Troubles au Tibet en mars 2008
Un article de Vev.
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Le 10 mars 2008, quelques mois avant les Jeux Olympiques d'été de 2008 et le jour du 49e anniversaire du soulèvement tibétain de 1959, des manifestations pacifiques de moines bouddhistes ont lieu à Lhassa, capitale de la région autonome du Tibet. Ceux-ci réclament la libération des moines emprisonnés en octobre 2007.
Le 14 mars, les manifestations dégénèrent en violentes émeutes dirigées contre les habitants non tibétains et leurs biens. Les forces de l’ordre se replient devant l’assaut des émeutiers et ne reprennent progressivement le contrôle de la ville que le lendemain, procédant alors à de nombreuses arrestations. Selon les autorités, le bilan humain et matériel est lourd : 19 morts victimes des émeutiers et un millier de commerces et bâtiments publics détruits.
Selon le gouvernement tibétain en exil, 80 Tibétains sont morts victimes de la répression chinoise le 14 mars à Lhassa, bilan que le témoignage des Occidentaux présents sur place ne permet pas de corroborer. Ce bilan est contesté par le journaliste Georg Blume après 5 jours d'enquête à Lhassa.
Des manifestations se produisent aussi dans d’autres zones de population tibétaine, notamment dans la préfecture autonome tibétaine d’Aba, où des tirs des forces de l’ordre auraient fait des victimes le 15 mars.
Alors que les médias occidentaux présentent des images de manifestations réprimées en Inde et au Népal comme se déroulant à Lhassa, les médias chinois diffusent, pour leur part, des vidéos montrant les agressions et destructions commises par les émeutiers.
La Région autonome du Tibet, qui avait été fermée aux journalistes et aux touristes le 19 mars, est de nouveau ouverte depuis le 26 juin.
Chronologie des événements
Le 10 mars, 300 à 400 moines du monastère de Drepung défilent dans les rues de Lhassa, afin de demander la libération de moines emprisonnés en 2007, après qu’ils eurent repeint les murs du monastère en blanc pour fêter la remise de la médaille d'or du Congrès des États-Unis au 14e dalaï-lama<ref name="Bruno Philip">Au Tibet, des moines ont défié le régime chinois au cœur de Lhassa par Bruno Philip</ref>,<ref name="Bruno Philip2">La semaine qui ébranla le Tibet</ref>. Les moines, bloqués par un barrage des forces de l’ordre, s’assoient pour un sit-in de quelques heures avant de se disperser. Au crépuscule, des moines et des étudiants se rassemblent au centre-ville sur la place du Barkhor, 6 ou 7 d’entre-eux sont arrêtés.
Le 11 mars, afin de protester contre ces arrestations, plus de 500 moines de Drepung, auxquels se sont joints ceux de Sera, manifestent de nouveau. Fin de matinée, des incidents éclatent quand la police chinoise et de la Police armée du peuple dispersent les manifestants par la force. Des grenades lacrymogènes sont utilisées, et des moines frappés à coups de matraque.
D’après le gouvernement tibétain en exil, d’autres manifestations ont éclaté dans trois autres monastères, dont l’un situé dans la province traditionnelle tibétaine de l’Amdo incorporée au Qinghai. Le 11 mars, un porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères déclare que des manifestations « illégales et menaçant la stabilité sociale » ont eu lieu à Lhassa.
Le 12 mars, la tension monte d’un cran avec les rumeurs de tentatives de suicide de deux moines de Drepung. Selon un témoin, au monastère de Séra, des moines qui ont débuté une grève de la faim sont battus par la police. <ref name="Bruno Philip2" />
Le 14 mars, de violentes émeutes se sont déroulées à Lhassa, les plus graves depuis le Soulèvement tibétain de 1959<ref name="economist19mar2008">Trashing the Beijing Road , 19 mars 2008
, The_Economist . Consulté le 19 avril 2008</ref>,<ref name="economistfr19mar2008">Jours d’émeutes à Lhassa , 19 mars 2008 , The_Economist . Consulté le 19 avril 2008</ref>,<ref name="cctv9_riot_lhasa">Documentaire CCTV9 émeutes à Lhassa , 21 mars 2008 , CCTV-9 . Consulté le 21 avril 2008</ref>.
Les premières violences commencent le matin près du temple de Ramoche. Selon Le Monde, les premières violences feraient suite au passage à tabac de deux moines bouddhistes par les forces de l’ordre<ref name="Bruno Philip2" />, rumeur qui se propage dans Lhassa, ou bien, selon les sources officielles chinoises, à des jets de pierre contre les forces de l’ordre.<ref name="economist19mar2008" /> Les émeutes éclatent au début de l’après-midi : une foule de plusieurs douzaines de personnes se déchaînent, dont certaines hurlent en jettant des pierres sur les magasins appartenant à des Chinois et sur les taxis dont la plupart à Lhassa sont conduits par des Hans.
L’émeute se propage rapidement à travers les ruelles commerçantes. Des foules, qui se sont rassemblées apparemment de façon spontanée, dévastent les magasins n’appartenant pas aux Tibétains et en répandent les marchandises dans la rue, avant d’y mettre le feu. Pour échapper au saccage, les commerçant tibétains nouent, sur leur devanture, des foulards blancs traditionnels les signalant comme tels. Selon le témoignage d’un touriste suisse qui se trouvait dans la rue principale de Lhassa, il y avait là une foule de 400 à 500 personnes, et des pavés sont lancés à travers la rue pour atterrir dans une rue latérale où une cinquantaine de policiers, mal protégés par leurs boucliers en plastique, finissent par battre en retraite <ref name=" blogueur américain">Le Tibet sous haute surveillance, témoignage de Claude Balsiger</ref>. Selon les témoins occidentaux, des Chinois isolés, passant à pied ou en véhicule, sont agressés, lapidés ou pris en chasse par des manifestants, dont certains armés de sabres tibétains, de bâtons ou de barres de fer.<ref>12 policemen gravely injured in Lhasa riot , 16 mars 2008
, China View . Consulté le 10 juin 2008</ref>. Quelques émeutiers scandent « Vive le dalaï-lama ! » et « Tibet libre ! ». Selon le gouvernement chinois, 13 personnes seraient mortes, victimes des émeutiers, la plupart brûlées vives dans les incendies.
Pendant des heures, les forces de sécurité interviennent peu.
Selon le témoignage de James Miles, correspondant à Lhassa pour The Economist, des tibétains ont lancé des pierres sur un garçon de 10 ans à vélo. Concernant la répression, il n'a pas entendu de rafale de mitraillette, et n'a pas eu le sentiment d'une répression massive comme lors de l'écrasement des manifestations de Tiananmen qu'il a également couvert. Les autorités auraient été paralysées par les risques politiques qu’une vive réaction aurait impliqués<ref name="economist19mar2008"/>,<ref name="economistfr19mar2008" />,<ref name="cctv9_riot_lhasa"/>.
Georg Blume, un journaliste allemand présent sur place, rapporte un témoignage tibétain très précis sur les événements : ce témoin a pu donner libre expression à sa haine envers la Chine mais admet que les policiers n'ont pas tiré le 14 mars au plus fort des émeutes, il suppose que les victimes sont essentiellement des chinois brulés dans leurs magasins. George Blume pensait au départ que la police militaire était responsable des victimes, mais plus il a recueilli de témoignages et plus il a remis en cause cette hypothèse initiale. Il est clair pour lui que l'on ne peut pas parler de répression sanglante comme le massacre de Tiananmen en 1989<ref>"
Les rafles laissent présager le pire " , Spiegel on line , 20 mars 2008 . Retrieved on 20 juillet 2008 . </ref>
,<ref>"
Die Razzien lassen Schlimmes befürchten " , Spiegel on line , 20 mars 2008 . Retrieved on 6 juillet 2008 . (german) </ref>.
Selon une dépêche de l’AFP, un des très rares manifestants tibétains qui a réussi à s’enfuir du Tibet, après 4 jours de manifestations à Lhassa, a témoigné d’actes de violence particulièrement graves des forces de maintien de l’ordre à Lhassa ; ce témoignage n’est cependant corroboré par aucune autre source présente sur place lors des manifestations. Selon lui, des troupes chinoises brandissant des couteaux auraient attaqué les manifestants tibétains le 14 mars, « Nous manifestions pour marquer le 49e anniversaire (du Soulèvement tibétain de 1959 contre la domination chinoise) lorsque les troupes nous ont attaqués avec de longs couteaux. Nous avons jeté des pierres et les soldats se sont retirés et sont ensuite revenus avec des armes et puis il y a eu de la fumée, des coups de feu et des cris terribles ». Il affirme avoir vu plusieurs Tibétains mourir de balles et de coups de couteau. « Les troupes ont juste jeté (les morts) comme des carcasses dans des fourgons de police ». Ce réfugié est le 4e Tibétain à avoir pu s’échapper de la région depuis le déclenchement des troubles en mars 2008.<ref>Un manifestant tibétain témoigne de la répression chinoise à Lhassa en mars 2008</ref>,<ref>Escaped Tibetan rioter tells of Chinese repression</ref>
Le 14 mars, Radio Free Asia rapporte que les policiers et les membres des forces de sécurité « ont tiré sur les manifestants antichinois alors que ces derniers mettaient le feu à des voitures et envahissaient les rues », le bilan serait d’une centaine de morts<ref>China Clamps Down on Tibetan Protests As Many Deaths, Injuries Reported , 14 mars 2008
, Radio Free Asia . Consulté le 14 mars 2008</ref>.
Des témoins ont indiqué à des agences de presse étrangères que les rues de Lhassa étaient quadrillées par la police, les forces de la Police armée populaire ainsi que par l’armée<ref name="révolte au Tibet le monde"/>.
Selon Qiangba Puncog, président du Gouvernement régional de la Région autonome du Tibet, le personnel de sécurité n’était pas armé lors des émeutes du vendredi 14 mars à Lhassa<ref name="policiers non armés">Ni port ni usage d’armes destructives par le personnel de sécurité dans les émeutes à Lhassa , 17 mars 2008
, Xinhua . Consulté le 4 mai 2008</ref>, James Miles et certains touristes occidentaux confirment que la police n’était pas armée ("no guns visible"), une détonation a été entendue mais il est difficile de dire s’il s’agissait d’un coup de feu ou d’une explosion due à un incendie<ref name="economist14mar2008">Fire on the roof of the world , 14 mars 2008 , The_Economist . Consulté le 25 mai 2008</ref>. Selon le témoignage d’autres touristes rapportés par l'ambassade des États-Unis (Source partisane) à Pékin, des coups de feu ont clairement été entendus<ref name="NYT 2008">Violence in Tibet as Monks Clash With the Police</ref>. Des « bruits de coups de feu » sont rapportés dans la conversation entre un activiste à Lhassa et le secrétaire culturel du Congrès de la jeunesse tibétaine mais il n'en existe aucun enregistrement vérifiable<ref>With Reports Of Violence, Anger Ignites Beyond Tibet</ref>.
Selon Xinhua, l’agence Chine-Nouvelle, 13 civils chinois ont été brûlés vifs (dont un aspergé d’essence) ou poignardés à mort par les émeutiers<ref name="13 civils brûlés vifs ou poignardés">13 civils brûlés vifs ou poignardés à mort dans les émeutes à Lhasa , 17 mars 2008
, Xinhua . Consulté le 4 mai 2008</ref>, 18 civils et un agent de police ont trouvé la mort au cours des émeutes du 14 mars à Lhassa, 241 agents de police ont été blessés (dont 23 actuellement dans un état critique), un autre a été tué par la foule, 382 civils ont été blessés (dont 58 grièvement). Selon Phayul.com, un site créé en 2001 par un Tibétain en exil, des manifestations très tendues, dispersées par des tirs des forces de l’ordre, seraient signalées dans le Gansu, une partie de l’ancienne province tibétaine de l’Amdo<ref>Tibet: Guns shots fired as thousands of Tibetans hold fresh protest in Amdo Labrang , 14 mars 2008 , Phayul.com . Consulté le 15 mars 2008</ref>.
Le samedi 15 mars, selon le Centre tibétain pour les droits de l'homme et la démocratie, des milliers de manifestants se rassemblent à nouveau dans cette région proche du monastère de Labrang<ref>Fresh protest in Amdo Labrang , 15 mars 2008
, Phayul.com . Consulté le 17 mars 2008</ref>. La présence de chars et de véhicules militaires chinois à Lhassa est rapportée par des touristes étrangers<ref>Des chars dans les rues de Lhassa, selon des visiteurs étrangers , 15 mars 2008 , Le Point . Consulté le 17 mars 2008</ref>. Le centre historique de la ville est placé sous couvre-feu, l’accès pour les touristes et les journalistes est suspendu, empêchant les médias étrangers d’accéder à la région<ref name="révolte au Tibet le monde"/>. Le 14e dalaï-lama demande à la Chine de « cesser d’utiliser la force », de « répondre au ressentiment des Tibétains par le dialogue » et aux Tibétains de « ne pas recourir à la violence »<ref>The Dalai Lama expresses deep concern amidst growing unrest in Tibet , 14 mars 2008 , Phayul.com . Consulté le 17 mars 2008</ref>.
Durant le week-end, les manifestations antichinoises débordent hors de la capitale. À Xiahe, dans la province du Gansu, des manifestations éclatent le vendredi et le samedi autour du grand monastère de Labrang, des milliers de moines défilant en criant « Tibet libre ! » et « Laissez le dalaï-lama revenir au Tibet ! ». D’après Kate Saunders, responsable d’International Campaign for Tibet, « des manifestations ont éclaté dimanche dans la ville de Ngawa (dans le Sichuan) et sept personnes ont été tuées ». Le gouvernement local promet de « lancer une guerre du peuple pour combattre le séparatisme et faire éclater en pleine lumière le visage hideux du dalaï-lama et de son groupe », il lance également un ultimatum aux émeutiers, leur demandant de se rendre d’ici à lundi soir<ref name="agitation antichinoise a débordé Lhassa">Au Tibet, l’agitation antichinoise a débordé Lhassa , 17 mars 2008
, Le Monde . Consulté le 17 mars 2008</ref>. Le mardi 18 mars la centaine de touristes restant en ville est déplacée dans des hôtels situés loin du lieu des émeutes. Le mercredi soir à 22h : 170 personnes s’étaient rendues<ref name="170 personnes se rendent">170 personnes se rendent à la police , 20 mars 2008 , Xinhua . Consulté le 23 avril 2008</ref>
Le 28 mai, selon le TCHRD, 3 nonnes et une étudiante (Rigden Lhamo) ont manifesté à Kardze (Sichuan, Kham) pour le retour du Dalai Lama, la libération des prisonniers politiques tibétains et la liberté au Tibet. La police chinoise aurait tiré des coups de feu et infligés de mauvais traitements à Rigden Lhamo. Des taches de sang auraient été vues sur son corps et l'on ignore ce qu'elle est devenue.<ref>China fires gunshot on peaceful protester in Kardze</ref>,<ref>MARCHE DE RETOUR AU TIBET : Les Présidents des ONGs Tibétaines ORGANISATRICES transférés à la prison de Hardwar</ref>,<ref>Kardze : 3 nonnes et une étudiante arrêtées</ref>
Le 21 juin Palma Trily, vice-président exécutif de la Région autonome du Tibet, a annoncé que le Tibet a libéré 1157 personnes accusées de délits mineurs dans les émeutes à Lhassa, juste avant le passage de la flamme olympique à Lhassa.<ref name="1 157 personnes libérées">Le Tibet libère 1 157 personnes impliquées dans les émeutes à Lhasa , 21 juin 2008
, Xinhua . Consulté le 24 juin 2008</ref>
Le journal en:JURIST remarque que l'annonce de cette libération survient 2 jours après un rapport critique d'Amnesty International.<ref>China reports release of Tibetan demonstrators</ref>
Bilan des morts, des blessés et des arrestations
Depuis le début des troubles, les bilans humains sont contradictoires selon les sources. Les divergences portent non seulement sur le nombre des victimes mais aussi sur leur identité. Les autorités chinoises parlent de civils innocents victimes des émeutiers, tandis que le gouvernement tibétain en exil parle de tibétains tues par la police ou l'armée.<ref>Les émeutes tibétaines antichinoises s’étendent, L'Humanité</ref>
Témoignage des journalistes occidentaux
James Miles, témoin des émeutes
Le 20 mars, James Miles est interviewé par CNN
"Ce que j'ai vu était une violence organisée ciblée contre un groupe ethnique, ou devrais-je dire deux groupes ethniques, essentiellement l'ethnie Han chinoise vivant à Lhassa, mais aussi les membres de la minorité musulmane Hui à Lhassa."
"Presque tous les autres commerces ont été brûlé, pillé, détruit, réduits en pieces, les biens ont été traînés dans les rues, entassés, brûlés. C'était un déversement de violence ethnique de la nature la plus déplaisante qui soit, qui surpris certains témoins tibétains."
"À un moment donné, je les ai vus lancer des pierres sur un garçon d'environ 10 ans à vélo dans la rue. Je suis allé face à eux pour leur dire d'arrêter."
"Je n'ai pas entendu de rafale de mitraillette. Je n'ai pas eu le sentiment d'une répression armée massive comme lorsque je couvrais l'écrasement des manifestations de la place Tiananmen en Juin 1989 à Pékin. C'était ici une opération très différente, plus calculée, et je pense que l'effort des autorités cette fois était de laisser les gens se défouler avant d'établir une forte présence armée avec des fusils tous les quelques mètres dans tout le quartier tibétain. Ce n'est que lorsqu'ils ont pu garantir qu'il n'y aurait pas un bain de sang, qu'ils sont réellement rentrés avec une force décisive."<ref>Interview de James Miles par CNN</ref>
Georg Blume, enquête auprès des habitants
Le 20 mars, Georg Blume un journaliste allemand interroge de nombreux habitants de Lhassa pendant les 5 jours qui ont suivit les émeutes :
"Moi aussi j'ai pensé au début que la police militaire était coupable. Surtout que la ville est remplie d'hommes en uniforme, la conclusion du coup s'impose que des coups de feux à balles réelles auraient été tirés. Cependant plus je parle avec des témoins sur les révoltes, plus cette possibilité me paraît improbable."
"Une chose est sûre : Concernant les protestations des tibétains, on ne peut pas parler d'une répression sanglante - comme lors du massacre de Tiananmen en 1989.".
Georg Blume recueille notamment le témoignage d'un Tibétain très hostile aux chinois qui admet "La police chinoise n'a pas tiré de coup de feu vendredi passé, au moment du déclenchement et lors de l'intensité la plus importante pour le moment des révoltes." Il suppose que parmi les morts, il y a surtout des chinois qui ont brûlé dans leurs magasins<ref>"
Les rafles laissent présager le pire " , Spiegel on line , 20 mars 2008 . Retrieved on 20 juillet 2008 . </ref>
,<ref>"
Die Razzien lassen Schlimmes befürchten " , Spiegel on line , 20 mars 2008 . Retrieved on 6 juillet 2008 . (german) </ref>.
Bilan officiel
Lhassa
Le 15 mars, le gouvernement de la Région autonome du Tibet confirme la mort d'au moins 10 personnes dans les émeutes. 580 personnes dont trois touristes japonais ont été secourues. Plus de 160 sites en feu, dont 40 incendies majeurs, ont été rapportés.<ref>"
La police armée a secouru 580 personnes dans les émeutes à Lhasa, dont trois touristes japonais " , Xinhua , 15 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 16 mars, Zhang Yijiong, secrétaire adjoint du comité du PCC pour la région autonome du Tibet révèle que les violences ont grièvement blessé 12 policiers et soldats de la police armée, dont deux sont dans un état critique. <ref>"
12 policiers grièvement blessés lors des violences à Lhasa " , Xinhua , 16 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 17 mars, Qiangba Puncog, président du gouvernement de la Région autonome du Tibet, déclare la mort de 13 civils innocents brûlés ou poignardés, et cite deux cas de violence : un civil a été aspergé d'essence par des émeutiers et brûlé vif, dans le second cas, les émeutiers ont battu un agent de police qui s'est évanoui, et ont ensuite coupé un morceau de chair de son postérieur. 61 agents de police ont été blessés dans les troubles de vendredi à Lhasa dont six grièvement. Les émeutiers ont mis le feu à plus de 300 endroits, parmi lesquels des maisons résidentielles et 214 magasins,et détruit et brûlé 56 véhicules<ref>"
Les émeutes de Lhasa causent de lourdes pertes, perturbant l'ordre social " , Xinhua , 17 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 22 mars selon Xinhua, 183 émeutiers se sont rendu à la police et de nombreux témoins racontent se qu'il s'est passé : Zuo Yuancun, un homme de 1,70 m, a été enflammé pour être réduit à des morceaux d'os et de chair. Un travailleur migrant a eu le foie poignardé par des bandits. Une femme a été brutalement battue par des attaquants qui lui ont coupé l'oreille. Un docteur du nom de Losang Cering a été agressé par des émeutiers brandissant des couteaux alors qu'il essayait de sauver un petit garçon de 6 ans qui avait été piétiné et suffoquait. Le bilan officiel selon le gouvernement régional s'établit à 18 civils morts et un officier de police pendant les émeutes survenues le 14 mars à Lhasa. 241 officiers de police ont été blessés, dont 23 sont à présent dans un état critique. Le nombre de civils blessés est passé de 325 à 382, dont 58 grièvement blessés. Les émeutiers ont mis le feu à sept écoles, cinq hôpitaux et 120 résidences. 84 véhicules ont été incendiés et 908 boutiques pillées. Les pertes sont estimées à plus de 244 millions de yuans (environ 34,59 millions de dollars)<ref>"
Chine: 183 personnes se rendent à la police après les émeutes de Lhasa " , Xinhua , 22 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>,<ref>" Chine: 18 civils et un officier de police tués par les émeutiers à Lhasa " , Xinhua , 22 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 24 mars, selon le ministère de la Sécurité publique, 5 suspects ont été arrêtés pour deux affaires d'incendie volontaire lors des récentes émeutes à Lhasa, coûtant la vie à dix personnes.<ref>"
Cinq suspects arrêtés pour incendie lors des émeutes à Lhasa " , Xinhua , 22 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>. Le 25 mars, le ministère annonce que les suspects ont avoués et donne des informations sur les affaires<ref>" Cinq suspects avouent leur participation dans des incendies volontaires mortels lors des émeutes à Lhasa " , Xinhua , 25 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 28 mars, l'International Herald Tribune rapporte que cinq vendeuses ont été brûlées vives à la suite de l'incendie allumé par des émeutiers dans le magasin de vêtements Yishion où elles travaillaient. Il s'agit de Yang Dongmei, 24 ans; He Xinxin, 20 ans; Chen Jia, 19 ans; Liu Yan, 22 ans; Cirenzhuoga, 21 ans, cette dernière étant tibétaine<ref>"
For victims of Tibet riots, a complex fate " , International Herald Tribune , 28 mars 2008 . Retrieved on 8 juin 2008 . </ref>.
Le 1er avril, selon le ministère de la Sécurité publique, 2 suspects ont été arrêtés pour deux autres affaires d'incendie volontaire coûtant la vie à deux personnes. Sur les 6 autres victimes civiles, 2 sont tibétaines.<ref>"
Deux autres suspects arrêtés dans le cadre des émeutes à Lhasa " , Xinhua , 1 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Un article mis en ligne le 8 avril sur le site de CCTV-F lié à la Télévision centrale de Chine, rapporte que le Bureau de la sécurité publique de Lhassa accuse la « clique du dalaï-lama » d’avoir publié un bilan des morts erroné et gonflé : 5 personnes qui figurent sur la liste sont encore en vie ou n’existent pas et 35 autres personnes sont introuvables; les 18 civils et le policier tués à Lhassa le 14 mars n’y figurent pas,<ref>"
Le bilan des émeutes (…) du Dala¨Lama monté de toutes pièces " , China: CCTV-F , 8 avril 2008 . Retrieved on 8 avril 2008 . (French) </ref>.
Le 9 avril, Qiangba Puncog, président du gouvernement de la Région autonome du Tibet, annonce que 953 personnes ont été arrêtées. Parmi elles 403 ont été formellement arrêtées. Au total 362 personnes se sont rendues à la police dont 328 personnes ont été libérées. La police a listé les 93 plus "grands" suspects et a déjà procédé à l'arrestation de 13 personnes. Gungqung Toinzhub avait séjourné au Népal pendant un an et demi avant de franchir la frontière illégalement en 2000. <ref>"
953 suspects arrêtés au cours des émeutes à Lhasa " , Xinhua , 13 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 13 avril, la police de Lhasa révèle qu'elle a arrêté Gungqug Toinzhub dans le monastère de Ramogia, ce suspect, n°2 dans la liste des personnes recherchées, a avoué avoir coupé un passant innocent avec un long couteau. Il est soupçonné d'avoir pris la tête dans l'attaque des personnes innocentes <ref>"
Un suspect des émeutes de Lhasa avoue avoir lacéré un passant innocent " , Xinhua , 13 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 29 avril, 17 personnes impliquées dans les émeutes du 14 mars à Lhasa, ont été condamnées mardi à des peines de prison allant de trois ans à perpétuité. La séance était publique selon Xinhua<ref>"
17 personnes emprisonnées suite aux violences à Lhasa " , Xinhua , 13 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>. L'agence Reuter parle de 30 emprisonnements, dont trois Tibétains condamnés à perpétuité : un chauffeur d’une société immobilière de Lhassa qui a brulé des voitures, détruit des postes de police et des véhicules de pompier et agressé des pompiers, un moine du Doilungdequen pour être le meneur d'un groupe de 10 personnes dont 5 moines qui ont détruit le bureau du gouvernement, détruit et pillé 11 commerces, et attaqué des policiers, et un entrepreneur du Lingzhou pour avoir incité les autres à piller des commerces, bruler des véhicules et des bâtiments les 15 et 16 mars à 70km de Lhassa<ref>" 17 personnes emprisonnées suite aux violences à Lhasa " , Xinhua , 29 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>. Selon Human Rights Watch, les procès des 30 Tibétains accusés d’avoir participé aux manifestations violentes du 14 mars à Lhassa n’étaient pas ouverts au public, comme le prétend le gouvernement chinois, et n’ont pas respecté les normes internationales minimums<ref>Tibetan Protesters Denied Fair Trial</ref>. D’autres procès seraient attendus<ref name="Trente émeutiers tibétains condamnés"> P.N. (à Pékin, avec AFP, REUTERS) , « Trente émeutiers tibétains condamnés par Pékin » , 30/04/2008 , www.liberation.fr . Consulté le 02 mai 2008</ref>.
Le 20 juin, selon Palma Trily vice-président exécutif du Tibet, 12 personnes de plus sont condamnées, portant le total à 42.<ref>"
Verdict des 12 personnes impliquées dans les émeutes de Lhasa " , Xinhua , 13 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Le 21 juin, Palma Trily, vice-président exécutif de la Région autonome du Tibet annonce la libération de 1157 personnes accusées de délits mineurs dans les émeutes à Lhasa. La police avait arrêté 953 personnes, 362 s'étaient rendues d'elle même, 42 ont été condamnées, 116 autres sont en attente de jugement. <ref name="1 157 personnes libérées">Le Tibet libère 1 157 personnes impliquées dans les émeutes à Lhasa , 21 juin 2008
, Xinhua . Consulté le 24 juin 2008</ref>
Xiahe (Province du Gansu)
Le 23 mars selon le gouvernement local, 94 ont été blessées lors des récentes émeutes survenues dans la préfecture autonome tibétaine de Gannan, causant des pertes économiques estimées à 230 millions de yuans (32,6 millions de dollars). Les personnes blessées incluent 64 policiers, 27 agents de la police armée, 2 officiels du gouvernement et un civil, parmi lesquels 6 policiers et 4 agents de la police armée se trouvent dans un état critique. Depuis le 14 mars, manifestations, coups, cassages, pillages et incendies se sont produits dans les districts de Xiahe, Maqu, Luqu et Jone, et dans la ville de Hezuo de la préfecture autonome tibétaine de Gannan et dans le district d'Aba de la province du Sichuan (sud-ouest).<ref>"
94 personnes blessées suites à des émeutes survenues dans une préfecture tibétaine " , Xinhua , 23 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Aba (Province du Sichuan)
Selon un officiel local le 3 avril, le district d'Aba a été témoin le 16 mars de violences criminelles menées par des moines du monastère de Kirti. Plus de 200 personnes ont été blessées et 24 magasins, 2 bâtiments officiels et 81 véhicules ont été brûlés lors des émeutes.<ref>"
Plus de 200 blessés suite aux émeutes dans la préfecture d'Aba " , Xinhua , 23 mars 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>
Dari
Selon Xinhua, une fusillade a éclatée le 21 mars lors de l'arrestation d'un tibétain suspecté d'être responsable de l’émeute du 21 mars dans la ville de Hongke dans la région du Dari, un policier et le suspect ont été tué<ref>"
Funérailles pour un agent de police tibétain tenues en Chine du nord-ouest " , Xinhua , 1 mai 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>. Il s'agit du seul tibétain tué par la police selon les autorités chinoises<ref>Tibet: la police admet avoir tué un émeutier</ref>. Le 1er mai, dans la province de Qinghai (nord-ouest de la Chine), à Huzhu, plus de 1 000 personnes ont assisté aux funérailles de Lama Cedain, policier tibétain tué lors de la fusillade<ref>" More than 1,000 mourn for policeman killed by riot leader in NW China " , People's Republic of China: China View , 2 mai 2008 . Retrieved on [[1er mai 2008]] . (english) </ref>.
Selon le bureau de sécurité du district, le policier a été tué dans une fusillade, ses collègues ont riposté tuant le suspect. Selon des « sources tibétaines » non vérifiées citées par un journaliste du The Times, ce policier aurait été tué par les villageois pour avoir tué un moine tibétain qui avait enlevé et brûlé le drapeau chinois d’un bâtiment gouvernemental lors des manifestations de la ville de Dari le 21 mars<ref>Tibetans shot officer 'to avenge killing of monk'</ref>.
Bilan selon le gouvernement tibétain en exil
Le gouvernement tibétain en exil déclare le 15 mars qu’il a reçu « des rapports non confirmés » estimant à 100 morts le bilan de l’agitation au Tibet<ref>"
Tibet government in exile reports of 100 dead in China protests " , Ynetnews , 15 mars 2008 . Retrieved on 2008-03-19 . </ref>.
Le 15 mars, Radio Free Asia, cite des témoins qui rapportent avoir vu au moins deux corps dans les rues de Lhassa<ref name="ref3">"
Deaths reported in Tibet protests " , BBC News , 15 mars 2008 . Retrieved on 2008-03-19 . </ref>.
Le lendemain, le gouvernement tibétain en exil confirme au moins 80 morts<ref>"
Dalai Lama: China causing 'cultural genocide' " , CNN , 17 mars 2008 . Retrieved on 2008-03-19 . </ref>.
Le 25 mars, selon des sources d’informations affiliées à l’Administration des Tibétains en exil et au TCHRD, la Police armée du peuple a coupé l’eau, l’électricité, l’approvisionnement en nourriture et l’accès aux soins dans les monastères de Sera, Drepung et Ganden et autres monastères actifs au cours des manifestations. De ce fait, les moines risqueraient la famine<ref>Cinq interpellations lors d’une manifestation pro-Tibet à Moscou</ref>, et le 24 mars un moine serait mort de famine au Temple de Ramoché, lequel avait été la cible de gaz lacrimogène de la part des militaires<ref>"
Ramoche monk dies from starvation as tight restrictions continue in Monasteries " , Tibet.net , 25 mars 2008 . Retrieved on 25 mars 2008 . </ref>,<ref>" China tightens monastery blockade, monk dies of starvation (1st Lead) " , Asia-Pacific News , 26 mars 2008 . Retrieved on 26 mars 2008 . </ref>,<ref>" Monk in Lhasa monastery died of starvation " , IANS , 26 mars 2008 . Retrieved on 26 mars 2008 . </ref>.
Le 5 avril, le Tibetan Centre for Human Rights and Democracy (TCHRD) déclare que les autorités chinoises ont arrêté plus de 2 300 Tibétains dans les différentes parties du Tibet<ref>China arrests over 2300 Tibetans in Tibet</ref>. Selon le Gouvernement tibétain en exil, plus de 140 personnes ont été tuées au cours des répressions des récents troubles au Tibet<ref>BBC News. Burning debate over relay boycott, 5 avril 2008</ref>.
Le 9 avril, le TCHRD déclare qu’un moine, relâché après plusieurs jours de détention, montre des signes d’atteinte neurologique, des marques de contusions sur le corps, dûs a des tortures pratiquées par la police en prison<ref>Tortured monk released in unstable mental condition</ref>.
Le 16 avril, le Centre culturel tibétain Khawa Karpo, une association tibétaine en exil en Inde confirme l’arrestation, à la suite des manifestations, de la chanteuse tibétaine Jamyang Kyi<ref>Une célèbre chanteuse tibétaine interpellée par la police chinoise</ref>.
Le 18 avril, selon le dalaï-lama, le bilan des morts dépasserait 400 personnes, tandis que des milliers d’autres auraient été arrêtées <ref>Le dalaï-lama, la Chine et Hitler</ref>.
Le 29 avril, Pékin déplore la mort de 18 innocents et reconnaît avoir arrêté 400 personnes mais non avoir tiré sur les émeutiers. Ce bilan est contesté par les Tibétains en exil, qui avancent les chiffres de 203 morts, d’un millier de blessés et de Modèle:Formatnum:5175 arrestations<ref name="Pékin réprime et prône le dialogue"> Sophie Malibeaux , « Pékin réprime et prône le dialogue » , 29/04/2008
, www.rfi.fr . Consulté le 02 mai 2008</ref>,<ref name="Trente émeutiers tibétains condamnés" />.
Le 17 avril, selon le TCHRD, une femme tibétaine, de 38 ans, qui a été impliquée dans les manifestations pacifiques les 16 et 17 mars 2008 dans le district de Ngaba, serait morte après avoir été torturée dans une prison chinoise. Après sa libération, l’hôpital gouvernemental, qui pourrait avoir été sous influence des autorités chinoises locales, a refusé de l’admettre<ref>A Tibetan woman succumbs to torture</ref>.
Fin mai, selon le Los Angeles Times, une chanteuse tibétaine nommée Drolmakyi a été libéré après presque deux mois de détention sous condition de garder le silence sur son arrestation et de ne plus faire de représentations pendant quelques temps.<ref>China silences Tibet folk singer Drolmakyi, Los Angeles Times, 8 juin 2008</ref>
Le 6 juin, rapporte le Quotidien du Peuple en ligne, la police du Tibet annonce avoir arrêté 16 moines bouddhistes et être à la recherche de trois autres, impliqués dans trois attentats ou tentatives d'attentat à la bombe visant un transformateur, une station d'essence, une permanence de la police et une résidence privée. Les moines ont déclaré avoir été inspirés par les événements du 14 mars et l'écoute des radios pro-GTE <ref>"
La police du Tibet a arrêté 16 moines suspectés d'attentats à la bombe " , People's Republic of China: Le Quotidien du Peuple en ligne , 6 juin 2008 . Retrieved on 9 juin 2008 . (french) </ref>.
Dans une information rendue publique le 18 juin, selon Amnesty International, 1000 Tibétains auraient disparu ou seraient détenus arbitrairement<ref>Tibet: 1.000 manifestants arrêtés en mars n'ont pas réapparu</ref>,<ref>Un millier de Tibétains détenus sans inculpation, selon Amnesty</ref>,<ref>The Olympics countdown -- crackdown on Tibetan protestors</ref>,<ref>More Than 1000 Still Unaccounted For in Tibet Lock-Down as Olympic Torch Approaches Region, Amnesty International</ref>
Bilan matériel
Le 22 mars, le gouvernement régional du Tibet a confirmé le bilan matériel des émeutes du 14 mars à Lhassa :
« Les émeutes ont eu pour résultat le pillage de magasins, et l’incendie de commerces, de véhicules et de résidences. Des émeutiers ont mis le feu à sept écoles, cinq hôpitaux et 120 résidences. 84 véhicules ont été incendiés et 908 boutiques pillées. Les pertes sont estimées à plus de 244 millions de yuans (environ 34,59 millions de dollars). »<ref name="bilan xinhua">18 civils et un officier de police tués par les émeutiers à Lhasa , 22 mars 2008
, Xinhua . Consulté le 24 avril 2008</ref>
Réponse des autorités chinoises
Les autorités chinoises ont répondu en déployant la Police armée populaire le troisième jour des mouvements de protestation<ref name="ref1">Tibetan protests turn violent , 14 mars 2008
, Al Jazeera . Consulté le 19 mars 2008</ref>, et en fermant les monastères. Le Tibet et les zones tibétaines voisines ont été fermés à la presse ; des journalistes, aussi bien étrangers que de Hong Kong, en ont été expulsés<ref>La répression au Tibet se déroule à huis clos , 17 mars 2008 , Reporters sans frontières . Consulté le 19 mars 2008</ref>. De son côté, le général Yang Deping a affirmé que les troupes de l’Armée populaire de libération n’interviendraient pas<ref>Tibetans Clash With Chinese Police in Second City , 16 mars 2008 , The New York Times . Consulté le 19 mars 2008</ref>,<ref>Certains spécialistes estiment cependant que l’armée est intervenue, en se basant sur les matériels employés : Tibet, the 'great game' and the CIA, Richard M. Bennett, GlobalResearch.ca, 25 mars 2008</ref>.
Les autorités chinoises se sont par ailleurs déclarées inquiètes que les manifestations tibétaines puissent inciter les activistes ouïghours de la région autonome voisine du Xinjiang à organiser également des manifestations de rue<ref name=chicagotribune> Q&A: The showdown in Tibet. Why would Tibet boil over right now , 15 mars 2008
, Chicago Tribune . Consulté le 19 mars 2008</ref>.
Le 11e Panchen Lama désigné par les autorités chinoises mais non reconnu par les Tibétains<ref>Le dalaï-lama peut-il démissionner?</ref>, Gyancain Norbu, a prononcé une déclaration condamnant les troubles : « Les actes des émeutiers ont non seulement nui aux intérêts de la nation et du peuple, mais également violé l’esprit du bouddhisme. Nous sommes résolument opposés à toute activité qui vise à diviser le pays et à saper l’unité ethnique. Nous condamnons fermement le crime d’un petit nombre de gens qui ont brisé les vies et les biens du peuple »<ref>Le 11e Panchen Lama condamne les violences à Lhasa , 16 mars 2008
, Xinhua . Consulté le 19 mars 2008</ref>.
Le chef du gouvernement de la Région autonome du Tibet, Jampa Phuntsok affirme « Nous n’avons pas ouvert le feu », et accuse la « clique » séparatiste du dalaï-lama d’être responsable de ces troubles<ref name="Nous n'avons pas ouvert le feu">Nous n’avons pas ouvert le feu , 15 mars 2008
, Xinhua . Consulté le 23 avril 2008</ref>, il précisera le 17 mars : « Ni port ni usage d’armes destructives par le personnel de sécurité dans les émeutes à Lhassa ».
Zhang Qingli, secrétaire du Comité de la Région autonome du Tibet du Parti communiste chinois, a déclaré le 18 mars : « Actuellement, nous menons une lutte intense de sang et de feu contre la clique du Dalaï Lama, une lutte à mort ». Le premier ministre chinois Wen Jiabao a affirmé le même jour avoir « les preuves » que les émeutes de Lhassa avaient été « fomentées et organisées par la clique du Dalaï Lama » pour « saboter les jeux Olympiques » de Pékin en août<ref>Pékin dit mener "une lutte à mort" avec le dalaï-lama , 19 mars 2008
, France 24 . Consulté le 19 mars 2008</ref>.
Cependant, selon James Miles sur place, il n’y avait aucun signe d’une activité organisée.<ref>Transcript: James Miles interview on Tibet</ref>
Le Quotidien du Peuple, dans un article du 7 avril sur son site web en français, rapporte que « le département de l’Organisation du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a appelé les membres du Parti et les officiels des régions tibétaines à jouer un rôle actif dans le maintien de la stabilité sociale tout en étant plus fidèles ». Il a notamment « appelé les organes du Parti des régions concernées à renforcer le patriotisme et la conscience morale des membres du Parti et des officiels afin qu’ils restent fidèles lors des tentatives sécessionnistes »<ref>Le PCC requiert une plus grande fidélité parmi ses membres dans les régions tibétaines , 7 avril 2008
, Quotidien du Peuple . Consulté le 19 avril 2008</ref>.
Toujours selon le Quotidien du Peuple, dans un article du 14 avril sur ce même site, « un groupe de travail de formation juridique a été envoyé au monastère de Drepung à Lhassa pour rétablir l’ordre religieux », et « d’autres groupes de travail ont également été envoyés dans d’autres monastères pour maintenir la stabilité sociale, sauvegarder les intérêts fondamentaux du public et assurer l’ordre normal des activités bouddhiques ». Le but de ces « groupes de travail » était de « renforcer la vulgarisation et l’éducation sur le système légal du pays dans les monastères et ils ont obtenu des progrès satisfaisants dans leur travail »<ref>Un groupe de travail envoyé au Monastère de Drepung à Lhasa pour rétablir l’ordre religieux , 14 avril 2008
, Quotidien du Peuple . Consulté le 19 avril 2008</ref>.
Le 16 avril 2008, un journaliste chinois remarque que « Dans l’état actuel des choses, c’est dans le refus d’une partition du pays et le soutien aux Jeux olympiques de Pékin par des actes réels [ce qui résume la position du dalaï-lama] que se trouve peut-être une amorce de dialogue entre les deux parties. »<ref>TIBET Une autre politique chinoise est possible</ref>.
Selon Le Monde, qui reprend un article du Quotidien du Tibet du 21 avril, le parti communiste chinois « a lancé une campagne d’éducation politique de deux mois au Tibet pour venir à bout des velléités d’émancipation et de la popularité du dalaï-lama » : cette campagne, qui, selon Le Quotidien du Tibet, « s’appuiera notamment sur des programmes de télévision et des séances de dénonciations collectives », vise à « unifier la pensée, assurer la cohésion des dirigeants et des masses, accentuer la lutte contre le séparatisme et répondre aux complots séparatistes de la clique du dalaï-lama »<ref>Pour lutter contre le "séparatisme", Pékin veut éduquer les Tibétains , 22 avril 2008
, Le Monde . Consulté le 22 avril 2008</ref>.
Réponse du dalaï-lama et du gouvernement tibétain en exil
Le dalaï-lama déclare le 16 mars, lors de sa première intervention publique depuis le début des manifestations, être « très très inquiet » quant à la tournure des événements et qu’il est « de la responsabilité morale de la communauté internationale de rappeler au gouvernement chinois d’être un hôte convenable »<ref name="Le Dalaï Lama se dit très inquiet">De son exil indien, le Dalaï Lama se dit "très, très inquiet" , 17 mars 2008
, Le Monde . Consulté le 17 mars 2008</ref>.
Le lundi 17 mars, le Parlement tibétain en exil avance un bilan estimé à plusieurs centaines de morts depuis le début des manifestations<ref>Le bilan s’alourdit au Tibet, des manifestants sont arrêtés au Népal , 17 mars 2008
, 20 Minutes . Consulté le 17 mars 2008</ref> et demande l’attention des Nations unies et de la communauté internationale. Lhassa est placée sous surveillance policière, tout comme les enclaves tibétaines du Sichuan et de Gansu. Le dalaï-lama déclare que « la nation tibétaine fait face à un grave danger. Que la Chine le reconnaisse ou non, il y a un problème »<ref name="le Parlement en exil évoque des centaines de morts">Emeutes au Tibet : le Parlement en exil évoque des centaines de morts, l’armée chinoise se déploie , 17 mars 2008 , Le Monde . Consulté le 17 mars 2008</ref>.
Le gouvernement tibétain en exil s’est déclaré « hautement préoccupé » par des informations « émanant des trois régions du Tibet et faisant état de personnes tuées au hasard, de blessés et d’arrestations de milliers de Tibétains qui manifestaient pacifiquement contre la politique chinoise ».
En réponse aux accusations chinoises, le dalaï-lama nie toute responsabilité et déclare que ces manifestations ne sont que l’expression d’un « profond ressentiment » des Tibétains à l’égard du pouvoir chinois<ref name="révolte au Tibet le monde">Pékin aux prises avec une révolte au Tibet , 15 mars 2008
, Le Monde . Consulté le 17 mars 2008</ref>.
Le 18 mars, Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama a déclaré : « Puisque le Gouvernement chinois m’a accusé d’orchestrer ces manifestations au Tibet, j’appelle à une investigation minutieuse par un organisme respecté, qui doit inclure des représentants chinois, pour examiner ces allégations. Un tel organisme devrait visiter le Tibet, les secteurs tibétains traditionnels hors de la Région autonome du Tibet, et aussi l’Administration tibétaine Centrale ici en Inde. Pour que la communauté internationale, et surtout le plus d’un milliard de Chinois qui n’ont pas accès à une information non censurée, découvrent ce qui s’est vraiment passé au Tibet, ce serait extraordinairement utile que des représentants de la presse internationale entreprennent aussi de telles investigations. »<ref>Press Release , 18 mars 2008
, Site du Dalai Lama . Consulté le 19 mars 2008</ref>
Il a également répété ce qu’il avait déjà dit à Jonathan Mirsky, journaliste de The Observer en 1987 : si la majorité des Tibétains au Tibet avaient recours à la violence dans leur lutte pour la liberté, il n’aurait pas d’autre option que de démissionner de sa fonction de porte-parole du peuple tibétain<ref>Press Release , 18 mars 2008
, Site du dalaï-lama . Consulté le 20 mars 2008</ref>.
Le 28 mars, le dalaï-lama a lancé un Appel au peuple chinois<ref>Communiqué , 31 mars 2008
, Bureau du Tibet, Paris . Consulté le 01 avril 2008</ref>, pour aider à dissiper les malentendus entre Tibétains et Chinois, et pour aider à trouver une solution pacifique et durable au problème du Tibet par le dialogue dans un esprit de compréhension et de conciliation<ref>An Appeal to the Chinese People</ref>.
Le 1er avril 2008, la Chine a intensifié ses accusations contre les partisans du dalaï-lama, les accusant de planifier des attaques-suicides. Le premier ministre du gouvernement tibétain en exil, Samdhong Rinpoche, a réfuté ces allégations, affirmant : « Les exilés tibétains sont totalement engagés dans la non-violence, à 100%. Il n’est pas question d’attentats-suicide. Mais nous redoutons que des Chinois se déguisent en Tibétains et projettent de tels attentats pour faire une mauvaise publicité aux Tibétains »<ref>La Chine accuse les Tibétains de vouloir perpétrer des attentats-suicide</ref>.
Le 2 avril, le dalaï-lama a appelé « les dirigeants mondiaux, les parlementaires, les ONG et les populations » à réclamer « un arrêt immédiat de l’actuelle répression » ainsi que « la libération de tous ceux qui ont été arrêtés ou interpellés »<ref>Répression au Tibet: le dalaï lama veut une pression internationale sur Pékin</ref>.
Le 2 avril, dans un entretien sur Radio France Internationale, Dawa Tsering, secrétaire adjoint du Département de l’information et des relations internationales du gouvernement tibétain en exil, répond ainsi à la question « Pourquoi le dalaï-lama n’a-t-il pas condamné les violences commises par les émeutiers ? » :<ref>"
西藏流亡政府回应北京的指控 (Tibetan Government-in-Exile respond to Beijing accusations) " , Radio France International , 2008-04-02 . (Chinese) </ref>
- « Tout d’abord, je dois préciser que les Tibétains ont été non violents de bout en bout. Dans l’optique tibétaine, la violence nuit à la vie. Dans les vidéos, on voit les émeutiers tibétains battre des Chinois hans, mais ils n’ont fait que les battre, les Chinois hans étaient libres de s’enfuir. Donc il n’y a eu que des gens battus, la vie a été épargnée. Ceux qui ont été tués, l’ont tous été par accident. Dans les vidéos diffusées par le gouvernemnt chinois, on voit clairement que lorsque les Tibétains martèlent leurs portes, les Chinois hans vont tous se cacher à l’étage. Lorsque les Tibétains mettent le feu aux bâtiments, les Chinois hans restent cachés au lieu de s’échapper, si bien que ces Chinois hans sont accidentellement brûlés vifs. Ceux qui ont mis le feu, pour leur part, n’avaient aucune idée du fait qu’il y avait des Chinois hans se cachant à l’étage. Donc non seulement des Chinois hans ont été brûlés vifs mais aussi des Tibétains. Donc tous ces incidents sont de accidents, par des meurtres ».
Le 6 avril, dans une déclaration, le dalaï-lama donne ses recommandations à l’ensemble des Tibétains à l’intérieur du Tibet et en exil. Il y réaffirme sa position politique, notamment pour l’arrêt des répressions chinoises et en faveur de la non-violence<ref>Statement of His Holiness the Dalai Lama to All Tibetans</ref>.
Le 11 avril, en visite au Japon, le dalaï-lama a réitéré son appel pour une enquête internationale sur les répressions sévères de la Chine, qualifiant la version des événements présentée par Pékin de « déformée » <ref>Dalai Lama Calls Again For Crackdown Probe</ref>.
Le 24 avril, le dalaï-lama a déclaré qu’il avait écrit au président chinois Hu Jintao lui demandant d’accepter la visite de ses émissaires pour calmer la situation au Tibet,<ref>Dalai Lama asks Chinese president to allow Tibet envoys, EU urges debate</ref>, la lettre adressée le 19 mars est restée sans réponse.<ref>Le dalaï lama inquiet pour le Tibet</ref> A la même date, le Dalai Lama fait appel à tous les Bouddhistes chinois<ref>An Appeal To All Chinese Spiritual Brothers And Sisters, Traduction en français</ref>
Le 29 avril, le porte-parole du gouvernement en exil Thubten Samphel réaffirme ce qu’avait déjà exprimé le dalaï-lama lors de son Appel au peuple chinois du 28 mars : « Nous ne sabotons pas les Jeux », mais et il retourne les accusations contre leurs auteurs : « si quelqu’un le fait, c’est la Chine elle-même par ses mesures répressives au Tibet. Nous demandons aux autorités chinoises de permettre à des organisations internationales respectées de découvrir qui est derrière les troubles »<ref name="Trente émeutiers tibétains condamnés"/>.
Le 12 mai, le 14e Dalai Lama demande à la Chine et la Communauté internationale d’autoriser la présence de média indépendant au Tibet.<ref>Dalai Lama urges international media presence in Tibet</ref>
Dialogue entre le gouvernement chinois et le gouvernement tibétain en exil
Des représentants chinois et tibétains se sont rencontrés à sept reprises entre 2002 et 2007 sans qu’aucune ébauche de solution n’ait été trouvée. Le dimanche 4 mai, pour la première fois depuis 10 mois et depuis les troubles du mois de mars, les deux parties se sont à nouveau retrouvé à Shenzhen dans la province de Canton, pour une entrevue à huis clos. Les deux représentants tibétains étaient Lodi Gyari et Kelsang Gyaltsen, 2 émissaires du dalaï-lama. Du coté chinois, étaient présents Zhu Weiqun et Sithar, hauts responsables du Département du Front uni du Parti communiste. Sithar d’ethnie tibétaine, est un ancien diplomate en Suisse et vétéran des discussions sino-tibétaines. Cette rencontre n’a débouché sur aucune décision concrète, sinon celle de poursuivre les discussions ultérieurement<ref name="">Les négociateurs chinois et tibétains ne parviennent à aucun résultat , 5 mai 2008
, Le Monde.</ref>.
Les émissaires du Dalaï Lama doivent maintenant s’entretenir avec le Dalaï Lama, et ils feront une conférence de presse par la suite.<ref>Envoys will brief His Holiness the Dalai Lama on 7 May</ref>
Manifestations internationales pro-tibétaines et pro-chinoises
Dans le monde, des manifestations rassemblent samedi 15 et dimanche 16 mars des centaines de personnes à New York et dans plusieurs capitales européennes afin de dénoncer la répression de Pékin au Tibet.
En Inde
Des centaines de Tibétains en exil en Inde étaient parti le 10 mars de Dharamsala vers la frontière chinoise pour réclamer la liberté au Tibet.<ref>Des Tibétains d’Inde organisent une marche de protestation avant les JO de Pékin</ref> Le 13 mars, la police a arrêté une centaine de Tibétains en exil qui marchaient vers le Tibet afin de manifester contre la répression chinoise.<ref>La police indienne arrête 100 exilés en route vers le Tibet</ref> Le 15 mars, 44 autres Tibétains prirent le relais de la marche et furent rejoints par les marcheurs relâchés après 14 jours de détention.<ref>Le site de la Marche de retour au Tibet</ref>
Au Népal
Le 24 mars 2008, au Népal où vivent 20.000 Tibétains en exil, une manifestation a réuni environ 500 tibétains portant des pancartes "Tibet libre". L’un d’entre eux a déclaré à l’AFP : "Nous allons continuer nos manifestations. Les Chinois ne peuvent pas tuer impunément des Tibétains". Cette manifestation a été violemment réprimée par la police népalaise et 245 personnes ont été arrêtées, entraînant les protestations de l’association Human Rights Watch. <ref>245 manifestants tibétains arrêtés au Népal sur le journal du dimanche.</ref>
Selon le site créé par des étudiants chinois anti-cnn.com, certains journalistes occidentaux, notamment en Allemagne avec la chaîne N-TV, le journal Bild Zeitung et le site en ligne de la RTL, et aux États-Unis avec le Washingtown Post, ont utilisé ces images en prétendant qu’il s’agissait de répression policière à Lhassa au Tibet.[réf. nécessaire]
En France
Le dimanche 16 mars 2008, 500 manifestants, dont des députés et des personnalités se sont rassemblés devant l’Ambassade de Chine à Paris, avenue George V. Un manifestant parvient à escalader le bâtiment et à remplacer le drapeau chinois par un drapeau tibétain, la police utilise lors des gaz lacrymogènes<ref>France asks China to respect human rights in Tibet , 16 mars 2008
, Reuters . Consulté le 2008-03-19</ref>,
<ref>Un drapeau tibétain sur l’Ambassade de Chine , 16 mars 2008
, Maison du Tibet</ref>.
Le 19 avril, la communauté chinoise et des étudiants chinois en France organisent une manifestation à Paris (Modèle:Formatnum:7000 personnes selon les organisateurs<ref>Des milliers de Chinois réunis à Paris pour soutenir les JO de Pékin, Le Parisien, 19 avril 2008</ref>, Modèle:Formatnum:4000 selon la police et « plusieurs centaines de personnes » selon le Nouvel Observateur). Protestant contre la désinformation des médias occidentaux, ils appellent les gens à soutenir les Jeux Olympiques de Pékin et au dialogue entre les peuples<ref>Les Chinois sont les Français de l’Orient, Thierry Liu, ancien élève de Sciences-Po et l’un des porte-parole de la manifestation du 19 avril</ref>. Arborant des drapeaux de la RPC, de la RC et de la France, ils scandent les slogans « La liberté de la presse, ce n’est pas mentir », « Un peuple, une seule Chine ». Un appel est lancé pour construire un pont et non un mur entre les peuples français et chinois<ref>Des Chinois de Paris dénoncent une « désinformation », Le Parisien, 19 avril 2008</ref>,<ref>Texte intégral de Li Huan lors des manifestations des Chinois d’outre-mer et des étudiants chinois en France », Le Quotidien du Peuple, 22 avril 2008</ref>. Selon le magazine Marianne, cette manifestation pro-chinoise aurait été organisée par l’ambassade de Chine<ref>Ambassade de Chine/ ministère de l’Intérieur : 1-0 à la mi-temps</ref>. Des manifestations semblables ont également eu lieu à Londres, Berlin et Vienne ainsi qu’à Los Angeles <ref>Lesoir.be Manifestations pro-chinoises en Europe et aux USA</ref>.
En Chine
Fin avril 2008, plusieurs manifestations anti-françaises éclatent devant les supermarchés Carrefour à Xian, Harbin, Jinan, Qingdao et Wuhan. L’enseigne Carrefour, accusée de soutenir activement le Dalai Lama, cristallise le ressentiment des Chinois (la direction de Carrefour a démenti, il ne s’agirait que d’un actionnaire) à la suite des événements survenus lors du Relais de la flamme olympique 2008 à Paris. La mairie de Paris a notamment déployé un drapeau tibétain et fait citoyen d’honneur le Dalaï Lama.<ref>Le dalaï-lama, « citoyen d’honneur » de Paris (France24) </ref>, initiatives qui ont été un temps assimilées à la position de la France par les Chinois. Il s’agit des plus importantes manifestations nationalistes en Chine depuis celles contre les États-Unis en 1999, après le bombardement de l’ambassade chinoise de Belgrade<ref>En Chine, un État autoritaire mais faible</ref>, ou contre le Japon au printemps 2005<ref>Pékin attise les tendances nationalistes d’une partie de l’opinion</ref>, et les premières dirigées spécifiquement contre la France depuis l’établissement des relations diplomatiques en 1964. Les revendications sont principalement « Contre l’indépendance du Tibet », « Boycott des produits français », « Soutenez les Jeux Olympiques » et « Condamnez CNN ». Certains manifestants chinois brûlent des drapeaux français, d’autres y dessinent des croix gammées, revendiquent une « Corse libre » et traitent Jeanne d'Arc de prostituée<ref>Manifestations anti-France en Chine, Le Parisien, 19 avril 2008</ref>,<ref>Nouvelles manifestations anti-occidentales en Chine, Le Parisien, 20 avril 2008</ref>. Du côté français, ces manifestations et insultes ne donneront pas lieu à réaction particulière.
En Suisse
Une manifestation de soutien aux Jeux Olympiques et aux victimes du tremblement de terre a été organisée à Lausanne le 25 mai 2008 par une association d'amitié Chino-Suisse nouvellement crée. C'est le plus grand rassemblement Chinois connu en Suisse. Les organisateurs ont été déçu par l'absence totale des médias qui avaient été invités<ref>Manifestation Pro-JO Lausanne, 25 mai 2008</ref>.
Réactions diplomatiques internationales
Le 15 mars, l’Union européenne et les États-Unis ont fait part de leur préoccupation et la Maison Blanche a appellé les autorités chinoises à « respecter la culture tibétaine et à « engager le dialogue avec le dalaï-lama »<ref name="révolte au Tibet le monde"/>.
L’Union européenne a demandé à la Chine de faire preuve de retenue et de respecter les droits de l’homme, les 27 nations européenes ne s’étaient pas encore accordées sur une déclaration. Javier Solana, le représentant de l’UE pour les affaires étrangères, ridiculisa l’idée que les Européens pourraient boycotter les Jeux Olympiques de Pékin en raison des événements au Tibet, affirmant que lui-même avait prévu d’y aller<ref>EU urges China to show restraint in Tibet , 14 mars 2008
, Reuters . Consulté le 22 mars 2008</ref>. Le haut commissaire de l’ONU pour les droits de l’homme, Louise Arbour, a demandé au gouvernement chinois de permettre aux protestataires « d’exercer leur droits pour la liberté d’expression et de réunion » et de ne pas utiliser de force excessive ou de mauvais traitement sur les individus arrêtés<ref>China should allow demonstrations in Tibet — U.N. , 14 mars 2008 , Reuters . Consulté le 22 mars 2008</ref>. Le secrétaire général Ban Ki-Moon a demandé une « résolution pacifique » du conflit et a déclaré qu’il n’y aurait pas d’intervention de l’ONU<ref>UN calls for restraint in Tibet , 17 mars 2008 , BBC News . Consulté le 22 mars 2008</ref>.
Lors de la cession du 25 mars du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, les USA, l’Australie ainsi que plusieurs ONG ont été interrompues par la Chine en raison de références au Tibet.<ref>Quand le Tibet explose, la Chine tangue… et le Conseil chavire</ref>
Au terme de la 2e semaine après le début des manifestations de moines tibétains à Lhassa, les réactions internationales étaient encore mesurées, les grandes puissances voulant préserver leur bonnes relations avec la Chine, partenaire économique d’importance. À part quelques protestations et appels à la retenue, aucune mesure concrète n’avait encore été prise<ref name="Des Jeux olympiques déjà entachés"> Courrier international, http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=83791</ref>.
En France
Le mardi 18 mars, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a déclaré que la France n’était pas favorable à un boycott de la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Pékin ainsi que demandé par Reporters sans frontières. Interrogé sur la difficulté de faire pression sur la Chine quand des intérêts économiques sont en jeu, il a admis « évidemment, ça complique les choses ». Il a souligné que, pour lui, le dalaï-lama avait « une vision très pacifique des choses » et rappelé qu’il « ne demandait pas l’indépendance du Tibet », contrairement à ce qu’affirme Pékin. Il a souligné que la France était l’« amie » de la Chine, un pays avec lequel elle a des « rapports très cordiaux ». Il a jugé que les autorités chinoises devraient accorder « la liberté d’accès pour la presse » au Tibet car « il faut que l’on sache » ce qui s’y passe<ref name="Paris contre le boycottage">Paris contre le boycottage de la cérémonie des JO, n’exclut pas concertation de l’UE
, news.fr.msn.com</ref>,<ref name="Point de vue de Kouchner">Situation dans le Région Autonome du Tibet : extraits du point de presse de M. Bernad Kouchner, Ministre des Affaires étrangères et Européennes (Paris, 18 mars 200Image:Cool.gif , www.ambafrance-cn.org . Consulté le 21 mars 2008</ref>.
Le même jour sur France 3, Ségolène Royal s’est dite « profondément choquée de cette espèce d’inertie des nations démocratiques face à ce qui se passe en Chine », au Tibet. « On ne peut pas quand même assister à des assassinats, à des tueries, à des répressions aussi violentes ». La veille elle s’était déjà prononcée en faveur d’une menace de boycott des jeux Olympiques de Pékin « pour que la Chine cesse immédiatement la répression » dans la région<ref name="Royal pour le boycott">Royal pour le boycott des JO
, www.lefigaro.fr . Consulté le 21 mars 2008</ref>.
Le mercredi 19 mars, Rama Yade, la secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme, a déclaré qu’à titre personnel, elle ne serait pas contre un boycott de la cérémonie d’ouverture des JO à Pékin, si la situation se dégradait au Tibet et qu’elle serait « tout à fait disposée et même très heureuse » de recevoir le chef spirituel tibétain s’il venait en France<ref>La France pourrait boycotter la cérémonie des JO , 20 mars 2008
, L'Express . Consulté le 2008-03-21</ref>,<ref name="Rama Yade pense a boycotter">Rama Yade pense à boycotter la cérémonie d’ouverture des JO , www.europe1.fr . Consulté le 21 mars 2008</ref>.
Le 21 mars, Le Monde, dans un article intitulé La France évite de critiquer la Chine à propos du Tibet, explique que « l’attitude française tranche avec les positions adoptées par le Royaume-Uni et l’Allemagne », plus engagées, et rappelle que « Paris n’a pris aucune mesure concrète » pour protester contre les évènements au Tibet dans un souci de préserver son « partenariat stratégique et global » avec Pékin. Bien que Nicolas Sarkozy ait présenté la défense des droits de l’homme comme l’une de ses priorités, l’Elysée n’a produit encore aucun communiqué alors que le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et le premier ministre anglais se sont entretenus téléphoniquement avec leur homologues chinois afin de réclamer un arrêt des violences au Tibet<ref name="La France évite de critiquer">La France évite de critiquer la Chine à propos du Tibet
, www.lemonde.fr . Consulté le 21 mars 2008</ref>.
Le 24 mars, le président Nicolas Sarkozy demande au président chinois Hu Jintao « de la retenue et la fin des violences par le dialogue au Tibet ». Le 25 mars, il répond à propos d’un éventuel boycott de la cérémonie d’ouverture des JO :« toutes les options sont ouvertes ». Il explique avoir « un émissaire qui s’est entretenu avec les autorités les plus proches du dalaï-lama » et déclare vouloir que « le dialogue commence » et qu’il « graduera sa réponse en fonction de la réponse qui sera donnée par les autorités chinoises ». Concernant un possible boycott, il répond : « J’adapterai ma réponse aux évolutions qui auront lieu je l’espère le plus rapidement possible. Je ne ferme la porte à aucune éventualité, mais je pense qu’il est plus prudent de réserver mes réponses à l’évolution concrète de la situation. […] J’en appelle au sens de la responsabilité des dirigeants chinois »<ref name="liberation 25 mars 08">O: Sarkozy n’exclut pas un boycott… , 25 mars 2008
, liberation.fr . Consulté le 25 mars 2008</ref>.
Le samedi 5 avril, Rama Yade, secrétaire d’État aux droits de l’Homme, aurait déclaré dans un entretien au journal Le Monde que le président de la France fixe trois conditions à sa présence à Pékin lors de la cérémonie d’ouverture des jeux : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumières sur les événements tibétains et l’ouverture du dialogue avec le dalaï-lama<ref name="3 conditions">Rama Yade : Les "trois conditions" pour que M. Sarkozy se rende à l’ouverture des JO , 05 avril 2008
, Le Monde . Consulté le 06 avril 2008</ref>; en outre la libération de Hu Jia, un dissident chinois lourdement condamné serait aussi demandé<ref>JO: La France pose ses conditions</ref>. Elle dément toutefois le jour même avoir employé le terme "conditions"<ref name="Rama Yade dément">Rama Yade dément avoir parlé de "conditions" pour la venue de M. Sarkozy à l’ouverture des JO , 05 avril 2008 , Le Monde . Consulté le 06 avril 2008</ref>. Bernard Kouchner tente d’éteindre le début de controverse en affirmant le soir sur France 2 que « ce serait vraiment torpiller une éventuelle participation au dialogue que de poser des conditions », « il n’y pas de conditions et d’ailleurs, Mme Rama Yade a démenti ce mot », « en fonction de l’évolution [de la situation au Tibet], le président décidera (…). La position n’est pas encore arrêtée. »<ref name="Kouchner cacophonie">JO : Bernard Kouchner essaie de mettre un terme à la cacophonie , 06 avril 2008 , Le Monde . Consulté le 06 avril 2008</ref>
Le 7 avril, tout en se démarquant des manifestations lors du relais de la flamme olympique, le Parti communiste français a appelé la Chine a arrêter la répression au Tibet, s’engager pour les droits de l’homme, et la France a convoquer une réunion des chefs d’État européens.<ref>Flamme olympique / Tibet : Le PCF demande que l’Europe prenne ses responsabilités</ref>
Le 11 avril, en visite en Inde, Ségolène Royal rencontre Tempa Tsering et Jetsun Pema et propose à nouveau de brandir « La menace de non-participation aux JO», alors que la résolution du problème tibétain est toujours incertaine<ref>En Inde, la socialiste rencontre la sœur du dalaï-lama</ref> Tempa Tsering déclare que chaque pays peut boycotter les JO de Pékin même si le dalaï-lama soutient les JO<ref>La flamme olympique : le parcours heure par heure</ref>.
Selon un article daté du 23 avril 2008 sur le site en ligne en langue française du Quotidien du Peuple, l’ambassadeur de France à Pékin a déclaré que la Mairie de Paris, qui a fait citoyen d’honneur de la ville de Paris le dalaï-lama, « ne représentait pas le gouvernement français ». L’ambassadeur a réaffirmé par ailleurs que « la France reconnaissait que le Tibet était une partie de la Chine »<ref>Ambassadeur français : le Maire de Paris ne représente pas le gouvernement français , 23 avril 2008
, Le Quotidien du Peuple . Consulté le 1er mai 2008</ref>.
Au Japon
Le temple de Zenkō-ji a pris la décision de ne pas participer au Relais de la flamme olympique 2008 en solidarité avec les Tibétains.<ref>Japon: un célèbre temple bouddhiste refuse d’accueillir la flamme des JO</ref>,<ref>Le temple de Zenkoji boude la flamme</ref> Le Temple a été vandalisé quelques jours plus tard, peut-être à cause de cette décision.<ref>JO: dégradations contre un temple nippon ayant refusé d’accueillir la flamme</ref>
Analyse par les ONG
Plusieurs organisations ont présenté des rapports basés sur des témoignages provenant des zones de population tibétaine qui n'étaient pas accessibles aux journalistes ou observateurs occidentaux. La véracité de ces rapports a pu être remise en cause en raison de l'impossibilité d'identifier les témoins, et des doutes émis sur l'indépendance des organisations, notamment de TibetInfoNet<ref>Cette association (voir sa page de présentation) a pris la suite du Tibet Information Network, association qui recevait des financements du National Endowment for Democracy ([1]), organisme soupçonné de soutenir des actions illégales à l'étranger dans l'intérêt des États-Unis</ref>.
ONG indépendantes
Début avril, l’ONG Amnesty International a publié un rapport sur les événements au Tibet où est indiqué « Le climat des manifestations est devenu violent, et des attaques ont été menées contre des personnes uniquement parce qu'il s'agissait vraisemblablement de Chinois Han. Dans certains cas, ces actions ont provoqué des morts et des blessés et ont entraîné des destructions de biens. Amnesty International condamne ces agressions et reconnaît que les autorités chinoises ont le droit et le devoir de protéger tous les individus contre la violence, notamment ceux qui risquent d'être pris pour cible uniquement en raison de leur origine ethnique. L'organisation est toutefois préoccupée par le fait que, pour rétablir l'ordre, les autorités chinoises ont pris des mesures contraires à la législation et aux normes internationales relatives aux droits humains. Elles auraient, entre autres, fait un usage non nécessaire et excessif de la force, en ayant recours notamment à la force meurtrière, à la détention arbitraire et à l'intimidation. »<ref>Chine — Compte à rebours avant les jeux olympiques - répression brutale contre les manifestants tibétains</ref>
Remarquant l'absence de procès équitable des manifestants inculpés, Human Rights Watch a émis un avis similaire à celui d'Amnesty le 30 avril<ref>China: Tibetan Protesters Denied Fair Trial</ref>.
ONG partisanes
Selon TibetInfoNet, des sources indépendantes ont témoigné que des pans entiers de la société tibétaine auraient été la cible des forces de sécurité chinoises, dans une entreprise qualifiée de « punitive ». Ces dernières auraient saisi de nombreux objets de valeur, aussi bien dans des monastères que chez des particuliers, notamment statues et autres objets culturels ou religieux, bijoux, ordinateurs, motos. Elles auraient aussi imposé de très fortes amendes aux populations locales, qu'elles aient ou non participé aux manifestations<ref>Punitive expeditions, TibetInfoNet</ref>.
Le TCHRD fait aussi état de mesures punitives mises en place par les autorités chinoises exigeant des membres de l'éthnie tibétaine qu'ils rapatrient leurs enfants scolarisés en exil en Inde.<ref>Two months' ultimatum issued to the Tibetan Communist Party members and government employees to recall their children studying in exile schools</ref>
Contrôle de l’information en Chine
Présence de touristes étrangers
Le région autonome du Tibet est une région très prisée par le tourisme chinois et étranger. En 2007, on dénombrait plus de 4 millions de visiteurs dont Modèle:Formatnum:365000 visiteurs étrangers dans la région du plateau tibétain<ref>Le Tibet a vu une énorme augmentation des touristes étrangers en 2007</ref>. Les nombreux touristes présents à Lhassa lors des émeutes des 14 et 15 mars ont été les principaux témoins de ces événements et plusieurs d’entre eux ont mis à la disposition des agences de presse leurs images, vidéos et témoignages grâce à Internet. Ils n’ont été évacués que le 18 mars.
Après les émeutes, le Tibet a fermé ses frontières à tous les touristes pour ne les rouvrir que le 23 avril 2008 aux touristes de Chine continentale, le 1er mai à ceux de Hongkong et de Taiwan<ref>Le tourisme au Tibet sera complètement rouvert aux Chinois à partir du 1er mai</ref> et le 25 juin aux touristes étrangers<ref>Réouverture du Tibet aux touristes étrangers</ref> peu après le passage de la flamme Olympique à Lhassa.
Tolérance puis fermeture du Tibet aux journalistes étrangers
Georg Blume, journaliste allemand arrivé à Lhassa le lendemain des émeutes du 14 mars, s'étonne d'être le seul correspondant : "Ce qui m'a surtout surpris c'est que j'étais le seul, car il n'y avait pas de problème pour venir ici. C'est totalement absurde qu'il n'y ait pas eu d’autres correspondants."<ref>(fr) Stupéfait, j'étais le seul sur http://www.aacwiki.fr/phpBB/ , traduit de http://www.taz.de , 20 mars 2008
. Consulté le 20 juillet 2008</ref>,<ref>(fr) Les journalistes jouissent de plus de liberté pour couvrir les sessions annuelles de l'APN et de la CCPPC sur http://www.french.xinhuanet.com , 21 janvier 2008 . Consulté le 20 juillet 2008</ref>
James Miles est le seul journaliste occidental avec un permis officiel qui était présent à Lhassa pendant les émeutes. Il a obtenu ce permis, valable du 12 au 19 mars, avant les premières manifestations de moines débutées le 10 et a ainsi pu couvrir l'actualité au jour le jour en publiant des articles dans le journal The Economist et en accordant une interview à CNN. D'après lui, le fait qu'il ait pu être autorisé à visiter Lhassa, ville que les journalistes étrangers sont rarement autorisés à visiter, est une erreur d’interprétation des autorités qui avaient estimé maîtriser suffisamment la situation pour permettre à ce voyage de se poursuivre<ref>(fr) James Miles , « Jours d’émeutes à Lhassa » sur http://contreinfo.info/ , 21 mars 2008
, Publication originale The Economist, traduction Contre Info . Consulté le 5 juin 2008</ref>. Il raconte dans une interview pour CNN que les journalistes qui ont tenté d'aller au Tibet non officiellement, sans permis, que cela soit avant ou pendant les événements, ont été rattrapés et expulsés<ref>(en) Transcript: James Miles interview on Tibet sur http://www.cnn.com , 20 mars 2008 . Consulté le 4 juin 2008. « Journalists who have made their own way there, unofficially, both before this unrest and during it have been caught or ... and expelled. »</ref>.
Deux autres journalistes allemands, Georg Blume et Kristin Kupfer, arrivent à Lhassa juste après les émeutes, ils enquêtent sur ce qui c'est passé et recueillent des témoignages de tibétains à l'abri de l'écoute chinoise<ref>Erstaunt, dass ich der Einzige war</ref>. Ils ont pu rester jusqu'au 20 mars malgré les demandes insistantes de la police pendant 5 jours.<ref>20.03 - China : last two foreign journalists expelled from Tibet</ref>
À partir du 20 mars, soit cinq jours après la fin des émeutes à Lhassa, les autorités chinoises ont fermé l'accès au Tibet aux journalistes étrangers, empêchant toute autre enquête journalistique indépendante. Dans un communiqué du 19 mars, Reporters sans frontières (organisme critiqué pour sa partialité<ref>Critique de RSF</ref>) déclare avoir recensé depuis le 10 mars plus de « quarante violations graves des droits des journalistes étrangers qui ont été notamment empêchés de travailler librement dans les villes de Lhassa, Pékin, Chengdu, Xining et dans d’autres localités des provinces du Gansu, du Sichuan et Qinghai. » et cite des exemples de journalistes menacés, refoulés, séquestrés ou dont le matériel a été confisqué<ref>(fr) Reporters sans frontières , « Nouvelles entraves pour les journalistes étrangers, le contrôle et la propagande s’intensifient au Tibet » sur http://www.rsf.org , 19 mars 2008
. Consulté le 4 juin 2008</ref>. Dans un autre communiqué il déclare que « depuis le 12 mars 2008, les autorités refusent d’accorder aux correspondants étrangers un permis pour se rendre au Tibet [et que] les touristes n’y ont également plus accès »<ref>(fr) Reporters sans frontières , « La répression au Tibet se déroule à huis clos : Reporters sans frontières dénonce une nouvelle violation grave des engagements olympiques des autorités de Pékin » sur http://www.rsf.org/ , 17 mars 2008 . Consulté le 4 juin 2008</ref>.
Les médias occidentaux n’ayant pas la possibilité d’accéder librement aux zones tibétaines, seuls les médias officiels ont été habilités à informer le public chinois. Les seules images diffusées sont celles de manifestants tibétains agressant violemment des personnes, attaquant des boutiques tenues par des Chinois ou brûlant des voitures de police. Ying Chan, directeur du département de médias et journalisme à l’université de Hongkong, estimant que « le gouvernement chinois a verrouillé l’accès à ce qu’il considère être des informations ou des vidéos sensibles », compte sur « des touristes pour envoyer des informations »<ref name="La Chine bloque YouTube">La Chine bloque YouTube dans le volet électronique de sa "guerre populaire" au Tibet , 17 mars 2008
, Le Monde . Consulté le 19 mars 2008</ref>. Cependant les nombreuses photos, vidéos et témoignages des touristes étrangers corroborent les informations diffusées dans les médias chinois, et soulignent en particulier la non intervention des forces de polices durant les émeutes du 14 mars. Malgré une présence importante de témoins étrangers, aucun témoignage ne confirme la répression policière qui aurait fait, selon le gouvernement tibétain en exil, 80 morts principalement par balle le 14 mars à Lhassa.
La plupart des journalistes étrangers n'ont pu assister à l'ascension de la flamme olympique sur l’Everest. Après avoir d'abord reporté le voyage pour raison météorologique, les officiels ont refusé le 24 avril le paiement des billets d'avion pour Lhassa de plusieurs médias, dont l'AFP et d'autres agences internationales, les empêchant de se rendre sur place<ref>Des journalistes privés de la Flamme sur l'Everest sur http://sport.france2.fr , 24 avril 2008
. Consulté le 05 juin 2008</ref>. Afin d'éviter toute manifestation solidaire du Gouvernement tibétain en exil lors de cet événement, la Chine avait déployé des forces de l'ordre dans la région et interdit toute autre expédition, notamment au Népal, où le versant sud avait été fermé<ref>(fr) AFP et LIBERATION.FR , « La flamme olympique au sommet de l'Everest » sur http://www.liberation.fr , jeudi 8 mai 2008 . Consulté le 5 juin 2008</ref>.
Environ deux semaines après le début des manifestations et des émeutes à Lhassa et pour la première fois, la Chine a invité à Lhassa une délégation de presse occidentale composée de 26 journalistes essentiellement américains et asiatiques afin de « constater les dégâts et d'interroger les habitants ». Le lendemain de son arrivée, le 27 mars, alors que le groupe visitait le temple du Jokhang, une trentaine de moines au moins ont interrompu le responsable chinois qui donnait la version officielle des émeutes et l’ont accusé de mensonges avant de scander : « Nous voulons la liberté, nous voulons le dalaï-lama ». Un des moines déclara que les moines qui avaient témoigné devant les journalistes n'étaient pas des croyants mais des membres du parti communiste qu'on avait placés là. Le groupe de journalistes, étroitement encadré tout le long de leur voyage de deux jours, fut rapidement invité à quitter les lieux et à remonter dans les bus. L'agence Xinhua News annonça le lendemain que des moines avait interrompu la visite sans donner plus de précision. A Lhassa, les journalistes purent se rendre compte de l’ampleur des destructions et de l'importante présence policière quadrillant la ville. Il ne purent quasiment pas interroger de Tibétains et, lorsqu'ils y parvenaient, ces derniers étaient aussitôt questionnés par des policiers en civil<ref>(en) Calum MacLeod , « Monks disrupt Tibet media tour » sur http://www.usatoday.com , 27 mars 2008
, USA TODAY . Consulté le 6 juin 2008</ref>,<ref>(fr) Philip Bruno , « Pékin veut montrer que le Tibet est sous contrôle » sur http://www.europe-solidaire.org , 27 mars 2008 . Consulté le 6 juin 2008</ref>.
Le 3 juin, 31 journalistes de Hong-Kong, Macao et Taiwan ont été invités pendant 3 jours à découvrir Lhassa et Shannan « sans aucune restriction » selon un officiel du gouvernement de la région autonome du Tibet<ref>Des journalistes de HK, de Macao et de Taiwan invités à couvrir le Tibet après les émeutes de Lhasa</ref>.
Le 25 juin, le Tibet est de nouveau ouvert aux étrangers. Le 26 juin, les journalistes étrangers sont autorisés à présenter leurs demandes pour entrer au Tibet.<ref>Le Tibet rouvert aux journalistes étrangers, selon un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères</ref>
Censure d'Internet
À l’issue de la première semaine d’affrontement, des vidéos sur Internet, hébergées par des portails tels que YouTube, ont subi une période de blocage pour les internautes situés en Chine, qui n’ont eu alors accès qu’à des pages blanches. En réponse au site anti-CNN, un dissident chinois remarque que la plupart des internautes indignés en Chine n’ont jamais vu CNN ni eu droit d’accès aux médias occidentaux<ref>Journal d’un Chinois Le Monde, Blog de caichongguo </ref>. Trois semaines après les événements, la Chine a réduit sa censure sur Internet en redonnant notamment l’accès à YouTube, Blogspot et surtout Wikipedia qui était censuré depuis octobre 2005.<ref name="Wikipedia refait un peu surface en Chine">Wikipedia refait un peu surface en Chine , 9 avril 2008
, génération nouvelles technologies . Consulté le 24 avril 2008</ref>
Si la censure des informations publiques d’Internet peut être contournée par des techniques d’anonymisation (par exemple les serveurs de proxy) <ref>Contourner le grand pare-feu de la Chine </ref>,<ref>Acceder aux sites censurés grâce aux serveurs proxy : Youtube- Pandora - Myspace - Wikipedia … / Arkius</ref>, elle peut toutefois gêner l’accès aux sites privés demandant une identification. La limite principale de l’accès aux informations occidentales reste aujourd’hui la barrière de la langue[réf. nécessaire].
Brouillage des radios
Les informations occidentales sont accessibles au Tibet par Radio Free Asia, une station de radio du gouvernement américain qui diffuse des émissions en tibétain ou encore Voice of America et Voice of Tibet. Ces radios étrangères, qui sont écoutées par de nombreux moines<ref name="RSF 17 mars" />, sont brouillées depuis 2000, mais Radio Free Asia contourne ce brouillage par l’utilisation de 10 fréquences différentes<ref>Reporters sans frontières dénonce le brouillage des radios étrangères en Chine</ref>,<ref name="RSF 17 mars">La répression au Tibet se déroule à huis clos , 17 mars 2008
, Reporters sans frontières . Consulté le 19 mars 2008</ref>.
Présentation des événements par les médias
Présentation des événements par les médias occidentaux
Les articles des journalistes présents a Lhassa n'ont été repris que très confidentiellement (James Miles) ou ont été complètement occultés (Georg Blume). La plupart des médias ont justifié l'absence d'information fiable venant de Lhassa par une fermeture du Tibet aux journalistes, ce que conteste Georg Blume.<ref>(fr) Stupéfait, j'étais le seul sur http://www.aacwiki.fr/phpBB/ , traduit de http://www.taz.de , 20 mars 2008
. Consulté le 20 juillet 2008</ref>,<ref>(fr) Les journalistes jouissent de plus de liberté pour couvrir les sessions annuelles de l'APN et de la CCPPC sur http://www.french.xinhuanet.com , 21 janvier 2008 . Consulté le 20 juillet 2008</ref>
La majorité des Chinois estiment que les médias occidentaux ont surtout présenté la répression, en particulier au début des émeutes. Certains médias sont allés jusqu’à publier des images retouchées ou accompagnées de légendes erronées, comme le montre le site chinois Anti-CNN<ref>Photos annotées publiées dans les médias allemands, Peter Franssen, Site web chinois Anti-CNN</ref>,<ref>Crise tibétaine: un site internet chinois dénonce les médias occidentaux</ref>. Les étudiants chinois mettent en cause la partialité de trois sources d’informations : le gouvernement tibétain en exil, CNN et Radio Free Asia <ref name="Radio Free Asia">station de radio du gouvernement américain, fondée en 1950 par la CIA et financée par celle-ci jusqu’à 1971. Elle est actuellement financée par le Congrès des États-Unis</ref>. Forts de leurs a prioris, les médias occidentaux ont cherché à inverser les rôles entre coupables et victimes, en ne présentant pas, sinon de manière très confidentielle, les témoignages des familles des victimes. Les Chinois attendent des médias occidentaux qu’ils rectifient leur message<ref>Médias étrangers : informations incorrectes</ref>.
Des témoignages de touristes occidentaux remettent cependant en cause cette vision des médias et décrivent de violentes émeutes dirigées contre les Hans et les Huis<ref>Que s’est-il vraiment passé à Lhassa ? Journalistes et touristes disent autre chose, Peter Franssen</ref>,<ref>Un touriste français à Lhassa: « Une ambiance de guerre civile », Rue89, 17 mars 2008</ref>. Le témoignage d’un journaliste britannique sur place décrit des émeutes à caractère ethnique se déroulant le 14 mars<ref name="Bruno Philip2" />.
Des médias renommés comme RFI et le Nouvel Obs ont publié, à propos de la manifestation de soutien aux JO du 19 avril à Paris, des articles minorant fortement le nombre de manifestants.<ref>Des Chinois manifestent à Paris pour les Jeux par Stéphane Lagarde, RFI</ref>,<ref>Paris : des Chinois manifestent en faveur des JO, article du Nouvel Obs</ref> Ces articles, qui reposent sur une dépêche de l’AFP <ref>Manifestation à Paris pour les JO de Pékin et contre la "désinformation"</ref>, ont été modifiés pour ne faire état que de quelques centaines de manifestants (en réalité, 4 000 selon la police, dépêche AFP, et 7 000 selon les organisateurs), souligner que les organisateurs auraient souhaité rassembler Modèle:Formatnum:10000 personnes, et supprimer le message principal de la manifestation selon l’AFP : la majorité des pancartes affichaient des slogans hostiles aux médias occidentaux. « Contre les injustices de la presse », « les médias dominants vous manipulent » ou encore « la liberté de la presse, ce n’est pas mentir ».
LePoint.fr et LeMonde ont publié des articles pointant « le manque de professionnalisme ahurissant » de la part des médias occidentaux <ref name="autogenerated1">Tibet : Anti-cnn.com pointe les erreurs des médias occidentaux (Lepoint) </ref>,<ref>TIBET : qui est victime de l’information ? (Le Monde) copie sur le blog relatio.fr</ref>. L’angle d’approche des premiers reporters sur les émeutes au Tibet a été probablement biaisé par les images que renvoient couramment la Chine et le Tibet (la situation préoccupante des droits de l’homme pour le premier et un idéal de paix et d’harmonie pour le deuxième). Outre la propagande patriotique présente, LePoint.fr remarque que les éléments vérifiables du site Anti-CNN sont corrects. Des médias occidentaux ont bien diffusé les images et extraits vidéos, pointés par le site comme étant biaisés anti-chinois (légende ou modification). Ces documents ont depuis été retirés avec parfois un communiqué d’excuse.
LePoint.fr dresse la liste des grossières erreurs des médias <ref name="autogenerated1" /> : CNN a publié une image recadrée donnant l’impression d’un camion militaire poursuivant des civils tandis que l’image originelle montre des manifestants jetant des pierres sur le véhicule. Le Times, le Washington Post, RFI, CTV, N-TV, ou encore le Bild ont publié des images de la répression de Tibétains comme étant le fait de la police chinoise au Tibet alors qu’il s’agit de la police népalaise au Népal (uniformes différents). Quant à Fox News, son site Web accuse la police chinoise d’exhiber les prisonniers tibétains dans la rue, alors que l’image montre la police indienne en train d’arrêter des manifestants tibétains. La BBC a légendé « présence militaire importante » la photo d’une ambulance. Au Tibet, un touriste canadien a pris une photo des soldats anti-émeutes chinois. Celle-ci a été utilisée par le New York Times pour illustrer la répression chinoise sanglante. En réalité on voit une formation de soldats équipés contre les émeutes, qui essaient de se protéger des jets de pierres des manifestants. Certains boucliers, pourtant extrêmement solides, sont brisés. Le touriste canadien raconte que quelques instants après ce cliché, les émeutiers chargeaient le groupe de soldats.
Lors du parcours de la flamme, l’un des présentateurs vedette de CNN, Jack Cafferty s’est permis des propos injurieux à l’encontre des Chinois <ref>Le Point 16/04/2008</ref> Selon lui « Nous (les Américains) continuons à importer leurs saloperies couvertes de peinture au plomb ». Quatorze avocats chinois ont intenté une action en justice contre CNN et son commentateur.<ref>Des avocats chinois intentent une action contre CNN et son commentateur pour leurs commentaires calomnieux</ref>
Présentation des événements par les médias chinois
Présentation des événements par les médias tibétains en exil
Le 18 avril 2008, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre tibétain, Samdhong Rinpoché, déclare qu’après le 10 mars 2008, des manifestations ont atteint l’ensemble du Tibet (incluant le U-Tsang, le Kham, de l’Amdo), ayant pour origine la frustration accumulée pendant 50 ans de nombreux Tibétains en raison d’une répression excessive. Le premier ministre s’étonne que les autorités chinoises n’aient pu maintenir l’ordre au Tibet en une journée et qu’il fallu plus de cinq semaines. Ainsi, contrairement à des situations analogues récentes, le 14 mars aucune mesure répressive n’est prise pendant plusieurs heures. Un grand nombre de manifestants n’était pas connu à Lhassa, et des témoignages font état de policiers chinois déguisés en Tibétains ou en moines et menant les manifestations.<ref>(fr)Déterioration de la situation au Tibet</ref>,<ref>(en)China’s “unnecessary repressive measures” deteriorating situation in Tibet</ref>
Documents photographiques et vidéos transmis par internet
Des photos et vidéos de victimes présumées de la répression au Tibet en 2008 sont diffusées par différents sites. Ces images de cadavres peuvent choquer. Une page de Wikileaks leur est consacrée <ref>Wikileaks : vidéos et photos censurées, de Wikileaks. Accessible aussi sur Freenet : USK@n7~-0UtfsoqcXXh3ANOn8CYEQlDC~9P6X6xpAU~SMQY,FHKzm~gWLh4exgDVdCOWBVU60AQ3DHTp4kB4pWgTFzk,AQACAAE/WikiLeaksOrgTibetProtestPhotos/1/</ref>. Données en vrac, ces photos sont présentées comme « preuves photographiques de la répression sanglante d’une manifestation pacifique de Tibétains de Ngaba dans le Sichuan le 16 mars 2008 » mais elles restent à authentifier de façon indépendante, les régions tibétaines demeurant interdites aux journalistes<ref>Is Beijing Softening on Tibet?</ref>.
Le site web du TCHRD présente également des photos censées être de la répression des forces de l’ordre<ref>Photographic evidence of the bloody crackdown on peaceful protesting Tibetan at Ngaba County, Sichuan Province, on 16 March 2008</ref>, et de victimes entourées par la foule<ref>17 March 2008</ref>.
De nombreuses vidéos sont présentes sur internet, beaucoup ont été tournées par des touristes et reprises par les télévisions<ref>First Cut: Aussie captures Tibet riots on camera</ref> et permettent en partie de pallier à l'absence de journalistes indépendants sur place suite à la censure médiatique imposée par le gouvernement chinois, qui a soit expulsé les journalistes présents, soit leur a interdit l'entrée sur le territoire.<ref>Nouvelles entraves pour les journalistes étrangers, le contrôle et la propagande s’intensifient au Tibet</ref> Elles sont accessibles avec les mots clefs "Tibet Riots".<ref>Detailed Video of Tibet Riot</ref>. Certaines vidéos dénoncent les versions tronquées des vidéos présentées par les médias occidentaux <ref>Tibet Riot, you won't see this on CNN and BBC</ref> en leur reprochant de ne pas avoir montré les violences des manifestants et les lynchages vus dans différentes vidéos amateur, ainsi que la souffrance des familles des victimes vues à la télévision chinoise<ref>CCTV9 Documentary on Lhasa, Tibet, China Riots (Part 2 of 2)</ref>.
Interrogations sur l’origine des troubles
Rôle des États-Unis
Programme des puissances occidentales
Après leur expédition militaire menée par Younghusband en 1904, les Britanniques imposent aux Tibétains une nouvelle frontière avec le Sikkim et l'ouverture de trois comptoirs commerciaux, et tentent d'enlever aux autres puissances (Chine et Russie) toute influence politique sur le Tibet<ref>UK and China Relations, The governement of Tibet in exile</ref>,<ref>« Les négociations aboutissent, le 7 septembre, à la signature, au Potala, d'une convention en dix articles qui confirma la frontière avec le Sikkim ; outre Yatoung, il est prévu d'ouvrir les villes de Gyantsé et de Gartok au commerce anglo-indien et d'y installer des agents britanniques. [...] Deux points font du Tibet un domaine réservé de la Grande-Bretagne : celle-ci occupera la vallée de Tchoumbi jusqu'à la fin du règlement de l'indemnité [de Modèle:Formatnum:100000 roupies par an pendant 75 ans], et aucune autre puissance ne pourra résider, intervenir ni avoir des concessions pour les mines, les chemins de fer « ou autres droits » au Tibet. », Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 235</ref>. En 1913, le 13e dalaï-lama proclame unilatéralement l’indépendance du Tibet, mais celle-ci n'est reconnue par aucun pays, à l'exception de la Mongolie, dans le cadre d'un traité de reconnaissance mutuelle d'indépendance dont la validité longtemps contestée fut confirmée par le 14e dalaï-lama<ref>« L'accord signé en janvier 1913 entre les plénipotentiaires mongols et tibétains [...] est une reconnaissance mutuelle d'indépendance et officialise une relation séculaire (la validité du traité, longtemps contestée, sera confirmée par le quatorzième Dalai Lama, Tendzin Gyamtso en 1959). », Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 269</ref>.
Après la prise de pouvoir de Mao Zedong et du Parti communiste chinois, les États-Unis cherchent à utiliser le Tibet dans leur lutte contre le communisme<ref>Le Département d’État écrit alors : « Le Tibet devient stratégiquement et idéologiquement important. Puisque l'indépendance du Tibet peut servir la lutte contre le communisme, il est de notre intérêt de le reconnaître comme indépendant au lieu de le considérer comme faisant partie de la Chine. » Mais il ajoute : « La situation change si un gouvernement en exil se crée. Dans ce cas-là, il est dans notre intérêt de le soutenir sans reconnaître l’indépendance du Tibet. Reconnaître l’indépendance du Tibet, oui ou non, n’est pas la vraie question. Il s’agit de notre attitude envers la Chine » : cf TIBET : Vrai ou faux ?, Mila Marcos et Michel Collon</ref>.
En 1949, selon Mila Marcos et Michel Collon , les États-Unis aurait proposé au dalaï-lama de partir en exil mais il faudra dix ans avant qu’il accepte avec son entourage de se réfugier en Inde, accompagné de plusieurs dizaines de milliers de Tibétains qui formeront la communauté tibétaine en exil.<ref>TIBET : Vrai ou faux ?, Mila Marcos et Michel Collon</ref>
Selon des documents officiels américains déclassifiés<ref>FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES 1964-1968 Volume XXX China DEPARTMENT OF STATE Washington, DC</ref>, en 1964 la CIA poursuit son soutien actif aux mouvements tibétains, en particulier « l'entourage du dalaï-lama », la guérilla tibétaine et l'organisation d'opérations de renseignement à l'intérieur du Tibet, notamment par l'envoi de 20 agents secrets, au travers d'un programme destiné à entretenir le concept d'un Tibet autonome. La CIA soutient la création de plusieurs "Tibet Houses" destinées à servir de représentation non officielle pour le dalaï-lama et à maintenir le concept d'une identité politique tibétaine, celle de New York permettant d'assurer les liens avec les délégations soutenant les Tibétains aux Nations Unies.
En 1964, ce programme de Modèle:Formatnum:1735000 dollars prévoyait notamment :
- Le soutien à une guérilla de 2100 Tibétains basée au Népal (Modèle:Formatnum:500000$)
- Une subvention pour le dalaï-lama (Modèle:Formatnum:180000$)
- Les dépenses du site de formation secret pour les Tibétains dans le Colorado (Modèle:Formatnum:400000$)
- Transport par avion des Tibétains formés vers l'Inde (Modèle:Formatnum:185000$)
- Programme d'éducation pour 20 jeunes officiers tibétains (Modèle:Formatnum:45000$)
- Création de plusieurs "Tibet Houses" à New York, Genève et (non déclassifié)
Le réchauffement des relations entre les États-Unis et la Chine à partir de 1971, marqué par l'admission de la Chine à l'ONU (octobre 1971), puis par la visite du président Richard Nixon et sa rencontre avec Mao (février 1972), entraîne l'arrêt du soutien technique et militaire de la CIA, ce qui aboutira à l'écrasement de la résistance tibétaine au Népal en août 1974<ref>Histoire du Tibet, Laurent Deshayes, p. 350</ref>. Selon Michel Collon, le dalaï-lama et des organisations de Tibétains en exil continuent cependant à recevoir des financements du gouvernement américain par de multiples voies<ref>5 questions à propos du soulèvement au Tibet, Peter Franssen</ref> au travers d'ONG écrans telle que la National Endowment for Democracy (NED)<ref>(Dotation nationale en faveur de la démocratie) [citation nécessaire]</ref>, ou Tibet Fund qui reçoit directement des subventions du Département d'État américain<ref>« The Tibet Fund provided $673,500 from the U.S. State Department’s Humanitarian Assistance (HA) grant to support the three refugee reception centers. [...] The Tibet Fund provided $635,800 from the U.S. State Department’s Humanitarian Assistance (HA) grant to support health services. [...] The amount of $654,700 from the U.S. State Department’s Humanitarian Assistance (HA) grant went to support education. [...] The Tibet Fund received a total grant of $600,000 from the U.S. State Department’s Bureau of Educational and Cultural Affairs to support the Tibetan Scholarship Program. », Annual Report 2005, The Tibet Fund</ref>, et finance le bureau du dalaï lama<ref>Selon le rapport annuel 2005 du Tibet Fund, la somme de Modèle:Formatnum:491019 $ a été versée en 2005 au bureau du dalaï-lama, sur un total de dépenses de Modèle:Formatnum:4536944 $.</ref>.
Pour entretenir les mouvements pour un Tibet libre[réf. nécessaire] (« Free Tibet »), le gouvernement américain finance indirectement, notamment par l'intermédiaire de la NED, de nombreuses ONG soutenant le concept d'un Gouvernement Tibétain en Exil, comme le Congrès de la Jeunesse tibétaine, sans toutefois reconnaître officiellement ce gouvernement<ref>National Endowment for Democracy, grant, China(Tibet)</ref>,<ref>Aim and Objectives of Tibetan Youth Congress</ref>,<ref>National Endowment for Democracy, Description of 2002 Grants: Asia : China (Tibet)</ref>.
Des ONG dont l'indépendance est reconnue, telles que Amnesty International et Human Rights Watch, recoivent également des aides « pour leur travail sur les droits de l'homme dans le monde avec un accent particulier sur la Chine et le Tibet »<ref>Charter, The Gere Foundation</ref>.
La parole du dalaï-lama et celle du Gouvernement Tibétain en Exil sont relayées par des radios financées par le gouvernement américain, qui diffusent des émissions en tibétain sur l'ensemble du Tibet (Radio Free Asia, Voice of America) ainsi que par la radio Voice of Tibet dédiée à la question tibétaine. Ces émissions renforcent l'identité tibétaine et entretiennent le concept de Gouvernement Tibétain en Exil. Selon le Quotidien du Peuple en Ligne (source partisane), la durée des émissions radio aurait fortement augmenté juste avant les troubles du 14 mars. Selon Liu Wei, la chef de la branche du Tibet de l'Agence Xinhua (Source partisane) Radio Free Asia aurait diffusé un témoignage selon lequel « on entendait le crépitement des balles durant toute la nuit. Le lendemain, les cadavres de manifestants s'étalaient partout dans le quartier de Bajiao. » Liu Wei qualifie ces propos de « mensonges, rumeurs et inepties absurdes, stupides et saugrenus »<ref>La VOA aide le Dalai Lama à transmettre ses directives en argot</ref>.
Escalade de la tension
La tension s'accroit à l'approche des Jeux Olympiques d'août 2008.
Dès l'automne 2006 la tension monte entre la Chine et les USA qui annoncent des ventes d'armes à Taiwan. De son coté Taiwan souhaite organiser un "référendum sur l'adhésion de Taiwan à l'ONU". <ref>Déclaration du porte-parole du Ministère des Affaires étrangères Liu Jianchao sur le projet d'achat d'armes par Taiwan aux Etats-Unis</ref>,<ref>Déclaration chinoise sur la vente supplémentaire d'armes par les Etats-Unis à Taiwan</ref>,<ref>Déclaration chinoise sur le projet américain de vente à Taiwan d'antimissile Patriot PAC-2</ref>. Le 29 février le congrès américain adopte une résolution de « soutien aux élections démocratiques de Taiwan »<ref>Déclaration chinoise au sujet d'une résolution du Congrès américain concernant Taiwan</ref>.
Fait rare, en 2007 plusieurs pays reçoivent le dalaï-lama :
- 15 juin 2007, le premier ministre australien<ref>[http://fr.wikipedia.org/wiki/Tenzin_Gyatso John Howard meets Dalai Lama to talk Tibet
]</ref>
- 23 septembre 2007, la chancelière allemande<ref>Berlin reçoit le Dalaï Lama à titre privé...</ref>
- 20 septembre 2007, le chancelier autrichien<ref>Austrian chancellor meets the Tibetan leader in Chancellory</ref>
- Le 17 octobre 2007, les États-Unis décernent au dalaï-lama la Médaille d'Or du Congrès, la plus haute distinction civile américaine, George W. Bush salue le dalaï-lama comme un "symbole universel de paix et de tolérance" et appelle la Chine à accueillir le dalaï-lama, à ses yeux un "berger" pour les fidèles et "un gardien de la flamme pour son peuple". Liu Jianchao, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, répond : "L'initiative des États-Unis est une ingérence flagrante avec les affaires intérieures de la Chine qui a gravement heurté les sentiments du peuple chinois et gravement nui aux relations entre la Chine et les États-Unis"<ref>L'hommage du Congrès américain au Dalaï Lama "nuit gravement" aux relations sino-américaines</ref>
Cet événement a été célébré au Tibet, des heurts se sont déroulés pendant 4 jours dans deux monastères des faubourgs de Lhassa : Drepung et Nechung, de nombreux moines auraient été arrêtés<ref>Répression de moines au Tibet</ref>.
- Le 29 octobre 2007 le premier ministre Stephen Harper accueille le dalaï-lama publiquement dans son bureau, donnant un air de soutien politique à la visite<ref>L'accueil réservé au dalaï-lama suscite l'ire des autorités chinoises</ref>.
Le lundi 10 mars est l'anniversaire de la fuite du dalaï-lama. Ce jour est traditionnellement célébré par des manifestations au Tibet. Le dalaï-lama prononce alors un discours<ref>Message de Sa Sainteté le Dalaï Lama à l’occasion du 49ème anniversaire du soulèvement national tibétain</ref> d'une rare virulence contre le régime de Pékin, contrastant avec son approche habituellement plus conciliante à l'égard de la Chine, le chef de l'Eglise tibétaine dénonce une " répression continuelle " par les forces de sécurité du régime et des " violations énormes et inimaginables des droits de l'homme ", le tout s'accompagnant " de la négation de la liberté religieuse et de la politisation des questions religieuses ", "Les autorités chinoises continuent d'agir de manière que l'on peut qualifier de comportement inhumain.", le dalaï-lama ne cesse de dénoncer le " génocide culturel " tandis que l'augmentation de la population non tibétaine d'ethnie chinoise han " a réduit les Tibétains à une insignifiante minorité dans leur propre pays ".<ref>Le dalaï-lama dénonce la répression "inimaginable" de Pékin au Tibet - Bruno Philip - Le monde, 11 mars 2008</ref>. Les manifestations pacifiques du 10 mars se sont poursuivies les jours suivants par une escalade de la tension.
Avis d'experts
Certains experts, dont le général russe Alexeï Maslov, estiment que des forces politiques influentes aux États-Unis d’Amérique ont intérêt à utiliser le scénario kosovar pour pousser la population du Tibet à lancer une lutte armée pour l’indépendance à la veille des J.O. de Pékin. Selon Alexeï Maslov, « Des forces politiques influentes aux Etats-Unis (…) manipulent le mouvement indépendantiste des Tibétains pour empêcher le renforcement impétueux des positions géopolitiques de la Chine dans le monde »<ref>Tibet: les troubles suivent le scénario kosovar (expert)</ref>. Il estime que « La brusque aggravation de la situation politique dans la Région autonome a été provoquée par les activités subversives de l’entourage politique du dalaï-lama et du “gouvernement tibétain en exil” qui utilise le leader spirituel et la communauté monastique pour dissimuler leur intention de déstabiliser la Chine »<ref>Faut-il boycotter le Dalaï Lama ?</ref>.
Selon Richard M Bennett, l’ex haut responsable des services secrets indiens et journaliste respecté, B. Raman, a fait le 21 mars le commentaire suivant : « sur la base de preuves disponibles, c’est raisonnablement possible d'affirmer avec conviction que le soulèvement initial à Lhassa le 14 mars a été pré-planifié et bien orchestré. »<ref>Tibet, the 'great game' and the CIA By Richard M Bennett</ref>,<ref>Tibet, le « Grand Jeu », et la CIA, Richard M Bennett, 11 avril 2008</ref>.
Position chinoise
Selon Wu Heping, porte-parole du ministère chinois de la Sécurité publique, l'arrestation des suspects a entraîné la découverte d'un réseau national conduit par un officiel du "ministère de la sécurité" de la clique du dalaï-lama. Ce "Mouvement d'insurrection du peuple tibétain" visait à provoquer une crise en Chine en organisant des activités de sabotage. Selon Wu, sept organisations séparatistes tibétaines -- le " Congrès de la Jeunesse tibétaine", l'"[[Association des femmes tibétaines en exil |Association des femmes tibétaines]]", les "Etudiants pour un Tibet Libre", le "Gu-Chu-Sum Mouvement du Tibet", le "Parti Démocratique National du Tibet", le " Réseau international de Soutien du Tibet" et l'"Organisation des écrivains tibétains"-- ont tenu des conférences de presse à New Delhi, en Inde, et publié la prétendue "Déclaration du Mouvement d'Insurrection du peuple tibétain" et l'a mise ensuite sur internet. La police locale à Lhassa a arrêté un individu clé directement impliqué dans les émeutes de Lhassa, a-t-il ajouté. "Ce suspect a avoué sa participation dans l'organisation, la planification et la mise en œuvre des émeutes du 14 mars à Lhassa, inspirées par un officiel de la clique du Dalai Lama", a dit Wu<ref>"
http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-04/02/content_607465.htm " , Xinhua , 2 avril 2008 . Retrieved on 2008-07-11 . </ref>.
Pour le consul général adjoint de Chine à New York, Kuang Weilin, qui s’exprimait le 3 avril, « les violences en Chine et les attaques contre une vingtaine de missions diplomatiques chinoises d’outre-mer sont complotées, organisées et commanditées par la clique du dalaï lama qui reste attachée à son rêve d’ "indépendance du Tibet" ». « Pourquoi ces émeutiers, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Chine, ont-ils adopté les mêmes tactiques, crié les mêmes slogans et montré le même niveau de violences ? », a-t-il ajouté<ref>http://www.french.xinhuanet.com/french/2008-04/04/content_609118.htm</ref>.
Selon un rapport du Ministère de la sécurité intérieure chinois, les émeutiers auraient reçu un financement étranger provenant de fondations américaines<ref>(zh) Les guérilleros de Congrès de la Jeunesse tibétaine soutenus par les fondations états-uniennes. - (en) Traduction Google (!)</ref>.
Le « Quotidien du peuple en ligne », site Internet en français du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), a publié le 7 avril l’intervention d’un certain Gu Yangzhai qui, entre autres choses, décortique le modus operandi des activistes tibétains ainsi qu’a pu le reconstituer la police locale. Les instructions émanant de l’extérieur du Tibet auraient été envoyées sous forme codée via l’Internet, il en aurait été de même en sens inverse pour les rapports sur la situation interne. De là viendrait la synchronisation observée dans le déclenchement et le déroulement des troubles en des lieux éloignés entre eux de centaines de kilomètres<ref>"
Le beau rêve du Dalaï Lama se brise " , Le Quotidien du Peuple en ligne , 7 avril 2008 . Retrieved on 29 avril 2008 . (français) </ref>.
Position du Gouvernement tibétain en exil
Les manifestations sont l'expression d'une rancœur profonde du peuple tibétain envers la gouvernance actuelle. L'unité et la stabilité maintenue par la force brutale est au mieux une solution temporaire. Il est irréaliste de s'attendre à l'unité et la stabilité dans le cadre de règles qui ne serait pas propice à la recherche d'une solution pacifique et durable.<ref>Communiqué de presse du Dalaï Lama le 14 mars 2008</ref>
Avis d'experts indépendants
Selon l’Institut français des relations internationales, exaspération envers le pouvoir et difficultés économiques se sont mutuellement amplifiées au Tibet. En outre, la plupart des commerces appartiennent à des Chinois han (>90% de la population chinoise [dans l’ensemble de la Chine]) ou hui (Chinois musulmans qui contrôlent à Lhassa une grande partie du commerce de la viande) : ces faits convergent pour donner à une fraction de la population tibétaine le sentiment d’être l’otage d’une politique économique et démographique qu’elle ne maîtrise pas<ref>Valérie Niquet, groupe de travail Chine, stratégie de défense, www.ifri.org</ref>. A cet égard, il est intéressant de noter l'existence de griefs économiques particuliers liés à l'essor du tourisme de masse à Lhassa : des « Tibétains se plaignent du fait que les marchands chinois y contrôlent désormais la plupart des magasins pour touristes dans le secteur de Barkhor »<ref>Violence in Tibet as Monks Clash With the Police , 15 mars 2008
, The New York Times . Consulté le 4 juin 2008</ref>.
Les économistes F. William Engdahl et Michel Chossudovsky ont suggéré quant à eux que cette crise pouvait avoir pour instigateur les États-Unis, dans le cadre de leurs actions de déstabilisation de la Chine<ref>La Chine et les États-Unis : PsyOp sur les droits de l’homme au Tibet, Michel Chossudovsky</ref>,<ref>Why Washington plays 'Tibet Roulette' with China, F. William Engdahl, China.org.cn, 5 avril 2008</ref>,<ref>Risky geopolitical game: Washington plays ‘Tibet Roulette’ with China, F. William Engdahl, onlinejournal.com, 14 avril 2008</ref>,<ref>Tibet, the 'great game' and the CIA, Richard M. Bennett, GlobalResearch.ca, 25 mars 2008</ref>. Selon Chossudovsky, les émeutes ne sont pas un mouvement pacifique spontané mais des événements prémédités et soigneusement orchestrés. Chossudovsky reconnaît cependant, qu’étant donné la nature cachée des opérations d’espionnage, il n’y a pas de preuve de l’implication des États-Unis dans cette crise. Mais il ajoute que de la fin des années 1950 jusqu’en 1974, le dalaï lama a figuré sur la liste de personnel de la CIA, laquelle avait organisé un camp d’entraînement militaire secret pour les "combattants de la résistance du Dalaï Lama". De même, il affirme qu’au travers de la National Endowment for Democracy créée en 1983, la CIA finance nombre d’organisations d’exilés tibétains, tant en Chine qu’à l’étranger : International Campaign for Tibet, Tibet Multimedia Center, Tibetan Center for Human Rights and Democracy, ainsi que l’association Reporters sans Frontières.
Jamyang Norbu remet en cause les affirmations de William Engdahl, qui selon lui est connu pour son approche de la théorie du complot notamment concernant le 11 septembre 2001 et le réchauffement climatique.<ref>Running-Dog Propagandists Par Jamyang Norbu</ref>
L’agence de presse chinoise Xinhua cite un rapport selon lequel une fondation allemande (Friedrich Naumann Stiftung für die Freiheit ou FNSt) aurait planifié les manifestations en liaison avec le quartier général du dalaï-lama<ref>German foundation behind anti-China protests, China.org.cn, 14 avril 2008</ref>, en se référant à un article publié dans le journal canadien The Globe and Mail. L’auteur de cet article, Doug Saunders, écrivait que de nombreuses manifestations seraient coordonnées par un organisateur à temps plein (aucune fondation allemande n’est explicitement citée) engagé par le gouvernement tibétain en exil, et que des documents, envoyés à 150 groupes de soutien au Tibet de par le monde, donnaient des indications détaillées sur l’organisation de manifestations lors du relais de la flamme olympique dans son périple autour du monde<ref>"
How three Canadians upstaged Beijing " , The Globe and Mail , 29 mars 2008 . Retrieved on 3 avril 2008 . </ref>. Cependant, Doug Saunders, étonné de l’engouement de Xinhua pour son article, a écrit par la suite que les manifestations lors du relais de la flamme n’avaient pas de rapport avec les émeutes et les soulèvements à l’intérieur du Tibet<ref>" Beijing has become the guardian of the Chinese brand " , The Globe and Mail , 19 avril 2008 . Retrieved on 20 avril 2008 . </ref>.
Michael Sheridan, journaliste au Times, dans un article daté du 23 mars, voit dans la répression des troubles une « répression ethnique » qui aurait été planifiée par trois personnalités de l’État chinois : Wang Lequan, Zhang Qingli et Li Dezhu<ref>"
Ethnic repression in Tibet masterminded by faceless trio " , The Times , 23 mars 2008 . Retrieved on 2008-03-23 . </ref>.
Avis de sources partisanes
Le 20 mars, dans un article repris sur le site The Epoch Times, le journaliste Gordon Thomas affirme que les services secrets britanniques disposent de preuves photographiques, prises par satellite qui confirment que les Chinois ont utilisé des agents provocateurs pour déclencher les émeutes donnant à l’Armée populaire de libération (APL) une raison pour se déployer dans Lhassa tuant et blessant pendant plusieurs semaines. Selon Thomas, cela confirmerait l’implication, qui aurait été dénoncée par le dalaï-lama, d’agents chinois de l’APL déguisés en moines dans le déclenchement des émeutes à Lhassa<ref>Sources at British Spy Agency Confirm Tibetan Claims of Staged Violence , 27 mars 2008
, The Epoch Times . Consulté le 29 avril 2008</ref>.
Par ailleurs, une photographie montrant des policiers chinois recevant des robes de moines, a fait l’objet d’une diffusion massive par courrier électronique et a été reproduite sur certains sites « pro-tibétains »,<ref>Piratage informatique : la Chine attaque avant les JO ?</ref> comme preuve de cette implication ; elle s’est finalement avérée provenir d’un tournage de fiction réalisé en 2003<ref>« Une photo à ne pas diffuser »</ref>. Selon le Los Angeles Times, cette photo aurait été prise lors du tournage du film Le Talisman de Michelle Yeoh tourné à Lhassa en 2001-2002.<ref>Photo of Chinese forces with monks' robes proves illusory</ref>
Le 21 mars, une accusation similaire est portée par Ruan Ming, un officier communiste chinois dissident, conseiller du président du gouvernement taiwanais. Selon Ruan Ming, le Parti communiste chinois aurait soigneusement monté les incidents au Tibet afin de forcer le dalaï-lama à démissionner et de justifier la répression des Tibétains. Il pense que les événements au Tibet visent à influencer l’opinion mondiale en discréditant le dalaï-lama à l’instar des accusations portées contre Zhao Ziyang lors des massacres de Tiananmen de 1989. Si le dalaï-lama se retirait, le PCC pourrait étiqueter les Tibétains comme terroristes, à l’instar de ce qui se passe pour le Mouvement d'indépendance du Turkestan oriental<ref>Former Advisor to Party General Secretary Claims Regime Staged Lhasa Incident , 24 mars 2008
, The Epoch Times . Consulté le 26 mars 2008</ref>.
Selon la radio Sound of hope (liée au mouvement Falun Gong), le régime chinois aurait orchestré les violences à Lhassa.
A ce que rapporte The Epoch Times dans un article publié le 22 mars, un policier chinois déguisé en Tibétain et portant un couteau se serait mélé aux manifestants aux dires d’une Thaïlandaise d’origine chinoise (dont l'identité n'est pas précisée). Cette dernière, se rendant dans un commissariat local où elle connaissait un policier, aurait vu arriver un homme, un couteau à la main, accompagnant des émeutiers arrêtés, et qui aurait retiré par la suite ses vêtements de style tibétain pour revêtir son uniforme de police. Expulsée de Lhassa le lendemain et arrivant 10 jours plus tard en Inde via le Népal, cette Chinoise thaïlandaise aurait reconnu l’homme du commissariat sur BBC TV news et en aurait fait part à des associations des Tibétains en exil <ref>Chinese Regime Implicated in Staging Violence in Lhasa—UPDATED</ref>. Le traducteur en chinois du dalaï-lama, Ngawang Nyendra, cité dans le même article, affirme que les autorités chinoises ont diffusé, à la suite de cette révélation, des photos d'où l'homme au couteau avait été effacé avec un logiciel de retouche et que la vidéo correspondante avait cessé d'être diffusée par la télé chinoise. Pourtant, la photo originelle, non retouchée, est toujours présente sur le site de CCTV.com.<ref>http://www.chinadaily.com.cn/china/2008-03/21/content_6556267.htm.</ref>
Cette photo censée montrer un policier chinois déguisé en tibétain et portant un sabre a été diffusée par l'agence Reuters.<ref>Le monde 2, 3 mai 2008, p 61, La propagande par l'image</ref> Elle fait partie des nombreuses photos prises par un touriste américain, elle est publiée sur son blog<ref>A few more pictures from Lhasa, Blog de Kadfly</ref> avec un lien vers le fichier original en très haute définition permettant d'identifier précisément le supposé policier chinois.
Selon Phayul.com, des témoins oculaires ont indiqué que sur les images montrées par les médias chinois, certains "émeutiers" étaient en fait des policiers chinois envoyés par les autorités chinoises pour inciter la violence entre les chinois Han et les Tibétains.<ref name="Phayul June 03">China selectively invites second batch of reporters to Lhasa after Tibet unrest</ref>
Annexes
Articles connexes
- Troubles au Tibet en 1989
- Soulèvement tibétain de 1959
- Fusillade du col de Nangpa La
- Évènements politiques de 2007 en Birmanie
- Troubles au Xinjiang en 2008
- Jeux Olympiques d'été de 2008
- Relais de la flamme olympique 2008
- Zhang Qingli (patron du parti communiste au Tibet en 200Image:Cool.gif
Liens externes
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Journaliste et touristes présents
- (fr) Jours d’émeutes à Lhassa Article du seul journaliste occidental témoin des émeutes à Lhassa : James Miles, The Economist, traduction "Contre Info" de la version originale Trashing the Beijing Road
- (en) Fire on the roof of the world James Miles, Interview de James Miles par CNN
- (de) Un journaliste enquête auprès des habitants à Lhassa : Die Razzien lassen Schlimmes befürchten, Erstaunt, dass ich der Einzige war
- (fr) Un journaliste enquête auprès des habitants à Lhassa (traduction) : Les rafles laissent présager le pire, Stupéfait, j'étais le seul
- (fr) Témoignages de touristes présents : Blog d’Aurélien Emeutes à Lhassa, un touriste espagnol Dans les rues de Lhassa vendredi, une "chasse aux Chinois", des touristes canadiens et suisses Tibet: des touristes décrivent des scènes de lynchage de Chinois par des Tibétains.
- (en) Un touriste australien, Michael Smith, tourne une vidéo qui sera reprise par de nombreux médias : Tourist video shows riot, flames in Tibetan capital.
- (en) Un touriste américain présent, plusieurs photos originales : Lhasa Burning, Safe and sound in Kathmandu, A few more pictures from Lhasa, Interview with Blogdai and some answers for Jotman,
- (en) Témoignages de touristes présents : Un suisse Eyewitness: Tibet out of control, des touristes étrangers 'Oh my God, someone has a gun …', Eyewitness account of Lhasa violence, touriste du Danemark Crackdown as 10 burnt to death in Tibet riots
- (nl) Témoignages de touristes présents : Nederlanders over onlusten in Tibet
- (fr) Synthèse de témoignages de touristes La semaine qui ébranla le Tibet, source : Le Monde, 4 avril 2008
- (en) Synthèse de témoignages de touristes Eyewitnesses Recount Terrifying Day in Tibet
- (en) Synthèse de témoignages par un blogueur américain (page soupçonnée de partialité) : Eyewitnesses confirm Tibetan Riots and Violences
Témoignage des victimes
- (en) Des victimes musulmanes racontent les émeutes de Lhassa : Injured Muslims tell of Lhasa unrest
Émissions et points de vue
- (fr) Le Nouvel Observateur (24 juillet 200Image:Cool.gif Le tibet sous la botte, Où sont les moines ?, L'armée a fait disparaître les cadavers
- (fr) Jean-Luc Mélenchon (sénateur de l’Essonne) : Une idée sage sur le Tibet et les JO 2008 (Video), Point de vue (Blog)
- (en) Youtube Vidéo et Photos des manifestations dans le monde et au Tibet en 2008
- (en) CCTV-9 (télévision chinoise), images d’émeutes Émission (partie 1), témoignages des victimes (Émission Partie 2)
- (fr) Libération du 9 mai 2008, Ce que veut le Tibet, Reprise prévue des négociations, Le dalaï-lama, icône à multiples facettes, «Pékin est face à un nouveau défi», Dialogue, «Au Tibet, même les odeurs sont chinoises» Video,« Pékin est face à un nouveau défi », Robert Barnett
- (fr) Deux interviews du 14e Dalai Lama : Avant sa visite en Allemagne, La « voie du milieu » pour le Tibet (le Monde 10 avril 200Image:Cool.gif
- (fr) Matthieu Ricard (traducteur du dalaï-lama): « Après les JO, ce sera fichu, on ne parlera plus du Tibet »
- (fr) C dans l'air émission du 19 mars 2008 sur (France 5), JO : Chine écrase Tibet
- (fr) Peter Franssen, site Michel Collon Investigation , 5 questions à propos du soulèvement au Tibet
- (fr) Émission du 23 avril 2008 (France 3) Ce soir ou jamais : débat sur le Tibet
- (fr) CCTV (dossier de la télévision chinoise) Les émeutes au Tibet
- (fr) Carte du Tibet présentant les divers sites des manifestations de 2008 (Site Phayul.com)
Notes et références
da:Optøjerne i Tibet 2008 de:Tibetische Unruhen 2008 en:2008 Tibetan unrest eo:Tumultoj de Tibeto en 2008 es:Disturbios en el Tíbet de 2008 fa:قیام تبت (۲۰۰۸) hu:Tibeti zavargások ja:2008年のチベット動乱 ko:2008년 티베트 반중국 시위 ms:Pergolakan di Tibet 2008 no:Opptøyene i Tibet 2008 pl:Zamieszki w Tybecie w 2008 roku pt:Distúrbios no Tibete em 2008 ru:Тибетский мятеж 2008 sl:Nemiri v Tibetu 2008 vi:Bạo động năm 2008 tại Tây Tạng zh:2008年西藏骚乱