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Première Guerre mondiale

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Modèle:Wikiversity La Première Guerre mondiale fut un conflit mondial qui se tint principalement en Europe de 1914 à 1918. On la nomme « guerre mondiale », car c'est le premier conflit armé qui impliqua autant de pays à travers le monde. Cependant, avant le début de la Seconde Guerre mondiale, on l'appelait « la Grande Guerre », « la Guerre des Guerres » ou encore la « Der des Ders ».

Sommaire

Causes

Il existe de nombreuses causes au déclenchement de la Première Guerre mondiale et rétrospectivement, elle peut paraitre inévitable. Les premières années du XXe siècle ont connu plusieurs crises entre États européens (épisode de la canonnière d'Agadir, nombreux incidents de frontière franco-allemands, crises dans les Balkans dont deux guerres balkaniques) qui n'ont pas eu de conséquences sur le reste du monde. Cependant, les rivalités économiques et coloniales entre puissances européennes avaient pris une telle importance qu'une simple étincelle pouvait conduire à l'embrasement général. L'« amorce » fut, le 28 juin 1914, l'assassinat de l'archiduc d'Autriche François Ferdinand et de son épouse par le nationaliste serbe Gavrilo Princip. « Amorce » qui va enclencher ce que l'historien Jean-Baptiste Duroselle appelle un « Mécanisme » qui entraînera presque malgré eux les protagonistes vers la grande catastrophe<ref name="Duroselle">Jean-Baptiste Duroselle: La Grande guerre des Français</ref>.

Rivalités économiques et coloniales

À la fin du XIXe siècle, l'Europe domine le monde, militairement, technologiquement, financièrement, économiquement, et surtout politiquement. Le Royaume-Uni surtout, mais également la France ont d’immenses empires qui assurent une quasi exclusivité de commerce et d'exploitation des richesses sur un régime colonial. L'Empire britannique, où « le soleil ne se couche jamais », est le plus vaste. Les Britanniques contrôlent des points maritimes stratégiques majeurs : Gibraltar, Singapour, Le Cap, le canal de Suez. Ils occupent également l'Afrique de l'Est, de l'Égypte à l'Afrique du Sud, et ont colonisé le Nigéria. La principale colonie est l'Empire des Indes, le Raj. Ce grand pays est au centre de la stratégie britannique, particulièrement au Proche-Orient. Le Royaume-Uni contrôle également des dominions, pays indépendants pour la politique intérieure, mais pas pour la politique extérieure. Ces dominions, Canada, Terre-Neuve, Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud sont des colonies de peuplement blanc et représentent à eux cinq des ressources importantes.

L'Afrique est presque entièrement colonisée (à l'exception du Libéria et de l'Éthiopie) et se trouve au cœur des tensions européennes. Alors que la France contrôle une grande partie de l'Afrique de l'Ouest, les Britanniques tiennent tout l'est du continent. Un conflit entre ces deux métropoles aurait pu éclater avec l'incident de Fachoda, en 1898. Mais la montée en puissance de l'Allemagne, et le soutient de cette dernière à la république d'Orange lors de la Guerre des Boers<ref name="Girault">René Girault, Les relations diplomatiques de 1870-1914</ref> les a rapprochées dans l'Entente cordiale. L'Allemagne, qui ne possédait qu'un empire colonial limité (Cameroun, Namibie, Tanzanie, Togo et îles Marshall d'aujourd'hui) et réalisant de façon tardive son unité, était arrivée trop tard dans la compétition coloniale et le partage du monde entre Européens. Surtout, elle ne dispose pas de colonies de peuplement. Elle manifeste ses prétentions sur le Maroc au cours de deux crises, en 1905 et 1911, qui l'ont opposée à la France. Fritz Fischer, dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale<ref name="Fischer 1961">Fritz Fischer, Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-191Image:Cool.gif, trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès, préface de Jacques Droz, Éditions de Trévise, Paris, 1970 (1re éd. en allemand 1961), 654 p. [détail des éditions]</ref>, voit dans cette situation l'une des principales causes au déclenchement du conflit.

L'influence européenne en Asie est moins spectaculaire, mais suscite également des problèmes. La Chine littorale tombe sous la domination économique occidentale. Les Britanniques, notamment, s'appuient sur leur comptoir de Hong Kong et les autres, sur des concessions dans les grands ports. La rivalité franco-allemande est attisée en particulier par la présence de ces deux États dans le Chantoung. Les États-Unis, le Japon et la Russie sont des puissances concurrentes des États européens dans cette région. L'Empire ottoman est placé sous la tutelle financière et économique allemande, tutelle disputés par les Britanniques, qui ont intégré la Perse dans leur zone d'influence. Les Russes souhaitent un débouché sur les mers chaudes (Méditerranée ou océan Indien) à leur empire, et s'intéressent de plus à l'Éthiopie.

Enfin, la grande puissance industrielle allemande inquiète les États européens, car les produits allemands inondent les marchés français et britanniques. De même, les Allemands s'inquiètent de la croissance économique (grâce aux capitaux français) et démographique de la puissance russe, qui les amènent à penser qu'ils seraient incapables de lui résister dans quelques années ; de telle sorte qu'ils ont peut-être intérêt à provoquer un conflit avant qu'il ne soit trop tard.

Les questions nationales

Image:Map Europe alliances 1914-fr.svg
Les rivalités en Europe en 1914

À la veille du conflit, l'Europe est en proie aux problèmes des nationalités et des revendications de territoires. Ces difficultés concernent surtout le centre du continent.

Le nationalisme allemand

Citons ces phrases écrites en août 1914 par Mathieu Dreyfus dans l'épilogue de son livre L'affaire telle que je l'ai vécue (Grasset) :

« Les cris de "Deutschland über alles" étaient des cris sincères profonds et convaincus de l'Allemand de toutes les classes; il se croyait d'une race supérieure, race destinée à conduire les autres races, affaiblies par une civilisation veule et raffinée. Le Germain était convaincu de la supériorité de ses méthodes, de son génie. »

Cette problématique liée à la conscience qu'aurait l'Allemagne et de vivre un destin particulier remonte à loin. On peut notamment la dater du vaste mouvement médiéval de colonisation vers l'est (le Drang nach osten) qui va se mêler au cours du XIXe siècle siècle avec la thèse du mythe aryen, entretemps élaborée en France (Augustin Thierry) et en Angleterre (découverte de l'Inde et du sanscrit). L'Allemand devient alors une race ou une nation (au début du XXe siècle siècle, ces mots sont synonymes) particulière, voire supérieure, à laquelle incombe un destin faustien (pour reprendre les terme d'Oswald Spengler) : celui de la défense de l'élément occidental pur contre les invasions asiatiques (Slaves, Juifs, Chinois), et contre les occidentaux dégénérés (Latins)<ref>Otto-Richard Tannenberg, La Grande Allemagne</ref>.

La rivalité franco-allemande

L'Alsace-Lorraine, perdue à la suite de la défaite française de 1871, est intégrée à l'Empire allemand. Les Français souhaitent la reprendre et vivent dans un esprit revanchard et germanophobe. Dans les écoles, on colorie l'Alsace et la Lorraine en noir sur la carte de France : cette génération a été élevée avec le syndrome du membre amputé. En 1914, il n'y a que 1% de déserteurs. Ils étaient 30% en 1871.

Les Balkans

Les pays des Balkans, soustraits de l'Empire ottoman, sont l'objet de rivalités entre les grandes puissances européennes. L'Empire ottoman qui s'émiette peu à peu (guerres balkaniques), ne possède plus en Europe, à la veille de la guerre, qu'Istanbul. Tous les jeunes pays issus de sa décomposition (Grèce, Bulgarie, Roumanie, Serbie, Monténégro, Albanie) s'affrontent. La Serbie veut obtenir un débouché maritime et soutient les revendications des Slaves des Balkans (les Croates et les Slovènes veulent créer un état indépendant de l'Autriche-Hongrie). Elle est alliée à l'empire russe.

De plus, les deux ennemis séculaires de l'Empire ottoman poursuivent leur politique traditionnelle. L'Autriche-Hongrie désire continuer son expansion dans la vallée du Danube, jusqu'à la mer Noire, ou, du moins, maintenir le statu quo hérité du traité de San Stefano. L'Empire russe, lui, est lié historiquement et culturellement aux Slaves des Balkans, notamment aux Serbes orthodoxes, et leur a déjà prêté son appui dans le passé. Il dispose donc d'alliés naturels dans sa politique de conquête d'un accès à une mer chaude (mer Méditerranée). Cette politique passe par le contrôle des Détroits. Évidemment, ces deux politiques opposées, entre une puissance catholique et une puissance orthodoxe ayant toutes deux pour emblème l'aigle bicéphale, provoquent des affrontements.

Les ambitions italiennes

L'Italie, unifiée depuis 1860, a donné à la France, à la suite de la victoire de la France sur l'Autriche, la Savoie et le comté de Nice.

Malgré un fort courant pacifiste, l'Italie veut prendre au voisin autrichien, avec lequel elle a un vieux contentieux, des territoires qu'elle considère comme italiens (Italia irredenta) car majoritairement italophones. Elle désire s'étendre en Dalmatie (où l'on parle majoritairement italien) et contrôler la mer Adriatique, à l'instar de ce que fit la Sérénissime République de Venise, et ce d'autant plus que ses tentatives de conquête d'un empire colonial africain ont sombré après la débâcle d'Adoua, en Abyssinie (1896). Seule une partie du Tigré fut rattachée à l'Érythrée déjà italienne, ainsi que la Somalie. La Libye est devenue colonie italienne en 1911 à la suite de la guerre italo-turque.

Les empires multinationaux

Les empires d'Autriche-Hongrie, de Russie et d'Allemagne regroupent différents peuples qui revendiquent plus d'autonomie ou une reconnaissance politique. Par exemple, les Polonais sont privés d'État souverain et se trouvent partagés entre ces trois empires. Dans l'empire austro-hongrois, pas moins de 40 peuples cohabitent, ce qui va contribuer à son éclatement en 1918. Les aspirations de peuples nées des bouleversements dus à la Révolution française mettent directement en péril la suprématie des Allemands sur les peuples inféodés suite à des siècles d'histoire (Bataille de la Montagne Blanche en 1620, révolution hongroise de 1848 matée par les Autrichiens grâce aux troupes russes, peuple polonais écartelé suite aux partages de leur pays).

Système d'alliances et course aux armements

De vastes systèmes d'alliances se sont créés à la fin du Modèle:S mini- et au début du XXe siècle, et ceci d'une manière assez improbable, par rapport à la situation héritée du premier traité de Versailles de 1871. L'Autriche s'allie en effet avec un État qui co,q ans plus tôt lui faisait la guerre, tandis que le régime le plus démocratique d'Europe (la France) va s'allier avec le plus réactionnaire (Russie).

En 1882, la duplice austro-allemande devient la Triple-Alliance avec l'entrée de l'Italie, refroidie par son échec en Tunisie face à la France. Le traité est sans cesse renouvelé même si l'attitude de l'Italie devient de plus en plus ambiguë, en particulier avec la signature d'un accord secret de neutralité avec la France en 1902. L'attitude du royaume italien évolue en raison de l'animosité de plus en plus grande envers l'Autriche-Hongrie, à cause de la question épineuse des terres irrédentes. La démarche diplomatique française vis-à-vis du royaume transalpin a l'avantage d'éviter à la France de devoir combattre sur deux fronts.

La IIIe République (1870-1940) a œuvré également à sortir la France de son isolement dans lequel Bismarck, pour des raisons de sécurité, l'avait enfermée. Ainsi, en 1892 est signée l'alliance franco-russe : la France bénéficie d'un allié de poids, notamment sur le plan démographique et stratégique, avec la possibilité d'un deuxième front à l'est de l'Allemagne, ou d'un front en Inde en cas de guerre avec l'Angleterre ; tandis que l'empire tsariste peut moderniser l'économie et l'armée du pays grâce aux capitaux français (emprunts russes). Après l'incident de Fachoda en 1898 entre Français et Anglais, qui s'est soldé par une entente (les Français renoncent au Soudan et les Anglais en contre-partie s'engagent à aider la France en cas de conflit), Théophile Delcassé, alors ministre des Affaires étrangères, réussit le rapprochement franco-anglais avec la signature de l'Entente cordiale en 1904. Celle-ci n'est pas un traité d'alliance liant les deux pays mais leur destin est de plus en plus imbriqué. Enfin, en 1907, à l'instigation de la France, le Royaume-Uni et la Russie règlent leurs contentieux en Asie en délimitant leurs zones d'influences respectives en Perse, en Afghanistan et en Chine. Ainsi naît la Triple-Entente.

Dans les deux camps, la course aux armements s'accélère et on assiste à une surenchère dans la préparation de la guerre. Les dépenses consacrées aux armées s'envolent. Ainsi, la France consacre en 1885 867 millions de francs-or à ses armées, alors que les dépenses civiles se montent à 1,239 milliard. Les fortifications frontalières (du moins à la fin du XIXe siècle), l'artillerie (le fameux canon de 75 de l'armée française), les flottes de guerre (le Dreadnought britannique) absorbent une bonne partie des crédits militaires. Le matériel est modernisé et la durée du service militaire allongée dans plusieurs pays : en France, la durée du service militaire passe à 3 ans en 1913 pour pallier (dans une certaine mesure) l'infériorité numérique de la France face à l'Allemagne. En effet, si, en 1870, les deux pays avaient une population quasi-identique, en 1914 l'Allemagne a vu sa population croître de trois quarts pour s'établir à 67 millions en 1914, tandis que la France a à peine comblé la perte de l'Alsace-Lorraine, étant peuplée de 39 millions d'habitants.

La crise moderniste

L'enchaînement des événements qui ont conduit à la Première Guerre mondiale s’explique aussi par les mentalités. Une crise a secoué les milieux catholiques en France dans les années 1890-1900 : la crise moderniste. Elle s'est manifestée par différents épisodes comme l'affaire Dreyfus (1898) ou la séparation de l'Église et de l'État (1905).

L'émergence de mouvements nationalistes tels que l'Action française, n'est probablement pas étrangère, du côté français, au déclenchement du conflit mondial.

De manière globale, les conséquences du retrait de l'Église et de la fin, pour une bonne part des populations européennes, des pratiques traditionnelles, ont, pour nombre d'auteurs (en particulier Hannah Arendt), fourni un terreau fertile sur lequel naîtront les grands mouvements de masses qui préfigurent les totalitarismes de l'entre-deux guerres.

Chronologie du déclenchement

Le détonateur du processus diplomatique aboutissant à la guerre est le double assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, et de son épouse morganatique Sophie Chotek, duchesse de Hohenberg, à Sarajevo le 28 juin 1914 par l'étudiant serbe Gabriel Princip (voir Assassinat de Sarajevo).

Les événements se sont ensuite déroulés très vite. Le 5 juillet, l'Allemagne assure l'Autriche-Hongrie d'un appui conditionnel, si la Russie intervient. Le 23 juillet, l'Autriche-Hongrie adresse un ultimatum à la Serbie dans lequel elle exige que les autorités autrichiennes puissent enquêter en Serbie, ce que la Serbie n'accepte pas. Le lendemain, à l'issue du Conseil des ministres tenu sous la présidence du tsar à Krasnoïe-Sélo, la Russie ordonne la mobilisation générale pour les régions militaires d'Odessa, Kiev, Kazan, Moscou, ainsi que pour les flottes de la Baltique et de la mer Noire. Elle demande en outre aux autres régions de hâter les préparatifs de mobilisation générale<ref>Télégramme n° 196/8, daté du 24 juillet de l'ambassadeur de Serbie à Saint-Pétersbourg, Spalaïkovitch, à la présidence du Conseil de Serbie à Belgrade, à l'attention de Pasic</ref>.

La Serbie décrète la mobilisation générale le 25 et, au soir, déclare accepter tous les termes de l'ultimatum, hormis celui réclamant que des enquêteurs autrichiens se rendent en Serbie. Au même moment, l'Autriche rompt ses relations diplomatiques avec la Serbie et la Russie déclare sa « non-indifférence » dans le conflit. Le lendemain, l'Autriche ordonne une mobilisation partielle (contre la Serbie) pour le 28, jour où elle déclare la guerre à la Serbie.

Le 29 juillet, la Russie déclare unilatéralement (en-dehors de la concertation prévue par les accords militaires franco-russes) la mobilisation partielle contre l'Autriche-Hongrie. Le chancelier Bethmann-Hollweg se laisse alors jusqu'au 31 pour une réponse appropriée. Le 30, la Russie ordonne secrètement la mobilisation générale contre l'Allemagne.

Le lendemain, l'Allemagne proclame « l'état de danger de guerre ». C'est aussi la mobilisation générale en Autriche pour le 4 août. En effet, le Kaiser Guillaume II demande à son cousin le Tsar Nicolas II de suspendre la mobilisation générale russe. Devant son refus, l'Allemagne adresse un ultimatum exigeant l'arrêt de sa mobilisation et l'engagement de ne pas soutenir la Serbie. Un autre est adressé à la France, lui demandant de ne pas soutenir la Russie si cette dernière venait à prendre la défense de la Serbie. En France, Jean Jaurès, à la veille de dénoncer les manœuvres qu'il perçoit comme bellicistes du gouvernement, est assassiné à Paris par Raoul Villain.

Le Modèle:1er août, à la suite de la réponse russe, l'Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie. La France mobilise pour le 2 août. Le lendemain, l'Allemagne envahit le Luxembourg, qui jusque là était neutre et adresse un ultimatum à la Belgique, elle aussi neutre, pour réclamer le libre passage de ses troupes. L'Italie déclare qu'elle restera neutre. Au même moment, l'Allemagne et l'Empire ottoman signent une alliance contre la Russie.

Le 3 août, la Belgique rejette l'ultimatum allemand. L'Allemagne déclare la guerre à la France qui avait répondu que « la France agirait conformément à ses intérêts », puis déclare la guerre à la Belgique. L'Angleterre déclare qu'elle garantit la neutralité de la Belgique. Le lendemain, les armées allemandes pénètrent en Belgique. Le Royaume-Uni adresse un ultimatum à l'Allemagne, lui demandant de retirer ses troupes de Belgique. Le gouvernement de Londres ne reçoit aucune réponse, et déclare donc la guerre à l'Allemagne. Le Canada, l'Australie, l'Inde, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud (pays du Commonwealth) entrent automatiquement en guerre contre l'Allemagne.

Le 6 août, l'Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie et à la Serbie aux côtés de l'Allemagne. Le 11, La France déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie, suivie par l'Angleterre le 13. Enfin, le 23 août, le Japon déclare la guerre à l'Allemagne.

La guerre du droit

Comme les armées commencent à s'affronter, les belligérants se lancent dans une lutte médiatique au moyen de publications sélectivement documentées, exhibant essentiellement des échanges diplomatiques. Le Livre Blanc des Allemands, bouclé en « l'espace d'une nuit », en contient ainsi trente-six. Le Livre Jaune français, achevé après trois mois de travail, en regroupe 164. Ils mesurent l'effort consenti par les gouvernements respectifs pour convaincre les opinions publiques et les peuples du bien-fondé de leurs actions. Ouvrages de propagande, ils présentent tous des « aménagements » qui trahissent les objectifs recherchés. Dans le Livre Blanc, des coupures éliminent ainsi tout ce qui pourrait bénéficier à la position russe. Le Livre Jaune représente une vaste « collection de falsifications » visant à dissimuler l'appui inconditionnel accordé à la Russie, lui garantissant un second front, et à prouver que cette dernière fut contrainte à la mobilisation générale par celle de l'Autriche-Hongrie. Il fournit la base sur laquelle le gouvernement français s'est appuyé pour formuler l'article 231 du traité de Versailles qui affirme l'exclusive responsabilité de l'Allemagne et de ses alliés. Ce « bon droit » posé par les vainqueurs ne fut pas accepté par les Allemands qui protestèrent ainsi : « La question des responsabilités ne saurait être tranchée unilatéralement par une des deux parties en cause, mais uniquement par une commission reconnue comme impartiale des deux côtés ». Il leur fut répondu que le document devait être signé tel quel, sinon les combats seraient repris. Cette clause, pas plus négociable que les autres mais justifiant les subséquentes réparations, fut ressentie comme une profonde humiliation.

Les responsabilités

La chronologie des évènements laisse voir combien la question des responsabilités reste entière. Ces dernières se trouvent de fait dispersées au fil des décisions. Rien dans cette succession n'était inéluctable. Déterminer des responsabilités, c'est nécessairement accorder un poids, une valeur, à chaque épisode, chaque décision :

  • le degré d'implication des services de l'état serbe, probablement à l'insu de ses dirigeants, dans la préparation et la réalisation de l'attentat ;
  • la négligence envers l'avertissement prononcé par l'ambassadeur serbe quant à une menace d'attentat ;
  • l'erreur de jugement du Kaiser lorsqu'il donne son appui conditionnel à l'Autriche-Hongrie, persuadé que la Russie n'interviendra pas ;
  • la dureté voulue de l'ultimatum austro-hongrois ;
  • le degré de pression que l'Allemagne a réellement mis sur l'Autriche-Hongrie pour négocier la condition rejetée par la Serbie sans faire perdre la face aux parties adverses ;
  • le degré de manœuvre, face aux panslaves, du premier ministre serbe, si favorable à une bonne entente avec son voisin ;
  • le fait que le tsar de n'avoir pas pu ou su s'opposer aux bellicistes de son gouvernement, ainsi que d'avoir accepté l'idée d'une mobilisation secrète, qui fut presque aussitôt connue des Allemands ;
  • le soutien inconditionnel accordé discrètement à la Russie par le gouvernement français, qui, ayant déjà refusé de soutenir la Russie lors des précédentes guerres balkaniques, craint que la Triple-Entente ne devienne une alliance creuse ;
  • son acceptation du non-respect du traité militaire qui lie les deux pays.

Ce qui favorise sans doute l'inéluctabilité des évènements est l'atmosphère belliqueuse ouvertement affichée par les opinions publiques. Le nationalisme exacerbé qui règne dans tous les pays européens a ainsi joué un grand rôle. En France, les sentiments revanchards à propos de l'Alsace-Lorraine excitent la haine à l'égard de l'« Allemand » (les dessins de Hansi en sont une illustration). De l'autre côté du Rhin, envisageant devoir se battre sur deux fronts, le plan Schlieffen préconise que l'Allemagne frappe la première, ce qui la contraint à l'extrême vigilance envers la mobilisation des armées.

Ainsi, tous les pays étaient prêts à la guerre. On peut penser qu'une étincelle suffirait à mettre le feu à l'Europe. C'est la thèse que quelques historiens mettent en avant pour expliquer l'acceptation massive par les sociétés européennes du conflit, voire une résolution à combattre. C'est ce que l'on appelle le consentement patriotique.

En Allemagne, le consensus de longue date selon lequel ce pays était exempt de toute responsabilité dans le déclanchement de la guerre a été battu en brèche par les travaux d'un historien, Fritz Fischer, publiés à partie de 1961 dans Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale. Cette thèse iconoclaste, à l'origine d'une vaste polémique outre-Rhin, veut que la visée impériale (l'hégémonie européenne), associée à une stratégie incluant le conflit armé, aurait favorisé la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie à la Serbie, à la satisfaction des élites politiques et militaires, ainsi que des mouvements pangermanistes<ref name="Fischer 1961" />.

Forces en présence

Image:Schieramenti WWI.png
Carte des forces en présence, en noir les Empires centraux (Triplice), en bleu les Alliés (Entente)

Les deux camps étaient équilibrés ; l'Alliance et l'Entente possédaient des effectifs pratiquement identiques. En 1918, la guerre concerne la plupart des pays du monde :

Les Alliés

Les Empires centraux

Les Fronts

Pour la première fois de l'histoire, les pays en guerre vont mobiliser toutes leurs ressources, humaines, économiques, financières, dans la conduite d'un conflit total.

L'organisation en armées, corps d'armée, division, brigade, régiment, bataillon, compagnie, section, escouade dans les deux camps est relativement similaire. La dotation et la répartition en matériel et en armes sont pratiquement identiques. Toutefois, la France a privilégié l'offensive et possède une artillerie plus légère fondée, notamment, sur le canon de 75 Modèle 1897 afin de favoriser les mouvements. L'Allemagne possède une artillerie plus lourde et à plus longue portée, favorisée notamment par ses capacités de production et capable de mener des combats plus défensifs. Ces choix ont une importance non négligeable au début de la Guerre et la différence n'est comblée qu'au début de 1916.

Front occidental

Armée française

La France, malgré une population d'environ 39 millions d'habitants, peut disposer immédiatement de près de 800 000 soldats d'active depuis l'adoption de la loi qui fixe la durée du service militaire à trois ans. La mobilisation, terminée vers le 15 août, complète les effectifs.

Les uniformes portés par les soldats français ressemblent singulièrement à ceux portés lors de la guerre de 1870 avec le fameux pantalon garance (rouge vif). Il était porté pas seulement par tradition, mais pour être vu de loin par l'artillerie, et donc pour éviter les pertes par tirs amis. En effet, la doctrine française de l'offensive s'appuyait sur le canon à tir rapide de 75, devant accompager l'infanterie pour réduire les troupes adverses avant l'assaut.

Armée allemande

L'Allemagne est bien plus peuplée (67 millions d'habitants), mais elle doit réserver une partie de ses forces au front de l'est. La moyenne d'âge des soldats allemands est également inférieure à celle des Français. Au début de la guerre, l'Allemagne, contrairement à la France, n'a pas rappelé les classes d'âge élevées et dispose encore d'importantes réserves humaines.

L'équipement du soldat allemand est généralement meilleur que celui du soldat français. En dehors de certains anachronismes comme le casque à pointe, il tient généralement compte de l'expérience acquise dans les conflits de la fin du XIXe siècle et le début du Modèle:S mini-.

Armée britannique

Au début des hostilités, le Corps expéditionnaire britannique (British Expeditionary Force, BEF) n'est encore qu'en petit nombre (Modèle:Formatnum:70000 hommes) et ne joue qu'un rôle mineur dans le déroulement des opérations en 1914. Il est essentiellement composé de soldats professionnels bien entraînés, bien équipés et expérimentés. L'Angleterre peut également s'appuyer sur les millions de soldats venus de ses colonies (Indes, Kenya, Nigeria, etc.), et surtout des dominions : Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud et Terre-Neuve.

Armée américaine

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Affiche de recrutement pour l'U.S. Army.
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Un soldat américain avec son équipement.

Comme le Royaume-Uni, les États-Unis disposent uniquement d'une armée de métier. Ainsi, lorsque la proposition de guerre du président Wilson devant le Congrès le 2 avril est acceptée, et que les États-Unis entrent en guerre le 6, le président américain doit compter majoritairement sur la base du volontariat pour constituer la force de 1,2 million d'hommes qui n'arrivera en France qu'à partir du mois d'octobre 1917. C'est la fameuse campagne d'affichage ayant pour symbole l'Oncle Sam pointant son index vers le lecteur. Le corps militaire américain, lorsqu'il établit ses premiers campements autour de Nantes et de La Rochelle en octobre 1917, surprend l'opinion française par sa modernité et surtout par son humanité à l'égard des hommes du rang (cas des douches qui contraste fortement avec la situation des poilus et des camps français très sobres et modestes). L'uniforme américain est vert, complété par un casque en forme de cercle tout comme le modèle anglais. C'est enfin une armée valeureuse et très reconnaissante à l'égard des services rendus par la France durant la guerre d'Indépendance. En effet, bon nombre de fantassins s'écriront « La Fayette, nous voilà ! » au moment de traverser le no man's land pour se mettre à l'assaut de la tranchée adverse.[réf. nécessaire] C'est enfin une armée qui contribuera grandement à la victoire sur les Empires centraux, puisque lorsque la contre-attaque générale est lancée par le maréchal Foch en 1918, les GI's ne représentent pas moins de 31% des forces combattantes alliées.

Front oriental

La stratégie allemande de guerre de mouvement, mise en échec en France, fonctionne à merveille contre la Russie. Les armées russes sont énormes, et la France compte beaucoup dessus pour diviser l'armée allemande ; mais ce nombre impressionnant de soldats (8 millions en 1914) masque le fait qu'il ne s'agit le plus souvent que de paysans sans aucune formation militaire, mal armés et mal équipés. Le commandement russe se révèle lui-même médiocre. Les deux armées s'affrontent à Tannenberg, en Prusse orientale, du 26 au 30 août 1914 puis aux lacs de Mazurie du 6 au 15 septembre 1914. Dans les deux cas, les Russes subissent une cinglante défaite et sont obligés de se replier. Paul von Hindenburg, le commandant allemand de cette campagne, est envoyé sur le front ouest pour appliquer les mêmes méthodes. Il échoue car le front est déjà stabilisé et les Français préparés (mines, barbelés, tranchées). Il ne peut empêcher la guerre d'usure.

Les autres fronts

Image:Lancashire Fusiliers boat Gallipoli May 1915.jpg
Troupes britanniques lors du débarquement à Gallipoli

Les deux camps tentent des manœuvres de diversion ou de contournement, mais aucune n'a autant d'importance que les deux fronts principaux :

  • Les Alliés déclenchent la bataille des Dardanelles en 1915. Le contrôle des Détroits permettrait à la France et au Royaume-Uni de ravitailler la Russie et d'encercler les Empires centraux. Cette idée, défendue notamment par le chef de l'Amirauté britannique, Winston Churchill, débouche sur un débarquement à Gallipoli de troupes essentiellement constituées d'Australiens et de Néo-Zélandais. Malgré le courage des soldats de l'ANZAC (Australia and New Zealand Army Corps), les Alliés ne parviennent pas à pénétrer par surprise dans l'Empire ottoman, et échouent dans leurs offensives successives. L'opération est un échec. Le corps expéditionnaire constitue l'armée d'Orient, stationnée ensuite au camp de Salonique suite à l'invasion de la Serbie. Cette armée soutient ensuite les Serbes et participe à l'effondrement de l'empire austro-hongrois en 1918.
  • Le colonel Lawrence, dit Lawrence d'Arabie, fomente pour les Britanniques le soulèvement des tribus arabes pour gêner les Ottomans.
  • Le ministre des affaires étrangères britannique, Lord Arthur Balfour, promet l'établissement d'un État juif en Palestine pour obtenir la méthode de fabrication de l'acétone et motiver les Juifs américains à soutenir l'entrée en guerre des États-Unis. La même année, les Britanniques attaquèrent la Palestine, dont ils gardent le contrôle jusqu'en 1947. De nombreux Juifs s'y installent après les épreuves de la Seconde Guerre mondiale.
  • La première bataille de l'Atlantique est mise en œuvre par les sous-marins allemands, les U-Boots, pour tenter d'imposer un blocus complet au Royaume-Uni et à la France, notamment pour intercepter le soutien de leurs colonies et rompre les routes d'approvisionnement entre l'Amérique (bœuf argentin, matériel américain) et l'Europe. Cette guerre maritime déplaît aux Américains. Le torpillage du Lusitania, avec à son bord cent vingt-trois Américains, provoque une vive émotion aux États-Unis et précipite leur entrée en guerre aux côtés des Alliés.

Chronologie de la Première Guerre mondiale

1914 (guerre de mouvement)

Le Front Ouest et la "Course à la Mer"

Image:Schlieffen Plan.jpg
Plans de batailles des 2 états majors

En 1914, les Européens pensaient que la guerre serait courte. Les médias assuraient, les soldats partant en août, qu'ils seraient revenus pour les vendanges. Ces derniers quittaient les leurs sans enthousiasme et résignés comme l'a montré Jean-Jacques Becker. C'est la résolution patriotique qui domine.

La tactique allemande initiale prévoyait de mener une guerre éclair (Blitz Krieg) sur le front de l’Ouest, en France et en Belgique, alors qu’une petite partie des troupes allemandes et la totalité des troupes austro-hongroise garderaient le front de l’Est, qui n’était pas directement menacé par la Russie due à la lenteur de la mobilisation. La défaite de la France devait être réussie grâce au plan Schlieffen (du nom du chef d’état-major allemand de 1891 à 1907) en six semaines. De puissantes armées devaient pénétrer en Belgique en violant sa neutralité afin de prendre les troupes françaises à revers dans un mouvement rapide, puis faire volte-face pour les encercler et les écraser. Une fois la victoire obtenue, les armées allemandes devaient se grouper sur la Russie et les anéantir. Mis en place en automne 1914 par le chef d’état-major Helmut von Moltke après quelques rectifications, le plan Schlieffen sembla tout d’abord fonctionner comme prévu.

Le 4 aout, l'Allemagne envahit la Belgique et le Luxembourg. L’attaque éclair en Belgique au début du mois d’août ne rencontra guère d’obstacles. Les Allemands pénètrent en Belgique près d’Aix-la-Chapelle.Le roi Albert Ier lance un appel à la France et à la Grande-Bretagne. Le président français Raymond Poincaré appelle à l'Union Sacrée. La Chambre et le Sénat votent les crédits de guerre à l’unanimité. Il en va de même au Reichstag où les députés sociaux-démocrates votent aussi à l’unanimité les crédits de guerre malgré leurs engagements contre la course aux armements. Le 8 aout, les troupes françaises entrent à Mulhouse, qui tombe aux mains des Allemands deux jours plus tard. Au même moment, l'Union Sacrée se forme en Russie : la Douma vote des crédits de guerre. Cependant les socialistes sont divisés entre le ralliement à l’Union Sacrée, l'internationalisme, et le défaitisme.

Le 15 août, l’armée belge laissa les places fortes de Liège et de Namur et fit retraite dans la forteresse d’Anvers ). Deux jours plus tard, les troupes allemandes entrent à Bruxelles. Le plan Schlieffen se déroule selon les prévisions. La route de Paris paraît ouverte. Cependant la percée en Lorraine est un échec pour la France (Bataille de Lorraine du 19-20 août). En outre les IIIe et IVe armées se replient derrière la Meuse. L'offensive prévue par les Français en Lorraine est donc un sérieux échec. De plus, les Allemands écrasent la résistance belge (Liège est prise le 16 août et Charleroi, le 23) et font reculer les forces franco-britanniques rencontrées sur la Sambre. Les armées françaises de l'Est se replient alors à marche forcée vers la Seine.

Les Allemands continuèrent leur avancée et vainquirent les Français lors de la bataille des Ardennes (22 août) et de Charleroi (21-23 août), puis une armée britannique à Mons (23 août). Sur toute la ligne de front belge et luxembourgeoise, les Alliés reculaient. Simultanément, les Allemands regagnèrent la Lorraine envahie par les Français. Au même moment le gouvernement Viviani démissionne et forme un ministère de Défense Nationale. L'Union Sacrée se concrétise en France, les socialistes entrent au gouvernement (Delcassé au Affaires étrangères et Millerand à la Guerre).

Les Britanniques, dirigés par le commandant French, et les Français se replièrent précipitamment, mais en ordre, sur la Marne. Ils furent poursuivis par trois armées allemandes qui parvinrent à franchir la rivière, mais ne purent isoler l’aile gauche franco-britannique. L’attaque de la capitale sembla imminente c'est pourquoi du 29 août-2 septembre, le gouvernement français quitte Paris et s'installe à Bordeaux laissant la capitale sous le gouvernement militaire du général Gallieni.

Mais, Paris n’était pas le but des Allemands, aussi pivotèrent-ils, toujours conformément au plan Schlieffen, en direction du Sud-Est pour encercler les armées françaises. Le 4 aout, l'armée allemande occupe Reims, mais évite Paris en se dirigeant vers l'est. C'est pourquoi, Gallieni réquisitionne les taxis parisiens pour le transport des troupes. Le 5, les troupes allemandes arrivent à la hauteur de Meaux et le 6,Première bataille de la Marne où les Français (Joffre) contiennent l'avancée allemande (6-9 septembre).

Durant cette bataille, Joffre, aidé de Gallieni, stoppa la progression de l’armée de von Kluck, qui avait distancé les deux autres armées allemandes et ne pouvait espérer leur soutien. En outre, le haut commandement allemand était affaibli par des divisions et les erreurs de Helmuth von Moltke. Croyant la victoire acquise à l’ouest, il avait prélevé six corps d’armées le 25 août pour parer à une attaque russe sur le front oriental. Soutenus sur leur gauche par les Britanniques, les Français attaquèrent le flanc droit des Allemands et obligèrent l’armée de von Kluck à battre en retraite. L’ensemble des forces allemandes se replia sur l’Aisne puis se fixa le long des Ardennes et de l’Argonne. En raison de l’échec du plan allemand et de la victoire française, Erich von Falkenhayn prit la tête de l’état-major allemand, le 14 septembre, en remplacement de von Moltke.

Les Français, fatigués, engagèrent une série de batailles dans l’Aisne, la Somme et en Artois, sans arriver à chasser les Allemands. Ceux-ci réussirent à étendre leurs lignes vers l’est jusqu’à la Meuse, au nord de Verdun. Le 5 octobre, le conflit connaît ses premiers duels aérien près de Reims. En effet, un biplace Aviatik allemand est abattu à la carabine par les aviateurs français Frantz et Quénault.

Au nord-ouest du front, le 19 octobre, la « Course à la mer » débute entre les armées allemande, française et britannique et qui se prolongera jusqu'en novembre 1914. Chaque camp cherche à déborder l'autre par le nord et les Allemands aimeraient atteindre les ports de Dunkerque, de Boulogne et de Calais pour couper les Anglais de leurs bases d'approvisionnement. Les Allemands ne purent s’emparer des ports français de la Manche, grâce aux inondations provoquées par les Belges dans la région de l’Yser. Les Britanniques avancèrent jusqu’à Ypres, à l’extrémité sud-ouest de la Belgique. Après avoir pris Anvers le 10 octobre, les Allemands tentèrent une percée lors de la sanglante bataille des Flandres, en novembre, mais ils se heurtèrent à la résistance des troupes alliées commandées par Joffre. Le 27 octobre, les Allemands lancent une vaste offensive en Belgique déclenchée au nord, à l’est et au sud d’Ypres.

Le 3 novembre, l’Amirauté fait miner la mer du Nord déclarée « zone de guerre ». Le Royaume-Uni fait confiance en sa marine pour protéger le pays et établir un blocus économique. Il ne possède en effet qu’une armée de métier de 250 000 hommes dispersés à travers le monde dont 60 000 seulement sont prêt à partir pour la France.

Le 3 octobre, un premier bataillon canadien composé de 32 000 hommes prend la mer pour aller se battre en Europe. Le lendemain, le Manifeste des 93 est publié en Allemagne ce qui montre le soutien univoque des intellectuels germaniques au Kaiser.

En décembre, les armées alliées contre-attaquèrent sur toute la longueur du front allant de Nieuport, à l’ouest jusqu’à Verdun à l’est, mais ne gagnèrent aucune victoire décisive. La « mêlée des Flandres » marqua la fin de la guerre de mouvement et des combats à découvert sur le front occidental, qui se stabilisa sur près de 800 km, de la Suisse à la mer du Nord. À la fin de 1914, les deux camps creusèrent des tranchées, faute de vainqueur : la guerre qui devait être courte menaçait d’être longue. Le front, en effet, ne devait pratiquement pas bouger pendant les trois années suivantes, chaque camp assiégeant et pilonnant les tranchées adverses et tentant par des offensives de les investir et de les franchir.

Le Front Est

Sur le front oriental, suivant les plans des Alliés, le tsar lança l’offensive en Prusse orientale le 17 août, plus tôt que prévu par les Allemands. En août, deux armées russes pénétrèrent en Prusse-Orientale et quatre autres envahirent la province autrichienne de Galicie. Ils remportèrent une victoire à Gumbinnen (19-20 août) sur des forces de la huitième armée allemande inférieures en nombre, qui étaient sur le point d’évacuer la région lorsque des renforts commandés par le général Paul von Hindenburg remportèrent sur les Russes une victoire décisive à la bataille de Tannenberg (27-30 août 1914), confirmée lors de la bataille des lacs Mazures (Prusse-Orientale), le 15 septembre, ce qui obligea les Russes à battre en retraite vers leur frontière. Les Allemands stoppent définitivement les offensives russes en Prusse (fin le 31 août). C'est pourquoi, les Russes se replièrent vers leur frontière. Le même jour, les Russes écrasent les Autrichiens lors de la bataille de Lemberg qui s'achèvera le 11 septembre.

Face aux armées autrichiennes mal équipées, les quatre armées russes avancèrent régulièrement et envahirent la Galicie après les victoires de Lemberg, en août et septembre. Elles s’emparèrent de Lvov (3 septembre) et de la Bucovine et chassèrent l’ennemi dans les Carpates, où le front se stabilisa en novembre.

Les Autrichiens entreprirent à trois reprises d’envahir la Serbie, mais ils furent repoussés et subirent une défaite à Cer, le 24 août. Les Serbes, qui avaient repris le 13 décembre Belgrade, occupée depuis le 6 novembre, après la bataille de Rudnik, ne tentèrent aucune invasion en Autriche-Hongrie.

Le 20 octobre, au cours de la Bataille de la Vistule, les Allemands battent en retraite devant les Russes dans la boucle de la Vistule. Au début du mois de novembre, Von Hindenburg devient commandant en chef des armées allemandes sur le front Est et la Serbie déclare la guerre

Et enfin, entre le 29 octobre-20 novembre, les Turcs bombardent les côtes russes de la mer Noire. à l'Empire ottoman qui rejoint les Allemands et les Autrichiens.

    • 7 décembre : Victoire serbe des monts Putnik, les Austro-Hongrois doivent se replier vers Belgrade.
      • Le roi Pierre Ier de Serbie entre à Belgrade.
      • Après s’être opposés à la guerre (István Tisza), les chefs politiques hongrois soutiennent l’effort de guerre autrichien principalement parce qu’ils craignent qu’une victoire russe n’entraîne la sécession des minorités slaves de Hongrie, puis le démantèlement du pays. 3 800 000 soldats seront mobilisés en Hongrie ; 661 000 seront tués, plus de 700 000 blessés et autant fait prisonniers.

1915 (guerre de position et guerre d'usure)

Le 19 janvier 1915, un Zeppelin effectue le premier bombardement aérien de civils au Royaume-Uni ainsi que le 21 mars où ce même dirigeable bombarde Paris. Le 21 janvier, les Russes réalisent une offensive dans les Carpathes et 3 jours plus tard, la flotte britannique ressort victorieuse près du Dogger Bank sur l’escadre allemande.

En février, les premiers avions armés d’une mitrailleuse, les Vickers FB équipent une escadrille de chasse britannique du Royal Flying Corp. Le gouvernement allemand proclame «zone de guerre», les eaux territoriales britanniques et c'est début de la guerre sous-marine. Le 7 février, les Allemands lancent une offensive au sud-est des lacs de Mazurie, dirigée par Hindenburg. Les Russes sont encerclés et se replient sur le Niémen. Le 26 février, l’offensive allemande sur les lacs de Mazurie se transforme en échec et les Russes font 10 000 prisonniers au nord de Varsovie. En Champagne, le 16 février, les Alliés effectuent une seconde offensive dans le but d'empêcher tout transfert de troupes allemandes en Russie. Quatre jours plus tard, Reims est bombardée par les Allemands. Enfin, le 16 mars, la bataille de Champagne est terminée et, au final, la tentative de percée française est un échec.

Le 1er mars, les Alliés étendent le blocus à la totalité des marchandises allemandes. Le 9 mars, le gouvernement italien présente aux gouvernements de l’Entente un mémorandum contenant les prétentions de l’Italie en échange de son intervention dans le conflit (Trentin, Tyrol du Sud, Trieste, l’Istrie et une partie de la Dalmatie). Les 11 mars et 10 avril, les gouvernements britanniques et français donnent leur accord sur le principe d’une annexion de Constantinople par la Russie.

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Un blessé à l'ypérite

Le 22 avril, une nouvelle arme apparait: les gaz asphyxiants (ypérite)qui sont utilisés à Strenstraate et à Ypres par les Allemands. Deux jours plus tard, plus de 600 intellectuels arméniens de Constantinople sont arrêtés et déportés par les Jeunes-Turcs (date considérée symboliquement comme marquant le début du génocide arménien)

Au même moment, l’expédition de Gallipoli est un échec qui coûte la vie à plus 200 000 soldats britanniques sur 400 000 engagés, provenant pour la plupart du Commonwealth (fin en juillet) et le 26, le Traité secret de Londres entre l’Entente est signé et l’Italie s’engage à entrer en guerre contre les Empires centraux dans un délai d’un mois. Les Alliés acceptent les revendications du 9 mars.

  • Juillet :
    • 7 juillet : Première conférence interalliée à Chantilly où sont examinées les offensives sur le front de l’Ouest, le front italien et en Serbie.
    • 13 juillet : Offensive allemande sur le Niémen et la Narew dans le but d’encercler les Russes stationnés dans la boucle de la Vistule.
    • 18 juillet : Premières permissions de six jours accordée par roulement à tous les combattants français. Échec italien de la deuxième offensive sur l’Isonzo.

Après la perte de Wilno en septembre par les Russes, le front Est se stabilise sur une ligne Rīga-Pinsk-Tarnopol.

Novembre : Offensive autrichienne en Bucovine. Occupation de la Serbie et du Monténégro. Offensive austro-allemande de Görlitz-Tarnov sur le front Est.

Apparition des tanks à chenilles sur les champs de bataille.

1916 (guerre de position et guerre d'usure)

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L'équipement des soldats français

Le Royaume-Uni demande au Portugal d’arraisonner et de réquisitionner les navires de commerce allemands présents dans ses ports.

  • Octobre :
    • 3 octobre : Les troupes serbes lancent une offensive sur Monastir, en Macédoine.
    • 7 octobre : Les Allemands forcent les Roumains à évacuer la Transylvanie.
    • 9 octobre : Eleftherios Venizelos constitue à Salonique un gouvernement provisoire favorable aux Alliés.
    • 23 octobre : Le roi Constantin Ier de Grèce propose un désarmement complet des forces grecques, à condition que l’armée de Eleftherios Venizelos ne sont utilisée que contre les Bulgares.
    • 24 octobre : À Verdun, les troupes françaises du groupement Mangin reprennent, en quatre heures, le fort de Douaumont et réoccupent jusqu’à Vaux tout le territoire conquis depuis huit mois par les Allemands.

1917 (guerre contestée et continuée)

Conférence austro-allemande de Kreuznach. Charles Ier, pour débloquer la situation, propose de céder la Galicie à la Pologne à condition que l’Allemagne cède l’Alsace-Lorraine à la France. Le chancelier allemand Michaelis refuse. Charles Ier confie alors une mission secrète au prince Sixte Ier de Bourbon-Parme pour obtenir une paix de compromis avec la France. Cette mission échouera.

Négociation Armand-Revertera, sur l’initiative de la France, en Suisse, avec l’Autriche (fin en février 191Image:Cool.gif

    • Modèle:1er août : Appel du pape Benoît XV à une « paix blanche ».
    • 16 août : Succès de l’offensive franco-britannique dans les Flandres au nord d’Ypres.
    • 19 août : Succès de l’offensive italienne des troupes du général Capello et du duc d’Aoste sur le plateau de Bainsizza. Les combats font 200 000 morts en deux mois durant l’été. Les mutineries et les désertions se multiplient tandis que l’arrière pays se révolte.

1918 (reprise de la guerre de mouvement)

  • Janvier :
    • 8 janvier : Le président Wilson annonce son programme de paix en « Quatorze points » : souveraineté de la Russie, libération de la France, développement autonome des peuples de l’Autriche-Hongrie, création d’une Société des Nations. Il vise à transposer la démocratie libérale à l’échelle internationale et à asseoir l’expansion commerciale sur un ordre international mutuellement consenti. Redressement de l’armée italienne au début de l’année.

Échec de la négociation Armand-Revertera.

    • 9 février : Paix séparée entre l’Allemagne et le gouvernement ukrainien à Kiev.

Mars-juillet : Grande bataille de France.

  • Juillet :
    • 15 juillet : Offensive allemande en Champagne.
    • 18 juillet : Seconde bataille de la Marne. Début de la grande contre-offensive alliée. Les Alliés (Français et Américains) obligent les Allemands à se replier au Nord de la Marne. Les Allemands doivent renoncer à l’offensive prévue dans les Flandres.

Les forces de Franchet d’Espérey marchent vers la Hongrie.

Occupation de Fiume par les troupes italiennes et un contingent français.Retraite allemande sous la pression des troupes françaises, britanniques et américaines. Vient ensuite le long temps de la reconstruction et du traitement des séquelles de guerre. Après une brève période à dominante pacifiste, une Seconde Guerre mondiale se prépare déjà.

1919

La vie au front

Les tranchées

Image:Aerial view Loos-Hulluch trench system July 1917.jpg
Vue aérienne du système de tranchée entre Loos-en-Gohelle et Hulluch en Artois (France) en juillet 1917.

Le premier conflit mondial est caractérisé par une ligne de front continue, fortifiée, qui ne sera jamais rompue par aucune des armées en présence avant 1918. Le front est constitué de plusieurs lignes de défenses creusées dans la terre, les tranchées, reliées entre elles par des boyaux d'accès. Les soldats vivent et meurent là, dans la boue, le corps envahi de vermine, en compagnie des rats et de l'odeur pestilentielle des cadavres en décomposition. Un no man's land rendu infranchissable par des réseaux denses de barbelés, battu par le feu des mitrailleuses sépare les deux premières lignes. Le danger est permanent, même en période de calme quand l'activité du front est faible, la mort survient n'importe quand au cours d'une patrouille, d'une corvée, d'une relève, ou d'un bombardement d'artillerie qui s'abat sur la position sans raison particulière. L'observation aérienne par les avions et les ballons permet aux armées de connaître avec précision la configuration du terrain ennemi, si bien que les tirs d'artillerie ne tombent jamais au hasard, les obus pleuvent toujours, de jour comme de nuit, en faisant le maximum de dégâts. </br> Les soldats ne se trouvent en sécurité qu'à une dizaine de kilomètres derrière les lignes quand ils sont hors de portée de l'artillerie lourde.

On a souvent reproché aux chefs militaires du premier conflit mondial d'avoir conduit leurs troupes dans cette guerre de tranchée de façon aussi coûteuse en vies humaines qu'inutile. Pourtant, cette guerre de position n'est pas un choix stratégique, elle est due au fait que, en ce début de l'ère industrielle, alors que les nations occidentales sont déjà capables de produire des armements en masse, les « progrès » techniques qui ne cesseront de se succéder durant 4 ans ont surtout concerné le matériel et la puissance de destruction plutôt que les moyens de s'en protéger.</br> Les avancées techniques qui permettent à un blindé de déborder le front, à un avion d'emporter une charge de bombes suffisante pour influer sur le cours de la bataille ne sont pas encore réalisées, si bien qu'à la puissance de destruction considérable que représentent ces armes modernes, on ne peut opposer que des fantassins vulnérables et faiblement armés.

Les offensives

Les offensives lancées en 1915 en Champagne et en Artois, puis en 1916 à Verdun et sur la Somme, enfin en 1917 au Chemin des Dames se heurtent à des défenses infranchissables et les pertes sont toujours hors de proportion avec les gains de terrain réalisés. La bataille de Verdun est une vraie boucherie : elle fait 300 000 morts, environ 143 000 du côté allemand et 163 000 du côté français, et encore plus de blessés, souvent invalides. Quant à l'offensive Nivelle, elle a engendré une grande déception au sein de l'armée française : toute l'armée est mobilisée pour une offensive qui doit apporter dans les jours suivants la victoire. Quelques mètres de terrain sont gagnés et les pertes sont lourdes. C'est une des plus importantes défaites de l'armée française .

Les réactions des États

Pour vaincre l'adversaire, chaque camp cherche de nouveaux alliés : l'Italie qui appartient officiellement à l'Alliance entre en guerre en 1915 au côté de l'Entente. En octobre 1914, l'Empire ottoman se rallie aux empires centraux. La guerre devient progressivement mondiale.

Face à la durée de la guerre, les États en guerre doivent mobiliser leurs économies vers la production de biens militaires ou à destination des armées. La main d'œuvre féminine est mobilisée pour pallier l'absence des hommes partis au front.</br> Les pays de l'Entente font aussi appel aux ressources humaines et matérielles de leurs empires coloniaux.</br> Les enfants, les vieillards et les étrangers sont aussi embauchés et contribuent à l'effort de guerre.</br> La vie des civils devient de plus en plus difficile à cause des pénuries, de l'inflation et des réquisitions dans les zones occupées.</br> Pour galvaniser les populations restées à l'arrière, les États utilisent la propagande et la censure de la presse et du courrier des soldats.</br> Le bourrage de crâne touche aussi l'enseignement.</br> Les rumeurs xénophobes circulent rapidement : en France, on raconte que les Allemands coupent les mains des enfants. Inversement, on raconte en Allemagne que les civils belges s'amusent à crever les yeux des Allemands blessés.</br> Les gouvernements doivent financer les dépenses d'armement en ayant recours à l'émission de monnaie papier mais aussi à l'emprunt. Les impôts augmentent et on s'oriente vers le dirigisme économique. Devant les commandes d'État, certains industriels s'enrichissent tels Walther Rathenau ou Louis Renault.</br>

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Femmes fabriquant des obus, France, 1917

Lassitude

Sur tous les fronts, les soldats sont épuisés par les attaques inutiles et les conditions de vie difficiles. Dans les rangs français, allemands et italiens, des mutineries éclatent au printemps 1917. À l'arrière, les pénuries et les cadences de travail provoquent des troubles et des grèves. Les socialistes français quittent le gouvernement et rompent l'Union sacrée. Dans le Reich allemand, pour faire face à la crise politique et sociale, l'état-major prend le pouvoir.

Stratégie allemande

Pour répondre au blocus naval britannique, les sous-marins allemands détruisent tout navire transitant dans un port ennemi. Cette guerre navale frappe les navires de commerce américains. En mars 1917, l’état major impérial allemand prit la décision stratégique de reculer le front plus au nord, sur la ligne dite « Hindenburg », et fit évacuer toutes ses armées des positions occupées depuis 1914 dans le secteur de l’Aisne. Ils dynamitèrent systématiquement les édifices emblématiques des villes et villages auparavant occupés. Ainsi disparurent notamment les forteresses de Ham (Somme), située non loin de là, et de Coucy (27 mars 1917). Ce recul permet de raccourcir le front et d’économiser les forces nécessaires à sa défense. Les seules offensives alliées victorieuses de 1917 ont lieu autour d'Arras et d'Ypres en avril et juin 1917, lorsque les troupes britanniques et du Commonwealth prennent quelques villages aux Allemands. La prise de Vimy par les Canadiens le 9 avril 1917 est devenu un symbole de la force du Canada et de la capacité des Canadiens de gagner un objectif sans l'aide des Britanniques. Le 7 juin 1917, les Britanniques lancent une attaque sur Messines, un village près d’Ypres, en Belgique. L'attaque a lieu après un intense bombardement d'artillerie qui a duré 17 jours. Les soldats canadiens avaient installé un grand réseau de sape.

Entrée en guerre des États-Unis

Les États-Unis étaient restés neutres jusque là, mais apportaient un soutien matériel et financier aux pays de l'Entente dès 1914.

Le ministre des affaires étrangères français René Viviani envoie une délégation aux États-Unis pour demander l'aide américaine. Joffre est choisi le Modèle:1er avril pour conduire cette délégation. Henri Bergson, philosophe et diplomate, a probablement joué un rôle important, mais ceci n'est pas relaté par les historiens.

Image:Carte des conséquences du Traité de Brest-Litovsk.svg
Territoire occupé par les puissances centrales après le traité de Brest-Litovsk

En avril 1917, face à la guerre sous-marine à outrance et à la révélation du télégramme Zimmermann, le congrès américain décide l'entrée en guerre contre les empires centraux. Cette décision compense la défection russe. Le torpillage du paquebot britannique Lusitania le 7 mai 1915, a tué 128 ressortissants américains, ce qui émeut l'opinion américaine et la fait basculer en faveur de la guerre. Le président Woodrow Wilson fixe dès janvier 1918 ses objectifs de paix. Plusieurs pays d'Amérique latine s'engagent aussi dans le conflit aux côtés de l'Entente.

C'est un soutien financier, militaire mais surtout moral que les États-Unis vont apporter.

Ce qui deviendra le complexe militaro-industriel des États-Unis d'Amérique se met en économie de guerre.

L'US Navy se joint à la bataille de l'Atlantique tandis que l'US Army envoie des forces en Europe. Au total 2 millions de militaires américains seront sur le vieux continent au moment de l'armistice.

Coopération navale japonaise

Dès 1917, la Grande-Bretagne, ne parvenant plus à protéger ses convois de marine marchande et ses transports de troupes qui étaient impitoyablement torpillés par les U-boats, demande l'aide du Japon. Le croiseur Akashi et huit destroyers sont envoyés à Malte, chiffre qui fut porté par la suite à 17 navires, sans compter les navires à commandement mixte. Cette flotte d’escorte et de soutien protège les convois alliés en Méditerranée et permet aux troupes alliées d'être acheminées d'Égypte vers Salonique et Marseille, pour prendre part à la grande offensive de 1918. Le destroyer Matsu a sauvé plus de trois mille soldats et membres d’équipage du navire de transport Transylvania, torpillé au large des côtes françaises. En tout, le Japon a escorté 788 bateaux en Méditerranée, dont 700 000 hommes de troupes du Commonwealth britannique.

Retrait russe

Les deux révolutions russes de mars et d'octobre 1917 permirent aux Allemands des avancées considérables en Russie. Les Bolcheviks signèrent un armistice avec les empires centraux dès le mois de décembre, puis la paix avec le Traité de Brest-Litovsk (négociée par Léon Trotsky) en mars 1918. Pour obtenir cette paix séparée, ils consentirent à d'énormes sacrifices, dont un train d'or (le contenu de celui-ci fut confisqué à l'Allemagne par le traité de Versailles). L'Allemagne occupa de plus la Pologne, l'Ukraine, la Finlande, les Pays baltes et une partie de la Biélorussie. Les Allemands profitèrent aussi de cette défection pour envoyer d'importants renforts sur le front ouest et tenter d'obtenir une victoire rapide avant l'arrivée effective des Américains. C'est le retour de la guerre de mouvement.

1918, la fin de la guerre

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Le traité de Versailles de 1919 : Lloyd George, Signor Orlando, M. Clemenceau, Président Woodrow Wilson

En janvier 1918, alors que la Première Guerre mondiale n'est pas terminée, le président américain Woodrow Wilson adresse un message au congrès américain, qui doit garantir la paix. Ce discours des 14 points (« The world must be made safe for democracy ») réclame notamment la création d'une « Société des Nations » (SdN). Les autres points servent de base au traité de Versailles de 1919. Wilson demande :

  • la fin de la diplomatie secrète ;
  • la liberté de navigation et de commerce ;
  • la réduction des armements ;
  • le règlement des rivalités coloniales ;
  • l'évacuation de la Russie ;
  • l'évacuation de la Belgique ;
  • l'évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro ;
  • la restitution de l'Alsace-Lorraine à la France ;
  • la rectification des frontières italiennes ;
  • l'autonomie des peuples d'Autriche-Hongrie ;
  • l'autonomie des peuples non turcs de l'empire ottoman ;
  • la refondation d'une Pologne indépendante.

Les principes wilsoniens peuvent être résumés en trois termes : autodétermination des peuples, liberté et paix.

Renforcés par les troupes venant du front est, et souhaitant forcer la décision avant l'arrivée des troupes américaines, les Allemands mettent toutes leurs forces dans d'ultimes offensives à l'ouest, à partir de mars 1918, sur la Somme, en Flandre, au Chemin des Dames et en Champagne (l'Offensive Michael).

Le Haut commandement allemand (Maréchal Hindenburg et Quartier maître général Erich Ludendorff) sait qu'il dispose d'un délai de quelques mois — jusqu'à juin-juillet 1918 — pour remporter une victoire décisive sur les troupes alliées.

Les offensives allemandes se succèdent (21 mars, 27 avril et 9 mai 191Image:Cool.gif apportant des gains territoriaux très significatifs et mettant à nouveau Paris à la portée des canons prussiens à longue portée. Pourtant la rupture décisive du front allié n'étant pas atteinte, le haut commandement allemand envisage alors un ultime effort et souhaite le diriger à l'encontre des troupes britanniques, réputées plus affaiblies afin de les rejeter à la mer en les coupant de l'armée française. Cette offensive doit être précédée par une offensive contre l'armée française afin d'immobiliser les réserves de celle-ci pour l'empêcher de secourir ensuite l'armée britannique.

Lancée le 15 juillet 1918 par les troupes allemandes en Champagne, cette offensive préliminaire de « diversion » permet de mettre en œuvre pour la toute première fois à cette échelle, la tactique de la zone défensive (formalisée par le général Pétain depuis près d'une année) qui va permettre de faire échec aux visées allemandes.

Les troupes allemandes pénètrent en effet les premières lignes françaises, dont les forces organisées en profondeur, avec des môles de résistance, opposent un feu meurtrier. La progression des troupes allemandes est importante, et elles franchissent la Marne (seconde bataille de la Marne après celle de septembre 1914).

Aventurées très au Sud et disposées en pointe sans se prémunir contre des attaques sur ses flancs, les troupes allemandes sont bousculées par la contre-attaque française dans la région de Villers-Cotterêts, entamée le 18 juillet 1918. Les résultats de cette contre-attaque sont dévastateurs pour ces troupes allemandes qui doivent refluer vers le Nord en évitant de justesse l'encerclement.

À compter de cette date, l'armée allemande ne sera plus jamais en mesure d'engager une action offensive, l'initiative étant désormais dans le seul camp des Alliés qui vont engager dans les mois suivants, tout d'abord des contre-attaques permettant de regagner le terrain perdu au cours du printemps 1918, puis des contre-offensives majeures. La grande offensive victorieuse a lieu le 8 aout 1918. Les soldats canadiens, soutenus par les Australiens, les Français et les Britanniques, lancent une attaque en Picardie et défoncent les lignes allemandes. Plus au sud, les soldats américains et français se lancent aussi dans de grandes attaques victorieuses.

Mal nourries, mal relevées, épuisées et victimes de la grippe espagnole (quoique plus tardivement que les soldats alliés), les troupes allemandes ne peuvent résister aux armées alliées maintenant coordonnées par le général Foch. Ces dernières sont renforcées chaque jour davantage par le matériel et les soldats américains, les premiers chars (Char Renault FT-17) et par une supériorité sous-marine et aérienne. Après une révolution ouvrière à Berlin, le gouvernement de la nouvelle République allemande signe l'armistice de Rethondes le 11 novembre 1918 dans le wagon de l'armistice alors que les troupes canadiennes lançaient la dernière offensive de la guerre en attaquant Mons, en Belgique.

Pendant toute la guerre, à partir d'août 1914 jusqu'à novembre 1918, les forces maritimes des Alliés, surtout celles de la marine britannique, avaient imposé le blocus sur les Puissances centrales. C'est le blocus, hors de prix, qui avait affamé la population, militaire et civile des Puissances centrales et qui, en combinaison avec la résistance des forces terrestres, avait usé les réserves de forces et de matériels de leurs adhérents. C'est en Allemagne en 1918 que la faim a poussé la population à se révolter, les stocks de nourriture ayant été dirigés vers l'armée, et le gouvernement à demander l'armistice. Plus tard, les propagandistes nazis ont ainsi pu déclarer que l'armée ne s'était pas rendue et que la défaite incombait aux civils.

Image:Map Europe 1923-fr.svg
Carte de l'Europe en 1923

Le front intérieur

Les femmes

Dans tous les pays, les femmes deviennent un indispensable soutien à l'effort de guerre. En France, le 7 août 1914, elles sont appelées à travailler par le chef du gouvernement Viviani<ref>L'appel aux Françaises de Viviani</ref>. Dans les villes, celles qui fabriquent des armes dans les usines (comme les usines Schneider au Creusot) sont surnommées les "munitionnettes". Les femmes auront fabriquées en quatre ans 300 millions d'obus et plus de six milliards de cartouches. Désormais, les femmes distribuent aussi le courrier, s'occupent de tâches administratives, conduisent les transports ...

Dans les campagnes, elles retroussent leurs manches pour s'atteler aux travaux agricoles. Beaucoup de jeunes femmes s'engagent comme infirmières dans les hôpitaux qui accueillent chaque jour des milliers de blessés. Elles assistent les médecins qui opèrent sur le champ de bataille. Certaines sont marraines de guerre: elles écrivent des lettres d'encouragement, envoient des colis aux soldats, qu'elles rencontrent parfois lors de leurs permissions. Avec la Première Guerre mondiale, les femmes ont fait les premiers pas sur le chemin de l'émancipation. Mais pour beaucoup, l'après-guerre a constitué un retour à la normale et aux valeurs traditionnelles. En 1921, les femmes au travail en France n'étaient pas plus nombreuses qu'avant 1914. Certaines ont toutefois atteint un niveau de responsabilité inédit. Environ 700 000 veuves de guerre deviennent d'ailleurs des chefs de famille. Dans certains pays, comme l'Allemagne et les États-Unis, le droit de vote est accordé aux femmes dés 1919. La France, elle, en 1945 pour permettre aux femmes de devenir enfin des citoyennes.

Les emprunts de guerre en France, des campagnes de collecte d'or sont menées auprès des civils, pour financer la guerre. Mais la principale source de financement est située aux États-Unis, soit en numéraire, soit par l'achat à crédit de matériel.

Les colonies

Les colonies ont joué un rôle primordial pendant la Première Guerre mondiale, fournissant aux Alliés de la matière première et de la main d'œuvre. Des centaines de milliers de "tirailleurs sénégalais" (un corps de militaire constitué en 1857 par Napoléon III) sont mobilisés en renfort des troupes françaises, souvent en première ligne. En octobre 1915, un décret ordonne la mobilisation des africains de plus de 18 ans. Un député sénégalais, Blaise Diagne, pense tenir là une opportunité pour les Africains de s'émanciper. Ces hommes viennent d'Afrique noire (Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Mali, Niger), d'Afrique du Nord (Algérie, Tunisie, Maroc, Mauritanie) et de Madagascar, de Chine, d'Indochine, des Antilles et de Guyane.

Ils sont entre 300 000 et 500 000 à combattre. Des dizaines de milliers y laisseront la vie. Même si l'image de l'"indigène" laisse place à celle du soldat, globalement les préjugés demeurent. Par la suite, avant et après la décolonisation, la dette de sang contractée par la France au cours des deux guerres mondiales pèsera lourd dans les reproches d'ingratitude formulés à son égard.

Le Khédive d'Égypte Abbas II Hilmi appelle les Egyptiens à lutter contre la Grande-Bretagne, qui décide de placer l'Egypte sous son protectorat et remplaça Abbas par son oncle Hussein Kamal.

L'industrie

La Grande Guerre se distingue des conflits précédents en ce qu'elle est aussi la première "guerre industrielle". Entre 1915 et 1917, tous les pays impliqués dans le conflit sont contraints de restructurer leur industrie : il apparaît immédiatement que les stocks sont tout à fait insuffisants pour soutenir l'effort de guerre. Si elle n'avait pas veillé à augmenter sa production, la France, par exemple, se serait retrouvée à court de munitions pour l'artillerie lourde, deux mois à peine après l'ouverture des hostilités. En Italie, où Marinetti et les autres futuristes se font les chantres enthousiastes de l'ère de la machine, la production de mitrailleuses passe, entre 1915 et 1918, de 613 à 19 904 unités; les automobiles, de 9200 à 20 000 unités. De 10 400, la fabrication de munitions passe à 88 400 unités par jour. Les dépenses de guerre pèsent fortement sur le budget des États qui tentent de faire face à leur lourd déficit en appliquant diverses méthodes: l'emprunt public (en Allemagne), l'augmentation des impôts directs (Grande-Bretagne), l'émission d'emprunts publics et l'augmentation de la circulation monétaire (Italie et France). La main d’œuvre employée dans les secteurs de l'industrie liés à l'effort de guerre augmente elle aussi. Il faut pourvoir les postes laissés vacants par les hommes appelés au front. Pour cela, on fait appel aux femmes et à la main d'ouvre coloniale ou étrangère : en France, à la fin de la guerre, sur 1 700 000 personnes affectées à l'industrie de guerre, on compte 497 000 militaires, 430 000 femmes, 425 000 civiles, 133 000 jeunes, 61 000 coloniaux et 40 000 prisonniers.

Séquelles de guerre

Les séquelles de guerre sont importantes : la reconstruction doit se faire sur des dizaines de milliers d'hectares physiquement dévastés où les villes, les villages, les usines et les puits de mines et les champs sont parfois littéralement effacés du paysage, sur des sols pollués par des milliers de cadavres humains et animaux, rendus dangereux par les sapes, les tranchées et les milliards d'obus et autres munitions non explosées ou non tirées (perdues ou dangereusement stockées). Des dizaines de milliers d'hectares sont gravement contaminés par les métaux lourds et parfois par les armes chimiques que l'on démantèle ou que l'on fait pétarder sans précautions suffisantes.</br>

Image:1917 - Execution à Verdun lors des mutineries.jpg
Les jugements expéditifs et rapides des tribunaux militaires ont laissé de graves séquelles psychiques chez les individus comme dans les familles

À ceci s’ajoutent de graves séquelles psychiques et sanitaires ; gueules cassées, trauma psychologiques, choc et contre-choc de la grippe espagnole qui a fait plus de morts (40 à 100 millions selon les estimations) que 4 ans de guerre, non-dits notamment quant aux répressions des mutineries de 1917 chez les Français, les Allemands et les Anglais (ex : mutinerie d'Étaples). En quatre ans, 2 400 "poilus" auront été condamnés à mort et 600 exécutés, les autres voyant leur peine commuée en travaux forcés<ref>Les fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999), Nicolas Offenstadt, Odile Jacob, 1999, p. 21</ref>. Parmi ces Soldats fusillés pour l'exemple quelques uns dont Félix Baudy ont été rétablis dans leur honneur dans les années 1920 ou 1930. Ce premier conflit mondial laisse des millions d'orphelins, de désœuvrés et surtout, un esprit de haine et de revanche qui prépare déjà la Seconde Guerre mondiale. Alors qu'en France et en Belgique se construisent et se décorent les ossuaires et des centaines de cimetières militaires, alors que chaque commune ou presque construit son monument aux morts, et alors qu'avant les années folles où l'on cherche avant tout à oublier, un vent pacifiste rapidement contrôlé par les États proclame que cette guerre sera « la der des ders ».

Un ministère spécial de la reconstruction est créé en France. C’est une période pauvre en archives où toute les énergies sont consacrées à la reconstruction, avec une première période sombre où l'on fait intervenir les prisonniers de guerre, les travailleurs chinois épargnés par la grippe espagnole, ainsi qu’une main d’œuvre spécialement importée, notamment pour le désobusage qui dans le Nord de la France se fera curieusement sous l’autorité du commandement anglais et non de la France. Cette période générera quelques grandes fortunes dans le domaine de la récupération des métaux.
Dans le Nord et l'Est de la France, onze départements seront classés en "zone rouge". L'agriculture y sera en maints endroits interdite avant le déminage qui prendra plusieurs années (pour n'être terminé que dans les années 2000 au rythme actuel des découvertes et élimination d'obus et autres munitions actives dans l’ex-zone rouge), sans même envisager le traitement des munitions immergées par millions car jugées trop dangereuses pour être démantelées, ou faute de moyens financiers pour les stocker et traiter en sécurité).</br> Sur les sites les plus bouleversés où les explosifs et les toxiques de combat sont encore trop nombreux pour que l'on puisse rendre les sols à l'agriculture ou à l'urbanisation, on plantera des forêts de guerre, dont la forêt de Verdun et la forêt d'Argone, qui ont poussé sur d'anciens champs criblés de trous d'obus et de tranchées. Dans ces forêts, certains villages (Villages mémoires) ne seront pas reconstruits.

Ces séquelles terrestres sont connues des spécialistes, en particulier des démineurs, mais il semble que la pollution libérée par les dizaines de milliards de billes de plomb des obus shrapnell et les balles, ou le mercure des amorces soit lentement capable de s'accumuler dans les écosystèmes et certains aliments. C'est un problème qui n'a pas été traité par les historiens ni les spécialistes en santé publique. Aucune étude officielle ne semble s'être intéressée au devenir des métaux lourds et des toxiques de combat dans les sols et les écosystèmes de la zone rouge.

Les séquelles marines semblent quant à elles avoir été totalement oubliées durant 70 à 80 ans. Elles ne sont pourtant pas les moins préoccupantes.
Ainsi les pays baltes voient-ils la situation écologique de la mer Baltique s'effondrer des années 1990 à 2006, tout en redécouvrant des dizaines de milliers de tonnes de munitions immergées après 14-18 (incluant des armes chimiques dont certaines commençant à fuir). Au Danemark des pêcheurs sont brûlés par de l'ypérite remonté dans leurs filets. En Belgique, à Zeebrugge, on retrouve incidemment un dépôt immergé de 35 000 t d'obus noyés là peu après 1918 puis oubliés. Parmi ces obus, 12 000 tonnes sont chargés d'ypérite et de Chloropicrine toujours actives, à quelques centaines de mètres de la plage et de l'embouchure du port méthanier. C'est encore plus tardivement en 2005 que la France retrouve la mémoire, avec quelques articles de presse qui évoquent la publication discrète (et avec 5 ans de retard) d'un rapport à la Commission OSPAR listant les dépôts immergés de millions de munitions dangereuses et polluantes datant notamment de cette époque et des périodes suivantes. C'est face au littoral français que le nombre de dépôts immergés est le plus important. Alors que ces munitions commencent à fuir et à perdre leurs contenus toxiques, la question de leur devenir se pose. Une centaine de zones mortes (marine dead zones) ont été répertoriées en mer par l'ONU, la plupart coïncident avec des zones d'immersion en mer de munitions, ce qui pose la question de l'évaluation des impacts environnementaux de ces déchets toxiques et/ou dangereux immergés. Les taux de mercure augmentent de manière préoccupante dans les écosystèmes et notamment dans le poisson. On peut craindre qu'une partie de ce mercure provienne des milliards d'amorces au fulminate de mercure des têtes d'obus et des douilles d'obus ou de balles ou d'autre munitions (1g de mercure par amorce en moyenne) non utilisée ou non explosée et jetées en mer après cette guerre ou la suivante.

Le XXe siècle a inauguré son temps, celui de la mondialisation, par la première guerre se voulant « totale ». Ce conflit a utilisé et a dopé le progrès technique, notamment dans les domaines de la métallurgie, chimie, motorisation (y compris aérienne et sous-marine) et médecine. Ce progrès sera aussi l'outil de la revanche de 1939-1945. Hormis l'arme atomique, la plupart des armes du XXe siècle ont été conçues ou développées entre 1913 et 1919. Seule les armes chimiques, bien que massivement fabriquées et stockées ne seront pas ou très peu utilisées lors du conflit suivant et jusqu'à nos jours.

Le bilan catastrophique d'une Europe et d'un monde bouleversés

Les pertes humaines s’élèvent à 9 millions de morts et 6 millions d'invalides. La France a été le pays le plus touché, proportionnellement : 1,4 million de tués et de disparus, soit 10 % de la population active masculine. Le nombre moyen de tués par jour chez les soldats français est de 900 (1500 pour l'armée allemande). Cette saignée s'accompagne d'un déficit des naissances. La stagnation démographique française se prolonge, avec un vieillissement de la population qui ne cesse de croître qu'avec le recours à l'immigration. Cette dernière participe à la reconstruction d'un pays dont le nord est en ruines maisons, ponts, routes, usines…

Il est à signaler également le phénomène nouveau des gueules cassées, nom donné aux mutilés de guerre qui survécurent grâce aux progrès de la médecine tout en gardant des séquelles physiques graves, lesquelles blessures étaient le plus souvent mortelles par le passé. L'intégration de ces victimes de guerre en nombre à la société dut se faire au moyen de nouvelles lois et organismes.

Les destructions matérielles sont importantes.

La perte de prestige des Européens dans les colonies et dans le monde est importante. En Afrique où les franco-britanniques se sont emparés des colonies allemandes, en Extrême-Orient les Japonais ont fait de même dans les îles Mariannes et en Nouvelle-Guinée. Les colonies ont fourni des vivres, des matières premières, « tirailleurs sénégalais » et « zouaves marocains », souvent engagés dans les combats de première ligne, comme en témoignent les cimetières militaires de l'Ourcq. Au lendemain de la guerre, les peuples colonisés ne croient plus à ce qu'on leur inculque – la supériorité naturelle de la métropole – et réclament une amélioration de leur sort. À ce premier déclin de l'influence européenne dans les colonies s'ajoute l'expansion des États-Unis, les plus grands bénéficiaires de la guerre, et du Japon, dont les capitaux se placent désormais à Londres et à Paris.

Image:Cimetiere etaples1.JPG
Cimetière du Commonwealth d'Étaples (littoral du Pas-de-Calais, France)

La guerre provoque aussi des bouleversements sociaux : les clivages sociaux s'accentuent avec l'enrichissement des « marchands de canons » et l'appauvrissement des petits rentiers, des retraités et des salariés touchés par l'inflation. Les femmes ont acquis une place nouvelle dans la société, en s'étant rendues indispensables pendant toute la guerre, dans les champs, dans les usines, dans les bureaux, dans les écoles (pour compenser la perte de très nombreux instituteurs). Le féminisme progresse, la mode évolue (la « garçonne » en cheveux courts), le droit de vote est accordé au Royaume-Uni, en Allemagne, aux États-Unis, en Russie, mais pas en France.

La démocratie remporte apparemment une victoire : quatre empires autoritaires se sont écroulés, ce qui transforme profondément la carte de l'Europe, redessinée par les traités de paix de 1919 :

Tous ces États adoptent des régimes parlementaires. La démocratie s'installe enfin dans bon nombre de pays d'Europe centrale et Orientale. Mais, dans certains de ces pays, la démocratie ne résiste pas à l'installation rapide de régimes autoritaires dans toute l'Europe centrale et orientale .

Batailles importantes

Personnages clés

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Nouvelles armes et nouvelles tactiques

Cette guerre a été l'occasion pour l'industrie de l'armement de lancer de nouveaux matériaux qui aident à la maturation des techniques et des méthodes. Pour une liste exhaustive des armes utilisées voir Liste des armes de la Première Guerre mondiale

Aviation

  • Reconnaissance aérienne permettant l'ajustement du tir de l'artillerie et permettant également de cartographier les lignes ennemies.
  • Mitraillages de position.
  • Combats aériens qui révèlent de nombreux pilotes comme étant des as. Le plus célèbre étant bien sur le "baron rouge".
  • Premiers bombardements aériens de l'histoire. On peut souligner l'aspect rudimentaire encore du processus, les obus étant lâchés à la main.

Véhicules blindés

  • Attaque de position avec blindés, couvrant les fantassins.
  • Construction des premiers chars d'assaut (Renault, Schneider)

Armes chimiques

Certains étaient quasi indétectables et n'agissaient que 3 jours après inhalation, il était ainsi impossible de savoir si l'on était contaminé ou pas. Les masques à gaz ont rapidement été produits, et ce type d'arme expose à y être exposé en cas de changement de vent, ou au contact de zone exposée.

Les médias

Bilan

Image:Cimetière - Douaumont.JPG
Ossuaire de Douaumont, tombes de soldats musulmans
Pays           Victimes     Morts     Blessés
Russie 7 650 000     1 700 000 5 950 000
Allemagne 6 253 758 2 037 700 4 216 058
Empire colonial français 5 513 800 1 357 800 4 266 000
Autriche-Hongrie 4 820 000 1 200 000 3 620 000
Empire britannique* 2 998 671 908 371 2 090 300
Italie 1 597 000 650 000 947 000
Serbie 1 178 148 450 000 728 148
Empire ottoman 725 000 325 000 400 000
Roumanie 455 706 335 706 120 000
États-Unis 360 300 126 000 234 300
Bulgarie 239 890 87 500 152 390
Canada* 239 605 66 655 172 950
Australie* 218 501 59 330 159 171
Serbie-et-Monténégro 60 000 50 000 10 000
Belgique 58 402 13 716 44 686
Grèce 26 000 5 000 21 000
Portugal 20 973 7 222 13 751
Terre-Neuve** 3 565 1 251 2 314
Japon 1 207 300 907
Totaux 31 266 438 9 381 551 23 148 975

*L’Empire britannique inclut le Canada, l’Australie, et l’Inde.
**Terre-Neuve n'intégra la fédération canadienne qu'en 1949.

Voir aussi

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Liens internes


Liens externes

Bibliographie

Littérature et témoignages

Études historiques

Historiographie
  • Jacques Droz, Les Causes de la Première Guerre mondiale. Essai d'historiographie, éd. du Seuil, « Points »-histoire, 1997
  • Jules Isaac, Un débat historique : 1914, les origines de la guerre, éd. Rieder, 1933
  • Antoine Prost et Jay Winter, Penser la Grande Guerre, Seuil, 2004
  • Dennis Showalter (dir.), History in Dispute: The First World War, Detroit, St. Martins Press, 2002
Ouvrages généraux
Monographies
  • Jean-Baptiste Duroselle, La Grande Guerre des Français, éd. Perrin, 1994
  • Pierre Miquel, Les Poilus : la France sacrifiée, éd. Plon, coll. « Terre humaine », 2000
  • Id., Le Gâchis des généraux : les erreurs de commandement pendant la guerre de 14-18, éd. Plon, 2001, rééd. Pocket, 2003
  • Id., Mourir à Verdun, éd. Tallandier, 2002
  • Id. La Bataille de la Marne, éd. Perrin, 2004
  • Id., La Butte sanglante. La tragique erreur de Pétain en 1915, éd. Plon, 2006
  • Edward J. Erickson, Ottoman Army Effectiveness in W.W.I: A Comparative Study, Londres, Routledge, 2006
  • Olivier Faron, Les Enfants du deuil. Orphelins et pupilles de la nation de la Première guerre mondiale, 1914-1941, éd. La Découverte, 2001 (ouvrage issu d'une habilitation à diriger des recherches)
  • Fritz Fitscher, Les Buts de guerre de l'Allemagne impériale, éd. Trévise, 1970
  • Olivier Lepick, La Grande Guerre chimique, Presses universitaires de France, 1998
  • Léon Schirmann, Été 1914. Mensonges et désinformation, éd Italiques, 2003, ISBN 2-910536-34-3
  • Trevor Wilson, The Myriad Face of the World. Britain and the Great War, Cambridge, Polity Press, 1986
  • Michel GOYA, La chair et l'acier, l'invention de la guerre moderne (1914-191Image:Cool.gif, éd. Tallandier, 2004, (ISBN 2-84734-163-3)

Filmographie

Notes et références

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