiani, élaborant Libro di Antonio Billi, 1537–1542</ref>.

Le XIXe siècle a introduit une certaine admiration pour le génie Léonard, Johann Heinrich Füssli écrivit en 1801 : « Ainsi fut l'aube de l'art moderne, lorsque Léonard de Vinci apparut avec une splendeur qui distançait l'excellence habituelle : composé de tous les éléments qui constituent l'essence même du génie […] »<ref>Johann Heinrich Füssli, Lectures, II, 1801.</ref>. Cela est repris par A. E. Rio, qui écrivait, en 1861 : « Il était au-dessus de tous les autres artistes grâce à la force et la noblesse de ses talents »<ref>A. E. Rio, L'art chrétien, 1861.</ref>. La variété du champ d'application de Léonard, transmise par ses carnets était connue, ainsi que ses peintures. Hippolyte Taine écrivait en 1866 : « Il ne peut sans doute pas y avoir dans le monde un exemple d'un génie si universel, si capable de s'épanouir, si empli de nostalgie envers l'infini, si naturellement raffiné, si autant en avance sur son propre siècle et les siècles suivants »<ref>Hippolyte Taine, Voyage en Italie, 1866.</ref>. Le célèbre historien d'art Bernard Berenson a écrit, en 1896 : « Léonard est un artiste dont on peut dire avec une parfaite littéralité : rien de ce qu'il a touché ne s'est transformé en une chose d'une éternelle beauté. Qu'il s'agisse de la section transversale d'un crâne, la structure d'une mauvaise herbe ou une étude des muscles, il l'a, avec son sens de la ligne et de la lumière et de l'ombre, à jamais transformée en des valeurs qui communiquent la vie »<ref>(en) Bernard Berenson, The Italian Painters of the Renaissance, 1896.</ref>. Charles Baudelaire le cite même dans Les Fleurs du mal (1857).

Image:DaVinciTankAtAmboise.jpeg
Reproduction au clos Lucé du char de combat de Léonard.

L'intérêt pour le génie Léonard s'est poursuivi sans relâche ; des experts étudient et traduisent ses écrits, analysent ses tableaux en utilisant des techniques scientifiques, argumentent sur les œuvres qu'on lui attribue et recherchent des œuvres qui ont été enregistrées mais jamais découvertes<ref>(en) Article sur les études sur Vinci, ArtNews.</ref>. Liana Bortolon écrit dans son livre The Life and Times of Leonardo (1967) : « En raison de la multiplicité des intérêts qui l'ont incité à poursuivre tous les domaines de connaissances, […] Léonard peut être considéré, à juste titre, d'avoir été le génie universel par excellence et avec toutes les harmoniques inhérentes à ce terme. L'homme est aussi mal à l'aise aujourd'hui face à un génie qu'il l'a été au XVIe siècle. Cinq siècles se sont écoulés et nous voyons encore Léonard avec une grande frayeur »<ref name="LB">Liana Bortolon, The Life and Times of Leonardo, Paul Hamlyn, London, 1967.</ref>. Les foules font toujours la queue pour voir ses plus célèbres œuvres d'art, comme pour La Joconde, une des œuvres les plus célèbres du musée du Louvre.

Dan Brown avec le best-seller Da Vinci Code, roman mêlant faits historiques et artifices scénaristiques, donna un nouvel élan à l'intérêt pour Vinci en 2003. Le roman a également été adapté au cinéma par Ron Howard.

Dernièrement, en 2007, un couple de chercheurs italiens a émis une hypothèse sur la présence d'une partition cachée à l'intérieur de La Cène. La disposition des mains des personnages et des pains sur la table donnerait une petite mélodie<ref> TSR , « "La Cène" de Léonard de Vinci cacherait la partition d'un solennel adagio, selon une experte en art » , 10/04/2007

     . Consulté le 16 décembre 2007</ref>.

Œuvres notables

Image:Leonardo da Vinci 046.jpg
La Dame à l'hermine, vers 1485, serait le portrait de Cecilia Gallerani, une des maîtresses de Ludovic Sforza.
Image:Studies of the Arm showing the Movements made by the Biceps.jpg
Étude sur les mouvements fait par le biceps, vers 1510.

Ce classement en fait selon les tendances générales des experts. La difficulté étant que les travaux « d'atelier » ne sont signé que par le propriétaire de l'atelier et qu'il manque d'œuvres de références pour Vinci, notamment dans la sculpture.

Signée par Léonard de Vinci ou attribuée à lui

Non signé par Vinci mais avec sa participation

Paternité plus discutée

Écrits notables

Voir aussi

Image:Raffael 067.jpg
Il est possible que le portrait de Platon dans L'École d'Athènes de Raphaël soit directement inspiré de Léonard de Vinci.
Image:Proportions of the Head.jpg
Étude sur les proportions de la tête, 1488-1489.

Articles connexes

Bibliographie

Par Léonard de Vinci

Sur Léonard de Vinci

  • (fr) Serge Bramly, Léonard de Vinci, Jean-Claude Lattès, Paris, 1988.
  • (fr) Marcel Brion, Léonard de Vinci, Albin Michel, Paris, 1995.
  • (fr) Charles Nicholl, Léonard de Vinci, Biographie, 704 p., Actes Sud, Arles, 2006. (ISBN 2-7427-6237-X)
  • (fr) Brigitte Labbé, Michel Puech et Jean-Pierre Joblin, Léonard de Vinci, Toulouse, Milan jeunesse, coll. « De vie en vie » n° 18, 58 pages, 2005. (ISBN 2-7459-1631-9)
  • (fr) Les Guides Millenium Art Factorie, Léonard de Vinci (Volume 1 France et volume 2 Toscane).
  • (fr) Bertrand Gille (s. dir.), Histoire des techniques, Gallimard, collection « La Pléiade », 1978. (ISBN 978-2070108817),
  • (fr) Bertrand Gille, Les Ingénieurs de la Renaissance, Thèse Histoire, Paris, 1960 ; réédition Seuil, collection « Points Sciences », 1978. (ISBN 2-02-004913-9)
  • (fr) Silvia Alberti de Mazzeri, Léonard de Vinci, traduit de l’italien par Bernard Guyader, Payot, Paris, 1984.
  • (fr) Sigmund Freud, Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, publié en 1910, réédition Gallimard. (ISBN 2070706656)
  • (fr) Dimitri Merejkovski, Le roman de Léonard de Vinci, Paris, 1930. Source d'inspiration pour Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci de Sigmund Freud.
  • (fr) Paul Valéry, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, Gallimard, Paris, 1894.
  • (fr) Giorgio Vasari, Le Vite, 1568.
  • (fr) Alessandro Vezzosi, Léonard de Vinci : art et science de l'univers, Gallimard, 1996. (ISBN 978-2-07-053353-4)
  • (en) Angela Ottino della Chiesa, The Complete Paintings of Leonardo da Vinci, Penguin, 1967. (ISBN 0-1400-8649-8)
  • (en) Liana Bortolon, The Life and Times of Leonardo, Paul Hamlyn, London, 1967.
  • (en) Daniel Arasse, Leonardo da Vinci, Konecky & Konecky, 1997. (ISBN 1 56852 1987)
  • (en) A.E. Popham, The Drawings of Leonardo da Vinci, Jonathan Cape, 1946. (ISBN 0 224 60462 7)
  • (en) Jack Wasserman, Leonardo da Vinci, Abrams, 1975. (ISBN 0-8109-0262-1)
  • (en) Simona Cremante, Leonardo da Vinci : Artist, Scientist, Inventor, Giunti, 2005. (ISBN 88-09-03891-6)
  • (en) O'Malley & Saunders, Leonardo on the Human Body, Dover Publications, New York, 1982.
  • (en) Charles Nicholl, Leonardo da Vinci, The Flights of the mind, Penguin, 2005. (ISBN 0-14-029681-6)
  • (en) Jean Paul, The Notebooks of Leonardo da Vinci, 1883.
  • (en) Frank Zollner & Johannes Nathan, Leonardo da Vinci : The Complete Paintings and Drawings, Taschen, 2003. (ISBN 3-8228-1734-1)

Films documentaires

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Léonard de Vinci.

  • (fr) Léonard de Vinci, en deux parties de soixante minutes : L'homme qui voulait tout savoir et Liaisons dangereuses, Royaume-Uni, 2003.
  • (fr) Léonard de Vinci : La biographie, Nacarat, 2006.
  • (en) Leonardo's dream machines, sur les tests d'une reproduction à l'échelle d'un dessin d'une machine volante de Vinci, 2005.

Léonard de Vinci dans la culture populaire

Roman autour de Léonard de Vinci

Jeux vidéo

Films

Personnages de fictions inspirés par Léonard de Vinci

  • (fr) Léonard de Quirm, personnage pastiche de Vinci dans la série de romans des annales du disque-monde de Terry Pratchett. Il y est décrit comme « un type avec le cerveau tellement affuté qu'il se coupait à tout bout de champs ».
  • (fr) Léonard, série de bande dessinée humoristique de Turk et Bob de Groot, Le Lombard, 37 volumes.
  • Dans le monde fantastique du jeu de rôle et de figurine Warhammer, Leonardo de Miragliano est l'équivalent de Vinci, et ses inventions sont effectivement utilisées dans les armées de l'Empire.

Liens externes

Notes et références

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