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Philosophie

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Auguste Rodin, Le Penseur, 1880-82 : représentation fameuse d'un homme plongé dans ses méditations.
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Quelques philosophes importants de la zone européenne selon leur lieu de naissance.
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Le mot philosophie (du grec ancien Modèle:Grec ancien, composé de Modèle:Grec ancien, « aimer » et Modèle:Grec ancien, « la sagesse, le savoir », c'est-à-dire littéralement « l'amour de la sagesse ») désigne une activité millénaire dont la définition est pourtant assez ardue : la philosophie peut se présenter comme un savoir totalisant, une réflexion visant une interprétation globale du monde et de l'existence humaine, ou encore comme un questionnement. Différents buts lui ont été attribués, de la recherche de la vérité, du bien, ou du beau, à celle du sens de la vie, et du bonheur, mais plus largement, la constante recherche de la réflexion. Réfléchir, penser, confronter ses opinions à celles de personnes tierces. La philosophie peut également se concevoir comme une création, analyse ou méditation sur des concepts. Les conflits sur ce qu'est la philosophie sont multiples, mais ainsi qu'on le constate rapidement, tenter de définir la philosophie et son domaine d'application, c'est souvent déjà philosopher. À noter que tout le monde est un philosophe potentiel : nul besoin de s'appeler Platon ou Aristote, seul compte l'amour de la réflexion, de la remise en question, et du questionnement.

À la différence des sciences humaines, des sciences naturelles, et des sciences formelles auxquelles elle est et a été intimement liée, la philosophie n'a pas d'objets d'étude propre. Elle a toutefois une prédilection pour certains domaines tels la logique, l'éthique, la métaphysique, la philosophie politique et la théorie de la connaissance. D'autres disciplines se sont jointes plus récemment à ces branches fondamentales de la philosophie, comme la philosophie des sciences, encore appelée épistémologie, la philosophie de l'esprit, l'anthropologie philosophique, l'esthétique, la philosophie du droit ou la philosophie du langage.

Sommaire

Étymologie

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Jacques-Louis David, La mort de Socrate (1787), conservé au Metropolitan Museum of Art de New York.

« Philosophie » vient du grec philo-sophia que l'on traduit généralement par « amour de la sagesse ». La sophia est en effet associée à la notion de sagesse. Dans l'Apologie de Socrate par exemple, Socrate affirme tendre vers la sophia sans la posséder<ref>Apologie de Socrate, 23a</ref>. Il est là question de savoir, mais ce savoir désigne la conscience qu'a Socrate de sa propre ignorance et son désir d'atteindre la sagesse. Socrate est doué de sophia dans la mesure où il sait qu'il ne sait rien, ce qui constitue donc une forme de sagesse. Le philosophe apparaît ainsi dans une posture de recherche de sagesse sans prétendre nécessairement pouvoir effectivement l'atteindre.

La traduction courante de « philosophie » par « amour de la sagesse » ne rend toutefois pas compte de la polysémie de sophia en grec. Il ne faut pas non plus la confondre avec phronésis, la prudence. Jean-Joël Duhot explique en effet que « tous les hellénistes savent que sophia désigne l'habileté, le savoir-faire, la connaissance, au sens large, et que le sophos, parallèlement, est l'homme habile, celui qui sait s'y prendre, mais aussi le savant »<ref>La Recherche du bonheur ; pour des considérations similaires voir aussi Pierre Hadot, Qu'est ce que la philosophie antique?, p.39-45</ref>.

Définir la philosophie ?

La philosophie contemporaine, issue d'une tradition multiple, se présente sous des formes variées : tradition herméneutique et postkantienne en Allemagne, philosophie analytique dans les pays anglophones et dans une grande partie de l'Europe, tradition phénoménologique en Europe continentale<ref>Sur l'opposition entre philosophie continentale et analytique voir un texte de Pascal Engel : petits déjeuners continentaux et goûters analytiques</ref>. Certains remettent fortement en cause la tradition philosophique et ses présupposés telle la philosophie féministe, la déconstruction de Derrida ou de Heidegger. Ces courants forment autant de pratiques différentes et d'opinions divergentes sur la nature de la philosophie, qui interdisent de donner une définition unique acceptable par tous. S'il y a aujourd'hui plusieurs traditions philosophiques, aucune ne peut prétendre résumer l'activité philosophique à elle seule, ni décrire l'activité philosophique de façon consensuelle.

Les difficultés à définir la philosophie sont en outre de nature épistémologique, car il est difficile de délimiter rigoureusement méthodes, thèmes et objets de la philosophie. Historiquement, elle a pu en effet s'inspirer d'autres disciplines (des mathématiques, voire des sciences positives). Pourtant, elle n'a jamais réussi à développer une méthode ou un ensemble de méthodes qui auraient réussi à s´imposer parmi les philosophes (comme la méthode expérimentale s'est imposée en physique et en chimie par exemple). En outre les amalgames entre la philosophie et d'autres disciplines étant de plus favorisé par une tradition de philosophes aux intérêts très divers. Ainsi Aristote aura été aussi bien logicien, que philosophe ou naturaliste. Déterminer le philosophe par sa fonction sociale n'est donc pas aisé. La plupart des activités autrefois appartenant à la discipline sont devenues aujourd'hui autonomes (psychologie, sciences naturelles, etc.), et la part propre de la philosophie s'est réduite.

Mais il est également délicat de déterminer l'essence de la philosophie, soit parce que son statut dans la société est lui-même difficile à cerner, soit qu'elle a été ramenée à d'autres disciplines apparemment proches. Dès l'Antiquité, par exemple, Socrate était confondu dans Les Nuées d'Aristophane avec les Sophistes, que Platon nous présente pourtant comme ses adversaires dans ses dialogues. Et même sans tomber dans un quelconque pathos du philosophe incompris par ses contemporains, il est clair qu'on peut se demander quelle est sa fonction dans la société. En tant que discipline théorique, son intérêt semble limité parce qu'elle est sans portée pratique et sans fondements scientifiques. En tant que recherche de la sagesse, elle s'adresse à l'individu plus qu'à la communauté.

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Paul Gauguin, D'où venons-nous? Qui sommes-nous? Où allons-nous? (1897/9Image:Cool.gif.

Les méthodes de la philosophie

On peut dans une première approche, délimiter ex negativo un certain nombre de méthodes et de principes heuristiques qui caractérisent au moins en partie la philosophie.

Délimitations négatives de la méthode de la philosophie

D'une part la philosophie ne recourt pas à la méthode expérimentale. La philosophie, en effet, à la différence de la physique, de la chimie ou de la biologie, n'a jamais vraiment intégré le processus d’expérimentation dans son outillage heuristique. Ceci est évident pour la philosophie antique et médiévale qui ne connaissait pas l'expérimentation. Même les grands philosophes qui se sont illustrés comme scientifiques (Descartes, Pascal, Leibniz pour ne citer qu'eux) ont toujours distingué leur travail dans le domaine scientifique et dans le domaine philosophique. Certains philosophes comme Kant ou Wittgenstein<ref> Respectivement dans la Méthodologie de la Critique de la raison pure et dans le Tractatus logico-philosophicus</ref> ont même vu dans l’absence d’expérimentation en philosophie une caractéristique épistémologique essentielle de cette discipline et ont refusé toute confusion avec les sciences expérimentales<ref>Ceci n'empêche naturellement pas la philosophie de faire usage de connaissances et résultats établis grâce à l'expérimentation. Ceci est vraie tout particulièrement de la philosophie de l'esprit. Il n'empêche que, parmi les représentants de ce courant, aucun n'effectue lui-même des expérimentations. En outre, si on compare l'importance de l'expérimentation pour la physique et pour la philosophie par exemple, on voit qu'on ne peut pas faire de la philosophie une discipline expérimentale.</ref>.

D’autre part la philosophie n'est pas, par essence, une science reposant sur l'observation empirique à la différence de la sociologie ou des sciences politiques par exemple. Il ne faut naturellement pas croire que la philosophie peut ignorer les données empiriques les plus évidentes. Mais traditionnellement la philosophie ne veut pas se limiter à un simple catalogue de faits, mais entreprend un vrai travail de théorisation voire de spéculation. Ainsi, par exemple, même si un Aristote a recueilli les constitutions des cités grecques de l'époque, il a voulu dans La Politique et dans l’Éthique à Nicomaque analyser les structures de la cité d'un point de vue théorique.

Enfin, la philosophie, à la différence des mathématiques ou de la logique formelle, ne s’est jamais décidée à travailler uniquement au moyen de symboles formels, bien que Leibniz ait pu rêver résoudre les problèmes philosophiques au moyen d’un calcul logique universel<ref>Sur la logique de Leibniz voir l'ouvrage classique de Louis Couturat, La logique de Leibniz, réed. Olms, 1969</ref>. Et si la philosophie analytique contemporaine est impensable sans la logique mathématique, elle utilise encore massivement le langage naturel.

Caractéristiques de la méthode de la philosophie

Malgré les difficultés que comporte cette entreprise, il est possible de distinguer certaines grandes caractéristiques positives de la méthode philosophique. La philosophie se comprend comme un travail critique. C'est une de ses définitions les plus courantes. Cette critique n’est cependant jamais purement et simplement négative. Elle a pour but de créer de nouvelles certitudes et de corriger les fausses, les illusions et erreurs du sens commun ou de la philosophie elle-même. Socrate, par exemple, interrogeait ses contemporains et les Sophistes afin de leur montrer leurs contradictions et leur incapacité à justifier ce qui leur semblait évident<ref>Voir le Lachès ou le Protagoras par exemple</ref>. Descartes<ref>Voir la première Méditations métaphysiques</ref> est à l'époque moderne le meilleur représentant de cette conception de la philosophie, car, selon lui, seul un doute radical et général pouvait être le fondement d'une pensée parfaitement rigoureuse et indubitable.

La philosophie est souvent caractérisée comme un travail sur les concepts et notions, un travail de création de concepts permettant de comprendre le réel, de distinguer les objets les uns des autres et de les analyser, mais aussi un travail d'analyse des concepts et de leurs ambiguïtés<ref>Sur la conception de la philosophie comme création, voir Gilles Deleuze, Pourparlers, 1972-1990, Ed. de Minuit, 1990, p. 16Image:Cool.gif</ref>. Elle a très tôt<ref>Dès l'Antiquité : Voir le cinquième livre de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote et à la célèbre distinction entre les différents sens du mot justice</ref> reconnu les problèmes que posent les d'ambigüités du langage. De nos jours la philosophie analytique donne elle aussi une grande place à ce problème.

En outre à la différence des sciences, la délimitation des méthodes et du domaine de la philosophie fait partie de la philosophie elle-même. Chaque penseur se doit d'indiquer quels problèmes il souhaite éclairer, et quel sera la méthode la plus adaptée pour résoudre ces problèmes. Il faut en effet bien voir qu'il y a une unité profonde des problèmes philosophiques et de la méthode philosophique. Il ne faut donc pas voir l'instabilité des méthodes et des thèmes philosophiques comme une faiblesse de la discipline, mais plutôt comme un trait caractéristique de sa nature. Ainsi, la philosophie est une sorte de retour critique, du savoir sur lui-même, ou plus précisément une critique rationnelle de tous les savoirs (opinions, croyances, art, réflexions scientifiques, etc.), y compris philosophiques - puisque réfléchir sur le rôle de la philosophie c'est entamer une réflexion philosophique.<ref>Pour des textes qui livrent des définitions classiques de la philosophie par des philosophes, voir entre autres : Le Banquet et l' Apologie de Socrate de Platon, le 10e livre de l'Éthique à Nicomaque, De la constance du sage de Sénèque, le cinquième livre de l'Éthique de Spinoza</ref>

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Adorno et Horkheimer : deux représentants de la critique marxiste de la rationalité moderne.

Enfin, la philosophie est une discipline déductive et rationnelle. Elle n'est pas simple intuition ou impression subjective, mais demeure inséparable de la volonté de démontrer par des arguments et déductions ce qu’elle avance : elle est volonté de rationalité. C'est même la rupture des présocratiques avec la pensée mythologique qui est considérée traditionnellement comme le point marquant de la naissance de la philosophie. Ce souci de démontrer et de livrer une argumentation se retrouve au cours de toute l'histoire de la philosophie. Qu'on songe aux discussions éristiques durant l'Antiquité, à l'intérêt que portent les philosophes à la logique depuis Aristote, mais aussi, au Moyen Âge, au souci de donner à la philosophie la rigueur démonstrative des mathématiques (comme chez Descartes ou Spinoza) ou à l'importance qu'accorde la philosophie analytique de nos jours à la rigueur et à la clarté argumentative. Malgré cette tendance profonde, la philosophie contemporaine a vu se développer une critique radicale de la raison, que ce soit chez Nietzsche, Heidegger, ou encore Adorno : la rationalité même s'est donc trouvée mise en débat par la philosophie.<ref>Dialectique de la raison d'Adorno et Max Horkheimer et la Généalogie de la morale de Nietzsche</ref>

La méthode est un ensemble de prescriptions relatives au déroulement optimal d'une activité. Cette dernière peut être soit une pratique collective assez complexe, comme la gestion de la communauté politique("méthode démocratique"), soit la résolution d'un problème théorique spécifique(« méthode diagonale de Cantor », « méthode des tables sémantiques »). Le concept de méthode est historiquement lié au problème de l'acquisition de la certitude dans le champ cognitif. Pour Socrate, l'activité qui vise la connaissance est, comme tout autre art obligée de se conformer à certaines règles. Dans les dialogues platoniciens, Socrate semble pleinement conscient du rapport qui existe entre la validité d'une connaissance et la modalité de son acquisition : c'est d'ailleurs là l'essence de toute position qui reconnaît à la méthode une importance prédominante. La maïeutiquede Socrate ainsi que la méthode dialectique dans les diverses présentations qu'on peut en donner à partir des dialogues platoniciens sont des procédures visant à éviter l'erreur dans l'analyse des concepts, et tout particulièrement la forme d'erreur qui réside dans l'acceptation tacite ou inconsciente des préjugés et des présupposés

La philosophie comme mode de vie

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Jean-Léon Gérôme, Diogène, 1860. Portrait romantisant qui représente aussi le chien (en grec « κύων ») qui a donné son nom au cynisme.

La philosophie s’est comprise très tôt comme une manière de vivre et non pas uniquement comme une réflexion théorique. Dit autrement : être philosophe, c’est aussi vivre et agir d’une certaine façon et non pas seulement se confronter à des questions abstraites<ref>Voir sur ce sujet Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie?</ref>. L’étymologie du terme « philosophie » indique bien que le philosophe est celui qui tend vers la sagesse, qui cherche à vivre comme il faut et plus particulièrement qui recherche le bonheur. La philosophie entendue comme mode de vie met l'accent sur la mise en application dans sa propre vie des résultats de la réflexion philosophique. L’idée que la philosophie est une manière de vivre a aussi pu amener certains philosophes à imaginer que, pour cette raison, ils devaient guider les autres et les aider à mener correctement leurs existences. La philosophie, d’éthique personnelle, pouvait se faire projet collectif voire politique. Ces ambitions « collectives » de la philosophie prennent différentes formes. Une véritable communauté de vie pouvait se constituer autour d'un philosophe. Ceci explique en partie la naissance dans l’Antiquité d’écoles philosophiques (autour d’Épicure, de Platon ou d’Aristote par exemple). Depuis les présocratiques et surtout à partir de Socrate, toute une tradition a défendu cette conception de la philosophie comme un mode de vie. Citons entre autres les Stoïciens<ref>De la brièveté de l'âme de Sénèque, le Manuel d'Epictète, les Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle</ref>, Platon, Aristote, Épicure, Descartes<ref>Voir la correspondance avec Élisabeth et la Livre IV du Discours de la Méthode</ref>, Spinoza<ref>Voir le livre IV et V de l'Éthique, Sartre ou Russell.

Mais ces derniers sont loin d’exclure l’idée que le philosophe s’intéresse à des problèmes théoriques. La « sagesse », ou plus exactement la « sophia », que veut posséder le philosophe est aussi un savoir et une connaissance. Le philosophe, dans la lignée de la tradition fondée par Socrate, sait comment il doit vivre ; il peut justifier ses choix et son mode de vie. Socrate par exemple, dans les dialogues présocratiques de Platon, exige de ses interlocuteurs qu’ils soient à même de donner le « logos » de leur jugement de valeur et de leur choix, c’est-à-dire de les justifier rationnellement. Cette exigence de rationalité peut amener même à donner des fondements authentiquement scientifiques à la philosophie.

Bien sûr la définition de la philosophie comme mode de vie ne peut prétendre être suffisante pour définir la philosophie dans son ensemble. Bien des philosophes ont compris la philosophie comme un travail intellectuel et non comme un mode de vie : c'est le cas de manière claire dans le monde universitaire et de la recherche de nos jours.

Philosophie et société

Au fil du temps les rapports entre la société et les philosophes ont pu varier énormément mais de manière générale on peut déterminer trois types de rapports. D’une part les rapports entre la société et les philosophes sont parfois caractérisés par une violente attitude de rejet, car il est courant que la philosophie se démarque. Méfiante vis-à-vis des traditions, critique envers toute forme de préjugés, la philosophie n'a pas manqué de connaître des heurts plus ou moins durs avec la société. Quelques dates symboliques sont à retenir :

Mais d’autre part, paradoxalement, la philosophie a aussi réussi à s'institutionnaliser. L'existence d'universités où elle est enseignée, de sociétés érudites philosophiques (comme la Kant-Gesellschaft), ou de concours prestigieux comme l'agrégation en France le prouvent clairement. Les dirigeants peuvent alors prendre conseil auprès des philosophes et s'inspirer de principes philosophiques tels les despotes éclairés du Modèle:XVIIIe siècle<ref>Tel Voltaire avec Frédéric II ou Diderot avec Catherine la Grande</ref>.

Enfin, la philosophie peut considérer qu'elle doit développer théoriquement un projet politique que soit les philosophes (comme chez Platon), soit le chef d'un État (selon Machiavel<ref>Voir le Prince</ref>), soit les masses elles-mêmes (Marx<ref>Voir le Capital</ref>) devraient mettre en place. L’exemple le plus classique des ambitions politiques de la philosophie reste naturellement Platon et sa célèbre République, dans laquelle il esquisse une véritable utopie politique rompant radicalement avec les modes traditionnels de pensée et d'action. Dans un autre contexte, Russell et Sartre tenaient la philosophie pour inséparable de l'engagement politique<ref>Voir Théorie et pratique du Bolchévisme de Russell par exemple</ref>.

Philosophie et histoire de la philosophie

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Représentation de la sagesse (1635) : « Sapiens Dominabitur Astris ». Traduction libre du texte : « Qui acquiert la sagesse sera maître des astres. ».

Si la philosophie a une longue histoire, il convient de distinguer la pratique de la philosophie de l'étude simple des doctrines passées. Parfois atténuée, voire effacée, cette distinction est pourtant cruciale. Nombre de penseurs en appellent aux philosophies antérieures pour les appuyer, s'en inspirer, ou encore les critiquer : il y a là un appel à l'histoire et à un fond culturel commun, mais ça ne fait pas de la philosophie une discipline historique. La pratique philosophique n'étant pas uniquement une glose sur la philosophie des époques précédentes, il faut la distinguer de l'histoire de la philosophie.

L’histoire de la philosophie consiste à tenter de reconstruire, de comprendre, d’interpréter, voire de critiquer, les positions et thèses de penseurs comme Platon, Thomas d’Aquin, Hegel, etc. Il s'agit moins d'évaluer la pertinence philosophique ou l'intérêt actuel de ces philosophes que de savoir ce qu'ils ont vraiment dit, et de resituer leurs pensées dans leurs contextes d'apparition. Ce travail d'étude porte également sur des courants philosophiques (le scepticisme antique, le Néokantisme), ou des questions débattues au cours de l’histoire (le dualisme de l’âme et du corps, la querelle des universaux) appartiennent elles aussi à l’histoire de la philosophie.

La philosophie, prise comme activité, a pour but d’étudier et de répondre à des questions relevant d’un problème, d’un domaine ou branche de la philosophie. Il va sans dire que cette pratique amène constamment à se référer aux philosophes antérieurs, mais le rapport à l'histoire est ici différent de celui qu'aurait l'historien de la philosophie. Dans un tel cas, le philosophe ne vise pas à savoir ce qu'untel a pensé, il cherche à réintégrer cette pensée dans son argumentation personnelle, il instrumentalise les philosophies précédentes pour justifier sa pensée et faire apparaître son point de vue propre. L'essence de cette pratique est de répondre à des problèmes, à des questions, en utilisant si besoin l'histoire de la philosophie. Nous nous tournerons d’abord vers cette approche de la philosophie avant de livrer un exposé de l’histoire de la philosophie.

Les branches de la philosophie

La philosophie est loin d’être un domaine de connaissances bien délimité au sens où les problèmes auxquels elle se confronte sont d’une extrême variété. Elle étudie de nombreux objets, certains proches, c'est pourquoi sa subdivision en différentes branches est problématique et relève de l'arbitraire. De plus, si des pans entiers de la philosophie sont apparus au XXe siècle, certains domaines se sont détachés très nettement de la philosophie à l'époque moderne. La physique, par exemple, était considérée comme appartenant à la philosophie jusqu’au Modèle:XVIIIe siècle. Mais, le détachement n'est pas toujours aussi net, ainsi la science politique, considérée comme une ancienne branche de la philosophie devenue autonome, entretient un dialogue permanent avec la philosophie politique (qui n'est donc pas morte). De même, la biologie, qui a longtemps été entravé par son appartenance à la philosophie avec les thèses finalistes, mécanistes, et vitalistes, revient par une porte dérobée. En effet, à l'aube du XXIe siècle le développement des biotechnologies a pour corolaire l'apparition d'un nouveau champ d'étude philosophique : la bioéthique.

Malgré ces difficultés, les branches suivantes se distinguent aujourd'hui car chacune a un objet propre bien délimité qu'elle soumet à des questionnements spécifiques (et notamment ceux indiqués ici) :

  • La métaphysique et ses diverses branches (« y a-t-il des réalités immatérielles ? », « Dieu existe-il ? », « l'âme est-elle immortelle ? incorporelle ? »)
  • l'ontologie, rattachée ou non à la métaphysique selon les interprètes (« qu'est-ce que l'être ?», «Pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien ? »)
  • La philosophie de la religion, partiellement rattachée à la métaphysique puisqu'elle tente de définir le divin et pose la question de l'existence de Dieu, qu'elle double d'une interrogation sur la nature du sacré en général.
  • la morale (« Quelle est la fin des actions humaines ? », « le bien et le mal sont-ils des valeurs universelles permettant de définir cette fin ? »)
  • l’éthique : discipline pratique et normative permettant de définir la meilleure conduite pour chaque situation.
  • La philosophie politique («d'où peut provenir la légitimité du pouvoir ? », « quel est le meilleur régime politique ? » « La morale peut-elle et doit-elle guider l'action politique ? »)
  • La philosophie du droit (« quels sont les relations entre Droit et Justice ? », « comment naissent les normes judiciaires ? », « selon quels critères faut-il les juger ? »)
  • la gnoséologie ou théorie de la connaissance (« D'où provient la connaissance ? » « Qu'est-ce que la vérité ? »)
  • L'esthétique (« Qu'est-ce que le beau ? », « Qu'est-ce que l'art ? »)
  • La philosophie de l'esprit (« Quelles sont les relations entre corps et esprit ? » « Comment fonctionne la cognition ? »)
  • La philosophie de la logique
  • La philosophie de l'action (« la Liberté est-elle illusoire ? »)
  • La philosophie de l'histoire (« l'histoire est elle régie par des lois, une nécessité, ou est-elle le fruit absurde de la contingence ? »)
  • La philosophie du langage (« Quelles est l'origine du langage ? » « En quoi le langage se distingue-t-il d'autres systèmes de communications ? » « Quelles relations entretiennent langage et pensée ? »)
  • L'épistémologie qui est littéralement un discours sur la connaissance (ou encore sur la science dans une acception restreinte assez courante) et rejoint dans ce sens la gnoséologie ou théorie de la connaissance, tout en se référant également à la méthodologie et aux philosophies du langage et de l'action.

Il est à noter que la plupart des grandes pensées philosophiques débordent de leur domaine originel, et tentent d'apporter des réponses à plusieurs problèmes philosophiques.

Histoire de la philosophie occidentale

Frise chronologique

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Philosophie antique

La philosophie grecque a connu trois grands périodes<ref>Sur cette période voir : Histoire de la philosophie d'Émile Bréhier, Qu'est-ce que la philosophie antique de Pierre Hadot</ref> :

  • La période présocratique, qui désigne les pensées précédant celle de Socrate. Les présocratiques sont considérés comme les fondateurs de la tradition philosophique occidentale ;
  • La période grecque classique (Modèle:Ve siècle), qui commence avec Socrate à Athènes et se poursuit avec Platon, Diogène et Aristote. Le (Modèle:Ve siècle) est aussi le siècle de la sophistique représentée par Gorgias et Protagoras entre autres ;
  • Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, la période hellénistique : Épicure, les stoïciens ou les sceptiques qui sont les penseurs les plus importants de cette époque.
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Célèbre représentation des différentes écoles de l'Antiquité : on reconnaitra Platon montrant le ciel du doigt (allusion à la Théorie des Idées) et Aristote montrant la terre (afin d'opposer son souci d'une philosophie ancrée dans une connaissance des faits empiriques) (fresque de Raphaël).

La philosophie grecque se caractérise par le fait qu'elle est dominée par l'éthique, par la question « comment bien vivre ? » et plus particulièrement par celle de la vertu et du bonheur. L'importance de ce thème apparaît évidente à la lecture des dialogues de Platon, des textes d'Aristote, des stoïciens ou d'Épicure. La conséquence de cette tendance est que la philosophie était comprise comme une façon de vivre et non pas uniquement comme un discours théorique (même si ce dernier ne saurait être ignoré naturellement) ce qui est particulièrement frappant chez un Socrate, un Diogène ou chez les stoïciens.

Les deux autres grands domaines de la recherche des penseurs antiques sont d'une part la cosmologie et la physique (ce qu'on a longtemps nommé philosophie naturelle), d'autre part la théorie de la connaissance parfois liée à la logique. Ainsi, la question fondamentale qui occupait les philosophes présocratiques était la question du principe de toute chose. Au travers d'un mélange d'observations empiriques et de spéculations, ils tentèrent de comprendre la nature et ses phénomènes. Ainsi le premier philosophe connu, Thalès, tenait l'eau pour le principe de toute chose. Platon dans le Timée (dont l'influence fut primordiale au cours de l'histoire de la philosophie) cherche lui aussi à expliquer la naissance du monde, et imagine un démiurge qui aurait créé notre univers. Enfin, la Physique d'Aristote, tout comme la lettre à Hérodote d'Épicure ou la physique stoïcienne montrent le vif intérêt des anciens pour la connaissance de la nature (φυσις).

La théorie de la connaissance et la logique étaient elles aussi essentielles pour les philosophes de l'Antiquité. Les sophistes défendent souvent une thèse qu'on peut qualifier de relativiste car elle revient à nier l'existence d'une connaissance objective et universellement valable. « Rien n'est vrai en (en soi). Pour chacun la chose apparaît, telle qu'elle apparaît, selon les circonstances et l'environnement »<ref>Clémence Ramnoux, Les Présocratiques, p.445, in Histoire de la philosophie publié par Brice Parain, Paris, 1969, ISBN 2-07-040777-2</ref>. Tel est le sens de la célèbre formule : l'homme est la mesure de toute chose. Platon, à la suite Socrate qui affirmait l'existence d'une science objective des valeurs et normes morales, développe une théorie de la connaissance explicitée dans la République et le Théétète. Platon fait en effet la distinction entre la simple opinion ou doxa empirique et sans fondement et le véritable savoir philosophique, qui ne peut être acquis que par un long parcours d'apprentissage des mathématiques, de la dialectique et de ce qu'on appelle la théorie des Idées<ref>La République, Livre VI et VII</ref>. Épicure, quant à lui, développe toute une théorie empiriste de la connaissance afin de déterminer les critères que doit remplir une connaissance pour être vraie. Enfin, aussi bien Aristote que les stoïciens ont fondé une logique formelle, sous la forme, respectivement, de la syllogistique et d'une logique des propositions.

Philosophie médiévale

La philosophie médiévale d'Occident et du Proche Orient sont issues du même courant. Ce sont les penseurs musulmans et chrétiens, puis entre musulmans eux-mêmes, qui en cherchant des arguments convaincants vont faire appel à la philosophie antique. Du Moyen-Orient, principalement musulman, vont naître plusieurs écoles de pensée et de méthode qui seront reprises plus tard en Occident, alors que les sociétés musulmanes finiront par étouffer les idées originales nées durant cette période.

Philosophie islamique

Les sources de la philosophie islamique proviennent à la fois de l'Islam en lui-même (Coran et Sunna) ainsi que de la philosophie grecque, iranienne préislamique et indienne.

C'est en cherchant à affiner la doctrine de l'islam et à interpréter correctement les hadiths, tout en extrapolant sur les questions religieuses qui n'avaient pas été explicitement tranchées dans le Coran, que naît la méthode de l'ijtihad. Avec elle s'ouvrent les premiers débats philosophiques et théologiques en Islam, notamment entre les partisans du libre arbitre ou Qadar (de l'arabe : qadara, qui a le pouvoir), et les djabarites (de djabar force, contrainte), partisans du fatalisme.

La théologie en islam doit répondre à des interrogations concernant la Théodicée, l'eschatologie, l'anthropologie, la Théologie négative et la Religion comparée. Plusieurs courants philosophiques existent en terre d'Islam :

La Madhhab motazilite est née d'une opposition aux vues traditionnelles des musulmans partisans du califat. Puis, s'intéressant aux attaques que subissait l'islam de la part des non-musulmans, ces Motazilistes devinrent rapidement obsédés par le débat avec les autres théologies et courants de pensée à l'intérieur de l'Islam lui-même.

Le calife Al-Mamun fait du motazilisme la doctrine officielle en 827 et crée la Maison de la sagesse en 832. Très rapidement, la philosophie grecque est introduite dans les milieux intellectuels persans et arabes. L'École péripatétique commence à avoir des représentants parmi eux : ce fut le cas d'Al-Kindi, d'Al-Farabi, d'Ibn Sina (Avicenne), et d'Ibn Rushd (Averroès).

Ceux qui cherchaient par une démonstration philosophique à conforter et démontrer le bien-fondé de leur foi religieuse ont été recrutés par Hunayn ibn Ishaq, un arabe chrétien qui dirige la maison de la sagesse dans les 870. Ils ont collecté, traduit et synthétisé tout ce que le génie des autres cultures grecque, indienne, iranienne ont pu produire avant d'entreprendre les commentaires sur ces œuvres. C'est ce travail qui forme les bases de la philosophie musulmane du Modèle:Sp. Ceux qui utiliseront cette méthodologie dite Ilm-al-Kalâm basée sur la dialectique grecque seront appelés mutakalamin. En réponse au motazilisme, Abu al-Hasan al-Ash'ari, initialement un motaziliste lui-même, développe le Kalâm et fonde l'école de pensée acharite qui s'appuie sur cette méthodologie. Ainsi le kalâm et la falsafa influenceront plusieurs madhhabs.

Sous le califat des Abbassides, un certain nombre de penseurs et de scientifiques, et parmi eux de nombreux musulmans non-sunnites ou des non-musulmans, jouent un rôle dans la transmission à l'Occident des savoirs grec, indien, et d'autres sagesses préislamiques, mésopotamiennes et iraniennes. Trois penseurs spéculatifs, les deux Persans al-Farabi et Avicenne, et l'Arabe al-Kindi, combinent l'aristotélisme et le néoplatonisme avec d'autres courants dans l'Islam. Ils furent considérés par beaucoup comme déviants par rapport à l'orthodoxie religieuse, et certains les jugèrent même comme des philosophes non-musulmans.

Les ismaéliens ne sont pas à l'écart de l'influence de la philosophie Néoplatonicienne et plusieurs penseurs collaborent pour produire à Basra une encyclopédie : la Ikhwan al-Safa.

Le Modèle:XIIe siècle voit l'apothéose de la philosophie pure et le déclin du Kalâm. Cette suprême exaltation de la philosophie doit être attribuée, pour une large part au persan Al-Ghazali et au juif Juda Halevi. En émettant des critiques, ils ont produit par réaction un courant favorable à la philosophie par une mise en cause des concepts et en rendant leurs théories plus logiques et plus claires. Ibn Bajjah et Averroès ont produit les plus belles œuvres de la pensée islamique. Averroès clôt le débat par son œuvre d'une grande hardiesse. La fureur des orthodoxes est en effet telle que le débat n'est plus possible. Les orthodoxes s'en prennent sans distinction à tous les philosophes et font brûler les livres. Le débat se poursuivra, mais en occident, par l'intermédiaire des juifs.

Philosophie chrétienne

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La philosophie trône parmi les sept arts libéraux — illustration extraite de l'Hortus deliciarum de Herrad von Landsberg (XIIe siècle).

Souvent caricaturée et décriée, la philosophie médiévale s'étend sur la vaste période qui sépare la philosophie antique tardive de la philosophie moderne. Bien loin de se résumer à l'image négative qu'a aujourd'hui la scolastique, elle présente toute une variété de penseurs d'inspirations sensiblement différentes.<ref>Sur cette période voir les ouvrages d'Étienne Gilson: La philosophie au moyen-âge, 2 volumes, Paris, 1922.</ref>

D'une part le Moyen Âge est une des périodes les plus fécondes en ce qui concerne la logique. Certaines lois logiques ont été connues dès le Moyen Âge (par exemple Pierre d'Espagne connaissait déjà ce qu'on appellera plus tard la loi de De Morgan) avant d'être ensuite oubliées. C'est surtout la philosophie de la logique qui connut un développement important. Les penseurs médiévaux se concentrèrent plus particulièrement sur la célèbre Querelles des universaux, dont le point de départ fut une remise en cause de la théorie des Idées platoniciennes. Elle fut animée entre autres par Abélard, Albert le Grand et Guillaume d'Ockham.

D'autre part le Moyen Âge fut aussi un âge de redécouverte de la philosophie antique à partir du XIe siècle<ref>C'est ce que des commentateurs comme Marie-Dominique Chenu appellent la renaissance du moyen-âge (voir introduction à l'étude de saint Thomas d'Aquin)</ref>. La traduction en latin du corpus aristotélicien modifiera ensuite grandement la donne, et contribuera à réaffirmer Aristote comme l'un des philosophes les plus influents de l'histoire. Mais cette redécouverte ne sera possible que par l'intermédiaire des philosophes arabes et souvent par des traductions indirectes du grec vers l'arabe et de l'arabe vers le latin. La tradition de commentaire des textes est aussi très présente : le commentaire des Sentences de Pierre Lombard sera pour longtemps un exercice canonique de l'époque. Quant aux commentaires d'Aristote par saint Thomas d'Aquin, au Modèle:XIIIème siècle, ils feront longtemps autorité et constitueront un modèle du genre.

Enfin, la philosophie médiévale est très liée à l'Eglise, et les réflexions philosophiques ont souvent un fond religieux et théologique plus ou moins prégnant. Les philosophes du Moyen Âge, qui avaient tous reçu une formation en théologie, se basaient sur les textes bibliques et tentaient souvent de concilier les enseignements de la Bible avec les écrits des philosophes antiques. Cette réconciliation prît la forme d'une subordination de la philosophie à la théologie, ou plutot d'une complémentarité, les Vérités révélées des Écritures primant sur la « lumière naturelle » de la Raison, l'une n'allant jamais contre l'autre. La grande synthèse de la foi et de la raison, c'est à dire d'Aristote, de la théologie et de la Révélation fut réalisée au XIIIème siècle, notamment par des penseurs comme Thomas d'Aquin.

Philosophie juive

Deux réactions eurent lieu chez les Juifs face à la philosophie grecque: alors que les Juifs restés en Judée se rebellaient contre l'hellénisation, d'autres s'installaient en terre grecque, à Alexandrie, et produisaient des penseurs qui, à l'exemple de Philon, n'hésitaient pas à confronter les deux langages.

Représentant typique du judaïsme hellénisé d'Alexandrie, Philon ne parle probablement pas l'Hébreu. Il rêve de concilier religion et philosophie, révélation et raison : la philosophie est le moyen de défendre et de justifier les vérités révélées du Judaïsme. Celles-ci sont pour lui fixées et déterminées, et la philosophie permet d'en approcher.

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Statue de Maïmonide dans sa ville natale de Cordoue.

La Bible est pour lui un ouvrage de législation religieuse parsemé de leçons d'éthique, Moïse un précurseur de Solon ou Lycurgue, les commandements bibliques inculquent à l'homme les fondements du stoïcisme, et accordent son rythme aux rythmes cosmiques et universels. Le Shabbat vise à abolir toute barrière sociale, la casheroute à enseigner la modération et la frugalité.

Il fallut l'expansion du monde de l'Islam pour que la philosophie revienne frapper en force aux portes du monde juif. Elle avait désormais un tout autre visage :

  • d'un côté, les Mutazilites s'en faisaient un outil afin d'étudier rationnellement les Textes sacrés ;
  • de l'autre côté, le néoplatonisme avait été adapté puis adopté : l'émanationnisme, la perfection infinie de l'Un, la montée de l'âme etc. sont des thèmes très proches des croyances religieuses, permettant de s'essayer à la fois à la spéculation rationnelle et à la spéculation mystique.

L'un des penseurs les plus marquants du Judaïsme, Juda Halevi, se leva alors pour combattre la philosophie. Cependant, Juda Halevi ne cessa de se « mouvoir dans l'univers mental de ses adversaires » pour les contrer, alors que son contemporain, Abraham ibn Dawd Halevi tentait d'introduire ses contemporains aux idées Aristote.

L'aristotélisme trouva son représentant dans le géant de la philosophie juive, Moïse Maïmonide. Il changea littéralement le champ de vision du Judaïsme. Il fut l'« Aigle de la Synagogue », qui écrivit le Commentaire sur la Mishna et le Mishné Torah, le « Prince des Médecins » et surtout un des plus grands érudits que connut le Judaïsme. Auteur du Guide des Égarés dont le but est de résoudre la difficulté qui se présente à l’esprit d’un juif croyant, concurremment nourri de réalités philosophiques. Maïmonide a réussi à expliquer les anthropomorphismes bibliques, à dégager la signification spirituelle cachée derrière les significations littérales et à montrer que le spirituel était la sphère du divin.

La philosophie médiévale en Occident est caractérisée par la rencontre du Christianisme et de la philosophie La philosophie médiévale est une philosophie chrétienne, à la fois dans son intention et par ses représentants qui sont presque tous des clercs. Un thème fondamental constant est à partir de là aussi le rapport entre la foi et la raison. Mais ceci ne signifie pas que la pensée se manifeste désormais selon une unité dogmatique. Le conflit des directions philosophiques entre elles d'une part et les condamnations de thèses par les autorités ecclésiastiques d'autre part, montrent bien que la pensée se déploie sur des voies très autonomes et divergentes.

Malgré sa grande diversité et sa longue période de développement, elle se manifeste cependant une certaine unité dans la présentation des questions philosophiques: discussion des auteurs du passé, confrontation avec les Saintes Écritures et les textes des Pères de l'Église, afin d'examiner toutes les facettes d'un même problème, dont à la fin l'auteur proposait la résolution. La première période coïncide avec l'Antiquité: La Patristique(environ IIe-VIIe s)est caractérisée par les efforts des Pères de l'Église(patres)pour édifier la doctrine chrétienne à l'aide de la philosophie antique, et de l'assurer ainsi à la fois contre le paganisme et contre la gnose. Le représentant de la philosophie chrétienne le plus important et ayant eu le plus d'influence dans l'antiquité est Aurelien Augustin (saint Augustin). Son oeuvre, influençée par le néoplatonisme, est une des principales sources de la pensée médiévale. Aprés la fin de l'Antiquité(la date symbolique de 529 ap J.C, marque la fermeture de l'accadémie platonicienne ordonnée par Justinien), les textes transmis sont, durant des siècles, conservés et recopiés dans les monastères; pourtant, la pensée philosophique perd son autonomie et sa force propre.

La période qui s'ouvre à partir du Modèle:IXe siècle est appelée généralement la Scolastique. L'appellation de Scolastiques(scola=école) désignent ceux qui s'occupent scolairement des sciences; et particulièrement les professeurs qui travaillent dans les écoles des diocèses ou de la cour fondée par Charlemagne et plus tard, dans les Universités. Mais avec le terme Scolastique, c'est avant tout une méthode qui est évoquée. Les questions sont examinées et résolues rationnellement suivant le pour et le contre. Ce qui caractérise la Scolastique, c'est un retour aux textes anciens, leur analyse critique et leur message.

Les Universités, fondées à partir du XIIe s, deviennent le centre de la vie intellectuelle. Le développement du savoir dans les 4 Facultés fondamentales suivantes : Philosophie (Septem artes liberales), Théologie, Droit, et Médecine. Les « Disputationes » qui ont lieu dans les Universités suivaient le strict schéma de la méthode scolastique. A la fin, sa sclérose formelle, fut le point de départ de la critique qui se réalisa à la Renaissance contre cette forme de philosophie. Les sources antiques auxquelles s'abreuve la Scolastique sont avant tout; Saint Augustin; la tradition néoplatonicienne (avec ici les écrits d'un auteur inconnu qui se nomme Denys l'Aréopagite) ; Boece qui transmet la logique aristotélicienne; plus tard l'ensemble des textes d'Aristote.

On distingue les périodes suivantes: Au cours de la première scolastique(XIe XIIe) débute l'élaboration de la méthode proprement scolastique. A ce moment se propage la querelle des UNIVERSAUX qui est aussi le thème du siècle suivant. La question est de savoir si, à toutes les déterminations universelles(genres et espèces par exemple l'homme)correspond une réalité indépendante de la pensée, ou si elles n'existent que dans la pensée en soi. L'influence du monde arabe est très importante pour le développement futur de la philosophie Dans les années 800-1200, la culture islamique a permis la transmission de la philosophie et de la science grecques. C'est de cette manière qu'une plus grande partie d'écrits que celle dont disposait le moyen-age chrétien devint accessible. Ce fut le cas des œuvres complètes d'Aristote.

La nouvelle réception d'Aristote imprègne l'image de la haute scolastique(environ XIIe XIIIe). Aucun penseur ne parvient à une connaissance complète des principes d'Aristote. C'est sur ce point que s'opposent la pensée franciscaine, orientée vers l'Augustinisme, et la pensée aristotélicienne des dominicains. Thomas d'Aquin a repris la vaste entreprise systématique visant à l'union de l'aristotélisme et de la pensée chrétienne Le caractère antinomique de certains enseignements d'Aristote avec le dogme chrétien conduisit, de la part de l'Eglise, à une interdiction temporaire de certains écrits et à la condannation d'un série de thèses philosophiques. Avec Maître Eckhart, la tradition de la mystique médiévale parvint à son apogée; il s'agit de la voie vers la contemplation intérieure et de l'union avec le divin.

Les représentants plus lointains sont Henri Suses, Jean Tauler et jean Gerson Dans la scolastique tardive (XIVe) s'impose avec Guillaume d'Ockham, la critique des systèmes métaphysiques des anciennes écoles (via antiqua). La nouvelle voie(via moderna appelée aussi le nominalisme) va de pair avec un épanouissement des sciences naturelles (Nicolas d'Oresme, Jean Buridan) (Atlas de la philosophie, Livre de poche).

Philosophie moderne

Par « philosophie moderne », il faut entendre la philosophie qui s'étend sur ce que les historiens appellent l'histoire moderne (1492-1789).

Elle est, d'une part, l’héritière de la pensée antique en bien des points. Spinoza, Descartes, Leibniz ou Hume (pour ne citer qu'eux) sont loin d'avoir rompu tout lien avec la philosophie des Anciens. Ils les connaissaient parfaitement et leur ont notamment emprunté leur vocabulaire. Mais d'autre part, les Modernes ont souvent compris leur propre travail comme une amélioration de ce que les philosophes de l'Antiquité avaient déjà accompli, ce qui les conduisit parfois à s'opposer à ces derniers.

Cette tentative « d'améliorer » la philosophie antique apparaît clairement dans la philosophie politique, une des grandes caractéristiques de la philosophie moderne étant en effet d'avoir renouvelé celle-ci. Machiavel ou Hobbes ont tous deux voulu fonder la philosophie politique comme science, en la séparant nettement de l'éthique (alors que cette dernière et la politique étaient inséparables chez les trois grands penseurs de l’Antiquité qu'étaient Socrate, Platon et Aristote). En outre, aussi bien Spinoza et Hobbes que Machiavel ont cherché à fonder la philosophie politique sur l'étude de l'homme tel qu'il est — et non de ce qu'il devrait être comme le faisaient les Anciens.

Mais la philosophie moderne, au sens où nous l'avons délimitée, comprend aussi, dès la fin du XVIIe siècle, la philosophie des Lumières et le libéralisme: Locke, Rousseau, Diderot, Voltaire entre autres. Le mot « philosophe » y prend le sens nouveau de « membre du parti philosophique » au fur et à mesure que se dessine une philosophie politique qui privilégie la démocratie, la tolérance et la souveraineté du peuple, que ce soit dans le Traité théologico-politique de Spinoza, le contrat social de Rousseau ou dans les deux traités du gouvernement civil de Locke.

L'autre grande caractéristique de la philosophie moderne est l'importance qu'y joue la science, même s'il faut remarquer que la philosophie du Modèle:XVIIe siècle privilégie plutôt les mathématiques et la physique (mécaniste), alors que les philosophes du Modèle:XVIIIe siècle se tournent davantage vers la biologie. Les penseurs menaient en effet souvent une carrière de savant, ou nourrissaient en tout cas un vif intérêt pour la science. Leibniz et Descartes, notamment, étaient de grands savants, de même qu'un siècle plus tard Diderot développa des réflexions annonçant le transformisme. Du point de vue de la méthode, la philosophie s'inspire alors soit des mathématiques (tels Descartes et Spinoza), soit de la physique (Hobbes) ; ou bien elle tente de fonder une méthode applicable à tous les domaines du savoir : philosophie, physique, mathématiques, etc., par exemple pour Leibniz. La méthode de la philosophie s'inspire donc souvent de celle des sciences ou des mathématiques.

Enfin, en ce qui concerne la théorie de la connaissance, il est traditionnel de distinguer deux grands courants : le rationalisme (avec Descartes, Leibniz et Spinoza) et l'empirisme (Hume et Locke). De façon très schématique, les rationalistes affirment l'existence d’une connaissance indépendante de l'expérience, purement intellectuelle, universellement valable et indubitable. Les empiristes, eux, affirment que toute connaissance procède de l'induction et de l'expérience sensible. Ce sont souvent aussi des sceptiques (par exemple Hume) qui affirment qu'il n'existe aucune connaissance universellement valable, mais seulement des jugements nés de l'induction et que l'expérience pourra réfuter.

Emmanuel Kant défend une position originale dans cette discussion. Il affirme en effet à la fois la nécessité de l'expérience mais aussi des concepts et des formes de la sensibilité a priori pour la constitution de la connaissance. Sa thèse combine donc à la fois l'empirisme et le rationalisme. Kant, qui nie à la différence des rationalistes la possibilité d'une connaissance ne reposant pas sur l'expérience, distingue par la suite les choses en soi (connus sans le recours de l'empirie) et les choses pour nous (telles que nous les connaissons). Les premières sont inconnaissables pour nous : Dieu, la liberté et l'âme.

Philosophie contemporaine

Le XIXe siècle

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Adolph von Menzel, Le laminoir en fer (1872/75). La révolution industrielle provoqua une révolution dans les conditions de vie qui devait amener un bouleversement de la pensée philosophique, économique et politique.

La philosophie du XIXe siècle se divise en des directions si différentes qu'elles ne se laissent pas ramener à un seul et unique concept. Elle comprend la philosophie romantique, l'Idéalisme allemand, le positivisme, la pensée socialiste et matérialiste de Marx, Feuerbach ou Proudhon, le pragmatisme ainsi que nombre de penseurs difficiles à classer tels Schopenhauer, Nietzsche et Kierkegaard ou encore plus récemment Léon Chestov.

Une partie de la philosophie et surtout de la philosophie allemande se comprend comme un dialogue critique mais aussi constructif avec la pensée kantienne : ce fut le cas de l'Idéalisme allemand, de Schopenhauer et de Nietzsche. Le but avoué étant de reprendre ce qui semblait le plus intéressant dans la philosophie de Kant et de la débarrasser ce qui semblait être des restes d'une métaphysique dépassée.

Les courants philosophiques marqués par l'empirisme ont pris une autre direction comme le positivisme d'Auguste Comte qui voulait dépasser la pensée métaphysique uniquement au moyen des sciences empiriques c'est-à-dire sans recourir aux explications métaphysiques. En Angleterre Bentham et Mill développèrent l'utilitarisme qui soumettait l'économie et l'éthique à un rigoureux principe de comparaison des avantages et des inconvénients et qui avec l'idée d'un bien-être pour tous (le principe du « plus grand bonheur au plus grand nombre ») joua un rôle fondamental.

L'économie et la philosophie politique furent marquées par Karl Marx, Engels et Proudhon. Les deux premiers voulaient modifier profondément les conditions de vie des ouvriers par un bouleversement des structures économiques et politiques de leur époque que les philosophes avaient pour tâche de conceptualiser.

Il est par contre difficile de classer toute une série de philosophes tels Arthur Schopenhauer, Kierkegaard et Friedrich Nietzsche. Schopenhauer mettait en avant la puissance et la domination de la volonté sur la raison en s'inspirant des Upanishads, principes philosophiques constituant pour partie la pensée indienne des Veda, alors en vogue dans certaines universités européennes. Sa vision du monde pessimiste, profondément marquée par l'expérience de la souffrance, témoigne d'une influence védique et de l'idée bouddhiste de nirvāna. Friedrich Nietzsche qui tout comme Schopenhauer accordait une grande importance aux arts, se désignait lui-même comme un immoraliste. Pour lui les valeurs de la morale chrétienne traditionnelle étaient l'expression de faiblesse et d'une pensée décadente. Il analysa les idées de nihilisme, du surhomme et de l'éternel retour de la répétition sans fin de l'histoire. Kierkegaard était en bien des points un précurseur de l'existentialisme. Il défendait une philosophie imprégnée de religion et représentant un individualisme radical qui dit comment on doit se comporter en tant qu'individu singulier dans les différentes situations concrètes.

Le XXe siècle

La philosophie du XXe siècle se caractérise elle aussi par une grande richesse de doctrines. La philosophie analytique qui tire ses racines en Allemagne avec Frege et au Royaume-Uni avec Russell et Whitehead, et en Pologne avec l'École de Lvov-Varsovie (Alfred Tarski, Tadeusz Kotarbiński, Stanisław Leśniewski, Jan Łukasiewicz) a dominé surtout les pays anglophones et une partie de l'Europe (surtout l'Autriche, l'Allemagne et la Pologne). Elle se caractérise par un usage important de la logique mathématique et plus généralement par une très grande attention portée au langage comme source d'illusions, de paralogismes. Elle a abouti à une reprise d'ensemble de nombreux problèmes philosophiques traditionnels tel la nature de l'esprit et ses rapport au corps (voir philosophie de l'esprit), les problèmes relatifs à la nature de l'action (voir philosophie de l'action), l'essence et la fonction du langage naturel et formel (cf. la philosophie du langage et la philosophie de la logique). Ses représentants les plus importants sont Russell, Frege, Whitehead, Wittgenstein, Tarski, Leśniewski, Łukasiewicz, Kazimierz Ajdukiewicz, Donald Davidson, Anthony Kenny, John Langshaw Austin, Searle, Gilbert Ryle, Jaakko Hintikka<ref>Sur cette période voir Pascal Engel, La dispute, une introduction à la philosophie analytique, Paris, Minuit, 1997, Scott Soames, Philosophical Analysis in the Twentieth Century, Volume 1 : The Dawn of Analysis, Princeton, 2003 et Philosophical Analysis in the Twentieth Century, Volume 2 : The Age of Meaning, Princeton, 2003</ref>.

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Portrait du fondateur de la phénoménologie Edmund Husserl.

L'autre grande tradition philosophique est la phénoménologie de Husserl dont les successeurs sont Heidegger, Sartre, Merleau-Ponty, Roman Ingarden, Edith Stein, Jan Patočka, Paul Ricœur ou Emmanuel Levinas. Pour Edmund Husserl, la phénoménologie est la science des phénomènes, c'est-à-dire la science des vécus par opposition aux objets du monde extérieur. Elle aura ainsi pour objet la connaissance pour thème (Husserl), l'imagination (Sartre), la perception (Merleau-Ponty), l'existence humaine (Heidegger), la volonté (Paul Ricœur). En outre, elle est une science apriorique, ou eidétique, à savoir une science qui décrit les essences abstraites des vécus<ref>Voir sur sujet Emmanuel Levinas, Théorie de l'intuition dans la phénoménologie de Husserl, Paris, 1930</ref>.

Le début du XXe siècle marque également le début de la psychanalyse (avec Sigmund Freud) qui éclaircira beaucoup de choses sur la conception de la pensée.

La philosophie poststructuraliste et le déconstruction reposent quant à elles sur la remise en cause de la notion de sujet (Michel Foucault<ref>Les mots et les choses</ref>) ou de sens (Jacques Derrida) et son remplacement par les notions de structure, d'inconscient (Jacques Lacan), de dissémination du sens (Derrida<ref>De la grammatologie</ref>).

La philosophie politique au XXe siècle se caractérise d'une part par l'intérêt qu'elle porta aux phénomènes totalitaires que ce soit dans une perspective plutôt critique soit dans une perspective surtout critique<ref>Tel Hannah Arendt dans Les Origines du totalitarisme et de Carl Schmitt La dictature, Raymond Aron dans Démocratie et totalitarisme</ref>, d'autre part par l'examen et la discussion des théories du contrat social avec notamment la théorie de la justice de John Rawls (1971) qui fut abondamment commentée.

Histoire des philosophies asiatiques

La philosophie indienne

On définit classiquement deux sortes de philosophies indiennes : les philosophies astika, qui suivent les Veda (hindouisme…) et les philosophies nastika que sont le jaïnisme, le bouddhisme et le chârvâka, qui les rejettent. Pour ces dernières, on se reportera aux articles qui les concernent.<ref> Sur la philosophie indienne voir Surendranath N. Dasgupta: A History of Indian Philosophy (cinq volumes), Cambridge, 1922 et A.K. Warder: Outline of Indian Philosophy, Delhi: Motilal Banarsidass, 1971. (ISBN 0895813726)</ref>

Les différentes écoles astika

Le Nyâya

L'école de Nyâya (en sanskrit न्याय, nyāya) de spéculation philosophique est basée sur un texte appelé le Nyâya Sûtra. Il a été composé par Gautama Aksapada (à ne pas confondre avec Siddhârtha Gautama, le fondateur du bouddhisme), vers le Modèle:-s mini ou Modèle:Ve siècle av. J.-C.. La contribution importante apportée par cette école est sa méthodologie. Elle est basée sur un système de logique qui a été plus tard adoptée par la plupart des autres écoles indiennes (orthodoxes ou pas), de la même manière qu'on peut dire que la science, la religion et la philosophie occidentales sont en grande partie basées sur la logique aristotélicienne.

Le Vaiçeshika

Le système de Vaiçeshika (en sanskrit वैशेषिक, vaiśeṣika), fondé par la sage Kanada, postule un pluralisme atomique. Suivant les préceptes de cette école de pensée, tous les objets de l'univers physique, les substances matérielles, sont réductibles à un certain nombre d'atomes, sauf les cinq substances immatérielles : le temps, l'espace, l'éther (âkâsha) l'esprit et l'âme. Les atomes constitutifs des substances matérielles sont les atomes de feu, de terre, d'air et d'eau.

Le Sâmkhya

Le Sâmkhya (en sanskrit सांख्य, sāṃkhya) est généralement considéré comme le plus vieux des systèmes philosophiques indiens, il aurait été fondé au Modèle:VIIe siècle av. J.-C. par Kapila, ou trois siècles plus tôt, selon A. Daniélou. Il s'agit, historiquement, de la première description connue du modèle complet de l'univers, à la fois scientifique et transcendant. Sa philosophie considère l'univers comme se composant de trois réalités éternelles : le principe de l'espace (âkâsha), le principe de l'intelligence (purusha) et le principe de la nature (prakriti).

Le Védanta

L'école d'Uttara Mimamsa (nouvelle recherche), généralement connue sous le nom de Védanta (en sanskrit वेदअन्त, vedânta), se concentre sur les enseignements philosophiques des Upanishad plutôt que sur les injonctions ritualistes des Brâhmanas. Mais il y a plus de cent Upanishads qui ne forment pas un système unifié. Leur systématisation a été entreprise par Badarayana, dans un travail appelé Vedânta Sûtra.

La manière obscure dont les aphorismes des textes du Vedânta sont rédigés laisse la porte grande ouverte pour une multitude d'interprétations. Cela a entraîné une prolifération des écoles du Vedânta. Chacune de ces dernières a interprété à sa façon les textes et a produit sa propre série de sous-commentaires — tout en prétendant être seule fidèle à l'original.

le Bouddhisme

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Prajñāpāramitā, la déité personnifiant la « perfection de sagesse », plus précisément de l'« intelligence intuitive transcendante ». Étymologiquement « Prajñā » serait la « pro-gnose »

Le bouddhisme est l'un des grands systèmes de pensée et d'action orientaux, né en Inde au Modèle:VIe siècle av. J.-C.. Il est fondé sur les Trois Joyaux : les bouddhistes déclarent prendre refuge dans le Bouddha, le fondateur du bouddhisme, dans le Dharma, la doctrine du Bouddha, et dans le Sangha, la communauté des adeptes.<ref>Sur le bouddhisme voir: Samuel Bercholz et Sherab Chödzin Kohn, Pour comprendre le bouddhisme, Éd. Laffont, 1993, 428 p. (ISBN 2266076337) et Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Éd. Seuil, 2001, 841 p. (ISBN 2020362341)</ref>

À l'origine, le bouddhisme n'est pas vraiment une philosophie ou une religion, mais une « leçon de choses » (Dhamma en pali, Dharma en sanskrit), ce terme désignant à la fois la réalité, sa loi, et son exposé. De plus lorsqu'on parle de dharmas on désigne diverses lois naturelles particulières.

Le Dharma, ou l'enseignement du Bouddha

Les quatre nobles vérités qui sont à l'origine du bouddhisme sont: la vérité de la souffrance ou de l'insatisfaction inhérente, la vérité de l'origine de la souffrance engendrée par le désir et l' attachement, la vérité de la possibilité de la cessation de la souffrance par le détachement, entre autres, et finalement la vérité du chemin menant à la cessation de la souffrance, qui est la voie médiane du noble sentier octuple.

Cependant ces enseignements classiques, et de portée spirituelles plutôt que philosophiques, ne sont que le point de départ de ce qui deviendra une riche pluralité de traditions philosophiques et religieuses. Après tout le bouddhisme avait «conquis» tout l'Asie, du Japon jusqu'à l'Afghanistan, intégrant et/ou s'adaptant à ces différentes cultures. En philosophie particulièrement, tout le spectre des positions et options possibles a, à un moment ou l'autre, été l'objet d'élaborations et de débats. Il a donc connu son «réalisme», son «atomisme», son «nominalisme», etc.

L'Hindouisme, dont le Bouddhisme est issu, présente lui aussi une telle variété. Pareillement, et à l'instar de la scolastique occidentale, toute philosophie s'inscrit dans le cadre de la religion. Plus précisément, les philosophies bouddhistes ne perdent jamais de vue les préoccupations sotériologiques.

Au terme de ce processus historique, il ne subsiste plus que deux grandes écoles philosophiques, particulièrement dans le bouddhisme dit du Mahāyāna<ref>L'autre grande tradition dite du Theravāda évite soigneusement toutes discussion métaphysique, ou philosophique abstraite, et se concentre sur les aspects méditationnels</ref>, ce sont le Cittamatra, esprit seulement, et le Madhyamaka, voie du milieu.

La première est un idéalisme, ou mëme un solipsisme rationnel: Tout les phénomènes ne sont que des faits de conscience, et la conscience est la seule réalité, le monde et les individus en étant la projection. La conscience qui crée le monde est l'ultime Nature-de-Bouddha, essence de tout.

La seconde grande école, le Madhyamaka, se veut plus achevée: Dans sa foncière insondabilité, sa transcendance, la Nature-de-Bouddha ne saurait être appréhendée, et la seule philosophie valide ne saurait être que radicalement négative. Nāgārjuna, la grande figure de cette école résume sa position dans son célebre tétralemme:

  • On ne peut affirmer: «il existe quelquechose»
  • On ne peut affirmer: «il n'existe rien»
  • On ne peut affirmer: «il existe quelquechose et il n'existe rien»
  • On ne peut affirmer: «il n'existe ni quelquechose, ni rien»<ref>Formulé par le contributeur, doit trouver citation précise</ref>

Nāgārjuna l'exprime aussi de cette façon dans le Madhyamakakārika : "Où que ce soit, quelles qu'elles soient, ni de soi ni d'autrui, ni de l'un ni de l'autre, ni indépendamment de l'un et de l'autre, les choses ne sont jamais produites"

Cette philosophie constitue l'aboutissement conséquent et radical de la doctrine de la vacuité.

Image:Searchtool.svg Articles détaillés : Vacuité, Madhyamaka et Cittamatra.

La philosophie chinoise

Le confucianisme

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Confucianisme.

Le confucianisme en est le courant principal de la philosophie chinoise et n'a connu que de rares mises à l'écart. Toute éducation se fondait avant tout sur les livres formant le « Canon confucianiste » : dont le Shi Jing ou Livre des Poèmes, le Yi Jing ou Livre des Mutations, les Annales de Lu, les Entretiens de Confucius et le livre de Mencius. Presque toute la production savante en Chine peut s'interpréter comme une suite de commentaires sur ces œuvres vénérées comme étant l'essence de l'esprit chinois. Presque tous les mouvements de pensée confucianiste se présentaient comme ayant renoué avec la vraie pensée du Sage. Entre les « réalistes » comme Xun Zi et les partisans de son pendant « idéaliste » Mencius, plus tard entre Wang Yangming et Zhu Xi, des tendances ont émergé et débattu de la pensée du Maître, enrichissant la philosophie de nouveaux concepts et de nouvelles interprétations. C'est la lignée de Mencius que Zhu Xi va privilégier et ses commentaires seront ceux considérés comme orthodoxes, c'est-à-dire comme références, par les examinateurs impériaux des dynasties Ming et Qing (la dernière).

Le Taoïsme

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Taoïsme.
Image:Dao-caoshu.png
dào « la Voie », calligraphie 草書 câoshū « herbes folles », un style très libre influencé par le taoïsme.

Le taoïsme, une religion, une philosophie ?<ref>Sur le Taoïsme voir Marcel Granet, Trois études sociologiques sur la Chine, « Remarques sur le Taoïsme ancien », 1925 et La Pensée chinoise, 1934 (rééd. Albin Michel, coll. « L'Évolution de l’humanité », 1999) 1925, Henri Maspéro, Le Taoïsme et les Religions chinoises, 1950, NRF (Gallimard), coll. « Bibliothèque des Histoires » (rééd. Gallimard, 1990)</ref>

Le terme « taoïsme » recouvre des textes, des auteurs, des croyances et pratiques, et même des phénomènes historiques qui ont pu se réclamer les uns des autres, répartis sur 2 500 ans d’histoire.

La catégorie « Taoïsme » est née sous la dynastie Han (200 av. J.-C.-200), bien après la rédaction des premiers textes, du besoin de classer les fonds des bibliothèques princières et impériales. Dào jiā 道家 ou dào jiào 道教, « école taoïste », distingue à l’époque une des écoles philosophiques de la période des Royaumes combattants (500 av. J.-C.--220 av. J.-C.). École est ici à entendre dans son sens grec, voire pythagoricien, d’une communauté de pensée s’adonnant aussi à une vie philosophique ; n'y voir qu’un courant intellectuel est un anachronisme moderne. Mais cette école ne fut sans doute que virtuelle, car ses auteurs, dans la mesure où ils ont vraiment existé, ne se connaissaient pas forcément, et certains textes sont attribués à différentes écoles selon les catalogues.

Durant la période des Trois Royaumes (220-265), les termes dào jiā 道家 et dào jiào 道教 divergent, le premier désignant la philosophie et le second la religion. Car la catégorie a vite englobé des croyances et pratiques religieuses d’origine diverse, comme l’évoque Isabelle Robinet dans Histoire du taoïsme : des origines au Modèle:XIVe siècle : « …le taoïsme n’a jamais été une religion unifiée et a constamment été une combinaison d’enseignements fondés sur des révélations originelles diverses […] il ne peut être saisi que dans ses manifestations concrètes »<ref>Isabelle Robinet, Histoire du taoïsme : des origines au Modèle:XIVe siècle. Pour la Stanford Encyclopedia of Philosophy : « Le taoïsme est un terme-parapluie qui recouvre un ensemble de doctrines [philosophiques] qui ont en commun une orientation similaire. Le terme taoïsme est également associé à différents courants religieux naturalistes ou mystiques…Le résultat est que [c’]est un concept essentiellement malléable. La fameuse question de Creel : « Qu’est-ce que le taoïsme? » reste toujours aussi difficile. » ([1] Voir l'article).</ref>.

Le taoïsme est-il une philosophie ou une religion ? Les deux, peut-on dire. Sont évoquées les conceptions antiques du Zhuangzi (Tchouang Tseu) et du Dao De Jing (Tao Te King), car ces textes continuent d’inspirer la pensée chinoise, ainsi que l’occident, avec des thèmes comme le Dao, la critique de la pensée dualiste, de la technique, de la morale ; dans un éloge de la nature et de la liberté. On trouvera aussi un exposé sur les pratiques taoïstes, concentré sur le moyen âge chinois (les six dynasties, 200-400). La période permet de révéler des techniques mystiques, des idées médicales, une alchimie, des rites collectifs. Leur élaboration a commencé bien avant et s’est poursuivie ensuite, mais ce moment permet d’en offrir un tableau plus riche, et plus attesté. Il en résulte un panorama large, fondé sur des textes et des commentaires récents, afin que chacun puisse se faire son idée du taoïsme comme cela se fit par le passé, mais en privilégiant les sources les plus significatives, les plus évocatrices.

Notes et références

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Sources

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Pour aller plus loin

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