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Jules César

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Jules César (latin : CAIVS•IVLIVS•CAESAR•IV à sa naissance, IMPERATOR•CAIVS•IVLIVS•CAESAR•DIVVS• à sa mort) est un général, homme politique et écrivain romain, né à Rome vers 100 av. J.-C. et mort le 15 mars 44 av. J.-C. (aux Ides de Mars)<ref>Plutarque, Vie de César, 69, 70</ref>.

Son destin exceptionnel marqua le monde romain : ambitieux et brillant, il s’appuya sur le courant réformateur et démagogue pour son ascension politique ; stratège et tacticien habile, il repoussa les frontières romaines jusqu’au Rhin et à l’océan Atlantique en conquérant la Gaule puis utilisa ses légions pour s’emparer du pouvoir. Il se fit nommer dictateur à vie, et fut assassiné peu après par une conspiration de sénateurs. Il fut divinisé et son fils adoptif Octave, vainqueur de Marc-Antoine acheva la réforme de la République romaine, qui laissa place au principat et à l’Empire romain.

Sommaire

Biographie

Origine

César affirmait avoir pour ancêtre Iule (ou Ascagne), fils d’Énée et de Créüse, amené en Italie par son père après la chute de Troie. Ce fondateur d’Albe-la-Longue était considéré comme le créateur de la vieille famille des Julii qui, selon l’empereur Claude, se joignit ensuite aux patriciens de Rome<ref>Tacite, Annales, XI, 25</ref>. Par ce lignage, César revendiqua, lorsqu’il prononça l’éloge funèbre de sa tante Julia, une ascendance remontant à Vénus<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 6</ref>.

Les Julii historiquement connus furent une famille patricienne d'importance mineure, qui exerça quelques consulats mais ne faisait pas partie, au Ier siècle av. J.C., de la cinquantaine de familles de la nobilitas qui fournissaient la plupart des consuls. Les Julii connurent des revers de fortune, et Jules César grandit dans une maison assez modeste du bas quartier de Subure, de mauvaise réputation<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 46</ref>.

Caius Julius César, le futur Jules César, naît vers 100 av. J.-C., fils de Caius et de Aurelia Cotta, également d’origine patricienne. Malgré les sources historiques, la date précise de cette naissance reste incertaine : le 12 juillet<ref>Macrobe, Saturnales, I, 12 : Modèle:Citation bloc Pour Macrobe César naquit le 12. Cette date est confirmée par les Fasti Amiterni (le 12 juillet était considéré comme férié parce César était né ce jour-là) et les Fasti Antiates.</ref> ou le 13 juillet<ref>Dion Cassius (XLVII, 18, 6) raconte que les jeux en l’honneur d’Apollon tombant le jour de l’anniversaire de César, les triumvirs ordonnèrent en 42 de le célébrer la veille car les Livres Sibyllins interdisaient que l’on fêtât ce jour-là un autre dieu qu’Apollon. La veille, c’est-à-dire le 12. Pour Cassius Dion, César était donc né le 13. </ref> 100 av. J.-C.<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine Livre II, 41,2 : Modèle:Citation bloc En effet, l’avènement de Sylla avait eu lieu en -82, ce qui donne bien -100 comme date de naissance possible pour César.</ref>,<ref>Plutarque, Vie de César, LXXV :Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Suétone, Vie des douze César - César, 88 :Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Appien, Guerres Civiles, livre II, 149 : Modèle:Citation bloc</ref> ou 102 av. J.-C.<ref>Eutrope, Abrégé d’Histoire Romaine, livre VI, 24 : Modèle:Citation bloc</ref>,<ref>Les conditions d’âge pour accéder aux différentes magistratures du cursus honorum semblent démontrer que César serait né en 102 av. J.-C.

Titre Année Âge mini requis Si né en 100 Si né en 102
édile 65 37e année 35e année 37e année
préteur 62 40e année 38e année 40e année
consul 59 43e année 41e année 43e année

</ref>.

Selon Tacite, en mêlant dévouement maternel et ferme discipline, sa mère Aurelia donne à Caius et ses deux sœurs Julia une éducation exemplaire<ref>Tacite, Dialogue des orateurs, 28, 6</ref>. Cicéron attribuera à cette éducation familiale et à des études assidues l’élégance du latin de César et la qualité de son éloquence<ref>Cicéron, Brutus</ref>. Plutarque et Suétone souligneront aussi son art des relations en société tout au long de sa vie : amabilité et politesse envers ses hôtes, prodigalité sans retenue, savoir-vivre et bonne tenue dans les banquets (Caton, qui pourtant le déteste, lui accorde qu’il est le seul ambitieux qui ne s’enivre pas), conversation brillante et cultivée<ref>Cicéron, Lettres à Atticus</ref>. Ces qualités de séduction seront ses premiers atouts dans la vie publique romaine.

Son père, Caius, ne dépasse pas, dans sa carrière politique, le rang de préteur en 92 av. J.C., et décède subitement un matin en mettant ses chaussures<ref name="pline1">Pline l’Ancien, Histoires naturelles, Livre VII, 53</ref>, César est alors âgé de quinze ans<ref>Suétone, Vie des douze César - César, 1</ref>. Son oncle, Sextus Julius Caesar III, obtient le consulat en 91 av. J.C. mais meurt au siège d’Asculum lors de la Guerre sociale.

La jeunesse de César

La jeunesse de Jules César s’inscrit dans un contexte de violentes luttes politiques qui opposent les optimates aux populares. Les premiers maintiennent une ligne conservatrice et aristocratique qui place le sénat romain au cœur de la République. Les seconds veulent satisfaire les revendications sociales et accorder plus de place politique aux Italiens et aux provinciaux.

Jules César grandit ainsi au milieu de troubles sanglants (Première guerre civile) : combats de rue à Rome en 88 av. J.C. entre les partisans de Marius, chef des populares, et ceux de Sylla, puis victoire des légions de Sylla sur les marianistes aux portes de Rome en 82 av. J.C., suivie d’impitoyables chasses à l’homme contre les proscrits du camp adverse.

Ses relations familiales placent Jules César parmi les populares dans le jeu politique romain. Sa tante Julia fut l’épouse du consul Marius et lui-même épouse en 84 av. J.-C Cornelie Cinna la fille de Cinna, successeur de Marius. Malgré ces alliances familiales, Jules César ne semble pas s’être joint aux marianistes les plus extrémistes lors de la guerre civile qu’ils menèrent contre Sylla. Il est possible que César ait suivi les modérés lorsqu’ils se rallient à Sylla<ref>Hypothèse émise par François Hinard, Sylla, Fayard, 1985, (ISBN 2-213-01672-0 )p 130 </ref>.

Sylla exige que César divorce de Cornelie Cinna et rompe ainsi ses derniers liens avec les marianistes. César refuse, et doit se cacher, jusqu’à ce que de puissants protecteurs, dont son oncle Aurelius Cotta, fassent fléchir Sylla et cesser la traque. Prudent, César quitte Rome <ref>Plutarque rapporte sans autres précisions que César encore traqué s’évade et se retire en Bithynie (Plutarque, Vie de César, 1), tandis que Suétone donne des détails qui permettent de comprendre pourquoi César se rend en Bithynie (Suétone, Vies des douze Césars - César, 2) </ref>. Il s’enrôle vers 80 av. J.-C. dans l’armée et rejoint avec le préteur Marcus Minucius Thermus le théâtre d’opérations militaires en Asie, où Lucullus assiège Mytilène, capitale de Lesbos qui s’était ralliée à Mithridate VI. César reçoit mission de demander au roi de Bithynie Nicomède IV le renfort de sa flotte. Suétone se fait l’écho d’une rumeur sur la réputation de César, rapportant qu’il aurait eu des relations sexuelles passives avec Nicomède, vice le plus méprisable aux yeux des Romains. Cette suspicion, qui peut être une lourde et classique plaisanterie entre soldats, plutôt qu’une réalité indémontrable, suivra César, depuis les commentaires insultants de ses adversaires jusqu’à son triomphe final<ref>Suétone, Vies des douze Césars - César, 2 et 49</ref>.

Lors de la prise de Mytilène, César accomplit un exploit que les historiens ne précisent pas, mais qui lui vaut en récompense une couronne civique, la plus glorieuse décoration militaire, habituellement décernée pour avoir sauvé au combat la vie d’un concitoyen. César sert encore en Cilicie sous les ordres de Servilius Isauricus, puis est démobilisé.

A la mort de Sylla en 79 av.J.-C., César demeure quelque temps en Asie. Lors de son trajet sur la mer Égée, il est enlevé par des pirates de Cilicie qui réclament une rançon de vingt talents d'or. César déclare en valoir cinquante, et promet de revenir exécuter les pirates après sa libération, ce qu'il fait effectivement. Puis il perfectionne son éloquence auprès du célèbre rhéteur grec Molon de Rhodes<ref>Plutarque, Vie de César, 2 et 3 ; Suétone, Vies des douze Césars - César, 4</ref>.

De retour à Rome, il débute sa vie publique par un coup d’audace : il attaque en justice le proconsul Gnaeus Cornelius Dolabella qui vient d’achever son mandat, et l’accuse de concussion. Malgré l’éloquence de César et les nombreux témoins à charge qu’il cite, la cible a trop de poids politique : Dolabella est acquitté, probablement par solidarité de classe avec ses juges tous issus du Sénat<ref>Plutarque et Suétone sont en désaccord complet sur la chronologie : Plutarque place l’enlèvement par les pirates et les cours de Molon avant le retour de César à Rome et l’affaire Dolabella, tandis que Suétone situe un bref séjour à Rome et le procès Dolabella en premier, puis l’épisode des pirates et les études de rhétorique auprès de Molon.</ref>.

L’ascension de César

César développe activement ses relations, dépensant beaucoup en réceptions, et entame le parcours politique classique (cursus honorum) : tribun militaire, questeur en 69 av. J.-C. en Espagne, puis édile en 65 av. J.-C., il capte la faveur du peuple en rétablissant le pouvoir des tribuns de la plèbe et en relevant les statues de Marius. Chargé de l’organisation des jeux, il emprunte massivement pour en donner de spectaculaires, alignant selon Plutarque le nombre record de 320 paires de gladiateurs<ref>Plutarque, Vie de César, 5</ref>.

Parallèlement, César poursuit son activité judiciaire, pour des causes qui flattent le courant des populares. En 64 av. J.-C., il intente des procès contre d’anciens partisans de Sylla, fait condamner Lucius Liscius et Lucius Bellienus, payés pour avoir ramené la tête de proscrits. Mais il échoue contre Catilina, les jurés se refusant à condamner un membre de la vieille famille des Cornelii<ref>Dion Cassius, Histoire romaine, livre XXXVII, 10</ref>. L’année suivante en 63 av. J.C., avec l’aide du tribun de la plèbe Titus Labiénus, César tente un coup juridique extravagant en accusant de haute trahison le vieux sénateur syllanien Gaius Rabirius pour des faits anciens de trente-sept ans : le meurtre du tribun de la plèbe Saturninus. L’affaire est sans précédent depuis le légendaire procès d’Horace. Cicéron assure la défense de Rabirius (Pro Rabirio), mais les deux juges désignés par le préteur ne sont autres que César lui-même et son cousin Sextus. Rabirius est condamné, mais fait appel au peuple romain, son jugement devant les comices est reporté puis l’affaire est finalement abandonnée<ref>Dion Cassius, Histoire romaine, livre XXXVII, 27 ; François Hinard, Sylla, ouvrage précité, p 249-250</ref>.

César se fait élire en 63 av. J.-C. au titre de pontifex maximus grâce à une campagne financée par Crassus. Il dépense d’importantes sommes d’argent et contracte de nombreuses dettes, afin de remporter les suffrages des comices tributes, contre deux rivaux redoutables (Servilius Isauricus et [[Quintus Lutatius Catulus (consul en -7Image:Cool.gif|Q. Catulus]]), plus âgés et plus dignes que lui<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 13</ref>,<ref>Plutarque, Vie de César, 7 </ref>. Selon l’usage, César s’installe dans la demeure du pontife à la Regia, et exercera la fonction de grand Pontife jusqu’à sa mort.</br>

Désigné préteur urbain pour l’année suivante au moment de la conjuration de Catilina (63 av. J.-C.)<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 14</ref>, il ne fait rien pour la prévenir et est soupçonné de connivence<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 17</ref>. Salluste, qui est un partisan de César, attribue ces soupçons à des manœuvres calomnieuses de Q. Catulus et C.Pison, adversaires politiques de César. Appien considère pour sa part que Cicéron n’ose pas mettre en cause César en raison de sa popularité<ref>Appien, Guerres civiles, livre II, 6</ref>. Lors du vote au Sénat sur le sort des complices de Catilina, César s’oppose à leur exécution immédiate en plaidant l’illégalité d’une exécution sans jugement, mais son avis est mis en minorité après l'intervention de Caton<ref>Salluste, Conjuration de Catilina, XLIX et LI</ref>.</br>

Envoyé comme propréteur en Bétique (Espagne) en 60 av. J.-C., il ne peut partir qu’après avoir donné des cautions à ses créanciers<ref>Plutarque, Vie de César, 12 ; selon Appien, César avait 25 millions de sesterces de dettes – Appien, Guerres civiles, II, 8</ref>. Son départ précipité de Rome est motivé par sa volonté d’échapper à une action judiciaire éventuellement engagée à la fin de sa charge. César mène son premier commandement par une offensive contre les peuples ibères encore insoumis. Après avoir pacifié la province, il revient à Rome afin d’y défiler en triomphe pour son succès militaire puis de briguer le consulat. Mais les préparatifs du triomphe lui imposent de stationner hors de Rome, tandis qu’il doit y être présent pour poser sa candidature dans les délais. Il demande une dérogation, que Caton fait traîner en palabres. César doit choisir, et renonce à son triomphe pour viser le consulat<ref>Appien, Guerres civiles, II, 8 ; Suétone, Vie des douze Césars - César, 18</ref>.

Triumvirat et Consulat

L’homme le plus en vue à cette date est Pompée, après sa victoire en Orient contre le roi Mithridate VI Eupator. Cette campagne a permis à Rome de s’étendre en Bithynie, au Pont et en Syrie. Pompée revient couvert de gloire avec ses légions mais conformément à la règle, il les licencie après avoir reçu le triomphe, en 61 av. J.-C..

Au faîte de la gloire, Pompée demande des terres pour ses anciens soldats et la confirmation des avantages qu’il a promis pour les cités et princes d’Orient, mais le Sénat refuse. César exploite opportunément la déception de Pompée, le rapproche de Crassus, et forme avec eux le premier triumvirat<ref>Appien, Guerres civiles , II, 9</ref>. Cet accord secret scelle une alliance entre les trois hommes, chacun s’abstenant de réaliser des actions nuisibles à l’un des trois<ref name="Su19">Suétone, Vie des douze Césars - César, 19</ref>. César renforce peu après cette alliance en mariant sa fille Julia à Pompée.

Grâce au financement de sa campagne électorale par Crassus, César est élu consul en 59 av. J.-C., en ralliant notamment à sa cause Lucius Lucceius un de ses éventuels compétiteurs<ref name="Su19"/>. Durant son mandat, il ne laisse à son collègue le conservateur Marcus Calpurnius Bibulus qu’une ombre d’autorité. Bibulus et Caton multiplient les actions d’obstruction contre César, mais ils sont chassés du forum lors de la promulgation d’une loi agraire. Suite à cet incident, Bibulus se retire chez lui jusqu’à la fin de son mandat, laissant le pouvoir à César qui l’exerce seul<ref>Plutarque, Vie de César, 14</ref>,<ref name="Su20">Suétone, Vie des douze Césars - César, 20</ref>. L’historien romain Suétone rapporte quelques vers décrivant la situation politique :</br> « Ce que César a fait, qui d’entre nous l’ignore ? - Ce qu’a fait Bibulus, moi je le cherche encore. »

César peut désormais légiférer comme un tribun, selon l’expression de Plutarque, satisfaire les revendications des populares, rendre des gages à Pompée et gagner de nouveaux soutiens auprès des chevaliers et des provinciaux : passant outre les protestations des sénateurs Lucullus et Caton, il fait ratifier les initiatives de Pompée qui avait réorganisé les principautés du Moyen-Orient sans demander l’avis du Sénat ; il promulgue plusieurs lois agraires : distribution aux vétérans de Pompée de parcelles des terres publiques (l’ager publicus), faisant de Capoue une colonie romaine, achat de terres à des particuliers qui sont ensuite distribuées à Modèle:Formatnum:20000 citoyens pauvres. La diminution d’un tiers du fermage dû par les publicains à l’État est une aubaine pour les chevaliers, affairistes et banquiers (lex de publicanis) <ref>Pour cette série de mesures, cf. Appien, Guerres civiles, II, 13, Dion Cassius, XXXVIII, 7, et Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 44</ref>. Sa loi contre la concussion (lex Iulia de repetundis) permet enfin de sanctionner d’amendes les gouverneurs de province qui monnayent leurs interventions ou se livrent à des exactions financières<ref>Digeste, XLVIII, 11</ref>. Enfin, il place le Sénat sous le contrôle de l’opinion publique, en faisant publier les comptes-rendus de séance (Actus senatus)<ref name=Su20/>.

Cette activité politique va de pair avec une activité mondaine soutenue : Suétone<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 50</ref> prête à César entre autres maîtresses les épouses de Crassus et Pompée, et, ce qui paraît mieux attesté, Servilia la demi-sœur de Caton<ref>Selon Appien, Servilia mit au monde Marcus Junius Brutus lorsque César était son amant, d’où l’hypothèse d’une paternité (Appien, Guerres civiles, II, 112</ref>. Plus officiellement, César épouse Calpurnia, fille de Calpurnius Pison, consul désigné pour l’année suivante, ce qui lui assure une future protection politique. César se fait un autre allié dans la personne de Clodius Pulcher, qui avait pourtant courtisé sa précédente épouse, en satisfaisant une requête qui lui tenait à cœur : troquer son rang de patricien pour celui de plébéien et postuler ainsi à l’élection de tribun de la plèbe.

César profite de sa popularité pour préparer l’étape suivante de sa carrière : normalement, le Sénat prolonge le mandat d’un consul par le proconsulat d’une province pour un an. César contourne cette règle avec l’aide du tribun de la plèbe Vatinius : celui-ci fait voter par le peuple un plébiscite qui confie à César et pour cinq ans deux provinces, la Gaule cisalpine et l’Illyrie, avec le commandement de trois légions (lex Vatinia). Pour sauver une apparence d’autorité, le Sénat lui accorde en plus la Gaule transalpine et une quatrième légion<ref name="Su22">Suétone, Vie des douze Césars - César, 22 </ref>.

Suétone rapporte que César, se vantant devant le Sénat d’être enfin parvenu à ses objectifs, et promettant une victoire éclatante en Gaule, reçut un outrage d’un de ses nombreux adversaires qui s’écria « Cela ne sera pas facile à une femme ». César répliqua que cela n’avait pas empêché Sémiramis de régner sur l’Assyrie, et les Amazones de posséder jadis une grande partie de l’Asie<ref name="Su22"/>.</br>

Proconsul en Gaule

Image:Caesar campaigns gaul-fr.svg
Les campagnes militaires de Jules César en Gaule

Dès la fin de son consulat, César gagne rapidement la Gaule, tandis que le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius le citent en justice pour répondre à l’accusation d’illégalités commises pendant son mandat. En fin juriste, César fit objecter par les autres tribuns qu’il ne pouvait être cité en application de la loi Memmia<ref>loi citée par Valère Maxime, Actions et Paroles mémorables, livre III, VII, 9</ref>, qui interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République. Pour éviter toute autre mise en cause devant la justice, César s’appliquera durant son proconsulat à demeurer dans ses provinces. Il passe ainsi chaque hiver en Gaule cisalpine, où il reçoit partisans et solliciteurs et s’assure chaque année d’avoir parmi les élus à Rome des magistrats qui lui soient favorables<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 23</ref>. La gestion de ses affaires à Rome même est confiée à son secrétaire Lucius Cornelius Balbus, un chevalier d’origine espagnole, avec qui il échangera par précaution des courriers chiffrés<ref>Aulu-Gelle, Nuits attiques, livre XVII, 9</ref>.

Dès le début de son proconsulat, César engage la conquête de la Gaule en profitant de la migration des Helvètes en mars 58 av. J.-C.. Cette expédition militaire est motivée par ses ambitions politiques, mais aussi par des intérêts économiques qui associent les Romains à certaines nations gauloises clientes de Rome (Eduens, Arvernes, etc.).

Tout en menant ses campagnes, César maintient ses relations avec la classe politique romaine : Quintus, frère de Cicéron commande une légion en Belgique <ref>Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres V, VI, VII</ref>, Publius et Marcus, les fils de Crassus interviennent en Belgique puis en Aquitaine<ref>Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livres I, III, V, VI, VIII</ref> ; Lucius Munatius Plancus <ref>Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre V, 24-25</ref>, et Marc Antoine seront à Alésia<ref>Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre VII, 81, VIII</ref>.

A Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’ami du peuple romain, accordée lors du consulat de César, a scandalisé Caton, qui proclame qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains<ref>Suétone, César, 26</ref>. César se justifiera longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié »<ref>Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre I, 35, 40, 45</ref>.

En 56 av. J.-C., Lucius Domitius Ahenobarbus, candidat au consulat soutenu par Caton et par Cicéron, met à son programme la destitution et le remplacement de César. Toujours obligé de se cantonner en Gaule, César réunit à Lucques Crassus, Pompée et tous les sénateurs qui les soutiennent. Ils renouvellent tous trois leur accord et définissent un partage des provinces<ref>Plutarque, Vie de Pompée, 53</ref>. Ahenobarbus et Caton sont agressés en plein forum et empêchés de faire campagne. Pompée et Crassus profitent de l’appui de César pour remporter les élections et être élus pour un second consulat en 55 av. J.-C. <ref name="Pl54">Plutarque, Vie de Pompée, 54</ref>. Cicéron a des obligations envers Pompée, que celui-ci lui rappelle vertement par l’intermédiaire de son frère Quintus<ref>Cicéron, Ad Familiares, lettre à Lucullus</ref>. Cicéron s’incline et soutient la prorogation du gouvernement de César pour cinq nouvelles années<ref>Cicéron, discours de Provinciis Consularibus</ref>

À l’issue de leur consulat en 54 av. J.-C., chacun reçoit le gouvernement d’une province : Crassus part en Asie chercher une gloire militaire qui égale celles de Pompée et de César, l’Espagne et l’Afrique sont attribuées à Pompée, qui préfère rester à Rome, centre du pouvoir, et envoie ses légats gouverner. Sur les quatre légions qui lui sont attribuées, Pompée en prête deux à César, qui a besoin de renforts<ref name="Pl54"/>.

Pendant son second mandat, en 55 av. J.-C., César traverse la Manche et réalise une première incursion en Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne)<ref>Jules César, La Guerre des Gaules - Livre IV </ref>, terre inconnue et quasi mythique pour les Romains de l’époque<ref>Plutarque, Vie de César, 26</ref>. Ultérieurement, il réalise un autre exploit par une démonstration militaire au-delà du Rhin. Mais à partir de l’hiver 54/53, la situation en Gaule se détériore, et des révoltes se multiplient.

En 53 av. J.-C., la défaite et la mort de Crassus et de son fils Publius à la bataille de Carrhes contre les Parthes, et la mort de Julia, fille de César et épouse de Pompée, et de l’enfant qu’elle avait eu de Pompée défont les liens du triumvirat<ref>Plutarque, Vie de Pompée, 55</ref>,<ref name="PaterculusII47">Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 47</ref>. César propose à Pompée la main de sa petite-nièce Octavie, et demande en mariage la fille de Pompée, mais ces offres d’alliances matrimoniales n’aboutissent pas<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 27</ref>.

Le début de l’année 52 av. J.-C. est difficile pour César : la révolte en Gaule se généralise sous l’impulsion de l’Arverne Vercingétorix. À Rome, les désordres sont tels que Pompée est nommé consul unique, avec l’assentiment de Caton et des conservateurs. Pompée épouse Cornélie, la jeune veuve de Publius Crassus et la fille du conservateur Metellus Scipion, qu’il prend au milieu de l’année comme collègue au consulat<ref>Plutarque, Vie de Pompée, 56-59</ref>. Pompée est désormais le défenseur du clan des conservateurs.

Image:Vercingetorix caesar.jpg
Vercingétorix dépose les armes aux pieds de Jules César à l’issue du siège d’Alésia. Tableau de Lionel-Noël Royer, 1899.

En 52 av. J.-C., Jules César remporte une victoire décisive au siège d’Alésia, où il reçoit la reddition de Vercingétorix<ref>Plutarque, Vie de César, 30</ref>. En 51 av. J.-C., après avoir étouffé les derniers foyers de révolte, César affirme la souveraineté de Rome sur les territoires de la Gaule situés à l’ouest du Rhin.</br> Selon Velleius Paterculus, en neuf campagnes, on n’en trouverait à peine une où César n’aurait pas mérité le triomphe, et il massacra plus de quatre cent mille ennemis et en fit prisonniers un plus grand nombre encore<ref name="PaterculusII47"/>. Pour Plutarque, la conquête de la Gaule fut l’une des plus grandes victoires de Rome et place son commandant César au rang des plus illustres généraux romains, tels les Fabius, les Métellus, les Scipions<ref name="Pl16">Plutarque, Vie de César, 16</ref>.</br> « En moins de dix ans qu’a duré sa guerre dans les Gaules, il a pris d’assaut plus de huit cents villes, il a soumis trois cents nations différentes, et combattu, en plusieurs batailles rangées, contre trois millions d’ennemis, dont il en a tué un million, et fait autant de prisonniers. »<ref name="Pl16"/>

Tandis qu’il termine son mandat de proconsul, César prépare son retour à Rome par la conquête de l’opinion romaine : il répond aux critiques sur sa conduite de la guerre par la publication de ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, sobre compte-rendu où il se présente à son avantage, puis en 51 av. J.C., il annonce la construction d’un magnifique et nouveau forum, financé par le butin des Gaules. L’objectif du César est maintenant de se présenter aux élections de 50 av. J.C. pour un second consulat en 49 av. J.C., conformément à la loi qui impose un intervalle de dix ans entre chaque consulat. Pour éviter l’attaque en justice que lui a juré Caton et qui l’empêcherait de faire campagne, il lui faut conserver son mandat de proconsul en Gaule, et être candidat malgré son absence de Rome.

Le bras de fer politique

Image:Pompée.jpg
Cnaeus Pompeius Magnus, Pompée, l’adversaire de César

À Rome, les conservateurs vont tout faire pour empêcher le projet de candidature de César. En 50 av. J.C., César mène sa politique à distance depuis la Gaule cisalpine : il fait élire Marc Antoine tribun de la plèbe pour l’année suivante. Soldant les dettes du tribun de la plèbe Curion, il le fait lâcher Pompée et passer de son côté<ref>Plutarque, Vie de César, 32</ref>. Enfin, il neutralise un des consuls, Lucius Aemilius Paullus, en lui versant des fonds nécessaires à la réfection de la basilique Aemilia sur le forum<ref>Appien, Guerres civiles, II, 26</ref>. En revanche son lieutenant Servius Sulpicius Galba, candidat au consulat pour 49 est battu, et les consuls élus L. Cornelius Lentulus Crus et Caius Claudius Marcellus lui sont farouchement hostiles. Les conservateurs s’activent eux aussi, et prennent des contacts avec Labiénus, le meilleur lieutenant de César<ref>Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, livre VIII, 50</ref>.

À la fin de l’année 50 av. J.C., les premières passes d’armes restent dans la voie légale et se déroulent au Sénat. Le tribun Curion propose que Pompée et César licencient simultanément leurs troupes, les consuls s’y opposent<ref>Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, VIII, 52 ; Appien, Guerres civiles, II, 27-28</ref>. Le Sénat décide que Pompée et César envoient chacun une légion pour préparer la guerre contre les Parthes. Pompée choisit la IModèle:Ère légion, qu’il avait prêtée à César, César renvoie la XVe, et doit se dessaisir ainsi de deux légions (il en conserve néanmoins neuf, dont une l’accompagne en Gaule cisalpine tandis que les autres hivernent en Gaule)<ref>Hirtius, Commentaires sur la guerre des Gaules, VIII, 54, 55</ref>. Pompée envoie ces deux légions prendre leurs quartiers d’hiver en Italie du sud. En chemin, leurs officiers se livrent à un intense travail de désinformation, affirmant que César était devenu odieux et détesté par ses soldats, et induisent Pompée à le sous-estimer<ref>Plutarque, Vie de César, 33</ref>.

Toujours par l’intermédiaire de Curion et Marc Antoine, désormais tribun, César tente une nouvelle proposition : il accepte de ne conserver que deux légions et le gouvernement de la Gaule cisalpine et de l’Illyrie, pourvu qu’on accepte sa candidature au consulat. Malgré la recherche d’un compromis par Cicéron, Caton refuse qu’un simple citoyen impose ses conditions à l’État, le nouveau consul Lentulus s’emporte et fait expulser du Sénat Curion et Marc Antoine. L'historien Velleius Paterculus accusera Curion d'être responsable de cette rupture, tandis que Appien présentera Marc Antoine comme l'initiateur du clash. Selon Plutarque, « C’était donner à César le plus spécieux de tous les prétextes » : s’en prendre aux tribuns de la plèbe, les représentants sacro-saints du peuple ! Le Sénat décrète que César doit abandonner son poste de gouverneur et revenir à Rome en simple particulier<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 49</ref>.

La guerre civile

César peut se présenter comme la victime de l’acharnement des conservateurs et comme le défenseur des tribuns de la plèbe<ref>Jules César, Commentaire sur la guerre civile, I</ref>. Prenant l’initiative de l’illégalité, il décide en janvier 49 av. J.-C. de pénétrer en armes en Italie, et franchit le Rubicon, rivière marquant la frontière entre l’Italie et la Gaule cisalpine. Plutarque et Suétone mettent en scène ce tournant historique et attribuent à César la citation « Alea jacta est » (« Le sort en est jeté. »), signifiant qu’il tentait la destinée<ref>Plutarque, Vie de César, 37 Suétone, Vie des douze Césars - César, 32, repris par Appien, Guerres civiles, livre 2, 38</ref>. Pour César, il n’y a plus que deux issues : la mort et le déshonneur ou la victoire et le pouvoir. Il mise sur l’audace et la rapidité de ses déplacements militaires et sur l’expérience et la fidélité de ses légions, et se démarque des atrocités de la précédente guerre civile par sa politique de clémence, n’exerçant ni proscriptions ni représailles.

Image:Searchtool.svg Article détaillé : Alea jacta est.

César progresse rapidement vers Rome sans rencontrer de résistance, et ajoute à ses forces les trois légions que Pompée avait commencé à lever. Pompée récupère des troupes à Capoue, et se replie sur Brindisi d’où il écrit à tous les gouverneurs de provinces de mobiliser contre César. Les consuls, Caton, Bibulus et même les sénateurs modérés comme Cicéron fuient en hâte, rejoignent Pompée à Brindisi et s’embarquent pour Dyrrachium en Epire<ref>Appien, Guerre civiles, livre II, 37-38</ref>. Sans flotte, César ne peut les poursuivre. </br> Pendant les quelques jours qu’il passe à Rome, il rassure les sénateurs restés sur place, offre au peuple une distribution de blé, promet un don de 75 deniers à chaque citoyen et accorde la citoyenneté romaine aux habitants de la Gaule cisalpine. Reconnaissant, le peuple le fera désigner dictateur pendant son absence. Assuré du soutien de l’Italie, il confie la gestion de Rome à Lépide, envoie Curion s’emparer de la Sicile et de la Sardaigne, garantissant le ravitaillement de Rome en blé, libère l’ex-roi juif Aristobule II afin de l’envoyer en Syrie avec deux légions et empêcher Pompée de mobiliser des troupes. Mais les partisans de Pompée empoisonnent Aristobule<ref>Flavius Joseph, Antiquités juives, livre VIII, VII, 4</ref>. César va lui-même en Hispanie soumettre les légats de Pompée. Quand l’année 49 av.J.C. se termine, César est maître de l’Italie, des Gaules et des Espagnes, mais ses lieutenants ont subi des revers : Curion s’est fait tuer en Afrique, Gaius Antonius a été fait prisonnier en Illyrie, et son meilleur lieutenant Titus Labiénus a rejoint le camp de Pompée, qui a levé une armée sur les provinces d’Orient et les royaumes alliés de Rome. La flotte pompéeinne contrôle l’Adriatique, prête à débarquer en Italie.

L’année suivante en janvier 48 av. J.-C., César est officiellement élu consul ; poursuivant sa stratégie fondée sur l’initiative et la rapidité de mouvement, il prend un risque considérable en traversant l’Adriatique pendant l’hiver et surprend Pompée en Épire. Mis en difficulté lors du siège de Dyrrachium où il a enfermé Pompée pendant quatre mois, César doit se replier, attirant Pompée en Thessalie. En août 48 av. J.-C., poussé par son entourage, Pompée accepte la bataille rangée. Malgré l’avantage du nombre, il est battu à Pharsale. Cicéron et Brutus se rendent à César, qui les accueille chaleureusement. Caton et Labienus fuient en Afrique, Pompée se réfugie en Asie, puis à Chypre d’où il gagne l’Égypte, pensant trouver de l’aide chez le jeune pharaon dont il avait autrefois protégé le père<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 51-53</ref>.

César parvient à Alexandrie début octobre 48 où il trouve le corps de Pompée, assassiné sur l’ordre du jeune Ptolémée XIII<ref name="Su35">Suétone, Vie des douze Césars - César, 35</ref>. César passe l’hiver 48/47 à Alexandrie, et la guerre s’engage alors entre Ptolémée et César. Ce dernier n’a qu’un faible effectif et doit mener un combat difficile ; lors d’un engagement dans l’île de Pharos, il est même obligé de fuir à la nage. Il sort vainqueur de l’affrontement en mars 47, et détrône le jeune souverain au profit de Cléopâtre VII et du plus jeune de ses frères<ref name="Su35"/>, <ref>Plutarque, Vie de César, 54-55</ref>.

Image:Caesar campaigns from Rome to Thapsus-fr.svg
Périple de César de fin 47 av. J.-C. à février 46 av. J.-C. - Le passage de César en Afrique et la bataille de Thapsus.

D’Égypte, César se rend en Asie (juillet – août 47 av. J.-C.), afin de réprimer Pharnace, fils de l’ancien roi du Pont Mithridate, qui a profité de la guerre civile pour reconquérir des territoires et réaffirmer son autorité. Le cinquième jour de son arrivée, en quatre heures de combat et en une seule bataille (Bataille de Zéla), César écrase et détrône Pharnace<ref name="Su35"/>. À cette occasion il écrivit au Sénat ces mots célèbres : Veni vidi vici pour exprimer la facilité avec laquelle il était venu à bout de son adversaire<ref name="Plu56">Plutarque, Vie de César, 56</ref>.

De retour en Italie, César doit faire face à l’insubordination des soldats cantonnés en Campanie. Il les reçoit à Rome, et parvient à les ramener à l’ordre sous la menace de les licencier<ref>Dion Cassius, Histoire de Rome, livre XLII, 52-55</ref>.

Puis, César passe en Afrique fin 47 av. J.-C., où il passe l’hiver. Il détruit à la bataille de Thapsus l’armée républicaine que commandent Metellus Scipion et Caton d’Utique et leur allié le roi numide Juba Ier (février 46 av. J.-C.)<ref>Plutarque, Vie de César, 58</ref> ; Metellus Scipion et Juba meurent dans la bataille, Caton se suicide à Utique pour éviter d’être capturé, Labiénus se réfugie en Espagne. L’annexion de la Numidie s’ajoute aux conquêtes de César.

Le triomphe

Lorsque César revient à Rome, la paix est revenue, l’Italie n’a pas connu les atrocités des précédentes guerres civiles. Tous les écrivains loueront la clémence de César, qui a accueilli sans restriction les pompéiens qui se rendaient et n’a exercé aucune proscription contre la classe politique. César peut annoncer au peuple que l’annexion des Gaules et de la Numidie et le protectorat sur l’Égypte vont permettre d’obtenir du blé et de l’huile en abondance et définitivement résoudre les problèmes de ravitaillement de Rome.

En août et septembre 46, César célèbre par un quadruple triomphe ses victoires sur les Gaules, le Pont, l’Égypte et la Numidie. La durée et le faste des cérémonies, l’énormité du butin éclipsent tous les triomphes précédents. À chaque cérémonie, César vêtu de pourpre parcourt en char la Voie Sacrée, suivi du butin, des captifs<ref>Captifs dont Vercingétorix, pour la Gaule, Arsinoé II pour l’Égypte et le jeune fils de Juba pour la Numidie</ref>, des soldats qui ont toute liberté pour scander les plaisanteries les plus osées sur son compte. Pour monter au Capitole offrir un sacrifice au temple de Jupiter Capitolin, le char de César passe entre deux rangées d’éléphants qui tiennent des flambeaux.

César offre au peuple des représentations théâtrales, des courses, des joutes d’athlètes, des spectacles de chasse et de gladiateurs, des reconstitutions de combat terrestre et nautique, cette dernière est la première naumachie montrée à Rome. Des banquets publics réunissent près de Modèle:Formatnum:200000 convives<ref>Modèle:Formatnum:22000 tables de trois lits selon Plutarque, Vie de César, 60</ref>. La vente du butin rapporte plus de 600 millions de sesterces<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 56</ref>, et l’argent est distribué à flot : les 75 deniers que César avait promis sont donnés à chaque citoyen, avec 25 deniers de plus pour compenser le retard, les légionnaires reçoivent Modèle:Formatnum:24000 sesterces chacun, et des lots de terre. Les loyers de moins de 1000 sesterces à Rome et moins de 500 sesterces en Italie sont annulés<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 38</ref>.

La plupart des revendications des populares sont maintenant satisfaites, et César entreprend les réformes nécessaires à l'administration du monde romain. Il fait procéder à un recensement, et ajuste à la baisse le nombre d’allocataires des distributions de blé. Il compense cette mesure en installant 80 000 citoyens pauvres et des soldats démobilisés dans de nouvelles colonies dans les provinces, dont Carthage et Corinthe qu’il fait reconstruire.

Le pouvoir absolu

Image:Caesar campaigns from Rome to Munda-fr.svg
Périple de César de décembre 46 av. J.-C. à avril 45 av. J.-C. - L'arrivée de César en Hispanie (Espagne) et la bataille de Munda.

La paix ne dure que quelques mois. En 46 av. J.C., les dernières forces du parti pompéien s’insurgent en Espagne, menées par Pompée le Jeune, fils de Pompée, et Titus Labiénus. Consul pour la quatrième fois, César arrive à marches forcées en Espagne en décembre 46 av. J.C.. Cette guerre est longue et sans merci, avec des exécutions de part et d’autre. César achève en avril 45 av. J.C. ses dernières adversaires à Munda, dans la bataille la plus acharnée des guerres civiles<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 55</ref>. Retardé par une maladie, son jeune neveu Octave le rejoint en Espagne malgré les dangers du trajet, geste que César apprécie hautement. Dans le dernier testament qu’il rédige, il déclare adopter Octave et le désigne comme héritier principal avec comme autre héritier Quintus Pedius, son autre neveu qui a combattu à ses côtés en Espagne <ref>Suétone, Vie des douze Césars, Auguste, 8</ref>.

Revenu à Rome en octobre 45 av. J.-C., César y célèbre son cinquième triomphe. César commet là une erreur politique que Plutarque soulignera<ref>Plutarque, Vie de César, 62</ref> : la règle veut qu’un triomphe honore une victoire sur un peuple ennemi de Rome, ce qui n’est pas le cas dans cette guerre civile. Ni Pompée vainqueur de Sertorius, ni Sylla vainqueur des marianistes n’avaient célébré de triomphe. De plus, César accorde deux autres triomphes, à Fabius et son neveu Quintus Pedius<ref>Dion Cassius, livre XLIII, 42</ref>. Là encore, c’est une entorse aux usages qui réservent le triomphe au général doté de l’imperium et non à ses lieutenants.

César, nommé dictateur pour dix ans, est désormais le centre du pouvoir ; il reconstitue les effectifs du Sénat, en radie quelques sénateurs responsables de concussion dans leur province, et y inscrit des Gaulois cisalpins et des Espagnols, une première qui marque le début de la promotion des provinciaux. Il nomme lui-même les magistrats, sauf les tribuns de la plèbe et les édiles plébéiens, encore élus, et désigne des consuls pour quelques jours de charge seulement. Obtenir un titre, un avantage ou une faveur dépend de son approbation. Ainsi, Cicéron par des discours emplis d’adulation où il qualifie la clémence de César de "divine" fait gracier plusieurs de ses amis<ref>Cicéron, Discours Pro Marcello, Pro Q. Ligario, Pro Rege Deiotarus</ref>.

Cicéron propose de décerner à César des honneurs, les autres sénateurs suivent en une surenchère de plus en plus excessive. Ainsi César reçoit le nom de Liberator et le titre d’Imperator transmissible à ses descendants, quoique qu’il n’ait plus d’enfant<ref>Dion Cassius, XLIII, 43</ref>. Il réforme le calendrier, on renomme le mois de Quintilis de son nom de famille<ref name="Su40">Suétone, Vie des douze Césars - César, 40</ref>. Pompée avait eu l’honneur de porter les emblèmes du triomphe, robe pourpre et couronne de lauriers, lorsqu'on célébrait des jeux à Rome. César reçoit le même honneur, mais à titre permanent ; il peut siéger sur un siège plaqué d’or. Certains privilèges accordés par les sénateurs vont jusqu’à l’extravagance, comme l’autorisation d’avoir commerce avec toutes les femmes qu’il voudra<ref>Dion Cassius, XLIV, 7, 2-3</ref>. Pour l’historien Dion Cassius, les sénateurs agissent par excès de flatterie, ou par raillerie. Plus préoccupant, selon Plutarque, c’est pour certains une manœuvre destinée à déconsidérer César et le rendre odieux, et se préparer plus de prétextes de l’attaquer un jour <ref>Plutarque, Vie de César, 62</ref>.

Le complot

En nommant lui-même les magistrats supérieurs, César arrête le cycle corrupteur des campagnes électorales ruineuses financées par l’extorsion financière sur les provinces, et soulage enfin la charge de celles-ci ; mais ceci réduit les profits des brasseurs d’argent que sont les publicains et remplace la compétition politique par un arbitraire et une flagornerie indigne qui suscitent des oppositions : pour l’année 44 av. J.C., César désigne Marc Antoine comme consul et Marcus Junius Brutus et Cassius comme préteurs. Selon Plutarque, la déception de Cassius qui espérait le consulat est une des raisons qui l’amènent à comploter. Tous les historiens romains le présentent comme l’instigateur principal du complot contre César. Cassius regroupe peu à peu une coterie d’opposants, d’anciens pompéiens graciés par César, mais également, notent les historiens modernes, des césariens qui ont servi lors de la guerre des Gaules<ref> Decimus Junius Brutus, Lucius Minucius Basilus, Servius Sulpicius Galba, Caius Trebonius, cités dans l’index de l’édition de Maurice Rat de la Guerre des Gaules, Garnier Flammarion, Paris, 1964</ref>. Ces derniers redoutent vraisemblablement l’expédition militaire que prépare César contre les Parthes qui serait suivie d’un retour par la Scythie et la Germanie<ref name="LeGlay">Marcel Le Glay, Rome, Grandeur et Déclin de la République, Ed Perrin, 1990, réédité en 2005, (ISBN 2262018979), p 49-51</ref>.

Les comploteurs cherchent en Marcus Junius Brutus le chef symbolique idéal : il porte le nom mythique de Brutus qui chassa Tarquin le Superbe, le dernier roi qui régna sur Rome en tyran. Neveu et admirateur de Caton, Brutus, souvent tenu pour stoïcien mais en réalité bien plus proche de l'Académie<ref>D. Sedley, "The ethic of Brutus and Cassius", Journal of Roman Studies, 87, 1997, pp. 41-53</ref> pouvait de surcroît trouver dans ses convictions philosophiques des raisons d'agir contre un "tyran". Il a épousé Porcia, fille de Caton et veuve de Bibulus, et par conséquent il est l’héritier moral des derniers républicains. Toutefois, César l’a comblé de faveurs et l’a nommé préteur urbain. Les comploteurs mènent donc une approche psychologique : ils parsèment chaque jour le tribunal que préside Brutus de messages anonymes qui invoquent le Brutus chasseur de roi : « Brutus, tu dors, tu n’es pas le vrai Brutus ! ». Ensuite, Cassius convainc Brutus d’agir contre César. Présenter Brutus comme l’inspirateur du complot contre César permet de fédérer d’autres opposants<ref>Plutarque, Vie de Brutus, 10-13</ref>.

Les rumeurs de complot parviennent à César, qui ne s’en soucie pas, répondant qu’il est au courant, ou même en plaisante : quand on l'informe que Brutus complote, César rétorque en se pinçant « Il attendra bien la fin de cette carcasse ! ».

Le 14 février 44 av. J.C., le Sénat confère à César la dictature perpétuelle. Son pouvoir est désormais sans limite, même l’intercessio des tribuns ne peut s’exercer sur son imperium. Tout espoir d’une abdication comme celle de Sylla et d’un retour à la République d’avant la guerre disparaît. César prend alors des décisions surprenantes : il décrète une amnistie générale, et licencie sa garde personnelle<ref>Appien, Guerres civiles, II, 107</ref>.

Autre inconséquence aux yeux des historiens romains, César néglige les présages : avertissements des devins, mise en garde pour la période allant jusqu’aux Ides de Mars, cauchemar de son épouse Calpurnia la veille des ides<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 57</ref>. Tout au plus, apprenant les signes néfastes observés sur les victimes offertes en préliminaire de la réunion au sénat, César se résout à ne prendre aucune décision importante ce jour-là<ref>Plutarque, Vie de César', 16'</ref>.

La mort de César

Image:Carl Theodor von Piloty Caesars Death.jpg
La Mort de César par Karl von Piloty
« Métellus lui découvrit le haut de l’épaule ; c’était le signal. Casca le frappa le premier de son épée » (Plutarque)
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Mort de César par Vincenzo Camuccini, 1798
« Il s’était défendu, dit-on, contre les autres, et traînait son corps de côté et d’autre en poussant de grands cris. Mais quand il vit Brutus venir sur lui l’épée nue à la main, il se couvrit la tête de sa robe » (Plutarque)

Les conjurés ont prévu leur attentat aux Ides de Mars (15 mars de l’an 44 av. J.-C.), au début de la réunion du Sénat. Seul César est visé, Marc Antoine qui accompagne César est attiré à l’écart par des faux solliciteurs, tandis que César est entouré par le groupe des conjurés. Métellus s’assure que César ne porte aucune protection, et tous l’assaillent : il tombe percé de 23 coups de poignard<ref name="Su82"/>. Le coup ultime vient de Brutus. Les derniers mots de César auraient été pour ce dernier « Toi aussi, mon fils » <ref name="Su82">Suétone, Vie des douze Césars - César, 82</ref>.

Pas moins de onze auteurs antiques ont rapporté l’attentat, avec plus ou moins de détails<ref name="Su82"/>, <ref>Plutarque, Vie de César, 65 et Vie de Brutus, 17 ; Velleius Paterculus, II, 56 ; Nicolas de Damas, César, 24 ; Dion Cassius, XLIV, 19 ; Appien, Guerres civiles, II, 117-118 ; Flavius Josèphe, Bellum Iudeorum, I, 218 ; Valère-Maxime, IV, 5, 6 et VIII, 11, 2 ; Florus, II, 13 ; Eutrope, VI, 17, 5 ; Orose, Histoire, VI, 20</ref>. Si le fait est bien connu, l’analyse de ses causes est délicate. Officiellement, les conjurés ont éliminé César pour l’empêcher de devenir roi et pour sauver la République. L’accusation d’aspirer à la royauté était le procès d’intention quasi rituel des conservateurs romains pour éliminer tout homme politique trop favorable aux revendications populaires<ref>Valerius Publicola faillit y laisser la vie, Spurius Cassius, Manlius Capitolinus, les Gracques en furent les victimes</ref>. Les écrivains romains ont relevé comme autant d’indices ce qui peut étayer cette suspicion :

  • Des rumeurs circulent disant que César recevrait le titre de roi pour son expédition en Orient, car selon la prophétie des Livres Sybillins, seul un roi pouvait vaincre les Parthes<ref>Suétone, César, 79 ; Plutarque, César, 66</ref>.
  • De retour d’Albe, César est salué du nom de roi par ses partisans, ce qui agite la foule. Il rétorque qu’il ne s’appelle pas Roi mais César, et il poursuit son chemin mécontent<ref>Suétone, « César », 79 ; Plutarque, César, 66</ref>.
  • Lorsque les sénateurs viennent à la tribune du forum lui annoncer les nouveaux honneurs qu’ils lui ont votés, il ne se lève pas, manquant au respect dû au Sénat<ref >Suétone, « César », 78 ; Plutarque, César, 66</ref>.
  • Le 15 février de la fête des Lupercales, Marc Antoine propose à César le diadème royal, que celui-ci repousse sous les acclamations de la foule. Marc Antoine insiste, et le refus de César est de nouveau applaudi. César fit porter ce diadème au temple de Jupiter Capitolin<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 56 ; Suétone, César, 79 ; Plutarque, 67</ref>.
  • Un matin on trouve des statues de César couronnées du bandeau royal. Deux tribuns de la plèbe interviennent, les enlèvent et arrêtent des césariens qui avaient salué César du nom de roi. César réagit en destituant ces tribuns<ref>Plutarque, César, 67</ref>.

Plutarque affirme que César voulait détruire la République et devenir roi<ref>Plutarque, Vie de César, 66</ref>. Parmi les historiens modernes, Jérôme Carcopino suit cet avis<ref name="LeGlay"/>, et Joël Schmidt<ref>Joël Schmidt, Jules César, Folio Biographie, Gallimard, 2005, (ISBN 2-07-030683-6)</ref> voit dans cette liste autant de gestes voulus par César pour sonder l’opinion romaine sur l’idée de le couronner roi. D’autres historiens modernes sont plus circonspects dans l’interprétation des éléments cités par Plutarque et Suétone : pour Marcel Le Glay, il est difficile de séparer la réalité et la rumeur, et si César n’a pas voulu lui-même la royauté, certains dans son entourage l’ont voulu, et les Romains l’ont cru ou ont feint de le croire<ref name="LeGlay"/>. Christol et Nony rappellent que César « sut toujours donner le change sur ses intentions réelles » et considèrent que ce problème n’est pas soluble<ref> M. Christol, D. Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003, (ISBN 2011455421)</ref>. Plus encore, Ronald Syme estime que ce problème « n’a pas à être posé. César fut tué pour ce qu’il était, non pour ce qu’il aurait pu devenir. En revêtant la dictature à vie, il semblait écarter tout espoir de retour à un gouvernement normal et constitutionnel. Le présent était insupportable, l’avenir bouché. »<ref>Ronald Syme, La révolution romaine, Paris, Gallimard, 1967, p 63</ref>.

Mais Suétone complique les analyses sur la fin de César en ouvrant une autre piste<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 86-87</ref> : César aurait eu la mort qu’il souhaitait. Là encore, Suétone produit ses indices :

  • selon certains de ses parents, il n’aurait pas tenu à vivre davantage, et aurait préféré succomber aux complots plutôt que d’être toujours sur ses gardes
  • lors d’un banquet chez Lépide, à la question philosophique sur le genre de fin que l’on préférait, César avait répondu « soudaine et inattendue »<ref>Plutarque, Vie de César, 63 et Appien, Guerres civiles, II, 115</ref>
  • le licenciement de sa garde personnelle, un mois avant, qui l’exposait sans protection
  • l’indifférence aux avertissements sur les complots, et aux prédictions défavorables

Des historiens modernes ont développé cette thèse<ref>Accoce et Rentchnick, Ces malades qui nous gouvernent, Stock, 1976</ref>, justifiant l’attitude de César par sa perception d’une maladie qui le diminuait. Néanmoins, les préférences pour une mort brève et imprévue sont après tout banales, et selon Régis Martin<ref>Régis Martin, Les douze Césars, Les Belles Lettres 1991</ref>, la croyance de César en sa chance protectrice (Fortuna) et sa certitude que sa perte provoquerait la guerre civile peuvent aussi expliquer sa conduite.

Funérailles et testament

César désigna dans son testament trois héritiers, les petits-fils de ses sœurs, à savoir Gaius Octavius, Lucius Pinarius Scarpus et Quintus Pedius. Il légua les trois quarts de son héritage au premier et le quart restant aux deux autres. Dans la dernière clause de son testament, César adopta Gaius Octavius, le futur empereur Auguste, et lui donna son nom. Enfin, il légua au peuple romain ses jardins près du Tibre et trois cents sesterces par tête<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 83</ref>.</br> Le 20 mars, un bûcher fut dressé sur le champ de Mars, près de la tombe de sa fille Julia, et l’on imagine évidemment l’effet dramatique de cette proximité. Le corps du César, couché sur un lit d’ivoire tendu de pourpre et d’or, fut d’abord déposé dans une chapelle dorée, édifiée sur le forum, devant la tribune aux harangues. À sa tête, sa toge ensanglantée était exposée sur un trophée. Comme le corps reposait, face vers le ciel, et ne pouvait être vu, on éleva au-dessus de lui une effigie de cire grandeur nature, afin que la foule pût contempler les vingt-trois blessures (trente-cinq selon d’autres auteurs) qui lui avaient été sauvagement infligées au corps et au visage. Pour souligner l’ignominie de ce crime, Marc Antoine fit lire, en guise d’oraison funèbre, la liste des honneurs qui avaient été dévolus à César, ainsi que le serment qu’avaient prêté les sénateurs de défendre sa vie. On chanta des vers parmi lesquels revenaient, pour susciter la compassion, une citation empruntée au Jugement des Armes de Pacuvius : « Fallait-il les sauver pour qu’ils devinssent mes meurtriers ? » (compte tenu de la mansuétude dont César avait obstinément fait preuve à l’égard de Brutus, c’était particulièrement bien choisi).
Chavirée par l’habile et pathétique mise en scène, la foule en colère entassa autour du lit funèbre le bois arraché aux boutiques avoisinantes et tout ce qui lui tombait sous la main pour construire un bûcher d’apothéose, comme elle l’avait fait quelques années plus tôt pour les funérailles de Clodius. Les vétérans de ses légions y jetèrent leurs armes et certaines femmes les bijoux qu’elles portaient. Les Juifs, qui n’oubliaient pas que César leur avait permis de relever les murs de Jérusalem abattus par Pompée, se réunirent plusieurs nuits de suite autour de son tombeau pour le pleurer.
On raconte que lorsque Caïus Matius organisa des jeux funéraires en juillet -44 à l’occasion de l’anniversaire de sa naissance, une comète se mit à briller dans le ciel (apparition également attestée par les astronomes chinois) et l’Etna entra en éruption, faisant de sa mort un bouleversement cosmique. À l’emplacement où il fut incinéré, son petit-neveu et fils adoptif, le futur Auguste, fit ériger un temple. De nos jours, on vient parfois de fort loin pour y déposer quelques fleurs, un poème, une bougie et perpétuer le souvenir de celui qui voulut être « le premier dans Rome »… La plaque commémorative apposée par la ville à l’intention des visiteurs, emprunte à Appien<ref>Appien, Guerres civiles, II, 148</ref> son récit de l’événement : Modèle:Citation bloc

Après César

Image:Map of the Ancient Rome at Caesar time (with conquests)-fr.svg
Étendue du territoire de la République romaine sous la domination de César

Le complot n’atteignit cependant pas ses objectifs. Le consul Marc Antoine avait été épargné, à la demande de Brutus<ref>Velleius Paterculus, Histoire romaine, livre II, 58</ref>. Lépide, qui stationnait avec des troupes à proximité de Rome et Octave qui se trouvait en Epire étaient hors d’atteinte. En revanche, l’attentat contre César guida les prétendants à sa succession sur la conduite à tenir : ils firent symboliquement rayer la dictature des magistratures romaines, et la remplacèrent par un triumvirat quinquenal. La politique de clémence avait prouvé son danger suicidaire, les triumvirs commencèrent une vague de proscriptions sanglantes suivie par 14 ans de guerre civile, contre les assassins de César, contre Sextus Pompée, puis entre triumvirs. Octave finit par l’emporter en 31 av. J.-C., et devint Auguste, maître unique et absolu de l’Empire. Il confirma et continua les réformes entamées par César, organisant un Empire pacifié, stabilisé et géré avec plus d’équité. Comme Auguste et tous les empereurs à sa suite, Jules César fut divinisé après sa mort.

Jules César écrivain

Modèle:Wikisourceauteur

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Édition de 1783 des Commentaires sur la Guerre des Gaules

César n’était pas seulement un grand général et un grand homme d’État, il excellait également dans l’art oratoire et dans l’écriture. Des divers écrits qu’il avait composés, il ne nous reste que ses Commentaires (Commentarii rerum gestarum) :

Ces œuvres constituent le modèle du genre des mémoires historiques, même si leur objectivité est discutée par les historiens. En effet, ces ouvrages servent la propagande politique de César, et par conséquent leur exactitude peut être mise en doute<ref>Voir la section concernant la fiabilité des Commentaires sur la Guerre des Gaules</ref> , <ref>Voir la section concernant la fiabilité des Commentaires sur la Guerre civile</ref>. </br> On y joint généralement, les ouvrages suivants même s'ils ont probablement été rédigés par Aulus Hirtius :

César écrivit aussi en -45 l’Anticato, réplique au panégyrique que Cicéron prononça en faveur de Caton d’Utique, « le dernier républicain ». Cet ouvrage, aujourd’hui perdu, est connu par les citations de Cicéron (ad Atticum, 13, 50, 1), Tacite (Annales, 4, 34), Suétone (Caesar, 56, 3), Plutarque (Caesar, 54), Appien, Juvénal et Dion Cassius.</br> Enfin et plus curieusement, il rédigea un traité de grammaire De analogia, en deux livres, dans lequel il expose des théories grammaticales argumentées sur l’analogie (d’où le titre de l’ouvrage), ainsi qu'un poème intitulé le Voyage.</br> César semble également avoir écrit plusieurs essais dans sa jeunesse (Éloge d'Hercule, une tragédie d'Oedipe, un Recueil de mots remarquables), mais Auguste interdit leurs publications , après la mort du dictateur<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 56</ref>. Selon l'historien Pierre Grimal, ces trois œuvres perdues ont probablement été écrites en grec<ref>Pierre Grimal, La littérature latine, p.183.</ref>.

L’héritage de César

Les réformes politiques

Jules César devenu dictateur reprend certaines réformes administratives entreprises une génération plus tôt par le précédent dictateur Sylla. De nouveau, il faut adapter les institutions à l’extension de la puissance romaine qui résulte des conquêtes en Orient et en Gaule, et offrir des charges à ses partisans :

  • nouvelle augmentation du nombre de magistrats : les questeurs passent de 20 à 40, les préteurs de 8 à 16, les édiles sont désormais 6. Les consuls sont toujours deux, mais la nomination de consuls suffects en complément des deux consuls éponymes permet de disposer de plus de candidats pour les fonctions proconsulaires.
  • César procède à la nomination directe de la moitié des magistrats, et recommande les candidats aux élections pour l’autre moitié<ref name="Su61">Suétone, Vie des Douze Césars, César, 61 </ref> .
  • reconstitution des effectifs du Sénat ; les pertes de la guerre civile sont compensées par l’incorporation massive de nouveaux membres, dont des provinciaux gaulois ou espagnols, faisant passer à 800 ou 900 l’effectif fixé par Sylla à 600 sénateurs<ref> Le nombre précis est indéterminé. Suétone parle de plus de mille sénateurs, mais selon les ouvrages modernes, l’effectif du sénat passe à 800 sénateurs (M. Christol, D. Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003, (ISBN 2011455421)) ou à 900 (George Hacquard, Jean Dautry, O Maisani, Guide romain antique, Hachette, 1952, 50e édition en 2005 (ISBN 2010004884))</ref>.

Pour l’administration des provinces, César veut éviter les mandats de cinq ans qu’il a pratiqué, ainsi que Pompée ; il limite la durée des charges de gouverneur : un an pour un propréteur, deux ans pour un proconsul<ref>Dion Cassius, XLIII, 25</ref>. L’organisation des municipes italiens est précisée par une loi-cadre, dont une copie nous est parvenue, les Tables d’Héraclée.

Ces réformes seront conservées par Auguste, elles lui permettront de disposer d’une nombreuse élite, nécessaire à l’administration d’un Empire.

Les réalisations architecturales

L’activité de bâtisseur de César se manifeste plusieurs fois dans sa carrière politique. À chaque fois, ses réalisations, toujours spectaculaires, sont destinées à renforcer son prestige et sa popularité.

À la fin de la guerre des Gaules en 51 av. J.-C., César entame sa campagne électorale pour une future candidature au consulat. Pompée avait construit le premier théâtre romain en pierre à Rome et une nouvelle curie quelques années auparavant. César lance à son tour un projet de bâtiment public prestigieux : un nouveau forum, au nord de l’ancien, s’ouvrant sur l’Argilète. Il est financé par le butin des Gaules, et commence par l’achat des terrains, pour une somme de cent millions de sesterces selon Suétone<ref>Suétone, Vie des douze César, César, 26</ref>. Ce Forum Julium suit un plan similaire à celui du forum de Pompéi qui date de la même période : une longue esplanade rectangulaire fermée par une enceinte bordée de portiques, au fond de laquelle s’élève le temple de Vénus. Selon Appien, la dédicace de ce temple aurait fait suite au vœu de César d’élever un temple à Vénus Victorieuse s’il était vainqueur à Pharsale<ref>Appien, Guerres civiles, II, 68</ref>. Devant ce temple, il se fit représenter par une statue équestre<ref name="Su61"/>.

Ce nouveau forum crée ainsi une architecturale originale en combinant l’agora hellénistique et le temple romain sur podium, formule qu’adopteront tous les forums impériaux ultérieurs.

Maître sans partage de Rome à partir de 46 av. J.-C., César a désormais tous les moyens de sa politique. Il commence par des aménagements de circonstance pour les jeux célébrant son triomphe : agrandissement des extrémités du cirque, construction d’un stade pour les lutteurs sur le champ de Mars, creusement d’un bassin au bord du Tibre pour une naumachie<ref>Suétone, César, 39</ref>.

Les travaux entrepris sur le vieux forum voient la reconstruction de la curia Hostilia, incendiée en 52 av. J.C. par les partisans de Clodius Pulcher. D’autres projets plus ambitieux sont envisagés : la construction de la plus grande basilique de Rome sur l’emplacement de la vieille basilique Sempronia, l’édification d’un temple de Mars, et d’un second théâtre en pierre<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 44</ref>. Tous ces chantiers seront suspendus pendant les guerres civiles. Octave devenu Auguste les mènera à leur terme en achevant la grande basilique Julia et le théâtre de Marcellus, et en dédiant un temple de Mars vengeur.

La réorganisation de Rome

Pour décongestionner une Rome surpeuplée, César en repousse les limites administratives et élargit le périmètre sacré du pomœrium à un mille romain (1,5 km) des anciennes murailles de la ville<ref name="Carco">Jérôme Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, Hachette, 1939, réédition 2002, (ISBN 201279078X), chapitre I, II</ref>. Cette mesure fut à peine suffisante, car Auguste agrandit encore ce périmètre une génération plus tard en créant les 14 régions de Rome.

Toujours pour la gestion de Rome, César fait recenser la population urbaine, selon une méthode inédite et originale : les citoyens ne sont plus convoqués par tribus pour défiler devant les services de recensement. Le recensement est organisé quartier par quartier, et ce sont les propriétaires des immeubles de location qui doivent déclarer leurs locataires. La méthode dut être efficace, car Auguste la reprendra<ref>Suétone, César, 41, Auguste, 40</ref>. Sans préciser les résultats de ce dénombrement, Suétone dit qu’il permit de ramener de Modèle:Formatnum:320000 à Modèle:Formatnum:150000 le nombre de bénéficiaires de distributions gratuites de blé instaurées par Clodius Pulcher en 58 av. J.C..

Un ultime projet de loi de César destiné à améliorer quelque peu la circulation dans une agglomération aux rues étroites et encombrées interdit la circulation de jour à tout véhicule à roue, à l’exception des chars de procession lors des cérémonies et des charrettes d’entrepreneurs, nécessaires aux chantiers urbains. Cette loi fut votée après la mort de César, et resta en vigueur plusieurs siècles, démontrant sa nécessité<ref name="Carco"/>. Depuis César, la nuit romaine fut réservée au transit des marchandises, pour le grand dam des dormeurs, et les récriminations de Martial et Juvénal<ref>Martial, IV, 64 ; Juvénal, III, 256</ref>.

Les monnaies

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Denier de César émis en -44 (réf. Cohen22).
Vénus debout tient une Victoire

Les guerres civiles menées par César lui imposent de forts besoins financiers, pour entretenir de plus en plus de légions, qui se déplacent d’un secteur à l’autre de l’Empire. Il se dote donc à partir de 49 av. J. C. d’un atelier monétaire qui suit ses déplacements sur les théâtres d’opération, et frappe les espèces monétaires dont il a un besoin croissant. Cette pratique n’est pas nouvelle, le Sénat romain l’avait autorisé pour les grands corps expéditionnaires de Lucullus ou de Pompée en Orient<ref>Georges Depeyrot, La Monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C., Errance, 2006, (ISBN 2877723305)</ref>, mais César se l’arroge en s’emparant de la réserve d’or de la République<ref>;Selon Pline l’Ancien, le trésor public se montait alors à Modèle:Formatnum:15000 livres d’or en lingots, Modèle:Formatnum:35000 livres d’argent également en lingots et 40 millions de sesterces (cf. Pline l’Ancien, Histoires naturelles, livre XXXIII, 17)</ref>. De surcroît, César apporte deux grandes innovations, qui servent sa politique, que ses successeurs Octave et Marc Antoine pérenniseront, et qui s’institutionnaliseront sous l’Empire romain :

  • la frappe de monnaie en or
  • la figuration de son portrait sur les monnaies

Rome n’avait émis de monnaies en or que temporairement, essentiellement aux moments les plus difficiles de la Deuxième Guerre punique et en puisant dans les réserves de métal précieux thésaurisées par le Sénat<ref>Le numismate Henri Cohen recense toutefois une émission en or du proconsul Pompée conduisant son quadrige de triomphe en 67 av. J.C. (Pompée C19). Cette émission en or ne connut pas de suite.</ref> . L’émission d’aureus renoue donc avec l’idée de puiser dans les réserves pour sauver la République. De plus, la forte valeur de cette monnaie (un aureus pour 25 deniers d’argent ou 100 sesterces) facilite les importantes gratifications aux soldats de César et contribue à leur prestige.

Les motifs qui apparaissent sur les monnaies émises par César participent à sa propagande : outre son nom ou son portrait, une première sous la République, figurent principalement les motifs suivants<ref>Henry Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l’Empire romain, monnaies de César, Paris, 1892,</ref> :

  • Vénus, de profil ou en pied, que César présente comme son ancêtre, est le thème le plus fréquent<ref>Environ 10 % des émissions, selon Georges Depeyrot, cf. ouvrage précité</ref> ;
  • des accessoires du culte, qui rappellent sa piété et ses qualités de d’augure et de pontifex maximus ;
  • des Victoires, des enseignes militaires, et des trophées de victoire contre les Gaulois.

Le calendrier

Les fonctions de Pontifex maximus exercées par César comportait la fixation du début de chaque année. César la met à profit pour réformer le calendrier romain, pour que la durée moyenne de l’année soit exactement de 365,25 jours, la meilleure approximation connue à l’époque en occident. Il donne ainsi son nom de famille au calendrier julien. L’historien romain Suétone précise cette modification du calendrier effectuée par César :</br> « Il régla l’année sur le cours du soleil, et la composa de trois cent soixante-cinq jours, en supprimant le mois intercalaire, et en augmentant d’un jour chaque quatrième année. Pour que ce nouvel ordre de choses pût commencer avec les calendes de janvier de l’année suivante, il ajouta deux autres mois supplémentaires, entre novembre et décembre, à celle où se fut cette réforme ; et elle fut ainsi de quinze mois, avec l’ancien mois intercalaire, qui, selon l’usage, s’était présenté cette année-là. »<ref name="Su40"/>.

Le titre de Caesar

Le nom de César, pris par Octave comme fils adoptif de J. César, devint par la suite un titre que portèrent tous les empereurs et les princes romains, quoique étrangers à la famille des Césars. Il fut ensuite attribué aux héritiers présomptifs de l’empire, usage qui devint une règle à partir de Dioclétien. Depuis cette époque les empereurs prirent le titre d’Auguste. et s’adjoignirent avec le titre de César un prince qui devait leur succéder. Il a aussi donné le nom « Kaiser » en allemand, ainsi que celui de « Tsar » (ou « Czar ») en russe et en bulgare.

Étymologie du nom César

Pline l’Ancien a avancé que le surnom de Caesar pourrait venir du fait qu’un des ascendants de César soit né par césarienne (caesar, aris : enfant né par incision)<ref>Selon Pline l’Ancien, Histoires Naturelles livre VII, le nom proviendrait d’un ancêtre né par « césarienne ».Modèle:Citation bloc</ref>. En revanche et quoi qu’en dise Pline l’Ancien, la naissance de César lui-même par césarienne est invraisemblable, car sa mère vécut encore une vingtaine d’années après sa naissance.
Une tradition populaire postule que c’est à la suite d’un exploit accompli pendant la Première Guerre punique par un représentant de la gens Julia, qui avait vaincu au cours d’un combat un éléphant de l’armée carthaginoise, en lui tranchant les jarrets, qu’on l’aurait honoré du surnom de Caesor, « trancheur ». Puis le terme punique késar, « éléphant », donna caesar, et le sobriquet devint héréditaire. La découverte de monnaies émises au début de la guerre civile, représentant un éléphant piétinant un serpent (ou un carnyx) au-dessus du nom « Caesar », semble étayer cette thèse. Cet ancêtre glorieux serait à placer aux environs de 250 av. J.-C.. Mais le premier membre de la gens Julia à être enregistré de manière historiquement fiable est Sextus Julius Caesar qui fut préteur en 208 av. J.-C..
Enfin, une dernière hypothèse émise par Sextus Pompeius Festus<ref>Sextus Pompeius Festus De la signification des mots, livre III</ref> considère que le premier César de la gens Julia aurait eu été surnommé ainsi à cause d’une abondante chevelure, en latin caesaries.
L’auteur latin Spartianus dans son ouvrage Vie d’Aelius<ref>Histoire Auguste, Aelius, II, 3</ref>, fait une synthèse des différentes origines possibles du nom César :Modèle:Citation bloc

La famille de César

Ses parents

Le père de Jules César, Caius Iulius Caesar III, né vers 135 av. J.-C. et décédé en 85 av. J.-C., est le fils de Caius Julius Caesar II. Issu d’une famille patricienne comptant plusieurs consuls (Sextus Julius Caesar II et Sextus Julius Caesar III) il exerce au cours de sa vie les fonctions de questeur (99 av. J.-C. ou 98 av. J.-C.), préteur (92 av. J.-C.) puis gouverneur d’Asie (91 av. J.-C.). Il décède brusquement de cause naturelle à Pisae en 85 av. J.-C.<ref name="pline1"/>.
Sa mère Aurelia Cotta, née en 120 av. J.-C. et décédée en 54 av. J.-C. ou 53 av. J.-C.<ref>Suétone, Vie des douze Césars, César, 26</ref>, est issue d’une famille patricienne et consulaire (ses trois frères furent consuls). Pour Tacite<ref>Tacite, Dialogue des orateurs, 28, 6</ref> et Plutarque<ref>Plutarque, Vie de César, 10</ref>, elle incarne la matrone romaine, exemplaire par l’éducation et le dévouement qu’elle porte à ses enfants et à sa famille et en particulier à son fils<ref>Plutarque, Vie de César, 7 - Notamment lorsque son fils part postuler à l’élection difficile de pontifex maximus</ref>. Devenue veuve en 85 av. J.-C., elle ne se remarie pas et continue d’habiter avec ce dernier.

Ses sœurs

À l’exception de César, Caius Iulius Caesar III et Aurelia Cotta ont eu deux autres enfants, deux filles, Julia Caesaris « Maior » (l’ancienne) et Julia Caesaris « Minor » (la jeune).
Les informations concernant Julia Caesaris « Maior » sont peu nombreuses. Suétone confirme l’existence de cette dernière car elle aurait selon lui participé à l’accusation de Clodius Pulcher poursuivi pour sacrilège et adultère<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 74 Modèle:Citation bloc</ref>. Elle avait au moins un fils, car différents auteurs mentionnent la part réservée à cet enfant dans le testament de César<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 83</ref>, <ref>Appien, Guerre civile, Livre III, 22-23</ref>.
Julia Caesaris « Minor » naît en 101 av. J.-C. et décède en 51 av. J.-C.<ref>Octave, né en 63 av. J.-C., prononça son éloge funèbre à 12 ans - Suétone, Auguste, 8</ref>. Elle épouse Marcus Atius Balbus, originaire d’Aricie et est la mère de Atia Balba Caesonia et la grand-mère d’Octave, qui sera adopté par César et deviendra l’empereur Auguste.

Ses épouses

Selon l’auteur romain Suétone, Cossutia fut la première femme de César, dont il divorça pour épouser Cornelia (la mère de sa fille Julia) pour des motifs politiques : « et quoiqu’on l’eût fiancé, dès son enfance, à Cossutia, d’une simple famille équestre, mais fort riche, il la répudia, pour épouser Cornélie, fille de Cinna, lequel avait été quatre fois consul (dimissa Cossutia quae familia equestri sed admorum dives praetextato desponsata furat…) »<ref name="Su1"/>. Toute l’interprétation de ce passage repose sur la traduction de dimissa. Le verbe dimittere semble toujours avoir été employé par Suétone avec le sens de « divorcer »<ref> (en) Monroe E. Deutsch, Caesar's first wife, Classical Philology, Vol. 12, No. 1. (Jan. 1917), pp. 93-96</ref>.

L’examen des rares sources et la compilation des études sur le sujet mènent à dégager l’hypothèse suivante. César, venant juste de revêtir la toge virile, a épousé Cossutia, issue d’une riche famille de l’ordre équestre, entre juillet 85 av. J.-C et juillet 84 av. J.-C (sans doute à l’instigation de ses parents et pour des raisons financières, la famille n’étant pas spécialement riche) et en divorça l’année suivante, sous le consulat de Lucius Cornelius Cinna, dont il épousa la fille, Cornelia (un choix plus personnel traduisant une orientation politique qui ne s’est jamais démentie par la suite, César, bien qu’encore très jeune étant devenu le chef de famille à la mort de son père).
Plutarque, quant à lui, n’apporte pas une solution satisfaisante car le récit qu’il fait de la vie de César comporte certaines incohérences :
« Au retour de sa questure, il épousa en troisièmes noces Pompeia ; il avait de Cornélia, sa première femme, une fille, qui par la suite fut mariée au grand Pompée. » Le passage comporte une contradiction que Napoléon III avait déjà relevée en son temps<ref name="Pl5special"/>. Enfin, si Pompeia Sylla est la troisième femme de César, et Cornélia sa première, Plutarque ne mentionne pas l’identité de sa seconde épouse. Il semble plus vraisemblable que Cornélia fut la seconde épouse de César et Cossutia sa première.
En 68 av. J.-C., après avoir exercé les fonctions de questeur en Hispanie, César épouse Pompeia Sylla, car sa première femme Cornélia était morte l’année précédente<ref>Plutarque, Vie de César 5.6</ref>.
Cinq ans plus tard, en 63 av. J.-C., César est élu pontifex maximus et décide de divorcer suite aux relations supposées entre sa femme et un jeune patricien, Clodius Pulcher.
Enfin, en 59 av. J.-C., il épouse Calpurnia Pisonis avec laquelle il restera lié jusqu’à sa mort en 44 av. J.-C..

Ses enfants

Cornelie Cinna lui donne son unique enfant légitime <ref>Tacite, Annales, Livre III, VI Modèle:Citation bloc</ref>, une fille prénommée Julia, qui naît en 83 av. J.-C. ou 82 av. J.-C. et épouse Pompée en 60 av. J.-C.. Elle décède en 54 av. J.-C..
Au cours de son séjour en Égypte, César entretient des relations avec Cléopâtre VII qui accouchera plus tard (vers 47 av. J.-C., ou plus probablement vers 44 av. J.-C.) d’un enfant, Ptolémée XV dit Césarion. Cependant, la paternité de César envers cet enfant est discutée par les historiens<ref name="césarion"/> et semble déjà être l’objet d’une polémique peu de temps après la mort du dictateur<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 52 Modèle:Citation bloc</ref>. Césarion est assassiné très jeune (15 ou 17 ans) par Auguste, le fils adoptif de César et premier empereur romain.
En 46 av. J.-C., César, sans descendance légitime, adopte son petit-neveu Octave par testament qui, selon l’usage romain en cas d’adoption, est désormais appelé Caius Julius Cæsar Octavianus (Octavien). Il deviendra plus tard Auguste, premier empereur de Rome.
Enfin, César est peut-être le père de Brutus, qu’il aurait eu avec Servilia Caepionis en 85 av. J.-C.. En effet, Plutarque dans son œuvre, Vie de Brutus, rapporte la bienveillance de César envers celui-ci<ref>Plutarque, Vie de Brutus, 5 Modèle:Citation bloc</ref> et la croyance qu’il avait acquise d’être le père naturel, l’enfant étant né durant la période où il fréquentait Servilia Caepionis<ref>Plutarque, Vie de Brutus, 5 Modèle:Citation bloc</ref>.

Les conquêtes amoureuses de César

Les femmes de la haute société romaine

D’après l’historien latin Suétone, César séduit de nombreuses femmes tout au long de sa vie et plus particulièrement celles issues de la haute société romaine<ref name="su50">Suétone, Vie des douze Césars - César, 50</ref>.
Il aurait ainsi séduit Postumia, la femme de Servius Sulpicius, Lollia, la femme d’Aulus Gabinius et Tertulla, la femme de Marcus Crassus. Il semble avoir également fréquenté Mucia la femme de Pompée<ref name="su50"/>.
César entretient des relations particulières avec Servilia Caepionis, mère de Brutus, qu’il semblait particulièrement apprécier<ref name="su50"/>. Ainsi, Suétone rapporte les divers présents et avantages qu’il offrit à sa bien-aimée, dont notamment une magnifique perle d’une valeur de six millions de sesterces<ref name="su50"/>. L’amour de Servilia pour César est publiquement connu à Rome<ref>Plutarque, Vie de Brutus, 5</ref>.
Le penchant de César pour les plaisirs de l’amour semble également attesté par ces quelques vers chantés par ses soldats, lors de son triomphe à Rome au retour de ses campagnes en Gaule, et rapportés par Suétone<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 51</ref> : Modèle:Citation bloc

Les reines

Image:Searchtool.svg Articles détaillés : Cléopâtre VII et Eunoé.

César a des relations amoureuses avec Eunoé, femme de Bogud, roi de Mauritanie<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 52</ref>.
Cependant, sa relation avec Cléopâtre VII est restée plus célèbre. Suétone rapporte que César a remonté le Nil avec la reine égyptienne<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 52 Modèle:Citation bloc</ref> et l’a fait venir à Rome en la comblant d’honneurs et de présents<ref>Suétone, Vie des douze Césars - César, 52 Modèle:Citation bloc</ref>. C’est aussi un bon moyen pour lui de tenir l’Égypte, où trois légions sont présentes, et dont le rôle dans l’approvisionnement en céréales de l’Italie commence à devenir prépondérant. Toujours est-il que Cléopâtre est présente à Rome au moment de l’assassinat de César et qu’elle rentre rapidement dans son pays après le meurtre.

L’état de santé de César

Selon l’historien grec Plutarque la santé de César était fragile, ce dernier étant en effet sujet à de fréquents maux de tête et à des attaques d’épilepsie<ref>Plutarque, Vie de César, 1 :Modèle:Citation bloc (chez Suétone, cette maladie est attestée également sous l’appellation « fièvre quarte »)</ref>, <ref>Plutarque, Vie de César, 18 :Modèle:Citation bloc</ref>, <ref>Plutarque, Vie de César, 58 :Modèle:Citation bloc (à Thapsus)</ref>, <ref>. Plutarque, Vie de César, 66 :Modèle:Citation bloc (lors d’un incident avec le Sénat quelques semaines avant sa mort : une possible perte de connaissance suivie d’un accès de colère incontrôlée)</ref>.
Cette faiblesse de César et son mauvais état de santé semblent également être attestés par Suétone<ref>Suétone, Vie des douze César - César, 4 :Modèle:Citation bloc (quand il fut prisonnier des pirates au début de sa vie : la présence d’un médecin à ses côtés a-t-elle une signification particulière ?)</ref>, <ref>Suétone, Vie des douze César - César, 45 : Modèle:Citation bloc (sans plus de précision)</ref>, <ref>Suétone, Vie des douze César - César, 59 : Modèle:Citation bloc (il se prend les pieds dans le tapis ou il a un malaise ?)</ref>, <ref>Suétone, Vie des douze César - César, 81 :Modèle:Citation bloc (le matin de sa mort)</ref>. Toutefois, Suétone souligne aussi l’endurance de César à la marche ou à la nage lors de ses campagnes<ref>Suétone, Vie des douze César - César, LVII :Modèle:Citation bloc</ref>.
D’autres auteurs font état, quant à eux, de malaises survenus à la toute fin de sa vie<ref>Appien, Guerres civiles, Livre II, 110 :Modèle:Citation bloc</ref>, <ref>Nicolas de Damas, la mort de César :Modèle:Citation bloc (le jour de sa mort au moment de se rendre au Sénat, attesté par d’autres auteurs)</ref>.
Néanmoins, César n’aurait pas pu commander aussi efficacement ses troupes en Gaule s’il avait été en mauvaise santé. Quelle que soit la maladie l’affectant, il ne semble l’avoir éprouvée que tardivement. Les attestations de son « épilepsie » datent seulement des dernières années de sa vie (à Thapsus et peut-être à Munda). S’il en avait été autrement, Cicéron qui ne le portait pas dans son cœur, ne se serait sûrement pas privé de l’attaquer sur le sujet comme il l’a fait à propos d’une prétendue aventure avec le roi Nicomède IV de Bithynie.

De plus, il faut se souvenir que le diagnostic des maladies n’obéissait pas aux mêmes critères qu’aujourd’hui et que des symptômes ressemblant à ceux décrits très imprécisément par Plutarque et Suétone peuvent être dus à de nombreuses autres causes (hypoglycémie, malaise vagal, coup sur la tête, tumeur etc.). Certaines de ces affections peuvent également s’accompagner d’une altération du comportement et il semble que cela ait été le cas pendant les derniers mois que César passa à Rome avant d’être assassiné. La lecture de ces documents, qui n’ont pas été rédigés par des contemporains, ne permet pas de trancher de manière définitive.

Il est également fort probable qu’un filtrage des sources de l’époque ait été opéré par Auguste, censurant tout ce qui ne s’inscrivait pas dans le cadre de sa propagande (y compris et surtout les œuvres de César autres que les Commentaires). César est mort entre 56 et 58 ans, ce qui constitue un âge honorable et une longue durée de vie pour l’époque. La vie tumultueuse qu’il a menée, aura sûrement laissé des traces, étant donné qu’il ne se ménageait pas.

Œuvres inspirées par la vie de César

Moyen Âge

Image:King of diamonds fr.svg
César, roi de carreaux, vestige de la série des Neuf Preux

Jules César fait partie des personnages historiques les plus saillants de la culture mondiale. Sa popularité ne cesse de croître dès le Modèle:XIIe siècle avec la diffusion du motif des Neuf Preux, neuf grandes figures historiques ou mythiques qui incarnent l'idéal du roi chevalier. De cette tradition subsiste encore aujourd'hui le roi de carreaux de nos jeux de cartes.

De la Renaissance à l'âge moderne

Image:Julius Caesar Coustou Louvre MR1798.jpg
Statue de Jules César réalisée par Nicolas Coustou en 1713

Œuvres modernes

Citations

Modèle:Wikiquote Plusieurs phrases attribuées à Jules César sont passées à la postérité :

  • « Les hommes croient en ce qu’ils désirent ».<ref>Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules III.18</ref>
  • « Le danger que l’on pressent, mais que l’on ne voit pas, est celui qui trouble le plus ».
  • « Je poursuivrai ma chance jusqu’au fond de l’eau ».
  • « J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome ».<ref>Plutarque, Vie de César XII</ref>
  • « La femme de César ne doit pas être soupçonnée ».<ref>Cicéron, Lettres à Atticus 1.13 ; Plutarque, Vie de César 9-10-11 ; Dion Cassius, Histoire romaine 37.45 ; Suétone, Vie des douze Césars - César 6.2</ref>
  • Modèle:Citation étrangère<ref>Plutarque, Vie de César, 37 </ref>
  • Modèle:Citation étrangère. (Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu) <ref name="Plu56"/>
  • Modèle:Citation étrangère. (Toi aussi mon fils) <ref name="Su82"/>

Galerie

Portraits

Représentations de César

Notes et références

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Chronologie

Voir aussi

Bibliographie

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