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Art

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-{{Voir homonymes|Art (homonymie)}}{{photo}}+{{Voir homonymes|Art (homonymie)}}
-{{Internationaliser|'', qui ne cite aucune source, ne fait référence qu'à l'art occidental contemporain''}}+{{à sourcer|date=avril 2008}}
-[[Image:Paris.louvre.winged.500pix.jpg|thumb|right|300px|''[[sculpture]] [[antique]]'' : '''la [[Victoire de Samothrace]]''', exposée au [[Musée du Louvre|Louvre]], France.]]+{{pas fini|date=mars 2009}}
-Le mot '''art''' vient du latin ''ars'' (habileté, métier, [[connaissance technique]]). Le terme grec équivalent, ''[[technè]]'' (τέχνη), a évolué dans un sens différent, ne conservant que le sens de ''technique''. On retrouve ici la classique évolution littéraire des racines latines et scientifique des racines grecques. C'est malgré tout et dans les deux sens: l'ensemble des gestes précis concernant une pratique maîtrisée entre la science théorique et la pratique spontanée, autant pour l'''art de la menuiserie'' que pour les [[Beaux-Arts (disciplines)|Beaux-Arts]].+
-Philosophiquement, l'art se définit par sa dimension [[esthétique]] : il est une création d'œuvres visant à susciter une appréciation esthétique positive, c'est-à-dire à plaire et à toucher la sensibilité par leur seule forme, par leur seule apparence.+[[Fichier:Attributes of painting, sculpture & architecture.jpg|thumb|''Les attributs de la peinture, de la sculpture et de l’architecture'' par [[Anne Vallayer-Coster]].]]
-== Une forme d'interaction et d'échange ==+On appelle '''Art''' (du [[latin]] ''Ars, artis'' « habileté, métier, connaissance technique ») une activité humaine, ou le produit de cette activité, consistant à arranger entre eux divers éléments en s'adressant délibérément aux [[Sens (physiologie)|sens]] et aux [[émotion]]s.
-Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur…). Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la [[nature]], c’est-à-dire entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le [[monde (univers)|monde]] extérieur. [[Hegel]], dans son ''[[Esthétique]]'', a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a priori, que : « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature [puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce [[monde (univers)|monde]] imparfait et instable la [[vérité]] contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même. »+Les définitions de ce concept varient selon les époques et les lieux, et aucune d'entre elles n'est universellement acceptée. C'est pourquoi les produits et pratiques artistiques ont toujours été classés diversement selon les cultures, les auteurs et les institutions. Selon l'usage le plus courant du mot au {{XXIe siècle}}, l'art englobe principalement les produits de « [[Beaux-arts (disciplines)|beaux arts]] » tels que l'[[architecture]], la [[sculpture]], la [[peinture]], la [[musique]], la [[danse]] et la [[poésie]], auxquels on ajoute fréquemment le [[cinéma]] (souvent nommé « 7{{e}} art »), la [[gravure]], le [[théâtre]], la [[photographie]], la [[bande dessinée]], la [[télévision]], voire l'[[art numérique]].
-Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus captivante ? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie de l’action, développée notamment par [[Hannah Arendt]], émerge quand le geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de l’expérience commune.+La conception de l'art comme production d'objets qu'on s'accorde à trouver [[beau]]x, ou du moins stimulants pour les sens, date du {{s|XVIII|e}}. Le relativisme contemporain<ref group=note>Dans cet article, le mot « contemporain » s'applique à la fin du {{XXe siècle}} et au début du {{XXIe siècle}}</ref> en fait cependant une construction artificielle, mettant en doute la possibilité d'élaborer une théorie [[Universalisme|universelle]] de l'art et affirmant que l'[[histoire de l'art]] est toujours à reconstruire<ref>Voir par exemple [[Theodor W. Adorno]] ''in'' , ''Théorie esthétique'' (Paris, Klincksieck, 1974, 347 p.) qui explique cette évolution en musique, et, pour une vision plus globale voir Wladyslaw Tatarkiewicz, {{Lang|en|''History of Aesthetics'', Monton - The Hague }}- Paris, Barret (C.) éd., 1970, 3 vol., vol. {{Rom-maj|II|2}}, 315 p.</ref>.
-== Art et esthétique ==+[[Fichier:Mona Lisa.jpeg|thumb|La [[Joconde]], [[Léonard de Vinci]], [[Musée du Louvre]]]]
-L'''art'' est un jeu avec les apparences sensibles, les couleurs, les formes et les volumes, les sons. Jeu, il l'est de par sa gratuité même. Il est le double inutile du réel, il crée à partir de rien, ou presque, une apparence qui ne prétend pas même nous tromper; jeu plaisant en ce qu'il satisfait nos besoins éternels de symétrie, de répétition et de surprise que [[Charles Baudelaire]] considérait comme l'origine de la poésie. Ainsi, à lire [[Kant]], le plaisir esthétique naîtrait moins de l'intensité et de la diversité des sensations que de la façon, en apparence spontanée, dont elles expriment une unité profonde, sensible dans leur chatoiement même mais inconceptualisable.+== Histoire de la notion d'art ==
-=== La forme comme dynamisme du sensible ===+[[Image:Pompeii-couple.jpg|thumb|[[Pompéi]], Maison VII, 2, 6: Paquius Proculus et son épouse. [[Musée archéologique national de Naples]], fresque du 1{{er}} siècle.]]
-En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement dite, qu'elle ne se donne pas à voir. [[Paul Valéry]] pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la muqueuse et les modelés des orifices naturels. »+L'ébauche d'une problématique de l'[[esthétique]] existe chez [[Platon]] <ref group=note>Notamment dans l'[[Ion (Platon)|Ion]] ou l'[[Hippias majeur]]</ref> ou [[Aristote]]. Toutefois, le mot [[Grec ancien|grec]] ''τέχνη'' (technè), qui est l'équivalent le plus proche du [[français]] ''art'', désigne dans la [[Grèce antique]] des activités soumises à certaines règles et comprenant à la fois des savoirs, des arts et des métiers. Les [[muses]] grecques ne sont pas toutes associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la [[poésie]], par exemple, n'est pas une « technè ».
-Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification préétablie, ni à produire des bouts rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un mouvement inhérent à une dimension sensible du [[monde (univers)|monde]]. L'art donne à voir comment le sensible s'engendre: le regard du peintre demande à la lumière, aux ombres, à la couleur « comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose » ([[Merleau-Ponty]]).+La [[civilisation romaine]] ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art de celui des savoirs et des métiers bien que [[Cicéron]] et [[Quintilien]] y aient contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez [[Galien]], le terme d'« art » désigne un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat:
 +{{début citation}}
 +''Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium, consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium.''<ref name=Lalande>{{harv|Lalande|1992}}</ref>
 +{{fin citation}}
-=== Art et attention au sensible ===+Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du [[Moyen Âge]], l'art s'oppose à la fois à la [[science]] conçue comme pure connaissance, indépendante des applications, et à la [[nature]] qui produit sans réfléchir<ref name=Lalande/>. À l'idée de règle de production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette d'activité. Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète que le précise pour former des expressions telles que « [[arts libéraux]] », « arts mécaniques », « art militaire », etc.<ref name=Lalande/> Et s'il arrive parfois que les [[arts libéraux]] soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ''ars'' », on est encore bien loin du sens contemporain: L'[[astronomie]] était un « art libéral » tandis que le spectacle de « theatrica » restait un « art mécanique »<ref>[[Hugues de Saint-Victor]], ''Libri septem eruditiones didascaliae'' ch.26 (PL 176, col.760)</ref>.
-L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de [[Cézanne]], rappelle [[Merleau-Ponty]], il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur jaune dont parle [[Proust]] à propos de [[Vermeer]].+Jusqu'à la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]], il n'y a pas de différence précise entre l'[[artiste]] et l'[[artisan]]: on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des [[corporation]]s pour faire allégeance aux [[académie]]s et à la commande nobiliaire<ref name=Blay>{{harv|Michel Blay et al.|2008|p=51}}</ref>. C'est alors que le sens maintenant familier du mot « art » commence à se dégager: Non seulement de nombreuses [[technique]]s s'en séparent, mais de plus, après la découverte des règles de la [[Perspective (représentation)|perspective]], l'aspect visuel y prendra une importance croissante.
-C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la [[représentation]] de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son utilité.+[[Fichier:Jean Auguste Dominique Ingres, La Grande Odalisque, 1814.jpg|thumb|[[Ingres]], La grande odalisque]]
-C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » ([[Paul Valéry]]). Le visible est sensuel, lui aussi : tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.+C'est du siècle des [[Lumières]] que date la notion d'art aujourd'hui communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une conception basée sur l'idée de [[beauté]] finit par s'établir. Avec [[Emmanuel Kant]], l'[[esthétique]] acquiert son sens propre d'une théorie l'art dont le [[Romantisme|mouvement romantique]] donnera les exemples [[paradigme|paradigmatiques]]. L'importance de l'observation de règles passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste devient primordiale. Toutefois une forte institutionnalisation de l'art en [[musée]]s, expositions et [[académie]]s endigue pour quelque temps le dérèglement total.
-Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite [[Henri Focillon]], étudier les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre du calligraphe. Prenons pourtant ici le mot « matériau » en un sens plus large: l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité, que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.+Mais le {{s|XX|e}}, par ses pratiques et ses [[idéologie]]s, remet en question tout ce qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et donc le rêve d'une définition universelle.
-=== Peut-on encore prendre l'art au sérieux ? ===+C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque d'[[anachronisme]] dans la mesure où selon ce discours, l'art impliquerait une intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux. L'[[Art préhistorique]] par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme des [[peinture]]s ou des [[sculpture]]s, mais aucun texte ne précise si ces éléments étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres usages. Dans certaines cultures (par exemple [[culture indienne|indienne]] ou [[culture chinoise|chinoise]]), de tels textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les [[concept]]s utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou « [[beau]] », sont identifiables à ceux utilisés en occident<ref>{{harv|Eco|2004|p=12}}</ref>. L'introduction d'une hypothèse d'art [[inconscient]] ou involontaire pourrait permettre de contourner ce type de difficultés.
-Un mot suffira au poète pour unir deux idées en apparence étrangères, en révéler les secrètes accointances. La pensée abstraite est unidimensionnelle, l'art est multidimensionnel. « L'artiste, explique [[Paul Valéry]], a accumulé, au moyen de la matière, une pluralité de pensées abstraites, d'actes simples. Mais une même chose en résulte. » C'est dire que l'art fait crédit à notre [[intelligence]], lui présente d'emblée l'unité radicale du [[monde (univers)|monde]] qu'elle ne peut quant à elle construire que pas à pas, péniblement, indéfiniment. On dira bien sûr que ce triomphe facile est illusoire, que l'artiste prend l'unité propre de son esprit, ou de son corps, pour la structure du réel, que sa pensée est donc plus magique que rationnelle. On peut même défendre l'idée que l'esthétique naît avec cette déception, qui permet de distinguer l'art, jeu subjectif de l'esprit avec lui-même, du sérieux de la philosophie et des sciences. (voir l'article [[avant-garde]].) L'art ne peut être considéré comme une réalité à part entière qu'avec sa désacralisation. Le Beau n'est ni le Vrai ni le Bien. Ainsi, l'art naîtrait au moment même où il devient un héritage du passé ([[Hegel]]).+On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs de l'art, en notant ce qu'à la suite de [[Ludwig Wittgenstein|Wittgenstein]] on appelle des « ressemblances familiales »: l'art devient alors un ensemble de pratiques et de résultats qui partagent un certain nombre de traits bien qu'aucun d'entre eux ne soit universel<ref>[[Morris Weitz]], {{Lang|en|''The Role of Theory in Aesthetics'', Journal of Aesthetics and Art Criticism}}, 62 (1953). L' approche inaugurée par cet article a donné lieu à une vaste discussion ; voir Nigel Warburton, ''The Art Question'', Routledge, 2003, chapitre 3.</ref>. La liste classique des arts, telle que proposée au {{s|XIX|e}} par [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] dans ''[[Esthétique ou philosophie de l'art]]'', continue cependant de servir de référence. Elle indique que les principaux arts sont au nombre de six&nbsp;: [[architecture]], [[sculpture]], [[peinture]], [[littérature]], [[musique]] et [[danse]]. À partir d'eux par combinaison ou par prolongement, on parvient à une liste plus exhaustive qui peut inclure par exemple l'[[Opéra (musique)|opéra]], le [[cinéma]] (« septième art »), la [[photographie]], la [[bande dessinée]] (9{{e}} art), etc.
-On peut pourtant, comme [[Paul Valéry]], souligner les affinités du Beau et de la vérité formelle des mathématiques. Une œuvre est un univers fermé, qui vaut en soi, avec ses lois propres ; elle constitue le lieu de différentes variations et transformations, analogues finalement aux propriétés d'un ensemble mathématique. Mais n'est-ce pas surtout constater que les mathématiques sont elles aussi un jeu ?+== Histoire de l'art ==
 +[[Image:Michelangelos David.jpg|thumb|''[[David (Michel-Ange)|David]]'' de [[Michel-Ange]]]]
 +{{loupe|Histoire de l'art}}
-L'art a, sur le plan [[éthique]], à voir avec l'idée de maîtrise de soi, d'indépendance et de distance à l'égard des passions. Non que l'art ignore les passions, mais plutôt parce qu'il les sublime et les donne à voir (voir [[Croce]]). Il ne s'agit pas de nier la foule de nos perceptions et de nos désirs, mais de les intégrer dans un tout, quand ils menaçaient notre unité. À lire [[Émile Chartier|Alain]], le chant triomphe du cri, la danse de la passion; ces mauvais plis ne sont plus que les touches d'un instrument que nous effleurons librement. La mélopée transforme la peine, qui nous déchire, en un bel objet symétrique. L'œuvre d'art prend au piège les passions, révèle ce qu'il y a en elles d'éternel, en fait la matière d'une sorte de géométrie ou d'algèbre. L'art n'est donc certainement pas effusion passionnelle. Il est affirmation de la liberté du jeu au sein de la passion, par là même distanciation. Comme l'humour, il dépersonnalise la passion, la donne à voir du point de vue d'un être qui lui serait étranger. Ainsi la tragédie nous permet de contempler l'existence des hommes, leur agitation, comme au passé, c'est-à-dire du point de vue des Dieux. Pour autant, nous ne devenons pas étrangers aux passions, par exemple à la peur de la mort. C'est d'elles que le spectacle tire sa puissance de fascination. [[Aristote]] est l'inventeur de la théorie de la [[catharsis]], selon laquelle l'art permettrait la purgation, la purge, de nos passions.+=== La notion d'histoire de l'art ===
 +Pour la plupart des cas l'[[histoire de l'art]] suit les grandes coupes qui ont été opérées par les disciplines [[géopolitique]]s. Selon l'ordre du temps ou de l'espace on discerne par exemple l'art préhistorique, antique, médiéval, moderne ou bien européen, africain, chinois ou encore précolombien, postcolonial, etc.
-Si la notion de « [[beau]] » artistique qui a dominé l'histoire de l'art, depuis [[Platon]] jusqu'à [[Hegel]] a perdu aujourd'hui de sa reconnaissance, l’art cherche néanmoins toujours à utiliser le [[monde (univers)|monde]] des [[Sens (physiologie)|sens]] pour pénétrer dans le [[monde (univers)|monde]] de l’[[esprit]], ou peut-être même dans celui de l’[[âme]]. Ce faisant, l’[[immanent]] point derrière le permanent. L'artiste tente de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la [[création]]. Dans ce sens tourné vers l'[[esthétique]], l'art est une [[représentation]] particulière, personnelle, de la [[nature]] (entre physique et [[métaphysique]]), d'un [[sentiment]], du [[sacré]]… mais aussi, tout simplement d'un [[inconscient]] surgi spontanément, voire consciemment ''(hypothèse du [[profondis]])''.+Si l'on adopte une vue historiciste de l'art, il devient évident que l'histoire de l'art se construit en fonction de la notion d'art. Par contre dans une vue naturaliste, qui considère l'art comme une constante de l'humain, l'ordre s'inverse et elle décrit les instances qui dévoilent son « essence ». Cette dernière approche est en conflit avec l'opposition constitutive de l'artificiel au naturel qui fonde une bonne partie des vues contemporaines sur l'art.
-La notion de « [[représentation]] » prend alors un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'[[œuvre d'art]], et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par exemple, les toiles de [[Edvard Munch|Munch]] ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « [[monde (univers)|univers]] », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer).+{{boite déroulante|titre= Exemple de classement géoculturel et chronologique:|contenu=
 +* L'[[art préhistorique]]
-C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse: ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées ''(post-futurisme)''.+* Les [[arts premiers]]
 +** [[Art africain|art d'Afrique]]
 +** art d'[[Océanie]]
 +** [[Art inuit|art arctique]]
 +** art des [[Histoire de l'Amérique#Avant 1492 : histoire précolombienne|Amériques]]
-Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d'"art" est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.+* L'art de l'[[:Catégorie:Art asiatique|Asie]]
 +** art d'[[Asie centrale]]
 +** art de l'[[Inde#Culture|Inde]]
 +** art de l'[[Asie du Sud-Est]]
 +** [[Culture chinoise|art de Chine]]
 +** [[Culture japonaise|art du Japon]]
-=== L'art n'est-il qu'un spectacle humain et éternel ? ===+* L'[[:Catégorie:Art antique|Antiquité]] occidentale et moyen-orientale
 +** art mésopotamien ([[Assyrie|Assur]], [[Sumer]], [[Babylone]])
 +** [[art égyptien]]
 +** [[art grec]]
 +** [[art romain]]
 +** [[art paléochrétien]]
 +** [[art copte]]
-En fait, l'expérience unique de l'artiste, vivant d'[[expérimentation]]s, d'[[abstraction]]s et d'[[intuition]]s le conduit à passer des étapes de lisibilités et de jugements de moins en moins personnelles. Il n'a plus la notion de bien/mal ou beau/laid car ce qu'il vit est au-delà d'une communication ordinaire : il absorbe et compresse par ses sens une [[réalité]] vécue habituellement comme des notions d'[[Relation d'objet|objet]]s et de rapports tangibles. Or l'artiste travaille justement dans l'illimité, le potentiel et l'indescriptible.+* L'[[art médiéval]] ''méditerranéen''
 +** [[Art arménien]]
 +** [[art byzantin]]
 +** [[arts d'Islam]]
 +** [[art pré-roman]] et [[art roman|roman]]
 +** [[art gothique]]
-Il est porté à avoir une action de plus en plus directe (passées les étapes d'apprentissages et d'essais techniques…), qui le pousse à continuer une recherche encore innommable.+* L'art des temps modernes en Europe occidentale
 +** la [[Renaissance artistique|Renaissance]]
 +** le [[maniérisme]]
 +** le [[baroque]]
 +** le [[rococo]] et le [[art classique|classicisme]]
 +** l'[[Peinture académique|académisme]]
-Mais la [[perception]] d'une œuvre d'art est souvent une leçon donnée et perçue directement en nous. ''(Le [[vrai]] du faux est conditionné par un niveau d'intuition ressentie et donc surtout comme un point de rupture avec le quotidien).''+* Les mouvements du {{s|XIX|e}} à nos jours, de l'[[époque contemporaine]] en Europe occidentale
 +** le [[néoclassicisme]]
 +** le [[romantisme]]
 +** le [[Naturalisme (peinture)|naturalisme]] et l'[[École de Barbizon]]
 +** le [[Réalisme (peinture)|réalisme]] et le [[préraphaélisme]]
 +** l'[[impressionnisme]] et le [[post-impressionnisme]]
 +** l'[[expressionnisme]]
 +** le [[fauvisme]]
 +** le [[cubisme]] et l'''[[art moderne]]'' présenté comme une [[Art moderne#La notion d'« avant-garde »|''avant-garde'']]
 +** l'[[art abstrait]]
 +** le mouvement [[Dadaïsme|Dada]] et le [[surréalisme]]
 +** l'[[art contemporain]], ou qui a des conséquences directes sur l'art actuel
-Le facteur esthétique est souvent un élément confondu avec l'œuvre. Notre œil est habitué à une [[proportion]] et à des [[constante]]s d'équilibre communes aux [[Homo sapiens|humain]]s, mais l'œuvre n'est pas faite pour être belle (on parlera alors de [[graphisme]]s), mais pour trouver un point de rencontre entre ce que l'artiste a perçu comme une [[existence]] réelle possible, et le [[quotidien]].+}}
-== L'art et le sacré ==+L'histoire de l'art, comme toute discipline historique, s'est constituée au {{s-|XIX|e}} en adoptant sans questionnement le [[progressisme]] et les valorisations de son temps. L'hypothèse d'une autonomie des phénomènes artistiques et de leur développement intelligible a été délaissée assez vite en faveur d'une visée beaucoup plus contextualiste et sociale. Comme note [[Antoine Hennion]], « la méthode de la [[sociologie de l'art]] et celle de l'histoire de l'art s'opposent l'une à l'autre », la première tend à éliminer ce que la seconde essaie au contraire d'épaissir<ref> A. Hennion, 1994, ''in'' P.-M. Menger et J.-C. Passeron (éd.), ''L'art de la recherche'', Paris : La Documentation française</ref>. Sur une échelle réduite, dans le cadre d'une école, un style ou un mouvement, l'histoire de l'art continue d'être pratiquée avec un certain succès, mais en fait elle est redevenue ce qu'elle était jadis - érudition et non pas explication.
-Une des premières formes de représentation, l'art rupestre (époque [[Préhistoire|préhistorique]]) a sans doute été, à la fois la représentation iconique d'animaux, mais a certainement possédé aussi, une dimension [[Magie (surnaturel)|magique]], chamanique voire [[sacré]]e (cf. Travaux de [[Jean Clottes]]).+=== Arts et sociétés ===
 +Le concept d'art tel qu'il s'impose depuis le {{s-|XVIII|e}} rend intelligibles un grand nombre de phénomènes mais de nos jours sa pertinence est mise en question. Son application requiert d'ignorer les questions concernant la fonction sociale des [[artefacts]] qu'il vise et ainsi il explique sans doute tout autant qu'il mystifie. Il est difficile de soutenir, comme on le fait après Kant, qu'il est une façon de voir esthétique, désintéressée dans son intérêt, et qui soit universellement valable. Par ailleurs le terme « art » supporte assez mal une qualification adjective&nbsp;; les [[arts appliqués]] sont-ils vraiment des arts ? On tend vers la négative comme si « art » tout court s'oppose à « art appliqué ». En fait l'utilisation non marquée du mot sous entend la qualification initiale (« bel »). On parle bien d'art religieux mais l'artistisme supposément définitoire parait subordonné à son application.
-Dès lors, l'art transcendait la réalité, et rendait compte de sa dimension spirituelle alors que le quotidien était risqué et pénible, basé sur la nécessité de chasser, se protéger et survivre. L'art apparait dès l'aube de l'humanité qui déposa une représentation sur les parois des cavernes, sacralisa les événements, et aida l'homme à survivre, en transcendant sa pensée et ses besoins vitaux.+[[File:Lascaux painting.jpg|thumb|[[Grotte de lascaux]]]]
-Les Arts de la représentation furent souvent mis au service de l'Église, devenant plus ou moins une sorte d'art officiel. La vitalité débridée du [[gospel]] américain est à la base des musiques populaires modernes.+L'une des premières formes de représentation, qu'on a nommé « [[art rupestre]] » (de l'époque préhistorique) a sans doute été, à la fois la représentation iconique d'animaux, mais elle a certainement possédé aussi une dimension [[magie|magique]] ou [[chamanisme|chamanique]]. En fait c'est la séparation de l'art des phénomènes religieux ou sacrés qui est là, littéralement, artificielle.
-Les rapports entre l'Art et la magnification du réel et le sacré n'ont cessé de nourrir les préoccupations de certains artistes, notamment les [[Nabi (peinture)|Nabi]]s et [[Maurice Denis]] ou plus récemment [[Raza]] et ses [[mandala]]s. L'Art lui-même est souvent un objet de culte, devant l'effacement de la notion du sacré en Occident. ''[[La Joconde]]'' de Léonard de Vinci en est un exemple tout comme ''les Nymphéas'' de [[Monet]] à l'[[Orangerie]] devant lesquelles les foules de visiteurs se recueillent et la Marylin ou le Elvis de [[Andy Warhol]], icones de la modernité.+La [[Grèce antique]], disposant uniquement du concept de ''teknè'', avait instauré un autre type de séparation. Parmi les activités couvertes par ce nom, certaines étaient patronnées par les Muses et considérées plutôt comme divertissement ou amusement, le mot gardant une trace de cette origine. Telles étaient alors l'histoire et l'astronomie tandis que la peinture ou la sculpture étaient perçues comme utilitaires. Au delà de l'utile, l'inutilité renvoie au superflu, à la richesse ou le luxe et cette implication économique semble avoir joué un rôle considérable dans l'autonomisation des activités (dites) artistiques.
-À Paris, Londres, Barcelone ou New York, les musées ou centres d'art ([[Museum of Modern Art|MOMA]], [[Beaubourg]], [[Tate Gallery]]…) deviennent des bâtiments-clés pour les villes phares du monde moderne occidental et peuvent être comparés à de nouveaux temples, pour d'autres communions.+Entre la gravité du religieux et l'insouciance des nantis l'idée de l'art trouve diverses projections, notamment dans le plan [[éthique]] (art didactique) ou [[cognition|cognitif]]. La capacité d'émouvoir qui a certainement un soubassement [[psychosomatisme|psychosomatique]] reste liée à l'idée d'art et elle a été conçue de diverses façons.
-== Arts et représentations ==+[[File:Angkor Wat 01.jpg|thumb|[[Angkor Vat]]]]
-Depuis, les différentes formes d’art pour l'art concrétisent toute forme de médiations : médiations entre l’homme et la nature, entre l’homme et ses semblables, voire entre l'homme et Dieu ou d'autres formes de sacré. Ces médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la [[connaissance]] du [[monde (univers)|monde]]. L’étude des phénomènes physiques et l’évolution des [[technologie]]s y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent les outils de [[création]]. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.+Les civilisations antiques ont eu une approche plutôt pragmatique vers tout l'art et ses œuvres. Par contre, pendant toute la phase d'expansion du christianisme une attitude hostile à l'art « païen » constitue la norme. Le soupçon idéologique se retrouve depuis dans l'arsenal de tous les conquérants.
-L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule [[contemplation]]. L'origine de l'art provient bien de la [[connaissance]] des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde acquise non seulement par les [[sens (physiologie)|sens]], mais aussi par l'esprit. L'art de pure [[imitation]] sera toujours très loin du vrai : l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle ; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de [[beauté]], cependant que la représentation artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.+Au cours du {{s-|XIX|e}}, la religion perd une partie de ses pouvoirs en Europe ou l'on a noté une certaine tendance à faire de l'art lui-même un culte, comme témoignent par exemple les aspirations de [[Matthew Arnold]], [[Richard Wagner]] ou [[Léon Tolstoï]]. La visite des musées et salles de concerts avait gardé quelque chose des conduites rituelles. Mais au cours du {{s-|XX|e}} bien que l'affluence des sociétés européennes s'accroit, l'idée d'art se trouve en déclin, proie d'une « profanisation » commerciale sans précédent. Le [[postmodernisme]] a été l'occasion de donner une forme à la prise de conscience de ces valorisations socioculturelles. Toutefois les [[liste des peintures les plus chères|prix atteints sur le marché]] des œuvres suggèrent que les enjeux de l'art continuent de défier toute compréhension simplificatrice.
-== Histoire et évolution de l'art ==+=== Art moderne et art contemporain ===
 +L'Art moderne est né au {{s|XX|e}}, et a vu apparaître en peinture les figures de [[Picasso]], [[Matisse]], [[Miro]], [[Max Ernst]] et de nombreux mouvements comme le [[surréalisme]], l'[[Oulipo]], la [[Nouvelle vague]]. En France, avec la modernité, les peintres se détachent peu à peu du système des [[Salon]]s et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs contemporains, les [[galerie]]s et les [[critique d'art|critiques]] jouent un rôle important. Le [[marché de l'art]] s'internationalise.
-Au [[Moyen Âge]], la [[musique]] conservait un statut scientifique ([[quadrivium]]), tandis que l'architecture, l'art des bâtisseurs de [[cathédrale]]s, et la [[peinture]], représentations des icônes, étaient principalement dévolus à la religion ; mais très vite la vie sociale y fut insérée, et le portrait vint s'immiscer pour extrapoler les formes de l'art vers des formes de représentation de la vie sociale, en le réservant à des personnages importants (cf. les théories sociologiques de [[Max Weber]] et la naissance d'une [[sociologie de la musique]]). Depuis, art et société sont fortement liés. L'artiste s'intègre dans des mouvements sociaux, les accompagne, et survit grâce aux bon vouloir des riches et des puissants.+Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ''ready-made'' de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apportent une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa volonté<ref>DANTO (Arthur C.), {{Lang|en|The Transfiguration of the Commonplace}}, 1981. Tr. fr., La transfiguration du banal - Une philosophie de l’art, 1989</ref>.
-=== Naissance de l'[[esthétique]] ===+[[Fichier:Makonde elephant.jpg|thumb|Eléphant [[Makonde]]]]
-À partir du {{XVIIIe siècle}}, l'art tend à devenir l'ensemble des activités humaines consacrées à la production du [[beau]], l'ensemble des représentations qui expriment la beauté de la nature, la beauté des personnages, mais révélant aussi la part de [[transcendance]] de chacune de ces représentation de la réalité. C’est en effet à partir du milieu du {{XVIIIe siècle}} (Esthétique d’[[Alexandre Baumgarten]], 1750) que se dessine une [[science]] autonome de l'art, qui va plus loin que le foisonnement de la représentation, encourageant une réflexion sur le beau et sur la valeur des représentations artistiques. Cette science de l'[[esthétique]], une des disciplines de la [[philosophie]], atteint sa pleine apogée chez les philosophes de l’esprit des lumières et dans les révolutions phénoménologiques de [[Emmanuel Kant|Kant]] puis de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]].+L' [[art contemporain]] ([[Art performance|performance]], [[Land Art]], [[figuration libre]], [[installation (art)|installations]], etc.) en se détournant des représentations, a voulu exprimer les outils de connaissance, les principes propres à l'art. Ce détournement de la fonction de l'art relève alors d'une appropriation des outils pour construire une autre forme de communication, toujours proche du [[monde (univers)|monde]] [[sensible]], mais empreinte d'une logique non formelle.
-* [[Kant]] estime qu'une œuvre d'art doit fournir un objet sensible, qu'il soit lui-même beau ou laid importe peu au final : « la beauté artistique est la belle représentation d'une chose et non la représentation d'une belle chose ». Cette représentation est selon lui le résultat du libre jeu de nos facultés cognitives. +Le peintre [[jean Dubuffet|Dubuffet]], théoricien de l’[[art brut]] qui travailla la matière pour en dégager l’essence même de l’œuvre d’art, écrivait&nbsp;: « L’art doit naître du matériau et de l’outil, il doit garder la trace de la lutte de l’outil avec le matériau. L’homme doit parler mais l’outil aussi et le matériau aussi. »
-* [[Georg Hegel|Hegel]], quant à lui, estime que le but de l'art est de rendre accessible à l'intuition l'esprit universel. Il s'agit de prendre conscience du développement de l'idée universelle et de lui donner une réalité en la retranscrivant sous forme d'œuvre d'art. La contemplation de l'œuvre, et donc de l'incarnation de l'esprit absolu, s'offre ainsi à l'intuition sensible de l'homme.+Toute la complexité de l'art est qu'il cherche à correspondre à la [[création]] d'une œuvre singulière, susceptible d'éveiller l'attention. La nouveauté, l'innovation, dans le fond comme dans la forme, sont les moteurs de l'évolution. La [[créativité]] de l'artiste ne peut être bridée par les règles de convenance, de politesse, de mode d'exposition imposées de l'extérieur (hier par les traités, aujourd'hui par les acteurs du marché de l'art). Dans cet état de fait, l'art financé par la société est probablement un art qui ne peut exprimer entièrement sa générosité, du fait même qu'il soit acheté par quelques initiés.
-Proche de Hegel sur certains points, le [[romantisme]] ne voit plus la représentation de la beauté seulement comme une empreinte ; ce courant fonde ce qui deviendra une interprétation subjective de l’art, interprétation confrontée à toutes les strates de la société.+L'art évolue avec la société. L'artiste contemporain assume parfois une fonction sociale ou même politique pour tenter d'agir sur le monde. Dans le même temps, les écoles d'art forment aujourd'hui des artistes bien rodés aux processus de communication et de marketing du [[management de l'art]], et l’art est un enjeu politique d'état, enjeu politique et marchand. On observe à l'heure actuelle une perte de repères par rapport à l'autonomie et à la sincérité du créateur.
-Pour [[Friedrich Nietzsche]], « l'art doit avant tout embellir la vie, donc nous rendre nous-même tolérables aux autres et agréables si possible ». Car, si l'œuvre doit exprimer de la beauté, est-elle pour autant belle à tous les regards ? Ces limitations, associées à la vue [[esthétique]] de l'autre, imposent une forme de civilité qui peut nous modérer dans notre expression artistique.+{{Citation bloc|L’Art est tour à tour, la réalité extérieure, la réalité plastique et la réalité intérieure.| [[René Huyghe]]}}
-== Imitation et représentation ==+Le mouvement de contestation artistique et sociale [[Dada]] puis le [[surréalisme]] ont été des moments essentiels de l'art moderne, qui avec [[Fluxus]] dans les [[années 1970]] annonce ce qu'on a appelé « [[art contemporain]] », qui correspond à une période d'apparition de nouveaux supports&nbsp;: [[art vidéo]], [[art numérique]] et à une diffusion accélérée de l'art (surtout de ses signes et symboles les plus visibles), du [[design]] et de la mode grâce aux nouveaux médias de la société contemporaine. L'art actuel, médiatisé ou non est foisonnant et hybride, devenir artiste reste toujours une aventure sociale risquée. Les outils de création n'ont jamais été autant à la portée du plus grand nombre mais les possibilités de diffusion des messages artistiques sont menacées par le brouillage et la multiplication des supports. Le rôle de l'artiste comme avant-garde intellectuelle et sociale apparait également contesté. L'éducation artistique et l'éveil de la sensibilité restent des parents pauvres des politiques actuelles et la contradiction « Marché-rentabilité/Production de l'esprit libre » reste vivace. Certains créateurs semblent cependant parvenir à allier créativité singulière, exigence, talent et une certaine reconnaissance médiatique (obligatoire pour une reconnaissance populaire) dans leur domaine, notamment en musique, littérature ou cinéma.
-Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la [[conscience]]. Il nous permet d'accéder à une communication du spirituel, de l'intemporel, de l'universel. Nietzsche pense également que l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine. Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la modernité, tel le [[cinéma]], cherchent autant à embellir la [[nature humaine]], qu'à mettre en évidence toute sa noirceur dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.+[[File:Graffiti Panorama rome.jpg|thumb|center|600px|<center>[[Graffiti]] à [[Rome]]</center>]]
-Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.+L'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société contemporaine&nbsp;: la dématérialisation de l'œuvre amenée par ([[Yves Klein]]), dans les [[années 1960]], voire des « artistes sans œuvres », l'écologie profonde ([[Hundertwasser]]), la propagande visuelle et la publicité ([[Andy Warhol|Warhol]]), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa ([[Fabrice Hybert|Hybert]]), l'activisme et le terrorisme ([[Philippe Parreno|Parreno]]), la fascination pour la révolution technique et les bio-technologies (Eduardo Kac [http://www.ekac.org/]), la chirurgie esthétique et la re-création corporelle de soi ([[Orlan]]), [[graffiti]]-art, le [[slam]], le [[piercing]] et le [[rap]].
-Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste. La [[musique]], plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la communication ; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction. Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en s'écartant du mythe ou de la magie.+== La philosophie de l'art ==
 +=== Les théories classiques : l'esthétique ===
 +{{voir|Esthétique}}
 +Le {{s-|XVIII|e}} voit l'émergence d'une conscience de l'art, comme le siècle précédent avait révélé la conscience du sujet. Née de la modernité philosophique, l'esthétique reste une discipline philosophique qui malgré ses tentatives ne s'est pas émancipée en science de l'art.
 +Ce n'est que par simplification qu'on s'accorde à dire que '''l'esthétique''' ([[philosophie]] des [[sens]] et de l'[[art]]) est une réflexion ''sur'' l'art, car l'objet de cette réflexion n'est pas donné d'avance. De fait ce sont les pratiques artistiques elles-mêmes qui sont devenues réflexives et de nos jours il n'est guère possible de séparer l'œuvre d'art du discours qui la fonde : {{Référence nécessaire|« esthétique » et « artistique » sont deux adjectifs pratiquement interchangeables}}.
-Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la [[connaissance]] du [[monde (univers)|monde]]. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.+Cependant à l'origine [[Alexandre Baumgarten]], l'auteur à qui l'esthétique doit son nom, avait considéré « l'art esthétique »<ref>A. Baumgarten, ''Aesthetica'', §68.</ref>. Selon son idée, la beauté fournissait l'occasion à la connaissance perceptible de parvenir à son accomplissement parfait : un art du beau était l'équivalant de la théorie bâtie sur la causalité. Une médiation s'effectuait par ce troisième terme, « la beauté », introduit entre art et esthétique.
-En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée, l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine l’art retrouve la substance spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. [[Mythe]] et [[Magie (surnaturel)|magie]] ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains, des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.+Tout comme le regard moderne s'est exercé à découvrir un certain art primitif, l'esthétique a découvert des précurseurs chez des auteurs anciens. Par exemple le dialogue de [[Platon]] [[Hippias majeur]] porte traditionnellement le sous-titre ''De la beauté'' et il est devenu un texte canonique de l'esthétique. Alors il n'est guère étonnant de trouver qu'il anticipe certaines questions dont on débat encore de nos jours. Les textes issus des civilisation non européennes peuvent aussi être soumis à une pareille lecture et de cette manière on reconstruit aussi, par exemple, une esthétique chinoise ou indienne.
-Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une [[spiritualité]] absente. L’art en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le [[monde (univers)|monde]] de cette façon-là. Il ne cherche pas à remplacer la [[réalité]] par une autre entité de meilleure consistance ; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les transcender. L’art cherche à utiliser le [[monde (univers)|monde]] des [[Sens (physiologie)|sens]] pour pénétrer dans un [[monde (univers)|monde]] de l’[[esprit]], ou peut-être même dans celui de l’[[âme]]. Ce faisant, l’art cherche l’[[immanent]] derrière le permanent. Il essaye de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création. +Tant qu'on concevait l'art comme une activité réglée, le besoin d'un système pour juger de ses résultats ne se faisait pas sentir. Ce n'est que rétrospectivement que les divers '' [[L'Art poétique|Arts poétiques]]'' écrits depuis l'antiquité sont devenus représentatifs d'une esthétique normative. La [[Querelle des Anciens et des Modernes]] montre qu'en fait le caractère conventionnel des normes ou règles était bien perçu. La première ébauche de l'esthétique a été une tentative de naturaliser l'art et cette tentation reste toujours vivace.
-L'objet de l'art pourrait donc reposer sur la mise en communication de nos sens, de notre [[conscience]] et de notre esprit, avec les choses et les autres êtres vivants qui nous entourent, sans pour autant les représenter à l'identique. Pour [[Tolstoï]] en effet, « l'art est l'activité humaine par laquelle une personne peut, volontairement, et au moyen de signes extérieurs, communiquer à d'autres les sensations et les sentiments qu'elle éprouve elle-même ». Il peut n'être pas nécessaire que cette communication avec l'extérieur soit immédiate. [[Henri Bergson|Bergson]] estime que si cette communication entre notre conscience et la réalité était possible, « nous serions tous des artistes car notre âme vibrerait alors continuellement à l'unisson de la [[nature]] ».+[[Fichier:Caspar David Friedrich 032.jpg|thumb|[[Le Voyageur contemplant une mer de nuages]]]]
-== Art moderne et art contemporain ==+C'est à [[Emmanuel Kant]] que l'on doit la solution de compromis qui, sous une forme ou une autre, est actuellement en cours. Selon son idée originale, « le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à l'art. »<ref>Kant {{Rom-maj|I|1}}, ''Critique de la faculté de jugement'', §46</ref>. Si la beauté, ou plutôt l'idée de beauté, intemporelle et universellement valable, liait l'art au discours qui le concerne, l'innovation (artistique ou esthétique) fait problème. Accepter l'apparition de génies, définis par leur « talent naturel », ouvre la voie au changement&nbsp;; l'art reste une activité soumise à certaines règles, mais celles-ci peuvent changer. L'esthétique qui était réduite par Baumgarten à la perception se développe en jugement sur le perçu.
-L'Art moderne est au {{XXe siècle}}, et a vu apparaître en peinture les figures de [[Picasso]], [[Matisse]], [[Miro]], [[Max Ernst]] et de nombreux mouvements comme le [[surréalisme]], l'[[Oulipo]], la [[Nouvelle vague]]. En France avec la modernité les peintres se détachent peu à peu du système des [[Salon]]s et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs contemporains, les [[galerie]]s et les [[critique d'art|critique]]s jouent un rôle important. Le [[marché de l'art]] s'internationalise.+Ce jugement ne s'appuie cependant pas sur des concepts définis. Le « Beau » est universel sans concept. C'est dire au fond que c'est l'œuvre géniale qui donne un nouvel aperçu sur le « Beau ». L'œuvre belle n'est pas réductible à un concept, mais constitue une Idée esthétique, qui donne à penser, mais est inexponible, transcende l'entendement. Kant interprète le sentiment esthétique comme le fruit d'un rapport inconceptualisable entre nos facultés, l'intuition, l'imagination et la raison. C'est dire que le « Beau » s'enracine dans l'unité profonde de la personne humaine, à laquelle l'expérience n'a pas accès. De plus, et Hegel le critiquera, Kant accorde un primat du « Beau » naturel sur le Beau artistique. Ou plutôt, le génie humain fait partie de la nature.
-Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ''ready-made'' de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apporte une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa volonté.+De l'approche kantienne on peut dériver une bonne partie des vues et pratiques artistiques ultérieures. On notera plus particulièrement l'[[idiosyncrasie]] de ceux qu'une partie de la société accepte comme grands artistes, la transgression conçue comme acte esthétique ou les [[manifeste]]s et autres programmes par lesquels les mouvements artistiques modernes s'affirment<ref group=note>On peut ajouter ici encore la contemplation désintéressée ou le sublime. Cf. Thiery de Duve, 1989, ''Au nom de l'art'', Paris, Éditions de Minuit ; P. Bourdieu, ''Les règles de l'art'', Paris, Seuil, 1992.</ref>.
-L' [[art contemporain]] ([[Art performance|performance]], [[Land Art]], [[figuration libre]], [[installation (art)|installation]]s, etc.) en se détournant des représentations, a voulu exprimer les outils de connaissance, les principes propres à l'art. Ce détournement de la fonction de l'art relève alors d'une appropriation des outils pour construire une autre forme de communication, toujours proche du [[monde (univers)|monde]] [[sensible]], mais empreinte d'une logique non formelle.+Cette façon de procéder en instaurant un troisième terme, beauté, génie, culture ou autre, entre ce que l'on nomme « art » et ce que l'on appelle « esthétique » parvient tout au plus à différer le problème car à chaque fois revient la question&nbsp;; qu'est ce que la beauté, le génie ou la culture? Comment s'accorde-t-on sur la validité de la réponse? Que l'art propose ses œuvres à une esthétique ou que l'esthétique circonscrive le domaine de l'art, il y a là une circularité que l'on évite difficilement sans faire appel aux dimensions historiques et sociales de ces phénomènes.
-Le peintre [[jean Dubuffet|Dubuffet]], théoricien de l’[[art brut]] qui travailla la matière pour en dégager l’essence même de l’œuvre d’art, écrivait : « L’art doit naître du matériau et de l’outil, il doit garder la trace de la lutte de l’outil avec le matériau. L’homme doit parler mais l’outil aussi et le matériau aussi. »+=== Les théories modernes de l'art ===
 +Sans que la distinction soit claire, on peut soutenir que les théories de l'art traitent ce sujet d'une manière plus générale que l'esthétique. Par exemple une théorie sociologique de l'art a été proposée par [[Pierre Bourdieu]]<ref>Bourdieu P., ''Les règles de l'art''</ref>, une théorie sémiologique par [[Nelson Goodman]]<ref> N. Goodman, ''Les langages de l'art'', Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 1990.</ref>, etc. Un même auteur présente parfois les deux approches comme par exemple [[Hegel]] qui considère
 +l'esthétique dans un cours spécial tandis que sa philosophie affirme que l'art est une forme en déperdition<ref>HEGEL (Georg W, ''Esthétique'', Textes choisis, Paris, PUF, 1998</ref>.
-Toute la complexité de l'art est qu'il cherche à correspondre à la [[création]] d'une œuvre singulière, susceptible d'éveiller l'attention. La nouveauté, l'innovation, dans le fond comme dans la forme, sont les moteurs de l'évolution. La [[créativité]] de l'artiste ne peut être bridée par les règles de convenance, de politesse, de mode d'exposition imposées de l'extérieur (hier par les traités, aujourd'hui par les acteurs du marché de l'art). Dans cet état de fait, l'art financé par la société est probablement un art qui ne peut exprimer entièrement sa générosité, du fait même qu'il soit acheté par quelques initiés.+Le projet inachevé de [[Theodor W. Adorno]] est paru sous le titre ''Théorie esthétique''. Un point de distinction utile est de noter qu'une esthétique peut être normative, ce qu'une théorie ne saurait être.
-L'art évolue avec la société. L'artiste contemporain assume parfois une fonction sociale ou même politique pour tenter d'agir sur le monde. Dans le même temps, les écoles d'art forment aujourd'hui des artistes bien rodés aux processus de communication et de marketing, et l’art est un enjeu politique d'état, enjeu politique et marchand. On observe à l'heure actuelle une perte de repère par rapport à l'autonomie et à la sincérité du créateur.+Le seul point sur lequel les théories de l'art s'accordent est qu'il s'agit d'un fait humain, et d'une pratique sociale. Deux grandes alternatives sont possibles selon qu'on accorde à cette pratique un rôle subordonné ou autonome. Envisager la subordination est une approche réductionniste; elle propose généralement une vue de l'art comme communication - représentation ou expression. Dans l'autonomie, que l'on compare à celle des jeux, l'art se propose comme « activité autotélique », c'est-à-dire sans autre but que lui-même, ce que résume la célèbre formule de « l'art pour l'art ». Les artistes et ceux qui gravitent autour de l'art ont de bonnes raisons pour défendre des conceptions de ce type et leur stratégies théoriques ont souvent recours à une des deux options opposées : renvoyer à une ontologie propre - l'art serait lié à l'aspect spécifique de l'être - ou, paradoxalement, se faire nominaliste en insistant qu'il y a des [[œuvres d'art]] mais non « de l'art »<ref>
 +GENETTE (Gérard), L'œuvre de l'art, Paris, Seuil, coll poétique, 1994.</ref>. Les réductionnismes, issus principalement d'autres milieux, tiennent généralement que c'est par exagération qu'on arrive à ces vues-limites.
-: « L’Art est tour à tour, la réalité extérieure, la réalité plastique et la réalité intérieure. » — [[René Huyghe]]+==== Une forme d'interaction et d'échange ====
 +[[Fichier:Tugra Mahmuds II.gif|thumb|right|500px|[[Calligraphie]] animée]]
 +Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur, etc.)<ref>GENETTE (Gérard), L’œuvre de l’art. Immanence et
 +transcendance, 1994.</ref>. Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la [[nature]], c’est-à-dire entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le [[monde (univers)|monde]] extérieur. [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]], dans ses ''[[Leçons sur l'esthétique]]'', a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a priori, que&nbsp;: « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature [puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce [[monde (univers)|monde]] imparfait et instable la [[vérité]] contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même. »
-Le mouvement de contestation artistique et sociale [[Dada]] puis le [[surréalisme]] ont été des moments essentiels de l'art moderne, qui avec [[Fluxus]] dans les [[années 1970]] annonce ce qu'on a appelé « [[art contemporain]] », qui correspond à une période d'apparition de nouveaux supports : [[art vidéo]], [[art numérique]] et à une diffusion accélérée de l'art (surtout de ses signes et symboles les plus visibles), du [[design]] et de la mode grâce aux nouveaux médias de la société contemporaine. L'art actuel, médiatisé ou non est foisonnant et hybride, devenir artiste reste toujours une aventure sociale risquée. Les outils de création n'ont jamais été autant à la portée du plus grand nombre mais les possibilités de diffusion des messages artistiques sont menacées par le brouillage et la multiplication des supports. Le rôle de l'artiste comme avant-garde intellectuelle et sociale apparait également contesté. L'éducation artistique et l'éveil de la sensibilité restent des parents pauvres des politiques actuelles et la contradiction « Marché-rentabilité/Production de l'esprit libre » reste vivace. Certains créateurs semblent cependant parvenir à allier créativité singulière, exigence, talent et une certaine reconnaissance médiatique (obligatoire pour une reconnaissance populaire) dans leur domaine notamment en musique, littérature ou cinéma.+Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus captivante&nbsp;? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie de l’action, développée notamment par [[Hannah Arendt]], émerge quand le geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de l’expérience commune.
-L'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société contemporaine : la dématérialisation de l'œuvre amenée par ([[Yves Klein]]), dans les [[années 1960]], voire des « artistes sans œuvres », l'écologie profonde ([[Hundertwasser]]), la propagande visuelle et la publicité ([[Andy Warhol|Warhol]]), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa ([[Fabrice Hybert|Hybert]]), l'activisme et le terrorisme ([[Philippe Parreno|Parreno]]), la fascination pour la révolution technique et les bio-technologies, la chirurgie esthétique et la re-création corporelle de soi ([[Orlan]]), [[graffiti]]-art, le [[slam]], le [[piercing]] et le [[rap]].+==== La forme comme dynamisme du sensible ====
 +[[Fichier:Kirschbluetenfest Hamburg.png|thumb|feu d'artifice à Hambourg]]
 +En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement dite, qu'elle ne se donne pas à voir.
-== Nombre et nom des arts au cours des temps ==+[[Paul Valéry]] pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la muqueuse et les modelés des orifices naturels. »
-<small>Voir aussi l'article [[Histoire de l'art#Histoire de l'art et classification des arts|Histoire de l'art]], la [[:Catégorie:Art|catégorie ''Art'']] et et le portail des [[Portail:Arts|arts]].</small><br />+
-=== [[Antiquité]] ===+
-Dans l'Antiquité, les arts étaient symbolisés par les [[Muses]] au nombre de 9 :+Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification préétablie, ni à produire des bouts rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un mouvement inhérent à une dimension sensible du [[monde (univers)|monde]]. L'art donne à voir comment le sensible s'engendre : le regard du peintre demande à la lumière, aux ombres, à la couleur « Comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose ? » (''L'œil et l'esprit'', [[Merleau-Ponty]]).
-* [[Calliope]] : la poésie épique ;+
-* [[Clio]] : l'histoire ;+
-* [[Érato (Muse)|Érato]] : la poésie lyrique ;+
-* [[Euterpe]] : la musique ;+
-* [[Melpomène]] : la tragédie ;+
-* [[Polymnie]] : l'art d'écrire et la pantomime ;+
-* [[Terpsichore]] : la danse ;+
-* [[Thalie (Muse)|Thalie]] : la comédie ;+
-* [[Uranie (Muse)|Uranie]] : l'astronomie.+
-[[Hésiode]] au {{-s|VIII|e}} (dans [[Théogonie (Hésiode)|''Théogonie'']], 53-57 et 915-917) nous fait connaître leurs noms, mais c'est [[Platon]] (dans [[Ion (Platon)|''Ion'']]) vers [[-401|401 av. J.-C.]], puis les néo-platoniciens, qui fait des Muses les médiatrices entre le dieu et le poète ou tout créateur intellectuel. Cette conception de l'art (le poète est possédé, transi par le dieu) sera contestée par le [[classicisme]] de [[Nicolas Boileau]], le mouvement de l'[[Art pour l'Art]] ou l'éloge de l'effort de [[Paul Valéry]].+== Les grands thèmes de réflexion sur l'art ==
 +=== Art et nature ===
 +[[File:Paul Cézanne, Les joueurs de carte (1892-95).jpg|thumb|<center>[[Paul Cézanne]]<br/>Les joueurs de cartes 1892-95</center>]]
 +L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de [[Cézanne]], rappelle [[Merleau-Ponty]], il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur jaune dont parle [[Proust]] à propos de [[Vermeer]].
-=== [[Moyen Âge]] ===+C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la [[représentation]] de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son utilité. C'est en ce sens que l'art déréalise son objet, comme le souligne [[Sartre]]<ref>SARTRE (J-P), L’imaginaire</ref>, à la suite de Kant. La mer est pour le peintre impressionniste une surface colorée, une apparence, et non le milieu de vie des organismes marins. Dans ''Qu'est-ce que la littérature ?'', le même Sartre peut, sans contradiction, montrer que c'est la poésie qui constitue pour la première fois le mot en objet, en chose, quand il n'était auparavant qu'un organe d'exploration du monde, comme les antennes des insectes.
-Depuis le {{s|VIII|e}} la classification du savoir était différente (voir [[Alcuin#Enseignement|Alcuin]]) et on ne distinguait pas les arts des sciences.+C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » ([[Paul Valéry]]). Le visible est sensuel, lui aussi&nbsp;: tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.
-Les '''[[arts libéraux]]''' étaient au nombre de sept, classés en deux groupes :+Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite [[Henri Focillon]] dans sa ''Vie des formes'' (1934), étudier les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre du calligraphe. Prenons pourtant ici le mot « matériau » en un sens plus large : l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité, que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.
-* le [[Trivium Quadrivium|trivium]] (les sciences du langage, mais correspond plutôt à notre [[philosophie]] actuelle) : [[rhétorique]], [[grammaire]] et [[dialectique]] ;+
-* le [[quadrivium]] (les sciences ''mathématiques'') : [[arithmétique]], [[géométrie]], [[astronomie]] et [[musique]].+
-Les '''[[arts mécaniques]]''' (les activités manuelles, opposées à celles [[arts libéraux#Genèse|intellectuelles]]) désignaient l'[[architecture]], la [[sculpture]], la [[peinture]] et l'[[orfèvrerie]].+=== Arts et représentations ===
 +[[File:Henri Rousseau - The Football Players.jpg|thumb|<center>[[Henri Rousseau]]<br/>Les joueurs de football</center>]]
 +La notion de « [[représentation]] » dépend de la question que l'on se pose au début de la problématique et au commencement de l'art lui-même avant la préhistoire pendant le Cretacé prend un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'[[œuvre d'art]], et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit&nbsp;; par exemple, les toiles de [[Edvard Munch|Munch]] ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « [[monde (univers)|univers]] », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer). Ou alors, comme le fait [[Arthur Danto|Danto]], il faut écarter la beauté qui, pour les anciens n'était qu'un critère de conformité de l'œuvre aux jugements esthétique. C'est ce qu'il explique, à travers l’analyse de certaines œuvres contemporaines<ref>Danto (Arthur ), La transfiguration du banal, Seuil 1989 ; ''L’assujettissement philosophique de l’art'', Paris, Seuil, 1993.</ref>.
-Les disciplines qui ont en commun la transformation d'une matière tangible (celles des artisans et des artistes - les ''artefices'' opposés aux ''artista'' pratiquant les arts libéraux) sont alors rangées parmi les ''arts serviles''. Cependant [[Plotin]] au {{IIIe siècle}} (dans ses ''Ennéades'') fait une apologie de l'activité de l'artiste et suit, au Moyen Âge, une certaine tradition reconnaissant à l'artiste la capacité de dépasser les seuls réalités sensibles.+C'est la grande difficulté des arts de notre époque&nbsp;: ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse : ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées ''(post-futurisme)''.
-=== Renaissance===+Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d' "art" est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.
-Au début de la Renaissance italienne ou à la pré-Renaissance, les Arts désignent encore les savoirs manuels et les cultures des métiers. Ainsi à Florence, les ''[[Arti]]'' désignent les corporations marchandes défendant leurs positions vis à vis de l'aristocratie et du ''popolo grasso''. Les activités artistiques pratiquées par les artistes (soutenus par leur puissance et les [[Médicis]]) établiront le distinguo et le nom de Beaux-Arts précisera leur position vis à vis des seules activités artisanales courantes.+
-A cette époque ''l'arte del designo'' recouvre les arts du volume (sculpture, architecture) et ceux de la surface (dessin, peinture, gravure), opposition que l'on retrouvera plus tard dans les expressions "arts plastiques" et "arts graphiques" (J.-R. Gaborit). Le point commun de ces pratiques manuelles était alors l'action sur la matière.+Les médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la [[connaissance]] du [[monde (univers)|monde]]. L’étude des phénomènes physiques et l’évolution des [[technologie]]s y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent les outils de [[création]]. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.
-=== L'époque des Lumières ===+L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule [[contemplation]]. L'origine de l'art provient bien de la [[connaissance]] des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde acquise non seulement par les [[sens (physiologie)|sens]], mais aussi par l'esprit. L'art de pure [[imitation]] sera toujours très loin du vrai&nbsp;: l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle&nbsp;; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de [[beauté]], cependant que la représentation artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.
-Plus tard, le terme « [[beaux-arts]] » est apparu en [[1752]] dans l'[[Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers|Encyclopédie de Diderot et d'Alembert]] et désignait exclusivement les quatre arts qu'on appelle plastiques de nos jours : architecture, sculpture, peinture et gravure. À noter que l'[[Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France|Académie des Beaux-Arts]] comporte aujourd'hui huit sections : les quatre beaux-arts classiques, la composition musicale, le cinéma et l'audiovisuel, la photographie et une section libre.+=== Imitation et représentation ===
-[[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]], dans son [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel#L’art, l’esthétique|''Esthétique'']] vers [[1818]]-[[1829]], classe les arts selon une double échelle de matérialité décroissante et d'expressivité croissante. Il distingue ainsi six arts, dans cet ordre :+[[Fichier:The Great Wave off Kanagawa.jpg|thumb|[[La Grande Vague de Kanagawa]]]]
-# [[architecture]]+Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la [[conscience]]. Il nous permet d'accéder à une communication du spirituel, de l'intemporel, de l'universel. [[Nietzsche]] pense également que l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine<ref>Nietzsche (F), La naissance de la tragédie</ref>. Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la modernité, tel le [[cinéma]], cherchent autant à embellir la [[nature humaine]], qu'à mettre en évidence toute sa noirceur dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.
-# [[sculpture]]+
-# [[peinture]]+
-# [[musique]]+
-# [[danse]]+
-# [[poésie]]+
-=== Les temps modernes ===+Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.
-Le '''septième art''' est une expression proposée en [[1919]] par [[Ricciotto Canudo]] pour désigner l'[[cinéma|art cinématographique]].+Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste. La [[musique]], plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la communication&nbsp;; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction. Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en s'écartant du mythe ou de la magie.
-[[Ricciotto Canudo]] était un intellectuel italien, installé en France, ami d'[[Guillaume Apollinaire|Apollinaire]], qui fut l'un des premiers critiques de cinéma. Il écrivit un premier livre en [[1911]] qui s'intitulait « La naissance du sixième art », dans lequel il considérait que le cinéma réalisait la synthèse des « arts de l'espace » (architecture, peinture et sculpture) et des « arts du temps » (musique et danse), soit 5 avant lui. Le cinéma apparaît donc comme une synthèse de tous les arts qui l'ont précédé (arts du temps et de l'espace). Le cinéma est un instrument d'une nouvelle renaissance.+Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la [[connaissance]] du [[monde (univers)|monde]]. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.
-Puis avait-il lu Hegel entre temps ? il ajouta la poésie comme art fondateur et écrivit ''Le manifeste des 7 arts'' qui a consacré l'expression « 7{{e}} art » pour le cinéma. En [[1922]], il fonda la ''Gazette des sept arts'' qui est une des premières revues de cinéma.+[[File:Hoop Dancer4.jpg|thumb|Danse indienne]]
-À noter que [[Jean Cocteau]], qui appelait le cinéma la « dixième muse » a eu moins de succès.+En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée, l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine, l’art retrouve la substance spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. [[Mythe]] et [[Magie (surnaturel)|magie]] ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains, des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.
-Tantôt le [[théâtre]] (ou « jeu de l'acteur »), tantôt la [[photographie]], la huitième place est assez disputée mais revient en général à la [[télévision]], bien que les professionnels se réclament peu de cette expression. On pourrait s'accorder à dire que le '''huitième art''' est « l'art de la prestation ».+Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une [[spiritualité]] absente. L’art en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le [[monde (univers)|monde]] de cette façon-là. Il ne cherche pas à remplacer la [[réalité]] par une autre entité de meilleure consistance&nbsp;; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les transcender. L’art cherche à utiliser le [[monde (univers)|monde]] des [[Sens (physiologie)|sens]] pour pénétrer dans un [[monde (univers)|monde]] de l’[[esprit]], ou peut-être même dans celui de l’[[âme]]. Ce faisant, l’art cherche l’[[immanent]] derrière le permanent. Il essaye de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création.
-L'expression '''neuvième art''' qui désigne la bande dessinée est souvent attribuée, à tort, à [[Francis Lacassin]] pour un livre qu'il publia en 1971, intitulé ''Pour un neuvième art, la bande dessinée''. En fait, l'expression « neuvième art » est due à [[Morris (dessinateur)|Morris]] (pseudonyme de Maurice de Bévère et créateur de Lucky Luke) et [[Pierre Vankeer]] qui animèrent, trois ans durant au sein du ''[[Journal de Spirou]]'' (du numéro 1392 au numéro 1523) une rubrique intitulée ''Neuvième Art'', sous-titrée ''Musée de la bande dessinée'', qui faisait le tour de la bande dessinée internationale et de son histoire. La rubrique apparaît pour la première fois dans le numéro 1392 de Spirou, du 17 décembre 1964, un numéro ''spécial Noël'' de 100 pages. Lors de la création de la rubrique, Morris et Vankeer pensèrent à ''huitième art'' avant d'apprendre par des techniciens de la danse, que l'appellation était déjà prise. Il semblerait alors que la rédaction du journal ait choisi ''neuvième art''. Dans leur introduction de la première parution de ''Neuvième art'', les auteurs justifient le choix de ''neuvième art'' en signalant que le ''huitième art'' désigne déjà la télévision.+== Sources ==
 +=== Notes et références ===
 +<!-- CE QUE NOUS AVONS UTILISÉ POUR ÉCRIRE L'ARTICLE-->
 +{{Références|colonnes=2}}
-Outre ce classement des arts, selon Alain Beyrand, la dénomination ''neuvième art'' « a été lancée par Morris et Vankeer pour pouvoir traiter aussi bien des récits en images que de la BD » (propos d'[[Alain Beyrand]]). En effet, cette expression permet, tout comme « Art séquentiel » ou « Figuration narrative », d'escamoter la querelle intestine qui anime le milieu de la bande dessinée concernant la naissance de cet art et la définition de ce qui est ou n'est pas une bande dessinée ; ce que soulignent les auteurs lors de la création de la rubrique : « Les bandes dessinées sont nées avant le cinématographe de MM. Lumière. Mais on ne les a guère prises au sérieux pendant les premières décennies de leur existence, et c'est pourquoi la série d'articles qui débute aujourd'hui s'appellera 9{{e}} Art. »+===Ouvrages utilisés===
-== Mouvements artistiques ==+* {{fr}} {{Ouvrage
 + |titre = Dictionnaire des concepts philosophiques
 + |éditeur= Larousse / CNRS
 + |collection=
 + |auteurs=Michel Blay et al.
 + |année = 2008
 + |lieu = Paris
 + |pages = 879
 + |isbn = 978-2-03-583957-2
 + |id= DicoPhilo
 +}}
-* L'[[école d'Athènes]]+* {{fr}} {{Ouvrage
-* Les [[arts d'Islam]]+ |titre = Histoire de la Beauté
-* L'[[art sacré médiéval]]+ |éditeur= Flammarion
-* La [[Renaissance artistique|renaissance]]+ |collection=
-* Le [[maniérisme]]+ |nom1=Eco
-* Le [[baroque]] et le [[rococo]]+ |prénom1= Umberto
-* Le [[néoclassicisme]]+ |nom2=de Michele
-* L'[[académisme]]+ |prénom2=Girolamo
-* Le [[naturalisme]]+ |année = 2004
-* le [[romantisme]]+ |lieu = Paris
-* Le [[symbolisme (art)|symbolisme]]+ |pages = 438
-* L'[[impressionnisme]], le [[néo-impressionnisme|néo impressionnisme]] et le [[fauvisme]]+ |isbn = 2-08-068711-5
-* L'[[art nouveau]]+}}
-* Le [[cubisme]] et l'[[art abstrait]]+
-* Le [[suprématisme]]+
-* Le [[constructivisme (art)|constructivisme]]+
-* Le [[dadaïsme]] et le [[surréalisme]]+
-* Le [[fauvisme]]+
-* L'[[expressionnisme]]+
-* Le [[futurisme]]+
-* L'[[art brut]]+
-* Le [[trompe-l'œil]]+
-* Le [[lettrisme]]+
-* [[Cobra (mouvement)|CoBrA]]+
-* L'[[Internationale situationniste]]+
-* Le [[minimalisme]]+
-* L'[[abstraction lyrique]] +
-* Le [[nouveau réalisme]]+
-* La [[nouvelle illustration]]+
-* Le [[land-Art]], le [[pop art]] et l'[[hyperréalisme]]+
-* L'[[art conceptuel]]+
-* L'[[art sociologique]] et l'[[esthétique de la communication]]+
-* L'[[art performance]]+
-* [[Fluxus]] et [[Art and Language]]+
-* La [[nouvelle figuration]]+
-* La [[figuration libre]]+
-* L' [[art en ligne]]+
-* Le [[Néo pop]]+
-* Le [[bioart]]+
-* Le [[Mail-Art]]+
-* Le [[Planétarisme]]+
-* L'[[art animalier]]+
-* Les [[Automatistes]]+
-<small>Voir aussi, entre autres, le [[Portail:Histoire de l'art|portail de l'histoire de l'art]] et la [[:Catégorie:Histoire de l'art|catégorie]].</small>+* {{fr}} {{Ouvrage
 + |titre = Histoire de l'art
 + |éditeur= Phaidon
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 + |nom= Gombrich
 + |prénom= E.H.
 + |année = 2001
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 + |pages = 688
 + |isbn = 978-0-7148-9206-1
 +}}
-== Quelques œuvres célèbres ==+* {{fr}} {{Ouvrage
 +|titre = Vocabulaire technique et critique de la philosophie
 +|éditeur= PUF
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 +|nom = Lalande
 +|prénom= André
 +|année = 1992
 +|lieu = Paris
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 +|isbn = 2-13-044512-8
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 +}}
-'''Peintures'''+===Sites web utilisés===
-* ''[[La Joconde]]'' de [[Léonard de Vinci]] [[Renaissance artistique|Renaissance]] [[1503]]-[[1507]] [[Musée du Louvre|Louvre]] [[Paris]].+
-* ''[[Le radeau de la Méduse]]'', de [[Géricault]] [[1819]] [[Musée du Louvre|Louvre]] [[Paris]].+
-* ''[[Les Demoiselles d'Avignon]]'' de [[Pablo Picasso]] [[1907]] [[Museum of Modern Art]] de [[New York]].+
-'''Sculptures'''+== Pour aller plus loin ==
-* ''[[La Victoire de Samothrace]]'' [[Grèce antique|Antiquité grecque]] -200 -170 [[Musée du Louvre|Louvre]] [[Paris]].+===Notes===
-* ''[[L'Esclave mourant]]'' [[Michel-Ange]] ([[1513]]-[[1515]]) [[Renaissance artistique|Renaissance]] [[italie]]nne [[Musée du Louvre|Louvre]] [[Paris]].+<references group=note/>
- +
-== Voir aussi ==+
{{Autres projets {{Autres projets
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 +<!--CE QUE LES GENS PEUVENT LIRE POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE SUJET-->
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 +<!-- Merci de poser les modèles bibliographiques comme suivant:
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 +==== Ouvrages fondateurs ====
 +
 +==== Ouvrages généralistes ====
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=== Articles connexes === === Articles connexes ===
-* [[Œuvre d'art]]+* Les 6 arts classiques, tels que proposés par [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] dans ''[[Esthétique ou philosophie de l'art]]'' : 1 [[architecture]], 2 [[sculpture]], 3 [[peinture]], 4 [[musique]], 5 [[danse]], 6 [[poésie]].
-* [[Art poétique]]+* Le septième art est une expression proposée en 1919 par [[Ricciotto Canudo]] pour désigner le [[cinéma]].
-* [[Arts appliqués]]+*Tantôt le [[théâtre]] (ou « jeu de l'acteur »), tantôt la [[photographie]], la huitième place est assez disputée mais revient en général à la [[télévision]], bien que les professionnels se réclament peu de cette expression. On pourrait s'accorder à dire que le huitième art est « l'art de la prestation ».
-* [[Art contemporain]]+* L'expression neuvième art désigne la [[bande dessinée]].
-* [[Peinture murale]]+* Le 10eme Art, c’est l’[[Art Numérique]], l’Art des nouvelles technologies.
-* [[Art martial]]+
-* [[Littérature]]+
-* [[Art de masse]]+
-* [[Art officiel]]+
-* [[La représentation du nu dans l'art]]+
-* [[Musique]]+
-* [[Nombre plastique]]+
-* [[Papier-découpé chinois]]+
-* [[Anamorphose]]+
-=== Liens et ressources externes ===+=== Liens et documents externes ===
* {{dmoz|arts|http://www.dmoz.org/World/Fran%c3%a7ais/Arts/}} * {{dmoz|arts|http://www.dmoz.org/World/Fran%c3%a7ais/Arts/}}
-* [[Dominique Chateau]], ''[http://robert.bvdep.com/public/vep/Pages_HTML/ART.HTM Art]'', Dictionnaires le Robert, 2003.+* [http://robert.bvdep.com/public/vep/Pages_HTML/ART.HTM Article ''Art'' par Dominique Chateau ], dans ''[[Vocabulaire européen des philosophies]] : dictionnaire des intraduisibles'', dir. [[Barbara Cassin]], Paris, 2004 {{ISBN|2-02030-730-8}} (extraits en ligne).
 +* ''[http://www.cnrtl.fr/lexicographie/art Art]'' dans la base du [[Centre national de ressources textuelles et lexicales]].
 +* [[Paul Valéry]], ''Notion générale de l’art'', dans ''Nouvelle Revue française'', 266, Paris, 1{{er}} novembre 1935, p. 683-693 ([http://dx.doi.org/doi:10.1522/cla.sif.vap.not en ligne]) ; ''Œuvres 1'', Paris, 1957, p. 1404-1412 (''Bibliothèque de la Pléiade'').
 +* [http://byc.ch/hga/art/index.htm Petit cours d'Histoire de l'Art par Bernard Yves Cochain]
 +* [http://www.histoiredelart.net/vue_generale/xv.html Chronologie des mouvements picturaux]
 +* [http://www.rmn.fr/par-periode L'Art par périodes]
{{étude de l'art}} {{étude de l'art}}
-{{multi bandeau|Portail des arts|portail philosophie}}+{{Portail|des arts|Histoire de l'art|philosophie}}
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[[lij:Arte]] [[lij:Arte]]
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[[roa-rup:Artã]] [[roa-rup:Artã]]
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[[sq:Arti]] [[sq:Arti]]
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[[zh:艺术]] [[zh:艺术]]
[[zh-yue:藝術]] [[zh-yue:藝術]]

Version actuelle

Modèle:Pas fini

[[Fichier:Attributes of painting, sculpture & architecture.jpg|thumb|Les attributs de la peinture, de la sculpture et de l’architecture par Anne Vallayer-Coster.]]

On appelle Art (du latin Ars, artis « habileté, métier, connaissance technique ») une activité humaine, ou le produit de cette activité, consistant à arranger entre eux divers éléments en s'adressant délibérément aux sens et aux émotions.

Les définitions de ce concept varient selon les époques et les lieux, et aucune d'entre elles n'est universellement acceptée. C'est pourquoi les produits et pratiques artistiques ont toujours été classés diversement selon les cultures, les auteurs et les institutions. Selon l'usage le plus courant du mot au Modèle:XXIe siècle, l'art englobe principalement les produits de « beaux arts » tels que l'architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la danse et la poésie, auxquels on ajoute fréquemment le cinéma (souvent nommé « 7e art »), la gravure, le théâtre, la photographie, la bande dessinée, la télévision, voire l'art numérique.

La conception de l'art comme production d'objets qu'on s'accorde à trouver beaux, ou du moins stimulants pour les sens, date du XVIIIe siècle. Le relativisme contemporain<ref group=note>Dans cet article, le mot « contemporain » s'applique à la fin du XXe siècle et au début du Modèle:XXIe siècle</ref> en fait cependant une construction artificielle, mettant en doute la possibilité d'élaborer une théorie universelle de l'art et affirmant que l'histoire de l'art est toujours à reconstruire<ref>Voir par exemple Theodor W. Adorno in , Théorie esthétique (Paris, Klincksieck, 1974, 347 p.) qui explique cette évolution en musique, et, pour une vision plus globale voir Wladyslaw Tatarkiewicz, History of Aesthetics, Monton - The Hague - Paris, Barret (C.) éd., 1970, 3 vol., vol. II, 315 p.</ref>.

[[Fichier:Mona Lisa.jpeg|thumb|La Joconde, Léonard de Vinci, Musée du Louvre]]

Sommaire

Histoire de la notion d'art

Image:Pompeii-couple.jpg
Pompéi, Maison VII, 2, 6: Paquius Proculus et son épouse. Musée archéologique national de Naples, fresque du 1er siècle.

L'ébauche d'une problématique de l'esthétique existe chez Platon <ref group=note>Notamment dans l'Ion ou l'Hippias majeur</ref> ou Aristote. Toutefois, le mot grec τέχνη (technè), qui est l'équivalent le plus proche du français art, désigne dans la Grèce antique des activités soumises à certaines règles et comprenant à la fois des savoirs, des arts et des métiers. Les muses grecques ne sont pas toutes associées aux arts tels qu'ils seront définis par la suite et la poésie, par exemple, n'est pas une « technè ».

La civilisation romaine ne distingue pas non plus clairement le domaine de l'art de celui des savoirs et des métiers bien que Cicéron et Quintilien y aient contribué par leurs réflexions. Ainsi, chez Galien, le terme d'« art » désigne un ensemble de procédés servant à produire un certain résultat: Modèle:Début citation Ars est systema præceptorum universalium, verorum, utilium, consentientium, ad unum eumdemque finem tendentium.<ref name=Lalande>Modèle:Harv</ref> Modèle:Fin citation

Dans cette acception du mot, qui a prévalu jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'art s'oppose à la fois à la science conçue comme pure connaissance, indépendante des applications, et à la nature qui produit sans réfléchir<ref name=Lalande/>. À l'idée de règle de production s'ajoute la considération de l'effort requis dans cette d'activité. Lorsque le mot est employé, il lui est généralement attaché une épithète que le précise pour former des expressions telles que « arts libéraux », « arts mécaniques », « art militaire », etc.<ref name=Lalande/> Et s'il arrive parfois que les arts libéraux soient visés par l'emploi du mot non qualifié « ars », on est encore bien loin du sens contemporain: L'astronomie était un « art libéral » tandis que le spectacle de « theatrica » restait un « art mécanique »<ref>Hugues de Saint-Victor, Libri septem eruditiones didascaliae ch.26 (PL 176, col.760)</ref>.

Jusqu'à la Renaissance, il n'y a pas de différence précise entre l'artiste et l'artisan: on appelle « artiste » un artisan dont la production est d'une qualité exceptionnelle. La différence ne commencera à devenir plus précise que lorsque les artistes commenceront à s'émanciper des corporations pour faire allégeance aux académies et à la commande nobiliaire<ref name=Blay>Modèle:Harv</ref>. C'est alors que le sens maintenant familier du mot « art » commence à se dégager: Non seulement de nombreuses techniques s'en séparent, mais de plus, après la découverte des règles de la perspective, l'aspect visuel y prendra une importance croissante.

[[Fichier:Jean Auguste Dominique Ingres, La Grande Odalisque, 1814.jpg|thumb|Ingres, La grande odalisque]]

C'est du siècle des Lumières que date la notion d'art aujourd'hui communément admise. Partant d'une réflexion sur les sens et le goût, une conception basée sur l'idée de beauté finit par s'établir. Avec Emmanuel Kant, l'esthétique acquiert son sens propre d'une théorie l'art dont le mouvement romantique donnera les exemples paradigmatiques. L'importance de l'observation de règles passe alors au second plan tandis que l'intention de l'artiste devient primordiale. Toutefois une forte institutionnalisation de l'art en musées, expositions et académies endigue pour quelque temps le dérèglement total.

Mais le XXe siècle, par ses pratiques et ses idéologies, remet en question tout ce qui avait pu être retenu au siècle précédent. Il conteste en particulier l'existence d'une essence de l'art qui se retrouverait à travers les âges et les civilisations, et donc le rêve d'une définition universelle.

C'est pourquoi le discours européen contemporain sur l'art comporte un risque d'anachronisme dans la mesure où selon ce discours, l'art impliquerait une intention qui n'existe pas forcément en d'autres époques ou en d'autres lieux. L'Art préhistorique par exemple, se réfère à des éléments artistiques comme des peintures ou des sculptures, mais aucun texte ne précise si ces éléments étaient destinés à la contemplation, à des célébrations rituelles ou à d'autres usages. Dans certaines cultures (par exemple indienne ou chinoise), de tels textes existent, mais il est difficile de déterminer dans quelle mesure les concepts utilisés, notamment ceux traduits en français par les mots « juste » ou « beau », sont identifiables à ceux utilisés en occident<ref>Modèle:Harv</ref>. L'introduction d'une hypothèse d'art inconscient ou involontaire pourrait permettre de contourner ce type de difficultés.

On donne souvent des listes plus ou moins complètes de domaines constitutifs de l'art, en notant ce qu'à la suite de Wittgenstein on appelle des « ressemblances familiales »: l'art devient alors un ensemble de pratiques et de résultats qui partagent un certain nombre de traits bien qu'aucun d'entre eux ne soit universel<ref>Morris Weitz, The Role of Theory in Aesthetics, Journal of Aesthetics and Art Criticism, 62 (1953). L' approche inaugurée par cet article a donné lieu à une vaste discussion ; voir Nigel Warburton, The Art Question, Routledge, 2003, chapitre 3.</ref>. La liste classique des arts, telle que proposée au XIXe siècle par Hegel dans Esthétique ou philosophie de l'art, continue cependant de servir de référence. Elle indique que les principaux arts sont au nombre de six : architecture, sculpture, peinture, littérature, musique et danse. À partir d'eux par combinaison ou par prolongement, on parvient à une liste plus exhaustive qui peut inclure par exemple l'opéra, le cinéma (« septième art »), la photographie, la bande dessinée (9e art), etc.

Histoire de l'art

La notion d'histoire de l'art

Pour la plupart des cas l'histoire de l'art suit les grandes coupes qui ont été opérées par les disciplines géopolitiques. Selon l'ordre du temps ou de l'espace on discerne par exemple l'art préhistorique, antique, médiéval, moderne ou bien européen, africain, chinois ou encore précolombien, postcolonial, etc.

Si l'on adopte une vue historiciste de l'art, il devient évident que l'histoire de l'art se construit en fonction de la notion d'art. Par contre dans une vue naturaliste, qui considère l'art comme une constante de l'humain, l'ordre s'inverse et elle décrit les instances qui dévoilent son « essence ». Cette dernière approche est en conflit avec l'opposition constitutive de l'artificiel au naturel qui fonde une bonne partie des vues contemporaines sur l'art.

Modèle:Boite déroulante

L'histoire de l'art, comme toute discipline historique, s'est constituée au XIXe siècle en adoptant sans questionnement le progressisme et les valorisations de son temps. L'hypothèse d'une autonomie des phénomènes artistiques et de leur développement intelligible a été délaissée assez vite en faveur d'une visée beaucoup plus contextualiste et sociale. Comme note Antoine Hennion, « la méthode de la sociologie de l'art et celle de l'histoire de l'art s'opposent l'une à l'autre », la première tend à éliminer ce que la seconde essaie au contraire d'épaissir<ref> A. Hennion, 1994, in P.-M. Menger et J.-C. Passeron (éd.), L'art de la recherche, Paris : La Documentation française</ref>. Sur une échelle réduite, dans le cadre d'une école, un style ou un mouvement, l'histoire de l'art continue d'être pratiquée avec un certain succès, mais en fait elle est redevenue ce qu'elle était jadis - érudition et non pas explication.

Arts et sociétés

Le concept d'art tel qu'il s'impose depuis le XVIIIe siècle rend intelligibles un grand nombre de phénomènes mais de nos jours sa pertinence est mise en question. Son application requiert d'ignorer les questions concernant la fonction sociale des artefacts qu'il vise et ainsi il explique sans doute tout autant qu'il mystifie. Il est difficile de soutenir, comme on le fait après Kant, qu'il est une façon de voir esthétique, désintéressée dans son intérêt, et qui soit universellement valable. Par ailleurs le terme « art » supporte assez mal une qualification adjective ; les arts appliqués sont-ils vraiment des arts ? On tend vers la négative comme si « art » tout court s'oppose à « art appliqué ». En fait l'utilisation non marquée du mot sous entend la qualification initiale (« bel »). On parle bien d'art religieux mais l'artistisme supposément définitoire parait subordonné à son application.

[[File:Lascaux painting.jpg|thumb|Grotte de lascaux]]

L'une des premières formes de représentation, qu'on a nommé « art rupestre » (de l'époque préhistorique) a sans doute été, à la fois la représentation iconique d'animaux, mais elle a certainement possédé aussi une dimension magique ou chamanique. En fait c'est la séparation de l'art des phénomènes religieux ou sacrés qui est là, littéralement, artificielle.

La Grèce antique, disposant uniquement du concept de teknè, avait instauré un autre type de séparation. Parmi les activités couvertes par ce nom, certaines étaient patronnées par les Muses et considérées plutôt comme divertissement ou amusement, le mot gardant une trace de cette origine. Telles étaient alors l'histoire et l'astronomie tandis que la peinture ou la sculpture étaient perçues comme utilitaires. Au delà de l'utile, l'inutilité renvoie au superflu, à la richesse ou le luxe et cette implication économique semble avoir joué un rôle considérable dans l'autonomisation des activités (dites) artistiques.

Entre la gravité du religieux et l'insouciance des nantis l'idée de l'art trouve diverses projections, notamment dans le plan éthique (art didactique) ou cognitif. La capacité d'émouvoir qui a certainement un soubassement psychosomatique reste liée à l'idée d'art et elle a été conçue de diverses façons.

[[File:Angkor Wat 01.jpg|thumb|Angkor Vat]]

Les civilisations antiques ont eu une approche plutôt pragmatique vers tout l'art et ses œuvres. Par contre, pendant toute la phase d'expansion du christianisme une attitude hostile à l'art « païen » constitue la norme. Le soupçon idéologique se retrouve depuis dans l'arsenal de tous les conquérants.

Au cours du XIXe siècle, la religion perd une partie de ses pouvoirs en Europe ou l'on a noté une certaine tendance à faire de l'art lui-même un culte, comme témoignent par exemple les aspirations de Matthew Arnold, Richard Wagner ou Léon Tolstoï. La visite des musées et salles de concerts avait gardé quelque chose des conduites rituelles. Mais au cours du XXe siècle bien que l'affluence des sociétés européennes s'accroit, l'idée d'art se trouve en déclin, proie d'une « profanisation » commerciale sans précédent. Le postmodernisme a été l'occasion de donner une forme à la prise de conscience de ces valorisations socioculturelles. Toutefois les prix atteints sur le marché des œuvres suggèrent que les enjeux de l'art continuent de défier toute compréhension simplificatrice.

Art moderne et art contemporain

L'Art moderne est né au XXe siècle, et a vu apparaître en peinture les figures de Picasso, Matisse, Miro, Max Ernst et de nombreux mouvements comme le surréalisme, l'Oulipo, la Nouvelle vague. En France, avec la modernité, les peintres se détachent peu à peu du système des Salons et de l'emprise de la bourgeoisie. Les grands collectionneurs contemporains, les galeries et les critiques jouent un rôle important. Le marché de l'art s'internationalise.

Marcel Duchamp représente l'objecteur fondateur de l'art conceptuel. Il ne se rattache pas plus à ses précurseurs que son intention n'est d'établir un art de l'objet. Ce qu'il cherche au contraire c'est sortir de l'art. Pourtant les ready-made de Duchamp (dont il est le concepteur) et ses objets cinétiques apportent une nouvelle dimension à la conscience esthétique, ainsi qu'une immense contribution à l'historiographie de la sculpture moderne, bien contre sa volonté<ref>DANTO (Arthur C.), The Transfiguration of the Commonplace, 1981. Tr. fr., La transfiguration du banal - Une philosophie de l’art, 1989</ref>.

[[Fichier:Makonde elephant.jpg|thumb|Eléphant Makonde]]

L' art contemporain (performance, Land Art, figuration libre, installations, etc.) en se détournant des représentations, a voulu exprimer les outils de connaissance, les principes propres à l'art. Ce détournement de la fonction de l'art relève alors d'une appropriation des outils pour construire une autre forme de communication, toujours proche du monde sensible, mais empreinte d'une logique non formelle.

Le peintre Dubuffet, théoricien de l’art brut qui travailla la matière pour en dégager l’essence même de l’œuvre d’art, écrivait : « L’art doit naître du matériau et de l’outil, il doit garder la trace de la lutte de l’outil avec le matériau. L’homme doit parler mais l’outil aussi et le matériau aussi. »

Toute la complexité de l'art est qu'il cherche à correspondre à la création d'une œuvre singulière, susceptible d'éveiller l'attention. La nouveauté, l'innovation, dans le fond comme dans la forme, sont les moteurs de l'évolution. La créativité de l'artiste ne peut être bridée par les règles de convenance, de politesse, de mode d'exposition imposées de l'extérieur (hier par les traités, aujourd'hui par les acteurs du marché de l'art). Dans cet état de fait, l'art financé par la société est probablement un art qui ne peut exprimer entièrement sa générosité, du fait même qu'il soit acheté par quelques initiés.

L'art évolue avec la société. L'artiste contemporain assume parfois une fonction sociale ou même politique pour tenter d'agir sur le monde. Dans le même temps, les écoles d'art forment aujourd'hui des artistes bien rodés aux processus de communication et de marketing du management de l'art, et l’art est un enjeu politique d'état, enjeu politique et marchand. On observe à l'heure actuelle une perte de repères par rapport à l'autonomie et à la sincérité du créateur.

Modèle:Citation bloc

Le mouvement de contestation artistique et sociale Dada puis le surréalisme ont été des moments essentiels de l'art moderne, qui avec Fluxus dans les années 1970 annonce ce qu'on a appelé « art contemporain », qui correspond à une période d'apparition de nouveaux supports : art vidéo, art numérique et à une diffusion accélérée de l'art (surtout de ses signes et symboles les plus visibles), du design et de la mode grâce aux nouveaux médias de la société contemporaine. L'art actuel, médiatisé ou non est foisonnant et hybride, devenir artiste reste toujours une aventure sociale risquée. Les outils de création n'ont jamais été autant à la portée du plus grand nombre mais les possibilités de diffusion des messages artistiques sont menacées par le brouillage et la multiplication des supports. Le rôle de l'artiste comme avant-garde intellectuelle et sociale apparait également contesté. L'éducation artistique et l'éveil de la sensibilité restent des parents pauvres des politiques actuelles et la contradiction « Marché-rentabilité/Production de l'esprit libre » reste vivace. Certains créateurs semblent cependant parvenir à allier créativité singulière, exigence, talent et une certaine reconnaissance médiatique (obligatoire pour une reconnaissance populaire) dans leur domaine, notamment en musique, littérature ou cinéma.

[[File:Graffiti Panorama rome.jpg|thumb|center|600px|]]

L'art contemporain est traversé par les concepts et les thèmes qui agitent la société contemporaine : la dématérialisation de l'œuvre amenée par (Yves Klein), dans les années 1960, voire des « artistes sans œuvres », l'écologie profonde (Hundertwasser), la propagande visuelle et la publicité (Warhol), l'entreprise œuvre d'art ou vice-versa (Hybert), l'activisme et le terrorisme (Parreno), la fascination pour la révolution technique et les bio-technologies (Eduardo Kac [1]), la chirurgie esthétique et la re-création corporelle de soi (Orlan), graffiti-art, le slam, le piercing et le rap.

La philosophie de l'art

Les théories classiques : l'esthétique

Modèle:Voir Le XVIIIe siècle voit l'émergence d'une conscience de l'art, comme le siècle précédent avait révélé la conscience du sujet. Née de la modernité philosophique, l'esthétique reste une discipline philosophique qui malgré ses tentatives ne s'est pas émancipée en science de l'art. Ce n'est que par simplification qu'on s'accorde à dire que l'esthétique (philosophie des sens et de l'art) est une réflexion sur l'art, car l'objet de cette réflexion n'est pas donné d'avance. De fait ce sont les pratiques artistiques elles-mêmes qui sont devenues réflexives et de nos jours il n'est guère possible de séparer l'œuvre d'art du discours qui la fonde : « esthétique » et « artistique » sont deux adjectifs pratiquement interchangeables[réf. nécessaire].

Cependant à l'origine Alexandre Baumgarten, l'auteur à qui l'esthétique doit son nom, avait considéré « l'art esthétique »<ref>A. Baumgarten, Aesthetica, §68.</ref>. Selon son idée, la beauté fournissait l'occasion à la connaissance perceptible de parvenir à son accomplissement parfait : un art du beau était l'équivalant de la théorie bâtie sur la causalité. Une médiation s'effectuait par ce troisième terme, « la beauté », introduit entre art et esthétique.

Tout comme le regard moderne s'est exercé à découvrir un certain art primitif, l'esthétique a découvert des précurseurs chez des auteurs anciens. Par exemple le dialogue de Platon Hippias majeur porte traditionnellement le sous-titre De la beauté et il est devenu un texte canonique de l'esthétique. Alors il n'est guère étonnant de trouver qu'il anticipe certaines questions dont on débat encore de nos jours. Les textes issus des civilisation non européennes peuvent aussi être soumis à une pareille lecture et de cette manière on reconstruit aussi, par exemple, une esthétique chinoise ou indienne.

Tant qu'on concevait l'art comme une activité réglée, le besoin d'un système pour juger de ses résultats ne se faisait pas sentir. Ce n'est que rétrospectivement que les divers Arts poétiques écrits depuis l'antiquité sont devenus représentatifs d'une esthétique normative. La Querelle des Anciens et des Modernes montre qu'en fait le caractère conventionnel des normes ou règles était bien perçu. La première ébauche de l'esthétique a été une tentative de naturaliser l'art et cette tentation reste toujours vivace.

[[Fichier:Caspar David Friedrich 032.jpg|thumb|Le Voyageur contemplant une mer de nuages]]

C'est à Emmanuel Kant que l'on doit la solution de compromis qui, sous une forme ou une autre, est actuellement en cours. Selon son idée originale, « le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne les règles à l'art. »<ref>Kant I, Critique de la faculté de jugement, §46</ref>. Si la beauté, ou plutôt l'idée de beauté, intemporelle et universellement valable, liait l'art au discours qui le concerne, l'innovation (artistique ou esthétique) fait problème. Accepter l'apparition de génies, définis par leur « talent naturel », ouvre la voie au changement ; l'art reste une activité soumise à certaines règles, mais celles-ci peuvent changer. L'esthétique qui était réduite par Baumgarten à la perception se développe en jugement sur le perçu.

Ce jugement ne s'appuie cependant pas sur des concepts définis. Le « Beau » est universel sans concept. C'est dire au fond que c'est l'œuvre géniale qui donne un nouvel aperçu sur le « Beau ». L'œuvre belle n'est pas réductible à un concept, mais constitue une Idée esthétique, qui donne à penser, mais est inexponible, transcende l'entendement. Kant interprète le sentiment esthétique comme le fruit d'un rapport inconceptualisable entre nos facultés, l'intuition, l'imagination et la raison. C'est dire que le « Beau » s'enracine dans l'unité profonde de la personne humaine, à laquelle l'expérience n'a pas accès. De plus, et Hegel le critiquera, Kant accorde un primat du « Beau » naturel sur le Beau artistique. Ou plutôt, le génie humain fait partie de la nature.

De l'approche kantienne on peut dériver une bonne partie des vues et pratiques artistiques ultérieures. On notera plus particulièrement l'idiosyncrasie de ceux qu'une partie de la société accepte comme grands artistes, la transgression conçue comme acte esthétique ou les manifestes et autres programmes par lesquels les mouvements artistiques modernes s'affirment<ref group=note>On peut ajouter ici encore la contemplation désintéressée ou le sublime. Cf. Thiery de Duve, 1989, Au nom de l'art, Paris, Éditions de Minuit ; P. Bourdieu, Les règles de l'art, Paris, Seuil, 1992.</ref>.

Cette façon de procéder en instaurant un troisième terme, beauté, génie, culture ou autre, entre ce que l'on nomme « art » et ce que l'on appelle « esthétique » parvient tout au plus à différer le problème car à chaque fois revient la question ; qu'est ce que la beauté, le génie ou la culture? Comment s'accorde-t-on sur la validité de la réponse? Que l'art propose ses œuvres à une esthétique ou que l'esthétique circonscrive le domaine de l'art, il y a là une circularité que l'on évite difficilement sans faire appel aux dimensions historiques et sociales de ces phénomènes.

Les théories modernes de l'art

Sans que la distinction soit claire, on peut soutenir que les théories de l'art traitent ce sujet d'une manière plus générale que l'esthétique. Par exemple une théorie sociologique de l'art a été proposée par Pierre Bourdieu<ref>Bourdieu P., Les règles de l'art</ref>, une théorie sémiologique par Nelson Goodman<ref> N. Goodman, Les langages de l'art, Nîmes, Éditions Jacqueline Chambon, 1990.</ref>, etc. Un même auteur présente parfois les deux approches comme par exemple Hegel qui considère l'esthétique dans un cours spécial tandis que sa philosophie affirme que l'art est une forme en déperdition<ref>HEGEL (Georg W, Esthétique, Textes choisis, Paris, PUF, 1998</ref>.

Le projet inachevé de Theodor W. Adorno est paru sous le titre Théorie esthétique. Un point de distinction utile est de noter qu'une esthétique peut être normative, ce qu'une théorie ne saurait être.

Le seul point sur lequel les théories de l'art s'accordent est qu'il s'agit d'un fait humain, et d'une pratique sociale. Deux grandes alternatives sont possibles selon qu'on accorde à cette pratique un rôle subordonné ou autonome. Envisager la subordination est une approche réductionniste; elle propose généralement une vue de l'art comme communication - représentation ou expression. Dans l'autonomie, que l'on compare à celle des jeux, l'art se propose comme « activité autotélique », c'est-à-dire sans autre but que lui-même, ce que résume la célèbre formule de « l'art pour l'art ». Les artistes et ceux qui gravitent autour de l'art ont de bonnes raisons pour défendre des conceptions de ce type et leur stratégies théoriques ont souvent recours à une des deux options opposées : renvoyer à une ontologie propre - l'art serait lié à l'aspect spécifique de l'être - ou, paradoxalement, se faire nominaliste en insistant qu'il y a des œuvres d'art mais non « de l'art »<ref> GENETTE (Gérard), L'œuvre de l'art, Paris, Seuil, coll poétique, 1994.</ref>. Les réductionnismes, issus principalement d'autres milieux, tiennent généralement que c'est par exagération qu'on arrive à ces vues-limites.

Une forme d'interaction et d'échange

[[Fichier:Tugra Mahmuds II.gif|thumb|right|500px|Calligraphie animée]] Aujourd'hui, l’art établit une relation qui permet d’englober dans une même interaction, dans un même échange, une œuvre, son créateur et le récepteur, le destinataire de cette œuvre (spectateur, auditeur, etc.)<ref>GENETTE (Gérard), L’œuvre de l’art. Immanence et transcendance, 1994.</ref>. Les différentes formes que peuvent revêtir cette médiation concrétisent certaines relations entre l’homme et la nature, c’est-à-dire entre un esprit humain et son environnement. Une pensée à la fois consciente et inconsciente, individuelle et collective, un esprit libre et imaginatif communique avec le monde extérieur. Hegel, dans ses Leçons sur l'esthétique, a tenté de définir la transcendance de cette relation en posant a priori, que : « Le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature [puisqu’il] dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable la vérité contenue dans les apparences, pour la doter d’une réalité plus haute créée par l’esprit lui-même. »

Chercher la vérité derrière l’apparence. Peut-on envisager finalité plus captivante ? L’art devient alors le prolongement de l’action. Cette philosophie de l’action, développée notamment par Hannah Arendt, émerge quand le geste artistique devient l’expérience d’une relation particulière. Aussi l’art ne cherche-t-il pas à imiter ou à reproduire, mais à traduire une réalité métasensible. Il peut alors faire poindre le spirituel dans le champ de l’expérience commune.

La forme comme dynamisme du sensible

thumb|feu d'artifice à Hambourg En art du moins, la forme n'est donc pas un principe étranger au contenu, et qui y serait imprimé du dehors, mais la loi de son développement, devenue transparente. Elle n'est pas pensée par le spectateur, ce qui voudrait dire qu'elle est de l'ordre du concept, et donc étrangère à la perception proprement dite, qu'elle ne se donne pas à voir.

Paul Valéry pouvait écrire que « la belle architecture tient de la plante. La loi de croissance doit se sentir. De même la loi de ménagement des ouvertures. – Une fenêtre ne doit pas être un trou percé comme par un vilebrequin dans une planche, mais être comme l'aboutissement de lois internes, comme la muqueuse et les modelés des orifices naturels. »

Avant d'être transcrite dans la notation, la mélodie existe comme déploiement même du son, exploitation de certaines possibilités insoupçonnées de ce matériau. La couleur ne remplit pas l'espace impressionniste, mais en est la vibration. La poésie ne consiste pas à imposer à la langue une signification préétablie, ni à produire des bouts rimés. Elle laisse plutôt la parole aux mots eux-mêmes, comme si elle n'était le discours de personne. Il s'agit de révéler un mouvement inhérent à une dimension sensible du monde. L'art donne à voir comment le sensible s'engendre : le regard du peintre demande à la lumière, aux ombres, à la couleur « Comment ils s'y prennent pour faire qu'il y ait soudain quelque chose, et cette chose ? » (L'œil et l'esprit, Merleau-Ponty).

Les grands thèmes de réflexion sur l'art

Art et nature

[[File:Paul Cézanne, Les joueurs de carte (1892-95).jpg|thumb|
Paul Cézanne
Les joueurs de cartes 1892-95
]]

L'art ne se contente donc pas de copier la nature. Pour autant, il ne se détourne pas d'elle, mais remonte jusqu'à la source. Dans la peinture de Cézanne, rappelle Merleau-Ponty, il ne s'agit jamais de la couleur en tant que simulacre des couleurs de la nature, mais de la dimension de couleur, où notre cerveau et l'univers se rejoignent. L'artiste est sensuel, il aime saisir la personnalité propre, le visage des choses et des matières, comme le petit morceau de mur jaune dont parle Proust à propos de Vermeer.

C'est justement parce que la nature morte n'est pas la pomme, mais la représentation de la pomme, que pour la première fois je puis la voir au lieu de la penser ou de la croquer, considérer son aspect, et non son essence ou son utilité. C'est en ce sens que l'art déréalise son objet, comme le souligne Sartre<ref>SARTRE (J-P), L’imaginaire</ref>, à la suite de Kant. La mer est pour le peintre impressionniste une surface colorée, une apparence, et non le milieu de vie des organismes marins. Dans Qu'est-ce que la littérature ?, le même Sartre peut, sans contradiction, montrer que c'est la poésie qui constitue pour la première fois le mot en objet, en chose, quand il n'était auparavant qu'un organe d'exploration du monde, comme les antennes des insectes.

C'est que « l'art de voir (au sens dessin et peinture) est opposé au voir qui reconnaît les objets » (Paul Valéry). Le visible est sensuel, lui aussi : tenu ainsi à distance, il brille pourtant des feux de nos propres désirs.

Être attentif au sensible, c'est encore, comme nous y invite Henri Focillon dans sa Vie des formes (1934), étudier les possibilités propres d'un matériau, comme le bois, la pierre, le fil d'encre du calligraphe. Prenons pourtant ici le mot « matériau » en un sens plus large : l'architecture gothique est tout autant faite de lumière, ou de verticalité, que de pierre. D'un point de vue esthétique, le temps et l'espace eux-mêmes sont l'étoffe de l'expérience, comme une langue celle de la pensée. Ce ne sont pas seulement des formes abstraites. Et, certes, l'art ne se contente pas d'explorer les soubassements de l'expérience sensible, il tire de la connaissance intime de cette logique, ou de cette géométrie, des structures et des effets insoupçonnés d'abord.

Arts et représentations

[[File:Henri Rousseau - The Football Players.jpg|thumb|
Henri Rousseau
Les joueurs de football
]]

La notion de « représentation » dépend de la question que l'on se pose au début de la problématique et au commencement de l'art lui-même avant la préhistoire pendant le Cretacé prend un sens tout particulier si l'on veut saisir le sens de l'œuvre d'art, et son rapport à la beauté. L'œuvre de l'art est une forme de « re-présentation », c’est-à-dire qu'elle présente autrement la réalité de l'univers. L'œuvre d'art ne vit pas de son rapport plus ou moins adéquat au réel, mais des affects qu'elle produit ; par exemple, les toiles de Munch ne représentent pas une forme de tristesse, mais produisent un sentiment, une émotion, qui pour certains s'appelle la tristesse, pour d'autres l'abomination. C'est peut-être parce qu'elle est productrice d'affects, et qu'elle est à elle seule un « univers », que l'œuvre d'art est belle (l'art contemporain est beau quand on a accroché à l'initiation que l'artiste cherche à nous procurer). Ou alors, comme le fait Danto, il faut écarter la beauté qui, pour les anciens n'était qu'un critère de conformité de l'œuvre aux jugements esthétique. C'est ce qu'il explique, à travers l’analyse de certaines œuvres contemporaines<ref>Danto (Arthur ), La transfiguration du banal, Seuil 1989 ; L’assujettissement philosophique de l’art, Paris, Seuil, 1993.</ref>.

C'est la grande difficulté des arts de notre époque : ils sont souvent liés par des directions intellectuelles et des expérimentations qui ne peuvent pas être lisibles directement et sans connaissance de leur genèse : ce sont des friches de découvertes qui deviendront peut-être de vraies œuvres aux yeux des machines humanisées (post-futurisme).

Jamais une œuvre jeune n'est comprise sans avoir assimilé sa généalogie. Cependant on remarquera que le terme d' "art" est trop couramment appliqué à toute médiatisation spectaculaire, et cela à son détriment.

Les médiations artistiques dépassent et transcendent tous les problèmes de la connaissance du monde. L’étude des phénomènes physiques et l’évolution des technologies y jouent un rôle important, puisqu’elles influencent souvent les outils de création. Une expérimentation artistique, parallèle à l’expérimentation scientifique, vient ainsi fonder l’élaboration d’une nouvelle esthétique, soutenue par la place croissante des techniques dans la vie quotidienne.

L'art pourrait donc servir à reproduire des concepts éternels conçus ou imaginés par la seule contemplation. L'origine de l'art provient bien de la connaissance des idées et des choses, mais transcende cette connaissance pour la présenter autrement, devenant de ce fait représentation. Si tant est que l'art se fixe des objectifs (ce qui va bien sûr contre sa nature), un des buts marquants de l'art serait donc de communiquer la connaissance profonde acquise non seulement par les sens, mais aussi par l'esprit. L'art de pure imitation sera toujours très loin du vrai : l'œuvre ne peut être aussi belle que la chose réelle ; elle est d'un autre ordre, et n'en saisira jamais qu'une toute petite partie. L'imitation de la nature ne traduit jamais son niveau de beauté, cependant que la représentation artistique dévoile un absolu propre à l'artiste, une vérité de notre espace naturel et inimitable puisque personnel.

Imitation et représentation

[[Fichier:The Great Wave off Kanagawa.jpg|thumb|La Grande Vague de Kanagawa]]

Mais cette production n'est pas obligatoirement de nature volontaire. Contrairement aux autres productions humaines, l'acte de création se situe le plus souvent hors du champ de la conscience. Il nous permet d'accéder à une communication du spirituel, de l'intemporel, de l'universel. Nietzsche pense également que l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui est laid dans la nature humaine<ref>Nietzsche (F), La naissance de la tragédie</ref>. Pourtant, aujourd'hui, certains arts nés de la modernité, tel le cinéma, cherchent autant à embellir la nature humaine, qu'à mettre en évidence toute sa noirceur dans l'espoir peut être d'en extraire les germes de l'incompréhension et de l'intolérance.

Le cinéma, en limite de l'art, donne à voir des crédibilités quotidiennes, qui mettent à jour, comme le roman, mais en plus restreint, une expérience humaine que nous ne saurions découvrir autrement.

Cette logique conduit l’art vers une nécessité, vécue de l’intérieur par l'artiste. La musique, plus que « l’art d’organiser les sons » reflète l’expression d’une entité sonore « autre », d’une forme irréelle et non conceptualisable de la communication ; elle est une imagination totale, qui réunit à la fois de nouvelles représentations et une conception neuve de leur construction. Comme les autres arts, elle exprime le rationnel et l'irrationnel, mais en s'écartant du mythe ou de la magie.

Tous les processus créatifs opèrent, par l’esprit même qui les guide, une catharsis qui garantit un dépassement des limites posées à la connaissance du monde. La symbiose sensorielle qui nourrit l’action créatrice n’est que la forme élémentaire de la représentation qui infère l’imaginaire.

thumb|Danse indienne

En tant qu’approche différente, plus tournée vers l’esprit que vers la pensée, l’art doit inéluctablement déboucher sur le prolongement de l’œuvre d’une nature dominatrice et confinée à des transformations évolutionnistes. Tentant de s’affranchir de ces limites de la pensée humaine, l’art retrouve la substance spirituelle, quasi mystique, quasi magique, de la création. Cette volonté d’apaiser notre soif de connaissance n’est pas obligatoirement malsaine. Mythe et magie ne sont pas foncièrement des échappatoires aux manques de rationalité des événements qui nous entourent, même s’ils sont, pour certains, des aveux de faiblesse, des limitations transfigurées.

Ils peuvent parfois marquer aussi la recherche d’une spiritualité absente. L’art en revanche est lui toujours une nécessité d’exprimer le monde de cette façon-là. Il ne cherche pas à remplacer la réalité par une autre entité de meilleure consistance ; il ne cherche pas non plus à transgresser des limites inhérentes à notre nature, mais il cherche à les transcender. L’art cherche à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans un monde de l’esprit, ou peut-être même dans celui de l’âme. Ce faisant, l’art cherche l’immanent derrière le permanent. Il essaye de prouver que le potentiel humain ne se réduit pas à la transformation, mais qu’il a conquis la dimension de la création.

Sources

Notes et références

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Ouvrages utilisés

  • (fr) Michel Blay et al., Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse / CNRS, Paris, 2008, 879 p. (ISBN 978-2-03-583957-2) .
  • (fr)
    Umberto
      Eco
   et 
     Girolamo de Michele
     
  

, Histoire de la Beauté, Flammarion, Paris, 2004, 438 p. (ISBN 2-08-068711-5) .

  • (fr)

E.H. Gombrich, Histoire de l'art, Phaidon, Paris, 2001, 688 p. (ISBN 978-0-7148-9206-1) .

  • (fr)

André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, PUF, Paris, 1992 (ISBN 2-13-044512-8) .

Sites web utilisés

Pour aller plus loin

Notes

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Bibliographie recommandée

Ouvrages fondateurs

Ouvrages généralistes

Articles connexes

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