Vincent van Gogh
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Vincent Van Gogh [[[Modèle:IPA]]] (30 mars 1853 à Groot-Zundert aux Pays-Bas - 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise) est un peintre et dessinateur néerlandais.
Son œuvre, presque inconnue à sa mort, annonce le fauvisme et l'expressionnisme.
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Biographie
Sa jeunesse (1853–1869)
En haut : son père, Theodorus van Gogh et sa mère, Anna Cornelia van Gogh (née Carbentus)
En dessous, de gauche à droite : Vincent Willem, Anna Cornelia, Théo, Elisabetha Huberta, Willemina Jacoba et Cornelius Vincent
Vincent van Gogh est le fils d'un pasteur calviniste, il naît le 30 mars 1853 à Groot-Zundert, un petit village néerlandais dans l'ouest du Brabant-Septentrional. Sa mère, Anna-Cornélia Carbentus, est la fille d'un relieur de la cour. La famille Van Gogh est d'ancienne bourgeoisie, déjà notable au XVIe siècle et XVIIe siècle. Vincent est l'aîné de six enfants. Il naît un an, jour pour jour, après le décès de son frère aîné qui est mort-né ; par tradition familiale, il porte le même prénom que son défunt frère. Il resta jusqu’à la mort un tourmenté, un isolé, un incompris et sa vie fut un échec total sur les plans de l’amour, de la famille et des contacts humains. Seul son frère Théo de quatre ans son cadet, l’aida moralement et financièrement sans jamais se lasser et lui permit ainsi d’accomplir son œuvre. Les 652 lettres que Vincent lui écrivit en font foi.
Quatre ans après la naissance de Van Gogh, son frère Théodore (Théo) naît le Modèle:1er mai 1857. Il avait également un autre frère appelé Cor et trois sœurs, Elisabeth, Anna et Wil. Vincent van Gogh était un enfant sérieux, silencieux et pensif. En 1860, il va à l'école dans le village de Zundert où le seul professeur était catholique. À partir de 1861, van Gogh et sa sœur Anna suivent leur enseignement auprès d'une institutrice qui leurs donne des cours à la maison jusqu'au Modèle:1er octobre 1864, date à laquelle il part pour l'internat de Jan Provily à Zevenbergen, une ville rattachée à la commune de Moerdijk. L'internat étant situé à une trentaine de kilomètres de la maison familiale, van Gogh vit assez mal cette séparation avec sa famille. En septembre 1866, il entre au collège Willem II à Tilburg mais en mars 1868, il quitte précipitament l'école et retourne à la maison. À propos de ses premières années, van Gogh a dit : « ma jeunesse était sombre, froide et stérile... »<ref>Lettre de Vincent van Gogh à Theo van Gogh, Nuenen, 18 décembre 1883 (en)</ref>
Marchand d'art et prédicateur (1869-1878)
Photographie de photographe inconnu
En juillet 1869, à l'âge de quinze ans, il obtient un poste auprès du marchand d'art Goupil et Cie à La Haye grâce à son oncle Vincent ("cent") qui avait fait de bonnes affaires pour cette galerie d'art. Après sa formation, en juin 1873, Adolphe Goupil l'envoie dans l'une des succursales à Londres où il est logé dans le quartier de Brixton. C'était une période heureuse pour van Gogh : il réussissait dans son travail et, à l'âge de 20 ans, il gagnait déjà plus que son père<ref>L'épouse de Théo fera remarquer plus tard que c'était l'année la plus heureuse de la vie de Vincent. Wilkie, pages 34-36</ref>.
Il tombe amoureux de la fille de son propriétaire, Eugénie Loyer mais, lorsqu'il lui révèle finalement ses sentiments, elle le rejette en lui expliquant qu'elle s'est déjà secrètement engagée avec le locataire précédent. Van Gogh devient de plus en plus isolé et, dans le même temps, il développe un fervent intérêt pour la religion. Son père et son oncle l'envoient à Paris où il est choqué de la façon dont l'art est traité comme un produit et une marchandise, ce qu'il dénonce, malheureusement à certains clients, et provoque son licenciement le Modèle:1er avril 1876.
Il se sent alors appelé par une vocation spirituelle et religieuse. Il revient en Angleterre où, pendant quelque temps, il travaille bénévolement, d'abord comme professeur suppléant dans un petit internat donnant sur le port de Ramsgate<ref>Il a d'ailleurs fait quelques croquis de la ville</ref>. Comme l'école doit par la suite déménager à Isleworth dans le Middlesex, van Gogh décide de s'y rendre. Mais le déménagement n'a finalement pas lieu, et van Gogh décide de rester sur place où il devient un fervent animateur du mouvement méthodiste et veut "prêcher l'Évangile partout".
À Noël de cette même année 1876, il retourne chez ses parents et travaille alors dans une librairie de Dordrecht pendant six mois. Toutefois, il n'est pas heureux à ce nouveau poste où il passe la majeure partie de son temps dans l'arrière boutique du magasin à dessiner ou traduire des passages de la Bible en anglais, français et allemand. Son compagnon de chambre de l'époque, un jeune professeur appelé Görlitz, expliqua plus tard que pendant cette période, van Gogh se nourrissait avec parcimonie, préférant ne pas manger de viande.<ref>"Il ne mangeait pas de viande, seulement un petit morceau le dimanche, et seulement après que notre propriétaire ait longuement insisté. Quatre pommes de terre avec un soupçon de sauce et une bouchée de légumes constituaient son dinner" — extrait d'une lettre adressée à Frederik van Eeden lorsqu'il préparait un article sur van Gogh, cité dans Van Gogh : Un art de l'auto-portrait ; Lettres révélant sa vie de peintre,, W. H. Auden, société graphique de New York, Greenwich, pages 37-39.</ref>
Le soutenant dans son désir de devenir pasteur, sa famille l'envoie en mai 1877 à Amsterdam où il séjourne chez son oncle Jan van Gogh, amiral de la marine. Van Gogh se prépare pour l'université et étudie la théologie avec son oncle Johannes Stricker, un théologien respecté qui a publié la première "vie de Jésus" disponible aux Pays Bas. Toutefois, van Gogh échoue à ses examens et il quitte alors le domicile de son oncle Jan en juillet 1878. Il suit ensuite des cours pendant trois mois dans l'école protestante de Laeken, près de Bruxelles, mais il échoue à nouveau et abandonne alors ses études pour devenir prédicateur laïc.
Borinage et Bruxelles (1879-1880)
Fin 1878, van Gogh obtient une mission d'évangéliste en Belgique, auprès des [[mineur (métier)|mineurs] de charbon du Borinage, dans la région de Mons. Il y devient un prédicateur solidaire des luttes contre le patronat.
Sa traversée du Borinage commençe dans la commune de Pâturages, en 1878. Il y est accueilli par un pasteur qui l'installe chez un colporteur au n° 39 de la rue de l'Église. Il part ensuite pour Wasmes, dans une maison que très vite, il juge trop luxueuse et qu'il ne tarde pas à quitter pour s'installer dans une simple cabane. Poussant le christianisme à sa conclusion logique, van Gogh choisit de vivre comme ceux auprès desquels il prêche, partageant leurs difficultés jusqu'à dormir sur la paille dans sa petite hutte au fond de la maison du boulanger chez lequel il réside. Il consacre tout aux mineurs et à leur famille. Il va même jusqu'à descendre à 700 mètres au fond de la mine. Lors d'un coup de grisou, il sauve un mineur. Mais ses activités ne tardent pas à être désapprouvées, on n'accepte pas sa fonction de « prêtre ouvrier » et cela le choque. Accusé d'être un meneur, Vincent Van Gogh est contraint d'abandonner la mission qu'il s'était donnée. Il en gardera l'image de la misère humaine qui apparaîtra dans une partie de son œuvre.
Il se rend alors à Bruxelles puis revient brièvement au Borinage à Cuesmes, où il s'installe dans la maison située au n° 3 de la rue du Pavillon. Toutefois, sous la pression de ses parents, il revient chez eux à Etten. Il y reste jusqu'en mars 1880 au grand dam de ses parents qui sont de plus en plus préoccupés à son égard. Un conflit considérable naît alors entre Vincent et son père, ce dernier allant jusqu'à se renseigner pour faire admettre son fils à l'asile de Geel. Van Gogh s'enfuit de nouveau et se réfugie à Cuesmes où il loge jusqu'en octobre 1880 chez le mineur Charles Decrucq.
Il s'intéresse de plus en plus aux personnes l'entourant et aux scènes quotidiennes qu'il commence à représenter dans certains croquis.
En novembre 1880, van Gogh écoute les conseils avisés de son frère Théo à prendre l'art au sérieux. Sur les recommandations de Théo, il se rend à Bruxelles, afin d'étudier la peinture avec l'artiste hollandais Willem Roelofs. Ce dernier réussit à le persuader (en dépit de l'aversion de van Gogh d'apprendre l'art dans une école) de s'inscrire à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il s'y inscrit le 15 novembre 1880 pour les cours du soir et étudie non seulement l'anatomie, mais aussi les règles de la composition et de la perspective.
Le peintre
1880 - 1885 : aux Pays-Bas
Van Gogh commence son apprentissage en copiant des lithographies et des gravures sur bois en s’inspirant des œuvres de Jean-François Millet, artiste pour lequel il conserva jusqu’à la fin de sa vie une véritable vénération. Pendant cette période, il est soutenu matériellement par Théo, alors employé de Goupil et Cie à Bruxelles.
En 1881, à Etten, où ses parents résident, il dessine des portraits, des sujets paysans d’après nature mais surtout des paysages d’une grande richesse calligraphique et dignes de la tradition extrême-orientale. Il étudie le dessin à Anvers et commence la peinture à l'huile, en 1882.
En conflit avec son père, et éprouvant un second échec sentimental avec une proche cousine, il finit par quitter le domicile familial, et part s'installer pour un temps à La Haye au cours de la Noël 1181. Il y reçoit des leçons de peinture de son cousin Anton Mauve et pratique alors essentiellement l’aquarelle et étudie la perspective. Les vingt mois qu'il passe à La Haye (entre 1882 et 1883) semblent décisifs pour l’artiste, où il réalise sa volonté de rompre avec les conventions morales de son milieu social, et son impossibilité de mener une existence normale. De nombreuses lectures, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Émile Zola ou encore Charles Dickens, viennent enrichir sa vision du monde, et le renforcent dans ses convictions sociales.
De septembre à décembre 1883, Vincent séjourne en solitaire dans la province de Drenthe, au nord des Pays-Bas, où il s'acharne à travailler pour accomplir sa destinée de peintre. C'est l'unique remède qu’il trouve à un profond sentiment de détresse. Au terme de cette nouvelle expérience, il décide de rejoindre sa famille installée depuis peu à Nuenen, dans le Brabant-Septentrional, dans le presbytère paternel.
C'est dans ce petit village du Brabant que le talent de Van Gogh va définitivement se révéler; il y réalise de puissantes études à la pierre noire de paysans au travail, mais aussi quelque deux cents tableaux à la palette sombre et aux coups de brosse expressifs, qui viennent alors confirmer son talent de dessinateur et de peintre. L'ensemble de ses oeuvres de cette période aboutit aux Mangeurs de pommes de terre, œuvre majeure qui va révèler sa sensibilité inquiète et véhémente. Techniquement son œuvre présente encore bien des maladresses, néanmoins la période de Nuenen est rachetée par une inspiration sincère et sa volonté d'un témoignage humain exemplaire, révélateurs des idéaux de Van Gogh et de sa problématique intérieure. À cette même époque, Zola était critique d'art et Joris-Karl Huysmans rêvait d'être peintre.
À Anvers de nouveau (de novembre 1885 à février 1886), il est impressionné par les Rubens et à la révélation des estampes japonaises, qu’il commence à collectionner dans cette ville. C’est aussi dans la capitale flamande que l'artiste inaugure sa fameuse série d’autoportraits, sur le registre de l’humour macabre.
1886 - 1888 : à Paris
Seule la connaissance du milieu artistique parisien pouvait véritablement permettre à van Gogh de renouveler et d'enrichir sa vision, ce qui motive son installation à Paris en 1886. Cette année là est celle de la dernière exposition impressionniste, et en 1887 devait avoir lieu la première rétrospective de l’œuvre de Millet. Il s'installe à proximité de son frère Théo qui dirige la succursale parisienne de Goupil depuis 1880.
À Paris dans les années 1886 - 1887, il fréquente un moment l’académie du peintre Cormon, où il fait la connaissance de Henri de Toulouse-Lautrec, de Louis Anquetin et d’Émile Bernard. Il rencontre également, par l’intermédiaire de son frère, presque tous les impressionnistes, en particulier Georges Seurat et Camille Pissarro, ainsi que Paul Gauguin. Dans la boutique du Père Tanguy, il devient l'ami de Paul Signac. Sous l’influence des estampes japonaises, ses compositions acquièrent peu à peu davantage de liberté et d’aisance, tandis qu’il s’essaie à la technique de l’aplat coloré. Pissarro l’initie également aux théories nouvelles sur la lumière et au traitement divisionniste des tons. La palette de l'artiste s’enrichit alors de couleurs vives et sa touche s’anime et se fragmente, ceci grâce également à Signac avec qui il travaille en 1887. C'est une période très fertile où son art s'oriente vers l'impressionnisme mais l'absinthe et la fatigue aggravent son état mental.
1888 - 1889 : à Arles
Le 2 février 1888, il s'installe à Arles<ref> Il s'installe initialement dans la vieille ville à l'intérieur des remparts, puis en septembre 1888, au nord de la place Lamartine, dans la Maison Jaune</ref> sur les conseils de Toulouse-Lautrec qui lui parle de la luminosité des paysages méridionaux. Van Gogh commençe en effet à prendre ses distances vis-à-vis de l'impressionnisme, trop allusif à son goût, pour retrouver l’unité structurelle de l’image et se concentrer sur l'expression et le symbolisme de la forme et de la couleur. Le prochain mariage de son frère Théo, qu'il ressent comme un abandon, semble bien être néanmoins une des raisons profondes qui décide Van Gogh à quitter Paris.
Bien qu'il arrive dans la cité avec un temps de neige, une nouvelle page de son œuvre va s'ouvrir avec la découverte de la lumière provençale. Il parcourt à pied la région et peint des paysages, des scènes de moissons et des portraits.
Au début du mois de juin 1888, ayant reçu un billet de cent francs de son frère Théodore, il se rend en diligence aux Saintes-Maries-de-la-Mer pour un court séjour de cinq jours. Il y peint la fameuse barque « Amitié » et le village regroupé autour de l'église forteresse.
Parallèlement, Vincent qui habite la « maison jaune », rêve d'une communauté d'artistes unissant fraternellement leurs expériences et leurs recherches : Paul Gauguin vient le rejoindre dans ce but en octobre 1888 et ils commencent à travailler ensemble comme par exemple sur la série de tableaux consacrés aux Alyscamps. Mais les deux hommes s'entendent mal : la tension et l’exaltation permanentes qu’impliquent leur démarche créatrice et une telle urgence de peindre débouchent sur une crise : le 24 décembre 1888, à la suite d'une dispute plus violente que les autres, Van Gogh, en proie au délire tente de tuer son compagnon, puis, pour s’auto-punir, se mutile l'oreille gauche avant d'aller l'offrir à une prostituée (décembre 188Image:Cool.gif. Il est soigné par le docteur Rey dont il peint à cette époque le portrait. En mars 1889, après une période de répit pendant laquelle il peint entre autres l’Autoportrait à l'oreille bandée (janv. 1889), une pétition des habitants d’Arles entraîne son internement à l’Hôtel-Dieu.
1889 - 1890 : à Saint-Rémy-de-Provence
Le 8 mai 1889, hanté par l’idée du suicide mais pleinement conscient du mal qui le ronge, il quitte Arles, ayant décidé de lui-même d'entrer dans un asile près de Saint-Rémy-de-Provence où il reste une année. Son état varie de la dépression profonde aux phases de rémission et d’activité intense, qui entraînent de nouvelles modifications de son style : le graphisme et la touche dont les traits discontinus et sinueux donnent aux champs de blé, aux oliviers et à la voûte céleste des Alpilles et des Baux-de-Provence les mouvements mêmes de sa pathologie.
Van Gogh commence également à sortir de son anonymat : en janvier 1890 un article d’Albert Aurier dans le Mercure de France, souligne pour la première fois l’importance de ses recherches. Un mois plus tard, le peintre Anna Boch acquiert l’un de ses tableaux, La vigne rouge, exposé au Salon des XX à Bruxelles, pour la somme de quatre-cents francs.